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Identification de la
nature des travaux
à entreprendre
Définition du programme
technique de l'intervention
INTERVENTION
Figure 7-1
Schéma du diagnostic préalable (d’après document GEOTHERMA, 1991 - collection inter-
agences de l’eau).
Tubage du forage
Mouvement de va-et-vient
devant le tubage
Disque en cuir ou
en caoutchouc
Disques en bois
Figure 7-2
Piston de dessablage.
Quelle que soit la méthode employée, cette opération n’est que provisoire car elle
n’élimine pas la cause de l’ensablement. C’est la raison pour laquelle il faudra, à la
fin, effectuer un examen complet pour cerner les causes exactes de la déficience.
— Si le sable pénètre dans le forage par une crépine perforée ou dont les
ouvertures sont mal dimensionnées, on pourra équiper le forage avec une nouvelle
crépine placée à l’intérieur de l’ancienne. Ce double crépinage peut limiter les
arrivées de sable à condition que la nouvelle crépine soit choisie convenablement (par
exemple une crépine Johnson à très faible slot et fort coefficient d’ouverture). Il
faudra mettre en place un nouveau massif de gravier entre les deux crépines. Les
inconvénients d’un tel procédé sont les suivants :
• coûts élevés,
• diamètre intérieur du forage réduit (problème pour installer la pompe),
• pertes de charges supplémentaires dans le forage, donc diminution de débit.
— Si le colmatage est dû à des venues de sable liées à des vitesses de pénétration
trop importantes, la solution la plus sage est de limiter le débit d’exploitation de
manière à réduire les vitesses de l’eau au droit des équipements. Cette solution doit
être associée à un nettoyage périodique du forage et à de fréquentes vérifications de
l’usure de la pompe.
Traitement de l'ensablement 286
a) Pompage à l’émulseur
La technique du pompage à l’émulseur décrite précédemment peut être mise en
œuvre efficacement en y ajoutant des pistons de désensablement, permettant ainsi un
traitement par tranche de terrain.
b) Surpompage contrôlé
Cette méthode consiste à pomper en augmentant progressivement le débit. On
démarre avec un débit égal au cinquième du débit final et, par hausses successives, on
termine à un débit deux fois supérieur à celui de l’ouvrage en exploitation
permanente. A chaque augmentation, l’eau ressort chargée de sable et d’argile et,
progressivement, devient de plus en plus claire. Le temps de pompage peut être très
long (plusieurs jours à raison de 24 heures de pompage par jour).
Dans le cas de terrains très hétérogènes, avec des zones à perméabilités variées,
les zones à éléments fins risquent de ne pas être désensablées. C’est l’inconvénient de
cette méthode qui met en exploitation d’un bloc toute la zone captée. Pour y
remédier, il faut effectuer un pompage par paliers progressifs en traitant une zone
après l’autre.
d) Injection d’eau
L’injection d’eau avec ou sans pression permet de nettoyer les ouvrages colmatés
par des dépôts tendres et peu fixés. Il est intéressant de l’utiliser en complément des
autres méthodes, notamment celle du nettoyage à l’air comprimé ou par air lift
(méthode qui reste la plus pratique à mettre en œuvre).
La méthode la plus simple consiste à débiter directement dans l’ouvrage à partir
du sol ou du haut du tubage. L’injection ainsi effectuée passe du forage dans la
formation à travers les fentes de la crépine et l’action du contre-courant est de nature
à décoller et à déplacer les dépôts qui sont entraînés dans la formation. L’action
décolmatante est d’autant plus efficace que le débit injecté est plus important. On
peut cependant toujours craindre que des passages privilégiés ne se forment et qu’on
ne nettoie pas d’une manière uniforme toute la formation. Toutefois, on pallie en
partie cet inconvénient en faisant suivre l’injection d’une série de pompages qui
nettoient l’ouvrage des particules mises en suspension. Ces pompages s’imposent
d’autant plus qu’il convient de ne pas « pousser » trop loin dans la formation les
particules décollées. C’est pourquoi on procédera en alternant injection d’eau,
pompage, injection d’air comprimé éventuellement, le temps et le débit d’injection
augmentant progressivement.
On a souvent intérêt à agir directement là où les dépôts se forment, et plus
spécialement en face de la zone captée. On pratiquera avec succès la méthode du jet
horizontal qui consiste en une injection horizontale, face aux crépines, par l’intérieur
de l’ouvrage.
L’appareil est du même type que celui que nous avons décrit au chapitre 3
(développement au jet sous pression, (cf. figure 3-14). Il est constitué par des
injecteurs (tubes avec un ajutage calibré de 4 à 10 mm), au nombre de 1 à 4 placés
horizontalement à l’extrémité d’un tube, de 50 mm de diamètre fermé à sa partie
inférieure et qu’on descend dans l’ouvrage en face des crépines. On prévoira que les
injecteurs puissent être déplacés sur toute la hauteur de la zone captée et que le tube
d’injection puisse tourner sur lui-même aux fins d’intéresser toute la surface crépinée.
En surface, le tube d’injection est relié à une pompe d’injection.
Il existe plusieurs systèmes, basés sur le principe du jet rotatif ou du nettoyage
réversible ; nous citerons pour mémoire les deux procédés proposés par la Société
Carela : les systèmes HD et KW.
