DiGITIP

Ministère de l'Economie,
des Finances et de l'Industrie

Nº 158 - février 2002

Les matériaux composites

Dynamisme et innovation

La production de matériaux
composites se développe Les parts de marché en Europe
rapidement, en France comme
dans le monde : environ + 6 % par Autres 10 %
France 15 %
an, en quantité. Ces matériaux
Belgique 6 %
associent matière plastique et
renfort en fibres, généralement de
verre ou de carbone. Bien que leur Pays-Bas 7 %
coût soit plus élevé que celui des
matériaux traditionnels, ils
apportent à leurs utilisateurs des Espagne 8 %
avantages importants grâce à leurs Allemagne 28 %
propriétés, notamment de légèreté
ou de résistance. Ces avantages Royaume-Uni
leur ont ouvert des marchés 8%
importants dans la construction
automobile, l’aéronautique, ou Italie 18 %
encore le bâtiment. Composé de Source : étude matériaux composites - estimations Nodal Consultants - année 2000
petites entreprises dynamiques, ce
secteur s’adapte, par l’innovation
et le partenariat. Les voies du Les secteurs utilisateurs
développement durable passent (en valeur, en %)
désormais par la maîtrise de
l’ensemble du cycle du produit, de Automobile
la conception au recyclage, et par Aéronautique
une meilleure caractérisation des
Construction civile
produits et de leurs performances.
Sports et loisirs
Avec 300 000 tonnes produites en
Electricité électronique
France l’année 2000, le secteur des matériaux
composites est un petit secteur, si on compare Construction industrielle
sa production aux 18 millions de tonnes de
Construction nautique
métaux ouvrées chaque année. Il appartient
à l’industrie des matières plastiques, mais ce Matériel médical
secteur jeune et en pleine expansion n’est
Ferroviaire
pas clairement répertorié dans les
nomenclatures statistiques. Pour mieux le Divers
connaître, la Digitip a confié une étude à la 0 10 20 30 40
société Nodal Consultants1.
Source : étude matériaux composites - estimations Nodal Consultants - année 2000
Les premiers matériaux composites
sont apparus au cours de la Seconde Guerre
mondiale. Matériaux hétérogènes, ils sont
constitués d’une matrice plastique organique une décennie. Mais déjà plus d’une douzaine
(polymère) associée à un renfort fibreux, de procédés de mise en œuvre ont été
1
Ce 4-Pages est la synthèse d’une étude réalisée généralement de verre ou de carbone développés (encadré 2). C’est davantage
pour le Service des industries manufacturières de (encadré 1). Thermodurcissables ou que les grandes techniques de transformation
la Digitip : L’industrie française des matériaux
composites : des enjeux prioritaires pour un thermoplastiques, leur histoire remonte selon des métaux depuis deux cents ans : fonderie,
développement durable, étude Digitip 2001 les cas à moins de cinquante ans ou à peine frittage, forge, emboutissage, soudage.
 Un marché récent
en expansion rapide
Le marché mondial des composites
croît, en quantité, de 5,7 % par an depuis
1994. En 2000, sept millions de tonnes ont
été produites, dont plus de 95 % sont des
composites de grande diffusion (encadré
1). Cette production pourrait atteindre 10
millions de tonnes en 2006.
La croissance est plus favorable pour
les composites thermoplastiques que pour
les composites thermodurcissables :
respectivement 9 % et 3 % par an. Les
composites thermoplastiques sont apparus
au début des années quatre-vingt. Plus
récents, ils sont aussi plus prometteurs.
Cependant, les composites thermodur-
cissables représentent encore plus des deux
tiers du marché.
Le marché nord-américain, de loin
le plus important, représente 47 % de la
transformation mondiale de composites
(3,4 Mt). Il est suivi par l’Europe (28 %,
soit 2 Mt) et l’Asie (23 %, soit 1,6 Mt). La
1 - Les matériaux composites
Les matériaux composites sont composés d’une matrice organique - polymère
thermodurcissable ou thermoplastique - et d’une structure de renfort pouvant se
présenter sous forme de particules, de mats, de fibres courtes, longues ou continues.
Les renforts les plus couramment utilisés sont les fibres, généralement de verre, de
carbone ou d’aramide.
Suivant les caractéristiques de la matrice et des renforts, on distingue
généralement deux grandes familles : les composites de grande diffusion, peu
onéreux, qui occupent une large part du marché et les composites à hautes
performances. Ces derniers, généralement renforcés de fibres continues de carbone
ou d’aramide, sont réservés à des secteurs de forte valeur ajoutée : aéronautique,
médical, sports et loisirs.
Polymères thermodurcissables, polymères thermoplastiques
Les polymères thermodurcissables sont mis en forme par chauffage lors
d’une transformation irréversible. Les principales résines thermodurcissables
sont les polyesters insaturés, très largement utilisés, les résines époxydes et les
résines phénoliques. Les composites à matrice thermodurcissables représentent
environ 70 % des composites transformés en Europe.
Les polymères thermoplastiques durcissent au cours du refroidissement. Le
processus de transformation chimique qui les fabrique est réversible. Les principales
résines thermoplastiques utilisées dans les composites sont le polypropylène, les
polyamides et le polyéther-éther-cétone.
Les propriétés des matériaux composites par secteurs

