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Monsieur André PEZZIARDI

Président
Chambre Régionale des Comptes Occitanie
500, avenue des Etats du Languedoc
CS 70755
34064 MONTPELLIER Cedex 2

Le 17 août 2020

Par lettre recommandée et mail à l’adresse  :


occitanie@crtc.ccomptes.fr

Objet : SICTOM de Pézenas – Réponse au Rapport d’observations provisoires de la CRC Occitanie n°


GR/20/0782 du 24 juin 2020

Monsieur le Président,

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-après les observations du SICTOM sur le rapport d’observations
provisoires délibéré par la Chambre le 5 mai dernier, tel que transmis au Syndicat le 24 juin 2020 avec un délai
de réponse de deux mois.

Je vous saurai gré de prendre en compte ces observations, précisions, compléments ou éléments de réponse
lors de l’établissement du rapport définitif devant être transmis à l’issue de la procédure contradictoire
pendante.

Le présent courrier porte sur les points suivants abordés dans votre rapport d’observations provisoires, traités
dans l’ordre de leur mention au sein du rapport :

(i). Les ressources humaines,


(ii). Le coût d’acquisition des terrains d’assiette de VALOHE,
(iii). L’unité de prétraitement mécano-biologique,
(iv). Le coût de traitement,
(v). La DSP relative à l’élimination des déchets ultimes issus de l’usine VALOHE,
(vi). L’état de la dette.

(i) Sur les ressources humaines

Concernant le volet consacré aux ressources humaines et plus particulièrement le point 2.1 du rapport
d’observations provisoires, les élus du Syndicat sont particulièrement sensibles au constat relayé par le rapport
et partagent le diagnostic établi.

A ce titre, il sera proposé aux élus formant la nouvelle gouvernance du SICTOM de mener une vaste étude
relative aux ressources humaines, qui devra prendre en compte et résoudre les points évoqués dans le rapport
(durée de travail effectif, autorisations spéciales d’absence, heures supplémentaires).

En réponse au point 2.2 du rapport d’observations provisoires sur le niveau d’absentéisme et aux
préconisations formulées à cet égard, il convient de préciser que les congés de maladie ordinaire (CMO)
représentent en moyenne 53% des absences et les accidents du travail en moyenne 24%.
Le Syndicat ne peut agir que sur ces deux postes, qui représentent en moyenne 77% de
l’absentéisme sur la période analysée et sont en diminution sur cette même période, à hauteur de
-11,05% pour les CMO et -33,75% pour les accidents de travail.

S’agissant des CMO, le Syndicat a mis en place des contrôles médicaux réalisés par des médecins
agréés (50 contrôles médicaux sur la période), ainsi que des expertises médicales auprès de
médecins spécialistes (21 expertises sur la période) et l’intervention d’un huissier (2 interventions
sur la période) pour suspicion de travail pendant un congé de maladie ordinaire. Lors du dernier
marché d’assurance statutaire, en 2019, le Syndicat a d’ailleurs négocié 20 expertises médicales/an.

Par ailleurs, dès 2015, le Syndicat a appliqué la règlementation concernant les envois des arrêts de
travail au-delà des délais règlementaires (20 courriers et 6 retenues sur salaire sur la période).

S’agissant des accidents du travail, le Syndicat a identifié que deux-tiers des accidents étaient liés à
des circonstances sans cause directe avec les risques induits par l’activité (référence DUERP) et ne
permettant pas d’établir un arbre des causes.

Sur le tiers restant, la collectivité a amorcé progressivement la mise en place d’un dispositif d’arbre
des causes permettant d’analyser ces accidents (14 arbres des causes réalisés et présentés en CHSCT
sur la période). Par ailleurs, une analyse des DIAT a été mise en place depuis 2018.

Concernant le point 2.4.4 RIFSEEP, les recommandations du rapport proposant d’instaurer une
modulation du nouveau régime indemnitaire, sont justifiées par les arguments suivants :

«  La partie IFSE est fixée précisément, sans qu’aucune possibilité de modulation ne soit opérée
entre plusieurs agents en raison de leur ancienneté ou des contraintes du poste occupé.  »

Or cette affirmation apparaît contredite par les éléments ci-après.

