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Transferts de Chaleur 1/2019-2020 Chapitre 2 Prof. M.

GUELLAL

CHAPITRE 2
TRANSFERTS DE CHALEUR PAR CONDUCTION

I- INTRODUCTION
Lorsque le transfert de chaleur, au sein d'un milieu matériel, ne s'effectue que par le seul mode de la
conduction, -les autres modes convection-rayonnement étant exclus ou n’intervenant qu'à ses frontières
externes ou internes - nous dirons que nous avons affaire à un problème de conduction pure.
Un problème de conduction pure se présente toujours sous la forme suivante :
- Le milieu matériel D de caractéristiques thermophysiques connues (conductivité thermique , capacité
calorifique volumique Cp) peut être homogène ou hétérogène, isotrope ou anisotrope; sa forme et ses
dimensions finies ou infinies sont connues. Le milieu est en contact avec des sources de chaleur internes ou
externes, sous l'action desquelles il s'échauffe ou se refroidit et qui constituent des données.
Le problème consiste à trouver le champ de température T(M,t) dont il est le siège, ainsi que les flux de
chaleur transmis. La recherche de T(M,t) s’effectue en résolvant un système d’équations qui comprend
l’équation indéfinie de la chaleur, les conditions aux frontières intérieures et extérieures et la condition
initiale.

Les problèmes de conduction usuels peuvent être classés en 4 types importants :


- les régimes permanents : pour lesquels la température en tout point du milieu est indépendante du temps.
T(M,t) = T(M)
- les régimes transitoires : Ils correspondent à l'évolution du système d'un état permanent initial vers un autre
état permanent final, provoquée par un brusque changement à l'instant initial de l'intensité des sources avec

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lesquelles il est en contact. La température (ou la densité de flux) en tout point M du milieu est une fonction
T(M,t) des coordonnées et du temps t. Sa forme dépend de la répartition de la température initiale, mais
l'influence de celle-ci s'estompe progressivement avec le temps.
- les régimes variables : Dans ce cas l'intensité des sources avec lesquelles le système est en contact évolue
constamment. Le champ de température à un instant t dépend théoriquement des valeurs instantanées des
sources, et de toutes leurs évolutions antérieures.

- les régimes sinusoïdaux (ou périodiques) établis : La température, en tout point, effectue des oscillations
périodiques indépendantes de la condition initiale. Ces régimes sont obtenus après une phase transitoire. On
les rencontre dans de nombreuses applications industrielles, et notamment dans les applications de l'énergie
solaire.

II- LA LOI DE FOURIER


Hypothèse de Fourier : la densité de flux de chaleur est proportionnelle au gradient de température.
II-1- Loi de Fourier en milieu isotrope
Considérons (figure 1) un milieu matériel D homogène, isotrope, siège à l'instant t, à un champ de
température T(M,t) . La quantité de chaleur qui traverse pendant un temps dt, dans le sens de la normale n, un
petit élément de surface ds entourant M et appartenant à D, a pour expression

Figure 1
T
dQ   ds.dt (hypothèse de Fourier)
dn
T T
Dérivée normale de la température (  gradT .n )
dn dn
 : Conductivité thermique du milieu. Elle traduit l'aptitude du milieu à conduire
la chaleur (W.m-1.°K)
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Le signe (-) de l'expression de dQ traduit le fait que la chaleur progresse dans le sens opposé au gradient de
température.
dQ T
La densité de flux est définie par :    
dsdt n

le vecteur densité de flux :    gradT

La loi de Fourier s'écrit alors :    gradT .n

II-2- Loi de Fourier en milieux anisotropes


Dans ce cas, la conductivité du milieu dépend de la direction n. La densité de flux de chaleur  relative à une
direction n est donnée par la loi de Fourier généralisée :

   gradT .n

Avec:  : Tenseur de conductivité

III- VARIATION DE LA CONDUCTIVITE THERMIQUE


La figure ci-dessous donne, en échelle logarithmique, les conductivités des principaux milieux matériels. On
constate que les corps les plus conducteurs sont les métaux ( de l'ordre de 102 W m-1°C-1) alors que les plus
isolants sont les gaz ( = 10-2 W m-1°C-1). Par rapport aux conductivités électriques, l'échelle est très peu
étendue (104 au lieu de 1018pour les conductivités électriques). Ceci explique la différence fondamentale
entre la thermocinétique et l'électrocinétique.
En général, la conductivité thermique varie avec la température. mais cette variation est le plus souvent assez
faible, si bien que dans la plupart des problèmes de thermocinétique faisant intervenir un intervalle de
température 1imité on pourra considérer  comme constant ou comme variant selon une loi linéaire du type 
=  (l+) .

