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Sommaire
Résumé
Introduction
Être lourd ou léger
Propriétés électromagnétiques
Conduire l'électricité ou isoler
Résister au claquage
Être attiré par un aimant, être aimanté
Propager les ondes radio
Propriétés thermiques
Résister à la température
Conduire la chaleur ou isoler
Conserver la chaleur
« Pomper » la chaleur
Se dilater ou se contracter
Résister aux agressions extérieures (corrosion)
Respecter l'environnement
Résister aux actions mécaniques
Respecter les contraintes économiques
Graphique de choix
Démarche générale
Exemples : choix selon la masse et le prix de la pièce
Bilan
Notes
Résumé
Nous allons voir de manière concrète comment l’on caractérise un matériau, en fonction des applications :
construction, électricité, …
Introduction
Nous avons vu dans le chapitre précédent que pour choisir un matériau, il faut d’abord s'intéresser aux
fonctions que doit remplir le produit. Une fois ceci fait, il faut indiquer un critère d'adéquation : le matériau
permet-il au produit de remplir la fonction ou pas ?
C'est à ce critère d'adéquation que nous nous intéressons maintenant. Comme tout objectif, une fonction doit
être « smart[1] » :
spécifique (adaptée) ;
mesurable (quantitatif) ;
accessible (possible) ;
réalisable dans le temps imparti (délais de conception, d'approvisionnement, de mise en
œuvre, selon les moyens disponibles).
Nous avons vu jusqu'ici une description qualitative des matériaux (cf. supra). Mais dans l'idéal, il nous faut un
critère chiffré :
Masse volumique
(kg/m3).
Un matériau de masse volumique élevée est dit « lourd » ; un matériau de masse volumique faible est dit
« léger ». On prend souvent comme référence l'eau :
On parle souvent de densité. La densité d est le rapport entre la masse volumique du matériau et la masse
volumique de l'eau ; elle est sans unité. Le nombre obtenu est en fait la masse volumique exprimée en
kilogramme par décimètre cube (kg/dm3).
Densité
(sans dimension).
On a :
Nous indiquons ci-dessous quelques masses volumiques typiques pour des grandes classes de matériaux,
classé du moins dense au plus dense (du « plus léger » au « plus lourd », bien que ces termes soient
impropres).
Matériau ρ (kg/m3) d
Propriétés électromagnétiques
U=R×I
avec
U : tension appliquée aux extrémités de la pièce, en volts (V) ; on parle parfois de « voltage » ;
R est la résistance de la pièce, exprimée en ohms (Ω) ;
I : intensité du courant, exprimée en ampères (A) ; c’est le nombre de charges traversant la
section droite de la pièce par seconde, on parle parfois d'« ampérage ».
Résistivité et conductivité
avec
On a donc :
G = 1/R.
Conductivité σ
Notons que l'eau pure est une assez mauvaise conductrice ; c’est la présence d'ions (sels minéraux) qui la rend
conductrice. Notons également que dans le cas du courant alternatif, la conduction de l'électricité se fait
essentiellement en surface (effet de peau).
Exemple
= 8,5⋅10−6 m2 =
8,5 mm2.
La densité du cuivre étant d = 8,92, une barre d'un mètre de long a pour
volume
V = S × L = 8,5⋅10-6 × 1 = 8,5⋅10−6 m3
Le cuivre est à environ 2 000 €/tonne (en 2009) soit 0,002 €/g, cela
représente un prix
Exercice
Faire le calcul de section, de masse linéaire et de prix linéaire avec de l'aluminium (ρe =
2,7⋅10−8 Ω⋅m ; d = 2,70 ; 600 €/tonne) pour le même cahier des charges. Comparer avec le
cuivre.
Solution
On a
Le conducteur en aluminium occupe donc un volume plus important — la section est 1,6 fois plus grande, le
diamètre est 1,3 fois plus grand —, mais sa masse est 2 fois plus petite, et aux prix de début 2009 il coûte 8 fois
moins cher.
