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République Algérienne Démocratique et Populaire

RAPPORT ANNUEL

2023
ADOPTION DU RAPPORT ANNUEL 2023

Conformément aux dispositions de l’article 54 de l’ordonnance n°95-20 du


19 safar 1416 correspondant au 17 juillet 1995, modifiée et complétée, relative à
la Cour des comptes et de l’article 66 du décret présidentiel n°95-377 du
27 Joumada Ethania 1416 correspondant au 20 novembre 1995, complété, fixant
le règlement intérieur de la Cour des comptes, le présent rapport annuel a
été adopté lors de la réunion tenue, en vision conférence, le 06 Moharam 1445
correspondant au 24 juillet 2023, par le Comité des Programmes et des Rapports
présidé par Monsieur Abdelkader BENMAROUF, Président de la Cour des
comptes, composé des membres suivants :

Messieurs Mohamed Fouad NACIR, Vice-Président ; Omar DEBBAKH, Censeur


général ; AZIEZ Abdellatif, Mohamed KHOURI ; M’hamed GUETTAI, Salah
HAZZAM, Hocine SEDDIKI, Rachid REBIAI, Bachir MOULOUEL, Salah
KHEDDAR, Mohamed HANAFI, Abdelkrim BOUROUBA, Rachid
KETTAL, Mohamed Said CHILLA, Abdelghafar HAMOUDA, Med Kebir
TABET AOUL, Mouloud BOUSMAT, Ahmed CHERIGUI, Farid KRIM et
Mohamed KHEDDAR, Présidents de chambres et Messieurs Mohamed
AMMOUCHE, Belaid OUSTANI et Ikhlef YESSAD, Rapporteurs généraux.

A assisté aux réunions, sans prendre part aux délibérations, Monsieur Mohamed
Salim BENAMMAR, Secrétaire général.

2
Sommaire

INTITULÉS DES INSERTIONS PAGES

PRÉAMBULE 05

PREMIÈRE PARTIE
LES ADMINISTRATIONS DE L’ETAT

01. Le programme de réhabilitation et de modernisation des structures


touristiques relevant du groupe public hôtellerie, tourisme et
17
thermalisme « GROUPE HTT »

02. Le programme portant restructuration, développement et régulation


du marché de la filière des viandes rouges (2010-2022) 56

03. La réalisation et l’exploitation des établissements de milieu ouvert 83


(EMO)

04. L’évaluation de l’expérimentation de la nouvelle gestion hospitalière:


Cas des établissements hospitaliers de Ain Temouchent, Ain Turk 116
(Oran) et Ain Azel (Setif)

DEUXIÈME PARTIE
LES COLLECTIVITÉS LOCALES

05. La réalisation d’une ceinture verte reliant les deux villes de Ouargla 152
et Touggourt (1ère tranche)

06. La gestion du transport scolaire par les communes 185

07. L’exécution des décisions de justice portant condamnations


pécuniaires des collectivités locales 238

08. La gestion des infrastructures sportives et la promotion des sports


dans les communes relevant des wilayas de Tlemcen, Tiaret, 269
Sidi Bel-Abbes, Naama et Ain Temouchent

09. La gestion du patrimoine immobilier productif de revenus, dans la


commune de Maghnia (wilaya de Tlemcen) 305

3
INTITULÉS DES INSERTIONS PAGES

TROISIÈME PARTIE
LES ÉTABLISSEMENTS ET ENTREPRISES PUBLICS

10. L’office national des publications scolaires (ONPS) 337

11. L'agence nationale de l’urbanisme (ANURB) 362

12. Le recouvrement de créances non performantes par la Banque de 383


Développement Local

QUATRIEME PARTIE

13. Les moyens financiers, les ressources humaines et les activités 413
internationales de la Cour des comptes

RAPPEL DES RECOMMANDATIONS FORMULEES


AU TITRE DU RAPPORT ANNUEL 2023 433

4
Préambule

La Cour des comptes est une institution supérieure de contrôle du patrimoine et


des fonds publics. Elle est chargée du contrôle à posteriori des finances de l’Etat,
des collectivités locales, des services publics ainsi que des capitaux marchands de
l’Etat. Elle est instituée par l’article 190 de la constitution de 1976 et mise en place
en 1980. Actuellement, elle est consacrée par l’article 199 de la Constitution de
2020 et régie par l’ordonnance n°95-20 du 17 juillet 1995, relative à la Cour des
comptes, modifiée et complétée.

La mission principale de la Cour des comptes consiste à favoriser l’utilisation


régulière et efficiente des ressources, moyens et fonds publics, à contribuer au
développement de la bonne gouvernance et à promouvoir l’obligation de rendre
compte et la transparence dans la gestion des finances publiques.

Elle a une compétence administrative et juridictionnelle et est investie d’un mandat


de contrôle sur tous les services de l’État, les collectivités locales, les institutions,
les établissements, organismes et entreprises publics, de toute nature. Elle est
consultée sur les avant-projets annuels de loi portant règlement budgétaire et peut,
également, être consultée sur les avant-projets de textes relatifs aux finances
publiques.

Pour l’exercice de ses missions, la Cour des comptes est organisée en huit (8)
chambres nationales à compétence sectorielle et neuf (9) chambres à compétence
territoriale chargées, dans leur ressort géographique, du contrôle des comptes et
de la gestion des collectivités locales et des organismes et établissements qui leur
sont rattachés. Elle est dotée également d’une chambre de discipline budgétaire et
financière spécialisée dans le traitement des dossiers de discipline budgétaire dont
elle est saisie.

La Cour des comptes comprend un Censorat général qui assure le rôle de ministère
public, et un bureau des rapporteurs généraux chargés, respectivement, du
programme et de l’évaluation, du rapport d’appréciation sur l’avant-projet de loi
portant règlement budgétaire ainsi que du rapport annuel. Elle dispose aussi de
services administratifs et de départements techniques de soutien à l’activité de
contrôle.

Au plan international, la Cour des comptes est membre de l’Organisation


internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques
(INTOSAI), de l’Organisation africaine des institutions supérieures de contrôle
des finances publiques (AFROSAI) et de l’Organisation arabe des institutions
supérieures de contrôle des finances publiques (ARABOSAI).

5
Parallèlement à ses activités annuelles de contrôle, la Cour des comptes a poursuivi, en
2023, la mise en œuvre des actions engagées, au cours de ces dernières années, tendant
à renforcer ses capacités professionnelles et institutionnelles et à améliorer ses
performances, consolidant ainsi son indépendance en tant qu’institution supérieure de
contrôle des finances publiques.

Ces actions, qui s’insèrent dans le cadre des différents programmes de coopération
internationale, visent à structurer davantage sa fonction juridictionnelle et à mettre en
conformité ses activités de contrôle aux normes et aux bonnes pratiques internationales.
Elles s’inscrivent en harmonie avec ses valeurs institutionnelles et son mandat légal
consistant à favoriser l’utilisation saine et efficiente des moyens matériels et fonds
publics, à promouvoir l’obligation de rendre compte et la transparence dans la gestion
des finances publiques et à renforcer la bonne gouvernance et l’intégrité dans le secteur
public.
Ainsi, outre le projet de jumelage institutionnel réalisé avec la Cour des comptes
Française et le Tribunal de Contas du Portugal (2016-2018) et le mémorandum d’entente
«Sharaka», signé avec la Cour d’audit Néerlandaise (2016-2021), la Cour des comptes
a lancé, en 2022, deux (02) nouveaux projets de jumelage ayant, principalement, pour
objectif la préparation de l’institution à l’exercice de la mission de certification des
comptes de l’Etat dont la mise en œuvre est prévue à partir de 2025 1. Il s’agit du projet
de coopération avec le Corps des volontaires des services financiers (USA) et du projet
de jumelage institutionnel avec la Cour des comptes Française et le Tribunal de Contas
Portugais. La même année, un mémorandum d’entente d’une durée de cinq (05) ans
(2022-2026), a été également signé avec la Cour d’audit Néerlandaise avec comme
objectif de renforcer les capacités de la Cour des comptes et d’assurer l’exécution de ses
missions en accord avec les normes internationales d’audit.

Dans ses activités de contrôle, la Cour des comptes arrête chaque année un programme
d’activité de contrôle, suivant lequel elle s’applique à assurer la couverture la plus large
possible des domaines de contrôle relevant de son champ de compétence et à exercer
pleinement ses attributions juridictionnelles et administratives.

Les options fondamentales retenues, à travers ses différents programmes d’activité de


contrôle, se résument comme suit :

- Exercer ses prérogatives juridictionnelles à travers l’apurement des comptes de gestion


des comptables publics, la surveillance de la reddition des comptes publics et le
traitement des dossiers comportant des infractions aux règles de discipline budgétaire et

1
La mission de certification des comptes de l’Etat est conférée à la Cour des comptes en vertu de l’article 88 de
la loi organique n°18-15 du 02 septembre 2018 relative aux lois de finances.

6
financière révélées lors de ses vérifications ou portées à sa connaissance sur saisine des
autorités habilitées ;
- Mener des contrôles de qualité de gestion pour s’assurer du bon emploi des ressources,
fonds, valeurs et moyens matériels publics et apprécier la qualité de leur gestion sur le
plan de l’efficacité, de l’efficience et de l’économie, en vue de formuler des
constatations, des observations et des conclusions, assorties de recommandations à
l’adresse des entités contrôlées et des autorités de tutelle concernées ;
- Assurer sa mission consultative par l’engagement de contrôles portant sur l’exécution
de la loi de finances par les différents départements ministériels, organismes et services
de l’Etat et les collectivités locales, en vue d’établir son rapport d’appréciation sur
l’avant-projet de loi portant règlement budgétaire de l’année n-3.

Le programme d’activité de contrôle 2021

L’élaboration du programme de contrôle pour l’année 2021 s’inscrit dans la continuité


de la nouvelle dynamique de programmation pluriannuelle, préconisée par le projet de
jumelage institutionnel, susmentionné, et adoptée par la Cour des comptes dans son plan
stratégique 2015-2018.

Cette action innovante a permis de définir, suivant une démarche collaborative et


consensuelle, les priorités stratégiques à retenir pour chaque cycle triennal ainsi que les
thèmes et les sujets de contrôle qui les composent. Les trois (3) priorités stratégiques
retenues, pour la période triennale 2020-2022, se déclinent comme suit :

- la soutenabilité budgétaire et la rationalisation de la dépense publique ;


- l’amélioration de la performance de la gestion publique ;
- la contribution de la Cour des comptes à la promotion du développement durable.

Les orientations générales fixées, à cet effet, consistent, notamment à :

- repositionner les opérations de contrôle dans les priorités stratégiques et les thèmes de
sorte à assurer une meilleure cohérence d’ensemble ;
- tenir compte des ressources disponibles et du référentiel d’activité dans le choix des
cibles de contrôle ;
- aller vers une définition précise des objectifs de chaque opération et des modalités de
sa mise en œuvre ;
- favoriser le travail inter-chambres lorsque le thème l’exige : approche commune pour
un même thème et démarche collaborative lorsqu’il s’agit d’un thème transversal.

7
Les objectifs recherchés, à travers les choix portant sur les opérations de contrôle qu’elle
retient, tendent à améliorer l’efficacité de ses interventions, par l’inscription
d’organismes publics relevant des différents secteurs, selon des critères visant
l’amélioration de la gestion des fonds publics et la pertinence des résultats de ses
investigations.

Dans ce sillage, le programme de l’année 2021 a donné lieu à l’inscription de 613


opérations de contrôle, réparties comme suit :

- 444 opérations d’apurement de comptes de gestion ;


- 127 opérations de contrôle de la qualité de gestion dont 101 contrôles organiques et 26
contrôles thématiques ;
- 42 opérations liées aux travaux relatifs à l’élaboration du rapport d’appréciation sur
l’avant-projet de loi portant règlement budgétaire (APLRB).

Ces opérations couvrent aussi bien les organismes et services de l’Etat régis par les
règles de la comptabilité publique (ministères, institutions nationales, services
déconcentrés de l’État, collectivités locales, établissements publics à caractère
administratif, etc.) que les entités relevant du secteur économique, régies par la
législation et la comptabilité commerciale (entreprises publiques économiques,
établissements publics à caractère industriel et commercial, etc.).

En raison de l'étendue du champ de ses compétences qui couvre l’ensemble des entités
administratives et économiques dont le financement est assuré, en totalité ou en partie,
sur fonds publics, la Cour des comptes a adopté une démarche qui lui permet, grâce à
une utilisation rationnelle de ses moyens, d’améliorer l'efficacité et la performance de
ses contrôles.

Dans cette optique, elle se fixe des priorités en matière de sélection et de ciblage des
entités à contrôler, tout en portant une attention particulière au développement de ses
capacités institutionnelles et professionnelles. En outre, elle s’efforce à adapter en
permanence ses méthodes et outils de travail, par référence à l'évolution des normes
ISSAI1, élaborées par l’INTOSAI et mises en œuvre par les institutions supérieures de
contrôle des finances publiques (ISC) assurant un mandat identique.

Dans la mise en œuvre de ses attributions juridictionnelles, la Cour des comptes veille
à la reddition des comptes par tout gestionnaire des deniers publics et à la
programmation d’un nombre, toujours, important de comptes de gestion des comptables
publics, en vue de leur apurement.

1
Normes internationales des institutions supérieures de contrôle des finances publiques.

8
Cette activité de sanction de la reddition des comptes de gestion par les comptables
publics et administratifs par les ordonnateurs, se traduit par l’exercice d’une mission de
surveillance, aussi bien sur la production régulière des comptes et leur dépôt au greffe
principal de la Cour des comptes que par l’engagement de sanctions pécuniaires à
l’encontre des justiciables défaillants.

Aussi, les mesures adoptées ont permis à certaines chambres de la Cour des comptes de
concrétiser des résultats performants en matière de reddition des comptes.

L'apurement des comptes de gestion des comptables publics des services de l’Etat, des
établissements publics et des collectivités locales vise à s'assurer de l'exactitude
matérielle des opérations comptabilisées et leur conformité aux dispositions législatives
et réglementaires et aboutit au jugement des comptes.

Les arrêts qui sont rendus par la Cour des comptes dans ce domaine, soit au titre de la
décharge, ou de la mise en jeu de la responsabilité personnelle et pécuniaire des
comptables publics, sanctionnent les investigations effectuées à l’occasion de
l’apurement de ces comptes.

La procédure à caractère juridictionnel, mise en œuvre, obéit aux dispositions prévues


par l’ordonnance n°95-20 du 17 juillet 1995 relative à la Cour des comptes, modifiée
et complétée (décision collégiale prise en formation délibérante, procédure
contradictoire, surveillance par le ministère public, en l’occurrence le censorat général).

Cette procédure prévoit également des voies de recours contre les arrêts de la Cour des
comptes, à savoir : la révision devant la formation qui a rendu l'arrêt, l'appel devant la
Cour des comptes elle-même, siégeant en formation toutes chambres réunies, ou la
cassation devant le Conseil d'Etat.

Les efforts déployés dans ce sens visent à optimiser les opérations d’apurement et
satisfaire, par la même, à l’obligation légale de statuer sur la responsabilité personnelle
et pécuniaire des comptables publics. L’adoption d’une approche de contrôle adaptée à
la nature, à l’importance et au volume du compte notamment à travers la généralisation
des procédures et outils appropriés (mise en place de cellules d’apurement, application
du guide général de l’apurement des comptes et mise en œuvre de contrôles basés sur
l’approche de sélection par les risques) est de nature à réduire davantage la périodicité
des contrôles d’apurement.

9
Par ailleurs, lorsque les résultats des vérifications de la Cour des comptes révèlent
la commission, par les agents des organismes soumis à son contrôle, d’une infraction
aux règles de discipline budgétaire et financière, définies aux articles 88 et 91
de l’ordonnance n°95-20 du 17 juillet 1995 relative à la Cour des comptes, modifiée
et complétée, le dossier de l’affaire (rapport circonstancié) est transmis à la chambre
de discipline budgétaire et financière (CDBF), par le biais du Censeur général de la Cour
des comptes aux fins d’instruction et de jugement. Au terme des procédures prévues aux
articles 94 à 100 de l’ordonnance précitée, les auteurs de ces infractions sont sanctionnés
par des amendes prononcées à leur encontre par voie d’arrêt en audience publique.
La CDBF peut faire également l’objet d’une saisine externe émanant du Président de
l’Assemblée populaire nationale, du Président du Conseil de la nation, du Premier
ministre, du ministre chargé des finances et des ministres et responsables d’institutions
autonomes, pour les faits relevés à la charge des agents placés sous leur autorité.

S'agissant de la mise en œuvre de ses attributions administratives, l'objectif recherché


étant l'inscription d'opérations de contrôle organique ou thématique touchant plusieurs
organismes et couvrant divers secteurs, en fonction d’axes de vérification à même
d’améliorer la gestion publique. Les contrôles programmés visent à apprécier les
conditions d’utilisation et de gestion des ressources, moyens matériels et fonds publics,
au plan de l’efficacité, de l’efficience et de l’économie, d’une part et à s’assurer de
l’existence et de la fiabilité des mécanismes et procédures de contrôle au sein des
organismes soumis à son contrôle, d’autre part.

A l’issue d’une procédure contradictoire, les résultats de ses contrôles, assortis de


recommandations, sont portés régulièrement à l'attention des entités contrôlées et des
autorités de tutelle concernées.

A ce titre, la Cour des comptes veille à ce que les résultats de ses contrôles soient adossés
à des faits de gestion significatifs, d’actualité et à des enjeux importants, tout en
accordant une attention particulière à la qualité des rapports qu’elle adresse aux autorités
concernées.

Concernant la mise en œuvre de sa mission consultative, il convient de rappeler que la


Cour des comptes mobilise l’ensemble de ses moyens afin d’apporter une contribution
effective à la mise en œuvre des dispositions de l’article 156 de la Constitution qui
prévoient la présentation, par le gouvernement au Parlement, d’une loi portant règlement
budgétaire en vertu de laquelle le gouvernement rend compte de l’utilisation des crédits
budgétaires votés par l’institution législative, au titre de l’exercice considéré.

10
Ainsi, les programmes de contrôle annuels intègrent, de manière systématique, les
opérations de contrôle portant sur les conditions d'exécution des lois de finances par les
départements ministériels, les services de l'Etat et les collectivités locales.

A ce titre, l’accent est particulièrement mis sur l’évaluation des conditions de


recouvrement des recettes budgétaires ainsi que sur l’appréciation de l’exécution des
dépenses de fonctionnement et d’équipement publics. De même, les comptes spéciaux
du Trésor, abritant des moyens financiers importants ainsi que le financement des
opérations budgétaires et du Trésor font l’objet d’un examen régulier.

Ces travaux sont sanctionnés, conformément à l'article 18 de l'ordonnance n°95-20 du


17 juillet 1995 relative à la Cour des comptes, modifiée et complétée, par l'élaboration
de rapports d'appréciation sur les avant-projets annuels de loi portant règlement
budgétaire.

Enfin, à l’instar des années précédentes, la Cour des comptes a accordé un intérêt
particulier au traitement et à la finalisation des contrôles engagés au titre des
programmes antérieurs qui se trouvaient à différentes phases de la procédure. Les efforts
menés, en 2020 et poursuivis en 2021, ont permis de réduire sensiblement le nombre des
opérations non clôturées (ONC), passant de 1 113 à 650 au 31 décembre 2021.

L’exécution du programme de contrôle 2021

A l’instar de l’année précédente, le programme de contrôle 2021 a été mis en œuvre


dans un contexte particulier marqué par la propagation de la pandémie de la Covid-19.
Il a été engagé à hauteur de 93%, soit 569 opérations de contrôle engagées sur un total
de 613 opérations programmées et s’est traduit par l’établissement de 549 rapports de
contrôle, répartis comme suit :

- 126 rapports de contrôle portant sur la qualité de la gestion ;


- 423 rapports à fin d'apurement des comptes de gestion des comptables publics.

La Cour des comptes, toutes formations délibérantes confondues a, par ailleurs, rendu
1 251 actes qui relèvent aussi bien de ses attributions administratives que
juridictionnelles.

- Au titre de ses attributions administratives, la Cour des comptes a adopté 183 actes
répartis, comme suit :

11
 119 notes d'appréciation portant sur les conditions de gestion des organismes
contrôlés, assorties de recommandations appropriées aux gestionnaires concernés ;
 33 notes sectorielles portant sur la gestion par les ministères des crédits ouverts par
les lois de finances et auxquelles s’ajoutent neuf (09) synthèses sur les conditions
d’exécution des plans communaux de développement (PCD), au titre de la contribution
des chambres territoriales de la Cour des comptes au rapport d’appréciation sur
l’APLRB ;
 22 lettres de présidents de chambre adressées aux gestionnaires d'organismes publics
concernés, en vue de prendre les mesures qu'implique une saine gestion des finances
publiques, ou bien à l'effet de récupérer des sommes irrégulièrement perçues ou restant
dues au Trésor public, par toutes les voies de droit ;

- Dans l'exercice de ses attributions juridictionnelles, la Cour des comptes a rendu


1 068 actes qui se décomposent comme suit :

 1 021 arrêts relatifs à l’apurement des comptes de gestion des comptables publics
dont 297 arrêts provisoires, 721 arrêts définitifs et 03 arrêts de révision d’arrêts
définitifs. Les arrêts définitifs se répartissent entre 690 arrêts de décharge et 31 arrêts de
mise en débet engageant la responsabilité personnelle et pécuniaire des comptables
publics ; le montant total des débets prononcés est de 13 054 334,09 DA ;
 30 rapports circonstanciés, retraçant des faits susceptibles de constituer des
infractions aux règles de la discipline budgétaire et financière, définies aux articles 88
et 91 de l’ordonnance n°95-20 du 17 juillet 1995, modifiée et complétée, précitée ;
 09 arrêts rendus par la chambre de discipline budgétaire et financière (CDBF),
prononcés à l’encontre des ordonnateurs et des gestionnaires, qui ont agi en violation
des dispositions législatives et règlementaires régissant l’utilisation et la gestion
des fonds et des moyens matériels publics dont 02 arrêts de décharge et 07 arrêts
portant condamnation à des amendes ; le montant total des amendes prononcées est de
606 000 DA ;
 08 rapports circonstanciés consignant des faits susceptibles de qualification pénale,
destinés à être transmis aux procureurs généraux territorialement compétents.

En outre, il convient d’ajouter qu’en matière de reddition des comptes, la Cour des
comptes a rendu 982 arrêts, prononcés à l’encontre des ordonnateurs et des comptables
publics, pour non dépôt ou dépôt tardif de leurs comptes au greffe de la Cour des
comptes. Ils se répartissent entre 522 arrêts provisoires et 460 arrêts définitifs ; le
montant total des amendes prononcées est de 1 063 000 DA.

12
Le contenu du rapport annuel 2023

Le présent rapport annuel, que la Cour des comptes adresse au Président de la


République, conformément aux dispositions de l'article 199 de la Constitution est établi
en respect de l’article 16 de l’ordonnance 95-20 du 17 juillet 1995, relative à la Cour
des comptes, modifiée et complétée et des procédures édictées par le règlement
intérieur1 de la Cour des comptes.

Ce rapport comprend douze (12) notes d’insertion, reprenant les principaux résultats des
travaux d’investigation réalisés en exécution de son programme de contrôle de 2021.
Ces notes mettent en exergue les constatations, les observations et les appréciations les
plus significatives portant sur les conditions de gestion des ressources, moyens matériels
et fonds publics par les entités contrôlées.

En outre, le rapport annuel 2023 comporte les recommandations que la Cour des
comptes estime devoir formuler, ainsi que les réponses des responsables représentants
légaux et autorités de tutelle concernées auxquels ces notes d'insertion avaient été
communiquées dans le respect de la procédure contradictoire. Ces réponses sont
insérées telles que reçues des gestionnaires ou représentants des entités concernées.
Les recommandations émises, au nombre de 34, visent à renforcer les mécanismes de
contrôle interne et à asseoir une gestion saine et performante des deniers et patrimoine
publics.

Ce présent rapport annuel est structuré en quatre (4) parties, trois (3) parties consacrées
respectivement aux administrations de l'État (I), aux collectivités locales (II), aux
établissements et entreprises publics (III) et une quatrième partie (IV), dédiée aux
moyens financiers, aux ressources humaines et aux activités internationales de la Cour
des comptes.

Dans sa partie réservée aux administrations de l'État, le rapport annuel de la Cour des
comptes a mis en exergue de nombreuses lacunes ayant trait à la mise en œuvre de deux
(02) programmes de réhabilitation et de modernisation publics initiés par l’Etat en
faveur du secteur public économique avec comme conséquence la faiblesse des résultats
obtenus au regard des plans d’investissement mobilisés, incluant des concours définitifs
du Trésor public et des crédits bancaires à des taux bonifiés. Le premier concerne le
programme de réhabilitation et de modernisation des structures touristiques relevant du
groupe public hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT) qui a pour objectif leur mise à
niveau aux normes internationales. Le second est relatif au programme portant

1
Articles 64 à 66 de l’ordonnance n°95-377 du 20 novembre 1995 fixant le règlement intérieur de la Cour des
comptes.

13
restructuration, développement et régulation du marché de la filière des viandes rouges
à travers la restructuration du portefeuille du groupe Agro-Logistique (AGROLOG), la
réhabilitation et la modernisation des infrastructures existantes ainsi que la réalisation
de nouvelles infrastructures dans le domaine de production, de traitement et de
distribution des viandes rouges.

Dans le même sillage, ce rapport a relevé que le programme d’équipement portant


«réalisation, réhabilitation et équipement des établissements de milieu ouvert (EMO)»,
conçu par la direction générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion
(ministère de la justice), n’a pas été conduit avec célérité, alors que les structures
réalisées, sous forme de centres agricoles, n’ont pas été exploitées de manière optimale,
conformément à leur mission relative à la réinsertion sociale des détenus à travers le
travail carcéral en dehors du milieu fermé.

En outre, dans son évaluation de la nouvelle gestion hospitalière appliquée, à titre


expérimental, à certains établissements hospitaliers, la Cour des comptes a souligné que
sa mise en œuvre n’a pas été d’un impact significatif sur l’activité hospitalière, tout en
attirant l’attention des services de tutelle sur les conditions préalables à la réussite de ce
nouveau mode de gestion avant sa généralisation à l’ensemble des établissements de
santé.

Dans la partie relative aux collectivités locales, le contrôle a mis en évidence les
difficultés de ces dernières à maitriser la réalisation des projets d’équipement
d’envergure, comme c’est le cas pour le projet de la ceinture verte reliant les deux villes
de Ouargla et Touggourt dont les études et le pilotage n’ont pas bénéficié, de la part de
ses initiateurs d’un intérêt à la hauteur des objectifs escomptés et des moyens déployés
pour sa réalisation.

D’un autre côté, il a fait ressortir que la majorité des communes contrôlées peinent à
assurer la disponibilité du transport scolaire conformément au dispositif réglementaire
en vigueur et à se réapproprier leur rôle en matière d’exploitation des infrastructures
sportives de proximité et de promotion de la pratique sportive.

Par ailleurs, la Cour des comptes n’a pas manqué de réitérer ses constatations
précédentes au sujet des violations récurrentes, par les gestionnaires locaux, des
dispositions législatives et règlementaires régissant l’utilisation des fonds publics,
entrainant des condamnations pécuniaires à l’encontre des collectivités concernées via
les décisions de justice. Il en est de même concernant l’absence de diligences de la part
des communes en vue d’une meilleure valorisation de leur patrimoine immobilier
productif de revenus.

14
Au titre des établissements et entreprises publics, les évaluations effectuées ont, surtout,
fait part des déficiences ayant trait à l’organisation et au contrôle interne dans les entités
contrôlées et dont les effets ont impacté négativement la réalisation de leurs missions
statutaires et l’atteinte de leurs objectifs en termes de performance. Ce constat a
concerné en particulier deux (02) établissements publics à caractère industriel et
commercial, représentés par l’office national des publications scolaires (ministère de
l’éducation nationale) et l’agence nationale de l’urbanisme (ministère de l’habitat, de
l’urbanisme et de la ville), en plus d’une (01) entreprise publique économique, à savoir :
la banque de développement local (BDL).

Dans la dernière partie de ce rapport, la Cour des comptes, comme chaque année, rend
compte à travers des données chiffrées, de l’emploi de ses crédits budgétaires, de la
situation de ses ressources humaines ainsi que des principales activités de coopération
internationale, menées durant la période considérée.

15
PREMIÈRE PARTIE

LES ADMINISTRATIONS DE L’ÉTAT

16
01. LE PROGRAMME DE REHABILITATION
ET DE MODERNISATION DES STRUCTURES
TOURISTIQUES RELEVANT DU GROUPE PUBLIC
HOTELLERIE, TOURISME ET THERMALISME
« GROUPE HTT »

Plus de 11 ans après son adoption par le Conseil des participations de l’Etat (CPE) en
2012, le programme de réhabilitation et de modernisation (PRM) des structures relevant
du portefeuille du groupe hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT), n’a pas atteint les
objectifs escomptés, consistant notamment à mettre à niveau les structures hôtelières et
touristiques du groupe aux normes internationales en vue du développement de leur
activité et leur rentabilité.
Il ressort de l’évaluation de la Cour que les faiblesses des études technique et
économique du PRM dont l’élaboration a été effectuée dans la précipitation et sans
recours aux bureaux d’étude spécialisés, son mode de financement inadapté, l’absence
d’une gouvernance et d’une supervision à la hauteur du programme et les déficiences
caractérisant les procédures de contrôle interne en particulier celles applicables aux
marchés des filiales sont autant de facteurs qui ont entravé sa mise en œuvre.

En effet, la réalisation des opérations de modernisation et de réhabilitation dans les


filiales contrôlées est marquée par l’absence de planning de lancement des projets
permettant le maintien d’un minimum d’activité des unités hôtelières, des retards et des
déviations dans la sélection des cocontractants et la mise en œuvre des contrats, et le
recours excessif aux avenants dont certains ont été conclus hors délais contractuels.

En conséquence, l’objectif principal du PRM, à savoir la réhabilitation et la


modernisation de 61 unités et la réalisation de 02 nouvelles unités, n’a été réalisé qu’à
hauteur de 43%. De plus, cela a été accompagné par un accroissement exorbitant du
coût de sa réalisation, passant de 74 Mrds de DA à 126 Mrds de DA, une prorogation
considérable des délais d’exécution notamment les travaux de réhabilitation et de
modernisation du bâti existant, sans compter le nombre important de contrats en
contentieux pour cause de défaillance des entreprises de réalisation.

Quant aux objectifs liés à l’amélioration des principaux indicateurs de gestion des unités
hôtelières du groupe grâce à l’amélioration de la qualité des services hôteliers et
l’augmentation du taux d’occupation des chambres, ils n’ont pas été atteints par toutes
les unités hôtelières. Bien au contraire, les indicateurs retenus notamment le chiffre
d’affaires, la valeur ajoutée, l’excédent brut d’exploitation et le résultat net de l’exercice
ont connu, à partir de l’exercice 2015, dans toutes les unités des baisses significatives
qui se sont répercutées sur la structure financière du groupe lui-même et des filiales,
remettant ainsi en cause la pérennité de l’exploitation de plusieurs d’entre- elles.

17
Le groupe public hôtellerie, tourisme et thermalisme (groupe HTT) est une entreprise
publique économique (EPE) ayant le statut juridique de société par actions (SPA), issue
de la transformation en 2015 de l’ex-SGP-GESTOUR1. Il est doté d’un capital social de
14,95 Mrds de DA et dispose d’un portefeuille de 17 filiales dont 16 sont détenues à
100% et une (01) filiale à 80%, à savoir 15 entreprises de gestion touristique (EPE-EGT)
et (2) deux chaines hôtelières (EPE-EGH). Son patrimoine est composé de 72 unités
répartis en 12 hôtels urbains, 4 stations climatiques, 11 stations thermales et de thalasso,
15 stations et hôtels balnéaires, 2 centres touristiques, 19 hôtels sahariens, 8 hôtels
d’affaires et un centre commercial et parking.

Ce groupe public dont l’activité est inscrite comme une des priorités des programmes
publics pour la diversification de l’économie nationale, a bénéficié, à l’instar des autres
groupes du secteur public marchand, d’un programme de réhabilitation et de
modernisation des unités de ses filiales, élaboré par l’ex-SGP-GESTOUR et adopté par
le Conseil des participations de l’Etat (CPE) en vertu d’une résolution du 24 mars 2012.
Le groupe a pour mission, conformément à ses statuts, notamment le pilotage
stratégique, le suivi et le contrôle, l’élaboration et la gestion des projets et plans de
développement de ses filiales.

L’évaluation du programme de réhabilitation et de modernisation des structures relevant


du portefeuille du groupe HTT, par la Cour des comptes, a été menée suite à une saisine
de monsieur le Premier ministre2. Le contrôle a ciblé 17 unités hôtelières relevant de
sept (07) EPE-EGT3 et la société mère le groupe HTT et a porté sur l’examen des
conditions de :

- détermination des besoins de modernisation et de réhabilitation par les unités hôtelières


et leur consolidation ;
- gestion et de suivi des projets par le groupe et par les filiales ainsi que la supervision
du PRM par le ministère de tutelle ;
- financement et mise en œuvre des projets de modernisation (sélection des
co-contractants, conclusion et exécution des contrats d’étude et de la réalisation) ;
- et, enfin, sur l’appréciation des résultats du PRM et de son impact sur l’activité et sur
la situation financière des filiales et du groupe HTT.

1
SGP-GESTOUR société de gestion des participations de l’Etat dans le tourisme.
2
Lettre du Premier ministre n°716 DCPM adressée à monsieur le ministre du tourisme, de l’artisanat et du travail
familial.
3
Il s’agit des EGT de Zeralda, de Sidi-Fredj, de thalassothérapie, de l’est, de Kabylie, de Ghardaïa et des
andalouses.

18
L’approche d’audit appliquée pour la sélection des filiales à contrôler consiste à couvrir
toutes les régions du pays (centre-est, ouest et sud), en ciblant, en priorité, les projets
achevés et présentant des risques, déterminés sur la base d’indicateurs préalablement
arrêtés (importance des coûts, dépassement des délais, réévaluation, résiliation des
contrats etc.). Les vérifications ont été effectuées sur pièces et sur place et ont touché
toutes les phases du projet, allant de la définition des besoins de modernisation jusqu’à
la réception du projet.

Il ressort du contrôle, qu’à la date du 30 novembre 2022, soit plus de 11 ans après son
lancement, le PRM n’a pas été achevé et a connu un dépassement significatif de son
coût prévisionnel, passant de 73,926 Mrds de DA pour 63 unités à 126,12 Mrds de DA
pour uniquement 27 unités achevées et 14 en cours de réalisation. La conduite des
projets de modernisation, par le groupe et ses filiales, n’a pas permis l’atteinte des
objectifs assignés au PRM. Bien plus, ces filiales ont cumulé un endettement
insoutenable dont le montant consolidé des engagements, au 31 décembre 2021, a atteint
117,521 Mrds de DA dont 73,447 Mrds de DA ont été effectivement consommés. La
quasi-totalité d’entre- elles ont enregistré des déficits d’année en année, accentués en
2020 du fait de la pandémie de la Covid-19. Cette situation risque de remettre en cause
la pérennité de l’exploitation de plusieurs filiales dont (4) quatre sont déjà tombées, à
compter du 31 décembre 2017, sous les dispositions de l’article 715 bis-20 du code de
commerce.

1. Elaboration, gestion et mise en œuvre du PRM

L’examen de la consistance physique et financière du PRM, des conditions de son


élaboration et de sa gestion par le groupe et ses filiales ainsi que sa mise en œuvre a
permis de relever de nombreuses faiblesses et déviations par rapport aux principes de
bonne gestion, tel que développé ci-après :

1.1. Présentation des objectifs et de la consistance du PRM

Le PRM a pour objectif de mettre à niveau les structures hôtelières et touristiques du


groupe aux normes internationales, de développer leurs produits hôteliers et de
promouvoir la qualité de leurs services pour une plus grande attractivité des touristes et
une amélioration de leur activité et leur rentabilité. Il a porté, à cet effet, sur la
réhabilitation et la modernisation de 61 structures hôtelières et la création de
deux (02) nouvelles unités, à savoir : un centre de remise en forme sur le site de Thalasso
de Sidi-Fredj et un centre de Thalasso sur le site du complexe touristique des
Andalouses.

19
La réhabilitation et la modernisation des 61 structures a consisté en la réhabilitation des
bâtis existants, l’extension des capacités (chambres et restauration), la création de
nouvelles prestations (piscines fitness, etc.), la modernisation du mobilier des chambres
et des équipements techniques et la formation du personnel.

Le PRM consolidé par le groupe HTT a été mis en place progressivement et fut l’objet
de plusieurs résolutions du conseil des participations de l’Etat. Les opérations de
réhabilitation et de modernisation ont concerné les structures suivantes :

- neuve (09) unités hôtelières publiques du Sud, considérées comme pôle d’excellence,
avec un coût initial estimé à 2 Mrds de DA (Résolution du CPE du 17 janvier 2006),
puis réévalué à 8,064 Mrds de DA (Résolution du CPE du 08 septembre 2011) ;
- l’hôtel El Aurassi pour un montant de 6,095 Mrds de DA (Résolution du CPE du 8 juin
2009) ;
- l’hôtel les Zianides de Tlemcen et le complexe touristique les Andalouses d’Oran,
pour des montants respectifs de 640 millions de DA (Résolution du CPE du 22 janvier
2009) et 1,071 Mrd de DA (Résolution du CPE du 15 octobre 2009) ;
- trois (03) unités hôtelières de l’entreprise touristique de Kabylie, relevant de l’ex-SGP
centre, transférée à l’ex-SGP-GESTOUR pour un montant de 930 millions de DA
(Résolution du CPE du 17 novembre 2011) ;
- 46 unités hôtelières et touristiques du nord pour un montant global de 49,691 Mrds de
DA (Résolution du CPE du 24 mars 2011) ;
- l’hôtel Cirta et l’hôtel Panoramic de Constantine pour un montant global de 10,650
Mrds de DA dont 3 Mrds à titre de concours définitif de l’Etat (Résolution du CPE du
25 septembre 2013).

Ces deux (02) derniers hôtels dont la maitrise d’ouvrage a été déléguée à la société
d’investissement hôtelière (EPE-SIH), en vertu d’une décision du CPE du 25 septembre
2013), étaient déjà inscrits pour un montant global de 1,246 Mrd de DA dans la
résolution relative aux 46 unités hôtelières et touristiques, suscitée.

Le PRM dont le coût estimatif global est évalué par la Cour à 73,926 Mrds de DA 1,
prévoit, pour sa réalisation, la fermeture totale de huit (08) unités uniquement et la
fermeture partielle des autres, un délai de réalisation cible de 27 à 36 mois selon l’unité
concernée et un financement par des crédits bancaires et du Trésor à hauteur de
70,926 Mrds de DA et un concours définitif de l’Etat de 3 Mrds de DA.

1
Le montant de 73,926 Mrds de DA est déterminé par la Cour sur la base du total des montants approuvés par le
CPE diminué du montant de 1,969 Mrd de DA accordé à l’ONAT et du montant 1,246 Mrd de DA Relatif aux
hôtels Cirta et panoramic inclus dans la décision du CPE n°04/112. Il est différent de celui indiqué par le groupe
HTT dans ses rapports de gestion 2020 et 2021 à savoir 73 Mrds de DA

20
1.2. Les besoins et les objectifs du PRM ne sont pas clairement définis

L’examen des conditions d’élaboration et de financement du PRM a révélé ce qui suit :

- Les études techniques et économiques ont été élaborées dans la précipitation et


sans recours aux bureaux d’études spécialisés

Le dossier des études techniques et économiques relatif au 46 unités hôtelières et


touristiques présenté par l’ex- SGP – GESTOUR initiateur du PRM n’est pas assis sur
un diagnostic de la situation du patrimoine hôtelier, notamment pour les hôtels dont
l’âge dépasse 50 ans qui nécessitent une expertise de leurs bâtis, par des bureaux
spécialisés et une étude préliminaire en vue d’une détermination des besoins réels de
réhabilitation du bâti et de la modernisation des équipements ainsi que les coûts de
réalisation. En effet, sur les 17 filiales du groupe, seules quatre (04) d’entre-elles1 ont
recouru à des bureaux conseils. Le reste des filiales ont défini leurs besoins dans la
précipitation, par leurs propres services. Or, la réhabilitation est une opération complexe
qui nécessite un savoir-faire spécialisé d’autant plus que la majorité des anciens hôtels
présentent une architecture spécifique réalisée par des architectes de renom de l’époque.

De plus, Ce dossier n’a pas déterminé :

- les capacités globales et par filiale ainsi que les nouvelles prestations, qui résultent de
l’extension et de la création de nouvelles unités, attendues du programme de
modernisation en termes de nombre de chambres, de lits et de couverts ;
- les classifications actuelles des hôtels ainsi que l’impact des actions de modernisation
programmées pour relever leurs classifications et/ou pour se conformer aux normes
nationales de classification touristique ;
- l’effectif prévisionnel global induit par l’extension et la création d’unités nouvelles
ainsi que les types de formation du personnel nécessaires pour améliorer la qualité du
service (restauration, accueil, cures thermales, hôtellerie).

L’impact de la modernisation sur l’activité des 46 unités hôtelières, mesuré sur la


période 2011-2015, à travers notamment les indicateurs de chiffre d’affaires, des
immobilisations, du taux d’occupation des chambres, des frais de personnel et du
résultat d’exploitation, présente des incohérences et des contradictions avec les données
du PRM. Ainsi, alors que le planning de réalisation des études et des opérations de
réhabilitation et de modernisation prévoit, selon l’unité hôtelière, un délai de 27 à 36
mois à compter de 2011, la fermeture totale de huit (0)8 unités et la fermeture partielle
du reste des unités, la majorité des filiales ont prévu à compter de cette date même (année

1
Il s’agit des filiales EGT Ghardaïa, EGT Est, EGT Zeralda et EGT Tipaza.

21
2011) un accroissement significatif de leurs chiffres d’affaires, de leurs résultats et
l’amélioration des autres indicateurs, ce qui n’est pas réaliste. En effet, les unités
concernées par la fermeture partielle fonctionneront à capacité réduite durant au moins
27 mois et, par conséquent, ne pourront pas améliorer leurs indicateurs durant cette
période. Bien plus, l’annexe 2 de la communication, présentée au CPE, prévoit même
pour le PRM de certaines unités avec fermeture telles que les unités El Arz et Tamgout
relevant de l’EGT Centre, l’amélioration de ces indicateurs de gestion à compter de
2011.

Concernant les PRM des hôtels Cirta et Panoramic de Constantine, l’étendue des travaux
et les montants y afférents approuvés par le CPE ont été estimés par le maitre d’ouvrage
délégué SIH sans associer l’EGT-EST dont ils relèvent alors que le PRM de l’Aurassi a
été estimé sur la base des contrats conclus par ce dernier avec le bureau d’étude et les
entreprises de réalisation.

Le dossier du PRM datant de 2006 relatif aux neuf (09) pôles d’excellence du sud,
présenté au CPE par l’ex-SGP GESTOUR, n’a pas été remis à la Cour par le groupe
HTT. Il en est de même pour l’hôtel des Zianides de Tlemcen et le complexe touristique
des Andalouses dont la rénovation a été engagée suite aux évènements respectifs
« Tlemcen capitale de la culture islamique » et la conférence internationale sur le gaz
organisée à Oran.

- Un mode inadapté de financement du programme

Le montant global prévisionnel de financement du PRM de toutes les unités hôtelières


incluant les crédits bancaires et ceux du Trésor, approuvés par le CPE, s’élevant à
73,926 Mrds de DA1 dont un concours définitif de 3 Mrds de DA, correspond
exactement aux coûts estimatifs des études et de la réalisation du PRM. Ce mode de
financement est contraire aux principes de l’orthodoxie financière, applicables au
financement des entreprises, qui commandent le financement des emplois à long terme
par des ressources à long terme supérieurs pour dégager un fonds de roulement
nécessaire à la couverture des besoins de financement du cycle d’exploitation au regard
du caractère saisonnier de l’activité touristique, de la fermeture de plusieurs unités lors
du lancement du PRM et des difficultés financières que connaissaient déjà plusieurs
filiales du groupe. Certes, pour les 46 unités hôtelières, les crédits approuvés par le CPE
ont été obtenus avec des conditions très avantageuses, soit une durée de 15 ans avec une
période de différé de 7 ans, un taux d’intérêt bonifié de 3,5% et la prise en charge des

1
Y compris l’enveloppe de 1,969 Mrd de DA relatif à l’ONAT, établissement transféré sous tutelle du ministère
en charge du tourisme et sans compter le crédit bancaire de 289 millions de DA pour le règlement des dettes
parafiscales des EGT OUEST, Tipaza, Ghardaïa et l’ONAT.

22
intérêts intercalaires durant la période de différé par le Trésor, mais cela reste insuffisant
pour assurer l’équilibre financier des filiales.

1.3. La gestion, le suivi et la supervision n’ont pas été à la hauteur de


l’importance du programme

L’importance du programme de modernisation, sa complexité et son caractère


exceptionnel pour la gestion aussi bien les filiales que du groupe exigent la mise en place
d’une gouvernance et d’un contrôle interne rigoureux afin d’atteindre les objectifs
escomptés.

L’examen de la gestion du PRM par le groupe et les filiales et de son suivi par le
ministère a permis de relever les faiblesses suivantes :

- Défaut de formalisation des procédures de gestion du programme des EGT


et EGH

Contrairement aux orientations de l’ex-SGP GESTOUR, les filiales n’ont pas mis en
place, le comité de pilotage du programme et n’ont pas formalisé les procédures pour la
conduite et le suivi des projets de modernisation.

En effet, les EGT ne se sont pas dotées de procédures internes permettant de :

- définir les attributions et le rôle de la cellule et/ou du chef de projet modernisation ;


- préciser les modalités de coordination avec les parties prenantes, notamment la
direction générale de la filiale et celle du groupe HTT, le bureau d’études en charge des
études, de l’assistance et du suivi du programme ainsi que les entreprises de réalisation ;
- définir les supports d’informations, à établir périodiquement, matérialisant le suivi et
l’avancement physique et financier des travaux ainsi que les responsables habilités à les
approuver.

Dans la majorité des filiales contrôlées, la gestion des projets a été confiée initialement
à la direction des équipements et de la maintenance de la filiale. D’autres, ont institué
tardivement le poste de chef de projet, à l’instar de l’EGT Sidi-Fredj, en 2018, soit
06 ans après le lancement de son programme.

Les décisions portant nomination des chefs de projets des filiales et leurs contrats de
travail ne définissent pas suffisamment leurs missions et leurs responsabilités.

23
Bien que les structures de suivi de plusieurs filiales aient été renforcées, plus tard, par
le recrutement d’ingénieurs en génie civil et /ou d’architectes contractuels compte tenu
de la spécificité du programme, ces derniers ont connu une instabilité dans toutes les
filiales contrôlées.

Il en est de même pour le groupe HTT qui n’a créé ni un comité de suivi, ni mis en place
une procédure de supervision et de suivi de l’avancement du programme consolidé de
ses filiales et une plateforme électronique afin de recueillir, systématiquement, toutes
les informations pertinentes sur la réalisation des projets de modernisation par les
filiales.

Ainsi, le suivi est effectué de manière cloisonnée par la direction des finances et de la
comptabilité et celle de l’engineering et du développement. Seul un canevas relatif à
l’état d’avancement financier du PRM, par filiale et par unité, a été mis en place par le
groupe qui, d’ailleurs, n’est pas régulièrement établi, du fait qu’il n’est pas exigé
systématiquement par le ministère de tutelle.

- Déficience dans les procédures de contrôle interne applicable aux marchés des
filiales

La réalisation du PRM implique la sélection de bureaux d’études pour la conception des


études, l’assistance et le suivi ainsi que la sélection d’entreprises de réalisation et de
fournisseurs d’équipements et de mobiliers. Cela nécessite la mise en place de
procédures de contrôle interne qui définissent les modalités de sélection des
cocontractants les plus aptes techniquement et financièrement, en respect des principes
de transparence et de liberté d’accès à la commande des EGT.

Les procédures et pratiques de passation de marchés qui étaient en vigueur dans les EGT,
applicables essentiellement aux approvisionnements en denrées alimentaires dans le
cadre de l’exploitation courante des hôtels et centres touristiques, n’étaient pas adaptées
au programme. De ce fait, l’ex-SGP Gestour en sa qualité d’initiateur du programme, a
proposé aux filiales d’adopter une procédure d’appel d’offres1 et un cahier des charges
types2 pour la sélection des BET. Toutefois, ces propositions n’ont pas été mises en
œuvre par toutes les filiales à l’instar de l’EGT- Thalasso, l’EGT Zéralda et l’EGT-Est.
Certaines EPE- EGT ont accusé un retard dans la mise en place de procédures internes
de passation des marchés, adaptées, conformément aux dispositions réglementaires
régissant les marchés publics3. A titre d’exemple, l’EGT Zeralda et l’EGT-Est n’ont

1
Circulaire réf : 377/SG/n°538/12 du 11 juin2012.
2
Note réf /DIR/145/SG/154/12 du 19 février 2012.
3
Décrets présidentiels n°10-36 du 07 octobre 2010 portant règlementation des marchés publics, modifié et
complété et n°15-247 portant règlementation des marchés publics et des délégations de service public.

24
adapté leurs procédures qu’en 2018 et 2019, respectivement, soit plus de 5 ans après la
sélection des cocontractants et la mise en œuvre du PRM alors que l’EGT les
Andalouses et l’ET Kabylie n’ont ni adapté leurs procédures, ni adoptés de nouvelles
procédures.

Par ailleurs, les procédures mises en place ne favorisent pas la transparence et le libre
accès à la commande des EGT. Elles ne définissent pas les types de marchés auxquels
s’applique la procédure, les cas d’appel d’offres infructueux, les seuils de responsabilité,
ainsi que les modalités de consultation pour les montants inférieurs au seuil des marchés,
tout comme elles ne précisent pas les prérogatives et le fonctionnement des
commissions. De plus, à l’EGT les Andalouses, la commission des marchés n’a pas été
mise en place.

En dépit de l’importance du programme, le groupe HTT et les EGT n’ont pas initié des
formations spécifiques aux procédures de contrôle interne des marchés destinées aux
membres des commissions d’ouverture des plis, d’évaluation des offres et des marchés,
qui, au demeurant, ne disposent pas de qualification et d’expertise requises pour étudier
des marchés relatifs à des projets complexes.

Cette situation a conduit les EGT à recourir à l’application de la réglementation,


précitée, relative aux marchés publics, en introduisant leurs dispositions comme
référence dans les cahiers des charges et les contrats relatifs à la réalisation de leurs
programmes.

De plus, devant l’annulation par le CPE du contrôle externe1 , exercé par la commission
ministérielle des marchés, concernant les EPE financées par des crédits bonifiés ou
concours définitifs de l’Etat, le groupe HTT, dont les statuts lui confère une mission de
contrôle et de pilotage stratégique contrairement à l’ex-SGP GESTOUR, n’a instauré ni
un mécanisme de contrôle des marchés de ses filiales dépassant un certain seuil2 ni une
procédure de passation de marchés uniforme à toutes les filiales.

De même, le programme n’a fait l’objet d’aucun audit par les cellules d’audit interne
des EGT et du Groupe à l’exception d’une enquête de cinq (05) jours, réalisée en 2020,
portant sur les dépenses effectuées dans le cadre de la modernisation.

Il est à noter, toutefois, que la direction générale du groupe effectue des visites sur sites
de chantier pour s’enquérir de l’avancement des projets, lesquelles sont sanctionnées
par des instructions écrites pour la prise en charge des contraintes relevées.

1
Dispositif instauré par résolution n°06/121 du 01 décembre 2011 qui a été abrogé par la résolution du CPE
n°17/132 du 10 février 2013.
2
Certains contrats des filiales dépassent (1) un Mrds de DA.

25
Par ailleurs, les AGO1 de 15 filiales ont décidé de recourir, en 2019, à des opérations
d’audit par des bureaux externes dont celles de cinq (05) filiales2 n’ont pas été finalisées
au 30 novembre 2022.

Absence du contrôle de gestion par le groupe

Le groupe dont l’organigramme a prévu une cellule de contrôle de gestion, n’a pas mis
en place, pour la réalisation du PRM, de plan d’action annuel-budget, en coordination
avec ses filiales, en tenant compte des délais de réalisation, de l’enveloppe globale, par
filiale et par unité, lui permettant de planifier les études, les réalisations en termes de
délais et de coût et d’instaurer ainsi un contrôle de gestion à travers le suivi des
réalisations de ces plans d’action. Les rapports de gestion, approuvés par le conseil
d’administration en matière de suivi du programme, reflètent une situation financière
sommaire qui indique le montant accordé par le CPE, les crédits complémentaires, les
montants engagés et consommés, les unités achevées, en cours d’achèvement et en
instance de lancement. Ce mode de suivi ne permet pas d’apprécier les coûts et les délais
de réalisation, par filiale et par type d’action (étude, réhabilitation, modernisation,
création nouvelle, formation, etc.), par rapport aux prévisions et d’analyser les écarts
qui en découlent.

- Faiblesse du suivi par la tutelle

Pour superviser les opérations de modernisation, le ministre en charge du tourisme en


exécution des résolutions du CPE a institué, durant l’exercice 2009, deux (2) comités,
le premier le 15 février 2009 et le second le 26 octobre 2009. L’activité de ce dernier
comité a été gelée depuis 2013 et ce n’est qu’en avril 2018, soit plus de 5 ans après,
qu’un troisième comité, dénommé « comité de travail chargé du suivi des projets de
réhabilitation et de modernisation des unités hôtelières du groupe HTT » a été mis en
place. Celui-ci, est chargé d’inspecter les projets de réhabilitation et de modernisation
et de dresser, tous les 15 jours, un rapport sur les insuffisances des projets et de formuler
des recommandations dans des PV adressés au PDG du groupe pour prise en charge et
au ministre pour information.

Ainsi, la période 2013 à 2018, durant laquelle l’essentiel des projets du PRM ont été
lancés par les filiales, n’a connu aucun suivi par le ministère de tutelle.

Le ministère n’a pas, aussi, mis en place une procédure de coordination avec le groupe
HTT définissant les canevas d’information sur la gestion et la réalisation du programme

1
AGO : assemblée générale ordinaire.
2
Il s’agit de l’EGT Sidi-Fredj, Centre thalasso, EGT Zeralda, ET KABYLIE, EGT Est.

26
de modernisation pour chaque filiale lui permettant de s’assurer de façon permanente
sur l’avancement des projets lancés et les écarts de réalisation. Un seul canevas relatif à
l’état d’avancement financier du programme de réhabilitation et de modernisation a été
mis en place sans qu’il soit régulièrement établi.

Par ailleurs, le rapport de gestion du groupe, soumis à l’assemblée générale présidée par
le ministre, ne donne pas suffisamment d’informations techniques, économiques et
financières sur les conditions de mise en œuvre du PRM, l’essentiel de son contenu est
consacré à la gestion courante du groupe et des filiales.

1.4. La mise en œuvre du programme n’est pas maitrisée

Les faiblesses de l’étude technique et économique, du mode de gestion adopté par les
filiales et de la supervision se sont répercutées sur la mise en œuvre du programme qui
s’est caractérisée, par les lacunes suivantes :

- Absence de planning de lancement des projets

L’ex- SGP et le groupe HTT n’ont pas mis en place un planning de lancement des 61
projets de modernisation et des deux (02) nouvelles unités en fonction des priorités et
en tenant compte notamment du maintien d’un minimum d’activité des EGT et EGH et,
par conséquent, du groupe lui-même. Ils n’ont pas également pris en considération la
basse saison pour les unités balnéaires et sahariennes ainsi que le mode de réalisation
avec fermeture totale ou par tranche. Si les étapes de la sélection des BET et la
réalisation des études pouvaient intervenir, simultanément, dans toutes les filiales, ce
n’est pas le cas pour les travaux de réhabilitation qui nécessitent une fermeture totale ou
partielle de l’unité hôtelière et dont le déroulement affecte, en effet, l’activité et la
rentabilité de la filiale surtout que le programme a été lancé avec décision de maintien
avec rémunération de tous les effectifs des filiales. Ceci exige, donc, la mise en place
d’un planning de lancement aussi bien par le groupe que par les filiales.

L’étude technique et économique relative à la réalisation des 46 unités hôtelières du


nord a prévu la fermeture de huit (08) unités hôtelières uniquement et le maintien des
autres en exploitation. Cependant, lors de la mise en œuvre du programme, les travaux
ont été lancés avec la fermeture de la majorité des unités à l’exception des stations
thermales et certaines unités hôtelières réalisées par tranches, tels que l’hôtel des
Hammadides (EGT-Est) et le Centre de vacances de Sidi-Fredj.

27
A titre d’exemple, l’EGT-Centre a lancé, durant pratiquement la même période, les
travaux de modernisation de six (06) unités hôtelières sur les 10 avec fermeture totale et
seule une unité a été réceptionnée au 30 novembre 2022. L’ET Kabylie et l’EGT
Ghardaïa ont lancé également, dans les mêmes conditions, 03 unités sur les 03 et 02
unités sur les 03, respectivement.

Par ailleurs, le nombre global d’unités hôtelières pour toutes les filiales du groupe, en
cours de réalisation, au 31 décembre 2018, soit presque trois années après la sélection
des BET, a atteint 37 dont 27 avec fermeture totale. Ceci représente plus de 52% de son
portefeuille. En d’autres termes, le lancement des projets de modernisation en masse
avec des délais de réalisation, variant entre 27 et 36 mois, ne peut que réduire,
drastiquement, l’activité du groupe HTT durant cette période. Il est à noter que 14 unités
dont 10 avec fermeture étaient toujours en cours de réalisation au 30 novembre 2022.

- Un processus de sélection des cocontractants et de mise en œuvre des contrats


déficient et long
Le processus de mise en œuvre des projets du PRM, qui commence depuis les études
techniques jusqu’à la conclusion et la mise en œuvre des contrats, a enregistré des
déficiences et des retards importants au niveau de toutes les filiales contrôlées. En effet :

 Les cahiers des charges élaborés aussi bien pour l’étude et le suivi que pour la
réalisation dont la majorité ne sont pas approuvés par la commission des marchés, sont
incohérents et inadaptés. Ils n’ont pas clairement et suffisamment défini les critères de
sélection et le barème de notation ainsi que les spécifications techniques, notamment
celles relatives aux mobiliers et équipements techniques. Cet état de fait a donné lieu à
un nombre très réduit de soumissionnaires et à l’octroi des marchés à des bureaux
d’étude et des entreprises qui n’ont pas la capacité d’honorer leurs engagements
contractuels, d’où la résiliation d’un bon nombre de contrats.
 Les appels d’offres lancés par les filiales ont été très souvent infructueux, en raison
des incohérences du cahier des charges, des délais très courts accordés aux
soumissionnaires ou de l’estimation irréaliste du coût du programme, ce qui a engendré
des retards importants dans la sélection des cocontractants. A titre d’exemple,
l’ETKabylie et l’EGT-Est ont enregistré, pour la sélection du bureau d’étude seulement,
respectivement 03 et 02 appels d’offres infructueux, ce qui a retardé la sélection du
BET notamment pour l’ETKabylie de plus de 26 mois.
 Les clauses contractuelles n’ont pas été respectées par les parties contractantes, bien
que les filiales aient été assistées par les BET en matière de suivi et d’assistance
technique, notamment en matière de délivrance et d’actualisation des cautions bancaires
de garanties de bonne exécution et d’avances forfaires et d’approvisionnement et
concernant l’application des pénalités de retard et le suivi des réceptions de travaux et
fournitures.