Cas des gaz :


En général, la conductivité thermique des gaz croit légèrement avec la température (exemple : Air, vapeur
d'eau saturante) .

Cas des liquides :


En général,  décroît avec la température pour presque tous les liquides non métalliques (exemple : huile),

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sauf pour l'eau qui a un maximum de conductivité. Les métaux liquides ont une conductivité beaucoup plus
grande qui se rapproche de celle des métaux solides.
Cas des solides homogènes
* monocristal: la conductivité dépend en général de la direction
* Etat polycristallin: la conductivité est indépendante de la direction. Elle est inférieure à celle correspondant
à l'état de monocristal.

Cas des solides non homogènes: On définit un coefficient de conductivité thermique apparent pour les
solides non homogènes (matériaux de construction, isolants thermiques et réfractaires...). Ce  apparent
dépend de la structure, de la composition, de la densité, et de la porosité.
* Isolants thermiques: il s'agit le plus souvent d'un mélange gaz-solides peu conducteurs, le solide ayant pour
fonction de supprimer la convection. On distingue :
- les isolants fibreux (fibres végétales, amiantes, laines de verre) ,
- les isolants granuleux (liège granuleux, pierre ponce, terre à diatomées) ,
- les isolants cellulaires (mousses) .
Pour ces trois types,  croit avec la température.

* Super isolants (isolants cryogéniques, véhicules spatiaux). On supprime la convection et la conduction dans
les interstices en faisant le vide. Il ne reste pratiquement que le rayonnement (on utilise des poudres
métalliques de faibles densités, ou des feuilles métalliques très fines ou des feuilles métallisées séparées par
un peu de poudre ou fibres isolantes; on peut atteindre des conductivités très faibles, de l'ordre de 10 -5 W
m-1°C-1 (pour la laine de verre sous vide,   10-3 W m-1°C-1) .

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IV- L’EQUATION INDEFINIE DE LA CHALEUR


Elle exprime en chaque point M du milieu (D) la conservation de l'énergie (premier principe de la
thermodynamique).
On considère un élément de ce milieu de volume V quelconque mais homogène, limité par une surface S.

Hypothèses :
- le volume V est constant (pas de travail de dilatation)
- le milieu est le siège de sources volumiques de chaleur dont la puissance est P(M,t) par unité de
volume.
T
L’énergie interne d'un élément de volume dV, centré en M, varie de : d 2U  C v  dt.dV
t
T
et celle de l'élément de volume V varie de : dU  dt  C v  dV
V t
Cette variation d'énergie interne (énergie stockée) doit être égale à la chaleur reçue : qui est la somme de la
chaleur pénétrant par conduction à travers la surface frontière S (énergie entrant) et de la chaleur créée sur
place par les sources internes (énergie générée).
 
La chaleur pénétrant par conduction est : dQ1  dt    .n.dS  dt  div (  ).dV
S V

 : Vecteur densité de flux de chaleur supposé fonction continu et dérivable par rapport aux coordonnées de
M et au temps (le théorème de divergence est applicable)
La chaleur créée au sein du volume V est : dQ 2  dt  P ( M , t ).dV
V

dU = dQ1 + dQ2

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T
V C v  t
dV   div( ).dV   P( M , t ).dV
V V

Cette relation doit être vérifiée quelque soit le volume V , ceci n’est possible que si :

 T
div( )  C v   P(M , t )  0
t

C’est l'équation indéfinie de la chaleur sous sa forme la plus générale. Elle est applicable à un milieu non
homogène et non isotrope, avec un travail de dilatation supposé nul (V = Cte). C’est le cas des solides et des
liquides où ces travaux sont négligeables devant dQ1 et dQ2 .
Dans le cas des gaz, on peut tenir compte des travaux de dilatation à pression extérieure constante en
considérant la variation d'enthalpie au lieu de la variation d’énergie interne. L'équation indéfinie garde la
même forme. Cv étant remplacé par Cp .

IV-1- Milieu isotrope à caractéristiques thermo-physiques constantes


C'est le domaine de la conduction linéaire.  est un scalaire.

1 T  P( M , t )
T  
a t 

a : la diffusivité thermique du milieu a =  / C. Elle joue un rôle très important dans tous les problèmes de
conduction linéaire en régime transitoire.