Néanmoins, il est rare que le décolmatage mécanique soit suffisant, en particulier
lorsqu’on se trouve en présence d’ouvrages très anciens avec colmatage par
Traitement du colmatage mécanique 289
Terrain
Crépine
Massif filtrant
Figure 7-3
Schéma de la tête de régénération CARELA© France
Giltex E (mélange
de 66 - 67,5 1,30 7,1 - 7,6 25 g à 20°C fort moyen
polyphosphates)
— 2e cause. Une seconde cause d’échec réside dans les quantités de produits à
mettre en œuvre. Un trop faible volume ne produira pas d’effet. Une trop grande
quantité peut produire un effet contraire à celui que l’on souhaitait. Rappelons qu’une
augmentation de la concentration du pyrophosphate tétrasodique est une cause du
renversement de sa propriété défloculante qui devient floculante. Il est donc
indispensable de connaître les quantités à mettre en œuvre suivant la nature du
produit utilisé, et suivant le rôle qu’on veut lui faire jouer. On peut penser, en effet,
que les quantités varient suivant qu’on désire disperser les argiles, complexer des
ions de calcium ou des ions ferreux.
D’une manière générale, les quantités de produits à utiliser sont exprimées en
fonction du volume d’eau contenu dans le forage. Les renseignements obtenus sur ce
sujet sont exprimés ci-après :
• Calgon aux Etats-Unis : 1,7 à 3,4 %
• Progil indique pour les produits français, tel le Giltex, une valeur de 2 %.
Cette valeur est à prendre en compte pour les autres produits,
pyrophosphates et hexamétaphosphates.
Traitement du colmatage mécanique 294
• Acide formique à 85 %
• Acide phosphorique à 85 %
• Acide chlorhydrique à 37 %
• Acide isopropylique à 99 %
• Inhibiteurs FCM IV/1 - FCM IV/2 - FCF IV/8 - FCM IV/10
• Alcool gras 5 Vol. aethix
• Acide ascorbique DAB 7
Ce produit est autorisé par le ministère chargé de la santé et a recu un avis
favorable du conseil supérieur d’hygiène publique de France.
— ID 60, fabriqué par la société DARC et commercialisé par DEGREMONT.
C’est un passivant pour acide chlorhydrique à action bactéricide. Il est composé de
cinq éléments (propiolate d’amine, mouillant, inhibiteur, notamment), chaque
constituant serait sur une liste agréée alimentaire. Il présente l’avantage de pouvoir
être suivi grâce à un traceur incorporé.
— Carela bio-forte et Carela plus distribués par CARELA-France (67).
Ces produits comportent un mélange d’éléments de base (acide chlorhydrique
pur, acide citrique, acide tartrique) et d’inhibiteurs de corrosion contenant des
détergents non moussants. Un additif à mélanger au moment du traitement est
constitué essentiellement d’eau oxygénée.
— Acide Nu-well® et JWR (Johnson Well Regenerator) distribués par Johnson
Filtration Systems, France.
Le premier produit se présente sous forme de comprimés à base d’acide
sulfamique, de manipulation relativement facile et le second, sous la forme d’une
composition d’acides chimiquement purs, organiques et minéraux, ainsi que des
agents biodégradables.
Un des problèmes de fond consiste à savoir si il est raisonnable de réaliser une
opération de décolmatage en laissant la pompe d’exploitation en place ou si au
contraire il vaut mieux retirer la pompe qui risque d’être altérée par les produits de
décolmatage. Une étude récente réalisée par le CIRSEE [J. CORDONNIER, 1992]
montre qu’il n’y a pas de réponse simple sur les plans techniques et économiques.
L’attention doit notamment être portée sur :
— l’importance du diagnostic,
— le choix des réactifs et le processus de mise en œuvre,
— l’âge du captage et de la pompe,
— la fréquence des interventions.
Ces observations doivent, bien sûr, être complétées en tenant compte des
observations des exploitants et des conditions locales (nombre de forages et âge, type
de dépôts, équipements du secteur, matériaux en présence, systématique de
réhabilitation et expérience, etc.) qui peuvent être des facteurs prépondérants au
niveau des choix et des coûts. Ceci devrait permettre une meilleure approche des frais
d’exploitation en incluant la main d’œuvre dans des bilans comparatifs.
Traitement du colmatage par les carbonates 297
mg/l bicarbonate de Ca
CaCO3 précipité (mg/h)
800
Concentration maximum de
bicarbonates possible, sans
obtention de dépôts
300 600
1 2
200 400
100 200
0
2 6 10 40 60 80 100
Métaphosphate (mg/l) Température
Figure 7-4
Action des polyphosphates.
a) Grattage
D’une manière générale, les dépôts carbonatés sont très durs, donc les procédés
de grattage ne donnent que des résultats médiocres s’ils sont utilisés seuls. Ils restent
cependant un outil de travail pour le détartrage des tubes et des crépines.
On utilise un « hérisson » ou une brosse à lames métalliques flexibles qui, grâce à
un mouvement de va-et-vient dans le forage, permet de détacher les tartres. Ce
procédé est sans effet sur les incrustations qui peuvent être déposées dans les fentes
des crépines ou à l’intérieur du massif filtrant.
On emploiera cette méthode avec plus de succès si les incrustations peuvent être
préalablement ramolies et dissoutes.
b) Emploi d’explosifs
Ce procédé, employé avec les précautions d’usage, donne des résultats lorsque les
dépôts sont fragiles et se dégagent facilement sous les chocs.