28
- Recours excessif et injustifié aux avenants

Les contrats de travaux et fournitures les plus importants conclus par les filiales ont
quasiment tous enregistré des avenants, dont certains ont comptabilisé jusqu’à
9 avenants. Le tableau, ci-après, donne un aperçu sur l’ampleur de cette situation :

Unité : En millier de DA
Montant
global des
Nombre Total
Filiale Désignation contrat Montant contrats
avenants avenants
après
avenants

EGT-est N°1/2016 du 10/05/2016


Hammam
Réhabilitation station thermale 558 857 06 60 931 619 788
Guergour
(1ère tranche)

EGT-Sidi – N°1/2016 du 05/11/2016


Fredj El 1 788 863 09 80 312 1 869 175
Marsa Réhabilitation et modernisation

Centre N°1/2016 du 07/03/2016


Thalasso 3 721 222 08 615 702 4 336 924
Sidi –Fredj Réhabilitation et modernisation

ETK Lalla N°01/2017


khedidja 225 881 04 91 733 317 614
Réhabilitation et rénovation

EGT Zeralda N°30/2018 du 20/02/2018


Sable d’or
Reste à réaliser réhabilitation et 2 996 032 06 1 001 843 3 997 875
modernisation

Les N°347 du 29/09/2014


Andalouses 290 901 08 90 800 381 701
Réalisation Centre de Thalasso

EGT- N°01/2016 du 25/10/2016


Ghardaïa 1 522 633 05 68 105 1590 738
hôtel Mzab Travaux et fournitures

Source : Tableau élaboré sur la base de la situation actualisée du PRM au 31 juillet 2022 fournie par le groupe
HTT

Ces avenants, dont certains ont été conclus hors délais contractuels, ont eu pour objet le
prolongement des délais et l’introduction de travaux complémentaires et de travaux
supplémentaires, non prévus dans les contrats initiaux ainsi que l’annulation de travaux
prévus dans les contrats initiaux. Les travaux nouveaux ont représenté, parfois, plus de
50% (Exemple Centre Thalasso et hôtel El Djanoub). Ainsi :

29
 Plusieurs avenants, dont les délais ont été prorogés et les montants ont dépassé le seuil
prévu par les procédures internes régissant la passation des marchés, sont entrés en
vigueur sans l’examen et l’approbation de la commission des marchés et, dans certains
cas, les travaux ont été entamés avant la conclusion des avenants ;
 Certains avenants ont modifié les prescriptions techniques de plusieurs lots
d’équipements et mobiliers et de travaux de réhabilitation ainsi que la qualité des
fournitures prévues dans le devis quantitatif et estimatif initial, en optant pour une
qualité inférieure avec maintien des prix contractuels, notamment à l’EGT Sidi-Fredj ;
 Les prix unitaires retenus dans les avenants pour les travaux supplémentaires sont, dans
certains cas, plus élevés que ceux du devis quantitatif et estimatif (DQE) du marché ;
 Les prix unitaires des travaux complémentaires, hors cadre du marché, conclus par
avenant ne font pas l’objet d’un PV d’argumentation et de négociation des prix ni de
rapprochement avec les prix en vigueur sur le marché national. De plus, ils sont pour
certains articles exorbitants par rapport aux prix du marché, comme c’est le cas
notamment à l’EGT Sidi-Fredj ;
 Les avenants ne sont pas assis, dans certaines filiales (notamment EGT Zéralda,
Thalasso et EGT Sidi-FREDJ), sur des rapports justificatifs du BET qui a élaboré le
cahier des charges et défini l’étendue et la qualité des travaux et des fournitures et dont
toute modification par rapport au cahier des charges doit faire l’objet d’un avis motivé
et délivré par ce dernier (BET).

- Défaut du suivi et de la comptabilisation du PRM des hôtels Cirta et


Panoramic de Constantine

La réhabilitation et la modernisation des plus importants hôtels de l’EGT-Est à savoir,


les deux (02) hôtels Cirta et Panoramic de Constantine ont été déléguées, sur décision
des pouvoirs publics en 2011, au motif de l’urgence de leur livraison pour les besoins
de l’organisation de l’évènement de 2015 « Constantine capitale de la culture Arabe »,
à l’EPE- société des investissements hôteliers (SIH/SPA).

La délégation de maitrise d’ouvrage a été effectuée sur la base de conventions de gré à


gré simple, entre l’EGT-Est propriétaire et la SIH. Ces conventions, dont la signature
n’est intervenue que le 07 juillet 2014, stipulent que le maitre d’ouvrage se charge du
contrôle de toutes les phases du projet et que le maitre d’ouvrage délégué s’engage à
tenir informé, de façon permanente, l’EGT-EST et lui remettre les documents
matérialisant la situation technique et financière de chaque phase du projet.

Outre le fait que l’EGT-Est, propriétaire, n’a pas été associée dans l’estimation des coûts
des PRM de ces deux (02) hôtels, précités, arrêtés à 4,65 Mrds de DA pour Panoramic
et 6 Mrds DA pour Cirta, les vérifications font ressortir ce qui suit :

30
 Le transfert total des crédits bancaires des financements inscrits à l’indicatif de l’EGT-
Est, dédiés à la modernisation et la réhabilitation des deux hôtels, au profit de la SIH sur
deux (02) comptes bancaires distincts ouverts auprès du CPA, suivant la décision du
Premier ministre du 03 juillet 2014, précitée, a été considéré par le CPA comme une
consommation totale des crédits. Par conséquent, les échéances de remboursement et les
intérêts dus par l’EGT-Est courent à partir de cette date et non à partir de l’utilisation
réelle des crédits ;
 En plus du non-respect, par le maitre d’ouvrage délégué (MOD), des clauses des
conventions précitées et de ses engagements envers le maitre d’ouvrage (MO), il n’y a
eu aucune coordination entre le MO et le MOD. En effet, l’EGT-Est ne dispose pas,
depuis l’entame des travaux de ces deux (02) hôtels, de rapports périodiques sur l’état
de leur avancement ainsi que de dossiers techniques et de situations financières et
comptables sur les programmes y afférents. Les situations établies par l’EGT-Est et les
situations consolidées du Groupe HTT ne contiennent pas les données sur les PRM de
Cirta et Panoramic d’où les réserves des commissaires aux comptes sur les états
financiers de l’EGT-Est ;
 Le défaut du transfert au profit de l’EGT-Est de l’hôtel Panoramic, entré en
exploitation après achèvement des travaux de modernisation sans que l’EGT-Est n’ait
d’informations financières et commerciales sur son activité. En revanche, l’hôtel Cirta
a consommé la totalité de l’enveloppe financière qui lui a été consacrée sans qu’il ne
soit achevé et les travaux de modernisation sont à l’arrêt au 30 novembre 2022.

L’EGT-Est n’a pas recouru, conformément à l’article 24 des conventions précitées, à


la résiliation de ces dernières en dépit du manquement flagrant du MOD SIH
à ses engagements, ci-dessus indiqués, et des préjudices qui en résultent notamment les
coûts unitaires moyens exorbitants de la rénovation d’une chambre, estimés à
77,1 millions de DA à l’hôtel Panoramic et 89,5 millions de DA1 à l’hôtel Cirta (sans
qu’il soit achevé) comparativement, par exemple, à celui d’une chambre de l’hôtel
Mazafran relevant de l’EGT Zeralda ou de l’hôtel El Marsa relevant de l’EGT Sidi-Fredj
qui sont respectivement de 7,51 millions de DA et 31,46 millions de DA2 .

Par ailleurs, l’ex-DG de SIH a signé, en date du 09 mai 2016, pour le compte de l’EGT-
Est un contrat de management des hôtels avec une chaine internationale, ce qui induit
pour l’EGT-Est des frais de management et des impôts et taxes, sans qu’elle n’ait
bénéficié des revenus de l’exploitation de Panoramic.

1
Montant communiqué à la Cour par le directeur général adjoint (note réf /PDG/906/22 du 31 octobre 2022).
2
Coûts moyens déterminés par la Cour : hôtel Mazafran cout total du PRM 3 350 MDA/ 420 chambres, soit
7,51 MDA/chambre et hôtel El MARSA coût total du PRM 2 581 MDA/82 chambres, soit 31,46 MDA/chambre.

31
2. Les résultats du PRM et leurs impacts sur l’activité et la situation
financière du groupe et ses filiales

Les conditions de réalisation du PRM, ci-dessus présentées, n’ont pas permis d’atteindre
les objectifs fixés à savoir, la modernisation de 61 unités et la réalisation de 02 nouvelles
unités en vue de développer l’activité et l’attractivité touristique. Bien plus, elles ont eu
un effet négatif sur l’activité, la rentabilité et la situation financière du groupe et de ses
filiales.

2.1. Faible niveau de réalisation de l’objectif principal du PRM

La situation consolidée par filiale, au 31 décembre 2021, du niveau d’atteinte de


l’objectif principal du PRM à savoir, la réhabilitation et la modernisation de 61 unités
et la création de 02 nouvelles unités hôtelières du groupe, se présente comme suit :

Projets Projets Projet projets en Projets Unités non


Filiale
prévues achevés en cours lancement différés concernées
EGH EL-Djazair 03 03 02
EGT Tlemcen 07 05 01 01
EGT Centre 06 01 04 01 04
EGTC thalasso 02 01 01
EGT Tipaza 03 02 01 01
EGT Andalouses 02 02
EGH AURASSI 04 04
EGT ZERALDA 03 03
EGT H. Righa 01 01
EGT Ghardaïa 03 03
EGT Sidi-Fredj 04 02 02 01
EGT est 06 01 03 01 01 01
EGT Tam 02 02
ETKabylie 03 02 01
EGT Biskra 06 02 03 01
EGT Annaba 05 / 03 02
EGT ouest 03 / 03
Total 63 34 19 02 08 09
Source : Tableau reconstitué à partir du rapport de gestion de 2021 du groupe HTT

Ce tableau montre que sur les 63 unités hôtelières ciblées dans le PRM seules 34 d’entre-
elles ont été achevées dont une unité nouvelle, à savoir Thalasso les Andalouses, soit
54% de l’objectif. De plus, sept (07) unités1 parmi les 34 déclarées achevées, n’ont été
achevées que partiellement, ce qui ramène le taux réel de réalisation à 43%. Par ailleurs,

1
Il s’agit des unités : hôtel Souf, hôtel El Djanoub, CT Corne d’or, CT Sidi-Fredj, Hammam Righa, Hammam
Bouhadjar, Hammam Bouhnifia.

32
sur les 19 unités en cours de réalisation cinq (05) sont à l’arrêt, en raison de la résiliation
des contrats de travaux y afférents.

Ce faible taux de réalisation du PRM, 10 ans après l’obtention de l’accord du CPE,


s’explique par le retard dans la sélection des BET notamment pour les hôtels du sud
dont les études n’ont été lancées qu’en 2013, soit 7 ans après l’accord du CPE. En ce
qui concerne les 46 hôtels du nord, la première étude a été lancée en mars 2013, soit
2 ans après l’accord du CPE en mars 2011. Par ailleurs, certains projets ont connu
plusieurs appels d’offres infructueux (ET Kabylie) ou l’annulation injustifiée du
processus de sélection des cocontractants (EGT Zéralda) qui ont donné lieu à une perte
de temps de plus de 2 ans dans le lancement des projets.

Les filiales ayant connu un retard significatif, au 31 décembre 2021, dans l’achèvement
des projets, en raison notamment de la résiliation des contrats d’étude ou de réalisation
sont, principalement, les EGT- Centre et Est qui n’ont achevé qu’une seule unité sur les
06 unités prévues dans chacune des filiales ainsi que les EGT Annaba et Ouest qui n’ont
enregistré aucune unité achevée sur les 5 et 3 unités hôtelières programmées
respectivement.

2.2. De nombreux cas de contrats en contentieux

Les faiblesses des cahiers de charges et le manque de transparence dans le choix des
cocontractants ont conduit à la sélection des BET et des entreprises de réalisation ne
disposant pas de capacités techniques et/ou financières suffisantes pour assurer leurs
engagements contractuels, notamment en matière de délais, de livrables et de mise en
place des moyens nécessaires à la réalisation des projets. Cette carence a entrainé la
résiliation unilatérale de 58 contrats conclus par 16 filiales sur les 17 que compte le
groupe, comme illustré au tableau ci-dessous.

33
Nombre de Contrats résiliés
Filiales Etudes Travaux et Conditions
Observations et situation financière
et suivi fournitures résiliations
Désistement
EGT TAM / 01 Aucun payement ni d’actions en justice
cocontractant
Incapacité du co-
EGT Ghardaïa / 01 La caution de garantie est toujours retenue
contractant
6 actions en justice engagées en cours de
Résiliation unilatérale
traitement au niveau du tribunal et 2
par EGT est de 08
EGT Centre 08 03 dossiers remis à l’avocat.
contrats et à l’amiable
Un montant global de 568 millions de DA
de 03 contrats
d’avances accordées non récupérées
8 actions en justice dont 5 par les
cocontractants en cours de traitement par le
Résiliations tribunal ;
EGT Annaba 02 02
unilatérale de l’EGT Les avances accordées ont été récupérés par
la mise en jeu des cautions de garantie
bancaires
Résiliations Aucune action en justice et ni mise en jeu
EGT Thalasso / 01
unilatérale de l’EGT de la caution de garantie
3 résiliations à
6 actions en justice et non mise en jeu des
EGT Tipaza / 06 l’amiable et 3 au tort
cautions
du cocontractant
L’action en justice par le cocontractant et 2
EGT Hammam autres par l’EGT dont une contre la banque
/ 01 Résiliation unilatérale
Righa pour refus de mise en jeu de la caution de
garantie bancaire de 87 millions de DA
Une seule affaire en cours de traitement par
EGT les
02 06 Résiliation unilatérale le tribunal et un montant de 2,9 millions de
andalouses
DA d’avance non récupéré
Aucune action en justice
EGT est 02 / Résiliation unilatérale cautions expirées impossibilité de les mettre
en jeu
6 actions en justice par l’entreprise et ses
EGT Biskra 01 03 Résiliation unilatérale cocontractants, la Cour de justice s’est
prononcée en faveur de l’EGT Biskra
14 affaires en justice dont 9 affaires le
tribunal s’est déclaré incompétent, 2 ont été
ET Kabylie / 03 Résiliation unilatérale rejetées et 3 en cours. Le montant des
avances non récupérées s’est élevé
globalement à 32 millions de DA.
Aucune action en justice et non mise en jeu
EGT Annaba 01 02 Résiliation unilatérale
de la caution de garantie bancaire
EGT ouest 02 01 Résiliation unilatérale Aucune action n’a été engagée
1résiliation à
EGH EL Djazair 02 / l’amiable et 1 Aucune action n’a été engagée
unilatérale
Aucune indication sur les actions
EGT Sidi-Fredj 01 / Résiliation unilatérale entreprises ni sur la récupération des
avances ou la mise en jeu de la caution
6 actions en justice en cours et non
EGT Zéralda 04 03 Résiliation unilatérale
restitution de la caution bancaire
Total 25 33
Source : Tableau reconstitué à partir de la situation des contrats résiliés présentée par le groupe HTT

34
Au-delà de l’allongement de la durée prévue pour la réalisation des projets, ceci a généré
des préjudices pour certaines filiales, sans compter le risque des suites judiciaires. Ainsi,
en plus du fait, qu’au 31 juillet 2022, tous les contentieux restent pendants au niveau des
instances judiciaires, certaines filiales ont subi des préjudices notamment l’EGT–Est qui
n’a pu récupérer les avances consenties à ses cocontractants pour un montant global de
568 millions de DA et qui n’a pas recouru à l’utilisation des cautions de garantie
bancaire de bonne exécution.

2.3. Réévaluation considérable des coûts et prorogation des délais de


réalisation

Les estimations des coûts des PRM des 63 unités hôtelières, sur la base desquelles le
CPE a approuvé les crédits bancaires nécessaires, ont connu un accroissement important
par rapport aux montants estimés par les BET. En effet, le montant global des
conventions de crédits conclues par les EGT et EGH s’est élevé, au 31 décembre 2021,
à 117,561 Mrds DA. A ces crédits, s’ajoutent le concours définitif de l’Etat pour un
montant de 3 Mrds de DA et le montant de l’autofinancement de 5,56 Mrds de DA, soit
un volume global des financements engagés de 126,12 Mrds de DA et un accroissement
de plus de 70% par rapport au montant de crédits approuvé par le CPE. Ces financements
ne concernent que les PRM de 34 unités achevées dont sept (07) partiellement et de 14
autres unités en cours de réalisation sur les 63 unités prévues.

De plus, la consistance des travaux de réhabilitation et de modernisation des 34 unités


achevées est inférieure à celle prévue dans le dossier des études techniques et
économiques, présenté au CPE pour l’approbation des montants des crédits, en effet :

- les conventions de crédits conclues n’intègrent pas les frais de formation du personnel,
estimés à 1,6 Mrd de DA, dont l’objectif est d’améliorer la qualité des services ;
- la réhabilitation partielle des sept (07) unités, déclarées achevées par le groupe HTT,
signifie que les crédits obtenus n’ont pris en charge qu’une tranche de chaque unité au
lieu de la totalité de l’opération pour laquelle le crédit a été approuvé par le CPE. Il en
est de même pour les unités en cours de réalisation de Hammam Guergour et l’hôtel des
Hammadites ;
- la consistance des travaux de réhabilitation et de modernisation a été revue à la baisse
pour plusieurs filiales, telles que l’EGT Zéralda qui n’a pas réalisé les escaliers
métalliques, 02 piscines intérieures, 10 pergolas et 02 centres de conférences et l’EGT
Thalasso qui n’a pas réalisé le bloc administratif et le belvédère.

1
Source groupe HTT.

35
Il est entendu, ici, par coût, les montants contractuels des frais d’étude, d’assistance et
de suivi, des travaux de réalisation et des fournitures d’équipements et de mobilier ainsi
que tous les frais accessoires, tels que les frais du contrôle technique, les frais
administratifs, les frais des études de sol financés sur crédits bancaires, sur fonds propres
ou sur concours définitifs à l’exception des travaux de l’entreprise pour elle-même. Ce
mode d’estimation du coût a été retenu par la Cour, en raison de l’absence d’une
comptabilité de projet au niveau des filiales.
Cet accroissement excessif des coûts de réalisation s’explique par le fait que toutes les
filiales ont réévalué les coûts préliminaires approuvés par le CPE et ont recouru
également à plusieurs avenants portant réévaluation des montants contractuels à
l’exception de l’ET Kabylie. Cette dernière dont le coût global de 930 millions de DA
est resté au même niveau des conventions de crédit, a procédé, toutefois, à la
restructuration des coûts par unité en portant celui de l’hôtel Belloua de 403 à 584
millions de DA au détriment de ceux de ses deux (02) autres unités.

Le tableau, ci-dessous, arrêté au 31 juillet 2022, donne à titre illustratif un aperçu sur la
disparité entre les coûts prévisionnels adoptés par le CPE et les coûts réels de certains
projets des filiales contrôlées.
Unité : En million de DA
Montant
Unité Montant Montant
EGT contractuel Observations
hôtelière initial CPE Final
initial
Le coût réel a atteint plus de 3 fois le coût initial
approuvé par le CPE et un accroissement de plus de
53% par rapport aux contrats initiaux (BET+
El Marsa Sidi-Fredj 840 1 682 2 581 Entreprise) et ce sans réaliser les nouvelles activités
et/ou extensions prévues initialement et la formation
du personnel estimées initialement respectivement à
177 et 4 millions de DA.
Le coût réel a atteint plus de 3 fois le coût initial
approuvé par le CPE et un accroissement de plus de
24% par rapport aux contrats initiaux (BET+
Mazafran Zéralda 1 033 2 694 3 350 Entreprise) et ce sans réaliser certains travaux prévus
(hall de réception, les restaurants et la piscine
extérieure) et la formation du personnel estimée
initialement à 10 millions de DA.
Le coût réel a atteint plus de 6 fois le coût initial
approuvé par le CPE et un accroissement de plus de
Centre Thalasso
1 245 5 155 7 587 47% par rapport aux contrats initiaux (BET+
thalasso Sidi-Fredj
Entreprise) et ce sans réaliser la formation du
personnel estimée initialement à 30 millions de DA.
Le coût réel a atteint plus de 4 fois le coût initial
approuvé par le CPE et un accroissement de plus de
Hôtel
Ghardaïa 190 248 860 246% par rapport aux contrats initiaux (BET+
Marhaba
Entreprise) et ce sans réaliser la formation du
personnel estimés initialement à 30 millions de DA.
Hôtel El Le coût réel a connu un accroissement de 72% par
Ghardaïa / 905 1553
Djanoub rapport aux contrats initiaux (BET+ Entreprise)
Les Le coût réel a connu un accroissement de 40% par
complexe / 1071 1496
andalouses rapport aux contrats initiaux (BET+ Entreprise)
Source : Tableau reconstitué à partir de l’annexe 2 du rapport de communication au CPE et du tableau de
l’actualisation des données au 31 juillet 2022 présenté par le groupe.

36
Ainsi, l’objectif de réalisation du PRM, arrêté initialement par les pouvoirs publics pour
un montant de 73,953 Mrds de DA, nécessiterait une enveloppe plus conséquente qui
pourrait atteindre plus de 170 Mrds de DA.

En plus de l’accroissement des coûts de réalisation, le PRM a connu une prorogation


considérable des délais de sa réalisation dans toutes les filiales notamment les travaux
de réhabilitation et de modernisation du bâti existant. En effet, outre les retards
enregistrés dans le lancement des études et les pertes de temps résultant des résiliations
de contrats, des appels d’offres infructueux et d’annulations des processus de sélection,
ci-dessus précités, ces sont presque tous les contrats de réhabilitation qui ont vu leurs
délais sensiblement prorogés et, parfois, même doublés.

L’objectif cible, dans l’étude technique et économique, ayant prévu de réaliser le PRM
d’une unité hôtelière dans un délai de 27 à 36 mois, y compris les études techniques, a
été largement dépassé par toutes les filiales, notamment lors de la phase réalisation du
projet. En effet, 17 unités hôtelières relevant de huit (08) EGT dont l’achèvement des
travaux (réception provisoire) est programmé entre mars et décembre 2020 demeurent,
au 30 novembre 2022, soit 22 mois après, toujours en cours de réalisation.

Le tableau, ci-dessous, donne, à titre illustratif, un aperçu sur les écarts entre les délais
prévisionnels, contractuels initiaux et délais réels relatifs aux travaux de réalisation de
certaines unités.

Délais Délais
Unité Délai réel Ecart
Références contrat prévisionnel contractuel
hôtelière (3) = (3-1)
(1) initial (2)
Hôtel 01/2016 du
15 mois 16 mois 36 mois +21
EL Marsa 13/10/2016
Centre thalasso 01/2016 du
16 mois 16 mois 36 mois +24
Sidi-Fredj 07/03/2016
Prévus d’être clôturé
N°07/EGTC/2016
Hôtel Safir 21mois 18 mois le 30/06/2024 +80
du 26/07/2016
Soit 101 mois
Marché
Hôtel
n°3/EGTAN/2017 24 24mois 43 mois +19
Seybouse
du 17/09/2017
Station Contrat
climatique n°06/EGTC/2017 18 mois 18 mois 48 mois +30
EL ARZ du 09/11/2017
Source : Tableau reconstitué à partir de l’annexe 2 du rapport de communication au CPE et du tableau de
l’actualisation des données au 31 juillet 2022 présenté par le groupe

37
2.4. Détérioration des principaux indicateurs de gestion du groupe et des
filiales

L’objectif d’améliorer les principaux indicateurs de gestion à partir de l’exercice 2015


de toutes les unités hôtelières du groupe, fixé dans l’annexe 2, portant sur les business
plan des unités, de l’étude technique et économique présentée au CPE grâce à
l’amélioration de la qualité des services hôteliers et l’augmentation du taux d’occupation
des chambres, n’est pas atteint par toutes les unités hôtelières. En effet, les indicateurs
retenus notamment le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée, l’excédent brut d’exploitation
et le résultat net de l’exercice ont connu, à partir de l’exercice 2015, dans toutes les
unités des baisses significatives qui se sont répercutées sur le groupe lui-même.

Le tableau, ci-dessous, montre l’évolution de la situation consolidée du groupe HTT,


durant la période 2015 à 2021, à travers ces indicateurs de gestion.

Unité : En million de DA
Année
Indicateur
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Chiffre d’affaires 16 639 14 814 13 513 13 588 12 114 7 735 9 055
Valeur ajoutée 11 779 10 144 9 032 8 913 7 675 4 884 5 677
Excédent brut
4 650 2839 2 351 2457 1 016 - 1148 - 645
d’exploitation
Résultat net de
1 931 315 - 149 - 464 - 1 801 - 3 458 - 4 123
l’exercice1
Sources : Etats financiers consolidés du groupe HTT

Ce tableau révèle qu’à partir de l’exercice 2017, année durant laquelle la modernisation
de 32 unités était déjà lancée et dont 11 seulement étaient achevées, tous les indicateurs
affichent une baisse d’année en année, notamment le résultat net consolidé du groupe
HTT. Celui-ci a entamé une baisse significative en 2017 et qui s’est aggravée d’année
en année notamment en 2020, en raison de la pandémie de la COVID-19, pour atteindre
en 2021 un montant de (- 4 123 millions de DA). Les taux de rentabilité économique et
de rentabilité financière2 du groupe HTT sont passés, par conséquent, respectivement de
28% et 11,6% en 2015, des taux conformes à l’activité touristique, à des taux négatifs
de (-) 7% et (-) 45,53% en 2021. Ces ratios signifient que le chiffre d’affaires consolidé
du Groupe HTT ne couvre plus ses charges consolidées d’exploitation et que sa capacité
d’autofinancement se rétrécie.

1
Résultat net consolidé ne représente que la part du groupe.
2
Rentabilité économique= EBE/chiffre d’affaires et Rentabilité financière= résultat net/chiffre d’affaires.

38
La détérioration des indicateurs consolidés de gestion du groupe HTT n’est pas due
exclusivement à la pandémie de la covid-19 en 2020 et 2021 mais a commencé bien
avant en 2016 en raison de l’absence de planification du lancement du PRM et surtout
la faible maitrise de sa gestion et de sa mise en œuvre aussi bien par le groupe que par
les filiales. Il est à noter que l'effet négatif de la covid-19 sur l’activité du groupe a été
largement atténué par le chiffre d’affaires réalisé par le groupe à l’occasion du
confinement des ressortissants rentrés de l’étranger, imposé par les pouvoirs publics en
recourant aux unités hôtelières du groupe et qui a atteint en 2020 et 2021 respectivement
7,629 Mrds de DA et 8,958 Mrds de DA, soit 54% du chiffre d’affaires de l’exercice
2015.

Le recul de ces indicateurs résulte de la chute de l’activité de toutes les filiales qui ont
lancé les PRM de leurs unités hôtelières. En effet, 16 filiales sur les 17 que compte le
groupe ont enregistré, en 2021, des résultats nets déficitaires. Le tableau, ci-dessous,
montre la performance des filiales en termes d’excédents bruts d’exploitation (EBE) et
de résultat net (RN) :

Nombre de filiales par année


Indicateurs
2016 2017 2018 2019 2020 2021
EBE positif 12 8 7 8 12 10
EBE négatif 5 9 10 9 5 7
RN bénéficiaire 10 7 5 5 2 1
RN déficitaire 7 10 12 12 15 16
Source : Tableau reconstitué par la Cour à partir des états financiers et des rapports de gestion

Le tableau montre que le nombre de filiales bénéficiaires, qui était de 16 en 2016, est
passé à une seule filiale bénéficiaire en 2021, à savoir l’EGT les Andalouses Oran qui a
finalisé son PRM, en 2015, sans fermeture. Il n’en demeure pas moins que ce bénéfice
a été réalisé grâce à l’opération de confinement des voyageurs venus de l’étranger.

Il est à noter que les neud (09) filiales suivantes, dont l’EBE a sensiblement baissé, ont
vu le niveau de leur valeur ajoutée ne plus couvrir, en 2021, leurs frais de personnel :

39
Unité : En million de DA
Valeur ajoutée Frais de personnel Ecart
Filiale
(1) (2) (1-2)
EGH-El Djazair 450 606 (-) 156
EGT Sidi-Fredj 388 459 (-) 71
EGT Zeralda 274 416 (-) 142
EGT Tipaza 265 346 (-) 81
ET Kabylie 4 50 (-) 46
EGT Est 221 287 (-) 66
EGT Tlemcen 514 609 (-) 95
EGT Biskra 298 312 (-) 14
EGT Ouest 52 91 (-) 39
Source : Tableau reconstitué à partir des données du rapport de gestion 2021

Ces filiales ont lancé les opérations de réhabilitation et de modernisation de plusieurs de


leurs unités hôtelières, dans la majorité des cas avec fermeture tout en maintenant les
effectifs. Cette situation a fait que :

- le nombre de filiales qui versent des dividendes, principal revenu du groupe HTT, est
passé de 10 filiales sur les 17 pour un montant global de plus de 380 millions de DA, en
2015 à une seule filiale en 2019 avec un montant de 70 millions de DA et à aucune
filiale, en 2020 et 2021 ;
- les capitaux propres de certaines filiales ont connu une baisse sensible et ont absorbé
une partie du capital social, alors que ceux de trois (03) filiales sont devenus négatifs à
partir de 2017. Il s’agit des filiales figurant au tableau, ci-après, arrêté au 31 décembre
2021.

Capital émis/ capitaux


Filiale Capital émis Capitaux propres
propres
EGT Hammam Righa 175 000 000,00 - 14 985 716,39 -0,086
EGT Ouest 394 350 000,00 142 535 845,60 0,361
EGT Sidi Fredj 750 000 000,00 463 833 571,17 0,618
EGT Thalasso 313 000 000,00 - 592 780 928,96 -1,894
EGT Tipaza 387 000 000,00 - 178 835 553,25 -0,462
Source : Données reconstituée à partir des états financiers consolidés et des rapports de gestion du
groupe HTT
La baisse des capitaux propres au-dessous du quart du capital social tombe sous les
dispositions de l’article 715 bis 20 du code de commerce qui stipule que « si du fait des
pertes constatées dans les documents comptables l’actif net de la société devient
inférieur au quart….… convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet, de
décider s’il y a lieu la dissolution de la société ». Le tableau, ci-dessous illustre la
situation de quatre (04) filiales concernées par ces dispositions, dont les assemblées
générales extraordinaires (AGEX) ont décidé de la continuité de l’exploitation.

40
Tenue de l’AGEX portant
Filiale Exercice Résolution AGO
continuité de l’activité
2017 N°3 du 16/05/2018 28/10/2018
Centre Thalasso 2019 N°4 du 17/06/2020 30/08/2020
2021 N°3 du 16/05/2022 15/09/2022
2017 N°4 du 11/06/2018 07/03/2019
EGT Tipaza 2019 N°4 du 25/06/2020 22/10/2020
2021 N°4 du 30/06/2022 26/10/2022
2019 N°3 du 18/06/2020 08/10/2020
EGT Hammam Righa
2021 N°4 du 28/06/2022 26/10/2022
EGT Ghardaïa 2017 N°3 du 20/06/2018 07/02/2019
Source : Direction du portefeuille et des affaires juridiques du groupe HTT

Ce tableau montre que les EGT de Thalasso et de Tipaza ont fait l’objet de décision de
continuité de l’exploitation durant 3 exercices successifs, cette situation est permise du
fait que l’article 715 bis 20 est resté muet sur cette question.

2.5. Détérioration de la situation financière du groupe et des filiales

La détérioration des indicateurs de gestion, la prolongation considérable des délais de


réalisation et la forte réévaluation des coûts, en raison des insuffisances dans
l’estimation des besoins de réhabilitation et de l’introduction des travaux
complémentaires et supplémentaires, ont eu des conséquences directes sur la structure
financière du groupe et de ses filiales.

- Un endettement insoutenable

Le montant des crédits engagés à long terme (auprès des banques et du Trésor) s’est
élevé, au 31 décembre 2021, à 117,521 Mrds de DA dont 73,447 Mrds de DA ont été
effectivement consommés.

Ces derniers ont fait augmenter le passif consolidé non courant du groupe HTT de
68,151 Mrds de DA en 2019 à 84,434 Mrds de DA en 2021 et de ce fait le ratio
d’endettement1 est passé d’une situation équilibrée à une situation déséquilibrée de
0,99 à 1,25. Il est à noter que les crédits non consommés ne reflètent pas la réalité du
fait que certains travaux, déjà facturés au 31 décembre 2021, n’ont pas fait l’objet de
paiement.
1
Ratio d’endettement= passif non courant /capitaux propres.

41
Si pour le groupe la situation consolidée d’endettement reste acceptable, en dépit de sa
détérioration, ce n’est pas le cas pour plusieurs filiales. En effet, le tableau ci-dessous
donne un aperçu de la situation uniquement des crédits consommés (emprunt) par
rapport aux capitaux propres dont le ratio est supérieur ou égal à 2.

Emprunts et dettes
Emprunts et dettes
Filiale Total capitaux propres financières / capitaux
financières
propres
EGT Annaba 7 503 348 778,16 734 987 163,52 10,209
EGT EST 8 662 697 473,96 3 237 968 281,56 2,675
EGT Ghradaia 2 638 115 664,51 486 226 439,10 5,426
EGT Hammam Righa 1 539 985 589,18 - 14 985 716,39 -102,764
EGT Sidi Fredj 3 220 434 071,51 463 833 571,17 6,943
EGT Tamanrasset 2 603 093 872,61 621 764 656,92 4,187
EGT Thalasso 6 695 039 173,30 - 592 780 928,96 -11,294
EGT Tipaza 6 510 859 057,64 - 178 835 553,25 -36,407
Sources : Tableau reconstitué par la Cour à partir des états financiers consolidés et des données de la direction des
finances et de la comptabilité du groupe HTT

Ainsi, huit (08) filiales sur les 17 que compte le groupe présente un ratio d’endettement
supérieur aux normes généralement admises. En dépit de cette situation, la banque a
accordé les crédits en exigeant, toutefois, à partir de 2019, des garanties (hypothèques)
à certaines filiales par le gel des conventions de crédit. C’est le cas notamment de l’EGT
EST ou les projets de modernisation de l’hôtel Les Hamadites et la station thermale
Hamam Guergour sont à l’arrêt depuis 2020 à cause de cette situation.

L’endettement insoutenable des filiales et la détérioration de leur capacité de


remboursement à cause des déficits accumulés font que les EGT ne seront pas en mesure
de faire face aux échéances qui commencent à courir à partir de l’exercice 2022. En
effet, l’échéancier de remboursement global pour l’exercice 2025 prévoit un montant à
rembourser de 17,425 Mrds de DA1, un montant supérieur à tous les chiffres d’affaires
annuels consolidés du groupe HTT des exercices 2015 à 2021. De plus, la capacité
d’autofinancement consolidée du groupe s’est sérieusement détériorée en raison des
situations déficitaires, précédemment indiquées, dans presque la totalité des filiales
depuis plus de 3ans.

L’accroissement pesant de la dette financière consolidée du groupe a contraint ce dernier


à différer la réalisation des PRM de huit (08) unités hôtelières et à retarder le lancement
de deux (02) unités et la relance de cinq (05) autres en situation d’arrêt des travaux
(cf. tableau du titre 2.1).

1
Sources : direction de l’administration et des finances.

42
- Détérioration de la trésorerie du groupe et de ses filiales

La situation financière consolidée du groupe, bien qu’elle reste toujours équilibrée,


enregistre une tendance baissière des fonds de roulement (FR) en raison de
l’accroissement des immobilisations à un rythme supérieur à celui des ressources
permanentes résultant du mode de financement inapproprié du PRM. En effet, les
immobilisations sont passées de 63,434 Mrds de DA en 2018 à 136,35 Mrds de DA en
2021, soit un accroissement de 76,912 Mrds de DA contre 68,514 Mrds de DA pour les
ressources permanentes. Par ailleurs, le niveau presque stable des besoins en fonds de
roulement (BFR) durant cette période, a impacté fortement la trésorerie du groupe qui
est passé de 8,597 Mrds de DA en 2018 à 4,211 Mrds de DA en 2021 soit une baisse
de 4,386 Mrds de DA, représentant plus de 51% . Cette situation est appelée à s’aggraver
durant les exercices ultérieurs du fait qu’au 31 décembre 2021, 21 unités demeurent en
cours de réalisation dont 10 avec fermeture, d’autant plus que les premières échéances
de remboursement arrivent en 2022.

Le tableau, ci-après, donne un aperçu de la structure financière consolidée du groupe


HTT sur la période 2018 à 2021 :

Unité : En Mrds de DA
Année
Désignation
2018 2019 2020 2021
Capitaux permanents 83,487 13,7243 148,329 152,001
immobilisations 63,434 119,486 129,985 136,350
Fonds de roulement (FR) 20,054 17,757 18,344 15,650
Actif courant 19,615 19,899 21,211 21,532
Passif courant 8,158 8,518 9,248 10,093
Besoin en fonds de roulement 11,456 11,381 11,963 11,440
(BFR)
Trésorerie = (FR- BFR) 8,597 6,376 6,381 4,211
Source : Tableau élaboré par la Cour à partir des états financiers consolidés du groupe

La détérioration de la trésorerie consolidée du groupe HTT s’explique, notamment par :

- la baisse de la trésorerie de la société mère qui est passé de 1,38 Mrd de DA en 2020
à seulement 71,59 Millions de DA en 2021, soit une variation négative de
1,31 Mrd de DA qui résulte principalement du non versement de dividendes par les
filiales durant pratiquement 3 ans ;
- la détérioration des structures financières des filiales dont sept (07) parmi elles se sont
retrouvées incapables de payer les salaires de leurs employés et ont été contraintes de
recourir à des emprunts auprès du groupe lui-même pour y faire face, pour un montant
global de 525 millions de DA, comme illustré au tableau ci-dessous :

43
Unité : En DA
Montant remboursement
Entreprise Montant Prêt Solde restant
à fin novembre 2022
Centre de Thalassothérapie de
130 000 000 12 000 000 118 000 000
Sidi Fredj
EGT Tipaza 40 000 000 25 000 000 15 000 000
ET Kabylie 105 000 000 - 105 000 000
EGTC andalouses 100 000 000 8 000 000 92 000 000
EGT Sidi Fredj 30 000 000 - 30 000 000
EGT Est 20 000 000 - 20 000 000
EGT Tlemcen 100 000 000 - 100 000 000
Total 525 000 000 45 000 000 480 000 000
Sources : Direction des finances et de la comptabilité du groupe HTT

Conclusion

L’exécution physique du PRM dont le taux n’a pas dépassé 43%, au 31 décembre 2021,
soit après un délai de plus de 11 ans, a eu des répercussions négatives sur l’activité et la
situation économique et financière aussi bien du groupe que de ses filiales. Cet état de
fait, qui a remis en cause la pérennité de l’exploitation de quatre (04) filiales, risque de
remettre encore en cause celle d’autres filiales. Cela ne peut s’expliquer par les effets de
la pandémie de la covid-19 durant la période de 2020-2021. Bien au contraire, plusieurs
structures hôtelières ont réalisé, durant cette période, un chiffre d’affaires annuel global,
grâce au confinement obligatoire des voyageurs venant de l’étranger, qui a dépassé de
50% celui de l’exercice 2015, le plus important durant le quinquennat 2015-2019.

Si les filiales dont 56 unités hôtelières en activité au 31 décembre 2021 n’accroissent


pas sensiblement leur chiffre d’affaires, durant les exercices ultérieurs, par
l’amélioration de la qualité des services et une politique de prix attractive en vue de faire
face aux échéances de remboursement, leur situation économique et financière
s’aggravera et elles subiront inévitablement à un redressement douloureux sur tous les
plans.

Recommandations

Devant cet état de fait, la Cour des comptes recommande ce qui suit :

- Instaurer un système de supervision rigoureux et permanent par le groupe de tous les


contrats d’étude et de travaux en cours de réalisation ;

44
- Clarifier et assainir la situation juridique, comptable et financière des hôtels Cirta et
Panoramic relevant de l’EGT-EST en collaboration avec les autorités publiques
concernées et la société SIH ;
- Réfléchir à d’autres voies juridiques et économiques spécifiques à la gestion publique,
notamment celles offertes par les ressources du partenariat public-privé.

Réponse du Directeur Général par intérim


du Groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT)

Consistance du programme de Réhabilitation/Modernisation

- 61 unités concernées.
- Deux nouvelles créations.
- Ancrage : résolutions consécutives du CPE.
- Enveloppe financière : 117 milliards DA entre initial et complémentaire, majoritairement
logés au niveau du CPA et du Trésor Public.

Principes de Bonne Gestion

Aucune définition juridique n’est apportée pour la notion de « principes de bonnes


gestion » auxquels fait référence la note d’insertion de la Cour des comptes.

Genèse du Programme

Il est important de rappeler les éléments de contexte ayant présidé au lancement de ce


programme, initialement engagé pour palier l’échec des appels d’offres lancés, en 2002 et
2003, pour le Conseil de Privatisation pour la cession des hôtels publics.

Un nouvel appel d’offres international, lancé en octobre 2004 par GESTOUR pour la cession
de 22 hôtels dont 09 se trouvant au sud, s’est avéré également, infructueux sans la moindre
offre reçue d’investisseurs nationaux ou étrangers.

Afin de susciter l’intérêt d’éventuels repreneurs, le Conseil des Participations de l’Etat a décidé
en 2003 d’engager sur un financement bonifié du Trésor Public, des opérations de Rénovation
et non de Réhabilitation/Modernisation de 17 établissements situé dans le sud du pays.

45
Des résolutions successives du CPE, ont décidé par la suite, de réduire le programme à 9 hôtels
sahariens (2009), d’engager la modernisation de l’hôtel Aurassi (janvier, mars et juin 2009),
de rénover les Zianides de Tlemcen (janvier et mars 2009) et les Andalouses à Oran (2009),
pour qu’en 2011 la décision est prise pour étendre l’opération de modernisation à 46 nouvelles
unités du portefeuille de la SGP GESTOUR.

Pour plus de précisions, sont listées, ci-dessous, l’ensemble des résolutions du Conseil des
Participations de l’Etat relatives au programme de réhabilitation et de modernisation des
unités du groupe HTT ex SGP GESTOUR :

Pour les hôtels du sud

1. Résolution n°05.2003.15.07.03 – point de situation sur le programme de privatisation et


réhabilitation des hôtels « M’Zab » et « El-Mehri ».
2. Résolution n°09.62.17.01.2006 – financement de la réhabilitation des hôtels du Sud.
3. Résolution n°02.97.04.10.2009 – réhabilitation des hôtels du Sud.
4. Résolution n°01.117.18.09.2011 – financement complémentaire des hôtels du Sud.

Hôtel El-Aurassi

5. Résolution n°01/92/22/01/2009 – réhabilitation de l’hôtel « El- Aurassi ».


6. Résolution n°08.93.12.03.2009 – réhabilitation de l’hôtel « El- Aurassi ».
7. Résolution n°09/94/08/06/2009- réhabilitation de l’hôtel « El Aurassi »

Hôtel Les Zianides

8. Résolution n°02.92.22.01.2009 – réhabilitation de l’hôtel « Les Zianides ».


9. Résolution n°09.93.12.03.2009 – réhabilitation de l’hôtel « Les Zianides ».

Les Andalouses

10. Résolution n°02.98.15.10.2009 – réhabilitation du complexe les « Andalouses »

46
Les 46 unités

11. Résolution n°04.112.24.03.2011 – modernisation de 46 unités hôtelières et touristiques


relevant du portefeuille de la SGP GESTOUR.
12. Résolution n°01/159/11/01/18 -Portant sur l’état de réalisation du programme de
réhabilitation et de modernisation des établissements hôteliers du Groupe « hôtellerie,
tourisme et thermalisme : HTT » ; accordé par le CPE à travers plusieurs résolutions.
13. Résolution n°03/173 du 15/03/2022, relative à l’annulation des point 3-b et 4 de’ la
résolution n°01/159 du 11/01/18 portant sur le transfert des hôtels Tamgout et El Arz.

L’Entreprise Touristique de Kabylie – E.T.K

14. Résolution n°09.120.17.11.2011 – portant transfert de l’E.T. K et sa modernisation.

Réhabilitation des hôtels « Cirta » et « Panoramic » de Constantine

15. Résolution n°02/138/25/09/2013 – réhabilitation des hôtels Cirta et Panoramic.

Décisions du CPE relatives au PRM

1. Une disparité de traitement des opérations de modernisation est relevée de la part du CPE
qui a piloté l’ensemble des phases du projet Aurassi (accords, financements et validations des
contrats) sans appliquer la même démarche au reste du programme.

2. L’instruction, portée dans la résolution 01/112 de 2011, de lancer « frontalement et


simultanément » le PRM de l’ensemble des hôtels et stations thermales qui a amputé le groupe
d’une grande partie de sa capacité commerciale avec un accord conclu avec le partenaire
social sur orientation des pouvoirs publics pour le maintien des postes d’emplois durant la
réalisation des travaux.

3. Le rattachement de certains hôtels du sud aux entreprises du nord du pays a eu des effets
néfastes sur la conduite des PRM en éloignant les centres de décision, détériorant les
indicateurs et résultats des EGT et EGH et en engendrant des situations inextricables sur le
plan comptable et réglementaire pendantes à ce jour, à l’instar de l’EGH Aurassi dont les
actionnaires petits porteurs (20%) sont devenus du jour au lendemain co-propriétaires de
quatre hôtels (El Boustène, El Mehri, Rym et El Aurassi) alors, qu’initialement, ils n’avaient
souscrit que pour le seul établissement Aurassi.

47
4. Des résolutions au contenu contradictoire qui ont bloqué l’avancement de plusieurs
chantiers notamment, le transfert des établissements Tamgout et El Arz au secteur de la
jeunesse (rectifiée en 2022), de l’hôtel Azur Plage des services de la CNAS vers l’EGT Sidi
Fredj (toujours pendant) et l’obligation de transfert du centre de thalassothérapie de Sidi
Fredj vers le secteur de la santé après sa modernisation sans préciser la contrepartie de ce
changement de propriété et le traitement de l’endettement induit.

5. La non correction à ce jour, d’erreurs matérielles contenues dans certaines résolutions à


l’instar de celle n° 03 de la 144ème session tenue le 28 mars 2015 portant réorganisation du
secteur public marchand de l’hôtellerie et du Tourisme, où la station thermale de Hammam
Righa par exemple, est rattachée dans la même page à deux filiales différentes.

Cas spécifiques

1. Modernisation des hôtels Cirta et Panoramic

Les remarques formulées dans le document de la Cour des comptes, concernant les PRM des
établissements Cirta et Panoramique relevant de l’EGT Est, ne reflètent pas l’ensemble des
torts causés par la SIH à cette filiale du groupe qu’il s’agissent de manquements graves à la
réglementation des marchés publics ou de préjudices économiques et financiers très
importants, à savoir :

- En invoquant un caractère d’urgence pour la préparation des deux hôtels pour la


manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe », le CPE a décidé de confier le PRM
de ces deux établissements à la SIH sur la base de convention de maitrise d’ouvrage déléguée
à conclure avec l’EGT Est.

- Bien que le CPE ait validé en 2011 deux enveloppes de 805 et 441 millions DA pour lesdits
PRM, sa 138ème session, tenue en mars 2013, en l’absence de GESTOUR et de l’EGT Est et sur
simple communication de la SIH, a décidé de la mise en place d’un nouveau financement de
4,65 milliards DA pour l’opération Panoramic, sans pour autant annuler les résolutions de
2011 ou décider la restitution des enveloppes initiales qui demeurent mobilisées au niveau du
CPA à ce jour. Cette session du CPE est par ailleurs, antérieure de 10 mois à la signature de
la convention de maîtrise d’ouvrage déléguée.

- S’est rajouté ensuite, un montant de 06 milliards DA (dont 03 en concours définitif) pour le


PRM de Cirta sur un simple envoi du directeur de cabinet du premier ministre qui faisait
référence à une régularisation au niveau du CPE qui n’est jamais intervenue.

48
- Non-respect des dispositions du décret présidentiel n°10-236 portant réglementation des
marchés public, en dépit du fait que l’une des opérations était financée sur concours définitif
partiel, réduction par la SIH du nombre de chambres du Cirta de 72 à 54 sans consultations
préalable de l’EGT Est et établissement des permis de construire au nom de la SIH et non en
celui du propriétaire comme prévu par la loi.

- Signature le 9 mai 2016 d’une convention EGT Est/SIH pour la gestion du processus de
transfert du management des hôtels à une filiale de la chaîne M. (P). Au-delà du fait que
l’intervention de la SIH était injustifiée dans un accord bipartite, elle a imposé dans l’une des
clauses de la convention, de percevoir une contrepartie financière constante et permanente (1%
du chiffre d’affaires des deux hôtels).

- Signature de l’ex directeur Général de la SIH avec la filiale de la chaine M. en lieu et place
du propriétaire, et son acceptation de clauses scélérates comme la durée du contrat (30 ans
avec renouvèlement automatique pour 20 supplémentaires), prise en charge par l’EGT Est de
l’ensemble des impôts et taxes dont sera redevable P, une rémunération excessive des
prestations fondée sur un package contractuel complexe grevant la quasi-totalité des revenus
d’exploitation, l’interdiction de remettre en cause des éléments du business plan et enfin ,
l’accord pour faire de la législation étrangère le cadre de règlement des contentieux et du
principe de l’arbitrage international.

- Depuis cette date, la gestion du Panoramic échappe totalement à l’EGT Est qui ne reçoit
aucune donnée sur l’activité de l’établissement ou ses résultats commerciaux et financiers.
Dans un dernier courrier du 22 août 2022, la SIH a informé de l’accord avec P. pour
transformer l’accord de management en contrats de Franchise.

- Pour sa part, le projet Cirta enregistre un retard énorme avec épuisement de l’enveloppe
financière et la volonté de la SIH de puiser dans le reliquat de l’opération Panoramic pour
achever les travaux, sachant qu’un litige demeure pendant avec l’APC suite de l’accaparement
par la SIH d’une parcelle de terrain mitoyenne à l’hôtel Cirta et son intégration au projet de
modernisation.

- Indisponibilité au niveau de l’EGT Est des données les plus élémentaires concernant la
réalisation ou l’exploitation des deux établissements, ce qui a induit des réserves successives
des commissaires aux comptes lors des assemblées générales ordinaires statuant sur les
comptes de cette filiale.

- Distraction depuis 2014, des capacités d’hébergement et de restauration des deux hôtels du
potentiel commercial de la filiale, impactant négativement ses résultats et équilibres financiers
déjà fortement détériorés par un endettement subi.

49
- A travers des résolutions des assemblées générales tenues le 30 octobre 2019 et le 19 juin
2022, des réunions dédiées et de nombreux courriers, le groupe HTT avait chargé l’EGT Est
de prendre toutes les mesures afin de régulariser dans les meilleurs délais le dossier des deux
hôtels aux plans juridique, technique, administratif, comptable et financier, en insistant sur le
caractère d’urgence de cette opération et avec orientation de recourir à la justice en cas de
nécessité.

- Le 29 décembre 2022, le groupe HTT a été rendu destinataire du rapport de base de la


mission de l’Inspection Générale des Finances sur « l’évaluation et le contrôle de la gestion
du programme de développement et de modernisation du parc des infrastructures hôtelières
relevant de l’EGT Est (Cirta et Panoramic) ». Le document confirme les points soulevés par le
groupe dans ce dossier et révèle d’autres dépassements à l’instar de la probabilité d’un
transfert illicite de devises vers l’étranger via des facturations fictives, l’usage du crédit
d’investissement pour l’acquisition de véhicules de tourisme dont les cartes grises sont au nom
de la SIH ainsi que de nombreuses infractions dans l’attribution des marchés d’études et de
réalisation.

2. Opérations de lifting de l’hôtel les Zianides et du complexe les Andalouses

Dans le cadre des préparatifs du 16ème sommet des pays producteurs de gaz, organisé par notre
pays à Oran en avril 2010, le CPE a décidé en octobre 2010 d’engager, sous le sceau de
l’urgence, une opération de rénovation du complexe les Andalouses à Oran, sélectionné pour
accueillir une partie des participants à cette manifestation.

L’enveloppe globale a été fixée à 1,071 Milliard DA dont une première tranche de 300 millions
DA, mise en place au niveau de l’agence El Djimel (081) de la BEA 11 mois avant la signature
de la convention de crédit en septembre 2011.

Dans ces conditions, l’EGT les Andalouses a été dans l’obligation d’accélérer les phases études
et travaux pour la première partie du projet afin d’être au rendez-vous des deadlines fixés par
les pouvoirs publics.

La même précipitation a marqué la rénovation de l’hôtel les Zianides à Tlemcen, retenu comme
structure de soutien à la manifestation « Tlemcen capitale de la culture Islamique ». Deux
résolutions successives de la 92ème et 93ème session du CPE, ont fixé une date limite pour la
livraison de l’hôtel ainsi qu’un financement Trésor à hauteur de 75% du coût global de
l’opération.

50
Une réduction drastique de l’envergure du projet a dû être opérée par l’EGT Tlemcen afin de
se conformer au cadre défini par les pouvoirs publics en termes de délais et de montants des
financements.

De ce qui précède, il apparait que dans le cas des Zianides comme dans celui des Andalouses,
la consistance des travaux et leurs durées d’exécution, se rapportent plus à des opérations de
lifting et de rénovation qu’à une réhabilitation/Modernisation entendue aux standards et
normes internationaux.

Suivi du PRM

Dès l’engagement des premières opérations du PRM en 2008 et 2009, la SGP GESTOUR
charge un cadre dirigeant du suivi du dossier, très vite renforcé par le recrutement de deux
architectes en 2014. L’action de cette task-force a porté essentiellement sur les éléments
suivants :

- Organisation de quatre séminaires régionaux (26 mars 2012 au Sofitel, 27 mars à El Riadh,
le 12 avril au Seybouse et le 18 avril aux Andalouses) avec la banque CPA et l’agence ANDI,
afin d’expliquer le mode de fonctionnement du crédit et la formalisation et la gestion des
dossiers d’avantages ANDI ;
- GESTOUR contracte avec un expert juridique l’organisation d’un séminaire/atelier sur la
mise en œuvre du nouveau décret Présidentiel 10-236 portant réglementation des marchés
publics ;
- Un groupe de travail a été mis en place par Gestour pour l’élaboration, en concertation
avec les filiales, d’un projet de cahier des charges. Le rendu final a été transmis au comité de
suivi du Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, et adopté en mars 2012 par ce dernier et par
les conseils d’administration des filiales ;
- Mise en place d’une procédure de traitement des appels d’offres en janvier 2012, et son
enrichissement et adoption par les filiales en mars 2012 ;
- Organisation d’un séminaire de formation destiné aux présidents des commissions
d’ouverture des plis, le 26 juin 2012 à l’hôtel « El Marsa » de Sidi-Fredj, et d’un second pour
les membres des commissions d’évaluation le 11 juillet 2012 au « Sofitel » Alger.

La transformation en 2015 de la SGP GESTOUR en groupe public hôtellerie, Tourisme &


Thermalisme a eu un effet bénéfique sur le PRM dans son ensemble qu’il s’agisse de
l’amélioration de cadrage des opérations, du suivi des chantiers ou de l’accompagnement des
filiales sur les différents aspects du programme. Les actions les plus notable à ce titre, peuvent
être listées, de manière non exhaustive comme suit :

51
- Intégration dès la mise en place du groupe, d’une direction de l’ingénierie et du
développement à l’organigramme de l’entreprise et dont la mission première était le PRM ;
- Elaboration de notes d’instruction cadrant l’exécution des différentes phases et
composantes du PRM par les filiales (établissement des business-plan, la maîtrise des coûts,
préservation de la valeur patrimoniale, réduction des taux des parts transférables, bannir le
recours à l’arbitrage international, la sûreté juridique des dossiers de PRM, phasage du
lancement des travaux) ;
- Instruction spécifique pour souligner l’importance de la formation des cadres en charge de
la préparation, sélection, passation, exécution et contrôle des marchés ;
- Le recrutement d’un expert en marchés publics et sa mise à disposition des filiales pour des
consultations sur le pilotage contractuel de leurs opérations de modernisation ;
- Instauration dès 2016, de réunions-bilan avec les filiales avec un focus sur leurs
programmes respectifs de réhabilitation/modernisation ;
- Intégration de la conduite des PRM comme critère de performance et dévaluation des cadres
dirigeants des filiales du groupe ;
- Elaboration de canevas de suivi des opérations par unités, par filiales et par segments
d’activité (balnéaire, thermal, saharien, urbain et affaires) ;
- Instructions lors des assemblées générales et par courriers, pour une reprise en main et un
assainissement du dossier des avantages d’investissement octroyés aux différents projets du
PRM ;
- Résolutions des assemblées générales des filiales pour l’adoption par leurs conseils
d’administrations de procédures hôtelières (dont la passation de marchés) et d’autres dédiées
à la maintenance et l’entretien des structures réhabilitées ;
- L’organisation de deux séminaires (janvier 2018 et octobre 2021) sur la préparation des
cahiers des charges, choix des co-contractantes et passations et gestion des marchés et sur la
vulgarisation sur le nouveau cahier des clauses administratives générales.

Concernant l’inexistence d’une procédure unifiée de passation des marchés au niveau du


groupe HTT, il est important de rappeler qu’à l’avènement du groupe, la quasi majorité des
opérations du PRM était lancées, au moins en études et avec comme rappelé plus haut, des
niveaux de validation disparates (CPE, ministère, SGP et filiales).

Ce qui a amené le groupe, sur le fondement des principes de prudence et de continuité juridique,
à se limiter à l’élaboration d’une procédure pour la seule société-mère et de différer son
élargissement à l’ensemble des filiales, à l’achèvement du PRM.

Analyse Economique

L’appréciation des rédacteurs du rapport s’agissant de l’impact du PRM sur la performance


économique du groupe, l’atteinte des objectifs et le caractère insoutenable de l’endettement,

52
est partagé par le groupe HTT. Toutefois, il est utile d’intégrer à ladite analyse économique et
financière les paramètres suivants :

- L’antériorité de l’engagement du programme de modernisation à la restructuration de la


SGP GESTOUR dont ni l’organisation ni l’encadrement de l’époque n’étaient en mesure de
concevoir, de dimensionner, de mâturer et encore moins de manager les nombreux projets
complexes composant un programme d’une telle envergure ;
- Cette impréparation a induit un décalage entre les décisions successives du CPE entre 2009
et 2011 relatives au programme de modernisation, et son démarrage effectif sur le terrain,
décalage encore accentué par les retards de mise en place des crédits et la versatilité des
conditions appliquées aux filiales par la banque de domiciliation ;
- Les opérations de Réhabilitation/Modernisation ne sont pas des réalisations à partir de
zéro, mais des interventions sur un existant et un bâti âgé, dans la plupart des cas, de plus de
50 années. Aussi, la probabilité d’être confrontée à des complications et des imprévus
techniques et structurels est tout à fait plausible.

D’où les retards enregistrés dans certains chantiers et la nécessité pour certaines filiales de
conclure des avenants aux marchés d’études et de travaux.