T
- Milieu avec sources internes, en régime permanent,  0 et l'équation se réduit à :
t
 P( M , t )
T  (Equation de Poisson)

- Milieu sans sources internes, en régime permanent :

 (Equation de Laplace)

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- Milieu sans sources internes, en régime variable :

1 T
T  (Equation de Fourier)
a t

Expressions analytiques de l’équation de la chaleur :


En introduisant les expressions du laplacien  en coordonnées cartésiennes, cylindriques et sphériques, on
obtient respectivement :
- En cordonnées cartésiennes :

 2T  2T  2T 1 T P( x, y, z , t )
    0
x 2 y 2 z 2 a t 
- En cordonnées cylindriques :
1   T  1  T  T 1 T P(r ,  , x, t )
2 2

r 
 2    0
r r  r  r  x 2 a t 
2

 2T 1 T 1  2T  2T 1 T P (r ,  , x, t )
Ou bien      0
r 2 r r r 2  2 x 2 a t 

 2T 1 T  2T 1 T P (r , x, t )
A deux dimensions (r, x):     0
r 2 r r x 2 a t 

- En cordonnées sphériques :
 2T 2 T 1  2T 1 T 1  2T 1 T P (r ,  ,  , t )
      0
r 2 r r r 2  2 r 2 tan   r 2 sin 2   2 a t 
A une seule dimension (radiale) :

 2T 2 T 1 T P (r , t )
   0
r 2 r r a t 

VI-2- Milieu isotrope à caractéristiques thermo-physiques non uniforme


 et Cp sont des fonctions des coordonnées d'espace. L'équation indéfinie de la chaleur n'est plus à
coefficients constants :

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T
T  grad .gradT  C v    P( M , t )
t

VI-3- Milieu isotrope à caractéristiques thermo-physiques dépendant de la température


C'est le domaine de la de la conduction non linéaire :

 (T )T 
d
dt

. gradT 
2
 C v T  T 
T
t
  P( M , t )

La non-linéarité apparaît au niveau de (T) ,Cv(T) (T) et du terme en grad T .  


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V- CONDITIONS AUX LIMITES


V-1- Conditions aux frontières extérieures
Le milieu matériel, siège du phénomène de conduction, est en général limité. Des transferts avec le milieu
extérieur se produisent le long des frontières. Le plus souvent ils s'effectuent par convection ou par
rayonnement, mais parfois peut se superposer un changement de phase (ébullition, condensation,
évaporation….).

V-1-1- Condition de transferts par convection avec un fluide

On fait appel à la notion de coefficient de convection h . La densité de flux qui traverse, dans le sens de la
normale n, la frontière au voisinage d'un point N, est :

 = h(T – Tf) (Relation de Newton)


h : Coefficient de convection
T : est la température de la paroi au point N
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Tf : est une température caractéristique du fluide dont le choix présente un certain arbitraire.

V-1-2- Condition des transferts par rayonnement


La densité de flux de chaleur transférée par rayonnement par un élément S1 de la paroi à température T vers
un élément extérieur S2 à température T2 peut se mettre sous la forme :

= A(T4 – T24)F12

T et T2 sont exprimés en °K
A : coefficient qui dépend des propriétés radiatives des surfaces S1 et S2
 constante universelle
F12 : coefficient sans dimension dépendant des dispositions relatives des surfaces S1 et S2

Les conditions aux frontières extérieures les plus employées dans les problèmes de conduction sont des
conditions linéaires. Elles sont au nombre de 3 :

* Condition de première espèce (ou condition de Dirichlet) , en chaque point M de la frontière; la


température prend une valeur connue T (M , t).
Cette condition est peu souvent réalisée en pratique (cas d'un coefficient de convection très grand, cas d'un
milieu isolant en contact avec un fluide extérieur ou un solide extérieur de grande capacité calorifique et de
grande conductivité, cas d'un changement de phase).
* Condition de 2ème espèce (ou condition de Neumann) , en chaque point N de la frontière, la densité de flux

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qui quitte le solide prend une valeur imposée F(N , t) :


T
 (N , t)  F (N , t)
n
Ce type de condition se rencontre surtout lorsqu'un flux de chaleur est déposé sur une surface (F<0). Par
exemple, par effet Joule, ou par absorption d'un rayonnement provenant d'une source à température très
supérieure à T(rayonnement solaire) .
Le cas particulier F = O est très important; il correspond à une frontière parfaitement isolée.