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croissance du marché est plus forte en

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Asie et en Europe qu’aux Etats-Unis

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(respectivement 7 % et 4,5 % par an). Le
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marché sud-américain est très dynamique,

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Bâ

Mé
Au

Fe

Sp
avec une augmentation annuelle de plus Durée de vie
de 8 %. Il est néanmoins réduit (2 % de la Rigidité x x x x x
consommation mondiale). Résistance mécanique x x x x x
Tenue à la fatigue x x
Avec 15 % de la production Résistance à la corrosion x x x x x x
européenne, la production française de Etanchéité x x
composites se situe derrière celle de Sécurité
l’Allemagne (28 %) et de l’Italie (18 %). Tenue aux chocs x x x x
Mais, en valeur, le marché français atteint Tenue au feu x x x x x
Isolation thermique x x x
plus de 2 milliards d’euros, soit 18 % de la Isolation électrique x
production européenne. En effet, la France Amortissement, vibrations x x
produit plus de composites à hautes Conception
performances que ses partenaires Intégration de fonctions x x x
européens. Or leurs prix sont plus élevés Formes complexes x x x x x
Transparence ondes x
que ceux des matériaux de grande électromagnétiques
diffusion : ils s’échelonnent entre 9 euros Allègement de structures x x x x
et 38 euros par kilo, alors que les prix des Note de lecture : dans l’aéronautique, les matériaux composites apportent six propriétés permettant de les
composites de grande diffusion sont différencier de manière possitive des matériaux traditionnel : amélioration de la durée de vie grâce à leur
compris entre 3 euros et 6 euros par kilo. bonne tenue à la fatigue, résistance à la corrosion, amélioration de la tenue au feu, simplification de la
conception grâce à leur possibilités d'intégration de fonction, l'obtention de formes complexes et leur
légèreté.
Légèreté et résistance,
deux atouts maîtres
électrique. Ils enrichissent aussi les avantages des matériaux composites
Les matériaux composites disposent possibilités de conception en permettant peuvent se valoriser en termes de gains à
d’atouts par rapport à des produits d’alléger des structures et de réaliser des l’usage.
concurrents. Ils apportent de nombreux formes complexes, aptes à remplir plusieurs En réalité la « solution composite »
avantages fonctionnels : légèreté, fonctions. représente toujours, pour le concepteur,
résistance mécanique et chimique, Le coût de fabrication des composites un « saut technologique ». Les matériaux
maintenance réduite, liberté de formes. Ils est supérieur à celui des matériaux composites offrent en effet la possibilité
permettent d’augmenter la durée de vie de traditionnels comme l’acier, le bois ou de réaliser un produit spécifiquement
certains équipements grâce à leurs l’aluminium (de 3 euros à 38 euros/kg, adapté aux performances demandées et
propriétés mécaniques (rigidité, résistance selon les performances requises pour les d’optimiser le couple prix-performance.
à la fatigue), mais aussi grâce à leurs matériaux composites, de 1,5 euros à 5 euros/ Mais par rapport aux solutions alternatives,
propriétés chimiques (résistance à la kg pour les matériaux plus traditionnels). le gain apporté doit être évalué dès la
corrosion). Ils renforcent également la Néanmoins, en économisant des pièces de conception, en même temps que les essais
sécurité grâce à une meilleure tenue aux liaison et d’usinage, en réduisant de à réaliser. A l’opposé, les matériaux
chocs et au feu. Ils offrent une meilleure manière importante les frais de traditionnels (bois, acier, aluminium)
isolation thermique ou phonique et, pour maintenance, en augmentant la durée de apparaissent comme une solution plus
certains d’entre eux, une bonne isolation vie et en accroissant la sécurité, les sécurisante car leur performances
techniques sont connues et répertoriées et
leur comportement à l’usage est ainsi
prévisible. Ils bénéficient aussi
d’améliorations régulières (légèreté,
traitements spéciaux pour les métaux).
En pratique, pour être adoptés face à
ces solutions traditionnelles, les composites
doivent absolument se différencier par leurs
apports positifs sur au moins cinq critères
foctionnels (voir encadré 1).
Matériaux de grande diffusion
dans l’industrie automobile
et la construction électrique
et électronique
En France, le secteur de l’automobile
et des véhicules industriels consomme plus
du tiers de la production en volume des