- Certaines opérations ont été confrontées d’une part, aux nouvelles dispositions de la
législation nationale en matière de protection de l’environnement, du littoral et du patrimoine
comme les extensions projetées dans les stations balnéaires et la difficulté à intégrer l’hôtel El
Djazaïr au programme de modernisation, et d’autre part à des cas d’occupation illicite au
niveau de l’hôtel El Manar Sidi Fredj par des journalistes et des locaux commerciaux des hôtels
Essafir Alger et grand hôtel Oran.
- La non prise en compte, à sa juste mesure, de l’impact du choc pétrolier de 2014 sur
l’économie nationale et ses échanges avec l’étranger, la chute du nombre de touristes et de
visiteurs vers notre pays, et la diminution du pouvoir d’achat de la population domestique.
- Ainsi, le lancement des principaux chantiers a coïncidé avec le début de la contraction de
l’économie nationale en 2015 et son impact direct sur l’hôtellerie d’affaires, de loin activité la
plus rentable du groupe et qui mettait, en parallèle et au pire moment, près de 60% de ses
capacités d’accueil en rénovation et donc, hors du circuit commercial et compétitif où de
nouveaux acteurs émergeaient.
- Ces performances négatives ont dégradé les équilibres financiers de nos filiales déjà
fragilisées par les annulations de réservations et la baisse de fréquentation de nos
établissements durant les évènements politiques de 2019 ainsi que par la mise en chantier d’une
grande partie du parc hôtelier du groupe en application des résolutions du CPE qui exigeaient
un lancement « Frontal et Simultané » du PRM.

53
- L’impact de la crise COVID sur le groupe mérite un développement spécifique :

Les charges de personnel ont représenté en 2020 à elles seules, 75% du chiffre d’affaires,
sachant également, que plus de 50% des effectifs ont été mis, entre mars et septembre 2020, en
congé sanitaire exceptionnel avec des rémunérations à taux pleins (dispositions du décret
exécutif n° 20-70 du 24 mars 2020).

Résultats previsions
Indicateur 2018 2019
2020 2020
Chiffre d’Affaires 13 463 12 014 7 821 16 954
EBE 2 457 1 016 1 044- 5 516
Résultat Net 464- 1 801 - 3 433 - 1 738
Valeur Ajoutée 8 913 7 675 4 999 12 102
Effectifs 6 936 7 096 6 694
Congés
/ / 3 347
Exceptionnels
Masse Salariale 5 947 6 202 5 717
Coûts des congés / / 1 315

Le chiffre d’affaires du groupe a enregistré entre 2019 et 2020 un recul de 43% par rapport à
2018 et de 35% par rapport à 2019, sachant que l’essentiel de sa structure (3,9 milliards DA)
était composé de créances impayées détenues sur des opérateurs publics.

Les opérations de confinement ont concerné un nombre limité d’unités du groupe et n’étaient
en aucun cas une aubaine économique, pour preuve le refus catégorique des hôteliers privés à
y participer en 2020 et leur contrainte par la réquisition en 2021.

2021 Indicateurs 2020


19 117 Voyageurs 14 651
46 Staffs Médicaux 440
Services de
230 1 830
sécurité
1 500 Effectifs Unités 3 712
19 393 Total confinés 20 633

Réquisitions en juillet-août 2020 des établissements Hidhab/Sétif, Corne d’Or/Tipaza et Souf/El


Oued, pour accueillir des malades et des équipes médicales, transformation de l’hôtel
Mazafran, durant l’été 2021, en hôpital de fortune, et réquisition de l’hôtel
Gourara/Timimoune pendant près d’une année pour loger 448 personnels de santé mobilisés
pour lutter contre la pandémie.

54
Les effets des décrets exécutifs 20-69 et 20-70 ne se limitait pas pour le groupe aux seuls congés
sanitaires, mais portaient également sur l’interdiction totale et sans préavis, des activités
thermales, hôtelières et de restauration.

Plusieurs hôtels réquisitionnés pour cause de péril sanitaire, n’ont été occupés qu’à 15% de
leurs capacités sans permettre à nos unités de commercialiser les autres disponibilités.

La présente note d’insertion au rapport annuel de la Cour des comptes a porté


essentiellement sur le contrôle des opérations de modernisation et de réhabilitation
des unités hôtelières réalisées par les filiales du Groupe HTT et supervisées par ce
dernier, et ce, conformément à la lettre de saisine du Premier ministre.

Concernant les opérations de modernisation et de réhabilitation des unités hôtelières


de Cirta et Panoramic relevant de la filiale EGT- EST, leur réalisation a été déléguée
à la société d’investissement hôtelière (SIH) sur instruction des pouvoirs publics. Par
conséquent, le contrôle de la Cour des comptes s’est intéressé, uniquement, à
l’évaluation des conditions de conclusion et d’exécution des clauses des conventions
de délégation signées entre l’EGT-EST et la société SIH.

55
02. LE PROGRAMME PORTANT RESTRUCTURATION,
DEVELOPPEMENT ET REGULATION DU MARCHE
DE LA FILIERE DES VIANDES ROUGES
(2010-2022)

En vertu d’une résolution du Conseil des participations de l’Etat (CPE), le ministère


de l’agriculture et du développement rural a mis en place, en 2010, un programme
visant notamment le développement intégré de l’amont et de l’aval de la filière des
viandes rouges et la régulation du marché y’afférent. Ce programme s’est axé sur
la restructuration du portefeuille du secteur public de la filière des viandes rouges,
en créant une nouvelle entreprise dénommée « Algérienne des viandes rouges-
ALVIAR » ; le renforcement de ses capacités financières par l’assainissement
financier des quatre (04) filiales qui lui sont rattachées ; ainsi que la mise en œuvre
d’un plan d’investissement pour la réhabilitation et la mise à niveau de certaines
infrastructures existantes et la réalisation de trois complexes régionaux de viande
rouge (CRVRs).
Les travaux d’audit menés par la Cour font apparaitre que si dans ses volets relatifs
à la restructuration de la filière, renforcement des capacités financières de la
nouvelle société et réalisation du plan d’investissement, le programme a été
quasiment mené à terme à fin 2022, il n’en demeure pas moins que les objectifs
stratégiques qui lui sont assignés, à savoir le développement intégré de l’amont et
de l’aval de la production des viandes rouges, la régulation du marché et le
renforcement du contrôle sanitaire, ne sont pas atteints.

Nonobstant, les lenteurs qui ont caractérisées l’exécution du plan d’investissement


dont les délais devaient s’étaler de 2010 à 2014 et l’ accroissement du coût de sa
réalisation, les résultats obtenus en termes de développement des capacités de
production, de traitement et de distribution des viandes rouges de la nouvelle société
sont loin des projections établies dans le business plan.

En amont, faute d’une mise en œuvre d’un plan de développement de l’élevage,


l’effectif du cheptel détenu par ALVIAR, tout au long des années 2010 à 2021, n’a
pas dépassé 5 à 6% des prévisions arrêtées. En aval, les prestations d’abattage
réalisées depuis la mise en exploitation des nouvelles infrastructures, représentées
notamment par les trois CRVRs, traduisent un taux d’utilisation des capacités
d’abattage inférieur à 2% sur la période allant de 2016 à 2021.

Actuellement, le secteur public de la filière des viandes rouges, représenté par


ALVIAR et ses démembrements est marqué par des difficultés paralysantes et une
faible performance, remettant en cause la viabilité économique du programme.

56
La filière des viandes rouges (bovin, ovin, caprin et camelin) est classée la première
en terme de chiffre d’affaires réalisé par rapport aux autres filières du secteur agricole.
En 2021, elle a réalisé un chiffre d’affaires de près de 700 Mrds DA (à raison de
1 300 DA/KG), ce qui équivaut à près de 5 Mrds $, représentant plus de 17% du chiffre
d’affaires du secteur agricole. La production y afférente a atteint près de 537 000 tonnes
(63% de viande ovine, 27% bovine, 7% caprine et 3% cameline), ce qui assure une
disponibilité moyenne de 12,04 Kg/habitant/an (pour 44 599 222 habitants). La
moyenne internationale étant de 34 Kg/habitant/an.

Ainsi, dans le sillage de la politique du renouveau agricole et rural initiée par l’Etat en
2008, portant sur le renforcement de la sécurité alimentaire, la régulation et
l’amélioration de la sécurité sanitaire, le ministère de l’agriculture et du développement
rural a mis en place un programme visant « le développement intégré de l’amont et l’aval
de la filière des viandes, le renforcement du contrôle sanitaire ainsi que la régulation du
marché y’afférent, notamment, pour les périodes de forte consommation et/ou de hausse
des prix, telles que le mois de ramadhan, les périodes des fêtes religieuses…… ».

Ce programme a été mis en œuvre, à partir de 2010, à travers l’ex- société de gestion
des participations – productions animales- « PRODA » (remplacée actuellement par le
groupe Agro-Logistique « AGROLOG »). Sa réalisation a nécessité la mobilisation d’un
financement de 9,40 Mrds de DA, 800 000 m2 de foncier industriel, plus de 31 000
hectares de foncier agricole et un actif industriel de près de 131 millions de DA
(SOCOV).

Au regard de l’enjeu vital qu’il revêt et de son importance financière, la Cour des
comptes a mené, en 2022, une opération de contrôle thématique intitulée « évaluation
des actions de modernisation des unités de transformation de viandes et la construction
de nouveaux complexes d’abattage ».

Les travaux d’audit se sont inscrits d’une part dans une démarche d’audit stratégique
fondé sur l’évaluation des résultats et d’autre part sur une analyse de la chaine de valeur
et des conditions de formation des coûts de production et des prix du marché.

Ils ont porté, notamment, sur l’évaluation de la mise en œuvre du programme portant
restructuration du secteur public de la filière des viandes rouges, la gestion des projets
de réalisation des centres régionaux des viandes rouges (CRVRs), la viabilité
économique du programme ainsi que l’appréciation des résultats réalisés par rapport aux
objectifs assignés, à savoir : le développement intégré de l’amont et de l’aval de la
filière, le développement d’un système de conventions d’approvisionnement et
l’impératif de réguler le marché.

57
Les investigations ont concerné l’entreprise publique économique « Algérienne des
viandes rouges – ALVIAR- », le ministère de l’agriculture et du développement rural,
le groupe Agro-logistique (AGROLOG), et l’Office national interprofessionnel des
légumes et des viande (ONILEV).

L’évaluation fait ressortir que 12 ans après son lancement les objectifs assignés à ce
programme n’ont pas été atteints.

Ainsi, dans son volet restructuration, mobilisation des ressources financières et


investissement (réalisation, réhabilitation et mise à niveau), le programme a été
quasiment mené à terme avec la mise en exploitation en 2020 de l’abattoir de Bougtob.
Néanmoins, le volet développement de l’élevage, exploitation des actifs et gestion des
ressources, n’a pas connu d’évolution significative.

En conséquence, les objectifs stratégiques du programme en l’occurrence : le


développement intégré de l’amont et de l’aval de la production des viandes rouges, la
régulation du marché et le renforcement du contrôle sanitaire ne sont pas atteints.

Sur le plan opérationnel, le secteur public de la filière des viandes rouges, représenté par
ALVIAR et ses démembrements se débat actuellement dans des difficultés
paralysantes qui ont eu pour résultat une faiblesse de la performance et un
surendettement handicapant (dettes bancaires, fiscales, parafiscales ……. arriérés de
salaires), la sous activité, la non maîtrise des coûts, l’inefficience économique ainsi que
la faiblesse du retour sur investissement qui remettent en cause la viabilité économique
du programme.

Cet état des lieux était prévisible voire même inéluctable au vu des facteurs, énumérés
ci-dessous, ayant prévalu lors de la conception du programme et de sa mise en œuvre :

Au titre des facteurs endogènes à l’entreprise

- la faiblesse des capacités managériales ;


- la gestion administrative inappropriée des processus économiques qui se focalise plus
sur la dépense que sur la création de la valeur.

Au titre des facteurs exogènes à l’entreprise et endogènes au secteur

- le business plan, établi dans ce cadre, a occulté deux éléments essentiels pour la réussite
de tout projet portant développement intégré de l’amont et de l’aval : l’analyse de la
chaine de valeur de toute la filière et l’étude du marché ciblé (fournisseurs/ client) ;
- la faiblesse de l’accompagnement, du suivi et du management stratégique ;

58
- la faiblesse dans l’exercice de l’autorité vétérinaire ;
- les autorisations d’importation des viandes rouges n’ont que rarement profité à
ALVIAR depuis sa création en 2010.

Au titre des facteurs exogènes au secteur

- l’exercice ambigu et ambivalent de l’autorité fiscale et administrative ;


- un marché à haute valeur spéculative, mal approvisionné et insuffisamment encadré
institutionnellement et administrativement ;
- un Conseil interprofessionnel de la filière inopérant

1. Mise en place de la nouvelle organisation et mobilisation des


ressources subséquentes

Les ambitions affichées du programme ont multiplié les objectifs qui lui ont été fixés.
Son dimensionnement ainsi que son architecture ont nécessité un montage financier
conséquent pour mobiliser les ressources nécessaires.

1. 1. Présentation du programme

La mise en place de la nouvelle organisation du secteur public de la filière des viandes


rouges et la mobilisation de ressources importantes avaient plusieurs objectifs tant
stratégiques qu’opérationnels.

1.1.1. Les objectifs stratégiques

Dans sa résolution n°04/102 du 17 mars 2010 portant projet de création et business plan
de la société des viandes Rouges, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) a décliné
les objectifs stratégiques du programme, comme suit :

- le développement d’un système de conventions, en amont, avec les éleveurs pour


l’aprovisionnement des abatoirs de la nouvelle société et en aval avec les établissements
et les institutions publics pour la distribution ;
- le développement des capacités de régulation des viandes rouges, ainsi que la
modernisation des conditions de service, de présentation et d’hygiène ;
- le développement d’un système de convention d'approvisionnement des abattoirs de
la nouvelle société en amont avec les éleveurs, et en aval avec les établissements et
institutions publics pour leur approvisionnement.

59
Le document portant stratégie et plans d’action de l’ex-SGP production animale
(PRODA), élaboré en novembre 2009, indique d’autres objectifs spécifiques, parmi
lesquels : « améliorer la sécurité sanitaire, contribuer au contrôle sanitaire, assurer la
traçabilité des bêtes et le contrôle de la filière des viandes rouge ; normaliser les service
d’abattage en diminuant les risques liés aux mauvaises conditions d’abattage constatées
dans la majorité des abattoirs et tueries en activité ; participer à l’organisation et la
transparence du marché ; la généralisation du système national d’identification
animale et l’établissement des procédures de certification de santé animale ».

1.1.2. Les objectifs opérationnels

Sur le plan opérationnel, le programme visait, en amont, le développement de l’élevage


ovin et bovin, pour atteindre une production animale minimale de 300 000 têtes (ovin)
et 12 000 têtes (bovin). En aval, ce programme ambitionnait le développement de
l'abattage et le traitement des viandes rouges pour atteindre, en 2014, une capacité
d'abattage globale des trois (03) centres régionaux des viandes rouges (CRVRs)
de Bougtob (w. d'El-Bayadh), Hassi Bahbah (w. de Djelfa) et de Aïn-M'lila (w. d'Oum
El Bouaghi) de l'ordre de 40 800 tonnes/an, soit 28 800 tonnes ovin et 12 000 tonnes
bovin. Cette capacité représente l’équivalent de 1 500 000 têtes (1 440 000 ovins et
60 000 bovins).

Ces trois CRVRs, en plus de l’abattoir de Annaba (déjà existant), devaient permettre de
couvrir, en 2014, environ 10% des besoins.

A ce titre, ALVIAR aura une triple vocation : la régulation du marché des viandes
rouges ; le traitement pour son propre compte et la prestation de service pour le compte
de tiers.

1.1.3. Le montage financier

Le développement intégré de l’amont et de l’aval de la filière des viandes rouges, le


renforcement du contrôle sanitaire ainsi que la régulation du marché y afférent ont
nécessité la mobilisation d’un montant de près de 9,40 Mrds de DA réparti comme suit :

- un concours définitif du Trésor public d’un montant de 1,24 Mrd de DA ;


- un concours bancaire d’un montant de 8,16 Mrds de DA.

Il est à signaler que le concours bancaire a induit, par ailleurs, une charge financière de
plus de 5,7 Mrds de DA.

60
1.2. Mise en œuvre du programme

Pour la mise en œuvre du programme, le CPE1 a préconisé une stratégie qui s’articule
autour de quatre (04) axes : la restructuration du secteur public de la filière des viandes
rouges ; l’assainissement financier des quatre (04) filiales rattachées à la nouvelle
entreprise ALVIAR ; la réhabilitation et la mise à niveau de certaines infrastructures
existantes (un abattoir, un centre d’élevage et un actif industriel) et la mise en œuvre
d’un plan d’investissement pour la réalisation de trois complexes régionaux de viande
rouge (CRVRs).

1.2.1. La restructuration du portefeuille du secteur public de la filière des viandes


rouges

La restructuration du portefeuille du secteur public de la filière des viandes rouges a


donné lieu à la création, en 2010, d’une nouvelle société par action, dotée d’un capital
de 100 millions de DA (concours définitif de l’Etat) par le rattachement : de quatre (04)
entreprises publiques (activant dans la filière)2, de 20 fermes pilotes d’élevage, de deux
centres d’engraissement, d’un lazaret, d’un abattoir ainsi que l’engagement d’un
processus de partenariat (public-privé et public-public).

- Création d’une nouvelle entreprise dénommée "Algérienne des viandes


rouges", par abréviation "ALVIAR, par le regroupement de quatre (04) filiales, à
savoir : Lazaret, transit et activités connexes (LATRACO), la société de
conditionnement des viandes (SOCOV), le Complexe agro-zootechnique d’élevage
(CAZEL) qui relevait du groupe SOTRACOV (société de transformation et de
commercialisation des viandes) dissous et l’Office régional des viandes de l’Ouest
(ORVO ) qui relevait du groupe AGRO-FROID dissous.

Cette entreprise a pour objet social : le développement de la production (élevage,


engraissement) dans le cadre d’une intégration tant en amont qu’en aval, à travers :

- l’abattage et le traitement des viandes rouges et dérivés pour son propre compte et
pour le compte des tiers (découpe, transformation et conditionnement) ;
- la commercialisation des cheptels vifs (bovin, ovin), de la viande fraiche, congelée et
des produits transformés en gros, demi-gros et en détail ;
- l’importation et l’exportation de cheptel, des produits dérivés des viandes ;

1
Résolution du CPE n°04/102 du 17 mars 2010.
2
Acte administratif du 30 septembre 2010, enregistré le 06 octobre 2010 (le registre de commerce a été obtenu le 20 février
2011).

61
- la réalisation et l’exploitation de trois (03) abattoirs modernes (bovin, ovin) et la
régulation du marché pour le compte de l’Etat.

- Rattachement à ALVIAR, à titre gracieux, de 20 fermes pilotes, de deux (02)


centres d’engraissement, d’un (01) abattoir et d’un (01) lazaret

Le rattachement à ALVIAR des 20 fermes pilotes s’est déroulé en deux phases ;


- La première phase en 2010, par résolution du CPE n°04/102 du 17 mars 2010, a porté
sur le rattachement de 06 fermes pilotes d’élevage, en l’occurrence Bougtob
(w d’El Bayadh), Tadjmout et Taadmit (w. de Djelfa), Driss- Amor (w. de Biskra),
Si Naili (w de Tiaret) et Laatar lekhmissi (w de Khenchela) en sus de 02 fermes de la
filiale (ORVO), 04 fermes de la filiale LATRACO ainsi que la ferme de CAZEL ;
- La deuxième phase en 2016, par résolution du CPE n°03/148 du 21 mai 2016, a
concerné le rattachement de sept (07) fermes pilotes, à savoir : Kherraza (w. de Annaba),
Segmane et Rogaia (w. de Taref), Si Antar (w. de Médea), Bechkaoui El Yachi (w. de
Souk-Ahras), Moulay Abdelkader (w. de Saida) et Guermouche (w. de Tlemcen).

A ces fermes s’ajoutent le rattachement, en 2012, par décision du CPE n°13/123 du 26


mars 2012, de deux (02) Centres d’engraissement sis, respectivement, à Ain Bel et
Ain Ouessera, w. de Djelfa en sus d’un Lazaret sis à Sennia (w. d’Oran).

Il est à signaler que les fermes s’étendaient sur près de 31 000 hectares de terre agricole,
soit 25 000 hectares de parcours de pâturage et 6 000 hectares de terre cultivable. En
outre, ces fermes disposaient de 41 585 postes d’élevage ovins et 7 750 postes d’élevage
bovins.

Ce potentiel agricole, destiné à la production animale, mis à la disposition de la nouvelle


entreprise ALVIAR, pouvait assurer l’élevage d’un cheptel de près de 500 000 têtes
ovins (toutes catégories confondues), l’engraissement de plus de 100 000 têtes ovins par
an et l’élevage de près de 8 000 bovins.

En revanche, le potentiel agricole, destiné à la production végétale, manquait de


ressources hydriques suffisantes pour assurer l’autonomie fourragère nécessaire (80%
des besoins en aliments de bétail).

En effet, le programme n’a pas prévu la mobilisation de ressources hydriques afin


d’assurer d’une part, l’irrigation d’appoint et/ou régulière, suffisante, pour les cultures
fourragères et d’autre part, l’entretien des parcours (steppiques) de pâturage en cas de
besoin. La quantité d’eau nécessaire est estimée à près de 30 millions de M3 d’eau.

62
Les besoins d’investissement en matière de forage et d’équipement d’irrigation ont été
estimés à près de 3 Mrds de DA1.

1.2.2 Renforcement des capacités financières des filiales rattachées à ALVIAR

Le renforcement des capacités financières d’ALVIAR a pris trois formes :

- Un assainissement financier : le montant alloué par le CPE au titre de


l’assainissement équivaut à 746,6 millions de DA. Il a été accordé sur concours définitif
du Trésor.

A ce titre, un montant de 330 millions de DA n’a pas été libéré par le Trésor au profit
de la filiale SOCOV. Ce montant, comptabilisé comme une dette au nom de l’ex-
OREVIC (entreprise publique liquidée et absorbée par SOCOV), n’a pas été reconnu
par les services des domaines.

- Des crédits d’investissement de modernisation : les crédits d’investissement de


modernisation s’élèvent à 1,061 Mrd de DA. Ce montant a été accordé sur concours
bancaire au taux bonifié.

Les travaux d’audit font ressortir qu’un montant de 377,1 millions de DA, soit 35,5%
du total du concours bancaire, ci-dessus indiqué, n’a pas été consommé, du fait qu’un
crédit d’un montant de 365 millions de DA destiné à la filiale LATRACO ne pouvait
être libéré par la banque « BADR » au motif que cette filiale avait des arriérés de
paiements (échéances bancaires) non réglés. Ceci dénote le manque de maturité du
dossier relatif au concours bancaire présenté devant le CPE

- Engagement d’un partenariat pour la concession des terres agricoles de certaines


fermes pilotes

A ce titre, deux processus de partenariat ont été engagés en parallèle : le premier


public/privé et le second public/public.

Le premier (66% partenaire privé & 34% partenaire public) a été engagé en
application de la résolution du CPE n°07/159 du 11 janvier 2018. Il a porté sur la
concession des terres agricoles des huit (08) fermes pilotes (SPA) rattachées à ALVIAR,
à savoir : Naili, Aissani-Cazel, Kherraza, Segmane Amar, Moulay Larbi, Guermouche,
S Antar et Si Nadji.

1
Estimation réalisée par la Cour des comptes sur la base des prix de 2022.

63
A la fin du processus de soumission et de négociation, le CPE, par résolution n°03/ 163
du 12 décembre 2018, a autorisé la conclusion du partenariat public-privé pour
l’exploitation et la gestion de sept (07) sur les huit (08) fermes suscitées.

En vertu de la même résolution, le CPE a chargé le groupe AGROLOG, sous l’autorité


du ministère de l’agriculture et du développement rural et en collaboration avec la
direction générale du domaine national (ministère des finances) afin d’établir les pactes
d’actionnariat, les statuts des sociétés en partenariat et les actes de concession des terres
agricoles.

L’opération de partenariat a été interrompue au début de l’année 2019, sauf pour la


ferme pilote de Kheraaza (w. d’Annaba). En effet, les pactes d’actionnariat et les statuts
y afférents ont été signés, mais, l’acte de concession pour l’achèvement de l’opération
de partenariat n’a pas été établi.

A fin 2022, le processus de partenariat pour la concession des terres agricoles des sept
(07) fermes pilotes est toujours à l’arrêt.

Cette situation est préjudiciable à plus d’un titre. Elle a créé des droits en attente d’être
confirmés d’une part et a bloqué toutes perspectives de gestion sereine des fermes
concernées d’autre part.

Le second partenariat (public-public) a été engagé avec l’entreprise publique


COSIDER, suivant la résolution du CPE n°03/153 du 03 mai 2017, et a abouti à la
création d’une société dénommée « Complexe agro-zootechnique de DRIS AMOR »
par abréviation CAZDA, d’un capital social de 1, 001 Mrd de DA, sur la base d’un pacte
d’actionnariat de 70% pour COSIDER et 30% pour ALVIAR.

L’apport en numéraire a été assuré par le groupe COSIDER, tant dis qu’ALVIAR
a contribué par le rattachement à cette société de trois fermes pilotes (Driss Amor,
w. de Biskra et Taadmit, w. de Djelfa et Tadjmout, w. de Laghouat) qui détenaient plus
de 15 000 hectares de terres agricoles. Cette société a pour objet la production céréalière,
fourragère, oléicole et l’engraissement ovin (race Ouled Djellal) avec l’engagement
d’un programme d’investissement de 2,4 Mrds de DA sur trois ans.

L’exploitation des bilans et documents comptables des exercices 2018 à 2021 a révélé la
faiblesse des résultats réalisés par rapport à ceux attendus. De plus, ce partenariat a
amputé ALVIAR d’une part importante de son foncier agricole et de ses parcours de
pâturage et a éloigné cette dernière de sa vocation originelle qui est le développement
de l’élevage et l’engraissement en vue de la régulation du marché des viandes rouges.

64
1.2.3. Mise en œuvre du plan d’investissement (réhabilitation, modernisation et
nouvelles réalisations)

- Les opérations de réhabilitation ont touché l’abattoir de Annaba et le Centre


d’engraissement de Ain Bel (w. de Djelfa).

- Les opérations de modernisation ont concerné la rénovation et la modernisation de


l’outil de production des trois filiales, à savoir : CAZEl, ORVO et SOCOV.

- Les opérations de réalisation (investissements neufs) : la situation du plan


d’investissement portant sur la réalisation de 03 Complexes régionaux des viandes
rouges (CRVRs) se présente, au 31 décembre 2021, comme suit :

 Deux (02) opérations réceptionnées : en l’occurrence les CRVRs de Hassi Bahbah


(w . de Djelfa) et celui de Ain Mlila, w. de Oum-El Bouaghi, mis en exploitation en
2016 ;
- Une (01) opération non encore réceptionnée : elle concerne la réalisation du CRVR de
Bougtob (w. d’El-Bayadh), entré en exploitation en 2020, alors que sa réception n’a pas
eu lieu à fin 2022 à cause de la pandémie de la Covid-19 et du contentieux affectant
certaines parties du projet.

Il y a lieu de constater que ce plan d’investissement dont le calendrier prévisionnel


d’exécution devait s’étaler de 2010 à 2014, n’a pas été achevé à fin 2022, soit un retard
de huit (08) ans. Cet allongement des délais va grandement impacter le coût du plan
d’investissement et incidemment le coût de la maitrise d’ouvrage (frais de gestion de la
direction des études et du développement) ainsi que le coût de la charge financière.

a. L’allongement des délais d’exécution des projets est dû principalement au retard


dans le lancement des projets, en raison d’une évaluation empirique du coût estimatif de
leur réalisation, un pilotage et une gestion opérationnelle peu performants ainsi qu’aux
lenteurs dans le déroulement des différentes phases de réalisation des projets, induites
par les facteurs suivants :

 délais encourus pour l’accomplissement des diligences nécessaires à l’obtention de


l’assiette foncière adéquate ;
 l’infructuosité des appels d’offres et l’élasticité des délais qui séparent l’ouverture
des plis de l’attribution provisoire et cette dernière de la notification de l’ODS qui ont
consommé près de 50% du délai global d’exécution du projet ;
 les délais inhérents à l’obtention des différentes autorisations et approbations,
notamment l’approbation des plans par l’Organisme national de contrôle technique de
la construction (CTC), l’Algérianisation des équipements de pression ; l’obtention des

65
avantages fiscaux accordés dans le cadre du dispositif de l’agence nationale des
investissements (ANDI).

b. Augmentation du coût de réalisation du plan d’investissement

En l’absence de toute expérience locale, concernant ce type d’investissement, le recours


au marché extérieur (aux normes internationales) était impératif. Néanmoins, le recours
à une estimation empirique du plan d’investissement est contraire aux pratiques en la
matière qui consacrent le recours au préalable à un appel d’offres pour fixer le coût de
l’investissement.

En conséquence, le montant initial alloué, en 2010, au plan d’investissement qui était de


3,5 Mrds DA, s’est avéré insuffisant pour couvrir le coût des travaux y afférents, d’où
une rallonge de 02 Mrds, représentant près de 57% du montant initial.

En sus de la réévaluation du montant des travaux et des coûts induits par l’allongement
des délais d’exécution des projets, le coût du plan d’investissement a été alourdi par le
coût de la maitrise d’ouvrage représenté par les frais de gestion de la direction des études
et du développement qui n’ont pas été pris en compte dans l’évaluation initiale.

Ces frais représentant plus de 500 millions de DA de 2020 à 2021, ont été comptabilisées
en partie comme production de l’entreprise pour elle-même (comptes d’affectation des
coûts de réalisation des CRVRs), induisant une majoration du coût global de l’ordre de
10% et incidemment la charge financière y afférente.

La charge financière, dû au titre des frais d’engagement à payer à la banque par ALVIAR
pour les crédits non consommés mis à sa disposition, s’élève, à fin 2021, à près de
101 millions de DA.

A cet égard, la Cour des comptes note que si les frais d’engagement sont imparables
dans toute convention bancaire, il n’en demeure pas moins que l’option d’une
convention programme pour l’ensemble des projets aurait diminué grandement l’impact
de tout retard sur les frais d’engagement à payer.

Le montant global de la charge financière prévisionnelle représente plus 5,7 Mrds de


DA (Il a été reconstitué sur la base des informations communiquées aussi bien par la
banque « BADR » que par ALVIAR tant pour les crédits consommés que pour les
intérêts échus (payés et non payés).

66
2. Conditions d’exploitation des ressources mises à la disposition
d’ALVIAR

Le CPE a fixé trois objectifs au secteur public de la filière des viandes rouges, à savoir :
le développement des capacités de production, de traitement et de distribution des
viandes rouges dans le cadre d’une intégration amont-aval, le développement d’un
système de conventions d'approvisionnement des abattoirs de la nouvelle société en
amont avec les éleveurs, et en aval avec les établissements et institutions publiques pour
leur approvisionnèrent ainsi que l'impératif de réguler le marché national pour contenir
les prix et les approvisionnements.

2.1. Développement des capacités de production, de traitement et de


distribution des viandes rouges dans le cadre d’une intégration amont-aval

Pour le développement de ses capacités de production, ALVIAR s’est vu rattacher un


(01) lazaret, deux (02) centres d’engraissement et vingt (20) fermes pilotes (06 à l’Est,
06 au Centre et 08 à l’Ouest). Pour le traitement des viandes, elle a bénéficié
d’investissements conséquents (trois complexes modernes réalisés, un abattoir rénové
et une unité de transformation modernisée). Pour la distribution, ALVIAR dispose
actuellement de capacités de stockage aussi bien à température positive que négative,
d’une flotte de camions frigorifiques ainsi que d’un réseau de boucheries (vente en
détail).

2.1.1. Développement des capacités de production (élevage et engraissement d’ovin


et de bovin)
Dans ce cadre, un double objectif a été fixé à ALVIAR : garantir un minimum de 20%
de ses besoins en abattage, (soit environ 300 000 têtes d'ovins et 12 000 têtes de bovins/
an) et assurer des ventes de bêtes sur pied au profit des tiers, qu'il s'agisse de particuliers
en période de forte demande (Aïd-El-Kébir) ou d'éleveurs, lorsqu'il s'agit de races dont
la production est à encourager. Cependant, faute d’une mise en œuvre d’un plan de
développement de l’élevage, les bilans d’activité, font ressortir que l’effectif du cheptel
(toutes catégories confondues) détenu par ALVIAR, tout au long des années 2010 à
2021, n’a pas dépassé 500 têtes bovin et 20 000 têtes ovin/an, soit respectivement 5 à
6% des projections arrêtés dans le business plan.

Il y a lieu de rappeler qu’ALVIAR disposait de plus de 25 000 hectares de parcours


à même d’assurer le pâturage de centaines de milliers de cheptel ovin, près de 41 585
postes d’élevages et/ou d’engraissement (ovins) et près de 7 750 postes d’élevage et/ou
engraissement (bovin).

67
En matière d’importation de cheptel vif destiné à l’abattage, leur nombre n’a pas franchi
2 000 têtes bovins sur toute la période 2010-2021, représentant moins de 01% du total
des importations nationales du cheptel sur la période sus-indiquée.

2.1.2. Développement de la production de l’aliment de bétail (paille, fourrage)

L’analyse exhaustive de la structure du coût de production, réalisée par la Cour des


comptes, montre que le coût de l’aliment de bétail représente 70 à 80% du coût total de
l’élevage. Ceci est un indicateur de l’importance de la ressource végétale dans tout
processus d’élevage qu’il soit traditionnel, semi intensif ou intensif.

Alors que les fermes pilotes rattachées à ALVIAR s’étendent sur plus de 31 000 hectares
de terres agricoles dont plus de 5 000 hectares de surfaces agricoles utiles (SAU) et près
de 25 000 hectares de parcours, la réalité de la production végétale, au vu des bilans
d’activité, révèle que la superficie exploitée à sec, durant la période 2010 à 2021, était
souvent sujet aux sinistres causés par la sécheresse et à des rendements faibles. Aussi,
presque 50% des cultures n’étaient pas destinées à l’aliment de bétail. Ceci a induit une
production fourragère marginale.

En outre, le business plan portant création d’ALVIAR n’a fait aucune référence à un
plan de développement de la production fourragère, pourtant, si nécessaire à tout projet
d’élevage et d’engraissement d’envergure.

L’esquisse d’un tel plan de développement de la production de l’aliment de bétail


passerait inéluctablement par un autre plan de mobilisation de la ressource hydrique
indispensable pour se mettre à l’abri des aléas climatiques (sécheresse) et tripler voire
quadrupler les rendements et par-delà le volume de production.

Au final, en absence des plans de développement de l’élevage, de l’aliment de bétail et


des ressources hydriques, les fermes pilotes ont été abandonnées à leur sort sans aucune
perspective avec comme conséquence des résultats financiers négatifs sur toute la
période considérée.

Le tableau, ci-après, fait apparaitre, en effet, la faiblesse de l’activité des fermes pilotes
à travers des résultats financiers mitigés, voir négatifs, pour la plupart d’entre elles. Dans
le lot des résultats affichés, seule la ferme pilote de Bechgaoui aligne des résultats
financiers positifs en termes de valeur ajouté (VA), d’excédent brut d’exploitation
(EBE) et du résultat de l’exercice (RE).

68
Unité : En milliers de DA
Tableau des résultats financiers des fermes pilotes (SPA)

Année 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

VA 9 035 -459 10 372 2 602 10 372 -817 2 150 6 250 -2 168

EBE -2 348 -12 930 -4 024 -14 253 -4 024 -15 361 -6 812 -3 203 -12 028

RE -6 029 -12 703 -1 729 -15 857 -1 729 1 033 -6 947 -4 436 -12 795

Ferme pilote de BECHGAOUI

VA -3 951 19 610 10 461 13 367 12 315

EBE -18 017 8 803 2 491 4 663 2 133

RE -18 782 4 994 3 082 3 145 3 835

Ferme pilote GUERMOUCHE


VA 2 955 -217 -189 -255 -203

EBE 924 -2 436 -2 320 -2 121 -3 148

RE 463 -2 498 -2 705 -2 115 -2 931

Ferme pilote KHERRAZA

VA 1 855 -671 -131 -111 -836

EBE -769 -3 483 -3 258 -3 075 -836

RE -780 -595 -3 305 -3 262 -493

Ferme pilote MOULAY AEK


VA -467 1 089 2 406 1 887 2 831

EBE -8 607 -6 508 -6 863 -6 569 -6 042

RE 2 684 1 087 575 -2 045 -1 152

Ferme pilote ROGAIA

VA -3 108 1 706 240 995 1 095 419 890

EBE -14 123 -1 614 3 261 -3 018 -3 082 -3 890

RE -18 397 -2 438 -4 666 -4 321 -3 942 -4 727

Ferme pilote SEGMANE

VA 370 524 -380 1 160 1 544 2 795 570 510

EBE 137 570 -2 820 -691 -420 716 -1 657

RE -110 131 -3 050 -11 753 -622 512 -1 536

Ferme pilote SI-ANTAR


VA 6 969 18 007 16 460 8 698 7 379

EBE -4 643 5 397 1 565 -4 385 -2 668

RE -3 954 3 408 2 983 -5 676 -77 538

Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

69
Une valeur ajoutée négative signifie que le cycle d’exploitation de l’entité consomme
plus de ressources qu’il n’en crée de richesse, d’où la difficulté pour l’entreprise à
couvrir les salaires de ses employés.

Par ailleurs, un excédent brut d’exploitation négatif implique une incapacité à faire face
aux charges financières y afférentes.

2.1.3. Développement des capacités de traitement et de distribution

Pour le traitement des viandes rouges, ALVIAR disposait d’un abattoir à Annaba qui a
fait l’objet de modernisation et d’une unité de transformation des viandes rouges
dénommée « SOCOV ».

Entre 2016 et 2020, elle a mis en exploitation trois (03) nouveaux complexes régionaux
des viandes rouges (CRVRs) : Hassi Bahbah, w. de Djelfa en 2016, Ain Mlila-w. d’Oum
El Bouaghi en 2019 et celui de Bougtob, w. d’EL Baydh en 2020.

A ce titre, les capacités globales d’abattage, à fin 2022, totalisaient 1 668 288 têtes
(1 566 048 têtes d’ovins et 102 240 têtes de bovins), ce qui équivaut à 51 300 tonnes de
viandes.

Les prestations d’abattage réalisées depuis la mise en exploitation de ces infrastructures


restent en deçà des capacités théoriques prévues par le business plan. Ainsi, entre 2016
et 2021, le taux d’utilisation des capacités d’abattage des trois CRVRs n’a pas dépassé,
au mieux, 1,9% pour l’ovin et 1,7% pour le bovin.

Il y a lieu de rappeler que la prestation d’abattage conditionne les dix (10) autres
prestations assurées par les CRVRs.

Cette inactivité des CRVRs résulte principalement des facteurs suivants :

a- Concernant les capacités de production destinées à la prestation pour le compte


des tiers

Les investigations font ressortir que l’inutilisation des capacités de production destinées
à la prestation pour le compte des tiers résulte des facteurs suivants :

70
- Inopportunité d’investir dans la prestation abattage pour le compte des tiers

Les prestations pour le compte des tiers devaient atteindre une proportion de 30% du
total du chiffre d’affaires projeté, ce qui équivaut à l’abattage de 18 000 têtes de bovin
et 432 000 têtes d’ovin par an, soit un volume de 11 940 tonnes de viande par an.

Cependant, l’étude du marché de la prestation d’abattage a révélé qu’en 2010 l’offre y


afférente était déjà de loin supérieure à la demande. En effet, la capacité d’abattage
utilisée (abattage contrôlé déclaré) représentait moins de 30% des capacités installées.
Cette situation a perduré tout au long des années 2010-2021.

- Les coûts des prestations de traitement des viandes (ovin & bovin) supérieurs
aux prix du marché

Les coûts des 12 prestations de traitement des viandes étaient supérieurs aux prix
pratiqués sur le marché du fait que ces prestations sont réalisées selon les normes
internationales.

En outre, les deux prestations les plus sollicitées par le marché Algérien, en l’occurrence
l’abattage et la découpe (ovin & bovin) ne mobilisent que 20% et 04% des moyens qui
génèrent des coûts fixes, respectivement. Les neuf (09) prestations restantes, rarement
sollicitées, engendrent plus de 70% des coûts fixes.

Cette situation qui remet en cause la viabilité économique des CRVRs découle d’une
faiblesse majeure du business plan ayant prévalu à la création d’ALVIAR qui s‘est
focalisé totalement sur le calcul des coûts de réalisation des trois CRVRs (3,5 Mrds de
DA) et le coût de la régulation des viandes rouges sur dix (10) ans (42 Mrds de DA)
dont la dépense devait être supportée intégralement par le Trésor public. Par ailleurs, ce
business plan n’a pas pris en considération certains éléments d’appréciation (calcul
exhaustif des coûts et étude du marché) nécessaires pour un projet dont l’objectif
principal consistait à créer de la valeur (50% du chiffre d’affaires des CRVRs est à
réaliser sur un marché qui restait à conquérir).

- Localisation géographique éloignée des CRVRs de Hassi Bahah (Djelfa) et


Bougtob (El Bayadh)

En effet, ces deux abattoirs sont situés près des lieux d’élevage et loin des centres urbains
qui sont des lieux de concentration des consommateurs des viandes rouges et des clients
(bouchers) du marché de l’abattage. En conséquence, le chiffre d’affaires tiré de la
prestation pour le compte des tiers reste dérisoire.

71
b- Concernant les capacités de production destinées à la prestation pour son propre
compte

Un facteur important est derrière l’inutilisation des capacités de production destinées à


la prestation pour propre compte, en l’occurrence l’absence de mise en œuvre d’un plan
de développement de la production animale (élevage & engraissement). Ceci a privé les
trois CRVRs de 20% du chiffre d’affaires projeté (12 000 têtes de bovin, 288 000 têtes
d’ovin par an, soit l’équivalent de 8 160 tonnes de viande par an).

2.2. Développement d’un système de conventions d’approvisionnement des


abattoirs de la nouvelle société et des établissements et institutions publics

Pour garantir un minimum de chiffre d’affaires à même d’assurer la viabilité


économique d’ALVIAR (sans l’activité de la régulation) ainsi que la rentabilité des
investissements consentis dans les CRVRs (plus de 05,5 Mrds de DA), le CPE a chargé
les ministères de l’agriculture et des finances de développer un système de conventions
d'approvisionnement des abattoirs de la nouvelle société en amont avec les éleveurs, et
en aval avec les établissements et institutions publics pour leur approvisionnement.

Les investigations menées ont révélé qu’ALVIAR a soumissionné à plusieurs appels


d’offres portant sur l’approvisionnement en viandes rouge des établissements et
institutions publics durant la période 2010-2022. Néanmoins, elle a été disqualifiée
(dans la quasi-totalité des cas) à cause de ses offres financières, jugées de loin
supérieures aux concurrents, d’où l’absence de conventions avec les éleveurs.

Les travaux d’audit menés par la Cour des comptes afin d’appréhender la réalité
concurrentielle d’ALVIAR dans le marché d’approvisionnement en viande des
collectivités, font apparaitre des conditions et des distorsions du marché au désavantage
d’ALVIAR.

2.2.1. Au titre des conditions du marché

A la différence d’ALVIAR, certains concurrents ont des capacités financières qui les
prémunissent du recours au concours bancaire, au taux actuel de 08%, pour l’achat de
la matière première (cheptel). De même, ces derniers se présentent au marché avec leur
propre cheptel, ce qui leur assure une grande partie de la chaine de valeur et par-delà
une marge substantielle qui leur procure une grande marge de manœuvre sur les prix de
vente. Enfin, alors que le secteur privé s’accommode souvent avec des structures de
gestion légères, une main d’œuvre (familiale) hautement qualifiée et très peu

72
d’investissement, le secteur public est caractérisé par une faible performance dû au
volume considérable des investissements (dernière génération) et au coût élevé de la
main d’œuvre, non qualifiée et peu motivée.

2.2.2 Au titre des distorsions du marché

La Cour des comptes a constaté un faible exercice de l’autorité vétérinaire, illustré par
l’abattage non contrôlé qui dépasse les 70%, et qui a pour corollaire, entre autre, le non-
paiement de la taxe d’abattage d’un montant de 10 DA par kg de viande ainsi que
l’abattage de la femelle (antenaise, agnelle) dont le prix de vente sur le marché est bien
inférieur à celui de l’antenais et de l’agneau1.

Cette situation crée une distorsion du marché au désavantage d’ALVIAR qui peut aller
jusqu’à une majoration, le cas échéant, de son offre financière de 10 à 20 points / cent.

En outre, contrairement aux éleveurs détenteurs de la carte de fellah (éleveur) qui ne


s’acquittent d’aucun impôt ou cotisation sociale, ceux ayant la qualité de commerçant
(SPA, SARL, EURL) sont soumis aux déclarations parafiscale et fiscale. De ce fait, en
plus du règlement des cotisations sociales (CNAS), ils paient la taxe sur l’activité
professionnelle (1% du chiffre d’affaires), la taxe sur la valeur ajoutée dû sur la vente
de bêtes sur pieds (9%), l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) et l’impôt sur le
revenu global (IRG).

Ainsi, cette situation crée une distorsion sur le marché au désavantage d’ALVIAR ayant
un statut de SPA avec comme conséquence une majoration, le cas échéant, de son offre
financière de 10 à 16 points / cent.

2.3. L’impératif de réguler le marché national pour contenir les prix et les
approvisionnements

L’objectif principal de la création d’ALVIAR était la régulation du marché des viandes


rouges à travers la régulation du marché de la charcuterie et celui des ventes de bêtes
sur pieds.

1 Le prix de l’antenais de deux ans est de 58 000 DA et celui de l’antenaise de deux ans est de 36 000 DA (Marché
de Ksar El Boukhari, octobre 2022).

73
2.3.1. La régulation du marché des viandes rouges (charcuterie)

Douze (12) ans après le lancement du programme de restructuration du secteur public


qui a donné naissance à ALVIAR, aucune opération de régulation n’a été effectuée selon
le mode opératoire préconisé par le business plan. Celui-ci prévoit la constitution de
stocks stratégiques pour la régulation du marché des viandes rouges en période de forte
demande de viande (Ramadhan surtout), d’une proportion de 50% des capacités
d’abattage des trois CRVRs (équivalent à 20 400 tonnes/an).

Les informations recueillies auprès du ministère de l’agriculture afin d’appréhender la


réalité du marché ont révélé que le système d’information statistique est bâti sur des
méthodes de quantification (zoo-technique) basées sur un recensement général agricole
qui date de 2001 et des rapprochements avec les statistiques du cheptel vacciné qui ne
reflètent pas de manière exhaustive l’effectif réel du cheptel.

La faiblesse de l’exercice des attributs de l’autorité vétérinaire et fiscale sur les abattoirs
(le centre de gravité de la filière) d’une part et l’absence d’un système d’identification
du cheptel d’autre part sont les principales limites de ce système d’information
statistique.

En effet, un contrôle de vraisemblance et de cohérence avec d’autres informations et


indicateurs de la filière fait apparaitre des discordances avec les approximations
avancées par les professionnels.

Par ailleurs, les facteurs suivants ont été déterminants dans le non lancement des
opérations de régulation des viandes rouges :

- Utilisation du fonds de roulement à des fins autres que celles pour lesquelles il
a été destiné

La résolution du CPE portant création de la nouvelle entreprise ALVIAR a prévu


d’accorder à cette dernière un crédit bancaire de 1,2 Mrd de DA, au taux bonifié par le
Trésor public, destiné à l’acquisition de la matière première (cheptel) pour les besoins
d’exploitation des trois CRVRs à leur démarrage.

Cependant, et contrairement aux règles de l’orthodoxie financière, ce crédit a été


mobilisé avant l’achèvement des travaux de réalisation des CRVRs et utilisé pour faire
face à des dépenses de personnels et divers frais sans aucun rapport avec le cycle
d’exploitation.

74
- Mode de financement de la production destinée à la régulation onéreux et
inapproprié

Selon le business plan, le financement de la production des trois CRVRs destinée à la


régulation du marché des viandes rouge (30 000 têtes (bovin) et 720 000 têtes (ovin),
équivalent à 20 400 tonnes de viande rouge), est effectué selon les termes suivants :

 Allocation d’avances pour l’acquisition du cheptel.


 Prise en charge du différentiel entre le prix de vente et le prix de revient qui
comprend les prestations d’ALVIAR (50 DA / kg pour la viande bovine et 85 DA / kg
pour la viande ovine), la taxe sanitaire sur les viandes (10 DA/kg) et les pertes (évaluées
à un minimum de 2%), soit environ 18 DA/kg. Ces prix qui remontent à 2010 devaient
être augmentés chaque année.

Ceci ramène le coût global projeté sur dix ans à 42 Mrds de DA (soit un concours
définitif annuel du Trésor public de plus de 4 Mrds de DA), nonobstant d’autres coûts
non pris en charge par le business plan (avarie, surcoûts de gestion, taux d’augmentation
des prix supérieurs à 3%).

Vu l’importance des financements préconisés, ce scénario n’a été validé par


aucune décision du CPE de 2010 à 2022 si ce n’est d’accorder un crédit bancaire de
1,2 Mrd de DA pour l’acquisition de la matière première (cheptel) au taux bonifié tel
qu’évoqué ci-dessus.

Dans ce cadre, la Cour des comptes s’interroge sur le palliatif, préconisé, au défaut du
financement sur concours définitif du Trésor public pour le financement de l’achat de la
matière première (cheptel) nécessaire à l’aboutissement d’une quelconque opération de
régulation du marché des viandes rouges, selon les termes des hypothèses du business
plan.

- Absence d’une convention cadre entre le ministère chargé de l’agriculture et


ALVIAR

Cette dernière a été prévue par le business plan pour entériner les conditions d’exécution
des opérations de régulation.

75
2.3.2. La régulation du marché des ventes de bêtes sur pieds

La régulation du marché des ventes de bêtes sur pied devait être assurée par les centres
d'élevage au profit des tiers, qu'il s'agisse de particuliers en période de forte demande
(Aïd-El-Kébir) ou d'éleveurs, lorsqu'il s'agit de races dont la production est à encourager.

Les opérations réalisées, dans ce cadre, ont porté sur des effectifs de cheptel, qui ne
peuvent avoir un impact significatif sur le marché (quelques milliers/an).

Cet état de fait est dû à l’incapacité financière de l’entreprise à faire face, d’une part, au
coût du principal facteur de production dans l’élevage qui est l’aliment de bétail qui
représente 70 à 80% du coût global et d’autre part, au coût de l’investissement nécessaire
(acquisition du cheptel reproducteur).

- Le coût de l’aliment de bétail

L’analyse quantitative réalisée, a révélé l’importance du fonds de roulement nécessaire


pour l’achat de l’aliment de bétail (10 000 à 15 000 DA par tête)1 pour faire face à un
cycle de production de pas moins de 12 mois et compenser le déficit de l’offre de
l’aliment de bétail en dehors de la saison de la moisson qui, au demeurant, est souvent
accompagné d’une volatilité des prix de l’aliment de bétail. Ces prix peuvent varier,
durant l’année, du simple au double voire au triple, au gré de la récolte, qui dépend du
cycle récurrent de la sécheresse.

Ainsi, le fonds de roulement nécessaire pour assurer l’alimentation durant 12 mois d’un
cheptel de 100 000 têtes ovins / an (toutes catégories confondues) serait de l’ordre de
01 à 1,5 Mrd de DA/an.

- Le coût de l’investissement du cheptel reproducteur

A ce titre, il est à signaler que l’ovin qui était à 16 000 DA/ tête en 2009 (busines-plan)
coûte actuellement près de 40 000 DA/ tête2. Ainsi, pour l’acquisition d’un cheptel de
reproduction de 100 000 têtes (en 2022), les besoins de financement seraient de l’ordre
de 04 Mrds de DA.

1
Au prix de 2022.
2
Marché de Boughezoul, octobre 2022.

76
Ainsi, les coûts de ces deux facteurs de production (aux coûts du marché) sont prohibitifs
pour toute opération de régulation qui implique une offre capable de juguler les prix (des
dizaines de milliards). Leur coût élevé qui forme plus de 90% du coût de revient de
l’élevage est dû principalement aux deux facteurs suivants :

 La prévalence de l’effet cliquet (clapet) sur le marché

Une rétrospective de l’historique des prix des viandes rouges (1970 – 2022) révèle une
tendance haussière rarement contrariée. Cette hausse est induite, par une demande
croissante soutenue par l’évolution des revenus et des habitudes de consommation ainsi
que la croissance démographique. En parallèle, l’offre est structurellement insuffisante,
adossée à une croissance lente, supportée activement par les forces agissantes du marché
(éleveurs, maquignons, chevillards et bouchers).

 Un modèle d’organisation et de fonctionnement du marché anachronique

Ceci a eu pour conséquence un marché désarticulé qui s’est avéré fatal pour la formation
des prix à la consommation. Cette désarticulation transparait à travers les deux facettes
suivantes :

 Une structure du marché traditionnel

Cette structure, représentée à 70% par l’ovin et 30% par le bovin1, n’est pas compatible
avec l’évolution de la demande induite par des besoins de consommation réguliers et
consistants. Cette demande ne peut être satisfaite par l’élevage ovin traditionnel orienté
principalement vers la satisfaction des besoins conjoncturels (Aid-El- Adha, ramadhan,
fêtes et cérémonies).

En outre, l’analyse de la chaine de valeur (conditions de formation du coût et de prix) a


révélé que la problématique du prix de l’ovin est différente de celle du prix du bovin.

Le prix de l’ovin élevé dans des conditions biologiques attestées (pâturage dans la
steppe) et dont les qualités gustatives sont reconnues peut être en partie justifié, en raison
du processus de production traditionnel relativement long (12 à 18 mois voire plus) et
un rendement inférieur à celui de l’élevage intensif et semi intensif non biologique.

Ainsi, le prix pratiqué pour le bovin qui n’est pas loin actuellement de celui de l’ovin ne
peut se justifier du fait que le bovin se prête mieux aux conditions d’élevage semi
intensif et intensif (stabulation). De plus, les facteurs de production sont deux fois mieux

1
Selon les informations fournies par le ministère de l’agriculture et du développement rural.

77
rémunérés que ceux de l’ovin. De ce fait, le coût de production d’un KG bovin est deux
fois, voire trois fois, inférieur au coût de production du KG ovin.

 Un marché éclaté et peu encadré

Le marché de vente des bêtes sur pied est très peu règlementé et encadré
administrativement. Il présente les trois caractéristiques d’un marché libre : liberté
d’accès, de négociation des prix et de mouvement.

On observe, d’un côté, l’offre qui provient essentiellement des éleveurs, des
maquignons, des importateurs et d’une multitude d’intervenants saisonniers et/ou
occasionnels (qui s’improvisent éleveurs ou revendeurs), et de l’autre côté, la demande
qui provient des grandes collectivités, de la restauration, de l’hôtellerie et des ménages.
Ces clients et fournisseurs agissent en rangs dispersés sur un marché dénué de toute
traçabilité et sans garantie de la qualité et l’état de santé de l’animal.

En outre, l’absence de canalisation des transactions par un seul biais qui garantit la
traçabilité, la qualité et la sécurité sanitaire fait perdre aussi au marché le bénéfice des
économies d’échelle et des avantages comparatifs.

2.3.3. Un rôle mitigé du Conseil interprofessionnel de la filière

La filière des viandes rouges a pour objet d’organiser l’ensemble des activités qui
concourent à la production et la mise sur le marché des viandes rouges. Elle est coiffée
par un Conseil interprofessionnel. Elle constitue un cadre qui regroupe toutes les
professions qui gravitent autour de ce produit de base. Elle a pour objectifs : la
structuration des activités de la chaine de valeur, la coordination entre les différents
intervenants (institutionnels, opérateurs public et privé et société civile) et la maitrise
des systèmes de régulation.

Malgré l’importance de son objet, de sa composition et de ces objectifs, les


investigations ont révélé un faible impact du Conseil interprofessionnel de la filière sur
le terrain. Cependant, à sa décharge, il est très diminué sur le plan de l’autorité
opérationnelle en raison de l’absence de transparence, de la confiance et d’une ligne
fédératrice des principaux acteurs concernés (institutionnels, opérateurs économiques,
société civile).

78
Recommandations

- Mettre en place un plan de développement de la production fourragère adossé à un


plan de mobilisation des ressources hydriques comme mesures préalables pour une
maitrise de l’élevage bovin et ovin ;
- Revoir les termes et les conditions des interventions des autorités publiques dans la
filière des viandes rouges à même de se réapproprier les instruments permettant la
régulation du marché des viandes rouges, notamment à travers :

 l’encadrement et l’organisation du marché ;


 la mise en place d’un système d’information statistiques fiable ;
 la réactivation du rôle de l’autorité vétérinaire dans le domaine du contrôle sanitaire
des abattoirs ;
 le renforcement des mécanismes de contrôle de la perception de la taxe sanitaire sur
les viandes (taxe d’abattage).

Le Président Directeur Général


de l’Entreprise Publique Economique
« Algérienne des Viandes Rouges (ALVIAR) »

Après lecture de la note d’insertion, nous avons décidé que notre réponse s'articulera autour
du volet opérationnel et des efforts engagés à partir de l'année 2021 par l’entreprise pour la
mise en œuvre du plan d'action du gouvernement pour la mise en œuvre du programme du
Président de la République 2021/2024.

En outre, nous soulignons dans la présente réponse les obstacles, les problèmes internes et
externes auxquels l’Algérienne des Viandes Rouges a été confrontée dans la relance de son
activité, et enfin les solutions et recommandations de la note d'insertion.

1. Fermes pilotes

L'objectif du rattachement des fermes pilotes à l'entreprise ALVIAR est de ressusciter l'activité
d'élevage et la production fourragère, afin d'assurer l'approvisionnement des complexes
régionaux de viandes rouges en cheptels à travers un programme intégré de l’amont à l'aval.

79
Cependant, ces fermes connaissent une situation catastrophique, car elles souffrent d'obstacles
qui les empêchent d'être exploitées et d'atteindre les résultats souhaités en raison de l'absence
de ressources hydriques car la plupart d'entre elles se situe dans les zones arides et semi-
arides ; de la dégradation de leurs infrastructures, du manque de moyens de production, du fait
que la majorité des fermes pilotes font l'objet de litiges fonciers avec différentes parties et d'un
lourd héritage de dettes accumulées entre cotisations ouvrières, emprunts bancaires, droits de
franchise, dettes fiscales, etc.

Aussi, la non concrétisation des partenariats public/privé précédemment décidés en Conseil


des Participation de l'Etat a conduit à un blocage de la situation et à une impasse dans la
gestion et de la modification de leurs statuts, vu qu’aucune décision d’annulation de cette
dernière n’a été prise et ce qui a entraîné un vide juridique que certaines parties ont exploité
pour s'en emparer. Tout cela a conduit à l'incapacité de redynamiser ses activités et d'en tirer
le meilleur parti.

2. Complexes régionaux des viandes rouges

Les complexes régionaux des viandes rouges ont été réalisés dans les zones steppiques
caractérisées par l'élevage ovin pour leur approvisionnement direct à travers un programme
de conventions entre l’algérienne des viandes rouges et les éleveurs qui facilitent la vente de
leur cheptel à l'entreprise, en vue de constituer un stock stratégique pour contribuer à
l'organisation du marché de la viande rouge. Cette recommandation n'a pas été mise en œuvre
sur le terrain en raison du manque de l’encadrement du processus d'une part, et du retard dans
la réalisation et la livraison des complexes d'autre part.

En 2021, l’algérienne des viandes rouges a lancé l’opération partenariat triangulaire


(algérienne des viandes rouges, fédération nationale des éleveurs et l'office national de
l'alimentation du bétail). Cependant, ce programme n'a pas connu l'écho attendu auprès des
éleveurs en raison de l’insuffisance du rôle joué par les organisations et associations
professionnelles dans la sensibilisation et la vulgarisation.

D'autre part, les complexes régionaux des viandes rouges connaissent une faiblesse du taux de
performance en raison de leur éloignement des grands pôles de consommation, du coût plus
élevé de leurs prestations, de leur assujettissement à un contrôle vétérinaire strict par rapport
aux autres abattoirs, et du manque de conventions de commercialisation entre les institutions
étatiques et l’algérienne des viandes rouges.