S’agissant de l’ancienneté, celle-ci est déjà prise en compte dans le traitement indiciaire via
l’avancement d’échelon. Logiquement, le RIFSEEP n’en tient pas compte car dans le cas contraire, ce
critère serait rémunéré deux fois.

S’agissant des contraintes du poste occupé, elles sont prises en compte via la cotation du poste sur la
base de 4 critères :

o Autonomie ;
o Responsabilité ;
o Complexité ;
o Technicité.

En outre, la mention du rapport selon laquelle « le syndicat n’a pas institué de CIA ce qui est
irrégulier », apparaît à tout le moins devoir être fortement nuancée.

La délibération considérée adoptée par le Comité syndical prévoit en effet la mise en place du CIA
avec une attribution individuelle à zéro, conformément à la possibilité prévue par l’article 4 du
décret n°2014-513 du 20 mai 2014 portant création du RIFSEEP.

(ii) Sur le coût d’acquisition des terrains d’assiette de VALOHE


Concernant le point 3.3.2.2 relatif au coût d’acquisition des terrains d’assiette de VALOHE, les
conclusions du rapport faisant état de l’absence de traçabilité des négociations et surtout, de
l’absence de justification des prix d’acquisition, sont également contredites par les éléments rappelés
ci-après.

D’une part, cette acquisition doit être replacée dans son contexte afin d’apprécier à leur juste valeur
les conditions dans lesquelles elle est intervenue.

En particulier, il convient de rappeler que le SICTOM devait à cette époque se positionner au plus tôt
afin de disposer d’un site lui permettant de maitriser l’ensemble de ses compétences, notamment
celle relative à la partie « traitement des déchets ».

Ce qui lui imposait de saisir l’opportunité du site VALOHE, sauf à s’exposer à une augmentation
notable de ses coûts de traitement, liée essentiellement à une quasi absence de concurrence pour
les exutoires, aux coûts de transport à la hausse et à une augmentation de la TGAP pour la partie
enfouissement, qui aurait engendré dans les années à venir un surcoût financier venant impacter
notablement le budget du Syndicat.

Surtout, le contexte de cette acquisition est marqué par la quasi impossibilité de développer un autre
projet sur le territoire du SICTOM, au regard de la longueur des procédures administratives requises
et des oppositions locales.

Les entreprises ayant développé le projet initial, avec lesquelles les négociations ont été entamées,
disposaient déjà des emprises foncières, ainsi que des autorisations préfectorales nécessaires et des
autorisations d’urbanisme permettant la réalisation d’une unité de traitement, autorisations dont le
coût doit être apprécié en tenant compte de toute l’ingénierie nécessaire pour le montage de ces
dossiers. La COVED maîtrisait alors un centre d’enfouissement sur le site de Montblanc et le SICTOM
souhaitait, lui, maitriser la phase qui se situe en amont, entre la collecte et l’enfouissement.

D’autre part, si le coût d’acquisition des parcelles excède l’estimation des Domaines, il doit être
relevé que cette dernière avait été établie au vu de la seule valeur agricole du site.

Quant à la plus-value réalisée par la société après la cession des terrains, elle n’est que le résultat
d’un travail sur plusieurs années pour obtenir la maitrise foncière et l’ensemble des autorisations
pour la réalisation des unités de traitements (frais d’études, ingénierie, études de sol, frais de justice,
immobilisations financières, indemnités d’immobilisation des terrains, achat droit de passage, etc.).
La société « Biométha » est ainsi une filiale de la société Villers Services qui a développé à risque le
projet depuis 2004, soit sur une période de 10 ans.