matériaux composites, contre un quart au
niveau mondial. Les constructeurs ont des
contraintes de coût importantes. Pour cette
raison, ils utilisent massivement des
composites de grande diffusion à résine
polyester renforcée de fibres de verre. Ces
matériaux sont moins coûteux que les
composites à hautes performances. Ils sont
utilisés pour les renforts de panneaux
d’habillage, les déflecteurs, les éléments de
carrosserie, les poutres de pare-chocs et les
hayons arrière. Faciles d’entretien, ils offrent
une grande liberté aux concepteurs.
Beaucoup plus légers, ils permettent aux
constructeurs d’accepter un surcoût de
3 euros par kg gagné. Le gain de poids total
sur un véhicule permet une économie de
carburant d’environ 1,5 euros par 100 km.
Le secteur de la construction électrique
et électronique représente 15 % du marché
mondial, en valeur, des applications des
composites. Ce secteur utilise également en
grande quantité des composites de grande
diffusion, qui répondent à des besoins de
sécurité : isolation électrique et transparence
aux ondes électromagnétiques. Ces
composites servent à réaliser des
équipements fiables et de durée de vie plus
longue : armoires, disjoncteurs, coffres de
compteurs, pylônes, antennes paraboliques.
Matériaux à haute performance
dans l’aéronautique,
les sports et les loisirs
L’aéronautique et le spatial utilisent
des composites à hautes performances.
Les coûts sont élevés : ils peuvent atteindre
38 euros par kilo, dans le cas d’utilisation
massive de renforts en fibre de carbone.
Le secteur aéronautique constitue une part
importante du marché en valeur des
composites (22 %), nettement plus faible
en volume (environ 4 %).
Dans l’aéronautique, les composites
se sont imposés pour fabriquer des pièces
de structure primaires, grâce à leurs
performances, leurs qualités de légèreté et
leur souplesse de forme. Tronçon central
2 - Les procédés de transformation
Le choix du procédé de transformation est guidé à la fois par la nature du
matériau (thermoplastique ou thermodurcissable), la forme de la pièce à réaliser, les
performances visées, et les impératifs de production en termes de quantité et de
cadence.
La réalisation de pièces en composites destinées aux marchés de grande diffusion
(automobile, électricité, bâtiment) nécessite la mise en œuvre de procédés de
transformation fortement automatisés, à productivité élevée. L’utilisation de matériaux
pré-imprégnés sous forme de feuilles ou de granulés permet d’obtenir des produits par
compression ou injection avec des temps de cycle réduits. Le mélange des constituants
élémentaires (résine, renfort, catalyseur, charges) peut être réalisé préalablement à la
mise en forme définitive du produit par estampage, compression ou moulage.
Les procédés de transformation des composites à hautes performances restent
encore manuels ou peu automatisés. Ils sont compatibles avec la production en petites
séries de pièces à haute valeur ajoutée (aéronautique, sports et loisirs, médical).
Le moulage au contact et la projection simultanée sont, quant à eux, des procédés
manuels adaptés à la production en petites séries de pièces, aussi bien en composites de
grande diffusion qu’en composites à hautes performances. Il en va de même pour les
procédés de fabrication, comme l’enroulement filamentaire et la centrifugation. Ces
procédés permettent de réaliser des corps creux de révolution de grandes dimensions,
telles les cuves destinées à l’industrie chimique ou les tuyauteries de centrales électriques.
Les produits de grande longueur (poutres, profilés et plaques) sont fabriqués par
des procédés d’imprégnation en continu. Peu développée en France, la pultrusion
permet de réaliser des profilés longs, principalement utilisés dans le secteur du
bâtiment.
d’avions, poutres ventrales raidissant le décoration, réhabilitation de bâtiments et
fuselage du A 340/600, voilure extrême ouvrages d’art, formes complexes de grande
de l’ATR 72 en sont des exemples. Le gain taille (salles de bains monobloc), poutres et
total de 450 kilos sur un Airbus permet pièces de structures, éléments de toiture. Par
d’accueillir six passagers supplémentaires. ailleurs, la résistance aux vibrations des
Un gain de 100 kilos sur la structure d’une composites à fibres de carbone et leur haut
fusée allonge sa trajectoire de 100 kilomètres. pouvoir d’absorption d’énergie justifient leur
Les matériaux composites ont également emploi en zones sismiques.
une très bonne résistance à la corrosion, ce La construction et les équipements