Afin d’augmenter les rendements de ces complexes, l’algérienne des viandes rouges devrait se
voir accorder le privilège de conclure des accords d'approvisionnement consensuels au profit
des grands consommateurs tels que les organismes publics et les institutions, tel que décrit dans

80
le business plan de base de l’entreprise, conformément à la recommandation du Conseil des
Participations de l'État.

3. Faibles capacités de gestion

L’algérienne des Viandes Rouges s'est focalisée durant les premières années de sa création sur
l'encadrement de l’opération de réalisation des complexes régionaux des viandes rouges, qui
représentent les principales structures pour le démarrage de son activité.

À partir de l'année 2021, la stratégie managériale de l’entreprise a été mise à jour avec la
création d’une structure organisationnelle appropriée à son activité commerciale pour
l’atteinte de ses objectifs. ALVAIR s'est progressivement transformée d'un organisme structuré
pour le suivi des travaux des complexes régionaux des viandes rouges à un organisme structuré
pour la production et la commercialisation des viandes rouges afin de contribuer à la
régulation du marché en maîtrisant la filière à l’amont à l’aval.

4. Mauvais accompagnement et suivi stratégique

L’Algérienne de la viande rouge souffrait auparavant de la marginalisation de son rôle pivot


dans la régulation du marché des viandes rouges. En effet, elle n'a jamais bénéficié, depuis sa
création, d'un soutien financier pour réguler le prix de la viande en raison de l'absence de
convention-cadre entre elle et son ministère de tutelle, ni des conventions-cadres pour la
fourniture de viande aux établissements et organismes publics, comme indiqué dans son
business plan approuvé par le Conseil de Participations de l'État. D’un autre coté, l’entreprise
n’a pas bénéficié de licences exclusives d'importation pendant les périodes de pic de
consommation, afin de pouvoir réguler le marché, en fournissant de la viande au consommateur
à des prix réglementés.

Malgré cela, ALVIAR a entamé en 2022, la relance de l'activité agricole au niveau des fermes
pilotes en mettant en place un plan d'investissement pour leur réhabilitation en vue d'intensifier
et de diversifier les productions animales et végétales et de développer les unités qui s'y trouvent
pour assurer l'approvisionnement régulier des complexes régionaux.

Au final, et à la lumière des recommandations de la note d'insertion de la Cour des comptes,


nous proposons des pistes suivantes pour relancer l'activité de l'entreprise :

 Revoir la filière des viandes rouges ;


 Prise en charge et accompagnement par la tutelle ;

81
 Lier l’octroi aux des éleveurs de l'aliment subventionné par la conclusion de conventions
commerciales avec l’entreprise ;
 Conclusion d'un accord avec le ministère de tutelle pour encadrer le processus de régulation
du marché ;
 Examen des charges fiscales et parafiscales appliquées aux activités de l’entreprise, en
matière de prestations d'abattage et de commercialisation des viandes ;
 Assainissement financier des fermes pilotes rattachées à l’entreprise ;
 Financement par des prêts à taux bonifiés des investissements dans les fermes pilotes ;
 Rallonge des délais de remboursement des crédits d'investissement et de leurs charges ;
 Il est plus efficace que le soutien financier à la filière viande rouge se fasse en aval, c'est-à-
dire sur le produit final, en subventionnant le prix de la viande directement au consommateur.

82
03. REALISATION ET EXPLOITATION DES
ETABLISSEMENTS DE MILIEU OUVERT (EMO)

Le programme d’équipement portant sur la réalisation, la réhabilitation et


l’équipement des établissements de milieu ouvert (EMO) a été initié par le ministère
de la Justice à l’effet de promouvoir le travail carcéral à l’extérieur de la prison,
considéré comme un des mécanismes de réinsertion sociale des détenus. Ce
programme englobe la réalisation de 25 nouveaux établissements d’une capacité
d’accueil de 200 places chacun, inscrits à l’indicatif des Walis (programme sectoriel
déconcentré), en plus d’autres projets, à gestion centralisée, relatifs à la
réhabilitation d’anciens EMO et à l’équipement des établissements nouvellement
réceptionnés, libellés au titre de la direction générale de l’administration
pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR).

L’évaluation, par la Cour, couvrant les exercices 2021 et antérieurs, des conditions
de réalisation des projets a mis en exergue que leur inscription au budget
d’équipement, n’a pas été précédée d’un diagnostic pour une meilleure détermination
des besoins en établissements de milieu ouvert. De même, les travaux de leur
réalisation n’ont pas été conduits avec célérité, d’où l’annulation d’un nombre
important de projets, l’allongement considérable des délais de leur réalisation ainsi
que les réévaluations récurrentes et parfois la restructuration des autorisations de
programmes. Ainsi, le bilan des réalisations de l’ensemble du programme
d’équipement, au 31 décembre 2022, dont les dates d’inscription remontent à la
période 2005- 2009 (programme complémentaire de soutien à la croissance), n’a pas
dépassé 12 EMO sur les 25 inscrits, alors que les autorisations de programmes
y afférentes ont été multipliées par plus de six (06) fois, passant de 1,850 à 11,462
Mrds de DA.

Par ailleurs, l’examen des conditions d’exploitation des infrastructures réalisées,


sous forme de centres agricoles, par l’Office national des travaux éducatifs et de
l’apprentissage (ONTEA), fait ressortir une faible utilisation des capacités d’accueil
de ces établissements, dont le taux d’occupation enregistré dans les 11 établissements
fonctionnels, pour la période 2015 à 2022, oscille entre 14,25 et 24,23%, d’une part
et le transfert de nombreux EMO en établissements fermés, d’autre part.

En outre, l’exploitation des centres agricoles rattachés à ces établissements n’est pas
toujours assurée avec rigueur, en l’absence d’une organisation et de procédures
adaptées à ces derniers, d’un cahier des charges déterminant les obligations de
l’ONTEA à l’égard de l’administration pénitentiaire et d’un encadrement technique
suffisant notamment en matière d’activités agricoles.

83
Consécutivement aux recommandations de la commission nationale de la réforme de la
justice, émises en 1999, et aux orientations des pouvoirs publics pour l’édification d’une
justice équitable et respectueuse des droits humains, le ministère de la justice a engagé
une série d’actions portant notamment sur la modernisation du fonctionnement des
juridictions, l’appui institutionnel et le renforcement des capacités humaines des
différentes structures du secteur.

Le renforcement et la modernisation de l’arsenal pénitentiaire, un des volets prioritaires


de ces actions de réforme, vise à renforcer les mesures d'humanisation des conditions
carcérales et promouvoir les mécanismes de réinsertion des détenus dans la vie sociale.

Ainsi, le travail des détenus contribue à assurer une meilleure gestion de la détention à
travers notamment la réduction des effets néfastes de l’incarcération et l’amélioration
de la sociabilité des détenus. Cette démarche est considérée comme l’une des pratiques
les plus efficaces de lutte contre la criminalité et le phénomène de récidive.

La loi n°05-04 du 06 février 2005 portant code de l'organisation pénitentiaire et de la


réinsertion sociale des détenus, complétée par la loi n°18-01 du 30 janvier 2018, permet
aux détenus de travailler à l’extérieur de la prison dans le cadre des peines alternatives
à l’emprisonnement fermé. Le travail carcéral à l’extérieur prend les formes suivantes :

- Les chantiers extérieurs : ce régime consiste en l’emploi des condamnés définitifs,


en équipes, sous surveillance pénitentiaire, en dehors de l’établissement, à des travaux
effectués pour le compte d'institutions et d'établissements publics ou d'entreprises
privées concourant à la réalisation de travaux d'utilité publique.

- La semi-liberté : ce régime consiste à placer individuellement des condamnés


définitifs à l'extérieur de d'établissement pénitentiaire, en vue d’accomplir un travail, de
suivre des cours d’enseignement général ou technique, ou de suivre des études
supérieures ou une formation professionnelle, sans surveillance ou contrôle continu. Ils
réintègrent l'établissement pénitentiaire chaque soir.

- Les établissements de milieu ouvert (EMO) : prennent la forme de centres agricoles,


industriels, artisanaux, de prestations de services ou d'intérêt général, caractérisés par le
travail et l’hébergement des camdanés sur site.

Dans ce cadre, un programme d’équipement portant sur la réalisation, la réhabilitation


et l’équipement des établissements de milieu ouvert a été conçu par la direction générale
de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR), relevant du ministère de
la justice. Ce programme a été inscrit à l’indicatif de la DGAPR (programme sectoriel
centralisé) et des Walis (programme sectoriel déconcentré).

84
Au titre de son programme de contrôle pour l’année 2021, la Cour des comptes a mené
une opération de contrôle ayant pour objet l’examen des conditions de programmation
et d’exécution des opérations d’équipement y afférentes ainsi que l’appréciation du
degré d’atteinte des objectifs assignés à ces opérations.

Les investigations entreprises, dans une première phase, auprès des services centraux de
la DGAPR, ont été étendues à l’Office national des travaux éducatifs et de
l’apprentissage (ONTEA), chargé de l’exploitation des terres agricoles rattachées à ces
établissements. Par ailleurs, des déplacements ont été effectués au niveau des EMO de
Sidi Abdelmoumene (Mascara), Boukaabene (Batna), Stitten (El Bayadh), Mtarfa et
Ouled Mansour (M’Sila) à l’effet d’apprécier l’état d’exécution des projets et les
conditions d’exploitation des terres agricoles.

Les résultats du contrôle, couvrant les exercices 2021 et antérieurs, ont permis de mettre
en exergue des insuffisances dans la programmation et le suivi des projets y afférents,
ainsi qu’une sous-utilisation des établissements réalisés.

1. Mise en œuvre du programme de réalisation des établissements de


milieu ouvert

Les établissements de milieu ouvert sont prévus par la loi n°05-04, précitée, en ses
articles 109 à 111, en tant que moyen de réinsertion en dehors du milieu fermé qui est
caractérisé par une discipline imposée, une présence et une surveillance constante des
personnes qui s’y trouvent détenus.

Actuellement, l’administration pénitentiaire dispose de onze (11) établissements de


milieu ouvert1 sous forme de centres agricoles, d’une capacité théorique globale de
2 200 places, représentant 6,43% du parc carcéral. D’une superficie de 298,7 hectares,
ces établissements ont employé 3 800 détenus durant la période allant de 2017 à 2022.

Ils abritent les structures suivantes : les aires de détention, espace de soutien, espace de
rééducation, espace d’accueil visiteurs, administration, célibatorium, locaux techniques,
magasins de stockage, bloc parloir ainsi que des terres agricoles annexes permettant aux
détenus d’exercer différentes activités culturales (plantation arboricole, maraichage,
élevage avicole, pépinières, apiculture, élevage ovin, aquaculture, etc.).

1
Répartis comme suit : (4) dans le nord, (5) dans les hauts plateaux, (1) dans le sud et (1) dans le grand sud .

85
1.1. Consistance du programme d’équipement portant réalisation et
réhabilitation des établissements de milieu ouvert (EMO)

Le programme d’équipement dédié aux établissements de milieu ouvert englobe 25


projets de réalisation de nouveaux établissements inscrits au titre des programmes
sectoriels déconcentrés et d’autres projets, à gestion centralisée, relatifs à la
réhabilitation d’anciens EMO et à l’équipement des établissements nouvellement
réceptionnés.

Les objectifs recherchés à travers la réalisation de ces établissements consistent,


principalement, à préparer et faciliter l’insertion des détenus, se trouvant en fin de
période de condamnation, dans la vie sociale et contribuer à atténuer le phénomène de
surpopulation des établissements pénitentiaires du milieu fermé.

- Au titre du programme sectoriel déconcentré (PSD)

Au titre du programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC), couvrant la


période 2005-2009, vingt-une (21) opérations d’équipement portant sur la réalisation de
25 établissements de milieu ouvert d’une capacité d’accueil de 200 places chacun,
répartis comme suit : (10) dans le nord, (09) dans les hauts plateaux, (05) dans le sud et
(01) dans le grand sud.

Ces opérations ont été inscrites à l’indicatif des walis dans le cadre des programmes
sectoriels déconcentrés (PSD)1 et leur gestion est déléguée aux directions des
équipements publics (17), aux directions de l’urbanisme et de la construction (06) et aux
directions de l’administration locale (02).

Le montant cumulé des autorisations de programme (AP), au 31 décembre 2022,


s’élevant à 11,462 Mrds de DA, est réparti comme suit :

1
Ces opérations sont gérées par les Walis en leur qualité d’ordonnateurs uniques conformément à l’article 25 de
la loi n°90-21 du 21 août 1990 relative à la comptabilité publique, modifiée et complétée.

86
Unité : Milliers de DA
Année Autorisation de programme
N° Projet d’équipement
d’inscription AP initiale AP définitif
01 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Tlilene - Adrar 2006 74 000 570 000
Réalisation de deux établissements de milieu ouvert à Oum El
02 2006 148 000 845 000
Bouaghi Ain Mlila
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Boukaabene -
03 2006 74 000 394 000
Batna
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert A Mechraa Houari
04 2006 74 000 580 000
Boumedienne - Bechar
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Sebdou -
05 2006 74 000 428 000
Tlemcen
Réalisation de deux établissements de milieu ouvert à Beninili et
06 2006 148 000 460 000
Maalba - Djelfa
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Ain Lahdjar -
07 2006 74 000 618 000
Saida
Réalisation de deux établissements de milieu ouvert à Selatna et
08 2006 148 000 1 367 000
Sidi Abdelmoumene - Mascara
09 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à El Menia 2006 74 000 230 000
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à LOTAYA -
10 2007 74 000 492 000
Biskra
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Beni Slimane -
11 2007 74 000 660 000
Medea
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Hassi
12 2007 74 000 518 330
Benabdellah - Ouargla
13 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à El Bayadh 2007 74 000 350 000
14 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à El Taref 2007 74 000 350 000
15 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Relizane 2007 74 000 594 250
Réalisation de deux établissements de milieu ouvert à Bensouna et
16 2008 148 000 976 510
Oued Foda - Chlef
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Benaser
17 2008 74 000 375 000
Benchohra – Laghouat
18 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Tiaret 2008 74 000 540 000
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Bendjrah -
19 2009 74 000 168 885
Guelma
20 Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Metarfa - M’Sila 2009 74 000 440 000
Réalisation d’un établissement de milieu ouvert à Ouled Mansour -
21 2009 74 000 505 000
M’Sila

Total 1 850 000 11 461 975

Source : Situations et bilans de la DGAPR

- Au titre du programme d’équipement sectoriel centralisé (PSC)

Parallèlement à la réalisation de nouvelles infrastructures, des actions de réhabilitation


de trois (03) anciens établissements de milieux ouvert, à savoir : les EMO de
Misserghine (wilaya d’Oran), Medjebara (wilaya de Djelfa) et Stiten (wilaya d’El
Bayadh) ont été entreprises au courant de l’année 2008. Les travaux y afférents ont été
pris en charge par la société nationale des hydrocarbures « Sonatrach », suite à la
conclusion d’une convention de coopération entre le ministre de la justice et celui de
l’énergie et des mines en juin 2007, et qui consistent en la réalisation de neuf (09)
infrastructures préfabriquées pour les trois établissements.

87
Toutefois, suite à l’abondont des travaux par Sonatrach et faute d’une détermination
précise de la consistance physique des travaux de réhabilitation imputables à chacun des
établissements, le ministère de la justice (DGAPR) a été amené à prendre en charge le
reste à réaliser sur le programme sectoriel centralisé.

Ainsi, la DGAPR a procédé à la restructuration, en 2006, d’une opération d’équipement


inscrite à son indicatif en 2004, intitulée « Aménagement et équipement de trois
chantiers extérieurs », d’une autorisation de programme de 150 millions de DA,
réévaluée en 2010 à 213 millions de DA (+ 42 %).

En outre, le PSC a été mis à contribution pour prendre en charge la dotation en


équipements des établissements de milieu ouvert réalisés. Les dotations y afférentes
renfermant, entre autres, des équipements collectifs, médicaux, de sécurité, matériel de
literie ainsi que le mobilier de bureau, s’élèvent à 15 283 927 DA1, pour chaque EMO.

Il convient de préciser que la DGAPR a bénéficié, dans le cadre du programme de


consolidation de la croissance économique (PCCE) de cinq (05) opérations
d’équipement, d’une AP globale initiale de 3,200 Mrds de DA, réévaluée à 3,706 Mrds
de DA (+15,81%), destinées à l’équipement de tous les établissements pénitentiaires
nouvellement réceptionnés, y compris ceux du milieu ouvert.

1. 2. Programmation et inscription des projets

Conformément aux dispositions de l’article 2 du décret exécutif n°04-393 du


4 décembre 2004, portant organisation de la direction générale de l’administration
pénitentiaire et de la réinsertion, cette dernière est chargée de pourvoir les services
centraux et les services extérieurs de l’administration pénitentiaire en infrastructures et
en moyens financiers et matériels nécessaires à leur fonctionnement.

Les investigations effectuées ont mis en exergue que la phase de maturation des projets
d’équipement qui consiste à réunir les meilleures conditions de leur inscription au
budget d’équipement, n’a pas requis toute l’attention voulue.

Ceci n’a pas été sans conséquences sur les conditions d’exécution et la conduite des
projets d’équipement, ainsi que sur la mise en exploitation des infrastructures réalisées.

1
Selon l’envoi de la DGAPR n°285 du 16 février 2023.

88
- Défaut de diagnostic pour la détermination des besoins en établissements de
milieu ouvert

Avant 2006, le parc carcéral comptait onze (11) établissements de milieu ouvert, répartis
à travers sept (07) wilayas, mais qui ont cessé d’être opérationnels durant les années
quatre-vingt-dix. Néanmoins, la DGAPR n’a pas pris le soin d’établir, au préalable, un
diagnostic sur la situation de ces anciens établissements avant la conception et le
lancement du programme d’équipement relatif à la réalisation des nouveaux
établissements de milieu ouvert.

Il convient de citer, à titre d’exemple, l’établissement de milieu ouvert situé à


Chahbounia, dans la wilaya de Médéa, d’une superficie de 1 000 hectares, dont les
travaux de réalisation ont été lancés en 1990, mais interrompus par la suite et ce en dépit
de l’exécution de travaux relatifs à la réalisation d’un bâti de deux étages sur une
superficie de 7 000 m2.

Dans la wilaya d’El Bayadh, il a été prévu la réalisation d’un établissement de milieu
ouvert de 200 places dans la commune d’El Bayadh, au lieu-dit « El Haoudh » pour une
AP de 350 millions de DA, alors que dans un périmètre de 20 km, existait déjà un autre
EMO, en l’occurrence celui de Stiten d’une superficie d’un (01) hectare qui aurait pu
faire l’objet d’extension et de réhabilitation.

Ce n’est qu’en 2010, que l’administration pénitentiaire a engagé des travaux


d’aménagement et d’équipement de cet établissement par le biais d’une opération du
programme d’équipement centralisé ayant fait l’objet de restructuration, alors que
l’opération relative à la réalisation du nouvel établissement de 200 places a été annulée
en mars 2014.

Il y a lieu de noter qu’une commission ministérielle, incluant l’ONTEA, sera installée


prochainement à l’effet de statuer sur la possibilité d’exploiter les EMO réalisés avant
20061.

- Inscription des projets d’équipement en l’absence d’assiettes foncières

La Cour a relevé que l’inscription des opérations d’équipement n’a pas toujours obéi
aux dispositions du décret exécutif n°98-227 du 13 juillet 1998, modifié et complété,
relatif aux dépenses d’équipement de l’Etat. Cette observation est étayée par le cas
d’annulation de cinq (05) opérations d’équipement portant réalisation des établissements

1
Envoi de la DGAPR n°11681/2022 du 08 décembre 2022, en réponse au questionnaire adressé par la Cour des
comptes en date du 05 décembre 2022.

89
de milieu ouvert d’Oued El Foda (Chlef), Sebdou (Tlemcen), Maalba et Béni Nili
(Djelfa), El Bayadh et El Taref pour une AP globale de 2,245 Mrds de DA, faute de
disponibilité d’assiettes foncières devant recevoir l’implantation des projets y afférents.
De plus, les opérations annulées ont fait l’objet de réévaluation de leurs AP pour un
montant de plus 1,208 Mrd de DA.

Cette anomalie, signalée à plusieurs reprises par la DAGPR dans les états de suivi de
l’exécution des opérations d’équipement1, est également contraire à l’instruction du
Premier ministre n°002 du 22 juin 2010 relative à la rationalisation de la gestion du
programme public d’investissement, suivant laquelle «aucun projet d’équipement
public de l’État, centralisé ou déconcentré, ne peut faire l’objet d’une inscription en
réalisation qu’une fois l’assiette foncière requise pour son édification est identifiée et
dégagée et les études d’exécution le concernant sont finalisées, réceptionnées et
validées ».

- Annulation d’opérations d’équipement pour la réévaluation d’autres opérations


relevant du programme de réalisation des établissements de milieu fermé

La DGAPR a procédé à l’annulation de quatre (04) opérations d’équipement inscrites


entre 2006 et 2008, relatives à la réalisation de cinq (05) établissements de milieu ouvert
pour une autorisation de programme globale de plus de 1,588 Mrd de DA, soit 13,85 %
de l’AP globale des opérations inscrites.

De plus, ces opérations ont été annulées plusieurs années après leur inscription, soit
après une consommation de crédits d’un montant de 52,600 millions de DA représentant
les frais des études engagées et les frais de publicité. Les soldes dégagés de ces AP, soit
1,535 Mrd de DA, ont fait l’objet de transfert, entre 2012 et 2015, pour réévaluer
d’autres opérations se rapportant aux établissements de milieu fermé, comme retracé au
tableau suivant :

1
Envoi de la DGAPR n° 4768/2021 du 23 décembre 2021 adressé à la Cour des comptes.

90
Unité : DA
Établissement
Projet Date du transfert AP Consommation Mt transferé bénéficiaire de la
réévaluation
Etablissement
EMO El Taref 21 novembre 2012 350 000 000 36 800 000 313 200 000 pénitentiaire 500
places Relizane
Etablissement
EMO El Bayadh 23 mars 2014 350 000 000 00 350 000 000 pénitentiaire 2000
places Koléa Tipaza
Établissement
EMO Béni Nili et
09 juillet 2014 460 000 000 10 800 000 449 200 000 pénitentiaire 500
Maalba–Djelfa
places El Eulma Setif
Etablissement
EMO Sebdou– pénitentiaire 1000
23 décembre 2015 428 000 000 5 000 000 423 000 000
Tlemcen places Ain Feza -
Tlemcen
Total 1 588 000 000 52 600 000 1 535 400 000

1.3. Situation des réalisations des établissements de milieu ouvert

Au 31 décembre 2022, la situation des réalisations de l’ensemble du programme


d’équipement des 25 EMO inscrits se présente comme suit :

- Douze (12) projets d’établissements de milieu ouvert réceptionnés, pour un montant


de 6,095 Mrds de DA ;
- Cinq (5) projets en cours de réalisation, avec une AP consommée à raison de
2,890 Mrds de DA ;
- Cinq (05) projets définitivement annulés pour une AP globale de 1,588 Mrd de DA ;
- Deux (02) projets gelés avec une AP globale de 0,399 Mrds de DA ;
- Un (01) projet en cours d’annulation d’une AP de 0, 489 Mrds de DA.

Le tableau suivant retrace la situation d’exécution de l’ensemble des établissements de


milieu ouvert :

91
Unité : milliers de DA
AP
N° Année Situation physique
PROJETS D’EQUIPEMENT d’inscription
AP globale consommations
01 TLILENE - ADRAR 2006 570 000 547 858 Réceptionné en 2017
02 OUM EL BOUAGHI Réceptionné en 2014
2006 845 000 817 924 Réceptionné et transférée en
03 AIN MLILA établissement de prévention en 2014
04 BOUKAABENE - BATNA 2006 394 000 389 877 Réceptionné en 2011
05 MECHRAA - BECHAR 2006 580 000 436 502 En cours de réalisation
06 SEBDOU - TLEMCEN 2006 428 000 5 000 Annulée
07 BENINILI - DJELFA
2006 460 000 10 800 Annulées
08 MAALBA - DJELFA
09 AIN LAHDJAR - SAIDA 2006 618 000 612 497 En cours de réalisation
10 SELATNA - MASCARA Réceptionné en 2015
2006 1 367 000 1 279 207
11 SIDI ABDELMOUMENE- MASCARA Réceptionné en 2015
transféré en gestion centralisée en
12 EL MENIA 2006 230 000 17 000 juillet 2013, non individualisée et
gelée
13 LOTAYA - BISKRA 2007 492 000 420 621 En cours de réalisation
14 BENI SLIMANE - MEDEA 2007 660 000 523 255 En cours de réalisation
15 HASSI BENABDELLAH OUARGLA 2007 518 330 486 834 Réceptionné et transférée en 2017
16 EL BAYADH 2007 350 000 00 Annulée
17 EL TAREF 350 000 36 800 Annulée
18 RELIZANE 2007 594 250 594 250 Réceptionné et transférée en
établissement de prévention en 2014
19 BENSOUNA - CHLEF 487 343 Réceptionnée et transférée en 2017
2008 976 510
20 OUED FODA - CHLEF 982 Non lancé et en cours d’annulation

21 BENASER BENCHOHRA - 2008 375 000 334 931 Réceptionné en 2015


LAGHOUAT
22 TIARET 2008 540 000 477 134 En cours de réalisation
23 BENDJRAH - GUELMA 2009 168 885 3 354 Projet gelé
24 METARFA - M’SILA 440 000 424 003 Réceptionné en 2015
2009
25 OULED MANSOUR - M’SILA 505 000 475 520 Réceptionné en 2015
Total 11 461 975 8 381 690

Source : Tableau reconstitué à partir des informations fournies par la DGAPR

En dépit de leur achèvement physique et financier, la majorité des opérations


d’équipement relatives à la réalisation des établissements de milieu ouvert, n’ont pas
fait l’objet de clôture et continuent toujours à figurer dans la nomenclature des budgets
d’équipement des services déconcentrés de l’Etat. Cette situation, contraire à l’article 26
du décret exécutif n°98-227, cité précédemment, ainsi qu’à l’instruction n°004 du
1er mars 2016 du ministère des Finances, relative à l’assainissement des opérations
d’équipement, concerne sept (07) opérations pour une AP globale de 5,222 Mrds de DA,
portant sur neuf (09) établissements réalisés et mis en exploitation depuis plus de 06 ans.

En effet, seules trois (03) sur les dix (10) opérations achevées ont été clôturées, en
l’occurrence les opérations relatives aux établissements de milieu ouvert de Boukaabene
- Batna (février 2016), Relizane (octobre 2019) et Laghouat (mai 2021).

92
L’importance des reliquats dégagés, pour un montant global de 702,169 millions de DA,
a amené la DGAPR à solliciter la direction des équipements publics de la wilaya de
M’Sila, en octobre 2016, à l’effet de réaliser des travaux supplémentaires au niveau des
établissements de Metarfa et Ouled Mansour, qui consistent en la réalisation de deux
(02) bassins d’eaux d’une capacité de 50 m3, un hangar, des aménagements au niveau
de l’espace de détention ainsi que le raccordement au réseau électrique, alors que la
réception définitive des deux projets a été prononcée en 2015.

1.3.1. Transfert des établissements de milieu ouvert en établissements


pénitentiaires de prévention (milieu fermé)

Parmi les douze (12) projets d’établissements de milieu ouvert réceptionnés, quatre (04)
établissements ont fait l’objet de transfert en établissements de milieu fermé, suivant des
décisions d’affectation du ministre de la justice, garde des sceaux, tel qu’il ressort du
tableau suivant :

Décision d’affectation en Décision de transfert en


Superficie y compris
Etablissements établissement du milieu établissement de
terrain agricole (H)
ouvert prévention
Ain M’Lila -Oum el Bouaghi N° 01 du 13 janvier 2014 N° 37 du 31 mars 2014 10,5
Bensouna -Chlef N° 04 du 13 janvier 2014 N° 05 du 28 janvier 2017 13,47
Relizane N° 08 du 13 janvier 2014 N° 36 du 31 mars 2014 6
Hassi Benabdellah-Ouargla N° 11 du 13 janvier 2014 N° 04 du 28 janvier 2017 40,09
Total 70,06
Source : La DGAPR

Si le transfert de ces établissements a permis d’atténuer le problème épineux de la


surpopulation carcérale au sein des établissements pénitentiaires de milieu fermé, il n’en
demeure pas moins que cette mesure a entravé l’atteinte des objectifs tracés en matière
de réinsertion sociale des détenus dans le cadre du travail carcéral en milieu ouvert à
travers le programme d’équipement conçu par le secteur de la justice (2005-2009). Par
ailleurs, les transferts opérés ne cadrent pas avec les caractéristiques techniques et le
dispositif de sécurité appliqués pour les établissements du milieu fermé.

Bien plus, certains établissements de milieu ouvert réalisés ont été mis en exploitation
en tant qu’établissements pénitentiaires de milieu fermé avant même que la réception
provisoire des travaux ne soit prononcée. C’est le cas de l’établissement de Bensouna
(Chlef), dont le transfert a été opéré le 28 janvier 2017, alors que la réception provisoire
des travaux n’a été prononcée que le 21 juillet 2019.

93
1.3.2. Retard dans le lancement et l’achèvement des projets d’équipement

Un nombre important de projets de réalisation des établissements de milieu ouvert


accusent des retards considérables dans leur exécution, aux conséquences non
négligeables sur les coûts de leur réalisation et, par la même, sur l’atteinte des objectifs
assignés aux différents programmes de réinsertion des détenus. Ainsi, les délais fixés
initialement dans les décisions d’inscription et qui s’étendent entre 12 et 24 mois, sont
largement dépassés pour atteindre, parfois, plus de 15 ans. Ceci conduit à s'interroger
sur les mesures prises pour la clôture de ces opérations dans le cadre de l’assainissement
de la nomenclature d’investissement public ou leur transfert.

Au 31 décembre 2022, le programme d’équipement relatif à la réalisation des EMO est


toujours en cours d’exécution, alors qu’il devrait être achevé, au plus tard, au 4 ème
trimestre 2010. Ainsi, plus de la moitié des EMO prévus à la réception en 2008, soit un
nombre de 13 établissements d’une capacité d’accueil globale de 2 600 places, ne sont
pas encore achevés à fin 2022.

Ce retard est dû notamment, à la faible maturation des opérations d’équipement, au


manque de suivi de leur réalisation sur le terrain, par les services de la DGAPR et aux
conditions de réalisation des projets par les services déconcentrés de l’Etat.

Le tableau, ci-après, reprend la situation des retards enregistrés, à fin 2022, dans la mise
en œuvre de certains projets d’établissements de milieu ouvert :

Date prévue
Projets Date d’inscription Date de lancement retards
d’achèvement

Ain Lahdjar - Saida 07 février 2006 2007 03 octobre 2007 15 ans


Houari Boumediene -
14 novembre 2006 2008 09 juin 2011 14 ans
Béchar
Beni Slimane - Médéa 24 juillet 2007 2008 02 septembre 2012 14 ans
Tiaret 09 février 2008 2008 18 juillet 2011 14 ans

Lotaya - Biskra 23 juin 2008 2009 25 mars 2009 13 ans

Les cas ci-après illustrent les insuffisances qui caractérisent les conditions de mise en
œuvre des projets des établissements de milieu ouvert :

- Retard dans la réalisation de l’EMO de Ménia, considéré comme un établissement


pilote

Dans le cadre du nouveau régime global de l’exécution des peines privatives de liberté
à travers la mise en valeur des terres agricoles dans le Sud, un projet de réalisation d’un

94
établissement de milieu ouvert pilote1 a été inscrit à l’indicatif de la wilaya de Ghardaïa,
pour une AP initiale de 74 millions de DA, réévaluée à 230 millions de DA (+ 210%).
Faute de son exécution dans les délais par les services déconcentrés, la DGPAR a décidé,
en juillet 2013, de transférer la gestion de cette opération à l’indicatif du programme
d’équipement sectoriel centralisé.

Cette opération dont l’AP a été consommée à hauteur de 17 millions de DA, représentant
les frais d’études et de publicité a été, toutefois, gelée suite à l’instruction du Premier
ministre n°149 du 16 juin 2015, portant gel de tous les projets non lancés, du fait qu’elle
n’a pas fait l’objet d’une individualisation et de lancement par les services de la DGAPR.

- Le projet de l’EMO de Stiten, lancé depuis plus de 12 ans, en état d’abandon

L’établissement de milieu ouvert de Stiten (El Bayadh) est une ancienne infrastructure,
héritée de la période coloniale qui a cessé de fonctionner depuis 1994 pour des
considérations de sécurité.

En avril 2009, des travaux de démolition de l’ancienne bâtisse afin de construire une
nouvelle ont été engagés par la société SONATRACH qui a installé également trois (03)
infrastructures en préfabriqué destinées aux détenus. En raison de son état d’abandon,
la DGAPR a engagé, en 2015 au titre du programme centralisé, des travaux portant sur
la réalisation d’un parloir, d’une salle de cours, d’un atelier, d’un hangar, d’un
célibatorium et d’un réfectoire (cantine).

Les investigations effectuées, sur place, ont permis de constater l’état de dégradation
avancé des infrastructures et la présence d’engins agricoles et de matériel roulant non
fonctionnels. De même, les terres agricoles affectées au projet ne sont pas également
exploitées par l’ONTEA.

Pareillement à l’existence de cet ancien établissement, il a été procédé à l’inscription,


en 2006, d’une opération d’équipement à l’indicatif de la wilaya d’El Bayadh portant
« réalisation d’un établissement de milieu ouvert » pour une AP initiale de 74 millions
de DA, réévaluée à 350 millions de DA, le projet prévu n’a connu aucun début
d’exécution des travaux.

En conséquence, cette opération a été gelée et a vu son AP transférée en totalité, afin de


réévaluer une autre opération d’équipement à gestion centralisée, portant sur la
réalisation d’un établissement pénitentiaire de milieu fermé de 2 000 places à Koléa,
dans la wilaya de Tipaza.

1
Envoi du ministère de la justice au ministère des finances n° 135 du 13 mars 2013.

95
- L’établissement de milieu ouvert de Sidi Abdelmoumen réceptionné et non mis
en exploitation

L’établissement de milieu ouvert de Sidi Abdelmoumene (Mascara), réceptionné


provisoirement en octobre 2017 et définitivement en février 2022 et dont le directeur a
été désigné depuis juin 2015, n’est pas encore mis en exploitation.

Cette situation est due au fait que la réception définitive de l’établissement, par la
direction des équipements publics de la wilaya de Mascara, n’ait pas été précédée d’une
levée des réserves émises lors de la réception provisoire ayant trait, notamment, au
fonctionnement du chauffage central, aux défauts de l’étanchéité, goudronnage, absence
des équipements de l’infirmerie et le dispositif de sécurité. Ces réserves ont été d’ailleurs
signalées par l’inspection générale des services pénitentiaires dans ses rapports
d’inspections effectuées en septembre 2021 et février 2022 qui précisent que les
infrastructures réalisées demeurent, à cet effet, toujours, sous la responsabilité du maitre
de l’ouvrage.

Pair ailleurs, faute d’engager des travaux de clôture pour la protection et la conservation
des terres agricoles affectées à cet établissement, d’une superficie de 54,83 hectares, des
cas d’empiètement par des tierces personnes sur une partie importante sur ces terres ont
été relevés sur place.

1.3.3. Réévaluations récurrentes des projets d’équipement

Les autorisations de programme dégagées initialement pour ces opérations ont subi des
modifications importantes et récurrentes intervenues au cours de la phase de réalisation
des projets et parfois même avant le lancement des travaux d’exécution.

Cette entorse aux dispositions de l’article 17 du décret exécutif n°98-227 précité est due,
en partie, à la sous-estimation par l’administration pénitentiaire du coût de réalisation
des projets, fixé dans les décisions d’inscription à 74 000 000 DA1. Ce montant a été
arrêté sur la base d’une étude d’un établissement de milieu ouvert type de 200 places,
réalisée à l’issue d’une consultation restreinte à l’attention des bureaux d’études.

En effet, le montant global initial des AP destiné à la réalisation des 25 établissements


de milieu ouvert est passé de 1,850 Mrd de DA à 11,462 Mrds de DA, soit une
augmentation de 9,612 Mrds de DA, représentant un accroissement de 519 %. Le tableau
ci-après, arrêté au 31 décembre 2022, illustre la situation des projets ayant connu des

1
Ce coût n’inclut pas l’équipement des EMO, pris en charge sur d’autres opérations d’équipement.

96
réévaluations considérables, dont certains ont enregistré jusqu’à six (6) réévaluations
entre 2008 et 2022, à l’exemple des projets de réalisation des EMO de Sidi
Abdelmoumene (Mascara), Hassi Ben Abdellah (Ouargla) et Relizane, figurant au
tableau suivant :

AP (milliers de DA)
Année
N° Opération d’équipement d’inscription AP AP
évolution %
initiale globale
01 Réalisation d’un EMO à TLILANE ADRAR 2006 74 000 570 000 496 000 670,27
Réalisation d’un EMO à HOUARI BOUMEDIENE
02 2006 74 000 580 000 506 000 683,78
BECHAR
03 Réalisation d’un EMO à AIN LAHDJAR SAIDA 2006 74 000 618 000 544 000 735,13
04 Réalisation d’un EMO à BENI SLIMANE MEDEA 2007 74 000 660 000 586 000 791,89
Réalisation d’un EMO à HASSI BENABDELLAH
05 2007 74 000 518 330 444 330 600,44
OUARGLA
06 Réalisation d’un EMO à RELIZANE 2007 74 000 594 250 520 250 703,04
07 Réalisation d’un EMO à TIARET 2008 74 000 540 000 466 000 629,72

2. Conditions d’exploitation des établissements de milieu ouvert

L’établissement public de l’emploi de la main d’œuvre carcérale, dénommé : Office


national des travaux éducatifs et de l’apprentissage « ONTEA » est un outil de soutien
de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, favorisant la réalisation des
objectifs de la réinsertion sociale des détenus, fixés par la loi n°05-04, sus visée.

Cet établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) est chargé,


principalement, de la formation et de l’emploi des détenus, l’acquisition des
équipements nécessaires pour les ateliers, l’encadrement technique des ateliers de
formation et de production, des chantiers agricoles et des établissements de milieu
ouvert. A ce titre, il est chargé d’assurer l’encadrement et l’exploitation des terres
agricoles affectées aux EMO, conformément à un cahier de charges dont le modèle est
annexé au décret exécutif n°13-259 du 07 juillet 2013, fixant les missions, l’organisation
et le fonctionnement de l’établissement public de l’emploi de la main d’œuvre carcérale.

2.1. Absence d’établissement d’un cahier des charges entre la DGAPR


et l’ONTEA

L’examen des conditions d’encadrement et d’exploitation de ces établissements par


l’ONTEA a permis de relever l’absence d’une mise en œuvre du cadre contractuel
déterminant les responsabilités et les obligations de ce dernier à l’égard de
l’administration pénitentiaire, représentée par la DGAPR, tel que prévu par l’article 4

97
du décret exécutif n°13-259 du 07 juillet 2013, précité, et 3 du cahier des charges de
sujétions de service public y annexé.

En conséquence, les relations entre la DGAPR et cet office sont, parfois, caractérisées
par des chevauchements et des interférences particulièrement, en matière
d’approvisionnement de ces établissements en intrants et matériels agricoles et de
conduite des activités culturales. En effet, les services de la DGAPR, en charge de
l’ordonnancement des crédits du chapitre 37-34 « Dépenses de fonctionnement des
établissements pénitentiaires en milieu ouvert », dont les consommations pour la période
2015 à 2021 ont atteint 130,917 millions de DA, n’associent pas toujours l’ONTEA dans
la détermination des besoins nécessaires en matière d’exploitation des terres agricoles.

Par ailleurs, il a été constaté, à titre d’illustration, que l’EMO de Selatena (wilaya de
Mascara) a procédé à la plantation de 250 grenadiers et 90 oliviers, après accord de la
sous-direction de la formation et de l'emploi des détenus de la DGAPR, sans
concertation avec l'ONTEA qui a sollicité l’annulation de cette action en raison de son
coût jugé élevé par rapport à ses revenus minimes.

2.2. Une organisation des établissements de milieu ouvert à mettre en place

Les modalités d'organisation et de fonctionnement des établissements pénitentiaires,


qu’ils soient de milieu fermé ou de milieu ouvert, sont fixées par voie réglementaire
conformément à l’article 25 de la loi n°05-04 du 06 février 2005, suscitée.

Le décret exécutif n°06-109 du 8 mars 2006, fixant les modalités d'organisation et de


fonctionnement de l'établissement pénitentiaire a précisé l’organisation de tous les types
d’établissements de milieu fermé, à savoir les établissements de réadaptation, de
rééducation, et de prévention ainsi que les centres spécialisés pour femmes et pour
mineurs, à l’exception des établissements de milieu ouvert.

Aussi, les établissements de milieu ouvert, actuellement opérationnels, ne disposent pas


d’un greffe judiciaire et d’un greffe de comptabilité qui se chargent respectivement du
suivi de la situation pénale des détenus et de la tenue et la gestion de leurs biens et
dépôts, et ce contrairement aux dispositions de l’article 27 de la même loi. En effet, la
dépendance administrative et financière de ces EMO aux établissements pénitentiaires
de réadaptation ou de rééducation (l’établissement ordonnateur), n’assure pas une
efficacité et une célérité dans la gestion des personnels, des moyens et du patrimoine.

98
Par ailleurs, l'établissement de milieu ouvert se caractérise par un régime basé sur une
discipline librement consentie sans recours aux méthodes de surveillance habituelle et
sur le sentiment de responsabilité du condamné à l'égard de la communauté dans laquelle
il vit1. Une telle spécificité exige que ces établissements soient dotés d’un règlement
intérieur propre fixant les règles et les modalités de leur fonctionnement et ce
conformément à l’article 32 de la même loi. Cependant, à fin 2022, l’arrêté fixant le
règlement intérieur des établissements de milieu ouvert n’est pas encore établi et publié.

2.3. Faible occupation des capacités d’accueil des EMO

Le détenu qui remplit les conditions de placement dans le régime des chantiers extérieurs
est placé en milieu ouvert sur la base d'une décision rendue par le juge de l'application
des peines après avis de la commission d'application des peines, créée en vertu de
l'article 24 de loi n°05-04 du 06 février 2005, suscitée.

Les données présentées par la DGAPR sur la situation d’emploi des détenus au sein des
établissements de milieu ouvert font apparaitre une sous-utilisation des capacités
d’accueil de ces établissements, non sans conséquence sur l’atteinte des objectifs
recherchés à travers l’emploi de la main d’œuvre carcérale.

Ainsi, le taux d’occupation des capacités d’accueil enregistré dans les onze (11)
établissements fonctionnels, pour la période 2015 à 2022, oscille entre 14,25 et 24,23%.
Ce déficit de la main d’œuvre carcérale au niveau des EMO est souvent comblé par le
recours aux agents de rééducation pour assurer l’exercice des tâches agricoles et
l’entretien des plantations et des élevages, tel qu’il a été constaté lors d’un déplacement
sur site effectué par la Cour des comptes au niveau des établissements de M’tarfa et
d’Ouled Mansour à la wilaya de M’sila.

Le tableau, ci-après, reprend, à titre d’exemple, les établissements qui ont enregistré les
plus faibles taux d’occupation au courant de l’année 2022 :

1
Article 25 de la loi n°05-04 du 06 février 2005, précitée.

99
Capacité Main d’œuvre Taux d’occupation
Etablissement
d’accueil occupée (%)
Oum El Bouaghi 200 15 7,50
Mejebara - Djelfa 200 20 10
Ouled Mansour - M’sila 200 10 05
Metarfa - M’sila 200 10 05
Selatna - Mascara 200 15 7,50
Sidi Abdelmoumene 200 20 10
El Biod - Naama 200 20 10

2. 4. Placement des détenus au sein des EMO dans le cadre des mesures
d’équilibre

Pour atténuer le surpeuplement des établissements pénitentiaires fermés, la DGAPR a


eu recours, dans le cadre des mesures de l’équilibre, à l’utilisation des capacités non
exploitées des EMO pour le placement des détenus, alors que ces derniers ne répondent
pas aux exigences prévues par les articles 101 et 110 de la loi n°05-04 du 06 février
2005 suscitée, en matière de placement dans les chantiers extérieurs et les EMO. Cet
état de fait est également contraire aux prescriptions de l’instruction n°5569 du 26 juin
2021 de la DGAPR, relative au placement des détenus dans le régime du milieu ouvert,
les chantiers extérieurs et la semi-liberté qui soulignent que le recours aux
établissements de milieu ouvert pour faire face à la surpopulation carcérale se fait en
tenant compte de la séparation entre les détenus dans le cadre de l'équilibre et ceux
disposant de décisions de placement en milieu ouvert.

Les données recueillies auprès des services de la DGAPR font ressortir que le nombre
de détenus des établissements de milieu fermé présents au sein de certains EMO dépasse
largement celui des détenus ayant des décisions de placement. Ce constat est étayé par
les cas ci-après, se rapportant à l’année 2021 :

- A l’établissement de milieu ouvert d’Ouled Mansour (M’sila), le nombre des détenus


bénéficiaires de décisions de placement s’élève à 63 détenus, alors que celui de ceux
transférés dans le cadre des mesures d’équilibre était de 176 détenus ;
- Pour l’établissement de Boukaabene (Batna), le nombre des détenus placés en milieu
ouvert était de 67 pendant toute l’année 2021, alors que celui des autres détenus ne
bénéficiant pas de cette procédure s’élevait à 148 ;
- Dans l’établissement de Selatna (Mascara), il a été enregistré la présence de 164
détenus transférés à partir des établissements de milieu fermé contre 40 détenus
répondant aux conditions de placement.

100
2.5. Encadrement technique insuffisant des activités agricoles des
établissements de milieu ouvert

Conformément aux dispositions de l'article 3 du cahier des charges de sujétions de


service public, annexé au décret exécutif n°13-259 du 07 juillet 2013, suscité, l’ONTEA
est tenu d’assurer l’encadrement technique nécessaire pour les établissements de milieu
ouvert, notamment, en matière d’activité agricole.

L’examen des effectifs destinés à l’encadrement technique, au titre des années 2015 à
2021, fait ressortir un déficit marquant pour les ingénieurs et les techniciens agronomes,
chargés d'encadrer les détenus placés en milieu ouvert en matière de techniques
agricoles et de conduite culturale. En effet, pour les onze (11) établissements exploités,
durant la période considérée, le nombre d’ingénieurs agronomes affectés par l’ONTEA
s’élève à six (06), alors que celui des techniciens ne dépasse pas les quatre (04), ce qui
induit une couverture technique insuffisante des terres agricoles par rapport à
l’importance de leurs superficies.

Bien plus, les EMO de Laghouat, Medjebara (Djelfa), Selatna (Mascara) et Oum El-
Bouaghi sont dépourvus de tout encadrement technique, depuis leur mise en
exploitation.

2.6. Conservation et manipulation irrégulières des fonds générés de


l’exploitation des terres agricoles par l’ONTEA

En l’absence d’un greffe de comptabilité au sein des EMO, le recouvrement et le suivi


comptable des recettes provenant des activités agricoles et d’élevage des établissements
de milieu ouvert sont assurés, anormalement, par les agents de rééducation relevant de
l’administration pénitentiaire qui procèdent à la perception des revenus des récoltes pour
les verser ultérieurement aux comptes bancaires ou courants de l’ONTEA.

En effet, ces agents ne sont pas habilités à exécuter les opérations financières liées au
maniement des fonds et aux mouvements de comptes de disponibilités, du fait qu’ils
sont dépourvus de tout document administratif leur conférant cette qualité. Au-delà des
risques de déperdition, de vol ou de malversation en raison de l’absence de conditions
de conservation et de protection des deniers au sein des EMO, cette situation est
accentuée par l’absence de tenue de registres et documents comptables probants qui
retracent fidèlement les transactions, en dépenses et en recettes, liées à l’exploitation des
terres agricoles.

101
A titre d’illustration, les investigations effectuées sur place en juillet 2022 auprès de
l’établissement de Boukaabene, ont permis de constater que les recettes de vente des
produits agricoles, pour un montant global de 5 729 120 DA, perçues par deux agents
de rééducation, sont entreposées dans une simple armoire de bureau avant de faire
l’objet, par la suite, de versement au compte de l’ONTEA.

2.7. Retards dans le versement des rémunérations des détenus

Les conditions de rémunération des détenus placés en milieu ouvert sont précisées par
l’arrêté interministériel du 12 décembre 2005 des ministères de la justice et celui du
travail et de la sécurité sociale, fixant le barème de la rémunération accordée à la main
d’œuvre pénale. Cette rémunération, dont le montant varie de 20% à 60% du salaire
national minimum garanti, en fonction du degré de qualification du détenu placé, est
prise en charge par l’ONTEA.

L’examen des situations et documents comptables mis à la disposition de la Cour des


comptes a relevé que cette rémunération est versée avec des retards considérables, qui
peuvent aller parfois jusqu’à plusieurs années1.

En effet, le compte 4211 « Rémunérations des détenus », abritant les salaires devant
être versés aux détenus exerçant pour le compte de l’Office, affiche un solde de
9 715 953 DA en 2018, 7 360 801 DA en 2019, 2 175 628 DA en 2020 et 1 652 482 DA
en 2021.

Afin de remédier à cette situation, les services de la DGAPR ont saisi l’ONTEA par
envoi n°355/2022 du 22 mars 2022 en précisant les modalités pratiques susceptibles
d’assurer une célérité dans le règlement des rémunérations dues aux détenus.

2.8. Contraintes dans la commercialisation des récoltes par l’ONTEA

En dépit de l’effort consenti par les services de l’administration pénitentiaires pour


encadrer le processus de commercialisation, il n’en demeure pas moins que les
procédures et les circuits de commercialisation des récoltes provenant de l’exploitation
des terres agricoles et des élevages par l’ONTEA, en vigueur, ne sont pas uniformisés.
De plus, l’Office ne dispose pas de représentant au niveau des établissements de milieu
ouvert, d’où l’absence de coordination entre les deux parties.

1
Cf. Rapports adressés par les directeurs des établissements à la DGAPR (envoi de la sous-direction de la
formation et de l’emploi des détenus n°354/2022 du 22 mars 2022 adressé à l’ONTEA) et rapport du commissaire
des comptes de l’office pour l’exercice 2018.

102
Le tableau, ci-dessous, retrace l’évolution du chiffre d’affaires de l’Office, provenant de
l’exploitation des terres agricoles des établissements de milieu ouvert :
Unité : DA
Exercice 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Chiffre
9 216 434 20 347 359 13 519 970 7 778 951 20 941 074 30 832 373 31 155 741
d’affaires
Taux
d’évolution - 120,77 - 33,55 - 42,64 196,20 47,23 1,04
(%)
Source : Données de l’office national des travaux éducatifs et de l’apprentissage

Cette situation pose la difficulté d’estimation quantitative réelle des récoltes qui est
effectuée généralement par les agents des EMO, sans la présence des ingénieurs
agronomes de l’office ou des représentants des services agricoles des wilayas.

De même, il a été relevé une diffusion restreinte par l’ONTEA des avis d’adjudication
de vente des produits agricoles et d’élevage, ce qui ne permet pas une large concurrence
des soumissionnaires.

A cet égard, il y a lieu de citer le cas de la vente de la production du verger de


l’établissement de Bensouna (Chlef), dont le prix retenu par la commission d’ouverture
et d’évaluation des offres de l’établissement, suivant le procès-verbal du 23 aout 2022,
est de 3 130 000 DA, alors que le même verger a été cédé en 2021, pour une production
pareille, à 4 200 000, soit un écart en moins de 1 070 000 DA.

Cette situation a amené la DGAPR à saisir le directeur de l’ONTEA, en septembre 2022,


par envoi n°1064/SDFED/2022, à l’effet d’annuler l’opération de vente et procéder à
une diffusion plus large de l’avis d’adjudication pour les wilayas limitrophes.

Recommandations

Au vu des faits et des constatations relevés précédemment, la Cour des comptes


recommande ce qui suit :

- Exhorter les services déconcentrés de l’Etat à l’effet de procéder à l’achèvement des


projets d’équipement qui connaissent des retards considérables ;
- Prendre des mesures en vue d’assurer une exploitation optimale des établissements de
milieu ouvert, conformément à leur mission relative à la réinsertion des détenus dans la
vie sociale ;

103
- Renforcer la coordination entre les services de la direction générale de l’administration
pénitentiaire et de la rééinsertion (DGAPR) et l’office national des travaux éducatifs et
de l’apprentissage (ONTEA), en mettant en place les instruments d’encadrement et de
contrôle des activités des établissements de milieu ouvert (EMO).

Réponse du Directeur Général de l’Administration


Pénitentiaire et de la Réinsertion (DGAPR)

1. Absence de diagnostic pour la détermination des besoins des


établissements de milieu ouvert

Les établissements de milieu ouvert, hérités de la période d’avant 2006, s’appelaient «chantiers
extérieurs» du fait qu’ils étaient conçus comme «base de vie», dans le but d’acceuillir un
nombre restreint de détenus. Ces établissements ne répondaient pas aux besoins vitaux d’un
milieu pénitentiaire, avec des spécificités devant permettre l’application de la politique de
réinsertion, et ce, en employant un grand nombre de détenus dans différents chantiers, en
particulier les chantiers agricoles. De ce fait, la DGAPR a jugé opportun d’inscrire des
opérations de réalisation des établissements de milieu ouvert, avec une architecture adaptée
permettant l’application de la politique de réinsertion basée sur le principe de défense sociale.

Aussi, le programme inscrit portant réalisation des établissements de milieu ouvert était
élaboré suite à un diagnostic global du parc carcéral hérité des années 1990. La stratégie était
basée sur la réalisation d’un nouveau type (modèle) d’établissement de milieu ouvert qui
répond aux standards internationaux, vu l’impossibilité d’adaptation des anciennes structures.

Les assiettes foncières dédiées à la réalisation des nouveaux projets, notamment leur superficie
ne devraient pas être inférieure à 13 hectares pour permettre de dégager une superficie de 10
hectares, pour les besoins d’exploitation agricole. Dans le même contexte, la DGAPR a opté
pour l’inscription de deux opérations pour la réhabilitation de ces chantiers à fin de les rendre
exploitables :

 La 1ère opération intitulée « Aménagement et équipement de chantiers extérieurs » destinée,


après son individualisation, aux chantiers de Messerghine (Oran), Kheitter (El Bayadh),
Telilline (Adrar), avec une autorisation de programme (A.P) de 80 000 000,00 DA ;
 La 2ème opération intitulée « Aménagement et équipement de chantiers extérieurs» de
Berrouaghia, Djelfa et Mascara, destinée après sa restructuration pour remplacer les chantiers
de Berrouaghia, Mascara, Laghouat, El Bayadh, avec une A.P globale, après réévaluation de
213 000 000,00 DA.

104
Quant à l’exemple évoqué dans la note, il est judicieux de souligner ce qui suit :

L’établissement de milieu ouvert 1 000 places à Chahbounia (Médéa), situé à 100 Km de la


ville de Médéa et de 06 Km de Chahbounia, a bénéficié d’une assiette foncière de 1 000
hectares, la réalisation du projet a débuté en 1990. Les travaux ont été suspendus en raison de
la situation sécuritaire pendant les années 90, et le taux d’avancement des travaux n’a pas
dépassé les gros œuvres, du fait que le projet est situé dans une zone enclavée.

Vu le caractère agricole de l’assiette réservée, la DGAPR a formalisé un dossier pour inscrire


une opération aux fins du relancement du projet, et ce, en 2012, avec les services de la wilaya
de Médéa. Ce projet a fait l’objet de visite de la part des cadres de la DGAPR, en présence des
différents services de la wilaya, et il a été convenu de la nécessité de son démarrage, d’où les
efforts déployés à cet effet.

 L’annulation d’une opération de réalisation d’un établissement de milieu ouvert la wilaya


d’El Bayadh en 2014, et l’attente jusqu’en 2010 pour l’aménagement de l’établissement de
Stitten :

A cet effet, l’annulation du projet ainsi que le transfert de l’AP y afférente, d’un montant de
350 000 000,00 DA, en date du 23 mars 2014, pour la réévaluation du projet de 2 000 places
à Koléa, était motivée par :

a. Parmis les paramètres exigés par la DGAPR pour les assiettes foncières devant servir à
l’édification de projet d’établissements de milieu ouvert est que leur superficie ne soit pas
inférieure à 13 hectares, et que les 10 hectares restants doivent servir à l’exploitation agricole.
Et considérant que la superficie de l’assiette foncière octroyée, ne dépassant pas 06 hectares,
ne correspondait pas à la superficie requise pour un projet de l’ordre de 600 000 000,00 DA,
laquelle devait être de 10 hectares au minimum.

b. L’assiette foncière octroyée se trouvant adjacente de l’ER Bayadh, favorisant ainsi son
exploitation en tant que chantier extérieur, sans avoir recourir aux dépenses supplémentaires.

c. Etant donné que le secteur de la justice a bénéficié de plusieurs projets avec des enveloppes
très importantes, il a été proposé, lors des séances d’arbitrage au ministère des finances, le
transfert des AP des projets non lancés pour la réévaluation des projets en cours.

En ce qui concerne l’aménagement du chantier extérieur de Stitten ainsi que le retard du


lancement de l’opération jusqu’au 2010, cela est dû au fait que la réalisation était confiée à
SONATRACH via la convention avec le ministère de l’énergie et des mines en 2007. Après son
abondon par cette société, la DGAPR a été contrainte de procéder à la réalisation du projet en
utilisant l’enveloppe finanicère consacrée à l’aménagement des 03 chantiers extérieurs.

105
2. Inscription d’opérations en absence d’assiettes foncières

L’inscription du programme de réalisation d’établissements pénitentiaires, tout types


confondus, était effectuée en extrême urgence vu la surpopulation carcérale enregistrée durant
les années 2 000. Parallèlement, des visites de choix des terrains au niveau des wilayas
concernées ont été effectuées pour affecter les assiettes foncières pour la réalisation des projets
inscrits.

L’annulation des cinq (05) projets : Oued Fedha (Chlef), Sebdou (Tlemcen), Maalba et Beni
Mili (Djelfa), n’est pas due à l’absence de terrain, comme seule cause, mais le but principal
étant la réévaluation de quatre (04) projets d’établissements pénitentiaires revêtant une
importance particulière pour le désengorgement de la surpopulation carcérale, lesquels ont
connu un taux de réalisation très avancé. Compte tenu de la situation financière du pays durant
cette période, il était, alors, nécessaire de dégager des enveloppes financières à concurrence
du reste à réaliser.

3. Annulation d’opérations d’équipement pour la réévaluation d’autres


opérations

En raison du taux d’avancement du programme de réalisation d’établissements pénitentiaires,


notamment de milieu ouvert, et de l’absence de la couverture financière pour certains projets,
en matière d’autorisation de programme, vu la situation financière du pays, il n’y avait pas
d’autres alternatives pour la DGAPR, lors des arbitrages, durant les années 2012 à 2014, que
d’annuler quatre (04) opérations portant sur la réalisation d’établissements de milieu ouvert,
n’ayant pas connu de début d’exécution. Ceci a permis la réévaluation de quatre (04) projets
d’établissement de milieu fermé ayant atteint un taux de réalisation très avancé, à savoir : les
établissements pénitentiaires de 500 places à Rélizane, de 2 000 places à Kolèa, de 500 places
El Eulma et de 1 000 places à Ain Fezza.

Cette décision a, d’ailleurs, permis l’achèvement desdits projets.