* Condition de 3ème espèce (ou condition mixte de Fourier). En chaque point N de la surface, la densité de
flux qui quitte le milieu matériel est proportionnelle à la différence entre la température T (N, t) et une
température Te caractéristique des échanges avec le milieu extérieur.

T
 ( N , t )  hT ( N , t )  Te ( N , t )
n
Cette condition est celle qui se rapproche le mieux des conditions physiques habituelles. Elle rend compte :
- des transferts par convection forcée avec un fluide extérieur
- de manière approchée des transferts par convection naturelle avec un fluide extérieur.
- de manière approchée des échanges par rayonnement avec des éléments extérieurs.
Cette condition peut rendre compte également des transferts simultanés par convection avec un fluide
extérieur à température Tf et par rayonnement avec des éléments à température Tp lorsque ces transferts
radiatifs peuvent être linéarisés.

V-2- Conditions aux frontières intérieures


Les propriétés thermiques de 2 milieux contigus ne varient pas de manière discontinue lorsqu'on traverse leur
interface. Il existe toujours une couche de transition d'épaisseur finie où ces propriétés évoluent de manière
très rapide mais continue.
L'épaisseur de cette couche peut être extrêmement faible, de l'ordre de quelques distances inter-atomiques, si
ces milieux adhèrent parfaitement l'un à l'autre. Elle peut être beaucoup plus importante lorsqu'il s'agit du
contact de deux milieux solides avec leurs irrégularités de surface, et réunis par un liant (collage, soudure non
autogène), ou simplement accolés au sein d'un fluide (air par exemple). Dans ces derniers cas, le contact ne
s'effectue qu'en un certain nombre de zones de faible étendue (quelques pour cent au maximum) entre
lesquelles subsiste le milieu interstitiel. Deux modes de transfert s'offrent alors à la chaleur :
- transfert par contact direct au niveau des zones de contact,
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- transfert indirect à travers le milieu interstitiel.


Dans certains cas, les transferts aux interfaces peuvent être plus complexes car il peut se faire que la couche
de transition soit le siège d'une génération ou d'une absorption de chaleur (changement de phase, réaction
physico-chimique, frottement ...) et leur stylisation sera plus difficile.

Les conditions aux frontières intérieures permettent de relier les températures et les densités de flux à
l'interface de deux milieux consécutifs. Deux conditions sont envisagées :

V-2-1- Condition de contact parfait


Elle suppose la continuité des températures et les densités de flux à l'interface
T1  T2

 T1 T2
 1 n   2 n

Cette condition est rarement réalisée dans la pratique (métaux soudés, contact entre milieu très isolant...) .

V-2-2- Condition de contact imparfait


Elle suppose :
- une continuité des densités de flux
- une discontinuité entre les températures extrapolées à droite et à gauche de l'interface. Cette
discontinuité est supposée proportionnelle à la densité de flux.
La condition de contact imparfait est celle qui se rapproche le mieux des conditions physiques réelles.
T1  T2  R

 T1 T2
  1 n   2 n

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R : l'aptitude de la zone inter faciale à transmettre de 1a chaleur (R = O correspond au contact parfait) , (R =


 correspond à deux .milieux parfaitement isolés entre eux).

V-3- Condition initiale


La dernière condition à laquelle doit satisfaire la solution T (M,t) du système d’équation est la condition
initiale qui exprime que, lorsque t  0 : lim T(M, t) = T (M)
t0
VI- DOMAINE LINEAIRE ET DOMAINE NON LINEAIRE
VI-1- Domaines linéaires : sont ceux pour lesquels on peut considérer les caractéristiques thermo-physiques
indépendantes de la température et les conditions aux limites linéaires. Le système est alors linéaire et des
solutions analytiques sont souvent possibles.

VI-2- Domaines non linéaires : sont ceux pour lesquels les caractéristiques thermo-physiques ne peuvent plus
être considérées comme indépendantes de la température ou bien pour lesquels certaines des conditions aux
frontières ne sont plus linéaires, ou bien encore les deux à la fois. Le système est alors non linéaire et la
recherche de solution est beaucoup plus difficile.

VII- LES GRANDEURS THERMIQUES


Les caractéristiques thermiques élémentaires des solides sont :
- La masse volumique  Unité : kg/m3
- la chaleur massique (ou capacité thermique) C, Unité : J/ kg.°C
- la conductivité thermique , Unité : W/m.°C

- la diffusivité thermique = , Unité : m2/s
࣋.࡯

- l’effusivité thermique = ඥૃ࣋࡯ , Unité : J/m.°C.s1/2


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