A cet égard, le rapport d’observations provisoires fait état d’une plus-value de 759.285 € qui aurait
été dégagée par la société « Biométha » « sur une période de moins de 10 mois », alors même que
cette plus-value est calculée dans le rapport en tenant compte du prix de terrains acquis en 2014 et
d’autres cédés en 2017, sans jamais prendre en considération les frais engagés par la société dans le
développement du projet ou le portage des terrains, ni l’augmentation de valeur nécessairement
induite par l’obtention d’autorisations administratives définitives à l’issue de contentieux pris en
charge par ladite société. De même, concernant le coût de rachat des autorisations administratives,
celui-ci peut être justifié sans entrer dans le détail de négociations toujours confidentielles en la
matière, en tenant compte simplement du coût requis pour obtenir de telles autorisations (frais de
maîtrise d’œuvre, études, temps de travail, frais de structure, etc.) ainsi que du coût de portage sur
plusieurs années des contentieux afférents à ces autorisations.
En tout état de cause, cette acquisition permet au SICTOM de traiter les déchets de son territoire sur
son territoire, au lieu de les exporter dans les départements voisins.

L’unité de VALOHE lui permet de maitriser ses coûts et d’acquérir pour une longue période une
totale indépendance par rapport aux opérateurs du secteur privé, échappant ainsi aux soubresauts
des lois du marché entre l’offre (rare) et la demande (importante).

(iii) Sur l’unité de prétraitement mécano-biologique contestée

Concernant le point 3.3.2.3 du rapport d’observations provisoires, il ressort des éléments rappelés


ci-dessous que VALOHE s’inscrit parfaitement dans les exigences du Plan Régional de Prévention et
de Gestion des Déchets d’Occitanie, adopté le 14 novembre 2019.

Ce plan constitue le document de référence et d’orientation qui a pour objet de coordonner à


l’échelle régionale les actions entreprises par les différents acteurs concernés par la prévention et la
gestion des déchets, pendant une période de 12 ans. Les décisions publiques doivent être
compatibles avec ce plan, tant du point de vue des stratégies locales de prévention et gestion des
déchets que des autorisations d’exploiter des installations de traitement.

Aux termes du chapitre « 6.2.3 ORIENTATIONS DU PLAN CONCERNANT LES INSTALLATIONS DE PRE-
TRAITEMENT DES DECHETS NON DANGEREUX NON INERTES RESIDUELS », ce document
recommande :

«  La mise en œuvre de nouveaux projets de prétraitement sous réserve du tri à la source des
biodéchets et des recyclables ; cependant, elle ne devra pas se faire au détriment des objectifs
de prévention et de valorisation matière des déchets non dangereux non inertes du plan mais
en complément de ces objectifs, permettant ainsi en fonction des déchets entrants :
- d’améliorer le niveau de valorisation matière de la part recyclable encore présente dans les
résiduels après tri à la source des biodéchets et des recyclables par leur producteur ;
- d’extraire une fraction à haut pouvoir calorifique inférieur (PCI) qui pourra faire l’objet d’une
valorisation énergétique ;
- de réduire la part stockée par stabilisation ou séchage.  »

S’agissant du préalable nécessaire à la mise en œuvre d’un projet de pré-traitement, le SICTOM est
conforme avec le déploiement de la collecte des biodéchets. Fin 2019, 13 communes sur les 58 du
SICTOM bénéficient d’une collecte de biodéchets, qui est venue en substitution d’une collecte
d’ordures ménagères. Le déploiement a été suspendu en 2020 suite au report des élections. Le
SICTOM a pour objectif d’être conforme au « paquet économie circulaire » publié au Journal officiel
de l’Union Européenne du 14 juin 2018, qui fixe la généralisation en 2023 de la mise à disposition
pour chaque citoyen d’une solution permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures
ménagères.

S’agissant de l’extraction d’une fraction à haut pouvoir calorifique inférieur dénommée combustibles
solides de récupération (CSR), VALOHE dispose de tris optiques permettant d’extraire cette fraction.
L’usine a été conçue de manière modulaire avec de l’espace pour permettre une extension pour la
préparation/réalisation des CSR. Le plan recommande la mise en place de cette étape de préparation
de CSR sous réserve de disposer de filières de valorisations énergétiques conformes. Cette filière est
embryonnaire mais en cours de déploiement, notamment sous l’impulsion de l’ADEME. Le 9 juillet
2020, l’ADEME a annoncé avoir sélectionné six projets d’installation de CSR dans le cadre de son
appel à projets « Energie CSR ». Dès que les débouchés pour les déchets issus de tri d’ordures
ménagères existeront, VALOHE sera opérationnelle pour livrer du CSR ou du pré-CSR.
S’agissant de la réduction de la part stockée, le SICTOM déploie directement ou au travers de
partenariats la prévention et le réemploi des déchets, le tri à la source des biodéchets en vue de leur
valorisation organique et le recyclage des déchets. Toutefois, il reste actuellement 45000 tonnes/an
d’ordures ménagères. En attendant une filière CSR généralisée et avec la caractérisation actuelle des
ordures ménagères, VALOHE permet d’éviter de plus d’un quart la mise en stockage des ordures
ménagères.