4.Transfert des établissements de milieu ouvert en établissements de


prévention

Le transfert de certains établissements de milieu ouvert en établissements de prévention : Ain


M’Lila, Ben Souna, Hassi ben Abdellah, est dictée par la volonté d’alléger le phénomène de la
surpopulation connu au sein des établissements pénitentiaires de la région, sans perdre de vue
la raison d’être de ces établissements, qui est la réinsertion sociale des détenus. Ce transfert
n’a donné lieu à aucun incident.

106
Dans ce cadre, des espaces ont été consacrés aux détenus ayant bénéficiés de décisions de
placement pour le travail, et d’autres espaces ont été destinés aux détenus réunissant les
conditions réglementaires requises dans le cadre d’équilibre (transfert dans le cadre
d’équilibre) et ce, afin de désengorger la surpopulation carcérale, et en même temps préparer
cette catégorie pour bénéficier, à l’avenir, de ces mesures.

5. Retard dans le lancement et l’achèvement des opérations d’équipement

Le retard enregistré dans le lancement et le parachèvement des projets est dû à divers facteurs,
dont :

- le retard dans l’élaboration des études, par les bureaux d’études, sans les assiettes foncières
(sites des projets) en se basant sur l’étude type réalisée par les services de l’administration
centrale, vu la morphologie de certains sites ;
- l’absence d’entreprises de réalisation de catégorie recquise afin de permettre la réalisation
des projets inscrits en un seul lot. Les procédures de concrétisation des marchés ont connu un
retard et souvent des résultats infructueux. Par conséquent, les services des wilayas concernés
ont dû recourir à l’allotissement et à la relance répétitive des procédures ;
- l’allotissement des opérations ayant induit au choix d’entreprises de réalisation, a impacté
négativement la réalisation, du fait d’interdépendance entre les lots (la réalisation de certains
lots est tributaire de l’achèvement d’autres) ;
- la faible maturation des études dédiées à ces projets, du fait que ces études sont nouvelles
et enregistrent durant la phase de réalisation du projet diverses modifications techniques
(volets sécuritaires et fonctionnels) notamment en l’absence d’études en matière d’architecture
carcérale ;
- concernant la responsabilité des services de la DGAPR dans le suivi de la réalisation, il est
judicieux de souligner que le suivi a bénéficié d’une importance particulière par nos services,
par l’accompagnement des services des wilayas (maitre d’ouvrage délégués), et ce depuis le
début d’exécution jusqu’à la réception, via des cadres techniques recrutés par la DGAPR à cet
effet, constituées et d’architectes, d’ingénieurs en génie civil. Ceci, sans omettre l’implication
des Procureurs généraux en leur qualité de responsables du secteur au niveau des wilayas
concernées, à travers leurs récurrentes interventions auprès des Walis ou directement avec les
gestionnaires des projets.

Parallèlement à cela, les services de wilaya ont bénéficié d’un accompagnement par nos
services centraux, dans la gestion des aspects financiers, à travers le suivi des dossiers et la
discussion des demandes auprès des services du ministère des finances.

107
6. Etablissement de milieu ouvert Stitten (El-Bayadh) à l’état d’abondon

Pour le matériel agricole et le mobilier non utilisés se trouvant au niveau de l’établissement, il


s’agit de matériel transféré de l’établissement de milieu ouvert d’El Kheiter après sa fermeture.
Il est inventorié au registre d’inventaire de l’établissement de milieu ouvert El Bayadh, étant
ordonnateur secondaire pour les deux établissements. L’absence de son transfert vers d’autres
établissements est dûe au fait d’avoir voulu le garder pour son usage au niveau du chantier
agricole mitoyen de l’établissement d’El Bayadh. Le chantier agricole est également pourvu
d’agents de garde (nuit et jour). Concernant la non exploitation du terrain (M. ouvert), cela est
dû à l’éloignement de l’établissement de milieu ouvert de Stitten de l’établissement
pénitentiaire d’El Bayadh, nécessitant beaucoup de moyens matériels et humains (dont les
gardiens et les moyens de transport).

7. Etablissement de milieu ouvert Sidi Abdelmoumen (Mascara),


réceptionné mais non exploité

Un directeur a été nommé, en 2015, comme chef de projet, après sa réception provisoire.
Cependant, parallèlement à la levée des réserves, il a été procédé à l’exploitation de la parcelle
de terrain de l’établissement de milieu ouvert par des fonctionnaires détachés par l’ONTEA,
ainsi qu’à l’ouverture d’un chantier extérieur pour les détenus en prevenance de l’ER
Mohamadia, et leur retour audit ER, à la fin du travail (du jour).

Remarque : Il a été procédé à l’aménagement (en grillage) des périmètres de sécurité du


chantier extérieur, par les travailleurs de l’ONTEA, à l’exception du côté nord adjacent à un
regroupement d’habitations, ayant fait l’objet de diverses correspondances, adressées à Mr le
Wali – direction des domaines et du cadastre, pour déterminer les bornages de la parcelle qui
s’étend sur 83,32 hectares, après modification de la décision d’affectation n°829 du 17 mars
2020, à l’occasion de la visite de Mr le Wali au niveau de l’exploitation (au lieu de 54,83
hectares, citée dans la note).

8. Réévaluations récurrentes des opérations d’équipement

Les autorisations de programme des projets de milieu ouvert ont connu des réévaluations à
l’instar des autres projets, du fait principalement du montant des AP arrêté à 74 000 000 DA,
conformément à l’étude-type élaborée par le BET public (BEREP) et qui ne reflète pas le coût
réel de réalisation, pour les motifs suivants :

108
- le montant a été établi en tant qu’estimation administrative en 2005, tandis que le projet a été
entamé en 2012 ;
- l’estimation administrative établie pour une étude-type pour réalisation d’un EMO, se basant
sur un terrain (plat), dénué de tout point négatif. Cependant, la réalisation s’est basée sur
l’étude adaptée, d’où les écarts entre les montants des réalisations ;
- la fluctuation des prix des matériaux de construction sur le marché national ;
- le coût de réalisation est déterminé sur la base des résultats du lancement des appels d’offres,
et non au vu des estimations administratives ;
- les résultats d’appel d’offres lancés par les services de wilaya ont souvent démontré
l’insuffisance des enveloppes consacrées à travers les autorisations de programme de ces
opérations, qui ne reflètent, donc aucunement le coût réel de réalisation. En conséquence, le
recours aux réévaluations auprès des services du ministère des finances sur la base du résultat
des procédures lancées est impératif. De ce fait, le coût moyen réel des projets réceptionnés ou
ayant connu un taux élevé d’avancement est de l’ordre de 500 à 600 millions de DA.

9. Absence de cahier de charges entre la direction générale de


l’administration pénitentiaire et de la réinsertion et l’Office national des
travaux éducatifs et de l’apprentissage

A cet égard, il a été entrepris les mesures suivantes :

- la proposition d’élaboration d’un arrêté ministériel, qui régira les mécanismes de gestion,
de commercialisation et de tenue de la comptabilité pour éviter les écarts financiers pouvant
se produire au niveau des exploitations agricoles, est en cours d’étude ;
- la proposition d’élaboration d’un cahier des charges déterminant la relation contractuelle
entre l’office national des travaux éducatifs et de l’apprentissage et la direction générale de
l’administration pénitentiaire et de la réinsertion, ainsi que les établissements en charge de ces
exploitations pour une meilleure prise en charge des ventes, étant en cours d’éude ;
- la proposition d’élaboration d’un projet d’arrêté ministériel pour régir la relation entre
l’office et les établissements de milieu ouvert surtout les aspects relatifs aux modalités de ventes
et de commercialisation des produits agricoles (cahier des charges) ; étant également en cours
d’étude.

10. Mise en place de l’organision des établissements de milieu ouvert

Un groupe de travail a été installé au niveau de la direction générale de l’administration


pénitentiaire et de la réinsertion pour la révision du décret exécutif n°06-109 du 08 mars 2006
à fin de définir l’organisation des établissements de milieu ouvert.

109
11. Faible taux d’emplois au niveau des établissements de milieu ouvert

Parmis les causes du dificit de la main d’œuvre carcérale mise en position d’activité dans le
domaine agricole, l’absence du nombre suffisant de détenus qui répondent aux conditions
requises par le code de l’administration pénitentiaire, ainsi que les notes ministérielles
précédentes, afférentes aux détenus en position d’activité dans les établissements de milieu
ouvert. Ainsi, il a été procédé, en date du 28 avril 2021, à l’installation d’un groupe de travail
composé de directeurs centraux, de juges d’application des peines, d’inspecteurs des services
pénitentiaires, des directeurs des établissements de milieu ouvert et de directeurs des
établissements de préventions, pour la révision des notes afférentes au placement des détenus
en activité dans les chantiers intérieurs et extérieurs. Ce groupe de travail a adopté les notes
suivantes :

- la note ministérielle n°567 en date du 26 juin 2021, relative à l’emploi des détenus dans les
travaux de corvée ;
- la note ministérielle n°5568 du 26 juin 2021 relative à l’emploi des détenus dans les chantiers
et ateliers de production internes ;
- la note ministérielle n°5569 du 26 juin 2021 relative au placement des détenus aux régimes
d’établissements de milieu ouvert, de chantiers extérieurs et de la semi-liberté.

Quant au volet afférent à l’exercice de certaines activités agricoles et de sauvegarde


(préservation) des plantations par quelques fonctionnaires, ce sont des cas rares qui découlent
de la propre volonté de ces derniers dans le cadre du volontariat et de leur propre initiative, et
ce, pour inciter les détenus à s’en inspirer et à les encourager au travail dans le domaine
agricole.

Il est à signaler que des sessions de formation sont organisées au profit des fonctionnaires
relevant de l’administration pénitentiaire dans le domaine agricole, par les instituts nationaux
d’agriculture et les centres de formation professionnelle, pour leur permettre l’obtention d’une
qualification et, par la même, couvrir le déficit en matière d’encadrement agricole. Ces
formations s’inscrivent dans le cadre de la convention - cadre conclue avec le ministère de
l’agriculture et de développement rural, en date du 09 juin 2021, fixant les modalités de la
formation et de l’emploi de la main d’œuvres carcérale dans l’agriculture et les travaux
forestiers.

12. Placement des détenus dans les établissements de milieu ouvert dans le
cadre des mesures d’équilibre

L’établissement de milieu ouvert Boukaben comprend deux quartiers de détentions avec une
capacité de 100 lits pour chacun. Ces deux quartiers sont distincts l’un de l’autre en termes

110
d’entrée et de services (prestations) présentés, tels que les douches et les cours. L’un est dédié
aux détenus y placés et l’autre est réservé aux détenus avec peines, lesquels sont inscrits au
registre de l’E.R. R Hamla, et le suivi de leurs dossiers pénaux se fait au niveau de cet
établissement.

L’objet de leur présence au niveau de cet établissement de milieu ouvert est la préparation de
l’opération de sélection aux fins de leur placement dans des établissements de milieu ouvert
pour la formation et l’emploi, d’une part, et pour une meilleure exploitation des espaces de
détention de l’établissement de milieu ouvert pour atténuer le phénomène de la surpopulation,
d’autre part.

13. Encadrement technique insuffisant des services agricoles

Le pourvoi en encadrement technique et en enseignants détachés s’inscrit dans le cadre


des missions de l’O.N.T.E.A, conformément à l’article 53 du cahier des charges afférent
à la sujetion de service public, et ce, dans le cadre des dispositions du décret n°13-259 du
07 juillet 2013.

Actuellement, 13 ingénieurs agronomes et techniciens agricoles assurent l’encadrement


technique des E.M.O, en plus de l’assistance technique des directions des services agricoles de
wilaya, dans le cadre de la mise en œuvre de la convention -cadre conclue avec le ministère de
l’agriculture et du développement rural.

14. Rétention et gestion des revenus issus de l’exploitation agricole par


l’O.N.T.E.A d’une manière non réglementaire

A titre d’illustration, l’opération de vente des produits agricoles est effectuée suivant deux
méthodes :

- Constitution de commissions chargées de la commercialisation par décision, suite à


l’ouverture des plis, les résultats sont transmis à l’O.N.T.E.A pour octroi (du marché) ou refus.
- La vente de certains produits dont les quantités sont minimes se fait aussi au profit des
fonctionnaires et des tiers. La collecte des revenus des ventes se fait par le biais d’un
fonctionnaire relevant de l’économat de l’E.M.O. Ce dernier est chargé par une décision
dument établie par le directeur de l’office de collecter les recettes et de procéder à leur
verssement au compte de l’O.N.T.E.A.

Le virement des produits de vente au profit de l’O.N.T.E.A s’effectue par le partenaire


attributaire de la consultation.

111
La note ministérielle n°1219 du 20 novembre 2004, relative aux modalités de
commercialisation des produits agricoles prévoit dans sa quatrième (4ème) partie, la nécessité
de soumettre les opérations comptables des exploitations agricoles aux règles de comptabilité
publique, à l’instar de celles qui sont appliquées au niveau des établissements pénitentiaires.

15. Retard dans le paiement des mandats (pécules) au profit des détenus

Les notes ministérielles n°354, 355 du 22 mars 2022, relatives aux modalités de paiement du
pécule des détenus travaillant dans les différents chantiers (ateliers) prévoient l’obligation de
tenir des fichiers des détenus, l’évaluation du travail journalier et leur transmission avant la
date du 25 de chaque mois aux services de l’O.N.T.E.A aux fins d’émettre les chèques bancaires
et les transmettre aux greffiers comptables, pour virement dans les comptes des détenus en
position de travail. Actuellement, la situation des retards a été apurée.

Dernièrement, l’O.N.T.E.A a été reliée avec l’administration centrale et les établissements


pénitentiaires par un réseau intranet, pour une meilleure flexibilité du courrier.

16. Difficultés dans la commercialisation des produits récoltés par


l’O.N.T.E.A

La direction générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (D.G.A.P.R) a pris


l’initiative de préparer une note ministérielle relative aux modalités de gestion et de
commercialisation des produits agricoles (plantation ou divers produits d’animaux), résultat
des exploitations relevant du secteur pénitentiaire.

En date du 25 octobre 2021, il a été procédé à l’installation d’un comité local mixte pour
l’unification du mode de commercialisation des produits agricoles, en présence de l’inspecteur
général des services pénitentiaires, des directeurs centraux et du directeur de l’O.N.T.E.A. Ce
comité a donné lieu à l’élaboration, en date du 20 novembre 2021, de la note ministérielle
n°1219, sur les modalités de vente des produits agricoles, la fixation de la commission d’achat
des matières et une autre commission pour la commercialisation, les modalités de lancement
des consultations de vente de certains produits, ainsi que la tenue des registres réglementaires
au niveau des établissements de milieu ouvert.

A la maturité d’un produit, les chefs de chantiers des exploitations agricoles informent le
directeur de l’O.N.T.E.A des quantités prévisionnelles de récoltes, estimées par le fonctionnaire
en charge de l’O.N.T.E.A et de l’agronome.

112
Le directeur de l’O.N.T.E.A est également informé quant au prix du marché local du produit
déterminé, sur la base de quoi, l’accord écrit est donné pour en disposer conformément à la
note ministérielle susmentionnée, régissant les ventes.

A la lumière des faits et constatations établis par la mission de la Cour des comptes, la
D.G.A.P.R s’attelle à faire ce qui suit :

- La célérité en vu de l’achèvement des projets d’équipement, ayant connu de grands retards ;


- La prise de mesures nécessaires pour le meilleur emploi des E.M.O ;
- Le renforcement et la coordination entre les services de la D.G.A.P.R et l’O.N.T.E.A, par le
biais d’installation d’un comité d’achat (C.A) avec un nouveau staff.

Réponse du Directeur de l’Office National


des Travaux Educatifs et de l’Apprentissage

1. Concernant le point 2 relatif aux conditions de l’exploitation des


établissements de milieu ouvert

Les missions de l’office national des travaux éducatifs et de l’apprentissage, en matière de


gestion des établissements de milieu ouvert, sont fixées par l’article 4 du décret exécutif n°13-
259 du 7 juillet 2013 et l’article 3 du cahier des charges de sujetion de service public qui est
annexé audit décret, cité ci-dessus.

De ce fait, l’office national des travaux éducatifs et de l’apprentissage est responsable de


garantir l’encadrement et l’exploitation des terres agricoles qui sont astreignantes aux
établissements de milieu ouvert.

2. Concernant le point 2.1 relatif à l’inexistence d’un cahier des charges


entre la D.G.A.P.R. et l’O.N.T.E.A

Effectivement, on remarque l’absence d’un cadre juridique contractuel fixant les


responsabilités et les obligations de l’ONTEA envers l’administration pénitentiaire, comme
stipulé par l’article 4 du décret exécutif, cité ci-dessus, ainsi que l’article 3 du cahier des
charges qui est annexé au décret relatif au sujétion de service public. Cependant, nous vous
informons que l’ONTEA a émis des propositions en ce sens afin de combler ce vide, se résumant
dans la possibilité d’initier un arrêté ministériel qui fixera des mécanismes d’un fonctionnement
adéquat dans le domaine de la gestion et la commercialisation de ses produits et en ajuster,
parallèlement, les mécanismes de la comptabilité y afférents.

113
3. Concernant le point 2.2 relatif à la nécessité d’établir un règlement
intérieur pour les établissements de milieu ouvert

Les modalités d’organisation et de fonctionnement des établissements pénitentiaires, que ce


soit dans le milieu ouvert ou dans le milieu fermé sont régies par l’article 25 du code de
l’organisation pénitentiaire et de la réinsertion sociale des détenus.

Cependant, les établissements de milieu ouvert ne disposent pas d’un arrêté fixant leur
règlement intérieur.

4. Concernant le point 2.3 relatif au manque en matière d’emploi de la


main d’œuvre pénale dans les établissements de milieu ouvert

En effet, l’établissement souffre d’un manque de main d’œuvre pénale, toutefois nous ne
manquons pas, en cette occasion, de signaler que l’ONTEA est chargé non seulement de la
rémunération des détenus travailleurs mais a, également, à sa charge la couverture de leur
assurance à la sécurité sociale.

5. Concernant le point 2.5 relatif à l’insuffisance de l’encadrement


technique des activités agricoles des établissements de milieu ouvert

Effectivement, il ya un manque significatif et pénalisant de ce type d’encadrement technique


agricole ; ce qui influe, négativement, sur la vulgarisation et la rentabilité agricole en
comparaison avec la superficie de ces établissements.

6. Concernant le point 2.6 relatif au caractère illégal de gestion par


l’ONTEA des fonds issus de l’exploitation agricole

La vente de la récolte (la production) des établissements de milieu ouvert est constamment
soumise à beaucoup de difficultés dont nous citons essentiellement :

 la non inscription de ce volet dans le cadre de la réorganisation des établissements en


matière de transactions financières (procédure de collecte des fonds de la vente de la
production agricole et leur acheminement pour versement aux comptes de l’ONTEA : CCP
et/ou banques) ;
 le manque de qualification des personnes chargées de cette opération, dans la mesure où ces
personnes ne sont pas des comptables expérimentés, ceci d’une part, et d’autre part, ils ne

114
disposent pas de l’agrément nécessaire octroyé par les services habilités (relevant du ministère
des finances) pour exercer cette activité.

7. Concernant le point 2.7 relatif au retard enregistré dans le versement


des primes des détenus

En réponse à vos observations concernant ce volet, nous vous transmettons, à titre de


justification, l’état de paiement des primes des détenus concernant les années 2018, 2019, 2020
et 2021, dont le montant s’élève à 12 617 718,12 DA qui a été versé à 626 détenus.

8. Concernant le point 2.8 relatif aux difficultés de commercialisation de


la production de l’ONTEA

Le problème essentiel concernant la commercialisation, est dû à la non implication


d’ingénieurs agricoles dans l’évaluation quantitative de la production agricole.

Quant à l’encadrement du processus de commercialisation, on a proposé d’inclure des


mécanismes qui doivent être repris dans l’arrêté ministériel qui encadre aussi bien l’opération
de la gestion que celle de la commercialisation, ainsi que les procédés de comptabilité y
afférents en vigueur.

115
04. EVALUATION DE L’EXPERIMENTATION
DE LA NOUVELLE GESTION HOSPITALIERE :
CAS DES ETABLISSEMENTS HOSPITALIERS
DE AIN TEMOUCHENT, AIN TURK (ORAN)
ET AIN AZEL (SETIF)

La nouvelle gestion publique appliquée, à titre expérimental à dix (10) établissements


hospitaliers (EH), a pour but d’améliorer leur performance en les dotant d’un statut
d’établissement public à caractère spécifique qui leur confère de larges latitudes,
notamment, en matière de gestion de leur personnel et d’exécution de leurs dépenses
de fonctionnement.
L’évaluation de la mise en œuvre de ce nouveau mode de gestion, effectuée par la
Cour auprès de trois (03) établissements pilotes à gestion spécifique, à savoir les EH
de Ain Témouchent, Ain Turk (Oran) et Ain Azel (Sétif), a permis de constater que les
conditions préalables à la réussite de cette nouvelle gestion hospitalière ne sont pas
réunies. En conséquence, les objectifs de performance attendus en termes
d’amélioration des prestations hospitalières, de maitrise des activités et d’utilisation
efficiente des moyens sont loin d’être atteints.

En effet, ce passage d’une gestion administrative à une gestion axée sur les résultats
et la performance a été lancée sans préparation suffisante, particulièrement en
matière de formation du personnel, tout comme elle n’a pas été précédée d’une
adaptation des textes règlementaires pour clarifier et uniformiser les règles
applicables aux activités hospitalières dans les différents domaines de gestion,
notamment, en matière de ressources humaines et de gestion budgétaire, financière et
comptable.
Par ailleurs, les services de tutelle n’ont pas joué pleinement leur rôle dans
l’accompagnent et le suivi des établissements concernés tout au long du processus de
mise en œuvre de cette expérimentation pour parer aux difficultés rencontrées et
apporter les rectifications nécessaires.
En définitive, les nouveaux outils de gestion et d’évaluation de l’activité hospitalière
préconisés en remplacement des outils de gestion administrative classique à l’exemple
du projet d’établissement, des contrats d’objectifs et des momyens, et du nouveau
système de gestion financière n’ont pas connu d’implémentation effective.

Bien plus, ces établissements qui au demeurant sont restés dépendants du budget de
l'État à l’instar des autres établissements de santé, se trouvent actuellement
confrontés à de multiples difficultés en matière de gestion des ressources humaines,
de tenue de comptabilité et dans leurs relations avec leur environnement : fonction
publique, inspection du travail, services du ministère des finances et organismes de
sécurité sociale.

116
Les établissements publics de santé (E.P.S) au nombre de 6091 demeurent dans leur
quasi-totalité (599) des établissements publics à caractère administratif (EPA), soumis
de par leur statut aux règles de la comptabilité publique, au contrôle préalable des
dépenses engagées et à la règlementation des marchés publics. Leurs personnels sont
régis par la loi sur la fonction publique et leur financement provient à 80% du budget de
l’Etat et à 20% des Caisses de la sécurité sociale.

De 2003 à 2013, dix (10) établissements pilotes, dénommés établissements hospitaliers


(EH), ont été créés à l’effet de servir de modèle en matière de nouvelle gestion
hospitalière qui a pour but d’accroitre la performance des établissements de santé dont
la situation est devenue difficilement soutenable en raison de la demande grandissante
de financement, dictée par les mutations démographiques, épidémiologiques et socio-
économiques du pays.

Il s’agit d’un (01) hôpital universitaire (EHU) à Oran (2003), cinq (05) hôpitaux
multidisciplinaires, à savoir l’EH Ain-Temouchent (2005), Skikda (2006), Ain Turck,
Oran (2006), Ain Azel, Sétif (2006) et celui de Didouche Mourad à Constantine (2007)
ainsi que quatre (04) hôpitaux monodisciplinaires, spécialisés en ophtalmologie (EHO),
en l’occurrenceles EHO de Djelfa et de Ouargla ( 2012) et ceux de Béchar et El-Oued
(2013).

Ainsi, pour l’accomplissement de leurs missions et le développement de leurs activités,


ces établissements sont dotés d’un statut d’établissement spécifique qui leur confère de
larges latitudes. A ce titre, ils sont exonérés du contrôle préalable des dépenses engagées
comme ils ne sont pas astreints à la règlementation des marchés publics. En matière de
gestion des ressources humaines, ce sont les établissements eux-mêmes qui en fixent les
règles de recrutement, de formation et de rémunération. Sur le plan comptable, ils sont
soumis aux règles de la comptabilité commerciale.

Au vu des résultats peu satisfaisants qui se dégagent des contrôles précédents de la Cour
des comptes particulièrement celui portant sur le système de triple comptabilité
hospitalière au sein des établissements publics de santé (03COH)2, la Cour a mené un
contrôle auprès de trois (03) établissements pilotes à gestion spécifique, à savoir les EH
de Ain Témouchent, Ain Turk (Oran) et Ain Azel (Sétif) qui a pour objet de s’enquérir
des conditions de mise œuvre de ce nouveau mode de gestion et d’apprécier son impact
sur l’activité de ces établissements.

1
Annuaire statistique du ministère de la santé de 2020.
2
Insertion au rapport annuel 2018 relative la mise en place du système informatisé de comptabilité de gestion
«3COH » hospitalière (03COH) au sein des établissements hospitaliers.

117
Ce contrôle vise, par ailleurs, à attirer l’attention des autorités de tutelle et des
établissements concernés sur les conditions préalables à la réussite de ce mode de
gestion en prévision de sa généralisation à l’ensemble des établissements publics de
santé. Il a été suivi d’une enquête menée, en novembre 2022, auprès d’autres
établissements1 pour la confirmation des constats relevés.

Les travaux de vérification se sont basés sur l’examen des documents, les recoupements,
les questionnaires, les visites sur site et les entrevues et les débats avec les responsables
concernés, et ce en adoptant la démarche évaluative des programmes et en application
des guides de vérification de la Cour des comptes.

Il ressort du contrôle que les objectifs recherchés en matière de performance hospitalière


à travers le statut spécifique n'ont pas eu l’effet escompté. Le rapprochement entre
l'activité des trois (03) établissements hospitaliers (EH) contrôlés avec celle des
établissements publics hospitaliers (EPH)2, ayant la même vocation, montre qu'il n'y a
pas eu d’impact significatif sur l’activité hospitalière, en termes d’occupation des lits et
d’efficience dans l’utilisation des moyens humains et matériels.

Par ailleurs, ces établissements sont restés dépendants du budget de l'État et demeurent
confrontées à de multiples difficultés en matière de gestion des ressources humaines,
de comptabilité et dans leurs relations avec leur environnement : fonction publique,
inspection du travail, services du ministère des finances, organismes de sécurité sociale.
De surcroît, il n’apparait pas, à travers les contrôles effectués que les services de tutelle
aient joué leur rôle d’accompagnent et aient fait un bilan d’évaluation de cette
expérience depuis son lancement en 2003.

1
Les EHO de Djelfa, El-Oued, Ouargla et Béchar et l’EH Skikda.
2
Sur la base d'un échantillon comprenant plus de cent établissements publics hospitaliers (EPH).

118
Les établissements hospitaliers (EH) sont chargés de la prise en charge des besoins
sanitaires de la population de la wilaya qu’ils couvrent ainsi que de ceux des wilayas
limitrophes. Ils ont pour missions, notamment :

- d’assurer des activités dans les domaines du diagnostic, de soins, de la


prévention, de la réadaptation médicale, de l’hospitalisation et de toute activité
concourant à la protection età la promotion de la santé dans le cadre des
programmes nationaux et locaux de santé ;
- d’appliquer les programmes nationaux, régionaux et locaux de santé ;
- de contribuer à la protection et à la promotion de l’environnement ;
- de participer au développement de toutes actions, méthodes et de tous procédés
et outils visant à promouvoir une gestion moderne et efficace de ses ressources
humaines, matérielles et financières et à la formation médicale, paramédicale et en
gestion hospitalière ;
- d’assurer les activités liées à la santé productive et à la planification familiale ;
- d’assurer l’organisation et la programmation de la distribution des soins
spécialisés pourla prise en charge de certaines pathologies ;
- de contribuer à toutes les actions de perfectionnement et de recyclage du
personnel.

L’EH Ain-Témouchent

L’EH « Ben-Zerdjeb » est un établissement public à caractère spécifique de 240 lits,


situé au chef-lieu de la wilaya de Ain Témouchent dont la construction a été décidée,
suite au séisme qui a frappé la région le 2 décembre 1999, endommageant sévèrement
l’ancien hôpital (EPH) du chef- lieu de la wilaya. Crée par le décret exécutif n°05-
459 du 30 novembre 2005, il dispose de 19 services médicaux et chirurgicaux y
compris le plateau technique. En 2021, il est doté d’un budget de 3,1 Mrds de DA et
d’un effectif de 1 092 employés.

L’EH Ain-Turck

L’EH « Dr Medjbeur Tami » est un établissement public à caractère spécifique, de


240 lits, situé dans la commune de Aïn Turck (wilaya d’Oran), créé par le décret
exécutif n°06-384 du 28 octobre 2006. Il dispose de 18 services médicaux et
chirurgicaux y compris le plateau technique. Son infrastructure et une partie de son
équipement sont transférés par l’ex-hôpital militaire. En 2021, il est doté d’un budget
de 1,7 Mrd de DA et d’un effectif de 1025 employés.

L’EH Ain-Azel

L’EH « Youcef Yaalaoui » est un établissement public à caractère spécifique, de 160


lits, situé dans la commune de Aïn Azel (wilaya de Sétif), créé par le décret exécutif
n°06-422du 22 novembre 2006. Il dispose de 18 services médicaux et chirurgicaux y
compris le plateau technique. En en 2021 il est doté d’un budget de 0,6 Mrd de DA et
d’un effectif de 494 employés.

119
1. Conditions de mise en œuvre de la nouvelle gestion hospitalière

L’introduction du mode de gestion spécifique dans la gestion hospitalière n’est pas une
action isolée dans l’activité sectorielle ou même gouvernementale d’une manière
générale. En fait, ce nouveau mode consolide, entre autres, les mesures visant la
préparation à la contractualisation des établissements publics de santé. En effet, le
ministère chargé de la santé a initié plusieurs actions visant la modernisation de la
gestion hospitalière, qui partagent le même objectif, mais dont la convergence, la
synchronisation et le suivi de mise en œuvre n’ont pas permis de hausser, de manière
significative, la performance des établissements publics de santé. Parmi les actions
initiées en faveur de ces établissements, il y a lieu de citer notamment :

- l’introduction, depuis 2001, de la comptabilité analytique dans les établissements de


santé ;
- le lancement, depuis 2008, du système informatisé de comptabilité de gestion
(03COH), à qui, la comptabilité commerciale a été greffée en concomitance avec la
comptabilité budgétaire et la comptabilité analytique et dont la mise en place a été
consacrée par le décret exécutif n°14-106 du 12 mars 20141 ;
- l’introduction du projet d’établissement hospitalier (PEH) et les contrats d’objectifs et
des moyens (COM) couronnant les travaux d’accompagnement du secteur de la santé
par l’U.E dans le cadre du programme d’appui (PASS)2 ;
- et comme dernière action, la promulgation de la loi n°18-11 du 02 juillet 2018 relative
à la santé qui attribue le statut de gestion spécifique à l’ensemble des EPS
(Etablissements Publics de Santé) tout en créant en leur sein une gestion hybride : ils
sont soumis, aux règles de la comptabilité publique et au statut de la fonction publique
en matière de gestion du personnel et aux règles de la comptabilité commerciale
(système comptable financier SCF) pour les autres dépenses de fonctionnement.

Les décrets exécutifs portant création des établissements hospitaliers (EH) ont conféré
à ces derniers le statut d’établissement spécifique en se référant à la loi 88-01 du 12
janvier 1988 portant loi d’orientation sur les entreprises publiques économiques, dans
ses dispositions non abrogées.

1
Décret exécutif n°14-106 du 12 mars 2014 portant mise en place du système informatisé de comptabilité de
gestion au sein des établissements publics de santé.
2
Le Programme d’Appui au Secteur de la Santé s’intègre au sein de l’Instrument Européen de Voisinage et
Partenariat (IEVP) dont le financement est régi par la convention de financement entre l’UE et le Gouvernement
Algérien.

120
Ce régime spécifique qui se distingue des autres régimes prévus par la loi, précitée, à
savoir ceux des : entreprises publiques économiques (EPE), établissements publics à
caractère administratif (EPA), établissements publics à caractère industriel et
commercial (EPIC) et établissements publics locaux, n’est pas suffisamment explicité
et encadré ni dans les textes de création de ces établissements ni dans un statut type.

La promulgation de la loi n°18-11 du 02 juillet 2018 relative à la santé qui attribue le


statut de gestion spécifique à l’ensemble des EPS a prévu en son article 297 la mise en
place, par voie réglementaire, d’un statut type pour préciser les règles qui encadrent ce
nouveau mode de gestion. Néanmoins, ce règlement n’est pas paru à ce jour.

Les développements, ci-après, montrent que la situation desdits établissements


hospitaliers dont l’organigramme n’est paru qu’en 20171, n’a pas connu de véritable
changement dans le sens d’une gestion plus performante, axée sur une maitrise des
activités et une utilisation efficiente des moyens.

En effet, la nouvelle gestion par objectifs ainsi que les nouveaux outils de gestion
préconisés devant permettre de dégager des indicateurs d’évaluation et d’établir des
tableaux de bord pour le suivi de la performance, n’ont pas connu de mis en œuvre
effective.

1.1. Le projet d’établissement hospitalier (PEH) : un outil de gestion et


d’évaluation à mettre en place

Outre les outils de gestion utilisés par les autres établissements publics de santé, les EH
sont tenus d’élaborer et d’exécuter un projet d’établissement (PEH) annuel et
pluriannuel et un projet de qualité.

Le projet d’établissement hospitalier est un outil de prévision fixant les objectifs


généraux annuels et pluriannuels et les stratégies de développement des activités
hospitalières, notamment dans les domaines des soins, de la formation, de la recherche,
de la démarche sociale, de la communication interne et externe et de la gestion du
système d’information.

Il constitue la base des négociations et de la réalisation des contrats d’objectifs et des


moyens (COM) signés entre le gestionnaire de chaque structure et le directeur de la
santé et de la population de la wilaya dont il relève. Il s’articule autour d’un projet

1
Arrêté du ministre de la santé de la population et de la réforme hospitalière du 05 septembre 2017 fixant
l’organisation interne des établissements hospitaliers.

121
médical, d’un projet paramédical, d’un projet système d’information, d’un projet social
et d’un projet qualité dont les objectifs doivent être selon la spécificité de chaque
établissement, datés, chiffrés et évalués périodiquement (trimestriellement et
annuellement).

La mise en œuvre du PEH, généralisée à partir de 2014 à l’ensemble des établissements


publics de santé (EPS)1, n’a pas été continuelle et rigoureuse et n’a pas été suivie
d’évaluation par les services de tutelle. Ainsi :

L’EH Ain Temouchent n’a pas élaboré de PEH pour la période de 2019 à 2021 alors
que celui de la période 2015-2018, comprenant un projet médical, un projet paramédical,
un projet qualité, sécurité et communication n’a pas fait l’objet d’une évaluation par les
services de tutelle (DSP).

De plus, leur exploitation a révélé que la fixation des prévisions ne tient pas compte des
capacités réelles de l’établissement et des crédits qu’ils lui sont alloués. Ainsi, dans
plusieurs spécialités chirurgicales, les prévisions d’activité établies pour la période
allant de 2014 à 2017 reconduisent les mêmes données alors que les réalisations y
afférentes sont souvent largement supérieures. Pour les consultations, leur nombre a été
fixé à 8 000 consultations par an durant toute cette période sachant que les réalisations
se situent entre 54 000 et 68 000 consultations. S’agissant des contrats d’objectifs
conclus avec la DSP, ils n’ont pas été élaborés depuis 2018.

L’EH Ain-Azel n’a pas élaboré de projets d’établissements et ses contrats d’objectifs
de 2017 à 2021 ne sont pas signés par la DSP. Ces documents contiennent les objectifs
de l’exercice, les mesures à entreprendre pour les atteindre, les responsables concernés,
la durée de réalisation et le coût de chaque objectif. Des bilans de leur réalisation sont
également élaborés. Néanmoins, il s’agit de simples bilans chiffrés ne comportant
aucune analyse de l’établissement et de ses perspectives.

l’EH Ain –Turck dispose d’un projet d’établissement pour la période 2015-2018, dont
les objectifs de ses composantes relatives à l’activité médicale, à l’activité paramédicale
à l’activité sociale, au système d’information, à la gestion, à la maintenance et à la
logistique sont précisés et assujettis à un suivi et une évaluation trimestriels.

Néanmoins, leur évaluation ne concourt nullement à l’amélioration de la situation,


puisque les objectifs ne sont pas quantifiés, les indicateurs ne sont pas précis et les pistes
d’amélioration ne sont pas identifiées.

1
Note du ministère de la santé et de la réforme hospitalière du 16 avril 2014.

122
Pour l’exercice 2019, le « projet d’établissement » élaboré n’obéit pas au modèle
réglementaire. Il s’agit d’une compilation de projets de services sous forme de liste
d’objectifs, non quantifiés et non valorisés et dont les délais et les moyens de réalisation
ne sont pas fixés.

S’agissant de la période de 2020 à 2021, celle-ci n’a pas fait l’objet de projet
d’établissement hospitalier.

1.2. Système d’information

Aucun EH ne dispose d’un schéma directeur informatique (SDI) qui définit le cadre de
gestion et de développement de son système d’information et les logiciels et applications
ne sont pas interconnectés, ce qui ne permet pas une gestion intégrée des données.

En revanche, l’allégement de leurs procédures d’achats a permis à ces établissements de


se doter d’un parc informatique conséquent et de logiciels de gestion.

Certaines applications sont récentes (2018), d’autres remontent à la création de ces


établissements. Il en est, ainsi, des applications relatives aux statistiques (EPISTAT), à
la gestion des ressources humaines (SIRH), du matériel médical (Mini-Gmao), du
dossier électronique du malade (DEM), des maladies à déclaration obligatoires (MDO),
de la garde, des contacts et des patients.

Néanmoins, plusieurs applications traitent des mêmes fonctionnalités engendrant la


multiplication des gisements d’informations sans s’assurer de leurs cohérences. De plus,
alors que le logiciel de la gestion des ressources humaine (SIRH) n’est plus opérationnel
depuis 2020, celui relatif à la gestion du matériel n’a pas atteint l’utilisation de 100%
dans tous les EH.

Ces insuffisances ont grandement entaché la fiabilité des informations produites, se


traduisant souvent par des discordances dans les données fournies sur les activités et les
autres aspects de gestion (personnel, équipement médical, etc.).

1.3. Gestion budgétaire et comptable

L’examen de la gestion budgétaire et comptable des EH a mis en évidence les


constatations ci-après :

123
1.3.1. Une gestion budgétaire semblable à celle du reste des établissements publics
de santé

Le budget des établissements hospitaliers est réparti, par la direction de la wilaya de


la santé et de la population (DSP), au même titre que les autres établissements publics
de santé (EPS) ayant le caractère administratif.

Ainsi, ces établissements n’ont pas diversifié leurs ressources contrairement à leurs
dispositions statutaires qui prévoient des « recettes issues de la contractualisation avec
les organismes de sécurité sociale » et toutes autres ressources liées à leurs activités.
En effet, de 2014 à 2021, la structure de leurs recettes est composée, en moyenne de
78% à 88% de la subvention de l’État contre des proportions de 12% à 18% pour la
contribution forfaitaire des organismes de la sécurité sociale avec une part infime de
recettes provenant de la contribution des patients.

L’initiative de l’EH de Ain Témouhent ayant conclu avec la CNAS une convention dans
le domaine de la chirurgie cardio-vasculaire a été vouée à l’échec, faute de fixation des
modalités de constatation et d’utilisation des ressources en provenant. Ainsi, aucune
rémunération n’a été versée à l’hôpital en contrepartie des prestations fournies

De plus, les prévisions budgétaires ne se basent pas sur l’activité réelle de


l’établissement à travers des indicateurs d’activité préétablis, mais tiennent plutôt
compte de données théoriques. En outre, l’allocation des dotations budgétaires ne
semble pas tenir compte de certains paramètres, tel que les capacités de l’hôpital en
termes de nombre de lits ou en personnels. Alors que pour le même nombre de lits et
d’effectifs, l’EH Ain Témouchent dispose, en 2021 d’un budget de 3,1 Mrds de DA et
celui de Ain Turck de 1,7 Mrd de DA. Ainsi, le budget par personne varie entre 1,6 et
2,8 millions de DA et par lit entre 7,0 et 12,8 millions de DA.

Unité : En DA
Nombre Nombre
Etablissement Budget Budget/lit Budget/employé
de lit d'effectif
EH Ain Témouchent 240 1 092 3 082 883 000,00 12 845 345,83 2 823 152,93

EH Ain Turck 240 1 025 1 673 897 000,00 6 974 570,83 1 633 070,24

EH Ain Azel 160 494 599 856 000,00 3 749 100,00 1 214 283,40

Par ailleurs, bien qu’ils ne soient pas contraints de respecter rigoureusement les garde-
fous imposés en matière de gestion des crédits, les EH enregistrent, en fin de période,
des dettes considérables, particulièrement à l’égard de la pharmacie centrale des
hôpitaux (PCH) concernant l’achat de médicaments et produits pharmaceutiques et des

124
entreprises économiques publiques (SONELGAZ notamment). Ainsi, en 2020, L’EH
Ain Témouchent a enregistré 838 millions de DA, l’EH Ain Turck en a enregistré
397 millions de DA et celui de Ain Azel 245 millions de DA.

Enfin, alors qu’ils sont exonérés des procédures de contrôle préalable des dépenses
engagées, les EH enregistrent quasiment les mêmes lenteurs dans le règlement des
factures des fournisseurs que le reste des établissements publics de santé. Ainsi, le délai
moyen de paiement d’un échantillon de factures (depuis leur dépôt jusqu’au paiement)
à l’EH de Ain Témouchent, durant les exercices 2017 et 2018, est de 131 et 100 jours,
respectivement.

1.3.2. Une comptabilité générale à mieux maitriser

La comptabilité des EH est tenue conformément à la loi n°07-11 du 25 novembre 2007


portant système comptable financier (SCF). Elle est confiée à un agent comptable agréé
par le Ministre chargé des finances et les états financiers sont soumis à la certification
d’un commissaire aux comptes désigné conjointement par le ministre chargé de la santé
et le ministre chargé des finances.

Les vérifications effectuées auprès de ces établissements hospitaliers, corroborées par


des contrôles des structures centrales du ministère chargé de la santé, ont permis de
conclure que les conditions préalables à la mise en place au sein des EH du système
comptable financier (SCF) ne sont pas encore réunies. En effet, le passage d’une
comptabilité administrative (comptabilité publique) fondée sur l’enregistrement des flux
de recettes et de dépenses à une comptabilité d’entreprise (comptabilité commerciale)
implique des changements conséquents aussi bien dans les règles de comptabilisation et
d’évaluation que dans la forme et le contenu des états financiers. Cela nécessite
l’adoption de textes d’application spécifiques au secteur qui traitent notamment des
questions de la tenue de la comptabilité dans les postes du médicament, de la production
interne et du mode de valorisation des immobilisations et des stocks.

L’absence d’un plan comptable spécifique au secteur d’activité de santé et d’un


manuel de procédures comptables « nécessaires à la mise en place d’une
organisation comptable permettant un contrôle à la fois interne et externe »1, le
déficit de formation du personnel comptable en matière de comptabilité commerciale
et les difficultés pour ces établissements à engager les commissaires aux comptes en

1
Article11 de la loi n°07-11 du 25 novembre 2007 susvisée, qui précise que : « l’entité détermine, sous sa
responsabilité, les procédures comptables nécessaires à la mise en place d’une organisation comptable permettant
un contrôle à la fois interne et externe ».

125
vue de la certification de leurs comptes, influent négativement sur la fiabilité des
informations comptables et financières arrêtées par ces établissements.

Dans ce cadre, le contrôle de la Cour des comptes a eu à constater de nombreuses


anomalies dans la tenue de la comptabilité des EH contrôlés et dans l’établissement de
leurs états financiers dont les commissaires aux comptes n’ont pas manqué, d’ailleurs,
de signaler lors de leurs interventions.

1.4. Des tentatives pour appréhender les coûts des prestations

La comptabilité analytique est un outil de gestion interne qui vient en complément de la


comptabilité générale pour traiter les flux d’information issues de cette dernière. Elle a
pour objectif essentiel d’éclairer les gestionnaires des hôpitaux en mettant à leur
disposition tous les éléments sur la structure des coûts des prestations fournies et en
analysant les écarts notamment entre les coûts et les budgets.

Comme signalé dans les précédents contrôles1 et à l’instar des autres établissements de
santé, les EH n’ont pas parachevé la mise en place du système informatisé de
comptabilité de gestion (3 COH), instauré par le décret exécutif n 14-106 du 12 mars
2014. Les efforts déployés dans l’ensemble des EH, notamment, pour la mise en place
et l’équipement des centres de calcul (serveurs, ordinateurs, imprimantes, etc.) et
l’assistance technique pour assurer leur fonctionnement, n’ont pas permis
l’appropriation du système et encore moins son utilisation dans la gestion. Il est entendu
que ce système devait alimenter, à partir d’une saisie unique de l’information, les trois
variantes de la comptabilité (générale, budgétaire et analytique), intégrées dans une base
de données unique.

En matière de coûts, le bureau de calcul des coûts au sein des EH calcule les coûts des
services et actes prodigués selon la méthode fixée par la tutelle pour le secteur qui ne
tient pas compte des amortissements des infrastructures et des équipements médicaux.
Leurs travaux donnent lieu à des bilans qu’ils élaborent et transmettent trimestriellement
et annuellement au ministère, mais qui ne font pas l’objet d’examen ou de traitement. Il
ne s’agit, en fait, que d’une simple formalité qui ne sert en rien la maîtrise et
l’amélioration des performances.

1
Note d’insertion au rapport annuel 2018 relative la mise en place du système informatisé de comptabilité de
gestion «3COH» hospitalière (03COH) au sein des établissements hospitaliers.

126
En parallèle, le bureau des entrées procède, entre autres, au calcul des coûts sur la base
des prix forfaitaires fixés par la méthode de coûts préétablis en déphasage avec la réalité
des prix actuels. La facturation à la CNAS n’est pas réellement effectuée, c’est une
facturation à blanc, d’ailleurs les factures ne sont mêmes pas transmises.

Ces trois (03) méthodes concomitantes n’aboutissent tout de même pas à la finalité
voulue, à savoir la détermination des coûts et des prix des prestations correspondantes
qui serviront de base à la prise de décision en temps réel dans le cadre du processus de
contractualisation avec les partenaires de la sécurité sociale.

1.5. Une gestion contraignante des ressources humaines

Faute d’une clarification des règles régissant la gestion des personnels relevant des
établissements à caractère spécifique, les établissements concernés ont adopté des
modes de gestion divergents, fondés pour certains sur la loi n°90-11 du 21 avril 1990
relative aux relations de travail, modifiée et complétée, applicable aux organisations
publiques et privées autres que les institutions, administrations et établissements publics
ainsi que les collectivités locales, alors que d’autres ont continué à se référer au cadre
législatif applicable au personnel de la fonction publique.

Ainsi, certains EH à l’instar des établissements hospitaliers d’ophtalmologie (EHO) de


Djelfa,Ouargla, El Oued et Béchar ont pris comme référence la loi n°90-11 du 21 avril
1990, précitée et ont procédé avec l’accompagnement des ministères de finances et de
tutelle, lors des passations de services entre la partie algérienne et la partie cubaine de
la gestion des hôpitaux en mai 2015, à l’élaboration de conventions collectives.

En revanche, d’autres établissements se sont largement inspirées du statut de la fonction


publique, en procédant, parfois, à des adaptations pour répondre aux contraintes et aux
situations particulières que pose la gestion des ressources humaines dans ces
établissements, sous tous ses aspects (recrutement, avancement, promotion,
rémunération, modalités de constitution des comités, etc.).

L’absence d’élaboration d’un plan de carrière, accentué par l’implication insuffisante


des services de tutelle dans l’orientation et l’accompagnement de la plupart de ces
établissements, ont été à l’origine d’une multitude de contraintes pratiques qui ont,
souvent, amené les gestionnaires concernés à consulter l’inspection de wilaya de la
fonction publique, et ce bien que, souvent, les réponses ne parviennent pas, en raison de
l’absence du statut définissant les règles y afférentes.

127
Il en est, ainsi des modalités relatives à l’avancement, la promotion et à l’intégration de
certaines catégories de personnel, la mutation aux autres établissements (EPH, EPSP,
CHU) et à la perception de certaines indemnités, telles que l’indemnité d’expérience
professionnelle et l’indemnité d’occupation de postes par les responsables de structures
administratives et sanitaires de l’établissement en raison de l’absence de la classification
règlementaire de l’établissement.

Certaines de ces situations ont donné lieu à des affaires contentieuses présentées par les
travailleurs concernés devant les tribunaux, et d’autres ont amené ces derniers jusqu’ à
demander leur intégration à la fonction publique (EH Ain Témouchent)1.

En termes de rémunération, les hôpitaux à caractère spécifique appliquent le même


salaire de base qu’appliquent les EPH en référence au décret présidentiel n°07-304 du
29 septembre 2007 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération
des fonctionnaires, modifié et complété.

Néanmoins, les indemnités et primes octroyées sont totalement différentes et


lorsqu’elles sont identiques leur mode de calcul diffère. De ce fait, les salaires nets
sont différents d’un établissement à l’autre. Les rémunérations octroyées par les
établissements hospitaliers d’ophtalmologie, disposant de conventions collectives,
représentent parfois le double de celles accordées par les établissements contrôlés.

En matière de promotion, ces établissements trouvent des difficultés dans l’application


des mêmes dispositions règlementaires prévues par le statut de la fonction publique
relatives aux examens professionnels, notamment, les dispositions du décret exécutif
n°12-194 du 25 avril 2012 fixant les modalités d’organisation et de déroulement des
concours, examens et tests professionnels au sein des institutions et administrations
publiques, vu que leur personnel n’a pas le caractère de fonctionnaire.

Pour la nomination dans les postes supérieurs administratifs, ces établissements


n’arrivent pas à appliquer les avantages salariaux liés à ces postes vu que les EH ne sont
pas classés dans la grille de classification des établissements de santé. Pour le mode de
nomination, souvent leur nomination est effectuée par décision interne du directeur
général, au lieu de décision ministérielle, et aucun directeur général de ces
établissements n’est nommé par décret présidentiel, comme prévu statutairement.

Concernant les paramédicaux, et vu que les EH ne figurent pas dans les annexes à
l’arrêté interministériel du 12 mai 2013 fixant les postes supérieurs des paramédicaux,

1
Cf. lettre de la section syndicale de l’EH du 22 mars 2016, adressée au Ministre de la santé, de la population et
de la réforme hospitalière

128
l’EH Ain Témouchent s’est limité à la désignation dans un seul poste qui est « cadre
paramédical » pour l’ensemble des paramédicaux. Il est de même pour les biologistes
auxquels il n’a été utilisé qu’un seul poste de « coordinateur d’unité biologique ».

Pour les raisons suscitées s’ajoutant à la nature de la relation de travail contractuelle,


jugée précaire et contraignante en matière de mobilité au sein des structures du secteur,
ces établissements sont loin d’être attractifs et peinent à fidéliser leurs personnels
notamment ceux appartenant aux corps médical et paramédical, tel qu’il ressort des états
des départs et de recrutements.

A titre indicatif, les départs de personnel à l’EH Ain Témouchent ont atteint 22% par
rapport aux recrutements de l’année 2018 (17 sur 76), 39% en 2019 (72 sur 192) et 31%
en 2020 (49 sur 157). Le corps paramédical est le plus touché avec un nombre de 07
départs en 2018, 62 en 2019 et 36 en 2021.

La situation apparait plus critique à l’EH Ain Azel où les départs du personnel ont atteint
83%comparés aux recrutements de 2018 (35 sur 42), 78% en 2019 (58 sur 74), 71%
en 2020 (27 sur 38) et 63% en 2021 (29 sur 46). Le personnel médical et paramédical
représente, 83% départs en 2018, 72% en 2019, 85% en 2020 et 76% en 2021.

Il faut noter, néanmoins, qu’en raison des souplesses caractérisant les opérations de
recrutement dans ces établissements, du fait de leur exonération des procédures du
contrôle de la fonction publique et du contrôle préalable des dépenses engagées, ces
derniers subissent une demande pressante de leur environnement qui les contraint tantôt
au recrutement sans besoin réel, tantôt au recrutement au profit d’autres établissements
de santé et autres administrations, assujettis au statut de la fonction publique, notamment
les établissements publics de santé de proximité (EPSP), établissements publics
hospitaliers (EPH) et les directions de la santé et de la population (DSP).

Dans ce cas, les agents recrutés sont pris en charge financièrement par les EH et exercent
au sein des établissements d’accueil en position de « mis à disposition ». Leur nombre
a atteint 27 à l’EH Ain Témouchent, en janvier 2019, 85 à l’EH Ain Turck, en 2018 et
13 à l’EH Azel en décembre 2021.

Il convient de préciser que la loi n°18-11 du 02 juillet 2018 relative à la santé stipule
explicitement dans son article 299 que les personnels d’établissements publics de santé
sont régis par les dispositions du statut général de la fonction publique.

Dans ce cadre, la Cour des comptes s’interroge sur les mesures prises par les services
de tutelle à la suite de la généralisation du statut de la fonction publique à l’ensemble
des personnels des établissements hospitaliers, notamment pour permettre l'intégration

129
des personnels de ces établissements hospitaliers dans le cadre de la loi sur la fonction
publique et corriger, ainsi, les disparités constatées en termes de rémunérations et de
gestion des carrières.

2. Appréciation de l’activité des établissements hospitaliers à travers


quelques indicateurs de performance du ministère de la santé

Il est bien évident que l’objectif de l’introduction du nouveau système de gestion est, en
définitif, l’amélioration de l’activité des établissements hospitaliers, tout en réduisant
les coûts liés à leur fonctionnement. Dans cette partie, il est question, plus concrètement,
d’apprécier l’impact du statut spécifique des EH sur l’activité médicale et chirurgicale.

Pour ce faire, et en vue de s’assurer de l’efficacité de la gestion spécifique attribuée aux


établissements hospitaliers, une comparaison a été faite entre les résultats des activités
des EH contrôlés avec ceux des EPH qui sont des EPA à activité hospitalière
multidisciplinaire, soit le type d’EPS le plus adapté à cette comparaison.

Les critères de comparaison et les informations y afférentes utilisés pour mesurer leur
performance sont ceux publiés par les annuaires statistiques du ministère de la santé. Il
s’agit, en particulier, du taux d’occupation des lits, du nombre de consultation par
médecin et le nombre d’actes chirurgicaux par chirurgien et par table d’opération. Alors
que la période de comparaison devrait couvrir les exercices de 2018 à 2020 dont les
chiffres sont publiés, la Cour a éliminé l’année particulière de 2020, coïncidant avec la
crise sanitaire liée à la COVID 19, pour les besoins de fiabilité des résultats de la
comparaison.

Quant à l’échantillon d’EPH retenu pour l’appréciation, il change d’une comparaison à


une autre en fonction de la disponibilité de l’information et par souci de sa fiabilité.

Les moyens matériels et humains impliqués directement dans l’activité ainsi que les
indicateurs de l’activité des trois (03) établissements, pour les exercices 2018 et 2019,
sont présentés comme suit

130
A. Moyens et matériels médicaux

EH Aïn Témouchent Aïn Turck Aïn Azel


Matériel Médical 2018 2019 2018 2019 2018 2019
Technique opératoire1 16 16 18 18 07 07
Stérilisation et désinfection2 10 10 49 49 19 19
Exploration fonctionnelle3 47 47 29 29 15 15
Imagerie médicale4 11 11 14 13 12 12
Anesthésie et soins intensifs5 53 53 116 116 78 75
Total 137 137 226 225 131 128
Source : Reconstitué par la Cour des comptes à partir de l’EPISTAT 2018/2019

B. Ressources humaines

EH Aïn Témouchent Aïn Turck Aïn Azel


Grade 2018 2019 2018 2019 2018 2019
Médecin Spécialiste 107 122 67 72 37 34
Médecin Généraliste 32 35 59 59 25 32
Paramédical 434 491 408 425 168 174
Total 573 648 534 556 230 240
Source : Reconstitué par la Cour des comptes à partir de l’EPISTAT 2018/2019

C. Indicateurs d’activité des établissements

EH Aïn Témouchent Aïn Turck Aïn Azel


Désignation 2018 2019 2018 2019 2018 2019
Nombre jours hospitalisations 41 347 42 586 40 272 28 068 35 001 35 794
Nombre de consultation 31 319 36 711 71 907 74 826 4 221 1 828
Actes opératoires 5 899 5 598 2 053 4 320 2 744 2 474
Activité Laboratoire 142 661 151 350 67 667 105 620 198 855 210 194
Activité Radiologie 30 902 29 005 31 218 39 499 28 668 20 936
Nombre de lits 234 218 206 216 144 144
Source : Reconstitué par la Cour des comptes à partir de l’EPISTAT 2018

1
Technique opératoire : scialytique, table d'opération, fauteuils dentaires.
2
Stérilisation et désinfection : générateurs d'air stérile, autoclaves, incinérateurs.
3
Exploration fonctionnelle : EEG, ECG, EMG, Endoscopie fibroscopie, Endoscopie recto, Endoscopie cysto.
4
Imagerie médicale : app. radio mobiles, app. radio fixes, app. radio dentaires, échographes, scintigraphies,
scanographe (corps entier), scanner crânien, mammographie.
5
Anesthésie et soins intensifs : app. anesthésie, app. respirateur, évaporateur d’anesthésie, ASP médico
chirurgical, défibrillateur cardiaque, couveuses, tables réanimation nouveau-né, moniteurs de surveillance.

131
Les établissements publics hospitaliers (EPH) ont été classés par ordre décroissant de
performance selon les quatre (04) critères sus cités, puis, à partir de ce classement, ils
ont été rassemblés dans cinq (05) catégories : très bien, bien, moyen, mauvais, très
mauvais, et ce en fonction de l’intervalle dans lequel ils se situent.

Dans les tableaux suivants, sont présentés le nombre des EPH dans chaque intervalle
ainsi que le positionnement des EH de Aïn Témouchent, Aïn Turck et Aïn Azel par
rapport aux performances réalisées en 2018 puis en 2019.

Les résultats quantitatifs (chiffrés), présentés ci-dessous, sont corroborés par les
résultats qualitatifs qui ressortent des différents entretiens avec les responsables des EH
et confortent l’absence d’impact net du statut spécifique, tel qu’il est actuellement
appliqué, sur la performance du fonctionnement et de l’activité de ces établissements.

2.1. Taux d'occupation des lits

- Exercice 2018

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +80 % Très bon 14
02 60% - 80% Bon 40
EH Aïn Témouchent
03 40% - 60% Moyen 72 EH Aïn Turck
EH Aïn Azel
04 20% - 40% Mauvais 69
05 -20% Très mauvais 12
Total des établissements 207
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le taux d’occupation des lits, les EH de Aïn Témouchent,
Aïn Turck et Aïn Azel avec des taux de 46%, 54% et 60% respectivement, soit
l’équivalent de 126, 96 et 64 lits inexploités tout au long de l’année respectivement. Ils
réalisent ainsi une performance juste moyenne par rapport à un échantillon de 207 EPH.

132
- Exercice 2019

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 80% Très bon 06
02 60% - 80% Bon 25
03 40% - 60% Moyen 52 EH Aïn Témouchent
EH Aïn Turck
04 20% - 40% Mauvais 50
EH Aïn Azel
05 -20% Très mauvais 04
Total des établissements 137
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le taux d’occupation des lits, les EH de Aïn Turck et Aïn
Azel avec des taux de 37% et 39% respectivement, soit 136 et 98 lits inexploités tout au
long de l’année respectivement, réalisent une mauvaise performance, néanmoins l’EH
de Aïn Témouchent, avec un taux de 54%, soit 101 lits inexploités tout au long de
l’année, réalise une performance juste moyenne et ce par rapport à un échantillon de 137
EPH.