Résister au claquage
Lorsqu'un isolant — appelé dans ce contexte « diélectrique » — sépare deux conducteurs, il est soumis à une
tension électrique. Lorsque cette tension devient trop forte, il se produit un claquage : la matière s'ionise et il se
produit un courant électrique qui dégrade l'isolant. La tension de claquage dépend de la distance séparant les
deux conducteur ; on caractérise donc la résistance au claquage de la matière par le champ électrique limite, en
volt par mètre (V/m), appelé « champ disruptif » ou « rigidité diélectrique ».
Rigidité diélectrique de
quelques matériaux usuels
Rigidité
Matériau diélectrique
(MV/m)
air 3
quartz 8
néoprène 12
Nylon 14
Pyrex 14
huile silicone 15
papier 16
Bakelite 24
polystyrène 24
Teflon 60
le ferromagnétisme : les matériaux sont attirés par les aimants et gardent une aimantation
rémanente, ils peuvent constituer des aimants permanents : Fe α (ferrite), Co, Ni, alliages
(SuperMalloy Fe-Ni-Mo, Heusler Cu-Mn-Al, Sm-Fe-Co, …) ; au delà d'une certaine température
dépendant du matériau (température de CURIE), les matériaux ferromagnétiques perdent leur
aimantation ;
le ferrimagnétisme : les matériaux sont des aimants naturels : magnétite Fe3O4 ;
le paramagnétisme : les matériaux sont attirés par les aimants mais mal, ils s'aimantent sous
l’effet d’un champ magnétique, mais ne conservent pas leur aimantation : Fe γ (austénite,
plupart des inox), Al, Ca, Pt, Na, U ;
le diamagnétisme : les matériaux ne sont pas attirés par un aimant, ils ne s'aimantent pas ;
c’est le cas de la très grande majorité des matériaux.
Les matériaux diamagnétiques ne sont influencés que par des champs magnétiques extrêmement puissants.
Si un matériau est conducteur, il empêche la propagation des ondes électromagnétiques. On a une atténuation
du signal qui dépend de l'épaisseur du matériau.
Ainsi, les métaux empêchent la propagation des ondes
électromagnétiques, et en particulier des ondes radio ; par exemple, les
bâtiments en structure acier empêchent les communications radio, lors
des attentats contre le World Trade Center le 11 septembre 2001, les
sapeurs-pompiers dans le bâtiment n'ont pas reçu les consignes
d'évacuation à cause de ce problème. C'est aussi le principe de la cage
de FARADAY (protection contre les parasites), notamment du blindage
des câbles électroniques.
Propriétés thermiques
On distingue en général quatre « propriétés thermiques » :
la température de fusion ;
la conductivité thermique ;
la chaleur massique ;
le coefficient de dilatation linéaire.
Résister à la température
la température de fusion se note Tf et s'exprime en kelvins (K) ou en degrés celsius (°C) : en dessous de cette
température, le matériau est à l'état solide, au dessus, il est à l'état liquide. Les matériaux à température de
fusion élevée sont dits « réfractaires ».
On détermine en général les propriétés mécaniques — voir le chapitre suivant — pour plusieurs températures,
et l’on s'aperçoit que le matériau « s'amollit » lorsque l’on se rapproche de la température de fusion. À
l'inverse, le matériau se fragilise à basse température, il devient cassant.
