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Le Président, Bordeaux, le 09 mai 2011

Références à rappeler : CR/CB/033070058/ROD II


Commune de Blaye

Monsieur le Maire,

Par lettre du 12 mai 2010, vous avez été informé que la Chambre régionale des
comptes d’Aquitaine allait procéder au jugement des comptes de 2005 à 2008 et à l’examen
de la gestion de 2005 jusqu’à la période la plus récente de la commune de BLAYE. A l’issue
de cette vérification, l’entretien préalable avec le conseiller-rapporteur prévu par les articles
L. 243-1 et R. 241-8 du code des juridictions financières a eu lieu le 5 juillet 2010.

Je vous ai fait connaître par lettre du 26 octobre 2010, les observations retenues à
titre provisoires par la chambre lors de sa séance du 3 septembre 2010 en vous priant d’y
répondre dans le délai de deux mois. Vous avez répondu par courrier du 6 janvier 2011.
L’ancien ordonnateur avait répondu par courrier du 10 décembre 2010.

La chambre régionale des comptes d’Aquitaine a arrêté au cours de sa séance du


16 mars 2011 les observations définitives suivantes qui vous ont été notifiées le 30 mars 2011.

Le délai légal d’un mois, imparti aux destinataires des observations définitives
pour adresser leur éventuelle réponse à la chambre régionale des comptes étant expiré, je vous
prie de bien vouloir trouver ci-après, le rapport d’observations définitives de la chambre qui
porte sur :

- les suites du précédent contrôle ;


- des éléments de fiabilité des comptes ;
- la situation financière.

1- Les suites du précédent contrôle

Dans le cadre du précédent contrôle, la chambre a adressé le 13 juillet 2007, au


maire de la commune de Blaye, un rapport d’observations définitives qui portait, au-delà de la
situation financière de la collectivité, sur la gestion de ses compétences en matière
d’enseignement primaire dans le cadre d’une enquête menée conjointement par la Cour des
comptes et les chambres régionales des comptes.

Monsieur Denis BALDES


Maire de la commune de Blaye
Hôtel de Ville
7 cours Vauban
33394 - BLAYE

3, place des Grands-Hommes – CS 30059 – 33064 Bordeaux Cedex – Tél. : 05 56 56 47 00 – Fax : 05 56 56 47 77


2

S’agissant de ses compétences en matière d’enseignement primaire, la Chambre


suggérait à la collectivité de « mener une réflexion sur la nécessité éventuelle d’élaborer un
rapport d’activités sur le secteur scolaire, agrégeant l’ensemble des informations
quantitatives et constituant un document d’évaluation permettant de mesurer les évolutions de
la politique locale de l’éducation, faisant ressortir les objectifs et les résultats obtenus ».

La chambre a souhaité revenir sur ce point pour s’assurer des suites réservées à
son observation.

La ville a indiqué que pour l’année scolaire 2007-2008, une étude statistique sur le
nombre d’enfants a été menée par les services. Toutefois, ce rapport ne paraissait pas
satisfaire à l’objectif visé par la Chambre et il a paru utile à la ville de réfléchir à une
conception plus conforme du rapport à établir. Les conséquences du changement de
municipalité en 2008 n’ont pas permis de mener cette étude sur l’année 2008-2009, cependant
la ville s’y engage au titre de l’année 2009-2010.

La chambre prend acte des éléments de réponse qui lui ont été communiqués.

2- Des éléments de fiabilité des comptes

Dans le domaine de la fiabilité des comptes, la chambre a fait certains constats


qu’elle souhaite porter à la connaissance de la collectivité.

- Le contrôle des régies

La ville de Blaye dispose de dix régies de recettes qui n’ont fait l’objet d’aucun
contrôle de la part de l’ordonnateur.

Même si le contrôle des régies de recettes ou d’avances relève en priorité de la


responsabilité du trésorier dans la mesure où, l’agent municipal en charge de cette fonction,
agit dans la manipulation des deniers publics, en lieu et place du trésorier, il appartient à
l’ordonnateur, malgré les contrôles effectués inopinément et régulièrement par le comptable,
de mettre en œuvre des mesures de surveillance d’ordre administratif à l’échelon local
conformément aux dispositions de l’article R. 1617-17 du Code Général des Collectivités
Territoriales (CGCT) et de l’instruction codificatrice n° 06-031-A-B-M- du 21 avril 2006
relative aux régies du secteur public local. De plus, la mise en œuvre d’un contrôle sur place
permet de vérifier périodiquement, non seulement l’adéquation des activités de la régie avec
son champ de compétences, mais également le respect des modalités de fonctionnement
définies dans l’acte institutif.