La manœuvre opératoire consiste à placer des petites charges d’explosifs
régulièrement espacées sur le tubage et les crépines. En les faisant exploser à
intervalles réguliers, il est possible de provoquer une onde de choc continue.
Traitement du colmatage par les carbonates 299
Ces ondes se propagent à travers l’eau de la nappe et désagrègent les dépôts sans
abîmer les tubes et les crépines.
On admet généralement une charge de l’ordre de 12 à 36 grammes d’explosif par
mètre.
a) Principe de l’acidification
L’acide chlorhydrique (le plus couramment employé) a la propriété de dissoudre
les carbonates et bicarbonates de calcium (ou de magnésium) en les transformant en
chlorures de calcium (ou de magnésium) solubles dans l’eau par les réactions
suivantes :
b) Introduction d’adjuvants
Les formations aquifères captées contiennent des oxydes de fer et d’aluminium
qui sont dissous par l’acide chlorhydrique lorsque celui-ci est à un pH relativement
bas (2,5 à 4). En précipitant, les oxydes forment des composés gélatineux
d’hydroxydes qui absorbent de grands volumes d’eau (jusqu’à 40 fois leur propre
volume) et peuvent ainsi provoquer le colmatage des fissures et des crépines.
Pour éviter ce problème, il faut maintenir ces oxydes en solution dans de l’acide
citrique ou de l’acide actique durant toute l’opération. En général, une solution
d’acide citrique à 10 grammes par litre suffit à empêcher la précipitation du fer dans
une formation calcaire ayant moins de 1 % de Fe2O3 en poids, ce qui est assez
fréquent. Dans certains cas, il est possible d’employer aussi un tartrage double de
potassium et de sodium (appelé également sels Rochelle) concentré à 4 grammes par
litre d’acide chlorhydrique à 15 %.
Par ailleurs, les formations captées peuvent contenir du sulfate de calcium (gypse
par exemple) qu’il est nécessaire d’éliminer. Or, celui-ci n’est soluble dans l’acide
chlorhydrique que lorsque le pH de ce dernier est égal à 5. On utilise alors du bi-
fluorure d’ammonium (NH4F2H) qui transforme le sulfate de calcium insoluble en
sulfate d’ammonium soluble. Les quantités couramment employées sont de l’ordre de
7 à 8 grammes par litre de solution acide inhibée.
c) Réalisation de l’acidification
La plupart du temps, l’introduction de l’acide dans une formation calcaire, par le
simple fait de la gravité, ne donne pas de bons résultats. L’acide reste en contact avec
les parois du trou et l’on aboutit seulement à une augmentation du diamètre. Il est
préférable de procéder à l’acidification sous pression qui permet une diffusion plus
importante dans le réseau de fissures.
En effet, lorsque la pression de la pompe est importante par rapport à celle de la
nappe, l’acide peut aller très loin dans les terrains. Il s’ensuit une diminution notable
des pertes de charge locales et une augmentation des perméabilités au voisinage du
trou.
Par contre, lorsque la pression de la nappe est élevée, elle s’oppose à l’action de
la pompe. On utilise alors des « agents de chasse » (air comprimé par exemple) pour
déplacer le fluide d’acide dans la formation. Cette méthode facilite la pénétration de
l’acide dans la formation aquifère considérée mais permet également, grâce à la
Traitement du colmatage par les carbonates 301
Q. P. T
V=
60
avec :
V : volume d’acide à injecter en m3. Il est donné par le volume du trou et
calculé en fonction de l’ordre des opérations.
Q : débit en m3/h et pour un kg de pression de la nappe souterraine. Il sera
défini par un pompage préalablement à l’acidification. Il varie en
principe après chaque acidification et sa valeur doit augmenter.
P : pression (en kg) de la pompe.
T : temps en minute pendant lequel on veut injecter l’acide. Il convient de
rappeler que ce temps doit être tel que le nettoyage du trou soit
intervenu avant la formation des hydroxydes.
Dans le carbonifère du Nord de la France, le débit d’un forage ainsi traité a été multiplié
par 6. L’opération a consisté en une succession de quatre acidifications (au total 14 tonnes
de solution d’HCl à 15 %) sous des pressions comprises entre 1,5 et 10 bars, d’une durée
de 40 à 60 minutes chacune.
d) Un exemple d’acidification
Supposons que l’on veuille acidifier un trou ayant un volume de 0,5 m3 et qu’il
soit prévu quatre opérations d’acidification. Le volume de solution aqueuse d’HCl à
injecter après lavage sera le suivant :
— pour la 1ère opération : V1 = 2 . 0,5 m3 = 1,0 m3
— pour la 2e opération : V2 = 3 . 0,5 m3 = 1,5 m3
— pour la 3e opération : V3 = 4 . 0,5 m3 = 2,0 m3
— pour la 4e opération : V4 = 5 . 0,5 m3 = 2,5 m3
Supposons que le débit de la nappe souterraine avant acidification soit égal
à 4 m3/h pour 1 kg de pression et que le temps d’injection soit égal à 10 minutes. Les
caractéristiques successives de la pression d’injection et du débit de la pompe figurent
dans le tableau VII-II.
Situation A.
. Mesure du débit en février 1977 : 405 m3/h
. Cote du niveau dynamique : 7,57 m
. Cote du niveau de la nappe ST17 : 13,18 m
. Abaissement A : 5,6 m
Situation B.