On utilise un matériau à basse température de fusion :
lorsque l’on veut une pièce moulée (pièces en injection plastique, figurines en alliage plomb/
étain, fonte, bronze et laiton) ;
pour de la brasure : soudure avec un matériau d'apport à basse température de fusion (brasage
à l'étain en électronique ou en plomberie pour les raccords en laiton pour eau froide —
brasage « tendre » —, brasage avec un alliage cuivre-phosphore pour tuyaux de cuivre en
plomberie — brasage « fort ») ;
lorsqu'on veut qu’il soit liquide à la température d’utilisation, par exemple
mercure pour des contacts électriques tournants (pas d'usure) ou pour supporter des objets
lourds sans avoir de frottement (poussée d'ARCHIMÈDE, par exemple coupole d'observatoire
astronomique) ; ceci est limité par la toxicité des vapeurs de mercure et de certaines de ses
formes,
liquide caloporteur : sodium liquide (réacteurs nucléaires à neutrons rapides ou
surgénérateurs) ;
dans le cas d'un fusible (protéger de la surtension électrique) ;
lorsque la température d’utilisation est basse : dans l'hypothèse d'une colonisation de la Lune,
certains ont proposé d'injecter de l'eau dans des cavernes creusées pour les étayer.
À l'inverse, on peut devoir abaisser la température en dessous de la température de fusion pour pouvoir
travailler un matériau. Par exemple, lors du creusement de la ligne 4 du métro parisien, on a construit des usine
de froid pour congeler le sol sous la Seine et pouvoir creuser (méthode VON LINDE).
Si l’on met l'extrémité d'un objet au contact d'une source chaude, par exemple une cuiller dans une soupière ou
un tisonnier dans le feu, la température va augmenter progressivement dans l'objet. C'est le phénomène de
conduction thermique. Certains matériaux conduisent bien la chaleur : ils s'échauffent vite. D'autres, au
contraire, s'échauffent très lentement, ce sont les isolants.
Loi de F OURIER
j : densité de flux de chaleur (W⋅m-2) ;
λ : conductivité thermique (W⋅m-1⋅K-1) ;
ΔT/Δx : gradient de température (K⋅m-1).
Conductivité thermique de
quelques matériaux à 20 °C
Matériau λ (W⋅m-1⋅K-1)
air 0,03
bois 0,15 à 0,36
plastique plein 0,4
eau 0,6
métal 20 à 418
Exemple
S = 2π × 0,008 × 1 = 5,03⋅10−2 m2
On utilise souvent l'air comme isolant, mais il faut l'emprisonner pour empêcher les mouvements d'air (vent,
courant d'air, convection) de transmettre la chaleur : survitrage, double vitrage, laines diverses (les fibres
emprisonnent l'air), mousse ou polystyrène expansé (le plastique contient des bulles d'air).
On utilise les bons conducteur lorsque l’on veut transmettre la chaleur, par exemple :
échangeur de chaleur ;
radiateur pour évacuer la chaleur (moteur de voiture, microprocesseur d'ordinateur) ;
radiateur pour chauffer une pièce.
Radiateurs Échangeur de
(échangeurs de chaleur entre fluides
chaleur à ailettes)
utilisés pour évacuer
la chaleur de
microprocesseurs
d'ordinateur
vêtements ;
isolation d'une maison, de canalisations ;
manche d'un outil pour manipuler un objet chaud (on peut aussi utiliser un manche en métal,
conducteur, mais suffisamment long).
Conserver la chaleur
La chaleur massique, ou capacité calorifique massique à pression constante, se note cp ; elle s'exprime en joule
par kelvin par kilogramme (J⋅K-1⋅kg-1). C'est l'énergie qu’il faut apporter à un kilogramme de matériau pour
élever sa température d'un degré.
Si cp est élevée, le matériau a une grande inertie thermique, il chauffe lentement mais se
refroidit lentement ;
si cp est faible, le matériau a une faible inertie thermique, il chauffe rapidement mais se refroidit
rapidement.
on peut mettre la main dans un four chauffé à 300 °C sans se brûler (à condition de ne pas
toucher les parois) : l'air sec à une cp faible, il ne permet pas de chauffer la main notablement ;
à l'inverse, on ressent une brûlure lorsque l’on passe la main au dessus d'une casserole d'eau
bouillante alors que la vapeur d'eau n'est « qu’à » 100 °C : la vapeur d'eau a une cp importante
et peut donc céder une énergie importante à la main ;
le charbon de bois à une cp faible, ce qui permet aux fakirs de marcher dessus sans se brûler ;
la fonte a une cp plus importante que l'acier : un radiateur en fonte est moins réactif qu'un
radiateur en acier, il garde plus longtemps la chaleur mais met plus de temps à chauffer.