2.2. Rapport entre le nombre de chirurgiens et le nombre d'actes


chirurgicaux

- Exercice 2018

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +400 Très bon 16
02 250 - 400 Bon 28 EH Aïn Azel
03 100 - 250 Moyen 106
EH Ain Témouchent
04 50 - 100 Mauvais 26
EH Aïn Turck
05 -50 Très mauvais 07
Total des établissements 183
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le nombre moyen d’actes chirurgicaux par


chirurgien, les EH de Aïn Témouchent et Aïn Turck avec des taux de 91 et 64,16
actes par chirurgien respectivement, soit 7,58 et 5,35 opération par chirurgien par
mois, réalisent une mauvaise performance, par contre l’EH de Aïn Azel avec un
taux de 263,54 actes par chirurgien, soit 21,96 opérations par chirurgien par mois
réalise une bonne performance et ce, par rapport à un échantillon de 183 EPH.

133
- Exercice 2019

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +400 Très bon 13
02 250 - 400 Bon 12
03 100 - 250 Moyen 77 EH Aïn Azel
EH Aïn Témouchent
04 50 - 100 Mauvais 24
EH Aïn Turck
05 -50 Très mauvais 04
Total des établissements 130
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le nombre moyen d’actes chirurgicaux par chirurgien, les
EH deAïn Témouchent et Aïn Turck avec des taux de 74,86 et 80,48 actes par chirurgien
respectivement, soit 6,24 et 6,71 opérations par chirurgien par mois, réalisent une
mauvaise performance, alors que l’EH de Aïn Azel avec un taux de 169,42 actes par
chirurgien, soit 14,12 opérations par chirurgien par mois réalise une performance juste
moyenne et ce par rapport à un échantillon de 130 EPH.

2.3. Rapport entre le nombre de tables chirurgicales et actes chirurgicaux

- Exercice 2018

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +800 Très bon 21 EH Aïn Azel
02 600 - 800 Bon 28 EH Ain Témouchent
03 300 - 600 Moyen 63
04 200 - 300 Mauvais 28 EH Aïn Turck
05 -200 Très mauvais 22
Total des établissements 162
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le nombre moyen d’actes chirurgicaux par table
d’opération, l’EH de Aïn Turck avec un taux de 205,3 actes par table, soit 0,57 actes par
table par jour, réalise une mauvaise performance. Cependant l’EH de Aïn Témouchent
avec un taux de 737 actes par table, soit 2,05 actes par table par jour, réalise une bonne
performance, ainsi l’EH de Aïn Azel avec un taux de 856,5 actes par table, soit 2,38 actes
par table par jour, réalise une très bonne performance et ce par rapport à un échantillon
de 162 EPH.

134
- Exercice 2019

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +800 Très bon 20
02 600 - 800 Bon 24
EH Aïn Témouchent
03 300 - 600 Moyen 67
EH Aïn Azel
04 200 - 300 Mauvais 32 EH Aïn Turck
05 -200 Très mauvais 22
Total des établissements 165
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le nombre moyen d’actes chirurgicaux par table
d’opération, l’EH de Aïn Turck avec un taux de 217,3 actes par table, soit 0,60 actes par
table par jour, réalise une mauvaise performance. Néanmoins, les EH de Aïn
Témouchent et Aïn Azel avec des taux de 542,75 et 508,25 actes par table
respectivement, soit 1,51 et 1,41 actes par table par jour, réalisant une performance juste
moyenne. Et ce, par rapport à un échantillon de 165 EPH.

Il convient de préciser que dans l’activité chirurgicale, l’EH Ain-Témouchent arrive à


desservir la population des wilayas limitrophes, voire même au-delà de ces wilayas, au
vu du développement de la chirurgie de la scoliose infantile dans le cadre du partenariat
avec un établissement étranger. C’est ainsi que sur 21 301 patients admis en 2018, 3 886
proviennent d’autres wilayas, soit 18,24 %.

En effet, 44 interventions chirurgicales ont été réalisées en 2016, 60 en 2017 et 196 en


2018 dont la quasi-totalité de patients provient des wilayas autres qu’Aïn Témouchent
(56 sur 60 en 2017).

En revanche, pour des raisons budgétaires, le service hospitalier concerné n’arrive pas
à satisfaire la forte demande exprimée, à cause notamment de l’exigüité des locaux. Par
conséquent, 300 malades sont en attente au 31 décembre 2018, ce qui correspond à une
durée d’attente d’environ 18 mois, mettant ainsi la vie des enfants en péril du fait de
l’aggravationde la déformation du rachis et de la cage thoracique.

Pour l’EH Ain Turck, il peine à réaliser une structure des urgences médicaux-
chirurgicales (UMC), pour manque d’opération d’investissement qui tarde à être
inscrite. Cette structure lui permettra de faire face à l’affluence des malades en état
d’urgence, notamment pendant la période estivale, au vu de sa localisation
géographique.

135
2.5. Rapport entre le nombre de médecins et le nombre de consultations

- Exercice 2018

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +2000 Très bon 25
02 1500 - 2000 Bon 36
03 1000 - 1500 Moyen 56 EH Aïn Azel
04 600 - 1000 Mauvais 44 EH Aïn Turck
05 -600 Très mauvais 13 EH Aïn Témouchent
Total des établissements 174
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le nombre moyen d’actes de consultation par médecin,
l’EH de Aïn Témouchent avec un taux de 258 actes par médecin, soit 0,72 examens par
jour, réalise une très mauvaise performance. Cependant, l’EH de Aïn Turck avec un taux
de 998,71 actes par médecin, soit 2,77 examens par jour, réalise une mauvaise
performance, en revanche l’EH de Aïn Azel avec un taux de 1 095,77 actes par médecin,
soit 3,04 examens par jour, réalise une performance moyenne et ce par rapport à un
échantillon de 174 EPH.

- Exercice 2019

N° Intervalle Observation Nombre d'EPH Classement de l'EH


01 +2000 Très bon 27
02 1500 - 2000 Bon 32
EH Aïn Turck
03 1000 - 1500 Moyen 66
EH Aïn Azel
04 600 - 1000 Mauvais 49
05 -600 Très mauvais 29 EH Aïn Témouchent
Total des établissements 203
Source : Cour des comptes

Il ressort du tableau que pour le nombre moyen d’actes de consultation par médecin,
l’EH de Aïn Témouchent avec un taux de 257 actes par médecin, soit 0,71 examens par
jour, réalise une très mauvaise performance. Par contre, les EH de Aïn Turck et Aïn
Azel avec des taux de 1 258 et 1 015 actes par médecin, soit 3,49 et 2,82 examens par
jour, réalise une moyenne performance et ce par rapport à un échantillon de 203 EPH.

136
Recommandations

Compte tenu des constations ci-dessus évoquées et en perspective de la généralisation


de ce mode de gestion à l’ensemble des EPS, en application des dispositions de la
nouvelle loi sur la santé, la Cour des comptes recommande ce qui suit :

- L’adoption du statut type régissant les établissements publics de santé tel que prévu
par la loi n°18-11 du 02 juillet 2018 relative à la santé ;
- L’accompagnement par la tutelle, en vue d’un suivi efficace de la mise en œuvre de la
nouvelle gestion hospitalière pour surmonter les difficultés rencontrées ;
- La mise en conformité de la gestion des établissements hospitaliers avec les
dispositions de la nouvelle loi sur la santé.

Réponse du Ministre de la Santé

Le rapport de la Cour des comptes relatif à la mission ayant pour thématique « l’évaluation de
l’expérimentation de la nouvelle gestion hospitalière : cas des établissements hospitaliers d’Ain
Temouchent, Ain Turk (Oran) et Ain Azel (Sétif) », fait référence :

- aux conditions de la mise en œuvre de la nouvelle gestion hospitalière ;


- à l’appréciation de l’activité des établissements hospitaliers à travers quelques indicateurs
de performance du ministère de la santé.

En guise de réponse, il y a lieu, tout d’abord, de souligner que notre département ministériel
est en plein « transition règlementaire ».

Cependant, nous estimons opportun de vous apporter quelques éclairages quant aux
observations émises ayant lien avec les aspects énumérés ci-après :

1. Introduction d’un nouveau statut juridique pour les établissements


publics de santé

En vertu de l’article 297 de la relative à la santé suscitée, les établissements publics de santé
seront érigés en établissement public à gestion spécifique et à vocation sanitaire, doté de la
personnalité morale et de l’autonomie financière.

Le projet de ce statut est actuellement en gestation au niveau des services du secrétariat


général du gouvernement (SGG) en vue de son approbation.

137
Une fois promulgué et au sens de l’article 298 de la loi relative à la santé, les établissements
hospitaliers seront absorbés et n’auront aucune configuration dans l’architecture
administrative sanitaire.

2. Introduction de nouveaux outils de gestion

Conformément aux dispositions de la loi relative à la santé et avec l’introduction d’un nouveau
statut juridique aux établissements publics de santé, il sera mis en place un certain nombre
d’outils de gestion, de planification et d’évaluation permettant de moderniser la gestion
hospitalière et d’améliorer la performance des établissements publics de santé.

C’est ainsi que ces outils de gestion (projet de service, projet d’établissement, contrat
d’objectifs et de performance) constitueront des référentiels lors des discussions budgétaires et
de l’évaluation de la performance des établissements publics de santé.

3. Renforcement du système d’information

Pour parvenir à mettre en place un système d’information intégré, homogène et disposant


d’informations fiables, notre département ministériel a procédé :

- A la création de l’Agence Nationale de Numérisation en Santé (ANNS) par décret exécutif


n°22-251 du 30 juin 2022 (en cours de parachèvement de la mise en place des organes
délibérants et consultatifs et des outils d’organisation) qui est appelée à mettre en œuvre la
stratégie et les plans d’actions en matière d’appropriation et de généralisation des techniques
d’information et de communication et ce, à travers le développement des applications
informatiques et des services numériques.

A ce titre, il est dévolu à cette agence la mission d’accompagner les services de santé à mettre
en place notamment d’un système d’information sanitaire homogène et intégré.

- Au lancement d’opérations de numérisation graduelle des services de santé à l’échelle


nationale.

En somme, il est attendu que notre département ministériel disposera à terme d’un système
d’information sanitaire intégré, fiable et exploitable pour aider les services de santé à prendre
des décisions appropriées au moment opportun touchant tous les aspects liés au système
national de santé.

138
4. Gestion budgétaire et comptable

L’avènement de la loi relative aux lois de finances (LOLF) a amené tous les établissements de
santé (y compris les établissements hospitaliers) à devoir s’inscrire dans cette nouvelle
démarche à savoir la mise en place du budget programme qui a connu un début d’exécution à
partir de l’exercice 2023.

Cette démarche a permis à notre département ministériel d’adopter trois (03) programmes
déclinés en un ensemble d’actions à réaliser avec la perspective d’atteindre des objectifs précis
qui seront soumis à des indicateurs pour apprécier la performance des actions projetées par
les établissements publics de santé (Contrat d’actions et priorités, contrat de délégation de
gestion ….).

Il va de soi que ce nouveau dispositif budgétaire connaitra un cheminement pour arriver à


asseoir l’ensemble des mécanismes prévus notamment ceux liés à la prévision et l’évaluation
(Cadrage Budgétaire Moyen Terme, Cadrage de Dépenses Moyen Terme, nouvelle
comptabilité en exécution du budget programme).

5. Contractualisation des relations entre les établissements publics de


santé et les organismes de sécurité sociale

Le dossier de la contractualisation est considéré comme un chantier important car il devait


redéfinir les bases contractuelles et les référentiels du financement des établissements publics
de santé par les organismes de sécurité sociale.

En effet, le décret exécutif n°04-101 du 01 avril 2004 a fixé les modalités de versement de la
contribution des organismes de sécurité sociale au financement des budgets des établissements
publics de santé.

Cette opération a connu un grand engouement avec la mise en place d’un dispositif combiné
au niveau des hôpitaux mais qui a été vite délaissé.

A contrario, le secteur privé s’est vu bénéficier du conventionnement de certains domaines


d’intervention à savoir :

- les activités d’hémodialyse ;


- les activités de chirurgie cardiaque ;
- les accouchements.

139
La contractualisation butte essentiellement sur le mode de financement des établissements
publics de santé malgré les moult réunions tenues dans le cadre de la commission
intersectorielle avec les services du ministère du travail et de la sécurité sociale d’où la
situation ambivalente qui dure à ce jour.

6. Mise en place de la planification sanitaire

La loi relative à la santé a consacré la planification sanitaire comme un outil de développement


du système national de santé et ce à travers la carte sanitaire et le schéma d’organisation
sanitaire.

Au sens de l’article 2 du décret exécutif n°22-373 du 27 octobre 2022, la carte sanitaire est un
instrument de planification de l’ensemble des moyens, des ressources et des activités pour
assurer la couverture sanitaire au niveau national avec comme objectif notamment:

- de déterminer les normes de couverture sanitaire et les moyens à mobiliser au niveau wilayal,
régional et national ;
- d’assurer une répartition harmonieuse, équitable et rationnelle des ressources humaines, des
structures et établissements et des installations et équipements médicaux ;
- de maitriser la croissance de l’offre de soins et les couts des prestations de soins et des
services de santé ;
- de satisfaire d’une manière optimale les besoins de santé de la population.

Quant au schéma d’organisation sanitaire (projet de décret exécutif en cours d’examen au


Secrétariat Général du Gouvernement),il se définit comme un outil de planification de
l’ensemble des soins et des services de santé assurés par les structures et établissements de
santé sur tout le territoire national.

Il a pour objectifs notamment :

- d’organiser et susciter les adaptations et les complémentarités nécessaires de l’offre de


soins ;
- de maitriser et réguler la croissance de l’offre de soins et les coûts des prestations de soins et
des services de santé ;
- de permettre une prise en charge optimale des besoins de santé de la population d’une
manière globale, cohérente, hiérarchisée et continue.

Il en résulte de l’introduction de la planification sanitaire que la dotation et l’utilisation des


moyens et l’autorisation des activités à développer seront tributaires des choix retenus par la
stratégie sectorielle dont sa mise en œuvre sera assurée par les deux outils évoqués ci-haut.

140
7. Evaluation des structures et des établissements de santé

Conformément aux articles de 324 à 328 de la loi relative à la santé, il est prévu la mise en
place de mécanismes d’évaluation et d’audit des structures et établissements de santé avec pour
objectif notamment la maitrise des coûts, l’efficience de l’offre de soins et de la qualité des
soins.

En conclusion, nous vous signifions notre totale adhésion aux observations pertinentes
auxquelles nous réserverons une grande attention d’autant plus qu’elles viennent enrichir la
consistance des projets de textes d’application en cours de préparation.

Aussi, il est à souligner que la pandémie COVID a lourdement pénalisé les services de santé
par l’instauration d’un climat et des conditions défavorables au parachèvement de
l’architecture règlementaire propre au secteur de la santé.

La mise en place de tous les outils de gestion de planification et d’évaluation prévus par la loi
relative à la santé est tributaire également :

- de la mobilisation des services compétents du ministère de la santé, avec les aléas de leur
fonctionnement, pour parachever la conception de l’arsenal réglementaire y relatif ;
- du processus de la promulgation de textes réglementaires notamment avec le Secrétariat
Général du Gouvernement.

Réponse du Directeur Général


de l’Etablissement Hospitalier d’Ain Témouchent

La non application de la loi 07-11 du 25 novembre 2007 résulte du fait que l’EH est doté d’une
subvention budgétaire de l’Etat à l’instart des autres établissements publics.

Cela fait que l’EH demeure toujours un établissement public et que son caractère juridique et
sa gestion n’ont pas en fait d’impact réel sur l’activité hospitalière.

Vu que l’EH n’est pas soumis au contrôle préalable, il ne dispose pas de paiement à découvert.

1. Conditions de mise en œuvre de la nouvelle gestion hospitalière

Pour ce qui est de la comptabilité analytique, un service existe sans que les données ne soient
exploitées. En plus, le logiciel 3COH n’est pas appliqué, ce qui constitue un handicap pour la
comptabilité et la gestion en général.

141
Malgré la promulgation de la loi n°18-11 du 02 juillet 2018 relative à la santé et en créant au
sein des EH une gestion hybride et un statut spécifique, cela n’a pas été suffisant et efficace en
raison du manque d’un encadrement législatif uniforme aux EH.

1.1. Le projet d’établissement hospitalier (PEH)

Le projet d’établissement (PEH) existe toujours sauf que la pandémie de la Covid 19 a perturbé
le bon fonctionnement de l’établissement et les efforts du personnel se sont focalisés durant
cette période sur la lutte contre la pandémie.

Et pour ce qui est des prévisions par rapport au budget alloué nos chiffres sont réels.

1.2. Système d’information

L’EH ne dispose pas d’un sous-directeur informatique (SDI) dans son organigramme mais tous
les logiciels cités sont opérationnels sauf que le (MINI GMAO) connait des difficultés
techniques qui nous dépassent.

1.3. Gestion budgétaire et comptable

1.3.1. Une gestion budgétaire semblable à celle du reste des établissements publics de
santé

Pour ce qui est des ressources financières, l’EH a fait de son mieux. Dans ce cadre, des
conventions de restauration et d’incinération sont conclues avec plusieurs partenaires publics
et privés notamment la convention avec « MED GAZ ».

Les dettes : particulièrement vis à vis de la PCH, l’annulation de l’annexe 2 sans préavis a
fait que l’EH s’est endetté vu que l’établissement dispose de certains services exigeant des
commandes importantes pour la prise en charge des malades (oncologie).

1.3.2. Une comptabilité générale à mieux maitriser

Concernant la comptabilité (SCF), l’absence d’encadrement et de formation ainsi que


l’accompagnement ont fait que les manuels de procédures sont inexistants.

142
1.4. Des tentatives pour appréhender les coûts des prestations

La comptabilité analytique existe à notre niveau, des bilans trimestriels selon des canevas sont
élaborés.

1.5. Une gestion contraignante des ressources humaines

L’absence de textes régissant le personnel de ces établissements a laissé un vide juridique quant
à la gestion des carrières de ces derniers.

Les EH se sont trouvés assujettis à une double forme de gestion (loi 90 – 11 et la loi 03-06).

2. Appréciation de l’activité des établissements hospitaliers à travers


quelques indicateurs de performance du ministère de la santé

Le nombre de jours d’hospitalisation a atteint 41 347, soit un nombre de 22 520 malades admis
dans les différents services d’hospitalisation.

Je porte à votre connaissance que l’établissement se base dans son activité chirurgicale sur les
pathologies lourdes et rares, telle que la scoliose qui reçoit des patients scoliotiques venant de
l’ensemble du territoire national, ce qui engendre une longue durée d’hospitalisation de ces
malades dépassant les 04 mois.

Service d’oncologie

Le seul service dans la wilaya qui prend en charge un nombre important de patients pour la
cure de chimiothérapie et la prise en charge chirurgicale de ces malades dans les différentes
spécialités (tumeurs) (pré – post – per) opératoire.

Service de médecine interne

Ce service reçoit un nombre important de malades diabétiques notamment pour la prise en


charge du pied diabétique particulièrement les amputations, la durée d’hospitalisation de ces
patients dépasse (06 mois).

Neurochirurgie

On se base sur le développement de la neuro chirurgie pédiatrique et la prise en charge des


tumeurs cérébrales, on note que ces interventions restent délicates et sensibles.

143
A partir de ce fait, la durée d’hospitalisation et le taux d’occupation de ces pathologies lourdes
varie entre (54 % et 60 %).

Rapport entre le nombre de chirurgiens et le nombre d’actes chirurgicaux

- Le nombre des praticiens spécialistes a augmenté de 107 à 122 entre l’année 2018 et 2019.
L’établissement dispose d’un bloc opératoire de 5 salles réparties entre les différentes
spécialités, la programmation des patients reste sur l’intervalle de (un jour /semaine) voir (un
jour /2 semaine) pour toutes les spécialités.
- Certaines spécialités dans notre établissement ont connu une augmentation importante
notamment l’activité chirurgicale dans certaines spécialités, l’établissement a procédé à
l’extension des salles opératoires dédiées aux (scoliose-chirurgie cardiaque et
l’ophtalmologie) pour absorber le flux des patients. Tout cela explique le rapport entre le
nombre de tables chirurgicales et les actes chirurgicaux.

Rapport entre le nombre des médecins et le nombre de consultations

Vu l’instruction de Mr le ministre de la santé concernant l’externalisation des consultations


spécialisées vers les différentes polycliniques de la wilaya, le chiffre a baissé en gardant
quelques consultations spécialisées à notre niveau telles que (l’urologie-cardiologie médicale-
orl-maxillo-faciale-ophtalmologie).

N.B : le nombre de consultation externe est comptabilisé au niveau des polycliniques.

Réponse du Directeur Général


de l’Etablissement Hospitalier d’Ain El Turck
(Wilaya d’Oran)

J’ai l’honneur de vous transmettre les réponses suivantes :

- Définition de l’établissement

L’etablissement hospitalier Dr Medjbeur Tami est un établissement public à caractère


spécifique de 240 lits situé à Ain El Turck Daïra d’Ain El Turck qui englobe 04 communes :

- commune d’Ain El Turck (47 000 habitants) ;


- commune de Bousfer (21 352 habitants) ;
- commune d’Ançor (14 680 habitants) ;
- commune Mers El Kebir (25 000 habitants) ;
- commune de Boutlilis de la daïra d’Es Senia.

144
Crée par le décret exécutif n°06-384 du 28 octobre 2006, il englobe la carte sanitaire n°11 de
l’année 2015.

 Service d’anesthésie réanimation 10 lits ;


 Service de chirurgie générale 40 lits ;
 Service de chirurgie orthopédique traumatologique 30 lits ;
 Service de gastro-entérologie 14 lits ;
 Service de médecine interne 30 lits ;
 Service d’ophtalmologie 14 lits ;
 Service de pédiatrie 40 lits ;
 Service de pneumo-phtosiologie 10 lits ;
 Service de Rhumatologie 14 lits ;
 Service des urgences médico-chirurgical 10 lits ;
 Service de cardiologie 10 lits manque de médecins spécialistes (non organisé) ;
 Service ORL 14 lits.

- Dans le cadre de la contractualisation, il est impératif de revoir le coût ainsi que la


nomonclature de la coodification des actes médicaux et paramédicaux.
- Revoir les modalités des conventions à établir avec les différentes caisses (CNAS-CASNOS-
caisse militaire- DAS) et le paiment de certaines prestations médico- chirurgicales, notamment
les prestations spécifiques ou de pointe à leur juste valeur et la généralisation de cela aux
différentes entreprises ;
- Revoir le coût de ces préstations sur la base d’une assise réglementaire ;
- Il y a lieu de signaler que l’établissement EH a lancé des conventions avec CREPS (institut
du sport) (traumatologie) Séor, sonalgaz (prise en charge des patients) (consultation, labo,
chirurgie, autre) complexe touristique Andalous ;
- A fin de les différencier des EPH, il y a lieu de spécialiser certains services dans les
modalités de prise en charge de pointe (chirurgie cardiaque – neuro chirurgie –OTR (Prothese
de hanche de genoux chirurgie de la main) ophtalmologie –greffes) ;
- Les primes de perfectionnement et de rendement doivent être soumises à un plan de travail
étudié et conclu avec les differents partenaires (administration- médecin) ;
- Au-dela des programmes de santé du ministére, il y a lieu de permetre à ces établissements
de tracer un programme spécifique à son environnement (notamment zone touristique) ;
- Sur le plan budgétaire, le budget programme s’impose ;
- Le SCF est un systéme de comptabilité fiable fléxible à généraliser à tous les établissements
de santé ;
- En ce qui concerne l’établissement hospitalier Dr Medjbeur Tami, le taux d’occupation des
lits et d’admission varie d’un service à un autre et d’une spécialité à une autre, comme suit :

145
Taux d’occupation des lits
Année 2018

 Activités chirurgicales

Nombre
Services Admission Hospitalisation Total
de lits
Chirurgie Générale 40 2 083 5 038 34,64%
OTR 30 1 015 3 204 29,26%
Ophtalmologie 14 2 117 2 409 47,14%
ORL 14 1 154 1 355 26,52%

 Activités Médicales

Nombre
Services Admission Hospitalisation Total
de lits
Pédiatrie 40 3 425 5 621 38,50%
Médecine Interne 30 2 300 6 169 56,34%
Rhumatologie 14 4 216 9 171 179,47%
Gastro-entérologie 14 1 915 2 986 58,43%
Pneumo-phtisiologie 10 1 163 4 399 117,78%

Taux d’occupation des lits


Année 2019

 Activités chirurgicales

Nombre
Services Admission Hospitalisation Total
de lits
Chirurgie Générale 40 2 367 4 253 29,13%
OTR 30 1 001 2 932 26,78%
Ophtalmologie 14 1 001 1 116 21,84%
ORL 14 1 535 778 15,23%

146
 Activités Médicales

Nombre
Services Admission Hospitalisation Total
de lits
Pédiatrie 40 2 809 3 969 27,18%
Médecine Interne 30 2 285 5 513 50,35%
Rhumatologie 14 5 301 6 443 126,09%
Gastro-entérologie 14 1 675 1 685 32,97%
Pneumo-phtisiologie 10 838 1 379 37,78%

- Le projet d’établissement de l’année 2019 a été mal élaboré ; l’établissement a connu des
perturbations et une succession de 03 directeurs (instabilité).

Observation

 Service chirurgie

- Ce service est doté de 40 lits (nombre de lits important pour la daira) -02 salles opératoires.
Il privilègie la chirurgie ambulatoire (moyen de journée d’hospitalisation 02 à 03 jours) afin
d’éviter au maximum la surinfection et l’encombrement du service (notamment chirurgie par
colonne de célio).

 Service OTR

- Il est doté de 30 lits et d’une salle opératoire, néanmoins, le nombre de patients le plus élevé
est constaté dans l’activité chirurgicale (zone touristique AVP – CBV).

 Service ORL

- Doté de 14 lits et 02 médecins spécialistes, l’activité chirurgicale est très restreinte (chirurgie
de l’enfant non prise en charge, manque de service réanimation et moyens spécifiques aux
enfants).

 Service Ophtalmologie

- Il est doté de 14 lits et d’une salle opératoire seulement, l’admission est en majorité
chirurgicale.

 Service de cardiologie

- Il est doté de 10 lits, inexploités - manque de médecins.

147
Service Médecine Interne

- Il est doté de 30 lits et de 04 médecins internistes seulement.

 Service Pédiatrie

- Il est doté de 40 lits et d’un médecin spécialiste en pédiatrie.


- L’établissement EH Dr Medjbeur Tami ne bénificie pas du personnel issu de la formation
des instituts paramédicaux, il fonctionne avec 90% des ATS issus des écoles privées.
- Les médecins spécialistes en fin de formation ne sont ni orientés ni affectés à l’établissement,
nous ne disposons d’aucun térrain de stage médical (pas de médecin interne pas de résident)
- Il est impératif pour un bon fonctionnement et une rentabilité adéquate de doter
l’établissement d’une nomonclature, de coût, de contractualisation spécifique et une assise
réglementaire lui perméttant d’offrir des préstations de soins codifiées, calculées avec des
indicateurs spécifiques à l’établissement en prenant en compte le projet et le budget
programme.

Réponse du Directeur Général de l’Etablissement


Hospitalier (EH) d’Ain Azel (Wilaya de Sétif)

J'ai l'honneur de vous apporter les réponses nécessaires comme suit :

1. Concernant les conditions de la mise en œuvre de la gestion hospitalière : L'absence


de textes réglementaires et explicatifs des spécificités des établissements hospitaliers et
l'absence d’un cadre juridique sur lequel s'appuie le processus de gestion ont entravé la mise
en œuvre de la gestion hospitalière malgré les initiatives prises par le ministère de tutelle à ce
sujet.

2. Concernant le projet d'établissement comme outil de gestion et d'évaluation

Il convient de constater la non réalisation du projet annuel et pluriannuel d'établissement et du


projet qualité qui est due à l’adoption d’une gestion classique des établissements hospitaliers
et au recours aux subventions accordées par l'État, qui couvrent souvent les dépenses de
personnel, l'alimentation, les médicaments et d'autres dépenses, et cela limite la fixation
d'objectifs et de projets médicaux et paramédicaux, surtout en termes de coût. Cependant, la
promulgation de la loi n°15-18 du 02 septembre 2018 portant lois de finances, permettra
l'élaboration du projet d'établissement et la conclusion des contrats d'objectifs et de
programmes avec le ministère de tutelle.

148
3. Concernant le système d'information

En effet, l'établissement utilise des applications agréées par le ministère de la santé. L'absence
d'un système d'informatisation unifié avec tous les établissements de santé et le manque
d'interdépendance de ces applications rend difficile le traitement des informations et des
données. Il est donc préférable de mettre en place un logiciel informatique unifié et de le
généraliser à l'ensemble des établissements de santé, tel que le système COH 3, qui nous semble
le plus approprié.

4. En ce qui concerne la gestion budgétaire et comptable

Le budget de l'établissement dépend des subventions versées par l'État. L'absence d'autres
revenus tels que la contractualisation avec les organismes de sécurité sociale et les ressources
propres aux activités de l'établissement rend sa gestion similaire à la gestion du reste des
établissements publics de santé.

5. En ce qui concerne la maîtrise des coûts des prestations

L'absence d’un système de coodification des actes pratiqués par les différents professionnels
de la santé, ainsi que la non-application du système de contractualisation avec les organismes
de sécurité sociale, rend difficile la maîtrise par l'etablissemnt des coûts des prestations
fournies.

6. En ce qui concerne les difficultés de gestion des ressources humaines

Toutes les difficultés que vous avez constatées à travers vos investigations en matière de gestion
des ressources humaines sont considérées comme un obstacle à la gestion, en l'absence de la
loi fondamentale qui régit les salariés de l'établissement. Ceci explique l'instabilité du
personnel qui se répercute négativement sur les performances et l'activité de l'établissement,
en attendant la mise en application des dispositions de la loi n°11-18 du 02 juillet 2018, portant
sur la nouvelle loi sur la santé qui prévoit, en vertu de son article 299 « la généralisation du
statut de la fonction publique à tous le personnel de la santé ».

7. Concernant l'appréciation de l'activité des établissements hospitaliers

Votre appréciation de l'activité de notre établissement est objective. Il convient de noter que
l'activité de l'établissement dépend de plusieurs facteurs, dont le nombre limité de salles

149
opératoires (03 salles pour plus de 15 chirurgiens), un taux élevé de recrutement des malades
condidats à des interventions chirurgicales en plus du manque de certains équipements
médicaux et l’instabilité de certaines spécialités. Ceci impacte fortement le taux d’occupation
des lits.

A la lumière de ce qui précède, nous apprécions les recommandations de la Cour des comptes,
qui contribueraient à mettre en œuvre et à établir les règles d'une gestion hospitalière moderne.

150
DEUXIEME PARTIE
LES COLLECTIVITES TERRITORIALES

151
05. LA REALISATION D’UNE CEINTURE VERTE
RELIANT LES DEUX VILLES DE OUARGLA
ET TOUGGOURT (1ERE TRANCHE)

Le projet de réalisation d’une ceinture verte sur la route reliant les deux villes de
Ouargla et de Touggourt a été initié par les autorités de la wilaya de Ouargla avec
comme objectifs, notamment la protection de l’environnement, le développement de
l’activité économique et la création d’espaces de détentes pour les citoyens. Son
financement a nécessité la mobilisation d’une enveloppe globale de crédits estimée à
2,282 Mrds DA, prélevée sur le budget de la wilaya de Ouargla, les budgets des
communes de Hassi Messaoud et Hassi Ben Abdelah ainsi que le fonds spécial de
développement des régions du sud. Ces crédits sont destinés à prendre en charge la
réalisation des forages et réseaux d'irrigation, la plantation des arbres et la clôture de
protection en plus des autres frais de gestion.

Les investigations de la Cour ont mis en évidence que ce projet n’a pas requis de la
part de ses initiateurs l’intérêt suffisant, notamment en termes d’étude de maturation,
de pilotage du projet et de suivi des opérations de réalisation, ce qui l’a rendu
vulnérable à de nombreuses difficultés survenues tout au long de sa réalisation. Il en
est de même pour la gestion du projet une fois les travaux réceptionnés (gardiennage,
maintenance du réseau d’irrigation, l’arrosage des arbres, suivi et entretien de la
croissance des plantations), considérée comme l'étape la plus déterminante pour son
succès et sa durabilité.

Les travaux d’évaluation de la Cour font ressortir, qu’au-delà des carences qui
entachent l’exécution financière des opérations d’équipement y afférentes
(inobservation des procédures règlementaires, litiges judiciaires etc.) et des préjudices
qui en découlent en termes de surcoûts, les objectifs assignés au projet ne sont pas
atteints et dans plusieurs cas des résultats inverses sont constatés.

Ainsi, ce projet dont le coût de réalisation s'est élevé à 1,874 Mrd DA se trouve
actuellement en état d’abandon et sujet à de multiples dommages dus aux facteurs
climatiques, aux actes de vol et de pillage des installations et équipements réalisés et
à l’utilisation de certains de ces équipements à des fins autres que celles pour lesquelles
ils ont été destinés.

152
Vu sa situation géographique, la wilaya de Ouargla est connue par ses températures
élevées, des soulèvements de sable par des tempêtes fréquentes et intensifiées et des
ensablements des endroits vitaux provoquant de divers dommages environnementaux,
économiques et sanitaires.

Son réseau routier, à l’instar d’autres villes similaires du sud du territoire, se distingue
par des distances relativement longues, une instabilité de son environnement naturel, un
manque de places de détente et une rareté de verdure.

Pour assurer un certain confort à ses usagers, les autorités de la wilaya de Ouargla ont
lancé, en 2013, un projet de réalisation d’une ceinture verte sur la route reliant les deux
villes de Ouargla et de Touggourt (devenue chef-lieu d’une nouvelle wilaya)1. L’idée
consiste à réaliser la plantation de cinq (05) rangées d'arbres, soit quatre (04) rangées
d’oliviers et une rangée de palmiers, sur les rives des deux routes nationales 03 et 56
avec comme ambition l’atteinte de plusieurs objectifs. En premier lieu, écologique à
travers la protection de la route des empiètements du sable et des animaux des risques
d’accidents ; ensuite, économique par le développement de la production oléicole et des
dates et la promotion du tourisme saharien ; et enfin, sociale à travers la création
d’emplois et d’espaces de détente pour les citoyens.

L’étendue de la ceinture verte, sa dimension environnementale, économique et sociale,


l’importance des dotations financières qui lui sont réservées et son caractère
multisectoriel, sont autant de facteurs qui ont motivé l’inscription, au titre du programme
d’activité de contrôle de 2021 de la Cour des comptes, d’une opération de contrôle de
qualité de gestion dudit projet.

Ce contrôle vise à apprécier les conditions de son inscription, les actions entreprises par
chacun des intervenants et les modalités de leur suivi, la gestion des opérations
financières y afférentes ainsi que les résultats obtenus à l’issue de sa réalisation au regard
des objectifs escomptés.

L'évaluation a révélé que ce projet a été lancé sans études de maturation pour en définir
les risques éventuels, ce qui l’a rendu vulnérable à de nombreuses difficultés survenues
tout au long des sa réalisation. De plus, le comité crée, à l’effet d’assurer la gestion et le
suivi des différentes opérations d’équipement et le pilotage du projet dans son ensemble,
a manqué d’efficacité. Et en l’absence d’identification préalable d’une instance en
charge de la gestion du projet, une fois les travaux réceptionnés, (gardiennage,
maintenance du réseau d’irrigation, l’arrosage des arbres, suivi et entretien de la

1
Décret présidentiel n°21-217 du 22 mars 2021 complétant le décret n°84-79 du 03 avril 1984 fixant les noms et
les chefs –lieux des wilayas.
.

153
croissance des plantations), celui-ci a été complètement abandonné, et sujet à de
multiples dommages dus aux facteurs climatiques, aux actes de vol et de pillage des
installations et équipements réalisés et à leur utilisation à des fins autres que celles pour
lesquelles ils ont été destinés.

1. Conditions d’inscription, de lancement et de pilotage du projet

Le projet de ceinture verte de la route Touggourt-Ouargla n’a pas bénéficié de la part de


ses initiateurs d’un intérêt au regard des objectifs escomptés, de l’importance des
moyens financiers et matériels déployés pour sa réalisation et de la multitude des
secteurs impliqués dans sa mise en œuvre.

1.1.Objectifs assignés au projet

Les principaux objectifs attendus du projet, tel qu’il ressort du procès-verbal de réunion
du 19 septembre 2013 tenue au siège de la wilaya de Ouargla sous la présidence du wali,
sont énumérés comme suit1 :

- la protection de la route des empiètements de sable à travers la fixation des dunes ;


- la prévention des risques de traversées animalières en particulier les chameaux ;
- le développement de la richesse des palmiers dattiers et des oliviers ;
- la création d’emplois permanents et saisonniers pour réduire le chômage ;
- la création des espaces verts et de détente et l’amélioration du paysage ;
- le développement du tourisme du désert ;
- la consolidation des propriétés wakf.

1.2. Consistance physique et financière du projet

Par deux arrêtés du Wali de la wilaya de Ouargla n°1140 en date du 05 septembre 2013
et n°85 du 26 janvier 2014, deux assiettes de terrain relevant du domaine privé de l’Etat,
respectivement d’une superficie de plus de 336 et 437 hectares ont été attribuées à la
direction des affaires religieuses et des wakfs afin de réaliser, en deux (02) tranches, le
projet de la ceinture verte reliant Ouargla et Touggourt. La première assiette de terrain
est destinée à recevoir la tranche reliant Ouargla et El Hadjira sur une distance de

1
Procès-verbal de la réunion n°01 du 19 septembre 2013, tenue au siège de la wilaya de Ouargla sous la présidence
du wali ayant pour objet l’installation du comité de suivi (pilotage) et la définition des objectifs attendus du projet.

154
90 kms, répartie entre les communes desservies par l’axe routier indiqué1. La deuxième
assiette est réservée pour accueillir la deuxième tranche du projet qui relie la ville de
Touggourt et ses environs. Néanmoins, ce tronçon d’une distance d’environ 70 kms n’a
pas connu de début d’exécution.

La première tranche, objet d’évaluation de la Cour, est prévue sur les deux rives de deux
(02) routes nationales 03 et 56. Elle est composée de cinq (05) rangées d'arbres (04
rangées d'oliviers et une rangée de palmiers) et dotée d’un réseau d'arrosage
comptabilisant 18 forages, auquel s’ajoutent 158 bassins d'eau et deux (02) réseaux
(principal et secondaire) d'irrigation. Pour sa protection, une clôture a été prévue sur une
longueur de 162 kms, réalisable en cornières liés horizontalement par trois (03) rangées
de fil galvanisé.

La réalisation de la première tranche du projet a été lancée le 01 novembre 2013 2. Elle


a nécessité la mobilisation d’une enveloppe globale de 2,282 Mrds DA, répartie sur
43 opérations d’équipement, prises en charge par quatre (04) sources de financement, à
savoir : le budget de la wilaya de Ouargla, les budgets des communes de Hassi
Messaoud et Hassi Ben Abdelah ainsi que le Fonds spécial de développement des
régions du Sud.

D’autres intervenants ont contribué à la réalisation du projet. En plus d’autres


collectivités locales concernées, il y a lieu de citer notamment, les sociétés pétrolières
ENTP et ENAFOR (participation à la réalisation de la clôture de protection), des
investisseurs privés (réalisation de deux forages et mise à disposition du projet d’une
quantité de palmiers sous forme de dons), la société civile (campagnes de volontariats
pour plantation de palmiers) et la direction de la formation et de l’enseignement
professionnels.

Il convient de préciser, néanmoins, que ces contributions n’ont pas été budgétisées et
intégrées dans le coût global du projet, détaillées au tableau ci-après :

1
Communes : N’Goussa 73 Hectares et 95 Ares, Hassi Ben Abdelah : 144 Hectares, 74 Ares et 20 Centiares, Hassi
Messaoud 32 Hectares et 08 Ares et El Hadjira : 85 Hectares et 08 Ares.
2
Procès-verbal de réunion n° 06 du 31 octobre 2013.

155
Répartition des montants des opérations, par gestionnaire et par nature de travaux
Unité : DA
Nombre Autorisation du Maitres
Source Année Nature des travaux
d’opérations programme d’ouvrage
Réalisation de 16 forages et acquisition Direction des
02 246 000 000,00
d’un transformateur électrique. ressources en Eau
Réalisation d’un réseau d'irrigation
Budget de la wilaya
goutte à goutte et plantation des Conservation des
de Ouargla 2014 01 120 000 000,00
palmiers, oliviers et entretien sur une forets
(Autofinancement)
distance de 21 km.
réalisation et suivi de la clôture de Direction des
01 67 306 648,50
protection. Travaux Publics
Réalisation des bassins, réseau principal,
Budget de la wilaya Commune de
2015 03 181 919 290,00 réseau d'irrigation goutte à goutte et
de Ouargla N’Goussa
plantation d'oliviers et de palmiers.
(Subventions aux
Replantation (changement) d'oliviers et
communes) Commune d’El
2016 01 88 100 000,00 de palmiers, entretien et suivi sur une
Hadjira
distance de 19 km.
Total partiel (1) 08 703 325 938,50 30,80%
Budget de la réalisation de la ceinture verte sur une
commune de Hassi distance de 12 km (plantation d’arbres et Commune de
2013 01 320 000 000,00
Messaoud suivi). Hassi Messaoud
(autofinancement)
Réalisation des bassins, réseaux
principal et secondaire pour l'arrosage,
équipement des puits et raccordement Commune de
2013 08 211 000 000,00
électrique, plantation d'arbres, N’Goussa
réalisation des abris pour les
transformateurs électriques et puits.
réalisation des bassins, réseau principal,
système d'irrigation goutte à goutte,
Budget de la équipement des forages et raccordement Commune
2013 10 345 000 000,00
commune de Hassi électrique, acquisition d'oliviers, d’El Hadjira
Messaoud réalisation des abris pour les
(subventions aux transformateurs électriques et forages.
communes) 1 Réalisation des bassins d'eau et du
2013 05 414 000 000,00 réseau d'irrigation principal plus le
raccordement électrique.
Acquisition d'arbres et réalisation des Commune de
2014 03 8 200 000,00
abris pour forages. Hassi Ben
Achèvement de la réalisation des bassins Abdelah
d'eau et du réseau d'irrigation ainsi que
2014 04 208 399 000,00
l’achèvement du réseau secondaire
d'irrigation.
Total partiel (2) 31 1 506 599 000,00 65,98%
Réalisation d’un forage d’une
Fonds spécial de
profondeur de 130 m Direction des
développement des 2013 01 6 151 689,33
(Forage n° 8 dans le territoire de la Ressources en Eau
régions de sud
commune de Hassi Ben Abdelah).
Total partiel (3) 01 6 151 689,33 00,27%
Budget de la Entretien des forages, réalisation de la
2015 02 3 700 000,00 commune de
commune de Hassi clôture et plaques d’orientations.
Hassi Ben
Ben Abdelah Montage des pompes pour les forages
2017 01 6 900 000,00 Abdelah
(Autofinancement)
Total partiel (4) 03 10 600 000,00 00,46%
Frais de gestion 01 55 886 162,90 Frais de consommations d’électricité
Total partiel (5) 01 55 886 162,90 02,44%
Total 43 2 282 562 790,73

Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

1
L'article 68 de l'ordonnance n°15-01 du 23 juillet 2015 portant loi de finances complémentaire pour 2015- les
communes disposant de ressources financières importantes peuvent, dans le cadre de la solidarité financière locale,
après délibération de l’assemblée populaire communale, accorder des subventions au profit de communes relevant
de la même wilaya à travers le budget de la wilaya dont elles relèvent.

156
1.3. Observations sur la conception et le pilotage du projet

Les initiateurs du projet de la ceinture verte n’ont pas réservé l’intérêt suffisant à la
conception du projet et au processus de son pilotage qui, au demeurant, sont plus que
déterminants dans le succès de tout projet d’équipement.

1.3.1. Sur la conception et le lancement du projet

Les problèmes que connait le projet sur le terrain auraient pu être évités si celui-ci avait
été convenablement étudié. Dans ce cadre, le contrôle a relevé ce qui suit :

- Absence d’une étude de maturation

Le lancement du projet a eu lieu sans définir préalablement certaines exigences


techniques, à savoir : les tracés, les périmètres principaux et secondaires du projet, les
points et la qualité d’eau souterraine à utiliser, les sources d'énergie (possibilité d'utiliser
l'énergie solaire au lieu de l'électricité, étant donné que le projet est prévu dans une zone
où le soleil ne fait pas défaut). De plus, il est impératif de choisir les systèmes d'irrigation
appropriés, connaitre les directions principales des vents afin de recommander des
solutions nécessaires, sélectionner les arbres adaptés à l'environnement désertique et
enfin de s’enquérir de l’état des lieux de passage des pipes line.

S’agissant d’un projet d’envergure compte tenu de ses besoins en ressources humaines
et financières et de sa complexité, le défaut d’étude technique accentue sa vulnérabilité
et augmente grandement le risque de son échec.

- Absence d'étude technique des projets par secteur

En plus de l’absence d'une étude globale du projet, le contrôle de la Cour des comptes
a constaté que les opérations sectorielles engagées par les différents intervenants sur
l’ensemble des territoires des communes impliquées, n’ont pas fait l’objet d’études
préalables. Ainsi :

- Les parties prenantes n’ont pas pris en compte la réalité du terrain prévu pour recevoir
le projet, entre autre, le passage du réseau d’irrigation à proximité des canaux de gaz1 ,
la plantation d'arbres sans tenir compte des servitudes nécessaires (elle a été effectuée à
une distance de 02 mètres de la route au lieu de 12 mètres)2.

1
Problèmes soulevés par les présidents des assemblées populaires communales d’El Hadjira et Hassi Ben Abdelah.
2
Remarque soulevée par le Directeur des Travaux Publics.

157
- L’opération de réalisation des forages, confiée à la direction des ressources en eau,
dont le quantitatif des travaux des forages prévus dans le marché est erroné (par
méconnaissance de la profondeur de la nappe). Pour y remédier, le maitre de l’ouvrage
a fait recours à la conclusion de deux avenants, d’un montant de 101,792 millions de
DA, soit 71,16% du montant initial du marché, qui ont fondamentalement affecté
l'équilibre du marché, contrairement aux dispositions de l'article 103, alinéa 4, du décret
présidentiel n°10-236 du 07 avril 2010 portant réglementation des marchés publics,
modifié et complété.

- Les douze (12) bassins réalisés sur le territoire de la commune de Hassi Messaoud pour
un montant de 34 Mrds DA, ne sont pas exploités à cause de leur incompatibilité avec
le réseau d’irrigation. En effet, vu leur faible capacité de stockage (12 m3), la distance
qui les séparent (1 km), et la difficulté techniquement avérée de leur remplissage qui
nécessite à chaque fois la fermeture et l’ouverture des vannes de remplissage de chaque
bassin séparément, ces bassins ne peuvent répondre aux besoins d’irrigation de quatre
rangées d’arbres sur une distance d’un km. Comme alternative à cette contrainte,
l'arrosage s'effectue directement à partir du forage en faisant fonctionner sa pompe, ce
qui a entraîné plusieurs problèmes à savoir ; les pannes fréquentes de la pompe du
forage, le manque de rationalité en matière de consommation d'énergie, l'arrosage direct
des arbres en se dispensant des goutteurs et l’insuffisance d’eau pour irriguer toute la
zone, particulièrement les endroits éloignés et ceux qui sont relativement élevés du
point de vue altitude.

- Réajustements répétés des structures et des intitulés des projets

L'absence d'étude pour la détermination des besoins réels en financement du projet a eu


comme conséquences négatives la restructuration excessive des décisions d’octroi de
subventions, les changements d’intitulés d’opérations déjà inscrites et la suppression
d’autres, faisant naitre des litiges, comme c’est le cas à la commune d’El Hadjira, en
raison de l’annulation d’une opération déjà inscrite, alors que les travaux y afférents sont
en cours.

158
Tableau illustratif des modifications opérées

Références des
Maitre Source de Nombre de
autorisations des Objets des modifications
d’ouvrage financement modifications
programmes
Budget de la Décision -structure du projet
commune de n°1363 du 05 -allotissement
Commune de Hassi Messaoud 22/10/2013 -changement d’intitulés
N’Goussa Budget de la -changement d’intitulés
Décision n°002 01
wilaya de -annulation d’une sur trois
du 27/01/2015 01
Ouargla (01/03) opérations
-structure du projet
Budget de la Décision
Commune -changement d’intitulés
commune de n°1364 du 02
d’El Hadjira -octroi d’une nouvelle
Hassi Messaoud 22/10/2013
subvention 1
-changement d’intitulé deux
Direction des Budget de la
Programme (02) fois
ressources en wilaya 03
40/2014 -augmentation de l’autorisation
eau de Ouargla
du programme
-changement du nombre
d’opérations
Commune de Budget de la Décision -changement des autorisations
Hassi Ben commune de n°1365 du 03 des programmes inscrits
Abdelah Hassi Messaoud 22/10/2013 -changement du montant global
de la subvention pour prendre en
charge d’autres opérations
Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

- Absence d’une vision sur les modalités d’exploitation du projet après sa


réalisation

A l’instar de tout projet d’équipement, l'étape post-réalisation est considérée comme


l'étape la plus déterminante dans le succès et la durabilité (pérennité) du projet.

En procédant à la prise d’un arrêté portant attribution de l’assiette foncière du projet au


profit de la direction des affaires religieuses et des wakfs, à titre de patrimoine « wakf »2,
les autorités locales, en l’occurrence le Wali, ont envisagé de transférer la gestion du
projet après sa réalisation à cette dernière, partant de l’idée que le projet en question est
un investissement productif, créateur de richesses, selon le type d'arbres plantés. En
conséquence, la production attendue ou projetée est destinée à consolider le patrimoine
wakf.

1
Décision n°005 du 10 février 2016, d'un montant de 88 100 000 DA portant octroi d’une subvention sur le budget
de la wilaya, au profit d’un projet qui a été précédemment lancé et qui a fait l’objet d’un changement d’intitulé.
2
Arrêté n°1140 du 05 septembre 2013 portant attribution, à titre de "patrimoine Wakf" au ministère des affaires
religieuses et des wakfs d'un terrain appartenant à la propriété privée de l'Etat, d'une superficie totale de 336
Hectares, 17 Ares et 37 Centiares , situé sur le territoire des communes de N’Goussa, El Hadjira Hassi Messaoud
et Hassi Ben Abdelah, pour la réalisation du projet de la ceinture verte.

159
Ensuite, l’idée est dirigée vers la création d’un établissement public local ayant pour
charge la gestion future du projet. Cependant, cette idée a été abandonnée, à l’issue de
la réunion du 13 avril 2017, durant laquelle il a été décidé de confier la gestion du projet
à la direction des services agricoles (DSA), en attendant la création d’un établissement
à caractère industriel et commercial (EPIC) qui aura la charge de sa gestion. A cet effet,
la DSA est conviée de préparer les cahiers des charges y afférents en coordination avec
les communes concernées, la conservation des forêts et la direction des affaires
religieuses et des wakfs en mettant en exergue les mécanismes visant à impliquer les
propriétaires des périphéries avoisinantes dans le processus d'arrosage et d'entretien de
la ceinture verte, en échange de bénéficier des forages et bassins réalisés1.

Néanmoins, l'idée ne s'est pas concrétisée sur le terrain malgré la préparation du projet
de cahier des charges.

Le défaut de définition du mode de gestion future du projet a été déterminant dans son
échec, et a perpétué l’attitude d’irresponsabilité des différents acteurs impliqués dans sa
réalisation. Ceux–ci avaient la certitude que le projet une fois réalisé devait être transféré
à la direction des affaires religieuses en tant que propriété « wakf ». Mais, cette dernière
déclare qu’elle ne peut assumer sa gestion à cause de l’inachèvement des travaux2.

En effet, l’absence d’une identification préalable d’une instance à même d’assurer la


continuité de la gestion du projet (gardiennage, maintenance du réseau d’irrigation,
l’arrosage des arbres, suivi et entretien de la croissance des plantations) au-delà de la
période de gestion revenant aux entreprises réalisatrices en vertu des clauses
contractuelles liant ces dernières avec les maitres d’ouvrage3, ces tâches sont
transférées, de fait, vers les communes qui sont, en partie, maitres d’ouvrage. Or, celles-
ci, tenant compte de leurs capacités en termes de moyens humains et matériels, n’ont
pas pu assumer cette tâche et elles se sont limitées au règlement des consommations
d’électricité dont le montant total, arrêté au 31 décembre 2021, est de l’ordre de
55 886 162 DA, représentant 03% du montant total consommé dans le projet.

1 Procès-verbal de la réunion tenue au Secrétariat général de la wilaya le 13 avril 2017


2 Envoi de la direction des affaires religieuses et des wakfs n°227 du 10 février 2022.
3
D’une manière générale, ces tâches comprennent : le gardiennage du projet, y compris les forages et les bassins,
les interventions au niveau des réseaux principaux et secondaires, l'arrosage des arbres, la réparation de toutes les
fuites, le remplacement des arbres et palmiers morts, la réparation des équipements électriques, désherbage et ce
pendant une période de 36 mois après la réception provisoire des travaux.

160
Tableau détaillé des consommations d'électricité supportées par les communes
Unité : DA
Consommations
Commune Dettes Total Observations
payées
Hassi Messaoud 9 387 227 460 / 9 387 227,46 /
Hassi Ben Abdelah 26 471 748,60 / 26 471 748,60 /
N’Goussa 9 536 423,80 1 263 877,41 10 800 301,21
2 612 359,85 6 614 525,78 9 226 885,63 Contrat d’abonnement
El Hadjira
résilié
Totaux 48 007 759,71 7 878 403,19 55 886 162,90
Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

1.3.2. Un suivi mal assuré

Compte tenu de l'ampleur et de l’étendue du projet, plusieurs secteurs et collectivités


locales ont été impliqués dans sa mise en œuvre et son suivi. A cet effet, un comité de
suivi de sa réalisation a été créé le 16 septembre 20131, sous la présidence du Wali de la
wilaya de Ouargla, composé du président de l’assemblée populaire de wilaya ou son
représentant, du conservateur des forêts, des directeurs des services agricoles, des
ressources en eau, des travaux publics et des affaires religieuses et des Waks, ainsi que
des chefs des daïras et des présidents des assemblées populaires communales
concernées2. Ce comité a été élargi, ensuite, à d’autres chefs de daïras et P /APC3 à
l’ occasion de la préparation du lancement de la deuxième tranche du projet qui a
désormais fait l’objet d’abandon, comme il a été signalé précédemment.

Le pilotage d’un projet d’une telle envergure nécessite la mise en place de procédures
de suivi et d’une cellule permanente, composée de compétences multidisciplinaire,
ayant pour mission exclusive, le suivi du projet jusqu'à sa concrétisation sur le terrain,
tout en assurant une bonne coordination avec leurs responsables hiérarchiques. C’est à
cette cellule qu’incombe la charge d’élaborer un planning de réalisation suffisamment
étudié, de définir des indicateurs d’évaluation et des outils de suivi de la mise en œuvre
de chaque phase du projet (rapports d’étape, procès-verbaux, etc.), de formuler des
adaptations et des ajustements, le cas échéant, en fonction des moyens disponibles et au
fur et à mesure du temps et d’anticiper les obstacles.

1
Décision du wali n° 2292 du 16 septembre 2013.
2
Chefs des daïras d’El Hadjira N’Goussa, Sidi Khouiled et Hassi Messaoud, les présidents des assemblées
populaires communales d’El Hadjira, N’Goussa, Sidi Khouiled et Hassi Messaoud.
3
Chefs de daïras de Tamacine, Touggourt, Megarine et aux présidents des assemblées communales de Blidat
Ameur, Tamacine, Nezla et Sidi Slimane.

161
2. Mise en œuvre du projet
La réalisation du projet a porté sur trois (03) volets, à savoir : les forages et les réseaux
d'irrigation, la plantation d’arbres et la clôture de protection.

2.1. Situation physique et coûts des réalisations

a. Les forages et réseaux d'irrigation

L’opération d’irrigation passe par l’étape de remplissage des réservoirs à travers le


pompage de l’eau via le réseau principal, pour remplir les infrastructures de stockage,
puis la distribution aux endroits à irriguer à travers le réseau secondaire.

Pour répondre aux besoins d’irrigation de la ceinture verte, 17 forages ont été réalisés
dont 15 ont été pris en charge sur le budget de la wilaya de Ouargla au titre des années
2014 et 2016 et deux (02) forages financés respectivement par le fonds spécial de
développement des régions du sud (FDRS, tranche 2012 ) et un opérateur privé (forage
n° 01 B dans le territoire de la commune d'El Hadjira ).

Les procédures administratives de passation des marchés ont été déléguées à la direction
des ressources en eau de la wilaya1.

S’agissant du réseau d’irrigation, sa réalisation a été confiée aux communes de Hassi


Ben Abdelah, N’Goussa, El Hadjira, Hassi Messaoud dont une partie de 10 kms
traversant le territoire de la commune de Hassi Ben Abelah a été prise en charge par la
conservation des forêts dans le cadre d’une opération déléguée par la wilaya.

La situation globale (inventaire) des équipements du projet

Réseaux (en mètre linéaire)


Forages Abris Bassins Principal Secondaire
160mm 110mm 90mm 40mm 25mm
Réalisations 01 01 12 8 060 4 200 12 600 53 000
08 07 72 49 500 29 500 74 434 89 311 328 144
04 04 34 22 251 11 128 32 500 92000 68 000
05 05 40 28 811 11 506 39 500 87 770
Totaux 18 17 158 108 622 56 334 195 034 234 311 483 914
infrastructures
Totaux réseaux 164 956 913 259
Source : Direction des ressources en eau de la wilaya et les communes concernées

1
Envoi n°04/2014 du 15 janvier /2014 du secrétaire général de la wilaya.

162
b. La plantation des arbres

Le projet a enregistré la plantation de cinq (05) rangées d'arbres, soit quatre (04) rangées
d’oliviers et une rangée de palmiers, à intervalles réguliers de 8 mètres entre une unité
et une autre, sur les rives des deux routes nationales 03 et 56. Le total des plantations a
dépassé 85 275 arbres1, comme détaillé au tableau ci-après :

Territoire de commune Oliviers Palmiers Total


Hassi Ben Abdelah 26 500 5 750 32 250
N’Goussa 12 000 3 000 15 000
Hassi Messaoud 6 000 1 500 7 500
El Hadjira 28 550 1 975 30 525
Total 73 050 12 225 85 275
Source : Direction des forêts de la wilaya de Ouargla et les communes concernées

c. La clôture de protection

D’une longueur totale de 162 Kms (réalisée à 152 kms), elle est réalisée en piquets de
cornière de deux (02) mètres de hauteur, fixés sur des fondations en béton, espacés de
quatre (04) mètres et reliés entre eux horizontalement par trois (03) rangées de fil
galvanisé. Sa réalisation au niveau du tronçon reliant les communes d’El Hadjira et
Hassi Ben Abdelah d’une distance de 103 Km2, est confiée à la direction des travaux
publics sur financement du budget de la wilaya. Tandis que le tracé restant est pris en
charge par plusieurs autres intervenants3 ainsi que les ateliers des centres de formation
professionnelle en matière de travaux de soudure.