- Les frais d’études

La chambre a constaté que le compte 2031 « Frais d’études » faisait apparaître au


31 décembre 2008 un solde débiteur d’un montant de 82 812,21 €, certaines études ayant été
réalisées en 1991.
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La chambre tient à vous rappeler que, conformément à l’instruction budgétaire et


comptable M 14 et aux articles L. 2321-2 27°, L. 2321-3 et R. 2321-1 du CGCT, pour les
études imputées sur ce compte, si elles ne sont pas suivies de réalisation, les frais
correspondants doivent être amortis sur une période qui ne peut dépasser cinq ans. La durée
d’amortissement est alors fixée par l’assemblée délibérante.

De plus, dans l’éventualité où certaines études ont été suivies de travaux, il convient
de les rattacher au programme d’investissement correspondant afin qu’elles puissent ouvrir
droit à compensation au titre du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée
(FCTVA), dans la mesure où elles constituent l’un des éléments du prix de revient des
travaux.

- La comptabilisation des provisions

La chambre a souhaité revenir sur les incidences comptables et financières de


l’accident intervenu le 23 mai 1993 à la citadelle et qui a fait l’objet d’un long contentieux.

Par jugements des 12 novembre 1998 et 22 juillet 1999, le tribunal administratif


de Bordeaux avait déclaré la commune de Blaye responsable d’une partie des dommages
causés à une personne suite à un accident intervenu lors de la visite de la Citadelle. Ces
jugements ont fait l’objet d’un appel et d’un recours en cassation. Suite à l’arrêt du Conseil
d’Etat en date du 20 juin 2007, la ville de Blaye a été condamnée à verser à la victime, la
somme de 223 666,33 €, au ministère de la défense, la somme de 27 410,88 € et à la caisse
nationale militaire de sécurité sociale (CNMSS). Mais, il a été constaté qu’en réalité les
provisions n’ont été constituées qu’à compter de 2004. Or, il ressort des dispositions du
décret n° 96-523 du 13 juin 1996, codifié à l’article R. 221-11 du code des communes puis à
l’article R. 2321-2 du CGCT, que, pour les communes de 3 500 habitants et plus, les
provisions pour risques afférents aux litiges et contentieux, constituent une dépense
obligatoire. Ces mêmes dispositions précisent que la provision doit être constituée lorsqu’une
première décision de justice rend probable le risque de mise à la charge de la commune d’une
dépense. En l’espèce, la chambre relève que la commune a tardé à provisionner ce risque,
retard confirmé par l’ancien ordonnateur.

3 – La situation financière

Dans le cadre de l’analyse financière à laquelle il a été procédé, la chambre a


constaté que la ville de Blaye a mis en place, depuis l’exécution du budget 2008, un outil de
suivi mensuel des dépenses et des recettes afin de maîtriser la gestion des crédits. La chambre
relève que, depuis 2009, la collectivité a également créé une mission de contrôle de gestion
afin d’optimiser l’utilisation des deniers publics. Elle prend acte de ces mesures.

En ce qui concerne la situation financière de la commune, elle ne présente pas de


problématiques majeures, se caractérisant par une capacité d’autofinancement disponible1
positive sur toute la période contrôlée avec une nette progression à partir de 2007 (+ 159 %
entre 2006 et 2007 et 74 % entre 2007 et 2008).

1
Est égale à la CAF brute diminuée de l’amortissement du capital des emprunts.
La CAF brute est égale au résultat de fonctionnement de l’exercice auquel on ajoute les dotations nettes des
reprises, aux amortissements et provisions (compte 68 – compte 78), duquel on retranche les subventions
d’investissement virées en recettes de fonctionnement (compte 777).
4

- L’évolution des produits et des charges de gestion

De 2005 à 2008, les produits de gestion sont passés de 4 357 626 € à 4 773 452 €
et se sont accrus de 9,54 %, alors que les charges de même nature progressaient, dans le
même temps, de 7,08 %.

Les contributions directes, y compris les rôles supplémentaires, quant à elles, ont
progressé de 17,05 %, plus en raison de l’augmentation des bases de fiscalité (+ 17,69 % pour
la taxe d’habitation et + 12,98 % pour la taxe sur le foncier bâti) que de celle des taux, ceux-ci
n’ayant été augmentés qu’en 2007. La chambre a également constaté que les taux des deux
taxes précitées se trouvaient au-dessus des taux moyens nationaux.