On utilise un matériau à cp élevée lorsque l’on veut « transporter de la chaleur » ; par exemple, brique sortant
du feu et enveloppée pour chauffer un lit, liquide caloporteur (eau d'un circuit de chauffage central, liquide
caloporteur d'une centrale thermique, sodium liquide pour les tiges de soupape de moteur).
Chaleur massique de
quelques matériaux
Matériau cp (J⋅K-1⋅kg-1)
métaux 40 - 929
bois 420
roche 800 - 1100
verre 783
air 1 000
eau 4 200
Notons qu’il s'agit d'une capacité massique ; la chaleur totale Q nécessaire à une variation de température ΔT
vaut
Q = m × cp × ΔT
où m est la masse de matériau. Ainsi, la chaleur massique de l'air dans le four est supérieure à celle du métal,
mais il y a une masse beaucoup plus faible d'air, donc le contact de l'air ne brûle pas alors que le contacte du
métal si.
« Pomper » la chaleur
Un matériau peut être utilisé pour « pomper » la chaleur à l'environnement, par exemple pour jouer le rôle de
pare-feu. S'il y a un risque d'atmosphère explosive, on entoure les zones pouvant initier une explosion (chaleur,
étincelle) par une grille métallique ; si une flamme se produit dans le mélange gaz carburant/air (flamme dite de
prémélange), la grille métallique absorbe la chaleur et la flamme ne se propage pas au-delà ; il faut pour cela
une grande conductivité thermique afin que la chaleur soit évacuée vers l'intérieur de la grille et ne reste pas en
surface. À l'inverse, on peut vouloir éviter un phénomène de paroi froide (confort thermique dans un
bâtiment).
Cette notion regroupe à la fois la conductivité thermique — évacuer la chaleur vers le cœur de la pièce — et la
chaleur massique — conserver cette chaleur. On définit pour cela l'effusivité thermique Ef :
C'est la chaleur qui pénètre dans un matériau au bout d'une
seconde de contact avec un matériau plus chaud de 1 °C. Cela
correspond à la « chaleur subjective » :
Se dilater ou se contracter
ΔL : variation de longueur ;
L0 : longueur initiale ;
ΔT : variation de température ;
T0 : température initiale.
Coefficient de dilatation
linéaire de quelques
matériaux
Invar[3] 1
verre 9
métal (sauf Li) 8 -29
lithium 51,2
soufre 79
polystyrène 80
nylon 150
Ce coefficient est différent du coefficient de dilatation isobare, également noté α, utilisé en thermodynamique.
Dans les dispositifs soumis à de grandes variations de température, la différence de dilatation entre les pièces
va produire des déformation et des efforts pouvant mener à la rupture. Pour éviter ce phénomène, il faut laisser
la possibilité aux pièces de se dilater librement, par exemple avec un joint de dilatation ; lorsque l’on pose un
carrelage sur le sol, on laisse environ 1 mm de vide avec le mur (qui est ensuite caché par la plinthe). Lorsque
l’on soude des pièces de grande dimension, il faut d’abords faire des points de soudure réguliers pour
maintenir les pièces pendant la soudure finale (pointage) ; par ailleurs, il est impossible de « tenir des cotes
serrées », c'est-à-dire d’avoir des dimensions très précises, sur des pièces soudées.
De manière globale, les métaux tendent à revenir à leur état « naturel » d’oxyde (minerai), sauf les métaux
natifs (or, argent, platine). Cela donne la rouille du fer et de ses alliages (acier, fonte) et le vert-de-gris du cuivre
et de ses alliages (bronze, laiton).