. Mesure du débit en mars 1983 : 210 m3/h
. Cote du niveau dynamique : 8,33 m
. Cote du niveau de la nappe ST17 : 14,99 m
. Abaissement B : 6,66 m
La différence de niveau statique entre les deux périodes : 14,99 – 13,18 = 1,80 m.
L’épaisseur moyenne de l’aquifère est de 25 mètres.
Le rapport variation/épaisseur est égale à 1,8/25 = 0,07.
La variation est inférieure à 10 % donc la comparaison est possible.
B – B1
= 2,35
B1
Situation C.
. Mesure du débit en mai 1983 : 363 m3/h
. Cote du niveau dynamique : 7,00 m
. Cote du niveau de la nappe ST17 : 15,30
. Abaissement C : 8,30 m
La différence de niveau de nappe entre mai 1983 et février 1977 est de 15,3 - 13,2 = 0,08.
La variation est inférieure à 10 % donc la comparaison est possible.
C – C1
= 0,84
C1
4 C1 = 4,5 m
•
5
• A = 5,6 m
6 (février 1977)
•
7
B = 6,7 m
8 février 1983
•
C = 8,3 m
Rabattement mai 1983
en mètres
Figure 7-5
Forage A4, champ captant d’Aubergenville : évolution du débit spécifique entre février
1977 et mai 1983.
Analyse de la situation
Entre la situation A et la situation B, le forage s’est détérioré à un point tel qu’il n’était
plus possible d’extraire que la moitié du débit d’origine. Cette chute de rendement s’est
traduite, pour ce nouveau débit, par un abaissement dans le forage supérieur de 235 % au
rabattement originel.
Après l’acidification de mai 1983, la situation s’est améliorée mais le nouveau débit
exploitable entraîne tout de même un rabattement supérieur de 84 % au rabattement
originel.
Conclusion
1 On a certainement trop attendu entre les situations A et B, ce qui a provoqué un
colmatage très important et profond au niveau de l’équipement du forage.
2 L’acidification a permis de remédier partiellement à la situation mais n’a pas réussi à
redonner au forage ses caractéristiques originelles.
3 Il aurait été préférable d’intervenir avant que la chute de rendement n’atteigne 50 %
pour avoir le maximum de chances de retrouver la situation d’origine.
D’autres dépôts ferrugineux peuvent parfois être traités à l’acide ou avec des
produits chimiques industriels.
Les causes d’un tel colmatage résident, nous l’avons vu précédemment, dans un
apport d’oxygène (généralement au sommet des crépines ou au niveau de la partie
supérieure des drains horizontaux). Celui-ci peut provenir de la surface dans le cas
d’une nappe libre ou par le trou du forage dans le cas d’une nappe captive.
On peut distinguer trois types de dépôts :
— des composés d’hydroxydes de fer et de manganèse,
— des dépôts ferrugineux mélangés à des dépôts calcaires,
— des dépôts floconneux, granuleux et colloïdaux.
Dans le premier cas, il s’agit de dépôts insolubles. C’est le type de concrétions
fer-manganèse que l’on peut observer dans la zone de battement de la nappe lorsque
la crépine est dénoyée. Toute tentative de traitement est vouée à l’échec.
Dans les deux autres cas, on peut traiter à l’acide comme pour les carbonates.
Enfin, on peut citer les produits Carela bio plus forte et Herli rapid TWB-FCM1
qui ont fait leurs preuves et qui sont agréés alimentaires.
Le Carela bio plus forte possède en effet deux produits complémentaires :
— un acide minéral qui permet la solubilisation des incrustations ferriques,
— des acides organiques associés à de l’eau oxygénée qui assurent l’attaque des
incrustations manganiques.
Le mélange équilibré de ces différents produits permet un traitement simultané
des incrustations et une désinfection de l’ouvrage. Ceci est essentiel car la très grande
majorité des dépôts ferro-manganiques trouvent leur origine dans une activité
bactérienne.
Dans le troisième cas (et parfois le second aussi), le traitement de choc à l’aide
d’hypochlorite de sodium paraît prometteur. Il reste encore à vérifier l’absence de
réactions secondaires indésirables et à préciser la durée d’efficacité de ce type de
traitement.
L’analyse de la bibliographie montre toutes sortes d’essais, allant de la
désinfection par injection de vapeur aux traitements aux rayonnements gamma et aux
ultrasons. Le traitement le plus « classique » consiste, bien entendu, dans l’utilisation
de différents acides ou mélanges d’acides et d’inhibiteurs.
Des études ont été effectuées pour sélectionner des produits de traitements
capables d’actions bactéricides ou bactériostatiques sur le colmatage bactérien. Mais
l’expérience qui confirmerait l’action favorable de tel ou tel produit fait d’autant plus
défaut qu’il est clair qu’un produit déterminé ne se comporte pas de la même façon
partout, compte tenu du fait que les conditions physico-chimiques et biologiques
locales sont extrèmement variables.
Selon l’étude GEOTHERMA 1991 (collection inter-agences de l’eau), le traitement
le plus répandu en France, et qui semble obtenir le plus grand succès, consiste en une
opération de brossage du captage suivi d’une forte chloration. Le procédé a au moins
l’avantage d’être à peu près standard et inoffensif pour l’ouvrage et l’aquifère. Enfin,
les opérations les plus usuelles consistent en des traitements :
— au dioxyde de chlore,
— à l’hypochlorite de sodium (eau de Javel),
— à l’acide sulfamique,
— avec des ammoniums quaternaires,
— au permanganate de potassium,
— à l’acroleïne.