Le total des crédits dépensés pour la réalisation du projet s'est élevé à 1,873 Mrd DA,
soit 84,14% du total des autorisations de programme qui sont de l’ordre de 2,226 Mrds
DA (frais de consommation d’électricité non compris).

En conclusion, il est à signaler que 21 opérations d’équipement sur les 43 dédiées au


projet n’ont pas fait l’objet de réception à la date du 31 décembre 2021. Il s’agit de 11
opérations sur les 17 de la commune de Hassi Ben Abdelah, 03/10 de la commune de
N’Goussa et 7/10 de la commune de El Hadjira.

1
Sans compter les arbres plantés dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions contractuelles (phase
d'entretien et de suivi) et les dons en arbres qui ont été remis à la direction des services agricoles sans traçabilité.
2
Programme n°22/2011 intitulé « Réalisation de la clôture au niveau de la double voie El-Hadjira - Hassi Ben
Abdallah » sur une distance de 20 km confiée à la direction des travaux publics comprenant les travaux de
protection des canaux pétrolifères, le contrôle et le suivi des travaux par tranches, en utilisant l’excédent reporté
du programme de l’exercice 2014 d’un montant de 91 984 405,86 DA.
3
Il s’agit notamment de la wilaya de Ouargla, les communes de Hassi Messaoud, Sidi Khoulid, El-Hadjira,
Megarine et les sociétés SONATRACH, ENTP, ENAFOR.

163
La ventilation des crédits consommés, par rubrique, fait apparaitre que les installations
et équipements d’irrigation (forages, réseaux d'irrigation, raccordement électrique,
équipements des forages et leurs abris) ont absorbé la plus grande part des
consommations avec un montant de 1, 518 Mrd de DA, soit 81% du coût global. Les
volets relatifs aux plantations des arbres et à la clôture de protection ont totalisé un
montant de 211,577 millions de DA, représentant un taux de 11%. Le reste des dépenses
se rapporte aux frais d’entretien et de gestion.

Récapitulatif des crédits consommés par rubrique


Unité : DA
Consommations par rubrique
Maitre Total des crédits Installations et Plantation et
d’ouvrage consommés * Entretien, suivi Clôture de
équipements acquisition
et gestion* protection
d'irrigation d'arbres
Direction des
Ressources en 252 146 576,13 252 146 576,13 / / /
Eau
Conservation des
75 272 664,54 26 540 022,60 13 266 250,00 35 466 391,94 /
forets
Commune de
232 666 625,46 189 426 618,00 22 375 080,00 20 864 927,46 /
Hassi Messaoud
Commune de
Hassi Ben 622 459 057,55 523 598 940,95 42 244 605,00 56 615 511,60 /
Abdelah
Commune
362 788 912,65 304 119 137,84 37 105 473,60 21 564 301,21 /
N’Goussa
Commune d’El
261 247 178,02 221 871 441,78 29 279 337,00 10 096 399,24 /
Hadjira
Direction des 67 306
67 306 648,50 / / /
travaux publics 648,50
1 873 887 662,85 1 517 702 144 270 745,60 144 607 531,54 67 306
Totaux
737,30 648,50
Pourcentage (%) 100 80,98 07,70 07, 72 03, 60
*Les dettes de la consommation d’électricité incluses
Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

2.2. Observations sur les conditions de réalisation du projet

Les observations relevées sont principalement résumées comme suit :

- Cahiers des charges et évaluation établis au détriment des intérêts des maitres
d’ouvrage

Alors que l’article 125 du décret présidentiel 10-236, portant réglementation des
marchés publics, en vigueur au moment des faits, a préconisé au maître d'ouvrage
l'élaboration de cahier des charges et l'adoption de critères d'évaluation proportionnés à
la complexité de chaque projet, certains maitres d’ouvrages ont adopté le critère de choix
du cocontractant qui cumule le plus grand nombre de points (par addition des points des
offres techniques et ceux des offres financières) au lieu de celui qui présente des offres

164
techniquement qualifiées et économiquement avantageuses, étant donné que les
opérations envisagées ne présentent aucune complexité.

Cet état de fait a engendré des coûts supplémentaires et des surévaluations qui ne sont
pas motivées techniquement. A titre illustratif, le projet de réalisation de 16 forages au
niveau de la route reliant Ouargla à El Hadjira dont la gestion a été confiée à la direction
des ressources en eau de la wilaya de Ouargla, a été attribué à l’entreprise « O.R forage »
qui a présenté l'offre la plus élevée parmi les offres techniquement qualifiées.

Le même cas est observé au niveau des communes de N’Goussa et Hassi Ben Abdelah,
qui ont attribué, respectivement, cinq (05) et deux (02) opérations, à des
soumissionnaires qui ont proposé des offres financières les plus élevées, au lieu de ceux
qui ont présenté des offres techniquement qualifiées et financièrement basses.

Par ailleurs, deux opérations inscrites, dans le cadre des travaux liés au tronçon de la
commune d’El Hadjira, sous l’intitulé « réalisation des bassins d’eau et un réseau
principal d’irrigation », dont l’une est prévue sur la rive droite de la RN 03 et l’autre à
sa rive gauche, ont fait l’objet de deux cahiers de charges distincts, identiques en termes
de quantités des travaux à réaliser.

Le contrôle effectué sur le processus d’évaluation technique et financière de ces deux


opérations1 qui a eu lieu en même moment et à la même date, a révélé qu’un
soumissionnaire avait postulé dans les deux opérations. Néanmoins, la commission
d’évaluation lui a attribué l’opération dans laquelle il a proposé une offre plus élevée
tout en le disqualifiant dans l’autre opération (la deuxième) dans laquelle son offre était
plus avantageuse économiquement que celle du soumissionnaire retenu à l’issue de cette
évaluation de l’ordre de 7 087 860 DA.

En outre, même avec la validation de la première évaluation, le maître d'ouvrage n'a


même pas négocié avec l’entreprise retenue, une éventuelle baisse des prix après l'octroi
provisoire conformément à la règlementation en vigueur, d'autant plus que les deux
projets sont identiques2.

- Des opérations gérées dans l’urgence et l’improvisation

Le recours à la procédure de gré à gré simple constitue une exception aux règles relatives
à la conclusion des marchés publics, conformément à la règlementation régissant les
marchés publics. Cependant, la Cour a constaté que certains maitres d’ouvrages en

1
Les deux PV portent la même date du 31 décembre 2013, l’évaluation de l’offre technique à 10h30 et l’offre
financière à 14h00.
2
Il s’agit des mêmes travaux, des mêmes quantités, et du même site de réalisation.

165
charge de la réalisation de la ceinture verte, recourent à cette procédure exceptionnelle
de passation des marchés de manière excessive et en dehors des cas prévus à l’article 43
du décret présidentiel n°10-236 du 7 octobre 2010, susvisé, se rapportant notamment
aux prestations qui ne « peuvent être exécutées que par un partenaire cocontractant
unique… » et aux cas « d’urgence impérieuse motivée par un danger imminent que court
un bien ou un investissement déjà matérialisé sur le terrain et qui ne peut s’accommoder
des délais de l’appel d’offres … ».

A titre d’illustration, la commune d’El Hadjira a conclu deux (02) marchés d’un montant
total de 99 millions de DA, suivant le mode de gré à gré. Le premier ayant pour objet
l’acquisition et la plantation de 20 000 arbres a été lancé le 12 janvier 2014. Le deuxième
conclu à titre de régularisation intégrant le volet « acquisition et plantation d’arbres sur
une distance de 19 kms » dont les travaux de plantation y afférents ont été lancés en
janvier 20141, alors que les travaux de réalisation des réseaux d’irrigation sur le même
site, n’ont été ordonnés que le 04 novembre 2014, soit onze (11) mois après l’entame
des travaux de plantation).

Il apparait clairement que les circonstances justifiant le recours à cette procédure


d’urgence ne sont pas réunies. Bien au contraire, planter des arbres avant d'achever les
réseaux d'irrigation qui garantissent leur arrosage, ne peut être que préjudiciable pour
les plantations.

Pour remédier à cette situation, des solutions archaïques ont été préconisées. Elles
consistent à mobiliser des moyens matériels et humains supplémentaires pour sauver ce
qui a été planté, néanmoins , l'arrêt de certains équipements, le manque d'ouvriers puis
l'arrosage irrégulier et les facteurs climatiques sévères ont fortement contribué à la mort
des arbres plantés et à l'échec du projet plus tard2.

Le montant total des marchés conclus suivant cette procédure est de 468 132 002,33
DA, soit un taux de 24,8% du montant global contracté, tel qu’il est détaillé dans le
tableau ci-dessous.

1
Procès-verbal du 23 janvier 2014.
2
Comme il est consigné dans les différents rapports établis par les autorités compétentes.

166
Etat des opérations conclues selon la procédure de gré à gré simple
Unité : DA
Nombre de
Montant global
Montant global marchés
des marchés
Maitre d’ouvrage des marchés conclus de Pourcentage(%)
conclus de gré à
conclus gré à gré
gré simple
simple
Direction des Ressources en
245 994 886,80 / / /
Eau
47 519 550,00
Conservation des forets 77 523 030,00 02 100
30 003 480,00
Commune de Hassi
236 895 750,00 234 565 110,00 01 99,01
Messaoud
Commune de Hassi Ben
628 014 814,50 / / /
Abdelah
30 003 480,00 02 10,84
Commune N’Goussa 353 302 251,75
8 311 680,00
88 003 305,00
Commune d’El Hadjira 338 569 257,99 11 199 946,80 03 34,77
18 525 450,53
Total 1 880 299 991,04 468 132 002,33 08 24,80

Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

N.B. Il est à signaler que le montant et le pourcentage précités n'incluaient pas les cas de passation selon la modalité
sus-indiquée justifiées par la position monopolistique. S’agissant dans ce cas, de la Société Sonelgaz dans le cadre
des travaux de transport d'électricité pour le projet avec un montant de 168 963 048,41 DA, représentant 09% du
montant total des marchés conclus.

Le recours injustifié à la passation de marché suivant la procédure de gré à gré, le


lancement de commandes de prestations (des travaux) sans que les conditions ne soient
réunies, la réception définitive des travaux avant la conclusion de l’avenant de clôture
traduisent les circonstances d'improvisation avec lesquelles un projet de cette ampleur a
été réalisé. Les cas ci- après illustrent cette situation :

- L’installation du chantier relatif à l’opération de réalisation des forages, gérée par la


direction des ressources en eau de la wilaya, intervenue avant le visa du marché par le
comité des marchés de la wilaya en date de 13 novembre 2013, a même précédé
l’inscription de l’opération correspondante. En fait, cette dernière n’a été inscrite qu’en
2014 sous le n°40/2014, ce qui a posé un problème avec le contrôleur financier.
- Dans le cadre de la même opération, il a été constaté que la réception définitive des
travaux a été effectuée le 18 février 2016, alors que l’avenant clôturant le marché est
daté du 20 juillet 2017.
- Au niveau de la commune d’El Hadjira, l’ouverture des plis de deux opérations de
réalisation du réseau d’irrigation goute à goute a été effectuée le 25 mars 2014, alors que
la publication de l’octroi provisoire du marché dans le BOMOP a eu lieu une semaine
avant (semaine du 16 au 22 mars 2014) et les travaux y afférents ont été lancés avant la
conclusion du marché. De plus, il a été constaté que le marché n°08/2014 du 15 juin

167
2014 portant équipement de quatre forages, est conclu suivant la procédure de gré à gré.
Cependant, les travaux de réalisation d’abris pour lesdits forages ne sont pas encore
entamés, ce qui a contraint la commune à surseoir les travaux du marché pour une durée
d’une année suivant des ordres d’arrêt et de reprise des travaux, datés respectivement de
17 juin 2014 et 13 mai 2015.

- Des litiges judiciaires dus à l’absence de maitrise des procédures

Les maitres d’ouvrages impliqués dans la réalisation du projet n'ont pas toujours observé
avec rigueur les procédures règlementaires régissant le contrôle préalable des dépenses
engagées et la commande publique ainsi que les règles d’exécution des dépenses y
afférentes, d’où le volume élevé des affaires litigieuses opposant ces derniers avec les
entreprises de réalisation.

Tableau montrant le volume des affaires contentieuses


Unité : DA
Montant global des Montant en
N° Maitre d’ouvrage Pourcentage(%)
marchés conclus contentieux
01 Direction des ressources en eau 245 994 886,80 / /
02 Conservation des forets 77 523 030,00 / /
03 Commune de Hassi Messaoud 236 895 750,00 / /
04 Commune de Hassi Ben 628 014 814,50 241 308 697,50 38,42
Abdelah
05 Commune de N’Goussa 353.302.251,75 / /
06 Commune d’El Hadjira 338 569 257,99 151 083 391,8 44,62
Total 1 880 299 991,04 392 392 089,30 20,86
Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

Au niveau de la commune d'El Hadjira, deux affaires litigieuses opposent la commune


à une entreprise de réalisation (H). La première ayant trait à l’approvisionnement de la
commune en 20 000 arbres sans disponibilité de crédits1 et sans respect des procédures
prévues à l'article 07 du décret présidentiel n°10-236 susvisé (commencement
d’exécution des prestations avant conclusion du marché). La seconde porte sur la
modification de la décision initiale d’inscription du projet2 intitulé « Achèvement du

1
Cette opération a été effectuée sur la base d’une décision du wali n°03 du 09 janvier 2014, autorisant la commune
d’El Hadjira à recourir au gré à gré simple pour la passation de la commande sachant que la décision n°1364 du
22 octobre 2013 de la commune de Hassi Messaoud, portant l’octroi d'une subvention, n'a pas prévu cette opération
dans sa structure.
2
Décision n°1364 du 22 octobre 2013 émanant de la commune de Hassi Messaoud portant octroi d’une subvention
à la commune d’El Hadjira, l’opération est prise en compte dans le budget communal conformément à la
délibération n°134 du 31 octobre 2013. Mais en deux opérations distinctes (côté droit et côté gauche) sous le n°86/
2013 et 87/2013, respectivement, avec une distance de 21 kms, non pas de 19 kms comme il a été prévu dans la
décision.
Cette décision a fait l’objet d’une modification par décision n°2043 du 20 août 2014 pour intégrer les travaux
réalisés et s’acquitter des dus de l’entreprise.

168
réseau d'irrigation (goutte-à-goutte), la plantation de palmiers et d'oliviers et l'entretien
de la route reliant Ouargla à El-Hadjira » en supprimant le volet « plantation de palmiers,
oliviers et entretien », alors que les travaux y afférent sont réalisés sous l’intitulé initial.

De son côté, la commune de Hassi Ben Abdellah n’a pas entrepris les diligences requises
à l’égard des cocontractants hésitants ou peu disposés à assumer leurs obligations
contractuelles. Des mesures visant à préserver les intérêts des projets qui peuvent se
traduire par la résiliation à tort ou à l’amiable du contrat, la demande des dommages si
nécessaire et la possibilité de substituer les cocontractants défaillants pour assurer la
réalisation des travaux et des prestations objet du litige.

En raison de sa mauvaise organisation et de son manque de maîtrise de la règlementation


des marchés publics, quatre projets sur les cinq (4/5) relatifs à la réalisation du réseau
d'irrigation secondaire et plantation de palmiers et d’oliviers, inscrits à l’indicatif de
cette commune, ont fait l'objet de litige portant sur le non-paiement des situations de
travaux relatives à l'entretien et au suivi ainsi qu’à la non-réception provisoire des projets
en raison notamment de la détérioration de leur état, la mort des plantations sans les
remplacer et le manque d'entretien et de gardiennage.

Ces litiges portant sur un montant de 151 083 391 DA, soit 44,62% du montant des
marchés conclus par la commune, qui sont de l’ordre de 338 569 257, pèsent lourdement
sur le budget de la commune, appelé à prendre en charge les honoraires de
représentation, les frais d'assistance judiciaire et d'exécution ainsi que d'éventuelles
indemnisations.

- Défaut d’assainissement de la nomenclature des projets

Bien que plusieurs années soient écoulées, depuis le lancement du projet de la ceinture
verte le 01 novembre 2013 alors qu’aucun chantier n’est resté en cours d’exécution au
31 décembre 2021, excepté le tronçon de la commune de Hassi Messaoud, les maitres
d’ouvrage n’ont pris aucune initiative visant à assainir la situation, à travers la clôture
des opérations inscrites au profit du projet. Ainsi, les reliquats non utilisés des
autorisations de programmes, se reportent d’année en année dans les écritures
comptables des budgets des maitres d’ouvrages concernés.

Le tableau, ci-après, illustre la situation des opérations non clôturées et les montants
correspondants.

169
Unité : DA
Nombre Autorisation de
Commune Consommations Reliquat Observation
d’opérations programme
3- opérations
réceptionnées
3- opérations non
N’Goussa 07 310 619 290,00 270 175 733,10 40 443 556,90 réceptionnées
1-partie d’un
projet non
réceptionnée
El Hadjira 07 414 000 000,00 211 774 350,32 202 825 729,68
Hassi Ben 12 531 122 000,00 486 551 968,29 44 570 031,71
Abdelah
Total 26 1 255 741 290,00 968 502 051,71 287 839 318,29

Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

2.3. Appréciation de l’atteinte des objectifs du projet

Le constat global fait ressortir qu’en raison de l’absence des études de maturation,
conjuguée aux multiples défaillances ayant caractérisées la conduite et le suivi des
opérations de réalisation, les signes d’échec du projet étaient prévisibles dès le début1.
Ainsi, les objectifs escomptés ne sont pas atteints et dans plusieurs cas, des résultats
inverses sont constatés, comme le montre le tableau suivant :

N° Objectif Résultat
01 Protéger la route des Certains tronçons du projet sont devenus des dunes de sable des
empiètements de sable et deux côtés de la route, notamment au niveau du tronçon de la
fixation des dunes. commune d’El Hadjira, qui menacent la route au fil du temps.
02 la prévention des risques Augmentation du surpâturage des chameaux au niveau de la
de traversées animalières ceinture en ciblant les plantations, en plus de l’augmentation de la
en particulier les fréquence des risques de circulation pour ces animaux pour les
chameaux. usagers de la route et surtout la nuit.
03 Développer la richesse des La destruction de la plupart des arbres plantés au niveau de la
palmiers dattiers et des ceinture (plus de 80 000 arbres et palmiers), sans compter le
oliviers nombre d'arbres remplacés.
04 Offrir des emplois Le projet est actuellement négligé et n'emploie ni des ouvriers
permanents et saisonniers permanents ni des saisonniers.
pour lutter contre le
chômage.
05 Création des espaces verts Absence d’espaces verts et de détente, le paysage demeure en son
et de détente et améliorer état initial.
le paysage.
06 Développer le tourisme du Le projet n'a pas créé d'opportunités touristiques, n’a apporté aucun
désert et consolidation des plus aux propriétés de wakf et n'est jamais entré dans la phase de
propriétés wakf. production.
Source : Tableau établi par la Cour des comptes sur la base des informations recueillies sur pièces et sur place

1
Le taux de réussite du projet durant les huit (08) premiers mois a été estimé à 50%, d'après ce qui est indiqué
dans le procès-verbal de la réunion du 15 juillet 2014.

170
Les constatations, ci-après, illustrent l’état d’abandon et de délaissement manifestes
dans lequel se trouve le projet qui, d’ailleurs, n’est plus fonctionnel et exploitable1 :

- Au niveau de la commune d’El Hadjira, deux forages dotés de réseaux d’irrigation,


sont exploités par des privés2. L’un d’eux est utilisé pour approvisionner un bassin
appartenant à un particulier et le remplissage des camions citernes pour son compte,
allant jusqu’à couper l’eau à un abreuvoir pour animaux, existant dans l’endroit proche
du forage. Le second non raccordé au réseau d’irrigation secondaire du projet, mais aux
propriétés de deux investisseurs privés en causant des préjudices pour le projet et même
aux espèces animalières suite à la coupure de l’approvisionnement en eau de l’abreuvoir
réalisé par la conservation des forêts dans le même endroit.

Ces particuliers ne s’acquittent d’aucune charge liée à la consommation d'électricité et


d’eau, sans inquiétude de la part des services de la commune pour une éventuelle
valorisation et perception des tarifs de l’eau consommée (eau d’irrigation) en application
des dispositions de la loi n°05-12 du 4 août 2005 relative à l'eau, et ses textes
subséquents, notamment le décret exécutif nº07-270 du 11 septembre 2007, fixant les
conditions et modalités d’établissement du système de tarification du service de l’eau
d’irrigation. Il est à noter que la dette totale de la commune envers la SONELGAZ, au
titre de la consommation d'électricité des forages réalisés sur son territoire, est de l’ordre
de 6 614 525,78 DA. En conséquence, les contrats d'abonnement y afférents ont fait
l’objet de résiliation par la société prestataire.

- Dans la même commune, alors que les traces de fouilles confirment que l’opération
de plantation a eu lieu, aucun arbre n’a survécu, et ce malgré la réalisation de réseaux
d’irrigation d’une distance de 12 kms sur la rive droite et 13,5 kms sur celle de gauche
et deux forages (n°2 et n°10) avec un montant de 146 336 789 DA. De plus, cette
commue avait bénéficié d’une subvention de la commune de Hassi Messaoud d’un
montant de 8 000 000 DA, pour l’acquisition de deux tracteurs, comme moyens de
substitutions en cas de panne du réseau d'arrosage, mais l’opération d’acquisition n’a
pas eu lieu3.
- Au niveau de la commune de N’Goussa, l’opération de plantation d'arbres n'a pas été
réalisée sur le tronçon reliant les deux points kilométriques ʺ PK 17 et PK 28 ʺ d’une
distance de 10 kms sur le côté droit. Par ailleurs, les réseaux d'arrosage principal et

1
Il est à noter que la subdivision des ressources en eau, a établi plusieurs rapports dans ce sens, qui sont restées
sans suite.
2
Il s’agit du forage n°09 F au point kilométrique 609, et le forage n°10 F au point kilométrique 614, suivant le
procès-verbal de visite de chantier du 04 octobre 2018 et le rapport du chef d’inspection des forets de daïra en date
de 09 octobre 2018.
3
L’opération était à la disposition de la commune d’El Hadjira, jusqu'au 13 mai 2020, avant qu’elle ne soit orientée
pour financer une opération d’équipement – réhabilitation de la voirie du centre-ville-

171
secondaire et un (01) forage (n°04) ont été réalisés sur le même itinéraire avec un
montant de 97 977 246 DA.
- Sur le tronçon de la commune de Hassi Messaoud, une panne survenue au niveau du
forage « El-Megtaa » a été à l’origine du retardement de la croissance des plantations et
la mort d'un grand nombre d’unités. En effet, la plupart des arbres vivants plantés sont
de taille qui ne reflète pas l’âge supposé de 7 ans (depuis 2014), ce qui renseigne sur
l’ampleur du phénomène de remplacement d'arbres morts. En outre, il a été constaté la
présence de chameaux sur place en raison de l’inachèvement d'une section importante
de la clôture (environ 9 km) et l'absence de plantation de brise-vent pour protéger le
tronçon des aléas climatiques1.
- La montée en surface des tuyaux de 25 mm et une partie des canalisations principales2
dans plusieurs endroits, a entrainé des dommages dus aux facteurs climatiques, au vol
et au pillage. Quant aux arbres plantés, la plupart des oliviers et des palmiers sont morts
et dans un état de raideur complète, à défaut d’arrosage qui est devenu impossible
actuellement en raison de l'usure du réseau d’irrigation.

Concernant la clôture de protection, elle a fait l'objet en de nombreux tronçons de


vandalisme et d'enlèvement de fil et de piquets.

Tableau montrant le préjudice causé au projet


Unité : DA
Montant du
Tronçon Observation
préjudice

Commune de D'un taux des dommages de 90 % pour les arbres, 70 % pour


N’Goussa 135 963 483,91 le réseau d'irrigation secondaire et 10 % pour les réseaux
d'irrigation principal.
Commune d’El D'un taux des dommages de 100 % pour les arbres et
Hadjira 150 986 941,26 respectivement de 30 % et 100 % pour les réseaux d'irrigation
primaire et secondaire.
Commune de D'un taux des dommages de 70 % pour les arbres et
Hassi Ben 286 327 418,37 respectivement de 40 % et 70 % pour les réseaux d'irrigation
Abdelah principal et secondaire.
Total 573 277 843,54

Source : Conservation des forêts et la direction des ressources en Eau

1
Selon les rapports et procès-verbaux des visites des chantiers ainsi que les constatations du contrôle en date du
09 février 2022.
2
Le problème n'a pas été résolu en raison des conflits (confusion de responsabilités) entre l’entreprise réalisatrice,
la subdivision des ressources en eau et les entrepreneurs chargés de réaliser le réseau.

172
Recommandations

- Le ministre de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire


est invité à réitérer l’attention des Walis sur l’obligation de réaliser des études
approfondies avant le lancement des projets, afin de déterminer leur faisabilité et
réduire, par la même, les risques et les incertitudes ainsi que les conséquences ruineuses
liées à la réalisation des projets de cette envergure ;
- Les autorités de la wilaya de Ouargla sont appelées à prendre les mesures
adéquates en vue d’une exploitation des réseaux et équipements d’irrigation
restants du projet.

Réponse du Secrétaire Général


de la Wilaya de Ouargla

Après avoir pris connaissance de la note établie par vos soins sur ce projet et conformément
aux dispositions de l’article 16 de l’odonnance n°95-20 du 17 juillet 1995 relative à la Cour
des comptes et de l’article 65 du décret présidentiel n°95-377 du 20 novembre 1995 fixant le
règlement intérieur de la Cour des comptes‚ j’ai l’honneur de vous transmettre les réponses,
ci-après, des services concernés par cette note.

Pour ce qui de la 2ème recommandation, relative à la nécessité de prise de mesures adéquates


par les services de la wilaya pour l’exploitation du reste des réseaux et équipements‚ cela sera
pris en charge en collaboration avec les structures concernées.

Réponse du Conservateur des Forêts


de la Wilaya de Ouargla

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les éléments de réponses suivants :

- L’absence d'une étude technique complète du projet, signifie que ce projet n’est pas maturé ;
- L’absence d’une phase de suivi et d'évaluation du projet réalisé dans sa totalité ;
- La non prise en considération des conditions climatiques difficiles de la région, notamment
en été, ce qui a conduit à une augmentation du taux de dégradation du projet ;
- Le défaut de création d'un organe chargé de la gestion et du suivi du projet après sa
réalisation ;

173
- Le renforcement des biens « Wakf » en complétant la distribution des assiettes foncières aux
jeunes souhaitant investir dans l'agriculture et en utilisant rationnellement les forages
d'irrigation afin de préserver les gains restants du projet ;
- La non introduction des équipements d'énergie solaire pour ce projet, compte tenu des
conditions climatiques favorales, pour permettre de réduire la consommation d'énergie
électrique ;
- La non implication de certains secteurs importants dans les consultations techniques, à
l’exemple des services de : la Sonelgaz, l'énergie, l’agence régionale du bassin hydrographique
(Sahara), du commissariat au développement de l'agriculture dans les régions sahariennes, etc.
pour l'enrichissement et la réussite du projet dans tous ses volets ;
- L’absence d'un procès verbal de choix de terrain pour la réalisation du projet, visé par les
services techniques, sans exception afin de donner leurs avis techniques, chacun selon ses
prérogatives.

Réponse du Directeur des Ressources en Eau


de la Wilaya de Ouargla

J'ai l'honneur de porter à votre connaissance les explications et remarques suivantes :

- La note indique que le lancement du projet a eu lieu sans définir préalablement certaines
exigences techniques. Il est à signaler qu'avant le lancement de tout projet de réalisation d’un
forage, l'agence nationale des ressources hydriques (ANRH) est consultée pour donner son avis
sur le programme de fonçage à savoir : profondeur du forage et de la couche géologique ainsi
que le débit escompté, en se basant sur l'étude réalisée au titre du modèle mathématique des
bassins hydrographiques, en commun entre les trois (03) pays que sont l'Algérie, la Tunisie et
la Libye. Cette étude se base sur les forages existants dans la zone du projet pour déterminer
la profondeur et la géologie des forages programmés dans le futur.

Du fait de l'absence de forages dans la zone du projet au moment de la réalisation de l'étude,


ceci explique l'écart entre les forages réalisés dans le cadre du projet et ceux qui étaient
attendus de l'étude.

- La note indique également que certains maîtres d'ouvrage ont adopté le critère de choix du
cocontractant qui cumule le plus grand nombre de points (par addition des points des offres
techniques et ceux des offres financières) au lieu de celui qui présente des offres techniquement
qualifiées et économiquement avantageuses, étant donné que les opérations envisagées ne
présentent aucune complexité. Cet état de fait a engendré des coûts supplémentaires et des
surévaluations qui ne sont pas motivés techniquement, à l’exemple du projet de réalisation de
16 forages au niveau de la route reliant Ouargla à El Hadjira dont la gestion a été confiée à la

174
direction des ressources en eau de la wilaya de Ouargla, attribué à l’entreprise « O.R forage »
qui a présenté l'offre la plus élevée parmi les offres techniquement qualifiées, etc.

Nous portons à votre connaissance que la réglementation régissant les marchés publics
détermine les modalités de sélection du cocontractant, dont l'offre financière la plus basse ou
la meilleure offre technique et financière, et qu'à cette époque la formule de la meilleure offre
a été retenue avec l'approbation de la commission de wilaya des marchés publics, qui a visé le
cahier des charges. Cela est dû à la spécificité des travaux qui nécessitent une entreprise
qualifiée avec une main-d'œuvre spécialisée et expérimentée et des moyens matériels adequats.
Cette opération a été une réussite, comme témoigne les débits d'eau importants dans la plupart
des forages réalisés dans cette région.

- La note indique, aussi, que l'installation du chantier relatif à l’opération de réalisation des
forages gérés par la direction des ressources en eau de la wilaya est intervenue avant le visa
du marché par la commission des marchés de la wilaya en date 13 novembre 2013.

Nous informons, votre excellence, qu'il a été demandé au cocontractant d'installer le chantier
et de se préparer pour commencer les travaux après le visa du marché par la commission des
marchés le 13 novembre 2013, et ceci en vertu de l'accord de principe pour l'inscription de
l'opération au budget de wilaya 2014, comme le confirme la correspondance du P/APW en date
du 12 novembre 2013. Les autorités locales ont donné à cette époque une grande importance à
ce projet.

Réponse du Directeur des Travaux Publics


de la Wilaya de Ouargla

En application de la décision n°2292 du 16 septembre 2013, une commission de wilaya a été


créée pour suivre le projet de réalisation de la ceinture verte dans toutes ses étapes jusqu’à sa
concrétisation définitive. Ainsi, ce projet a été réalisé sur les deux bords de la route nationale
n°03 et la route nationale n°56 reliant la wilaya de Ouargla et la wilaya de Touggourt sur une
distance de 90 Km. Il s’étend à partir des limites de la commune de Hassi Ben Abdellah
jusqu’au carrefour El Hadjira-Touggourt.

Pour permettre la protection des bords de la route double voies entre El Hadjira- Hassi Ben
Abdellah par une clôture de protection, les travaux ont été divisés en lots sur la base desquels
les conventions figurant dans le tableau, ci-dessous, ont été conclues dans le cadre des
procédures réglementaires régissant les marchés publics, fixées par le décret présidentiel
n°10-236 du 07 octobre 2010 modifié et complété.

175
P.K Côté de la Le numéro et La
N° Lot Entreprises
du/au route date de la convention

01 53/65 Côté droit Entreprise des travaux bâtiment B. R. Ouargla 53 2014/09/11


02 53/65 Côté gauche Entreprise des travaux bâtiment K. A. Ouargla 52 2014/09/11
03 41/53 Côté droit Entreprise des travaux bâtiment C. L. Ouargla 34 2014/07/27
Côté gauche Entreprise des travaux publics et bâtiment B.T.T.
04 41/53 35 2014/07/27
Ouargla
05 29/41 Côté droit Entreprise Distrech.N.S. Ouargla 54 2014/09/11
06 29/41 Côté gauche Entreprise des travaux bâtiment K. A. Ouargla 37 2014/07/27
07 15/29 Côté droit Entreprise des travaux bâtiment K. B. Ouargla 38 2014/07/27
08 15/29 Côté gauche Entreprise bâtiment R. B. A. Ouargla 51 2014/09/11
09 00/15 Côté gauche Entreprise des travaux bâtiment K. A.Ouargla 40 2014/07/27
Suivi technique des travaux de BET E. B. études engineering et géotechnique-
84 2014/12/07
protection Touggourt

Les procès-verbaux des réunions tenues au siège de la wilaya de Ouargla et les visites sur le
terrain effectuées tout au long de la réalisation du projet montrent clairement que notre
direction s’est vu attribuer ce qui suit :

1. Supervision du processus de fixation, de consolidation et de définition sur le terrain de la


part de chaque commune de N’Goussa, El Hadjira, Sidi Khouiled, Hassi Ben Abdellah et Hassi
Messaoud ;
2. Contact avec la tutelle (ministère des travaux publics) pour l’examen de la possibilité de
soutenir le projet dans le cadre de la protection de la route, compte tenu de son importance et
de son coût ;
3. Suivi de la réalisation de la clôture de protection pour protéger les espaces plantés, en
coordination avec la direction de la formation professionnelle, qui est constituée par des barres
en fer d’une hauteur de deux (02) mètres, fixées sur des fondations en béton, espacées de quatre
(04) mètres, et reliées entre elles par trois (03) fils de fer barbelés ;
4. Nivellement et terrassement du sol d’une largeur de cinquante (50) mètres à partir du bord
de la route par les entreprises qui s’y sont engagées, qui sont huit (08) entreprises.

Le processus s’est déroulé comme suit :

- Route nationale n°03

Entreprises P.K du/au Distance /Km Côté de la route

Société Algérienne des Travaux 602/618 16 Côté gauche


Routiers-A. Skikda
Entreprise des travaux routiers-A.B. Djelfa 602/618 16 Côté droit

176
- Route nationale n° 56

Entreprises P.K du/au Distance /Km Côté de la route


Société S.R. Metlili 60/68 08 Côté droit et gauche
Entreprise des travaux routiers-M.T. 40/60 20 Côté droit
Entreprise des travaux routiers-B. Boumerdes 20/40 20 Côté gauche
Société fils A. El Oued 20/40 20 Côté droit
Entreprise des travaux routiers-Z. M.Ouargla 00/20 20 Côté gauche
Entreprise de production et réalisation des
00/20 20 Côté droit
graviers –Z. C. Ouargla

La clôture de protection de la ceinture verte a été réalisée sur une distance de 81 Km des
deux côtés, soit 162 Km de long ; au cours de laquelle les frontières des communes situées
dans le périmètre de la route nationale n°03 et 56 ont été concrétisées et mises en place par
la pose de panneaux pour définir le projet.

Il convient également de noter que plusieurs organismes et institutions administratives ont


contribué aux travaux de réalisation de la clôture de protection.

Les ateliers du centre de formation professionnelle de Beni Brahim (Ouargla) ont réalisé les
travaux de soudure des poteaux en fer, en coordination avec la direction de la formation
professionnelle de la wilaya de Ouargla. Les daïras concernées ont également contribué
comme suit :

- la daïra de Sidi Khouiled avec 12 pièces de fer ;


- la daïra d’El Hadjira avec 20 pièces de fer ;
- la daïra de Mégarine avec 60 poteaux électriques et 40 barrières pour le sol d’une
longueur de trois (03) mètres ;
- la daïra de Hassi Messaoud avec un ensemble de différentes poteaux et barrières.

Enfin, j’ai l’honneur de vous informer que cette opération s’inscrit dans le budget initial de
la wilaya de l’année 2011 (programme n°22/2011).

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Hassi Messaoud (Wilaya de Ouargla)

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les éléments de réponses suivants :

En 2013, la wilaya de Ouargla a lancé un projet d’une ceinture verte sur les deux bords de la
route reliant les villes de Ouargla et Touggourt. Ce nouveau programme s'inscrit dans le cadre
du développement durable dans le domaine de l'environnement et vise la croissance

177
économique, le développement social, la protection de l'environnement ainsi que la
préservation des ressources animales.

Conditions d’inscription du projet

En effet, le projet a été réalisé sans études de maturation pour identifier les risques et en
l'absence d'étude technique des projets, car il s'est appuyé sur l'expérience des services
techniques locaux compétents.

Activité de la commune de Hassi Messaoud dans la réalisation de sa part de


12 Km

1. La commune a inscrit un projet intitulé « réalisation d’une ceinture verte sur une distance
de 12 Km », portant sur la plantation d'arbres et leur suivi. A cet effet, elle a chargé un bureau
d'études pour suivre le projet afin d'assurer sa réussite.

2. La commune est intervenue également dans le projet, susmentionné, en allouant des


subventions aux communes d’El Hadjira, N’Goussa et Hassi Ben Abdellah.

Mise en œuvre du projet

Elle comprend essentiellement les axes suivants : la plantation d'arbres, la réalisation du


réseau d'irrigation et le suivi des travaux.

Evaluation des objectifs du projet

En dépit de toutes les insuffisances constatées dans le projet, la réalisation du tronçon relevant
de la commune sur une distance de 12 km a connu un succès acceptable, s’il n’y avait pas eu
le retard dans la réalisation du forage dédié à ce tronçon.

Par conséquent, les résultats obtenus pour la partie réalisée par la commune n'ont pas été
satisfaisants par rapport aux objectifs visés, principalement en raison des facteurs climatiques
difficiles, des températures élevées et des tempêtes de sable fréquentes.

178
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune de Hassi Ben Abdellah (Wilaya de Ouargla)

J’ai l'honneur de porter à votre connaissance les éléments de réponses suivants :

Concernant la consommation d'électricité

Jusqu'à aujourd'hui, la commune prend toujours en charge le paiement des redevances


d'électricité relative à sept (07) forages, dans la limite d'un montant total annuel estimé à
210 000,00 DA, jusqu'à ce que des solutions définitives soient trouvées pour confier la maîtrise
d'ouvrage du projet.

De plus, le projet se trouve actuellementen dans un état de détérioration du fait des capacités
limitées de la commune à prendre en charge les opérations d'entretien, d'arrosage et de
gardiennage de la partie du projet relevant de notre commune et de l’absence de désignation
de l'autorité chargée de réceptionner et de gérer ce projet.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de N’Goussa (Wilaya de Ouargla)

J'ai l'honneur de porter à votre connaissance les éléments de réponses suivants :

- Absence d'études techniques des projets selon chaque secteur

Selon les personnes chargées du suivi du projet, les arbres ont été plantés à environ 15 mètres
de la route dans la section de la commune de N’Goussa, ce qui signifie qu'ils sont éloignés de
la route.

- Modifications fréquentes de la structure et des intitulés des projets

L’opératon s’intitulait initialement comme suit : achèvement des bassins d'eau et des canaux
principaux pour l'irrigation sur une distance de 33 000 m/m au niveau de la ceinture verte
adjacente à la route nationale n°56 relevant de la commune de N’Goussa du côté droit. Le
projet a été initialement confié à l'entreprise de travaux publics de construction et d'irrigation

179
H. M. M. H. pour un montant de 82 724 850,00 DA et une durée de réalisation de 107 jours
par le biais de la convention n°01/2014 du 26 janvier 2014 (appel d'offres national restreint),
conformément aux dispositions de l'article 30 du décret présidentiel n°10-236 du 07 octobre
2010, modifié et complété relatif aux marchés publics.

Suite à la violation de ses obligations édictées par les clauses du contrat signé entre les deux
parties et après des mises en demeure de notre part (en tant que maître d’ouvrage du projet) et
des réponses écrites de l'entrepreneur concerné solicitant la résiliation à l’amiable du marché
pour cause de maladie, une réunion s'est tenue au siège de la commune de N’Goussa le 04 mai
2014 pour examiner et se concerter sur le contenu de sa lettre. Et après un échange entre les
parties concernées, l'affaire s'est réglée par la résiliation du marché d'un commun accord entre
les deux parties (la commune et l'entrepreneur). Pour préserver les intérêts du maître d'ouvrage
(commune de N’Goussa), et suite aux recommandations de la tutelle (wilaya) d’achever la
réalisation du projet dans les meilleurs délais, l'opération a été divisée en 11 lots, ce qui a
nécessité la modification de l'opération en ajoutant la mention (en lots) et la mention (publicité)
dans l'intitulé de l'opération afin que nous puissions payer les frais de publicité et couvrir les
montants de la réalisation.

Quant au montant supplémentaire rajouté à l’opération, cela a été effectué sur la base des
résultats des soumissionnaires retenus à l’issue de l'appel d'offres conformément au décret
présidentiel n°10-236 du 07 octobre 2010, relatif à la réglementation des marchés publics
modifié et complété.

Quant à la réalisation de trois projets liés à la réalisation du système d'irrigation goutte à


goutte et de la plantation d'oliviers au niveau de trois tronçons, d'un montant total de
207 256 051,08 DA, ces opérations sont indépendantes du projet « achèvement des bassins
d'eau et des principaux canaux d'irrigation sur une distance de 33 000 m/m dans la ceinture
verte adjacente à la route nationale n°56 de la commune de N’Goussa du côté droit ». Les trois
(03) opérations ont été attribuées conformément au décret présidentiel n°10-236 du 10 juillet
2010, précité.

- Cahiers des charges et processus d'évaluation qui n'ont pas pris en compte
les intérêts des maîtres d'ouvrage

Pour les deux marchés portant sur les lots 01 et 08, la raison de la différence dans le prix
unitaire entre les deux marchés pour un même article est que l'appel d'offres est lancé sous
forme de lots distincts de 01 à 11, conformément à l'article 26 du décret présidentiel n°10-236
du 10 juillet 2010, précité, qui prévoit l’attribution de l’opération au meilleur soumissionnaire
= la somme (points de l’offre technique + points de l’offre financière), ce qui a engendré
naturellement une différence de prix.

180
- Opérations gérées dans l'urgence et l'improvisation (opérations conclues de gré
à gré simple)

Conformément à l'article 43 du décret présidentiel n°10-236 du 07 octobre 2010, susvisé, le


contrat a été conclu suivant le mode de gré à gré simple en respect de la décision d’autorisation
du Wali. Les arbres ont été plantés, la première fois, à l’aide du volontariat avant l'achèvement
des deux réseaux (le réseau principal et secondaire et les mares), ce qui nous a ammené à
accélérer l'achèvement du réseau secondaire sur une distance de 10 000 m/m et à l'utiliser pour
irriguer les plantations en y pompant de l'eau par des réservoirs de peur de la perte et de la
mort des plants de palmiers et d’arbres.

Quant au retard dans la présentation des mises en demeure, ces dernières ont été adressées à
l'entrepreneur concerné dans les délais contractuels. En l'absence de réponse de sa part, le
marché a été résilié unilatéralement conformément à la réglementation régissant les marchés
publics.

Quant à l’équipement de 04 forges destinés à la ceinture verte sur la route nationale n°56 avec
l’entreprise publique « Algérienne des eaux », selon le mode de gré à gré simple, cela a été fait
après l'achèvement du réseau d’irrigation principal et des bassins. Et cela suite aux difficultés
d'arroser les plants de palmiers et d'arbres par des citernes, et après la mort d'un grand nombre
d'entre eux car nécessitant beaucoup d'eau.

- Absence d’assainissement des projets : les projets n'étaient pas clôturés, puisque la
période de maintenance et de suivi, estimée à 36 mois, n'était pas encore expirée. Une
autorisation a été demandée pour utiliser les fonds restants. La nomenclature des projets sera
mise à jour et assainie après la clôture des projets.

- Evaluation de l'atteinte des objectifs du projet : Ceci est représenté dans la section du
point kilométrique 17 au point kilométrique 28. Les plants de palmiers et d'arbres ont été
plantés, pour la première fois, par le volontariat, et ils ont été arrosés par des réservoirs
utilisant le réseau secondaire. Cependant, après la mort de beaucoup d'entre eux d'une part, et
avec la difficulté d'arroser dans un terrain en terre à grande emprise d'autre part, nous avons
demandé aux autorités de tutelle l’inscription d’une opération de replantation des arbres après
achèvement de la réalisation du forage n°04 et le réseau d’irrigation. Néanmoins, cette
opération n’a pas été inscrite.

181
- Nous signalons également que lors de la plantation des plants de palmiers et d'arbres, et sur
la base des réunions qui se sont tenues au niveau de la wilaya sur les projets de la ceinture
verte en présence des services et des Présidents d’APC concernés, nous avons soulevé la
nécessité de créer un établissement de gestion du projet (en raison de son envergure et de
l'incapacité des communes à le gérer). Ce projet a été approuvé au début par les autorités de
tutelle (wilaya), mais l'affaire s'est heurtée à l'existence d'une décision d'attribution de la
gestion du projet aux affaires religieuses. Cette attribution a été effectuée suivant la décision
n°1140 du 09 mai 2013 portant attribution à titre de Wakf, au profit de la direction des affaires
religieuses et des Wakfs de la wilaya de Ouargla d'un terrain appartenant aus domaines privés
de l'Etat d'une superficie totale de 336 HA 17 R 37 Sar, situé sur le territoire des communes de
N’Goussa, Hajira, Hassi Messaoud et Hassi Ben Abdallah. Par conséquent, la proposition de
création d’un établissement n’a pas abouti.

De ce fait, les services de ma commune, comme toutes les autres communes, n'ont pas pu faire
fonctionner le projet après l'expiration du délai de 36 mois, prescrit pour l'entretien par
l'entrepreneur, en raison de la distance d'une part, qui est d'environ 70 km, et d'autre part, du
manque de capacités matérielles et humaines nécessaires pour le faire fonctionner.

Sachant qu'il existe une étude et des plans pour la réalisation de canaux d'irrigation et de
bassins d'eau sur une distance de 33 000 m/m.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune d'El Hadjira (Wilaya de Touggourt)

- Premièrement

Les deux opérations inscrites dans le cadre des travaux relatifs au tronçon de la commune
d’El Hadjira sous le titre « réalisation des bassins d'eau et des canalisations principales
d'irrigation », l’une prévue sur le côté droit de la route nationale n°03 et l’autre sur le côté
gauche, ont fait l’objet de deux (02) cahiers des charges distincts et similaires en termes de
quantités et de travaux programmés. La commission d’évaluation s’est conformée à l’article
n°07 du cahier des charges et a tenu compte de l’ordre chronologique des numéros des
marchés.

Concernant les négociations, le P/APC est le représentant légal du service contractant et le


signataire du contrat.

182
- Deuxièment

La commune d’El Hadjira a conclu deux (02) marchés suivant la procédure de gré à gré. Le
premier concerne la réalisation du système d’irrigation de goute à goute et plantation de
palmiers et oliviers et entretient au niveau de la ceinture verte « lot plantation d’oliviers et
palmiers, maintenance et suivi sur une distance de 21 km pour un montant de 88 003 305 DA ».
Cette procédure a fait l’objet d’une décision d’autorisation du Wali n°92 du 20 juillet 2014,
modifiée par décision n°106 du 15 septembre 2014 (prolongation de la durée d’autorisation).

Le deuxième concerne l’acquisition et la plantation d’arbres sur une distance de 21 km d’un


montant de 11 199 946,80 DA, conformément à la décision d’autorisation du Wali n°03 du 09
janvier 2014, modifée par décision n°106 du 15 septembre 2014 (prolongation de la durée
d’autorisation).

- Troisièment

Le projet d’équipement de quatre (04) forages pour la ceinture verte a été réalisé de gré à gré
conformément à la décision d’autorisation du Wali n°50 du 14 mars 2014, modifiée par
décision n°05 du 15 septembre 2014 (prolongation de la durée d’autorisation).

- Quatrièment

La commune d’El Hadjira a connu deux (02) affaires litigieuses. La première avec la pépinière
de Staouali concernant le projet d’approvisionnement de la commune en 20 000 plants, laquelle
a intenté une action auprès du tribunal administratif de Ouargla qui a abouti à la comdanation
de la commune par arrêt n°117/118 du 18 juin 2017 (montant de la facture 7 999 962,00 DA).

La deuxième affaire concerne « l’achèvement de la réalisation du système d’irrigation de goute


à goute, plantation de palmiers et oliviers et entretien de la route reliant Ouargla et Tougourt
- tranche plantation des palmiers et oliviers et travaux d’entretien ».

Dans ce cadre, l’entreprise a intenté une action auprès du tribunal administratif de Ouargla
en date du 13 novembre 2017 qui a lieu à la condamnation de la commune par arrêt n°40/2018
du 23 janvier 2018 pour un montant de 20 779 785,00 DA.

183
- Cinquièment

Au sujet de l’exploitation des deux (02) forages au niveau de la commune d’El Hadjira par
deux (02) investisseurs, la commune a effectué les procédures de suspension.

- Sixièment

La commune a bénéficié d’une subvention de la commune de Hassi Messaoud d’un montant de


8 000 000 DA pour l’acquisition de deux (02) tracteurs avec citerne. La commune a entamé les
démarches d’acquisition, mais il n’y a pas eu de soumissionnaires en plus de l’absence
d’ouvriers professionnels et de l’éloignement du site du projet (32 km).

184
06. LA GESTION DU TRANSPORT SCOLAIRE
PAR LES COMMUNES

Tout comme la restauration scolaire, le transport scolaire joue un rôle essentiel


dans le bon fonctionnement de l’enseignement, en permettant d’assurer le
déplacement des élèves dans le cadre de leurs activités scolaires,
principalement leur acheminement quotidien des points d’embarquement à
leurs établissements d’éducation et d’enseignement et inversement. Les
prestations de transport scolaire sont assurées par la commune conformément
à un dispositif règlementaire particulier, défini notamment par le décret
exécutif n°15-171 du 23 juin 2015 relatif au transport scolaire.

Le contrôle effectué par la Cour des comptes, portant sur les conditions de mise
en œuvre du transport scolaire dans un échantillon diversifié de communes,
localisées en zones urbaines, périurbaines et rural, fait apparaitre qu’en dépit
des efforts déployés par les pouvoirs publics pour répondre aux besoins en
matière de moyens de transport scolaire, la mise en œuvre de ce service social
scolaire demeure en deçà des règles prévues par le nouveau dispositif
réglementaire le régissant.

En effet, de nombreuses communes tardent à mettre en place les organes de


concertation prévus par la règlementation et à assurer leur fonctionnement
régulier tout comme elles n’ont pas adapté leur organisation pour une meilleure
maitrise de la programmation de la prestation de transport scolaire. En outre,
la plupart des communes, particulièrement les plus démunies d’entre-elles
n’arrivent pas à supporter le coût des prestations du transport scolaire en
raison de l’insuffisance des subventions qui leur sont accordées, alors que
d’autres éprouvent des difficultés à réunir les moyens nécessaires en matériels
de transport et de ressources humaines (chauffeurs et accompagnateurs).

En conséquence, ce service public n’est pas toujours assuré dans des conditions
satisfaisantes en termes de confort et de sécurité, tel que prescrit par le cadre
normatif en vigueur.

185
Le programme de contrôle pluriannuel 2020-2022 de la Cour des comptes a retenu une
opération thématique triennale, consacrée à l’appréciation de la contribution des
collectivités locales pour assurer un accès universel à l’éducation1. Le premier volet de
cette opération, inséré au rapport annuel 2022, a porté sur la restauration à l’école à
travers la gestion des cantines scolaires par les collectivités locales. Le deuxième, objet
de ce présent rapport annuel, a trait à l’action de ces collectivités en matière de transport
scolaire des élèves. Le dernier volet qui sera consacré à « la réalisation, l’extension, la
réhabilitation et la gestion des écoles primaires par les communes », est prévu pour
insertion au rapport annuel 2024.

A l’instar des cantines scolaires, le transport des élèves joue un rôle essentiel dans le
bon fonctionnement de l’enseignement, en permettant à chaque élève d’accéder à un
établissement d’enseignement. Il contribue, de plus, à assurer une égalité des chances
entre les élèves vivant en zones rurales et ceux vivant en milieux urbains. Le transport
scolaire désigne généralement le transport organisé pour les élèves des écoles, des
collèges et des lycées qui empruntent des circuits spéciaux ou parfois des lignes
régulières pour rejoindre leurs lieux de scolarisation. L’organisation et le
fonctionnement de ce service social de transport scolaire relève de la commune qui joue
un rôle prépondérant dans l’amélioration de l’accès du plus grand nombre d’enfants à
un cursus scolaire le plus long.

Le contrôle effectué, portant sur les exercices 2018 à 2020, s’est intéressé aux modalités
d’organisation du transport scolaire, à la mise en place et au fonctionnement des
mécanismes de coordination institués par la réglementation en vigueur et aux conditions
de mise en œuvre de ce service social scolaire. Il couvre un échantillon diversifié de
communes localisées en zones urbaines, périurbaines et rurales, sélectionnées sur la base
de plusieurs critères, dont la représentativité géographique et démographique, le nombre
d’élèves bénéficiaires, ainsi que l’importance des financements2 .

Pour l’exécution de cette mission, la Cour des comptes a procédé à la collecte


d’informations, par le biais de questionnaires transmis aux responsables des communes
considérées et aux directeurs de wilayas chargés de l’administration locale (DAL) et de
l’éducation (DE).

1
Ce contrôle s’inscrit dans le cadre de la priorité stratégique n°3 relative à « La contribution de la Cour des comptes
à la promotion du développement durable », Thème I : Audit de la mise en œuvre des objectifs du développement
durable.
2
Il s’agit des communes des wilayas d’Adrar, Chlef , Bejaia, Bechar, Bouira, Tizi-Ouzou, Saida, Guelma, Médéa,
Mostaganem, M’Sila, Mascara, Oran, El Bayadh, Bordj Bou Arreridj,Boumerdes, El Taref, Tissemsilt, Ain Defla,
Relizane , Timimoume et Beni Abbès, relevant de la compétence des chambres territoriales de Annaba, Bechar,
Blida, Tizi Ouzou et Oran.

186
Ce contrôle a mis en exergue les efforts déployés par les pouvoirs publics pour assurer
la couverture des besoins en matière de transport scolaire, reflétée notamment par
l’évolution significative des moyens mobilisés. Ainsi, au titre de la rentrée scolaire
2022-2023, les parcs communaux, à l’échelle nationale, comptaient 11 029 bus destinés
au transport scolaire. Ces moyens confortés par la location de 6 060 bus, par conventions
entre les communes et des partenaires privés, assurent le transport à 988 368 élèves, soit
17,15% de l’ensemble des élèves scolarisés1. Toutefois, la mise en œuvre de ce service
public demeure en deçà des règles prévues par le nouveau dispositif réglementaire
régissant le transport scolaire et requiert des améliorations. En effet, les communes
affrontent au quotidien de nombreuses contraintes se traduisant par un manque de
précision dans la détermination des besoins, une flotte insuffisante, un recours aux
prestataires externes peu maitrisé et une absence de coordination entre les communes et
les différents services sectoriels compétents.

1. Organisation, programmation et financement du transport scolaire

L’enseignement est un droit constitutionnel inaliénable, il est obligatoire et gratuit pour


tout enfant en âge de scolarité2. Il est garanti par l’Etat sans discrimination fondée sur le
sexe, l’origine sociale ou l’origine géographique3. L’organisation d’un transport scolaire
et sa prise en charge est une action sociale de l’Etat partagée avec les collectivités locales
qui a pour but de réduire le risque de discrimination résultant d’environnement social
ou géographique défavorables pouvant constituer un frein à l’épanouissement de
l’enfant et à l’accomplissement de la scolarité obligatoire.

Le transport scolaire couvre essentiellement l'organisation du déplacement des élèves


dans le cadre de leurs activités scolaires, principalement leur acheminement quotidien
des points d’embarquement à leurs établissements d’éducation et d’enseignement et
inversement.

Cette mission est dévolue à la commune en vertu de l’article 122 de la loi n°11-10 du
22 juin 2011 relative à la commune, modifiée et complétée, qui précise que celle-
ci « veille à assurer la disponibilité des moyens de transport des élèves ». Il est considéré
par la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d’orientation sur l’éducation nationale4
parmi les actions sociales en direction des élèves, qui visent à réduire les disparités
sociales et économiques et à favoriser la scolarisation et la poursuite des études. Les

1
Données recueillies auprès de la direction générale des collectivités locales du ministère de l’intérieur, des
collectivités locales et de l’aménagement du territoire.
2
Cf article 65 de la constitution
3
Cf article 13 de la loi n° 08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d’orientation sur l’éducation nationale.
4
Cf articles 96 et 97.

187
actions sociales de solidarité scolaire et nationale sont encouragées et se développent au
sein des établissements scolaires avec la participation des collectivités locales et des
secteurs concernés. L’article 2 du décret n°81-375 du 26 décembre 1981 déterminant les
compétences et les attributions de la commune et de la wilaya dans les secteurs des
transports et de la pêche, stipule que dans le domaine des transports terrestres la
commune « organise, en outre, le service de ramassage scolaire ». Les prestations de
transport scolaire peuvent également être assurées par les établissements privés de
l’éducation et d’enseignement ainsi que par les associations à caractère éducatif1.

Le transport scolaire est classé dans la catégorie des transports spécifiques2 par l’article
34 de la loi n°01-13 du 07 août 2001, modifiée et complétée, portant orientation et
organisation des transports terrestres. Les dispositions réglementaires particulières y
afférentes ont été édictées par le décret exécutif n°15-171 du 23 juin 2015 relatif au
transport scolaire. L’article 2 dudit décret définit ce service comme « un transport
spécifique, effectué à l’aide de moyens conçus pour le transport de plus de neuf (09)
personnes, y compris le conducteur, sous forme de service régulier, transportant les
élèves scolarisés des points d’embarquement vers les établissements d’éducation et
d’enseignement et inversement ».

1.1. Organisation du transport scolaire

L’article 22 du décret exécutif n°15-171, déjà cité, dispose que le transport scolaire est
organisé dans le cadre du plan de transport de la wilaya conformément à la législation
et la réglementation en vigueur, qui doit satisfaire la demande de transport scolaire aux
meilleures conditions de sécurité et de la qualité de service. Cette organisation s’articule,
en amont, autour de l’intervention de deux organes prévus par la réglementation en
l’occurrence la Commission consultative de transport scolaire de wilaya et le Conseil
communal de coordination et de concertation. Au niveau communal, la gestion
quotidienne du transport est dispersée entre différentes structures avec une coordination
insuffisante.

- La Commission consultative de transport scolaire de wilaya

Le chapitre 3 du décret exécutif n°15-171, cité supra, dispose que le transport scolaire
est organisé dans le cadre du plan de transport de wilaya qui doit satisfaire la demande
de transport scolaire aux meilleures conditions de sécurité et de qualité de service. Ainsi,

1
Cf article 3 et 4 du décret exécutif n°15-171
2
Les transports spécifiques sont : le transport scolaire, transport effectué par taxi, transport par câble, transport de
touristes, transport de malades et les transports funéraires.

188
est créée dans chaque wilaya1, par arrêté du Wali, une Commission consultative de
transport scolaire, présidée par le wali ou son représentant. Elle est chargée de formuler
des avis sur toute question se rapportant à l’organisation et la disponibilité du transport
scolaire et de proposer des mesures visant à l’amélioration du transport scolaire,
particulièrement celles relatives à la sécurité des élèves transportés et le respect des
horaires de passage du transport scolaire2 .

En dépit de l’importance de son rôle de concertation et de proposition, les wilayas


d’Adrar, Béchar, El Bayadh et Bordj Bou Arréridj n’ont créé cette Commission que suite
aux investigations menées par la Cour. La wilaya de Tizi-Ouzou, pour sa part, ne s’est
toujours pas dotée de cet organe3.

Les wilayas de Chlef, Médéa, Ain Defla et Tissemilt, ont certes procédé à sa création,
mais n’ont pas veillé à la réunir régulièrement pour lui permettre de remplir sa mission.
Dans la wilaya de Bouira, cette Commission, créée par arrêté du wali du 04 décembre
2016, s’est régulièrement réunie de 2017 à 2020, une fois par an. La wilaya de Bejaia a
procédé à l’installation de ladite commission par arrêté du wali du 24 août 2017. A la
wilaya d’Oran cette commission a été créée par décision du wali du 13 décembre 2015,
à Mascara le 15 novembre 2021, à Saida le 13 juin 2016 et à la wilaya de Relizane le 27
mai 2021.