Par ailleurs, les métaux se dissolvent dans l'acide, et l'acide accélère la corrosion. Par exemple, dans une
cuisine, les pièces métalliques en contact avec des vapeurs de vinaigre (couvercle de bocal de cornichons,
gond d'un placard contenant du vinaigre) rouillent plus vite que les pièces similaires.
À haute température, les métaux s’oxydent avec l'air ou les gaz environnants et se dégradent (calamine).
On peut quantifier la corrosion par le taux de corrosion, c'est-à-dire la proportion (en pour cent) de métal qui
s'est transformé en oxyde durant un essai normalisé. L'essai consiste à soumettre le matériau à un
environnement donné pendant un temps donné, comme par exemple une projection de saumure (eau salée)
dans le cas du test de brouillard salin.
Respecter l'environnement
Il faut penser « impact environnemental » en général :
toxicité du matériau ;
énergie et ressources dépensées pour la fabrication : fabrication du brut (matière première) et
opérations subséquentes (usinage, traitements, …) ;
épuisement des ressources disponibles (minerais, énergies fossiles), ou utilisation de
ressources renouvelables (recyclage, énergies renouvelables) ;
pollution générée par la fabrication (extraction, réduction) :
rejets environnementaux non contrôlés, comme par exemple la pollution au mercure par les
orpailleurs au Brésil et en Guyane,
rejets de gaz à effet de serre (GES) ;
transport (importation) ;
énergie dépensée pour le fonctionnement du produit ;
possibilité de réparer plutôt que de jeter : « recharger » en matière (remettre de la matière là où
il en manque), souder ou coller pour éliminer les fissures, …
facilité de récupération, de séparation, de tri (problème des fils de cuivre gainés, de l'or
déposée sur les cartes électroniques, des matériaux multicouche comme les briques
alimentaires) ;
possibilité de recycler.
Cette analyse doit aussi prendre en compte des critères sociaux. En effet, le prix des produits innovants est un
frein à leur diffusion ; une voiture neuve consomme moins et pollue moins, mais à quoi cela sert-il si personne
ne peut l'acheter ? Ainsi, le paramètre « prix de vente » — et donc « coût de fabrication » — peut aussi faire
partie, pour certain produits innovants, de l'impact environnemental. Par ailleurs, il faut prendre en compte le
rendement à l’utilisation du produit ; par exemple, il peut être plus intéressant d’utiliser un matériau moins
propre mais plus performant, puisque cela va générer des économie lors de l’utilisation du produit.
Pour rejets de gaz à effet de serre, on peut utiliser un indicateur global comme la quantité de gaz carbonique
rejeté, éventuellement exprimé par la quantité de carbone :
les différents gaz à effet de serre — méthane CH4, gaz carbonique CO2, protoxyde d'azote
N2O, fréons (CFC), hydrochlorofluorocarbures (HFC) — ont un impact plus ou moins important
sur le climat ; on convertit la quantité de gaz rejeté en équivalent de CO2 ;
soit on donne la quantité de CO2 équivalent rejeté par kilogramme de matériau (kgCO2/kg), soit
on donne la masse de carbone de cette quantité de CO2 (kgC/kg, cela revient à diviser la
quantité par 3,7).
En 2009, l'information n'est que rarement disponible pour les matériaux ; par ailleurs, l'impact environnemental
dépend du pays producteur, et en particulier de son respect des normes environnementales. Il faut pour cela
avoir recours à une inspection du procédé de production, à un audit.