Utilisés seuls, ces produits ont un effet désinfectant temporaire. Les deux
premiers se révèlent statistiquement les plus utilisés. Leur combinaison avec une
acidification, en particulier dans les aquifères carbonatés, donne les meilleurs
résultats.
En résumé, il apparaît que le colmatage bactérien est un phénomène complexe qui
a, dans chaque cas, ses composantes spécifiques. La prévention est malheureusement
difficile à organiser, sauf en décelant à l’avance que l’environnement du captage
présente des indices favorables au déclenchement d’un tel phénomène (contexte
organique). Dans tout traitement chimique, qu’il s’agisse d’une procédure curative ou
d’un traitement préventif, le produit utilisé doit nécessairement satisfaire à deux
impératifs essentiels :
— la conservation de la potabilité des eaux qui seront exploitées peu de temps
après la fin du traitement ;
— la conservation des équipements de captage et de pompage obligatoirement
mis en contact avec les produits traitants. Ce problème intéresse essentiellement le
tubage et des crépines qui ne peuvent pas, au contraire de la pompe, être extraits.
En terme de procédés, applicables de façon industrielle, on distingue
généralement trois types de traitement :
— Les traitements curatifs, mis en œuvre sur un forage colmaté, à partir d’un
seuil de colmatage fixé (généralement 30 %), avec une dose forte (plusieurs dizaines
de m3) d’un ou plusieurs produits chimiques enchaînés, injectés dans le forage
pendant un temps de quelques heures, pour limiter la durée pratique d’immobilisation
de l’ouvrage.
Traitement du colmatage biologique 307
2m
Piézomètres
d'injection
Forage à traiter
Figure 7-6
Dispositif de traitement préventif avec quatre piézomètres.
On pose :
Q
S = Vmin
Q
r=
Vmin . 2 π h . P
Q
Si Q est exprimé en m3/h et V en m/s : r = 226 . h . P
2
Vc = π ro h
avec :
ro : rayon du forage
h : hauteur d’eau dans le forage
Le volume à mettre en œuvre (cf. figure 7-7) pour traiter les cylindres colmatés Vt
s’obtient selon la formule suivante :
2 2
Vt = π ( rt — r0 ) . h = π (ro + rt) e h
avec :
e : distance entre deux cylindres successifs
h : hauteur d’eau dans le forage
e
h
r0
rt
Figure 7-7
Détermination des cylindres successifs d’aquifère à traiter.
Le terrain étant a priori d’autant plus colmaté que l’on se trouve plus près du
forage, on aura intérêt à traiter des cylindres d’abord étroits, puis de plus en plus
larges, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’axe du forage.
Traitement du colmatage biologique 311
3m
4 e cylindre
3 e cylindre
2 e cylindre
1 er cylindre
Forage
Figure 7-8
Traitement curatif, vue en coupe des cylindres d’aquifère à traiter.
TABLEAU VII-III — Volume par mètre des cylindres d’aquifère à traiter (cette
valeur est à multiplier par la porosité de l’aquifère).
— premier pompage de nettoyage pour évacuer les résidus et les boues produites
par le traitement,
— nouvelle injection de produit traitant, d’un volume égal au volume des vides
d’un deuxième cylindre d’aquifère à traiter ; lorsque le volume nécessaire a été
injecté, on effectue une chasse à l’eau à débit modéré, pour que le produit actif
traverse le premier cylindre déjà traité, et aille se mettre en place et imprègne
complètement le deuxième cylindre à traiter (effet piston).
L’opération précédente se répète : temps de contact, puis 2e pompage de
nettoyage, à la suite de quoi on recommence éventuellement l’opération pour traiter
un 3e cylindre, et ainsi de suite.
45
40
35
30
25
20
15
10
0
1 2 3 4 5 6 7
Distance au forage (m)
Volume terrain Porosité de 20 %
Porosité de 35 % Porosité de 15 %
Porosité de 30 % Porosité de 10 %
Porosité de 25 % Porosité de 5 %
Figure 7-9
Volume à mettre en œuvre pour un traitement décolmatant.
Enfin, il faut avoir présent à l’esprit que, quelque soit le degré de précision des
calculs, la détermination des porosités du massif filtrant et de la zone aquifère
développée n’en reste pas moins empirique à appréhender. Par ailleurs l’aquifère, de
par sa composition physico-chimique et de par la biomasse qu’il est susceptible
d’abriter, va consommer des quantités variables de réactif.
Traitement du colmatage biologique 313
S’agissant d’un matériau naturel poreux, il faut il faut tenir compte du fait qu’une partie
importante de chlore actif est susceptible d’être passivée par les éléments constitutifs de
l’aquifère. Compte tenu de l’adsorption du chlore par les fines, il est prudent de majorer le
volume d’hypochlorite de sodium.
Après la dernière passe, la face interne de la crépine est brossée à l’aide d’un hérisson.
Cet exemple montre à quel point les volumes à mettre en œuvre sont importants.