Pour la DREAL, la cohérence avec les lignes directrices de la loi de transition énergétique était une
des conditions d’obtention de l’arrêté modificatif de VALOHE au titre des installations classées.

VALOHE répond donc sans contestation possible aux recommandations du Plan Régional de
Prévention et de Gestion des Déchets.

(iv) Sur le coût de traitement

Concernant le paragraphe « Traitement au coût accru » du point 3.3.2.3, lors de votre venue, nous
avions évoqué la flambée des prix constatée actuellement (130 à 150 €/tonne) sur le traitement des
déchets.

Cette augmentation est à mettre en regard des directives inscrites dans le Plan Régional de
Prévention et de Gestion des Déchets d’Occitanie, qui prévoit une réduction drastique des capacités
d’enfouissement des sites de stockage. Ces mesures entrainent un déséquilibre massif entre l’offre et
la demande et une dérive des coûts associés.

A ce jour, le coût de traitement de nos ordures ménagères s’inscrit dans la fourchette des tarifs
pratiqués par les centres d’enfouissement privés.

(v) Sur la DSP portant sur l’élimination des déchets ultimes issus de l’usine VALOHE

Concernant le point 3.3.2.4 du rapport, il appelle de la part du SICTOM les observations suivantes
faisant apparaître la parfaite régularité du contrat conclu.

Relevons au préalable que le rapport mentionne sans le critiquer le choix opéré par le Syndicat « de
se priver d’une autonomie du traitement à l’enfouissement » en laissant à un acteur privé
l’exploitation du centre d’enfouissement, alors qu’il « aurait pu être autonome et avoir la maîtrise du
traitement des déchets jusqu’à l’enfouissement ».

Ce faisant, outre la liberté des personnes morales de droit public dans le choix des modalités de
gestion de leurs missions de service public, le rapport oublie de mentionner la réversibilité du mode
de gestion découlant des possibilités de résiliation du contrat conclu.

Par ailleurs, le rapport fait état de manière à notre sens erroné de choix du SICTOM qui auraient été
de nature à restreindre la concurrence et porter atteinte au principe d’égal accès à la commande
publique.

Pourtant, il apparaît que les règles et principes régissant la commande publique ont été
scrupuleusement respectés, la régularité de la procédure de passation du contrat de DSP considéré
n’étant d’ailleurs pas contestée.

La seule circonstance que l’attributaire de la DSP ait su au préalable créer des conditions propices, ne
saurait être assimilée à des choix du Syndicat restreignant la concurrence. Les avantages relevés dans
le rapport induits par la proximité du site d’enfouissement de la société concernée, pouvaient
parfaitement être compensés par d’autres caractéristiques d’offres concurrentes, raison pour
laquelle quatre opérateurs économiques distincts ont retiré le dossier de consultation des
entreprises.

Ensuite, les avantages allégués de la société procèdent, à les supposer établis, de son initiative
tendant à développer initialement et à ses risques un projet privé susceptible de répondre à l’intérêt
général, et non aux décisions du Syndicat. Cette situation se rencontre d’ailleurs très fréquemment
lors de la passation de contrats concessifs, conclus avec une entité propriétaire en amont de locaux
utiles à l’exercice des missions concédées, sans que cela ne remette en cause la régularité de la
procédure ou du contrat.

Surtout, la circonstance relevée par le rapport sans en tirer toutes les conséquences, selon laquelle
de nombreux sites d’enfouissement situés dans la Région n’étaient pas adaptés, est naturellement
indépendante de la volonté du Syndicat.