Un paramètre important est la quantité de matériau à utiliser — économie des ressources —, et la masse totale
de l’objet — énergie dépensée pour le transport, la manutention, le fonctionnement (inertie des pièces, énergie
nécessaire pour les mettre en mouvement). Pour un niveau requis de performance — conductivité électrique,
résistance mécanique, … —, on a besoin de plus ou moins de matière ; le choix du matériau conditionne donc
la masse de la pièce.
réduire : en choisissant un matériau adéquat, on peut réduire la masse du produit, donc par
effet « boule de neige » la masse de la structure devant le supporter (économie en ressources
et moins de rejets) et l'énergie nécessaire au fonctionnement du dispositif (vaincre l'inertie) et
au transport, à la manutention ;
réutiliser : choisir un matériau réparable, normaliser les pièces afin de pouvoir réutiliser un
dispositif ;
recycler : utiliser des matériaux facilement recyclables, concevoir un produit en modules
facilement démontables pour permettre la récupération, identifier les matériaux pour faciliter le
tri.
On peut collecter les informations disponibles pour chaque matériau, ou classe de matériau, et dresser ainsi une
« fiche environnementale » et comprenant, par exemple, les informations suivantes[4].
Fiche environnementale
Dans le cas d'un matériau dont l'élaboration passe par la fusion (verre, métal), on peut estimer l'énergie grise à
partir de la température de fusion.
On peut encore ajouter d'autres critères, comme par exemple la surface de sol utilisée par les usines et mines,
qui est d'autant moins utilisée pour l'agriculture et qui participe au ruissellement des eaux (l'eau n’est pas
absorbée par le sol à l'endroit ou elle tombe).
Le PRI doit être le plus bas possible, mais en respectant le cahier des charges, et en particulier les fonctions du
produit, les contrainte de solidité, de durabilité, de qualité. Le choix du matériau est capital d'un point de vue
du coût, mais ce n’est pas uniquement le prix au kilogramme (ou à la tonne) qui importe :
un matériau qui se travaille plus facilement nécessite moins de main d'œuvre, moins d'énergie,
des machines moins chères et/ou moins de maintenance ;
un matériau disponible facilement (abondant) permet d'assurer la continuité de la production,
de tenir les délais, de continuer à occuper le marché ; à l'inverse, un matériau rare,
« stratégique », peut compromettre l'activité de l'entreprise en cas de rupture
d'approvisionnement ;
un matériau « plus performant » (selon la fonctionnalité de la pièce) permet de réduire le coût
de transport, de fonctionnement de la machine (pour le client), de réduire le temps
d’indisponibilité (périodes de maintenance, de réparation), et est donc un argument
commercial.
Concernant le prix de la matière, on fait bien entendu jouer la concurrence entre les fournisseurs. Un des
problème est alors celui de la désignation des matériaux, les fournisseur n'utilisant pas tous les désignations
normalisées (les désignations sont décrites dans les leçon Les métaux et alliages ferreux, Les métaux et alliages
non ferreux et Les polymères - Propriétés générales > Dénomination)
Graphique de choix
Démarche générale
Nous avons vu précédemment que pour choisir un matériau, on a intérêt à utiliser des caractéristiques chiffrées.
Si l’on retient deux caractéristiques A1 et B1, on peut utiliser une représentation graphique : un matériau est
représenté par le point de coordonnées (A1, B1).
Dans un premier temps, on élimine les matériaux ne répondant pas aux contraintes (étape de revue des
matériaux). Ces contraintes sont des droites horizontales (valeur limite de B1) et verticales (valeur limite de
A1). On ne garde que les matériaux :
au-dessus de la droite limite B1 s'il s'agit d'une valeur minimale admise, en dessous de cette
droite s'il s'agit d'une valeur maximale admise ;
à droite de la droite limite A1 s'il s'agit d'une valeur minimale admise, à gauche de cette droite
s'il s'agit d'une valeur maximale admise.
Dans un deuxième temps, on classe les matériaux retenus selon un indice I = ƒ(A2, B2) ; Ashby[8] propose la
forme I = A2α⋅B2β — ces deux caractéristiques ne sont pas nécessairement les mêmes que pour la revue. On
utilise alors un graphique logarithmique : puisque l’on a
alors tous les matériaux ayant un même indice de performance I sont sur une droite
soit, dans le graphique, une droite de pente -(α/β) et d'ordonnée à l'origine log(I)/β. Plus l'ordonnée à l'origine
de la droite est élevée, plus le matériau est performant.