qui réduit d’autant les frais de maintenance : industriels ne représentent que 8 % du marché
les pales d’hélicoptère en composites sont en volume des composites en France. Leur
remplacées après plusieurs mois d’utilisation, coût est en effet élevé pour des applications
celles en métal toutes les 50 heures. relevant en général de normes de sécurité
L’industrie du sport et des loisirs courantes. Les matériaux composites
absorbe 11 % du marché des composites permettent d’augmenter la fiabilité et la
en valeur (8 % en volume). Ainsi, pour les longévité des équipements, grâce à leurs
skis et les raquettes par exemple, ils qualités de résistance et d’isolation
permettent d’augmenter sur mesure thermique : réservoirs de produits chimiques,
performances et fiabilité. oléoducs, appareils sous pression. Ils assurent
également une bonne tenue aux secousses
Une gamme de matériaux sismiques pour la réalisation de canalisations
composites dans le bâtiment, de centrales nucléaires par exemple.
les équipements industriels Dans la construction nautique de
et la construction nautique plaisance, les composites s’avèrent
de plaisance irremplaçables pour les bateaux de taille
inférieure à 40 mètres : ils associent
Dans le bâtiment, les matériaux l’allègement des structures, à la possibilité
traditionnels exercent une forte de réaliser des formes complexes (coques,
concurrence, qu’il s’agisse de bétons, de ponts, réservoirs). Leurs qualités de
poutrelles métalliques ou de céramiques. résistance à la corrosion permettent de
Leurs performances sont bien connues des réduire considérablement la fréquence des
prescripteurs. L’utilisation des composites carénages et d’accroître la durée de vie des
dans ce secteur est nettement en retrait par bateaux. Utilisant essentiellement des
rapport à ce que l’on observe dans le composites à faible coût, faits de résine en
monde : le bâtiment ne représente que 21 % polyester renforcée de fibres de verre, ce
du marché français en volume, contre 35 % secteur ne représente que 4 % du marché
au Japon, 32 % au Brésil et 30 % en en volume et en valeur.
moyenne mondiale. La souplesse des
formes, la résistance aux contraintes Les voies d’un développement
climatiques, l’isolation thermique et durable
phonique, la tenue au feu sont pourtant des
avantages appréciables. Les emplois Les composites devraient beaucoup
peuvent être variés : panneaux de se développer dans les prochaines années :
+ 50 % en cinq ans, soit deux fois plus
rapidement que le PIB. Cependant, pour y
parvenir, l’industrie des matériaux
composites devra intégrer les contraintes
d’un développement durable.
Ainsi, à partir de 2004, 85 % du
poids des véhicules hors d’usage devront
être recyclés. Actuellement, il n’existe pas
de solution technique pleinement
opérationnelle et économiquement viable
pour recycler les composites utilisés dans
le secteur de l’automobile. Ces composites
sont, pour l’essentiel, thermodurcissables.
Cet enjeu majeur pour la filière dépend
d’une mobilisation de l’ensemble des
acteurs et de leurs efforts de recherche-
développement. Quelques initiatives
industrielles se développent en Europe,
notamment Mecelec Composites et
Recyclage en France, opérateur de la seule
usine de recyclage de composites, et Ercom
en Allemagne.
Techniquement, la valorisation des
matériaux thermodurcissables peut passer
par le broyage et l’utilisation des granulats
obtenus sous forme de charges à très faible
valeur ajoutée pour résines, bitumes et
ciments. L’incinération dans les
cimenteries constitue une seconde voie
possible. Mais les impératifs de recyclage
devraient favoriser l’utilisation de
composites thermoplastiques, que l’on peut
plus facilement retraiter.
Dans l’industrie nautique, le personnel
est soumis aux émanations de composés
organiques volatils (COV, en particulier le
styrène). En Europe, les industries
scandinaves et allemandes appliquent des
normes plus strictes qu’en France et militent
pour une harmonisation des réglementations
nationales. Le renforcement des normes
actuellement en vigueur en France
constituerait, pour les transformateurs en
moule ouvert, une contrainte supplémentaire
affectant leurs coûts.
Afin que les bureaux d’études
utilisent davantage les matériaux
composites, il faudra dans l’avenir mieux
les caractériser. Cela permettra aux
concepteurs de développer une analyse
fonctionnelle qui intègre tous leurs apports.
En effet, ces matériaux souffrent d’un
défaut de modélisation et de normalisation
face à des matériaux traditionnels comme
l’acier, qui font l’objet de normes
nationales ou européennes. Pour
caractériser efficacement ces matériaux,