Ce calcul explique vraisemblablement pourquoi tant de tentatives de décolmatage ont
été des échecs. En effet, la zone de vitesse s’étend généralement sur plusieurs mètres
autour des forages, les volumes nécessaires au traitement sont considérables, et dans
la plupart des décolmatages pratiqués, les traitements n’atteignent pas les cylindres
situés entre 2 et 5 mètres autour des forages. Nous pensons, comme BOURGUET et
al., 1984, qu’il est nécessaire de s’intéresser à cette zone, dans laquelle peuvent se
situer des phénomènes déterminants générateurs de colmatage.
Traitement du colmatage biologique 315
10
1e traitement 3e traitement
20
co
Rabattement en m
ur
2 e traitement cour
be
be o
rigin
av
30 elle
an
tr
éh
ab
40
ilit
at
io
n
50
0 20 40 60 80 100 120
Débit en m3/h
Figure 7-10
Réhabilitation du forage 5S du champ captant de Villeneuve-la-Garenne. D’après
document Lyonnaise des Eaux-Dumez.
Notons que l’étude Burgeap préconise, à partir d’essais réalisés sur des
éprouvettes, une séquence mouillant / oxydant bactéricide / acide. Le traitement
optimum serait réalisé en deux phases avec :
— un premier traitement « oxydant » réalisé à l’aide d’hypochlorite de sodium,
avec un mouillant et éventuellement un enzyme, l’ensemble étant destiné à détruire la
biomasse ;
— un second traitement composé d’un mélange d’acide chlorhydrique et d’un
mouillant bactéricide. L’acide chlorhydrique est destiné à ramener le pH à une valeur
telle qu’il remette en solution ferreuse le fer précipité par l’hypochlorite. Le
mouillant bactéricide est destiné à éliminer les dernières bactéries présentes et qui
auraient résisté au premier traitement.
Bien entendu ce protocole de traitement serait à adapter en fonction du degré de
colmatage du forage à traiter.
Régénération après corrosion 316
7.6.2 Le contrôle
Pendant son exploitation, le suivi de l’ouvrage a également une très grande
importance pour la détection d’un début de corrosion. Il existe à ce sujet de
nombreux moyens pour effectuer ce type d’examen, dont le choix doit être fait par un
spécialiste. A titre d’exemple, un examen par caméra ne permettra pas d’estimer une
corrosion qui se manifesterait par une réduction de l’épaisseur du tubage, alors qu’un
autre type d’investigation permet de le faire.
Les diagraphies permettant de déceler tel ou tel type de corrosion doivent être
déterminées en fonction des caractéristiques de l’ouvrage. Il est évident que si on ne
connaît rien de celui-ci, il est nécessaire de commencer par définir sa composition.
Ensuite, on pourra préciser les diagraphies complémentaires à réaliser.
Dans l’ensemble, on dispose actuellement d’une gamme de mesures qui
permettent de faire de bons diagnostics, gamme qui s’enrichit constamment avec le
développement des moyens informatiques.
Les contrôles à effectuer dans le cadre d’un suivi, et pour un ouvrage en
exploitation dont on peut craindre la corrosion, peuvent se répartir de la façon
suivante :
— Contrôle de la cimentation des tubages (décollement, fissures, attaque
chimique, etc.). On peut même déceler la formation de poches de dissolution derrière
la cimentation (C. GRIOLET).
— Contrôle de l’état des tubages. Diverses diagraphies permettent de vérifier
l’épaisseur, les déformations, les ruptures ou les percements. On peut également
déceler sur certains forages profonds le percement du tubage par des essais de débits
en paliers.
— Contrôle de l’état des crépines. En complément de l’examen par caméra qui
peut permettre de localiser une perforation ou une rupture.
— Contrôle du massif de gravier. Cette dernière vérification, bien que ne
concernant pas directement la corrosion, permet de vérifier l’état du massif par
rapport à sa position d’origine, d’où une éventuelle modification dans le régime
hydraulique de l’ouvrage.
L’interprétation de ces mesures et contrôles ne peut être faite que par des
spécialistes expérimentés, toute erreur pouvant entraîner des conséquences sur le
choix de la réhabilitation à prescrire.
7.6.3 La réhabilitation
La réhabilitation d’un captage endommagé par la corrosion est généralement une
opération lourde et délicate à conduire.
En principe on peut se trouver en face de deux types d’interventions qui
consistent, soit à réhabiliter le tubage (tubage en place percé ou corrodé avec risque
d’écrasement), soit à réhabiliter la partie crépinée (perforée ou usagée). Ces deux
réhabilitations ne sont pas systématiquement couplées, bien que dans la pratique, on
soit amené à les effectuer ensemble pour plus d’efficacité.
La réhabilitation du tubage consiste à rechemiser l’ouvrage, c’est-à-dire à placer
un tubage neuf à l’intérieur du tubage existant, puis à cimenter l’annulaire.
Régénération après corrosion 318
Ce schéma n’est pas toujours possible si le diamètre de l’ouvrage initial est trop
faible car le tubage à replacer à l’intérieur ne permettrait plus d’installer le pompage.
C’est l’inconvénient des forages trop petits par rapport à leur productivité. Le risque
peut éventuellement être apprécié lors de la conception.