La commune de Blaye a adhéré, en 1998, à la Communauté de communes du


canton de Blaye. Cet établissement public de coopération intercommunale a opté en 2001
pour la taxe professionnelle unique et en 2005 pour un régime de fiscalité mixte au titre des
impôts des ménages. Le coefficient de mobilisation du potentiel fiscal 2 , calculé sur les trois
taxes, s’élève en 2008 à 108,66 %. Cet indicateur atteint un niveau de 117,45 % si l’on intègre
les taxes du groupement intercommunal sur les trois taxes, réduisant considérablement la
marge de manœuvre de la ville de Blaye en matière fiscale.

En ce qui concerne les charges de gestion, elles sont passées de 3 450 476 € en
2005 à 3 694 884 € en 2008. La chambre a relevé que parmi ces charges, les dépenses du
personnel avaient faiblement progressé de 1,73 %, passant de 2 062 326 € en 2005 à
2 097 944 € en 2008. Toutefois, ramenées par habitant, les dépenses de personnel, diminuées
des atténuations de charges au titre des prestations de maladie, représentent 426 € pour une
moyenne des communes de la strate 3 de 377 €. Le coefficient de rigidité des charges de
structure qui rapporte les dépenses de personnel, les intérêts de la dette et les participations
aux recettes totales de fonctionnement, se situe en 2008 à 49,81 % et est supérieur à la
moyenne nationale (43,03 %) et à la moyenne régionale (46,96 %).

La chambre retient de la réponse de l’ancien ordonnateur que le statut de chef-lieu


de canton de la commune de Blaye et le patrimoine historique dont elle dispose engendrent
des charges supplémentaires. Aussi, convient-il de relativiser les comparaisons faites avec les
collectivités appartenant à la même strate démographique.

- Les dépenses d’équipement

Sur la période 2005 à 2008, la commune de Blaye a réalisé des équipements dont
le volume, excepté en 2005, se situe entre 1,5 M€ et 2,8 M€. La chambre constate une
évolution à la hausse de ces dépenses qui, ramenées par habitant, représentent en 2005, 118 €
(moyenne nationale de la strate3 : 303 €) et se situent en 2008 à 562 € (moyenne nationale de
la strate3 : 313 €).

Enfin, concernant le taux de réalisation des prévisions budgétaires en matière


d’équipements, la chambre note une nette amélioration de ce taux sur la période contrôlée
puisqu’il passe de 27 % en 2005 à 85 % en 2008.

2
Coefficient de mobilisation du potentiel fiscal : indicateur général de pression fiscale, égal au rapport entre le
produit des quatre taxes voté par la commune et le potentiel fiscal. Potentiel fiscal : somme que produiraient les
quatre taxes directes de la collectivité si l’on appliquait aux bases le taux moyen national de chacune de ces
taxes.
3
Ratio source fiche Alizé – Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP).
5

- La dette

Les dépenses d’équipement cumulées qui s’élèvent à 6 680 896 € entre 2005 et
2008 ont été financées à près de 33 % par l’emprunt.

L’encours de la dette au 31 décembre 2009 a diminué de près de 9 % passant de


4 677 913 € au 31 décembre 2005 à 4 296 077 € en 2009. Toutefois, ramené par habitant, il se
situe à 873 € pour une moyenne nationale3 de 765 €. L’annuité de la dette a également
diminué sur cette même période (- 26 %). Le ratio par habitant est également supérieur à la
moyenne nationale de la strate en 2009 (125 € contre 106 €).

De 2005 à 2008, la baisse de l’encours de la dette et la hausse de la capacité


d’autofinancement brute ont entraîné une amélioration de la capacité de désendettement 4 qui a
été ramenée de 7 à 5 ans.

En application des dispositions de l’article L. 243-5 du code des juridictions


financières, le présent rapport d’observations définitives de la chambre doit faire l’objet d’une
inscription à l’ordre du jour de la plus proche réunion de l’assemblée délibérante. Il doit être
joint à la convocation de chacun de ses membres et doit faire l’objet d’un débat.

La chambre vous serait obligée de lui faire connaître dans quelles conditions aura
été réalisée cette communication.

En outre, j’appelle votre attention sur le fait que ce rapport deviendra


communicable à tout tiers demandeur dès qu’aura eu lieu la réunion précitée.

Je vous informe qu’une copie du présent rapport est transmise au préfet et au


directeur régional des finances publiques d’Aquitaine et du département de la Gironde, en
application de l’article R. 241-23 du code des juridictions financières.

Je vous prie de croire, Monsieur le Maire, à l’expression de ma considération


distinguée.

Franc-Gilbert BANQUEY
conseiller maître
à la Cour des comptes

4
La capacité de désendettement est égale au rapport de l’encours de la dette sur la capacité d’autofinancement
brute et s’exprime en années.

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