Enfin, le rapport relève que le délégataire ne supporterait « pas de risque réel d’exploitation », de
sorte que selon la Chambre la « convention pourrait être requalifiée de marché public ».

Cette affirmation, qui nous semble erronée, est motivée au sein du rapport par les quatre arguments
suivants :

- le délégataire serait certain de recevoir chaque année 45 000 tonnes de déchets ;


- le mécanisme de rémunération permettrait en toute hypothèse que la TGAP soit « refacturée
au concédant » ;
- le prix facturé « couvre largement les charges d’exploitation » ;
- l’existence d’une clause de réexamen des tarifs serait contraire au transfert d’un risque.

Or aucun de ces arguments n’apparaît établi à la lecture du contrat de DSP.

A titre liminaire, il convient de rappeler que le paiement d’un prix, dans le cadre d’un contrat de
concession sous forme de délégation de service public, n’empêche pas la reconnaissance de
l’existence d’un risque d’exploitation. Cette possibilité est ainsi explicitement prévue par l’article 5 de
l’ordonnance n°2016-65 du 29 janvier 2016, en vigueur lors du lancement de la procédure de
passation de la DSP, comme par l’article L.1121-1 du Code de la commande publique.

En outre, pour apprécier l’existence d’un risque d’exploitation, il convient de prendre en compte les
missions confiées au délégataire et les différentes charges d’exploitation qu’il peut supporter
conformément à son offre, dans le respect des exigences de l’autorité concédante.

Il apparaît également utile de rappeler brièvement le cadre contractuel de la DSP, constitué


notamment par l’offre du délégataire, qui n’apparaît pas ressortir pleinement des observations du
rapport.

En particulier, les missions du délégataire sont très nombreuses et relèvent d’un champ d’application
large, ainsi que cela ressort des articles 2, 12 et 13 du contrat. Quant aux obligations à la charge du
délégataire, telles qu’énoncées par l’article 16 du contrat, elles sont manifestement conséquentes.

S’agissant justement des obligations d’entretien courant, de maintenance, de grosses opérations de


maintenance, de renouvellement et de travaux de renforcement, travaux neufs et d’extension, le
contrat précise que le délégataire doit assurer « l’ensemble des prestations nécessaires pour que
l’installation d’élimination permette toujours le bon fonctionnement du service public » (articles 22 et
23). Etant précisé qu’une obligation de résultat pèse sur le concessionnaire, auquel le contrat de DSP
interdit explicitement d’opposer au SICTOM un dysfonctionnement de l’installation d’élimination
pour justifier un manquement à ses obligations contractuelles.

Sur le plan financier, il résulte de l’offre du délégataire que ce dernier s’engage à assurer de
nombreux investissements, pour un montant total de 9 027 000 euros sur la durée du contrat (page
12 sur 26 de la pièce « Volet n°3 – données financières »).

Quant à la rémunération du délégataire, elle est assurée par le versement d’une rémunération
unitaire à la tonne transportée et traitée. Le contrat précise néanmoins, contrairement à ce qui
ressort du rapport, que le montant à la tonne est forfaitaire :
- quelles que soient les quantités réellement transportées et traitées de déchets ;
- quelle que soit la qualité des déchets reçues par le Concessionnaire.

Le contrat prévoit égalment que le délégataire assume les risques concernant les déclarations liées à
la TGAP et son paiement, ainsi qu’une obligation de résultat à sa charge concernant le tarif
applicable de la TGAP (tarif B du tableau du a de l’article 266 nonies du Code des douanes garanti par
le délégataire). De sorte que le délégataire assume seul le risque de l’absence d’atteinte des
performances requises, qui conduirait à la perte de ce tarif.

De même, concernant les tonnages et contrairement aux postulats du rapport, aucun tonnage
minimal n’est garanti, le contrat indiquant simplement que le délégataire doit être en capacité de
traiter jusqu’à 48 000 tonnes par an de déchets. Au contraire, le contrat prévoit expressément que
les conditions économiques sont fixées quelles que soient les quantités réellement transportées et
traitées de déchets.