Actuellement une technique consistant à rechemiser un forage à l’aide d’une
enveloppe en polyéthylène formée à chaud directement sur le tubage existant est en
cours de texte. Ce procédé est inspiré d’une technique américaine utilisée pour le
rechemisage des conduites d’eau horizontales (procédé U. Liner distribué par
Tubafor International). Elle met en œuvre un polyéthylène alimentaire à haute densité
qui présenterait, appliqué sur un tubage de forage, une très faible réduction du
diamètre par rapport à un nouveau tube, une étanchéité complète, des pertes de
charge plus faibles et une meilleure résistance à la corrosion. En toute hypothèse, le
coût devrait être inférieur à celui d’un rechemisage en acier.
La réhabilitation de la crépine peut s’effectuer de deux façons différentes, soit par
extraction de celle en place et remplacement par une neuve, soit par la pose d’une
seconde crépine plus petite à l’intérieur de la première et la constitution d’un massif
de gravier intermédiaire.
La première opération n’est pas toujours possible dans la pratique car tout dépend
de la façon dont la crépine a été posée. La seconde a l’inconvénient d’induire une
perte de charge supplémentaire et par suite de réduire sensiblement la productivité de
l’ouvrage.
A ce niveau de réhabilitation, le diagnostic effectué préalablement devra
apprécier l’objectif de résultat et le coût de l’intervention afin de ne pas entraîner le
maître d’ouvrage dans une opération dont le coût serait prohibitif par rapport au
résultat et par comparaison avec un ouvrage neuf.
7.8 La vétusté
La vétusté est à l’origine d’une part importante de la dégradation des captages
d’eau souterraine en France. L’âge moyen des captages, tous types confondus, est
compris entre 10 et 50 ans pour environ 70 % d’entre eux.
L’âge lui même est bien entendu un facteur naturel de vieillissement, mais le
manque d’entretien aggrave les effets de ce vieillissement et contribue à l’apparition
de problèmes parfois difficiles à résoudre en raison de l’état des ouvrages.
Le colmatage, la corrosion et l’ensablement sont très souvent le lot des captages
anciens. Il s’y ajoute parfois une conception archaïque qui fait que, dans beaucoup de
cas, il n’y a malheureusement pas d’autre solution que le renouvellement pur et
simple de l’ouvrage.
Les effets du vieillissement pourraient, dans la majorité des cas, être retardés et
dans tous les cas diagnostiqués, si les captages faisaient l’objet d’un contrôle régulier.
Il n’est pas inutile de rappeler la place de l’eau souterraine dans l’alimentation en
eau potable : selon les dernières statistiques, 62 % environ des prélèvements d’eau
souterraine en France sont consacrés à l’alimentation en eau potable des populations,
avec une légère tendance à l’accroissement, nettement plus marquée dans certains
bassins. Par rapport à l’ensemble des consommations en eau potable, l’eau
souterraine représenterait environ la moitié du volume total des ressources utilisées,
les eaux de surface assurant l’autre partie.
En France on trouve des forages dans tous les départements. La maintenance,
l’entretien et la gestion des forages est donc une préoccupation nationale.
Pour exploiter l’eau souterraine, on utilise en France près de 30 000 captages,
uniquement pour l’alimentation en eau potable publique. Leur répartition est
évidemment très inégale, les plus importants étant situés dans des formations
sédimentaires.
Même si globalement leur nombre ne devrait pas radicalement évolué dans
l’avenir, la création de nouveaux captages sera vraisemblablement nécessaire pour
plusieurs raisons :
— le parc français de captages est vétuste et devra être renouvelé en grande
partie dans les dix ou vingt prochaines années ;
— il faudra abandonner des forages isolés pour préférer le développement de
grands champs captants dans des zones protégeables ;
— les forages, même si leurs eaux nécessitera tôt ou tard un traitement, ont
l’avantage de donner une eau brute dont la qualité varie donc plus facile à traiter que
les eaux superficielles ;
La vétusté 321
Sur le plan technique, nous voyons que le rebouchage dans les règles nécessite
quelques précautions. La composition des produits, leur densité ainsi que leur totale
innocuité pour le milieu doivent être définies en fonction des conditions d’abandon de
l’ouvrage (crépine cassée ou non, nature de l’aquifère, etc.).
Il faut savoir qu’une enquête réalisée en 1991 mettait en évidence que dans plus
de 60 % des cas, les forages abandonnés n’étaient pas rebouchés. Il est donc clair que
cet état de fait aura pour conséquence de mettre en communication toutes les
formations traversées par l’ouvrage, à plus ou moins long terme (corrosion,
éboulement, etc.). Compte tenu de l’ancienneté du parc actuel de forages français, et
de la probabilité associée du nombre conséquent de renouvellements qui devraient
s’opérer dans les années à venir, cette pratique d’abandon des captages en l’état
constitue une menace grave pour la protection de la ressource.
Pompe
Remplissage progressif
par le fond du forage
Figure 7-11
Cimentation d’un forage abandonné.
7.11 Conclusion
La connaissance des conditions de réalisation d’un forage, de la mise en place de
son équipement et du suivi régulier de son exploitation permettent de déceler les
phénomènes de colmatage et/ou de corrosion pour y remédier assez tôt, et ainsi éviter
une forte diminution du rendement. Dans le cas contraire (constat d’une baisse de
rendement et/ou de la variation de la qualité de l’eau), les opérations à mener sont
schématisées en. figure 7-11.
En termes de coût, une opération de régénération dans un forage de 35 m de
profondeur avec 15 m de crépines de 200 mm de diamètre est de l’ordre de 10 % du
prix du forage neuf.