Donc, en traçant des droites parallèles de type y = a - (α/β)⋅x, on peut classer facilement les matériaux.
Notons que les caractéristiques A et B peuvent être elles-mêmes composées de deux caractéristiques
fondamentales ; on peut ainsi intégrer plus de deux caractéristiques dans le critère de classement.
Un des paramètres important d'une pièce est donc sa masse. Un autre paramètre important est le prix de revient
industriel (PRI), c'est-à-dire le coût de fabrication, qui inclue notamment le coût matériau (voir plus haut). Les
fournisseurs donnent un prix au kilogramme.
Certaines caractéristiques d'une pièce sont indépendantes de la masse. C'est par exemple le cas de la dureté ou
du coefficient d'adhérence (voir plus loin), qui déterminent les propriétés de frottement (résistance au
mouvement, usure). La masse de la pièce va dépendre de la masse volumique du matériau choisi, mais aussi de
son volume, qui est totalement indépendant de la caractéristique considérée. Si la forme et les dimensions —
donc le volume V — sont fixés par d'autres contraintes, alors la masse M et le prix de la pièce P dépendent
uniquement de la masse volumique ρm et du prix au kilogramme p :
M = ρm × V ;
P = p × M = (p × ρm) × V, le paramètre (p × ρm) étant le prix par unité de volume (EUR/m3).
Il faut donc comparer les différents matériaux selon trois critères : la caractéristique visée, la masse volumique
et le prix par unité de volume. Il faut utiliser un graphique, qui aura pour axes, selon les priorités —
déterminées par le cahier des charges et la hiérarchisation des critères (voir Choix d'un matériau) —
la caractéristique à laquelle on s'intéresse et la masse volumique (le coût volumique étant
comparé par la suite), ou bien
la caractéristique à laquelle on s'intéresse et le coût volumique (la masse volumique étant
comparée par la suite), ou bien
la masse volumique et le coût volumique (la caractéristique à laquelle on s'intéresse étant
comparée par la suite).
L’analyse est donc complexe puisqu’il faut trouver un compromis entre ces trois paramètres — voire plus.
Certaines caractéristiques sont proportionnelles à la masse du matériau, comme par exemple l'énergie
nécessaire pour chauffer une pièce (voir Chaleur massique). Il suffit alors de comparer les caractéristiques
massiques (ici la cp) pour déterminer le matériau ayant le meilleur rapport performance/masse. Cela simplifie
l'analyse, on peut se contenter d'un seul graphique : caractéristique/prix massique ou volumique. On a donc
deux dichotomies, matériau bon marché/cher et pièce légère (matériau performant)/pièce lourde (matériau peu
performant).
Certaines caractéristiques sont proportionnelles aux dimensions de la pièce — longueur, aire de la section,
volume —, comme par exemple la conductivité électrique ou thermique. Il faut alors de comparer le rapport
entre les caractéristiques du matériau et la masse volumique ρm pour déterminer le matériau ayant le meilleur
rapport performance/masse : conductivité électrique spécifique σ/ρm, conductivité thermique spécifique λ/ρm.
Bien sûr, si l’on veut minimiser une caractéristique, on inverse la gauche et la droite pour l'analyse : la pièce est
d'autant plus lourde que la caractéristique spécifique est élevée.
Reprenons le cas de la résistance électrique d'une pièce traité ci-dessus. Le matériau est d'autant plus
performant que sa conductivité σ est élevée. Le calcul de la masse s'écrit :
La pièce la plus légère sera donc bien celle ayant la
conductivité spécifique σ/ρm la plus grande.
On voit que :
l'aluminium est sur une droite ayant une pente plus faible, donc la pièce aura un coût plus
faible ;
l'aluminium a une abscisse plus importante, donc la pièce sera plus légère.