Au regard de ces éléments, il apparaît qu’aucun des quatre arguments soulevés par la Chambre pour
conclure à l’absence de transfert du risque d’exploitation, ne peut être retenu.

De première part, ainsi que cela ressort notamment de l’article 24 du contrat de DSP le délégataire
ne dispose d’aucune garantie quant à un quelconque tonnage minimal de déchets, dont l’aléa quant
à la qualité pèse également sur le cocontractant du SICTOM.

De seconde part, la TGAP due par le délégataire n’est pas refacturée au Syndicat, puisque non
seulement le contrat prévoit un prix global, mais en outre, le délégataire assume les risques liés aux
déclarations, au paiement et au montant de cette taxe. Autrement posé, il existe une incertitude
quant au niveau de recettes que le délégataire pourra encaisser, liée notamment à une évolution du
tarif de TGAP.

De troisième part, l’affirmation du rapport selon laquelle le prix facturé couvre largement les charges
d’exploitation, ne tient pas compte de la réalité économique du contrat et de l’ensemble des charges
assumées par le délégataire, liées par exemple à l’entretien, la maintenance, aux travaux divers
prévus par le contrat et à l’investissement total imposé à hauteur de 9 027 000 euros sur la durée du
contrat (page 12 sur 26 de la pièce « Volet n°3 – données financières »).

De quatrième et dernière part, il est constant que l’article 26 de la DSP ne créé pas au bénéfice du
délégataire de droit acquis à la révision à la hausse des tarifs, de sorte que les conditions de révision
dudit contrat ne sont pas contraires au principe d’exposition au risque d’exploitation.

Outre la soumission de toute révision à l’accord des deux parties, il est clairement stipulé par le
contrat de DSP que la liberté des parties à cet égard est limitée et ne devra jamais avoir pour
conséquence de diminuer le risque d’exploitation à la charge du concessionnaire.
Ces divers éléments doivent naturellement être pris en compte par la Chambre pour retranscrire
fidèlement la nature et les conséquences du contrat conclu. Ce dont il résulte que le délégataire
assume bien un risque d’exploitation empêchant tout risque de requalification du contrat de DSP en
marché public.

Plus généralement, concernant le respect par le SICTOM des règles de la commande publique, il
apparaît difficilement compréhensible que la synthèse du rapport fasse état de « plusieurs
manquements importants  » en la matière, alors même que le respect des règles de passation ou
d’exécution des marchés publics et concessions n’est jamais contesté, à l’exception de deux critiques
qui n’apparaissent pas avérées. Cette formulation figurant au dernier alinéa de la synthèse apparaît
discordante avec le reste du rapport et ne tient pas compte des nombreux efforts fournis par le
Syndicat, pour se conformer strictement à une règlementation pour le moins évolutive et complexe.

(vi) Sur l’état de la dette

Le rapport d’observations provisoires mentionne un écart persistant dans l’encours de la dette entre
le compte de gestion et le compte administratif.

Sur ce point, le SICTOM a pris contact avec les services de la Trésorerie d’Agde pour entamer
conjointement un travail de vérification. Ces derniers ont indiqué ne pas utiliser HELIOS pour
enregistrer et suivre la dette des collectivités, mais le logiciel OPALE. Un état au 31 décembre 2019,
issu de ce logiciel, a été communiqué par la Trésorerie.

En l’état, nous constatons que le Compte de gestion lui aussi n’est pas exact. A ce jour, une
différence persiste entre les deux états de dette, réduite à un montant de 5  350,12 € et portant sur 6
contrats. Un travail est d’ores et déjà entamé pour résorption de cet écart.

Tels sont les éléments que je souhaitais porter à votre connaissance et que je vous remercie de
prendre en compte pour l’établissement de votre rapport définitif, conformément à la procédure
contradictoire en cours.

Restant à votre disposition pour tous compléments d’information et vous remerciant par avance
pour l’attention portée à la présente, je vous prie de croire, monsieur le Président, en l’assurance de
mes sentiments les plus dévoués.

Alain VOGEL-SINGER
Président du SICTOM de Pézenas

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