des logiciels de conception et de
modélisation doivent faire l’objet d’un
développement plus large qu’aujourd’hui.
De petits producteurs
dynamiques
En France, entre 400 et 450 entreprises
consacrent l’essentiel de leur activité à la
transformation des matériaux composites.
Elles emploient environ 20 000 salariés.
Le tissu industriel est surtout constitué
de PMI. Entre des fournisseurs de matières
premières de grande taille qui justifient des
prix élevés par les faibles quantités achetées,
et de grands donneurs d’ordres qui peuvent
imposer leurs exigences, ces entreprises de
faible taille et dispersées subissent des
pressions importantes sur les prix.
Pour y faire face et accéder à des
marchés européens, elles développent des
stratégies de valorisation, d’innovation et
de partenariat industriel. Ainsi, dans le
secteur ferroviaire, le Giff est un
groupement d’intérêt économique qui
rassemble six équipementiers, de la
conception à la fabrication.
En France, en amont de la filière, la
production est suffisante pour les fibres de
verre (Saint-Gobain Vetrotex), et les
résines de base, polyesters et polypropylène
(Elfatofina), intégrées dans les composites
actuels de grande diffusion. Toutefois
l’offre est incomplète pour les matières
premières des composites à hautes
performances ou des composites de grande
diffusion futurs. Ainsi la production de
fibres de carbone reste le domaine des
Japonais (Toray, Sumitomo), tandis que la
production des résines innovantes est du
ressort des groupes chimiques
internationaux (Dupont, Ems, Bakelite
AG). Cette faiblesse de la production
française de matériaux haut de gamme ou
innovants risque à terme de peser sur le
développement équilibré de la filière.
L’industrie nationale de la
transformation des composites conserve
une avance technologique par rapport aux
autres pays européens ou mondiaux.
Toutefois, le faible développement en
France du procédé de pultrusion constitue
un handicap marqué, particulièrement pour
le marché  du bâtiment.
L’innovation au cœur
du développement
Pour les entreprises du secteur,
l’innovation est un moyen privilégié de
répondre aux contraintes croisées de leurs
fournisseurs et de leurs clients. Certaines
innovent en mettant sur le marché de
nouveaux produits : résines et semi-
produits nouveaux plus sûrs et plus rapides.
D’autres développent de nouveaux
procédés en mettant au point de méthodes
ou outillages plus rapides et plus
performants. Les entreprises doivent enfin
innover en mettant en œuvre des outils de
conception efficaces.
La France dispose de centres de
recherche-développement (Mines de Paris,
Mines de Douai, Ensam, Insa Lyon, écoles
normales supérieures, Onéra). Elle dispose
également de nombreux centres de
ressources régionaux qui assistent les
industriels dans leur démarche
d’innovation : Pôle de Plasturgie de l’Est,
Compositec. Dans les projets européens
de grande ampleur (Brite Euram, Eurêka),
la France s’implique au sein des
consortiums autant que le Royaume-Uni
et l’Allemagne. Cependant, la concurrence
européenne est importante, notamment
avec les équipes allemandes (IVW
Kaiserslautern, IKV Aix la Chapelle).
Cette démarche d’innovation se
concrétise moins que dans d’autres pays
par un dépôt de brevet : en 2000, une
centaine de brevets liés aux composites ont
été déposés par des laboratoires publics ou
privés français, contre 800 aux Etats-Unis,
200 en Allemagne et 200 au Japon.
Evaluer les performances des
composites, développer les moyens et
procédures pour caractériser les produits,
valider les technologies de recyclage des
matériaux composites sont trois enjeux
importants de la recherche-développement.
Pour les entreprises du secteur, le travail en
partenariat est un moyen de relever ces défis.
Hervé CHALAYE (SIM)
A lire
- Maurice REYNE : Technologie des
composites , Éditions Hermès,1995
- Pratique des Plastiques et
Composites, ouvrage collectif,
Référentiel DUNOD, 1999 et
suivantes
- L’industrie française des matériaux
composites : des enjeux prioritaires
pour un développement durable,
étude Digitip 2001
Directeur de la publication :
Jean-Marc Béguin
Rédacteur en chef : Gilles Rotman
Secrétaire de rédaction : Alain Bentolila
Composition par P.A.O. - Brigitte Baroin
Cette publication est réalisée avec
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(12 n° au minimum) - par fax au 01 43 19 41 73
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de l'industrie, des technologies
de l'information et des postes (DiGITIP)
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Nº ISSN : 1241-1515