Conclusion 324
Une étude récente montre que 76 % des captages français ne font pas l’objet
d’entretien systématique par un organisme spécialisé. Il apparaît que l’entretien des
captages n’est pas encore passé dans les mœurs. Les contrôles périodiques de niveau
constituent la démarche la plus répandue.
Pratiquement tous les exploitants évoquent le manque chronique d’informations
techniques sur les ouvrages qu’ils exploitent et, surtout, l’absence de consignes
d’exploitation ou de recommandations.
Comme le précise l’étude GEOTHERMA, l’origine de cette situation est bien
souvent l’ancienneté des ouvrages dont les caractéristiques n’ont pas été transmises
aux exploitants successifs. Pour de trop nombreux ouvrages, on ne connaît que la
profondeur approximative et le diamètre du tubage, mais rien sur la nature de la
crépine et encore moins sur les essais de débit d’origine. Heureusement cette
remarque ne concerne généralement que les ouvrages de plus de 10 ans d’âge et
isolés, l’exploitation de champs captants ne pouvant guère se satisfaire de l’absence
de données techniques.
L’analyse des rapports de fin de forage met cependant en évidence le manque de
consignes d’exploitation des ouvrages. Cet état de fait se traduit généralement dans le
temps par des situations de surexploitation extrêmement préjudiciables à la pérennité
des ouvrages et parfois involontaires du fait de l’absence de repères.
L’expérience prouve qu’il existe un problème de transmission des données
techniques entre le concepteur et l’exploitant d’un captage d’eau souterraine. Cette
situation est particulièrement répandue en milieu rural. Les avis sont unanimes sur le
défaut d’entretien des captages d’eau souterraine en France. Les efforts financiers
importants qui ont été réalisés depuis la dernière guerre pour assurer la desserte en
eau potable des populations à plus de 95 % n’ont malheureusement pas été
accompagnés des dispositions d’entretien nécessaires. Dans la majorité, sinon la
presque totalité des cas, les interventions sur captages ont été dictées uniquement du
fait de pertes de débit ou de détériorations graves, entraînant des difficultés
d’exploitation.
Le mal est souvent beaucoup plus profond dans la mesure où le captage d’eau
souterraine n’est pratiquement jamais considéré par un maître d’ouvrage comme la
partie essentielle de sa distribution d’eau, sauf le jour où le débit fait défaut. Et
encore ce jour-là, recherche-t-on la solution la moins onéreuse et malheureusement
souvent la plus précaire, par manque d’information.
En terme de coût d’entretien, un budget annuel de 8 à 10 % du prix de l’ouvrage
permettrait de prévenir la plus grande partie des problèmes en permettant un entretien
préventif.
Le désintérêt des maîtres d’ouvrages pour leurs captages d’eau souterraine en
général et pour leur entretien en particulier, est très largement confirmé par l’état
actuel des périmètres de protection des ouvrages. L’énorme proportion de captages
dont les périmètres ne sont pas en conformité illustre bien la nature du problème en
France.
Conclusion 325
Conditions de Données
réalisation d'exploitation
et d'équipement
du forage
Etude et analyse
Investigations complémentaires
(pompages par paliers, examen
vidéo, analyses d'eau)
Diagnostic
de vieillissement
Nettoyage
Remise en exploitation
Figure 7-12
Résumé des opérations à mener dans le cadre de la réhabilitation d’un ouvrage de
captage.
Conclusion 326
Le temps semble être venu de travailler, dans l’optique de répondre aux besoins
des générations futures, à ce vaste projet que représente l’action sur les eaux
souterraines. Il convient de le construire autour des grands axes suivants :
— se placer résolument dans la réalité de l'espace scientifique européen, pour la
formation et pour la recherche. C’est-à-dire former et informer tous les acteurs de
l’eau à la gestion des captages d’eau souterraine ;
— développer et coordonner des compétences locales, nationales et
internationales dans plusieurs disciplines de la géologie, de l'hydrogéologie, de la
géochimie, de la géophysique ;
— utiliser l'imagerie (image satellitaire, géophysique, informatique, ...) pour
reconnaître et modéliser les structures aux différentes échelles ;
— concevoir et réaliser tous les captages neufs selon une démarche orientée vers
l’entretien, le suivi et la maintenance ;
— donner la priorité au travail d'équipe et aux travaux de terrain ;
— développer la notion de gestion des données patrimoniales et établir, pour
tous les ouvrages existants, un diagnostic de leur état ;
— ne plus voir un captage d’eau souterraine comme l’instrument ponctuel d’un
prélèvement en nappe, mais considérer son environnement de surface et souterrain
comme un ensemble dont le comportement doit être étudié, géré et protégé ;
— établir et diffuser des documents contractuels, guides à l’usage des maîtres
d’ouvrage et des maîtres d’œuvre, définissant les conditions d’intervention et les
règles à observer pour la réhabilitation des captages, ainsi que les contrôles à
effectuer ;
— utiliser des techniques de modélisation informatique pour simuler et mieux
appréhender la nature et la complexité des problèmes hydrogéologiques, sur le terrain
(modèles de nappe) ou sur le plan cognitif (systèmes experts).
En résumé, on se doit d’introduire la notion d’un suivi obligatoire des captages
d’eau souterraine, correspondant à une prestation précise, régulière et quantifiée. En
matière de contrôle et de suivi, les moyens de gestion informatisée des captages qui
existent permettent dès à présent d’optimiser la gestion des données et de gérer la
ressource.