De manière générale, un matériau a une caractéristique spécifique C (en uSI par m3), et la pièce doit atteindre
une performance A (en uSI) donnée par
A = C × V soit V = A/C,
V étant le volume de la pièce ; pour avoir une pièce atteignant son objectif A, on peut utiliser une pièce
massive (V important) ou un matériau performant (C important). Alors, la masse de la pièce est
M = V × ρm = A × ρm/C = A/(C/ρm).
Le rapport C/ρm (en uSI × m3/kg) décrit donc bien la masse en fonction du matériau pour une performance
visée de la pièce.
Lorsque l’on a de nombreux matériaux, on utilise souvent des échelles logarithmiques, ce qui permet d’avoir
une meilleure répartition des points sur le graphique. Dans ce cas-là, les droites de coût matière constant sont
des droites parallèles : le prix de la pièce P dépend de la masse de matériau M et du prix au kilogramme p, et la
masse dépend de la caractéristique spécifique C et de la performance A attendue de la pièce :
P = p × A/C
p = P × C/A,
ce sont donc des droites passant par l'origine et de pente
P variable. En échelle logarithmique, on a :
Bilan
Le cahier des charges impose des caractéristiques au produit. Le produit peut être fait de plusieurs pièces,
chacune répondant à une partie du cahier des charges. Le matériau dont est fait chaque pièce peut contribuer à
ces caractéristiques.
un matériau ayant une conductivité thermique λ élevée, mais en une pièce épaisse (et donc
volumineuse et lourde) ;
un matériau ayant un λ faible, la pièce pouvant alors être mince, mais les matériaux isolants
ont souvent une mauvaise tenue mécanique ;
associer plusieurs matériaux en « sandwich », en « nougats » matrice/inclusion, en composites
matrice/fibres, pour associer les caractéristiques des différents matériaux ; cela réduit la
possibilité de réparer (travailler plusieurs matériaux aux propriétés différentes) ou de recycler
(séparation des matériaux), donc a un impact environnemental négatif, mais permet d’avoir un
isolant mince et léger (donc réduction des dépenses énergétiques liées au transport, à la
manutention).
Le choix du matériau et le dimensionnement des pièces est un problème multifactoriel, chaque élément
pouvant avoir une répercussion sur d'autres. La conception finale résulte souvent d'un compromis.
Notes
1. à l'origine, l'acronyme est utilisé dans le cadre du management par objectifs : les objectifs à
fixer pour les collaborateurs subalternes doivent être :
simples ;
mesurables ;
adaptés ;
réalisables ;
en un temps donné.
2. Le terme « ferrite » désigne ici un type de céramiques et non pas le fer α
3. alliage métallique spécialement conçu pour son faible coefficient de dilatation
4. cette présentation s'inspire de Jean-Pierre Oliva, L'isolation écologique, Mens (France), Terre
vivante, 2001, 2008 (ISBN 978-2-904082-90-0)
5. Construction bois au CB71, Université d'Artois, 2013 [lire en ligne (http://fr.scribd.com/doc/129080438/Const
ruction-Bois-CB71-Univ-Artois-pdf)], p. 2
6. Prise en compte des procédés industriels
7. Le bois est constitué de C = 50 %, O = 43 %, H = 6 %, N = 1 % ; 700 kg de bois contiennent
350 kg de C ;
1 mole de C a une masse de 12 g, 1 mole de O2 une masse de 32 g, donc 1 mole de fait
44 g ;
donc pour 350 kg de C : (350/12) × 44 = 1 283 kg de arrondi à 1 tonne de par m3 de
bois utilisé
8. Michael F. Ashby (https://www-edc.eng.cam.ac.uk/people/mfa2.html), professeur au
Engineering Design Centre, Université de Cambridge (GB), méthode mise en œuvre dans le
logiciel CES Selector (http://www.grantadesign.com/education/overview/index.htm) de Granta
Design
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