- Le Conseil communal de coordination et de concertation

En vertu de l’article 30 du décret exécutif n°16-226 du 25 août 2016 fixant le statut type
de l’école primaire, un Conseil de coordination et de concertation (CCC) est créé dans
chaque commune par arrêté du Président de l’Assemblée populaire communale
(P/APC). Présidé par ce dernier, ce Conseil est composé majoritairement d’un personnel
relevant de l’éducation nationale, en plus des représentants de la commune et du
mouvement associatif. Il est doté de larges prérogatives4 dont la prise de décisions
nécessaires pour l’amélioration des conditions de scolarisation dans les écoles primaires.
Il se réunit en session ordinaire trois (03) fois par an, dont une séance consacrée à la
préparation de la rentrée scolaire.

Cet organe important de concertation devant contribuer annuellement à une meilleure


préparation de la rentrée scolaire notamment dans le domaine du transport des élèves,
n’est pas mis en place dans certaines communes de l’échantillon à l’instar des communes
d’Aghbalou, wilaya de Bouira, d’Ighil Ali, wilaya de Bejaia, de Bendaoud et d’El Euche,
wilaya de Bordj Bou Arréridj. Dans d’autres communes, son installation est intervenue
1
Article 24 dudit décret exécutif.
2
Article 26 dudit décret exécutif.
3
A la fin de la mission fin 2021.
4
Cf article 31 du décret exécutif n°16-226.

189
tardivement et ses activités ne sont pas régulières. En effet, dans les communes de Mekla
et Tigzirt, w. Tizi Ouzou, et Larbaatache, Hammedi, et Kadiria, w. Boumerdes, les
arrêtés de création de ce Conseil n’ont été pris qu’à partir de 20171 .

Dans la commune de Sidi Aissa (w. de M’sila), le conseil crée par arrêté du P/APC du
25 octobre 2017 a tenu une réunion en 2018 et 2021.

Le même constat est valable pour les communes de Djouab et Ouled Antar
(w. de Médéa), Tachta Zougagha, Bourached, El Attaf, El Abbadia (w. d’Ain Defla) qui
ont installé leurs Conseil en 2018, alors que dans les communes de Chniguel et Baata
(w. de Médéa), Ain Torki (w. d’Ain Defla), cet organe n’a vu le jour qu’en 2019 et 2020.
Toutefois, la majorité de ces Conseils n’ont pas tenu régulièrement leurs sessions, alors
que d’autres, à l’image de ceux des communes de Baata, Ouezra et Djouab, relevant de
la wilaya de Médéa n’ont tenu aucune réunion.

Par ailleurs, la majorité des communes relevant des wilayas d’Oran, Mostaganem, Saida,
Relizane et Mascara ont procédé à la création et à la mise en place de ce Conseil.

- Absence d’une structure communale de gestion du transport scolaire

Le commune participe à la prise en charge de la demande sociale d’éducation. Elle


veille, notamment, à assurer la disponibilité des moyens de transport aux élèves
conformément à l’article 122 de loi n°11-10 du 22 juin 2011 relative à la commune,
modifiée et complétée. Le rôle de la commune dans ce domaine a été précisé suite à la
publication, fin août 2016, du décret exécutif n°16-226 précité. Cette mission importante
dévolue aux communes n’a pas été, cependant, accompagnée d’une adaptation de leur
organisation2, afin de confier sa prise en charge à un service déterminé. Pourtant, le
décret précité a prévu un chargé des affaires de l’éducation et de l’enseignement au sein
des communes3.

De ce fait, l’activité de transport scolaire, est une tâche dispersée entre les différentes
structures de l’administration. Elle est souvent pilotée par le chef de parc communal en
collaboration avec les services des moyens et du personnel d’où un chevauchement de
compétences qui impacte négativement la prise en charge des besoins en matière de
transport scolaire, d’entretien et de maintenance du matériel roulant, etc. Aussi, aucune

1
A titre d’exemple les arrêtés de création du CCC dans les communes de Mekla, Tigzirt, Larbaatache, Hammedi,
et Kadiria ont été pris, respectivement, en date du 25 avril 2017, 14 mai 2017, 19 septembre 2019, 24 septembre
2018 et 04 janvier 2018.
2
Bien que l’organigramme relève d’un texte réglementaire émanant du ministère de l’intérieur pris en 1991, des
possibilités d’action existent.
3
Article 30 du décret exécutif n°16-226 déjà cité, chargé des affaires de l’éducation et de l’enseignement au niveau
des communes est membre du conseil de coordination et de concertation.

190
commune n’a désigné de structure, ni d’agent chargés de coordonner les actions
des services communaux et des parties prenantes au transport scolaire, notamment, les
directions de l’éducation, des transports et de l’animation locale.

1.2. Programmation de la prestation de transport scolaire

Le dispositif réglementaire relatif au transport scolaire ne précise pas certaines règles


nécessaires pour une maitrise de la programmation de l’exécution de cette prestation,
notamment, la détermination de la distance de marche à partir de laquelle l’élève peut
bénéficier du transport ainsi que le droit à la gratuité de ladite prestation. Ces règles
permettront de mieux cerner les bénéficiaires potentiels de cette prestation, dont la
connaissance est déterminante pour le choix du mode de gestion le plus approprié.

- Détermination empirique des bénéficiaires

Le contrôle a révélé que le recensement préalable des élèves nécessitant d’être


transportés est insuffisamment assuré par les communes considérées. Une bonne
évaluation de ce besoin est de nature à permettre une meilleure préparation à la prise
en charge de la prestation de transport scolaire par un usage optimisé des moyens
existants et mobilisables. La demande potentielle de transport est appréhendée
approximativement sur la base de l’évolution du nombre d’élèves scolarisés, en tenant
compte du nombre des bénéficiaires de l’exercice précédent. De plus, la mise en œuvre
du transport scolaire n’est pas suffisamment encadrée. En effet, aucune des communes
contrôlées n’a défini une distance de marche au-delà de laquelle l'élève est éligible au
transport scolaire. Une définition qui servira à identifier les bénéficiaires potentiels.
Ensuite, la géolocalisation des élèves bénéficiaires en relation avec les établissements
scolaires, la connaissance du réseau routier praticable et de la capacité des bus existants
ou à mobiliser, permettront d’établir les parcours de ramassage et d’assigner des arrêts
spécifiques aux élèves devant être transportés. L’ensemble de ces données s’ajoutent à
celles relatives à la durée des parcours et aux heures de début et de fin des cours pour
former des circuits homogènes susceptibles de contribuer à la réduction des coûts et à
l’amélioration de la gestion des flux (pointe de la demande). C’est l’ébauche du plan de
transport scolaire.

Par ailleurs, le contrôle a mis en exergue un manque de collaboration entre les


communes sous-revues et les services relevant des directions de wilayas de l’éducation.
En effet, ces communes ne disposent pas d’informations fiables sur les effectifs d’élèves
scolarisés sur leurs territoires. Une information devant leur être communiquée, à chaque
rentrée scolaire, par les directeurs d’établissements scolaires. En ce qui concerne l’école
primaire, l’article 25 alinéa 4 du décret exécutif n°16-226 du 25 août 2016 fixant le statut

191
type de l’école primaire, dispose que le directeur de l’école primaire est chargé «de
communiquer les listes des élèves scolarisés à la commune, à chaque rentrée scolaire ».
Une difficulté accentuée du fait que le besoin en transport scolaire est plus ressenti dans
les établissements des cycles moyen et secondaire que dans le cycle primaire car la
plupart des écoles primaires sont situées à proximité des agglomérations. Dans certaines
écoles primaires aucun élève n’a besoin de transport scolaire.

- Respect de la circonscription géographique

L’identification des élèves bénéficiaires se trouve altérée par un phénomène révélé par
le contrôle ; l’inscription d’élèves hors des établissements implantés dans leur
circonscription géographique de résidence. En effet, en dépit de la disponibilité
d’établissements à proximité de leurs habitations, certains élèves de différents cycles
choisissent de fréquenter des établissements situés en dehors de leur circonscription
géographique augmentant ainsi la demande de transport et influant sur l’effort
budgétaire de la commune dans le domaine du transport scolaire. Pour rappel, l’article
2- alinéa 6 de l’arrêté du 10 décembre 2020 fixant la typologie des constructions
scolaires précise que « La circonscription géographique est une zone couverte par un
établissement scolaire pour répondre à une demande sociale d’éducation correspondant
au niveau d’enseignement concerné. ». Cette circonscription est déterminée en fonction
de plusieurs paramètres dont la densité de la population, de la catégorie scolarisable et
des distances de parcours scolaires des élèves pour rejoindre l’établissement scolaire.
Le respect de la circonscription géographique contribue à une répartition équilibrée des
élèves1 entre les infrastructures scolaires existantes et permet aux communes de mieux
planifier leurs interventions pour répondre aux besoins.

- Gratuité généralisée du transport scolaire

La majorité des communes contrôlées ont opté pour une entière gratuité du transport
scolaire pour l’ensemble des élèves scolarisés bien que les moyens financiers de ces
dernières soient insuffisants pour couvrir convenablement toutes les dépenses liées à
cette prestation. Cette gratuité n’a généralement pas fait l’objet d’une délibération des
assemblées populaires communales respectives motivant l’exemption de tous les élèves
de paiement des frais de transport.

Pourtant, l’article 13 de la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d’orientation sur
l’éducation nationale, dispose que sans porter atteinte au principe de gratuité de
l’enseignement, la contribution des parents d’élèves à certains frais en rapport avec la
scolarité de leurs enfants peut être sollicitée. Toutefois, cette disposition devait faire

1
Cf article 9 du décret exécutif n°16-226 déjà cité.

192
l’objet d’un texte réglementaire non intervenu à ce jour. Cette situation n’a pas empêché
certaines communes de solliciter la contribution des parents d’élèves, telles que les
communes de Zaouiet Kounta (w.d’Adrar), de Tigzirt (w.de Tizi-Ouzou) et d’Arzew
(w.d’Oran). Dans la commune de Tigzirt, seule une proportion de 20% d’élèves des
cycles moyen et secondaire bénéficient de la gratuité du transport scolaire1.

Dans la commune de Zaouiet Kounta (w.d’Adrar), les élèves des cycles moyen et
secondaire s’acquittent d’un ticket de transport mensuel de 200 DA, fixé par délibération
du 25 octobre 2021.

Dans le cas de la commune d’Ighil Ali (w.de Béjaia), l’APC a instauré par délibération
du 15 mars 2006 une contribution mensuelle forfaitaire de 200 DA, par élève, contre
délivrance de la carte de transport mais n’a pas pu l’appliquer et l’a finalement annulée
par délibération du 13 mars 2011. Ces délibérations successives ont eu lieu durant le
même mandat et ont été approuvées par le contrôle de légalité (chef de la Daïra).

- Carte de transport scolaire

A défaut de définir au préalable la liste des élèves devant être transportés, l’identification
des bénéficiaires réels du transport scolaire est possible à travers l’établissement d’une
carte ouvrant droit au bénéfice du transport scolaire. Au demeurant, cette carte est
prévue par l’article 28 du décret exécutif 15-171 suscité, qui dispose que « l’accès de
l’élève scolarisé au véhicule de transport scolaire est soumis à la présentation d’une carte
de transport scolaire en cours de validité, renouvelable chaque année, délivrée par
l’établissement scolaire dont il relève. La carte de transport scolaire comporte ce qui
suit : nom, prénom, adresse, photo et groupe sanguin ». Cette disposition est reprise in
extenso par l’article 19 du cahier des charges relatives au transport scolaire. Aussi, tout
prestataire de transport scolaire est en droit de refuser l’accès au bus à tout élève non
muni de sa carte. Cependant, dans la plupart des communes de l’échantillon, ces
documents ne sont établis ni par les établissements ni par les communes. Seules les
communes de Zaouiet Kounta (wilaya d’Adrar) et de Tigzirt, (w.de Tizi-Ouzou) ont
procédé à la confection de cartes de transport. Cette dernière commune a confectionné
des cartes dites d’abonnement uniquement pour les élèves soumis au paiement d’une
contribution2, soit 208 élèves sur les 1 015 bénéficiaires. De plus, le modèle de carte
utilisé, examiné lors du contrôle sur place ne comporte ni l’adresse de l’élève ni son
groupe sanguin3.

1
Paiement d’un abonnement variant entre 250 et 400 DA par mois.
2
Entre 250 et 400 DA par mois
3
Selon l’article 28 du décret exécutif 15-171 déjà cité, la carte de transport scolaire comporte : nom, prénom,
adresse, photo et groupe sanguin.

193
La carte d’accès constitue un moyen efficace pour déterminer le nombre exact d’élèves
transportés, maitriser les flux d’élèves lors de l’accès aux bus et de s’assurer que les
élèves transportés sont ceux figurant sur la liste des bénéficiaires de ce service public,
pris en charge par l’assurance en cas d’accident ou autre situation imprévue. Elle permet
à la commune de pouvoir distinguer entre l’élève scolarisé et l’intrus et s’assurer que
les personnes transportées se limitent aux élèves ayant droits. Aussi, même si
l’établissement de la carte de transport est à la charge de l’établissement scolaire de
l’élève, rien n’empêche la commune qui est le prestataire1 du service de transport
scolaire de s’assurer que les établissements scolaires s’y attèlent et à défaut d’y suppléer.

1.3. Financement du transport scolaire

Le transport scolaire est financé principalement par les moyens propres des communes
et subsidiairement par des subventions accordées par la wilaya et par l’Etat à travers la
Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales.

En dépit de l’importance des moyens mobilisés par ce financement mixte, la plupart des
communes sous revues n’arrivent pas à assurer une prise en charge satisfaisante du
transport scolaire.

- Des subventions insuffisantes, circonscrites au cycle primaire

L’article 3 du décret exécutif n°15-171 précité, précise que « le transport scolaire est
assuré par les collectivités territoriales ». Le décret exécutif n°16-226 du 25 août 2016
fixant le statut-type de l’école primaire précise que la commune participe à la prise en
charge de la demande sociale d’éducation et veille à assurer la disponibilité des moyens
de transport scolaire au profit des élèves2. Cette situation explique que les décisions de
subvention octroyées aux communes destinées à la prise en charge des dépenses liées
au transport scolaire soient libellées exclusivement au profit des élèves du cycle
primaire3.

En pratique, la prestation de transport scolaire est assurée par les communes,


indistinctement, au profit des élèves des trois cycles scolaires. De plus, ce sont les élèves
des collèges et lycées qui bénéficient le plus du transport scolaire, car les écoles
primaires sont généralement des structures de proximité. Toutefois, aux termes des
1
Cf article 3 du décret exécutif n°15-171 déjà cité.
2
Art 4 et 28 dudit décret exécutif.
3
A titre d’exemple, la décision du Wali de Boumerdes du 25 février 2018, portant attribution d’une subvention de
4 000 000 DA à la commune de Larbaatache, précise que ce montant est destiné à raison de 2 000 000 DA pour la
prise en charge des dépenses d’entretien du matériel de transport scolaire et 2 000 000 DA pour la location de bus
au profit des élèves du cycle primaire.

194
textes relatifs aux collèges1 et lycées2, c’est la wilaya qui contribue à la prise en charge
de la demande sociale d'éducation afférente à ces établissements. La divergence
d’interprétation quant aux cycles scolaires qui ouvrent droit au service de transport
scolaire a conduit certains contrôleurs financiers auprès des communes à refuser de viser
les dépenses afférentes au transport des élèves des cycles moyen et secondaire, à l’instar
des communes de Besbes et Zerizer dans la wilaya d’El-Tarf. Pourtant, le ministère des
finances (Direction générale du budget3) a précisé dans une réponse à une demande
d’avis juridique sur cette question émanant du P/APC d’Ain Oulmene (wilaya de Sétif)
que conformément aux dispositions du décret n°15-171, suscité, la commune veille à
assurer ce service aux élèves des trois cycles, dans la limite de ses ressources financières.

Dans ce cadre, la Cour des comptes s’interroge sur l’absence d’un texte réglementaire
permettant de dissiper toute ambiguïté en la matière.

Les subventions accordées dont les montants ne sont pas déterminés sur la base de
critères objectifs bien définis, tels que les capacités financières des communes
concernées, le nombre d’élèves bénéficiaires, la qualité des routes et le relief des zones
de ramassage, ne permettent pas de prendre en charge convenablement l’ensemble des
élèves, tous cycles confondus. Au demeurant, le versement des subventions intervient
parfois en fin d’année budgétaire. A titre d’illustration, pour l’année 2020, les
subventions destinées aux communes de Tigzirt et Mekla (w. de Tizi-Ouzou) ont été
reçues, par ces dernières, à la fin décembre 2020.

Le tableau, ci-après, révèle le caractère erratique du subventionnement ainsi que sa


modicité, il ne couvre qu’une quotité de la dépense se rapportant au transport scolaire
assuré par les tiers, qui elle-même ne représente qu’une partie des frais de transport
scolaire à la charge de la commune. Certaines communes pauvres procèdent au report
de charges d’un exercice à l’autre. Dans d’autres communes, ce sont les créanciers qui
s’adressent à la justice pour être payés par débit d’office en exécution de décisions
rendues en leur faveur. Ainsi, la commune d’Aghbalou a accumulé 3 274 000 DA de
dettes au titre de l’exercice 2020 et la commune d’El Euch a réglé 12 640 155 DA,
16 876 809 DA et 9 742 458 DA au titre des débits d’office se rapportant au transport
scolaire des années 2018, 2019 et 2020 respectivement. De même, les charges du
transport scolaire des communes prises comme échantillon de la wilaya d’El-Tarf sont
couvertes, in fine, par des subventions d’équilibre et de péréquation. Par ailleurs,
plusieurs communes des wilayas de Médéa, Tissemssilt et Ain defla n’ont reçu aucune

1
Art 4 du décret exécutif n°16-227 du 25 août 2016 fixant le statut-type du collège.
2
Art 6 du décret exécutif n°17-162 du 15 mai 2017 fixant le statut-type du lycée.
3
Direction dont relève les contrôleurs financiers (DGB/Division de la réglementation budgétaire, du contrôle et
des marchés publics/direction du contrôle budgétaire/sous-direction de l’encadrement des services de contrôle
budgétaire).

195
subvention durant les trois exercices considérés. Une situation identique a été constatée
dans les communes relevant des wilayas d’Adrar, Béchar et Timimoun.

Subventions et coût de la prestation de transport par les tiers


dans quelques communes

Unité : DA
Exercice 2018 Exercice 2019 Exercice 2020

Cout du Cout du Cout du


Commune
transport transport transport assuré
Subvention Subvention Subvention
assuré par les assuré par les par les
prestataires prestataires prestataires
Ouled Ben AEK
2 000 000 3 143 800 1 600 000 5 141 700 / 5 181 000
(w. Chlef)
Ighil Ali (w. Béjaia) 1 000 000 1 864 000 500 000 1 909 000 / 2 968 560
Kadiria (w. Bouira) 3 000 000 8 971 220 / 9 168 100 / 6 030 116
Aghbalou (w. Bouira) 2 000 000 7 111 755 2 025 186 7 121 276 1 260 863 3 274 000
Péréquation Dette
Mekla (w. Tizi-Ouzou) / 4 674 700 895 000 5 957 044 1 218 052 4 655 280
Tigzirt w. Tizi-Ouzou) 500 000 ---- 895 000 ----- 959 788 -----
Bendaoud
2 000 000 --- 2 000 000 ----- 1 000 000 1 995 000
(w. Bordj Bou Arréridj)
1 500 000 5 881 618 1 000 000 6 891 674 1 700 000 3 434 718
El Euche
12 640 155 16 876 809 9 742 458
(w. Bordj Bou Arréridj)
Débit d’office Débit d’office Débit d’office
Larbatache
4 000 000 3 649 968 / 5 070 408 / 2 568 496
(w.Boumedes)
Hammedi (w.Boumedes) 3 000 000 7 143 570 / 9 516 478 / 5 708 430
Souagui (w. Médéea) / 2 454 300 / 2 326 500 / 2 326 500
Bouskene (w. Médéea) / 1 633 800 / 1 297 920 / 1 263 740
Tamalaht (w.Tissemsilt) / 783 000 / 1 080 000 / 561 200
Boucaid (w. Tissemsilt) / 450 000 / 443 000 / 400 800
Beni Haoua
2 500 000 6 888 430 / 7 100 480 2 000 000 4 949 170
(w. Ain-Defla)
El Maine (w. Ain-Defla) / 3 738 300 / 2 797 500 2 500 000 4 391 934
Belaas (w. Ain-Defla) / 538 800 / 1 139 700 1 000 000 642 600
Tachta Zougagha
/ 8 644 985 / 10 119 450 3 000 000 13 839 450
(w.Ain-Defla)
Source : Données communiquées par les communes

- Difficultés à prendre en charge le coût du transport scolaire

Le transport scolaire constitue une charge importante pour le budget des communes,
surtout les plus démunies. En effet, les contrôles ont révélé que certaines communes ne
disposent pas de moyens financiers suffisants pour couvrir toutes les lignes retenues
dans leurs plans de transport scolaire. D’autres, à l’exemple de la commune de Kadiria
(w.de Bouira), peinent à réunir les crédits nécessaires pour assurer le transport scolaire
pendant un semestre1. Une situation identique est constatée dans les communes de la

1
Pour assurer la couverture la commune demande une deuxième subvention à la wilaya.

196
wilaya d’El Tarf dont le coût du transport scolaire est à l’origine d’un déficit important
couvert par des subventions d’équilibre. D’autres communes sont contraintes, à la fin
de chaque exercice, de procéder à des transferts et des virements de crédits au sein de
leur budget pour conforter les crédits inscrits à ce chapitre et honorer les factures des
partenaires cocontractants ayant accompli la prestation et qui dépassent largement la
dotation initiale du chapitre approprié. Ce mode opératoire consistant en la prise en
charge des situations une fois qu’elles surviennent révèle un manque de prévision et
d’anticipation dans la gestion du transport scolaire.

En matière d’estimation du coût du transport scolaire, les diverses données reçues des
communes manquent de fiabilité et ne permettent pas son évaluation exhaustive pour
diverses raisons. En matière de recettes ; il est difficile de rattacher les recettes à
l’exercice du fait de la réception de certaines subventions en fin d’année et du report de
ces recettes d’une année sur l’autre. En matière de dépenses ; celles-ci sont enregistrées
par nature dans les comptes appropriés et il n’existe pas de clef de répartition pour
imputer à chaque centre de coût ce qui lui revient. A titre, d’exemple le coût de
fonctionnement du parc communal comprenant notamment les dépenses de carburant et
l’achat de pièces de rechange a sensiblement augmenté en 2020 alors que le transport
scolaire n’était pas opérationnel pendant la période de confinement total soit de fin mars
à octobre. De plus, d’autres difficultés ont été appréhendées lors de l’exploitation des
réponses aux questionnaires de contrôle, comme la détermination du nombre exacte de
bénéficiaires et leur répartition entre le service communal et le prestataire ainsi que le
nombre de jours où le transport a été assuré.

Néanmoins, une évaluation sommaire du coût global, établie pour 2019, révèle que
celui-ci représente entre 4 et 12% des dépenses de la section fonctionnement. Une
évaluation du coût par élève a été établie pour la partie assurée par les prestataires. Ainsi,
le coût par élève et par jour est de 255 DA pour l’année 2019, dans la commune d’Ighil
Ali et de 110 DA dans la commune d’Aghbalou et de 90 DA à Mekla. Cependant, ce
coût moyen global n’est pas significatif dans la mesure où certains paramètres à
l’exemple de la distance et de la qualité de la route font que le coût déterminé varie
sensiblement d’une ligne à une autre. En effet, à titre d’exemple, dans la commune de
Kadiria la moyenne des offres financières reçues s’établit à un coût variant entre 45 et
130 DA en fonction des lignes, tandis que le coût moyen réel est de 85 DA en 2019.

La commune de Sidi Tiffour (w. d’El Bayadh) a loué un bus pour deux (2) mois en 2018
afin de transporter 94 élèves, via deux lignes de transport, au coût de 463 000 DA ; d’où
un coût par élève de 112 DA. La commune de Stitten, relevant de la même wilaya, a
aussi loué trois (3) bus pour transporter 90 élèves sur certaines lignes pour une durée de
deux (2) mois avec un montant de 2 056 000 DA, soit un coût par élève de 519 DA.

197
Dans la commune Berrihane (w. d’El-Tarf), le coût annuel du transport d’un élève est
de 21 926,75DA, soit le coût le plus élevé des 12 communes prises comme échantillon
dans cette wilaya. Plus de 60% du coût résulte de conventions d’un montant de
4 125 000 DA conclues avec des partenaires privés pour assurer le transport scolaire.
Par contre, le coût annuel le plus faible a été enregistré dans la commune de Djebala
Khemissi relevant de la wilaya de Guelma, et a atteint un montant de 4 177,83 DA par
bénéficiaire qui assure en totalité le service de transport scolaire.

Estimation sommaire des dépenses de transport de quelques communes en 2019

Dépenses liées au % par rapport aux


Wilaya Commune transport scolaire dépenses totales de
DA fonctionnement
Chlef Beni Haoua 8 105 455,05 5,4
Béjaia Ighil Ali 9 397 721,57 7
Bouira Kadiria 11 504 312,15 7
Tizi-Ouzou Mekla 11 671 427 7
Bouchrahil 6 445 138,34 08
Médéa
Souagui 4 479 277,91 04
Larbatache 10 989 125,19 5
Boumerdes
Hammedi 13 985 670,61 3
Tissemsilt Beni lahcene 2 749 959,11 4,58
Ain Defla Tachta zougagha 17 810 206,46 9
Source : Données communiquées par les communes

2. Mise en œuvre du service public du transport scolaire

L’exploitation du service public de transport scolaire, dans les communes contrôlées,


est organisée suivant trois (03) modes de gestion distincts ; gestion directe par la
commune, le recours à des prestataires externes et enfin une gestion mixte, partagée
entre la commune et ces prestataires.

Le premier mode signifie la prise en charge de l’exploitation entière de ce service par


les moyens propres de la commune. Elle repose sur les moyens humains et matériels
dont dispose le parc communal.

Le deuxième mode consiste à confier le transport scolaire à des opérateurs de transport


public de personnes par le biais de conventions, conformément aux dispositions du
décret présidentiel n°15-247 du 16 septembre 2015, portant réglementation des marchés
publics et des délégations de service public. Ces conventions ou marchés à commande
sont conclus entre la commune et le prestataire en respect d’un cahier des charges
préétabli.

198
Le mode mixte est un mélange des deux modes précédents. C’est le plus répondu, car
les communes préfèrent mobiliser en premier tous leurs moyens avant de se faire
suppléer par des opérateurs externes auxquels elles font appel pour couvrir le déficit
constaté.

2.1. Vue d’ensemble sur les moyens mobilisés

Les données recueillies auprès de la direction générale des collectivités locales du


ministère de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire font
apparaitre, pour la rentrée scolaire 2022-2023, une amélioration significative1 des
capacités des communes en matière de transport scolaire, notamment suite à
l’inscription en 2018, d’un programme national pluriannuel d’acquisition de 3 500 bus
destinés au transport scolaire. Doté de 23 Mrds de DA et financé sur le fonds de
solidarité et de garantie des collectivités locales, ce programme a permis l’acquisition
de 3 339 bus au profit des communes. Ledit fonds a été également mis à contribution, à
hauteur de 6 Mrds de DA en 2022, pour la prise en charge des dépenses des communes
inhérentes à la maintenance et à location des bus auprès de transporteurs privés.

Ainsi, le nombre total actuel de bus destinés au transport scolaire est de 17 089, réparti
comme suit :

- 11 029 bus appartenant aux communes (64,54%), dont 2 897 bus se trouvent en état
de panne ;
- 6 060 bus loués par les communes (35,46 %) auprès de transporteurs privés par le biais
de conventions.

La mobilisation de ces moyens a permis d’assurer le transport à 988 368 élèves, soit
17,15% de l’ensemble des élèves scolarisés. Toutefois, un besoin de 7 072 bus reste à
satisfaire pour une couverture totale de l’ensemble des lignes.

Le tableau, suivant, illustre la situation consolidée du transport scolaire au niveau


national.

1
En novembre 2021, les parcs communaux comptaient 10 570 bus destinés au transport scolaire qui ont assuré le
transport de 800 000 élèves (dépêche de l’APS reprenant la déclaration du ministre de l’intérieur lors de la session
plénière de l’APN le jeudi 18 novembre 2021).

199
Bus affectés
Wilaya Elèves au transport Bus propriété Bus en Déficit
bénéficiaires de la commune location
scolaire
Adrar 13 761 127 121 06 81
Chlef 46 394 656 240 416 255
Lagouat 6 307 250 204 46 29
Oum El Bouaghi 16 542 221 206 15 137
Batna 35 639 456 356 100 244
Béjaia 39 236 955 463 492 -
Biskra 15 667 238 214 24 -
Béchar 2 227 62 60 02 24
Blida 18 506 336 159 177 135
Bouira 33 274 750 299 451 461
Tamanrasset 3 920 66 60 06 39
Tébessa 10 900 279 279 00 60
Tlemcen 29 895 504 406 98 00
Tiaret 25 685 392 324 68 228
Tizi Ouzou 46 034 880 530 350 641
Alger 16 508 269 205 64 95
Djelfa 17 072 524 358 166 107
Jijel 18 920 290 234 56 264
Sétif 18 350 992 329 663 736
Saida 2 314 185 137 48 35
Skikda 34 074 488 352 136 316
Sidi Bel Abbes 11 571 256 220 36 165
Annaba 8 000 131 57 74 51
Guelma 13 181 265 206 59 219
Constantine 16 233 260 77 183 30
Médéa 43 013 721 436 285 53
Mostaganem 31 864 272 240 32 147
M’Sila 56 834 614 308 306 177
Mascara 32 118 414 316 98 247
Ouargla 3 099 77 46 31 11
Oran 5 669 139 108 31 47
El Bayadh 4 558 157 141 16 26
Illizi 1 038 45 34 11 15
Bordj Bou Arréridj 30 909 610 232 378 647
Boumerdès 21 433 407 283 124 379
El Tarf 10 934 229 123 106 128
Tindouf 265 39 38 01 08
Tissemsilt 9 757 240 204 36 64
El Oued 53 567 194 165 29 00
Khenchela 8 078 192 176 16 25
Souk Ahras 12 321 267 175 92 146
Tipaza 15 405 310 215 95 109
Mila 31 383 479 268 211 144
Ain Defla 36 262 568 301 267 -
Naâma 2 143 88 85 03 38
Ain Témouchent 6 975 208 169 39 103
Gardaïa 5 494 95 86 09 31
Relizane 31 331 348 313 35 50
Timimoun 9 740 112 101 11 16
Bordj Badji Mokhtar 1 398 22 22 00 04
Beni Abbès 7 539 81 75 06 28
Ouled Djellal 4 694 105 79 26 58
In Salah 1380 46 43 03 -
In Guezzam 251 03 02 01 -
Touggourt 5 576 89 73 16 19
Djanet 550 21 19 02 -
El M’Ghair 2 435 61 53 08 -
El Meniaa 145 04 04 00 -
Total 988 368 17 089 11 029 6 060 7 072
Source : Direction générale des collectivités locales MICLAT

200
- Les moyens matériels de transport

La majorité des communes sous-revue ont adopté un plan communal de transport


scolaire précisant l’affectation et l’exploitation des lignes, les itinéraires à suivre, les
établissements scolaires à desservir ainsi que les points d’arrêts, les fréquences, les
horaires à observer et la distance à parcourir. Cet instrument vise à desservir un
maximum de localités de sorte à faire bénéficier le plus d’élèves possible.

Pour la mise en œuvre de leur plan de transport, les communes, sous-revue, ont mobilisé
leurs moyens propres tout en recourant, au besoin, à la location de bus auprès de
transporteurs privés pour combler le déficit constaté.

Bien que la demande de transport scolaire qui varie d’une commune à l’autre, ne soit
pas bien appréhendée par les communes, un effort important a été consenti par ces
dernières pour assurer le transport des élèves, tel qu’il ressort de l’évolution significative
de la capacité de transport scolaire offerte par commune au cours des trois (03) années
considérées. Cette évolution demeure, néanmoins, insuffisante pour répondre à la
demande réelle de transport. A titre d’exemple, dans les communes contrôlées des
wilayas de Chlef, Médéa, Tissemsilt et Ain Defla, 30 à 50% des élèves scolarisés ne
peuvent rejoindre leur établissement sans un moyen de transport. L’échantillon de
communes relevant des wilayas de Bouira, Tizi-Ouzou et Boumerdes affichent, au titre
du premier trimestre1 2020, un taux de satisfaction moyen par une seule rotation variant
entre 24 et 85%. Dans nombre de communes, ce taux est inférieur à 50 %, d’où la
difficulté d’assurer la demande même avec une double rotation. De plus, celle-ci n’est
pas toujours réalisable, car elle dépend de plusieurs paramètres, dont la distance à
parcourir, le temps de parcours et les horaires de début des cours. Ainsi, pour les
communes assurant plusieurs rotations2, le premier départ est fixé à 6h30, une heure
matinale pour les élèves du primaire surtout en période hivernale. De plus, arrivés à
destination, les élèves sont contraints d’attendre longtemps avant l’ouverture des
établissements.

Les communes comblent, parfois, le déficit en surchargeant les bus bien au-delà du poids
total en charge autorisé, ce qui n’est pas de nature à assurer la sécurité et le confort des
élèves transportés. A titre d’illustration, dans la commune d’El Maine (w. Ain Defla) un
bus de capacité de 60 places achemine 109 élèves, alors qu’à Souagui (w.de Médéa), sur
la ligne Ouled Aatallah -Soug Djemaa, un bus de capacité de 30 places transporte 100
élèves. Au demeurant, les bus de grand gabarit octroyés à certaines communes par les

1
Ce trimestre est le plus récent et le plus significative, car avant la Covid-19 et l’institution de l’enseignement
par groupe qui a complexifié davantage la situation.
2
Par exemple les communes d’El Euch et de Bendaoud wilaya de Bordj Bou Arreridj et les communes de Beni
Lahcen et Sidi Slimane (w. de Médéa)

201
wilayas, se sont avérés incompatibles avec la nature des routes et chemins, caractérisés
par leur étroitesse et leur aspect sinueux. De plus, ils ne sont pas équipés de fenêtres
latérales, ce qui prive les enfants de l’aération, car l’usage de la climatisation n’est pas
recommandé sur les chemins montagneux et en situation de surcharge pour ne pas
sursolliciter le moteur.

Par ailleurs, la plupart des bus d’une marque identique acquis par le ministère de
l’intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement du territoire et affectés aux
communes, pendant les années 2018 et 2019, ont connu des pannes durant l’année de
leur acquisition, sans que les clauses contractuelles de garantie ne soient mises en jeu.
Nombre de communes étaient obligées de prendre en charge les réparations sur leurs
propres budgets.

Enfin, le nombre élevé d’élèves transportés dans certaines localités et communes, dont
le tableau ci-après reprend un échantillon significatif, conduit à s’interroger quant à
l’utilité d’un éventuel réexamen de la carte scolaire1 pour concilier davantage l’offre et
la demande de scolarisation.

Importance du nombre d’élèves transportés et besoin en établissements scolaires

Besoins en matière
Nombre d’élèves transportés
Commune d’établissements
par cycle
scolaires
177 élèves de cycle moyen et 325 CEM
Commune de Zaouiet Kounta (wilaya d’ADRAR)
élèves de cycle secondaire Lycée
Ain Hammadi (commune d’El Marssa wilaya 300 élèves de cycle moyen CEM
de Chlef)
Khelayef et Sbiaat commune de Boukadir 328 élèves de cycle moyen CEM
wilaya de Chlef)
Fraction Ain El Karma et Envirens (commune 300 élèves de cycle moyen CEM
de Khams Djouamaa, wilaya de Médéa)
Pôle urbain et lotissement Mihoubi, (commune 400 élèves du cycle moyen et Ecole primaire et CEM
de Souagui, wilaya de Médéa) 150 du primaire
Pôle urbain et environs, commune de Beni 300 élèves de cycle primaire Ecole primaire
Slimane, (wilaya de Médéa)
Commune de Hannacha (wilaya de Médéa) 241 lycéens Lycée
202 élèves de cycle moyen et 68 CEM
Commune de Ghassoul (wilaya d’El Bayadh)
élèves de cycle secondaire Lycée
385 élèves de cycle moyen et 170 CEM
Commune de Stiten (wilaya d’El Bayadh)
élèves de cycle secondaire Lycée
Commune d’Ain Torki (wilaya d’Ain defla) 340 lycéens Lycée
Commune de KSAR KADDOUR (wilaya de 366 élèves de cycle moyen et 301 CEM
Timimoun) élèves de cycle secondaire Lycée
722 élèves de cycle moyen et 548 CEM
Commune de Kerzaz (wilaya de Béni Abbès)
élèves de cycle secondaire Lycée
Source : Compilation de données fournies par les communes

1
Les associations de parents d’élèves proposent la réalisation d’établissements scolaires pour réduire le recours au
transport.

202
- Insuffisance des moyens propres de transport détenus par les communes

Les moyens de transport propres mobilisés par les communes contrôlées sont
insuffisants pour assurer le ramassage de l’ensemble des élèves ayant besoin d’être
transportés et couvrir la totalité de la superficie des communes. Une insuffisance
aggravée par le manque d’engouement des transporteurs, dans nombre de localités, en
raison notamment des chemins communaux sinueux, très exigus et mal entretenus ne
favorisant pas une circulation fluide. Une situation qui ne permet pas de bénéficier d’une
mise en concurrence des prestataires.

A ce titre, la situation de la commune de Kadiria constitue une bonne illustration. En


effet, l’absence d’entreprise de transport capable de couvrir toutes les lignes a contraint
la commune à confier une ligne par opérateur. De plus, certaines lignes desservant
des localités enclavées n’ont pas trouvé preneur à cause du relief accidenté. Ainsi, à titre
d’exemple, le bus de 30 places affecté à la ligne Sellala-haut Kadiria sur quatre (04) Km,
transporte environ 90 élèves à la fois par rotation.

Par ailleurs, la prise en compte de cette contrainte, liée au relief, a conduit certaines
communes à recourir à l’utilisation de bus à capacité réduite (25 à 30 places) au lieu de
bus à capacité élevée pouvant transporter un nombre important d’élèves en une seule
rotation. Pour ces mêmes raisons, la commune de Hammam N’Bails (w.de Guelma) a
été contrainte d’aménager et d’affecter trois (03) camions au transport scolaire avant de
se rétracter en raison de l’incommodité et de l’inconfort de ce genre de moyens pour
transporter les élèves.

L’adaptation des gabarits des bus utilisés à la configuration géographique du terrain,


particulièrement accidenté, répond au souci de préservation de la sécurité des élèves
transportés. Ainsi, la commune d’Aghbalou (w.de Bouira) a modifié son plan de
transport scolaire, passant de 7 lignes avec 390 élèves à transporter en 2018 à 13 lignes
avec 935 élèves en 2020. Quant à la commune d’El Euche (w. de Bordj Bou Arreridj),
s’étalant sur une superficie de 380 Km2 avec une population estimée à 17 125 habitants,
essaimés sur 34 villages, elle a adopté un plan de transport scolaire comportant
34 lignes dont la moitié dépasse les 20 kms par rotation.

Un déficit important, variant entre 02 et 14 bus, est enregistré dans les communes des
wilayas d’Adrar, Béchar, El Bayadh, Beni Abbès et Timimoune pour couvrir l’ensemble
des lignes de transport scolaire existantes. Ce déficit est accentué par le nombre de bus
en panne qui se situe dans les mêmes proportions. A titre d’illustration, les 22 communes
de la wilaya d’El Bayadh disposent de 37 bus opérationnels sur 51, soit 14 bus en panne,
et enregistrent un déficit de 6 bus pour couvrir l’ensemble des lignes.

203
La majorité des bus des parcs des communes relevant des wilayas de Saida, Mascara,
Mostaganem, d’Oran et de Relizane se trouvent dans un état de fonctionnement moyen
à bon. Le reste est en mauvais état avec des pannes récurrentes. A titre d’illustration, la
wilaya de Mascara dont le parc est constitué de 283 bus pour 47 communes, soit une
moyenne de 06 bus par commune, enregistre des disparités importantes entre les
communes au regard du nombre des élèves qui sont pris en charge par ce service. Ainsi,
la commune d’El Menaouer dispose de 06 bus pour prendre en charge 2 745 élèves, soit
le même nombre de bus (06) dont disposent les communes d’El Ghomri avec 630 élèves,
Sidi Boussaid avec 598 élèves et El Gaada pour la prise en charge de 262 élèves
seulement. Ce parc est constitué à 53% de bus en état de fonctionnement moyen, 18%
en mauvais état et 29% en bon état. Il est à signaler que certaines communes détiennent
des bus hors service depuis plusieurs années, c’est le cas des communes de Chorfa
(03 bus sur 05), Hassi Ben Okba (02 bus sur 07), Tighenef (04 bus sur 09), Ras Ain
Amirouche (01bus sur 07), Ain Fross (02 bus sur 05), Makda (04 bus sur 09), Froha
(01bus sur 07). S’agissant de la moyenne d’âge de ces bus, il y a lieu de relever que 59%
(170) dépasse les 10 ans, 30% (85) entre 5 et 10 ans et 11% (33) moins de 5 ans. Ce
vieillissement prononcé entraine de fréquentes pannes qui sont à l’origine de
l’immobilisation d’une grande partie de ces bus. En effet, plus de 40 pannes ont été
enregistrées durant l’année à la commune d’El Keurt, 36 à Froha et 20 aux communes
de Khalouia, Chorfa et Makda.

Les communes de la wilaya de Guelma, avec 41 bus communaux, affichent un taux de


couverture du service de transport scolaire d’à peine 73%. Ce déficit est encore plus
accru dans les communes de la wilaya d’El-Tarf, avec un taux de satisfaction du besoin,
évalué à 38% avec un total de 27 bus. Pour compenser ce déficit, ces dernières ont
recouru à la location, auprès d’opérateurs privés, de 44 bus, soit 07 bus loués par
commune en moyenne, ce qui représente un taux de l’ordre de 62% du nombre de bus
consacré au transport scolaire, tandis que les communes de la wilaya de Guelma ont loué
une moyenne de 03 bus par commune.

- Les moyens humains

Les moyens humains mobilisés par les communes considérées se limitent aux chauffeurs
de bus. L’absence d’accompagnateurs chargés d’assister le conducteur à l’intérieur du
bus, de maintenir les règles de sécurité et de discipline et de parer à certains
comportements nuisibles qui risquent de surgir tout au long du trajet, n’est pas de nature
à garantir la sécurité des élèves transportés.

204
En outre, les chauffeurs ne bénéficient pas régulièrement de la dotation annuelle en
tenues de travail à laquelle ils ouvrent droit en application de l’arrêté interministériel
fixant la liste des emplois concernés par le port d’une tenue appropriée et les
caractéristiques de celle-ci au titre de l’administration des collectivités territoriales1.

Concernant la protection sanitaire, la convention relative à la médecine du travail prévue


par la loi 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l’hygiène, à la sécurité et à la médecine du
travail et le décret exécutif n°93-20 du 15 mai 1993 relatif à son organisation, est
généralement signée avec un établissement public de santé de proximité. Néanmoins,
aucune pièce n’est présentée pour justifier de l’exécution de cette convention à
l’exemple des calendriers périodiques de consultation. Pourtant, les chauffeurs sont
tenus de passer des examens médicaux périodiques permettant d’attester de leurs
capacités physiques et mentales à conduire les bus scolaires.

2.2. Observations sur la gestion du transport scolaire

La gestion du transport scolaire est marquée par de nombreuses insuffisances dont les
principales sont développées à travers les constatations ci-après :

- Une prestation de transport mal définie

Contrairement à l’article 6 du décret exécutif n°15-171, suscité, nombre de conventions


ne comportent pas de description complète de la prestation, se contentant d’indiquer le
nombre de jours pendant lesquels le service de transport est assuré, l’itinéraire à suivre
et les fréquences à observer. Aucune indication des points d’arrêt à respecter, des
établissements scolaires à desservir, de la distance à parcourir, du nombre d’élèves à
transporter, des mesures de sécurité à respecter et des mesures à prendre en cas de
défaillance de l’exploitant. L’omission de telles indications dans les conventions signées
risque d’influer sur la qualité du service rendu.

- Fractionnement et lancement tardif de consultations

La prise en charge du transport scolaire, par la plupart des communes, obéit à une
démarche réactive plutôt que proactive. Les avis de consultation pour la location de bus
de transport scolaire sont lancés tardivement. Ces derniers interviennent, dans la
majorité des communes, au mois de décembre de l’année en cours pour assurer le
transport au début de l’année prochaine (2ème trimestre de l’année scolaire) mais sont
finalisées vers la fin de l’année civile (4ème trimestre de l’année scolaire). Par la suite,

1
Cet arrêté est pris en application de l’article 08 du décret exécutif n°11–334 du 20 Septembre 2011 portant statut
particulier des fonctionnaires de l’administration des collectivités territoriales.

205
ces communes agissent dans l’urgence pour parachever les procédures comptables
d’engagement qui interviennent bien après l’exécution des prestations en procédant à
des actes de régularisation. De plus, ces engagements juridiques, non soumis
préalablement au visa du contrôle financier, ont conduit certaines communes à
accumuler des dettes suite au refus de paiement de factures par les Trésoriers
communaux. Une situation difficile à gérer, dans certaines communes, en raison de
l’importance du nombre de prestataires résultant du recours de ces communes au
fractionnement et à l’allotissement des commandes pour, à la fois, s’adapter à la capacité
des prestataires soumissionnaires et concilier année scolaire et année budgétaire. Le
paiement tardif des prestataires, qui intervient souvent durant la période
complémentaire1, n’est pas sans conséquences sur l’engouement de ces derniers à
répondre aux avis de consultation futurs ainsi que sur la qualité de la prestation fournie.

Par ailleurs, la précipitation dans l’exécution des prestations, qui intervient parfois avant
même la signature de la convention2, ne permet pas aux soumissionnaires retenus de
disposer d’un délai suffisant afin d’accomplir les démarches nécessaires auprès des
directions de transports des wilayas pour l’obtention de l’autorisation préalable
d’exploitation d’une ligne de transport scolaire, conformément au décret exécutif n°15-
171 suscité. C’est ainsi que certains prestataires retenus se retrouvent devant une
situation de non-conformité et assurent le transport scolaire aux élèves sans
d’autorisation3. Toutefois, le recours de certaines communes à la conclusion de marché
à commandes sur une durée de cinq (05) ans a contribué à atténuer cette situation en
évitant un recours répétitif à la procédure de passation et en permettant aux
soumissionnaires retenus de disposer de plus de temps pour se conformer aux conditions
d’exploitation de la prestation de transport scolaire, notamment l’obtention préalable de
l’autorisation.

- Prestation de transport scolaire sans autorisation par des chauffeurs ne


remplissant pas toutes les conditions requises

L’exploitation de lignes de transport scolaire dans certaines communes, sous-revue,


s’effectue sans l’autorisation préalable requise délivrée par la direction des transports de
la wilaya, aussi bien par les exploitants cocontractants que par les communes elles-
mêmes. Une situation contraire aux dispositions de l’article 7 du décret exécutif n°15-
171, suscité, qui a subordonné toute exploitation de ligne de transport scolaire à
l’obtention préalable d’une autorisation d’exploitation délivrée par le directeur des
transports de la wilaya. A titre d’illustration, la direction de transport de la wilaya de
Béchar n’a délivré aucune autorisation pour l’exploitation du service de transport
1
Entre janvier et mars de l’année suivant celle de l’exécution de la prestation (N+1).
2
Les différents actes juridiques préalables sont effectués par régularisation.
3
A titre d’exemple, ce constat a été confirmé par la direction des transports de la wilaya de Tizi-Ouzou par courrier
du 18 avril 2022.

206
scolaire ni aux particuliers ni aux communes. Par contre, les directions de transport des
wilayas d’Adrar, de Guelma, d’El Taref et d’El Bayadh ont délivré des autorisations
d’exploitation du service de transport scolaire aux communes.

Comme corollaire à l’absence de cette autorisation, les chauffeurs commis au transport


scolaire ne sont pas soumis à l’enquête administrative prévue par l’article 9 alinéa 3 du
décret 15-171 suscité. Celle-ci devant être effectuée par les services de sécurité
compétents qui sont tenus de faire connaitre leurs avis au directeur des transports de la
wilaya territorialement compétente dans un délai d’un mois à compter de la date de
saisine. En définitive, le respect des dispositions de cet article se limite à la fourniture,
par les chauffeurs, de certificats médicaux attestant uniquement de leurs aptitudes
physiques1.

S’agissant de la formation spécialisée, prévue par l’arrêté du 19 mai 2016 du ministère


des travaux publics et des transports fixant les conditions et les modalités de formation
pour l’obtention du brevet professionnel des conducteurs de véhicules de transport de
personnes et de marchandises, la plupart des chauffeurs des communes, sous revue,
n’ont bénéficié d’aucune action de formation dans ce cadre.

- Non-respect de certaines clauses du cahier des charges et utilisation des véhicules


de transport scolaire à d’autres fins

Les prescriptions du cahier des charges relatives au transport scolaire portant notamment
sur la couleur en jaune des véhicules destinés exclusivement au transport scolaire et le
port apparent de la mention de transport scolaire « ‫ » نقل مدرسي‬à l’avant et à l’arrière du
véhicule, ne sont pas toujours respectés. A titre d’exemple, trois (03) 2 bus de la
commune de Larbatache réservés exclusivement au transport scolaire ne sont pas peints
de couleur jaune. Dans les communes de Kadiria (wilaya de Bouira) et de Sidi Aissa
(wilaya de M’Sila), certains bus de prestataires de transport scolaire ne portent pas à
l’avant et à l’arrière, de façon apparente, la mention de transport scolaire, sus indiquée,
d’au moins vingt (20) cm de hauteur, devant être visible de jour comme de nuit.

L’absence de ces signes distinctifs a facilité le recours à l’utilisation des véhicules


de transport scolaire à d’autres fins. Ces bus sont souvent sollicités pour le transport
des associations à but non lucratif et des clubs sportifs et, parfois, pour assurer
le déplacement d’agents communaux en missions administratives en absence de
véhicules légers. Enfin, certains bus communaux, à l’exemple de ceux des communes
de Sidi Aissa (wilaya de M’Sila) et Kadiria (wilaya de Bouira) et de Larbatache (wilaya
de Boumerdès) ne sont pas équipés de boite de soins de premières urgences,

1
L’alinéa 4 de l’article 9 parle d’aptitude physique et mentale.
2
Deux bus Mercédès de couleur blanche et un bus Hyundai de couleur grise.

207
contrairement aux clauses du cahier des charges, alors que l’article approprié du budget
communal (article « 600 ») n’a pas été doté pour l’acquisition des articles de cette
nature.

Conclusion

La proximité et la généralisation des équipements éducatifs sont confrontées aux soucis


d’économie et de rationalisation budgétaire motivés par la rareté des ressources
financières. De ce fait, le transport scolaire est un moyen permettant à tout élève de
poursuivre la scolarisation requise en accédant à des établissements distants. Par ailleurs
le transport scolaire privilégie le développement affectif de l’élève en resserrant les liens
familiaux notamment tout au long des cycles primaire et moyen, contrairement au
régime de l’internat.

Le contrôle des conditions dans lesquelles est exécuté le transport scolaire au niveau des
communes, sous-revue, a permis de constater que la qualité de la prestation offerte n’est
pas toujours satisfaisante notamment du fait :

- du transport des élèves en surcharge à cause du déficit en moyens de transport


mobilisés et de la vétusté de certains bus, source d’insécurité et d’inconfort pour l’élève
durant le parcours ;
- du démarrage matinal du service, rendu nécessaire par le nombre de rotations, ce qui
empiète sur la durée du sommeil scientifiquement admise en fonction des tranches
d’âges ;
- de l’absence d’accompagnateur pour maintenir ordre et discipline ;
- de la durée d’attente importante tant à l’entrée des établissements qu’au niveau des
points de regroupement. Ces derniers ne sont pas suffisamment sécurisés du fait,
notamment, de l’absence de plaques de signalisation.

Un transport scolaire bien organisé, régulièrement disponible constitue un rempart au


développement de velléité d’absentéisme ou d’abandon. C’est un facteur qui concourt à
l’amélioration des résultats scolaires des élèves et à leur réussite en réduisant le taux
d’absentéisme et le taux de déperdition scolaire. La disponibilité d’un transport scolaire
favorise la concentration des élèves en classe et leur permet de se concentrer sur leurs
études plutôt que sur les moyens leur permettant de rejoindre leurs domiciles. Il
contribue, ainsi, à l’atteinte de l’ODD4, notamment la cible 4.1 « D’ici à 2030, faire en
sorte que toutes les filles et tous les garçons suivent, sur un pied d’égalité, un cycle
complet d’enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité, les dotant d’acquis
véritablement utiles ».

208
En effet, les données statistiques recueillies dans certaines communes contrôlées font
état de résultats scolaires encourageants aux examens de fins de cycles scolaires avec
des taux moyens de réussite variant, pour l’année scolaire 2021/2022, entre 67,89% et
82,83%. Même si l’insuffisance des informations reçues et l’absence de statistiques
spécifiques à la scolarité des élèves bénéficiaires de transport scolaire et l’absence de
données contrefactuelles ne permettent pas de lier fortement ces résultats à l’existence
d’une prestation de transport scolaire, celle-ci y a, toutefois, amplement contribué.

Recommandations

- Les parties prenantes au transport scolaire sont appelées à intensifier leurs efforts
pour mettre à niveau l’offre de transport scolaire disponible et la rendre plus conforme
au cadre normatif prescrit par la règlementation en vigueur.

Réponse du Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur,


des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire

Ce rapport vise à présenter les éléments de réponses aux observations et constatations


formulées par la Cour des comptes lors de sa mission de contrôle effectuée au niveau de
certaines communes portant sur l’action des collectivités locales en matière de transport
scolaire des élèves scolarisés, en soulignant les efforts déployés par le ministère de l’intérieur,
des collectivités locales et de l’aménagement du territoire dans le suivi et l’accompagnement
des wilayas et des communes dans la prise en charge du service de transport scolaire.

Les éléments rassemblés dans le rapport de la Cour des comptes découlent des observations
posées durant les années 2018 à 2020, et portant sur les modalités d’organisation du transport
scolaire, la mise en place et le fonctionnement des mécanismes de coordination instituées par
la réglementation en vigueur et les conditions de mise en œuvre de ce service social scolaire.

Les informations qui y sont réunies sont révélatrices, d’une part, de nombreuses contraintes se
traduisant par :

 un manque de précision dans la détermination des besoins ;


 une flotte de bus scolaires insuffisante ;
 un recours aux prestataires externes peu maitrisé ;
 une absence de coordination entre les communes et les différents services sectoriels
compétents.

209
Et d’autre part, il a mis en exergue les efforts déployés par les pouvoirs publics pour assurer
la couverture des besoins en matière de transport scolaire. En effet, le parc communal de bus
scolaires, au niveau national, a connu une progression significative. Cette évolution est due au
programme initié par le ministère de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement
du territoire qui a inscrit un programme d’acquisition de 3 500 bus scolaires destinés aux
communes pour la prise en charge de la prestation de transport scolaire des élèves du cycle
primaire. Ce programme visait à renforcer le dispositif de transport scolaire dans les zones
éparses et défavorisées.

Cette évolution quantitative positive du parc national touche de manière semblable toutes les
communes, néanmoins, il existe encore des besoins pour une garantie totale du service de
transport scolaire, en raison, notamment, de :

 l’augmentation régulière des élèves scolarisés chaque année ;


 le manque de chauffeurs de bus scolaires au niveau national suite au gel du recrutement par
les pouvoirs publics ;
 la croissance des nouvelles agglomérations.

Pour cela, les observations formulées par la Cour des comptes au niveau des communes ayant
fait l’objet de contrôle seront examinées ci-dessous.

I. Organisation, programmation et financement du transport scolaire

1. Organisation du transport scolaire

Conformément à la législation et la réglementation en vigueur, interviennent dans la gestion et


l'organisation du transport scolaire :

 la commune ;
 la commission consultative de transport scolaire de wilaya.

En sus du rôle du Conseil de coordination et de concertation à l’occasion de la préparation de


la rentrée scolaire et de la contribution à l’adoption de mesures visant à améliorer les
conditions de scolarisation dans les écoles primaires.

Malgré le rôle de consultation et de suggestion de propositions pour améliorer le service de


transport scolaire, le rapport de la Cours de comptes démontre que :

210
 certaines wilayas, inclues dans l’échantillon observé, n’ont pas créé la commission
consultative de transport scolaire de wilaya et que d’autres wilayas n’ont pas veillé à la réunion
régulière de ces commissions ;
 certaines communes, ayant fait l’objet de contrôle, n’ont pas mis en place le conseil de
coordination et de concertation conformément aux dispositions de l’article 30 du décret
exécutif n°16-226 du 25 août 2016 fixant le statut type de l’école primaire.

En outre, il révèle que le transfert de la mission de transport scolaire aux communes


conformément aux dispositions du décret exécutif n°16-226, suscité, n’a pas été accompagné
par l’adaptation de l’organigramme de la commune pour la prise en charge de cette nouvelle
mission, et que cette situation entraine un double emploi entre les différents sévices concernés
et ne contribue pas à la détermination avec exactitude des besoins réels en matière de transport
scolaire.

Au regard de ces constats, il convient de noter que plusieurs instructions ont été données à
mesdames et messieurs les walis à savoir :

 l’instruction n°06 du 13 août 2018 relative à la rentrée scolaire 2018-2019 ;


 l’instruction n°1167 du 14 mai 2019 relative à la rentrée scolaire 2019-2020 ;
 l’instruction n°1435 du 26 mai 2019 relative à l’activation du rôle du conseil de
coordination et de concertation au niveau des communes ;
 la circulaire cadre n°02 du 22 août 2019 relative à la préparation à la rentrée scolaire 2019-
2020 ;
 l’instruction n° 7058 du 20 mai 2021 relative à la gestion des bus de transport scolaires.

Ces instructions portent sur la nécessité de prendre un certain nombre de mesures, telles que :

- redynamiser la commission consultative de transport scolaire de wilaya ;


- réaliser des opérations d'entretien et de réparation des bus de transport scolaire communaux ;
- assainir le parc communal des bus non opérationnels pour cause de dégradation irréversible
et sujets à réforme conformément à la réglementation en vigueur ;
- recourir, le cas échéant, à la conclusion de conventions avec des opérateurs de transport
public de personnes afin de garantir le service de transport scolaire ;
- empêcher l'utilisation des bus de transport scolaire appartenant au parc communal à d'autres
fins.

En ce qui concerne le conseil de coordination et de concertation, les données recueillies au


niveau de mes servies démontrent la mise en place de 1 541 conseils au niveau national, qui
ont tenu 3 130 réunions, durant les années 2018 et 2019, à raison d’une à trois réunions par
an, tel que prévu par la réglementation en vigueur.

211
Par ailleurs, le cadre légal régissant le transport scolaire a confié aux communes en général
la prestation de ce service au profit des élèves scolarisés, et en raison de la demande croissante
pour ce service et dans le cadre de l'intérêt général, les communes œuvrent de toutes leurs
capacités pour étendre le transport afin d'inclure les élèves du cycle primaire, moyen et
secondaire.

Ce qu'il faut souligner, c'est que, conformément aux dispositions de l'article 122 de la loi n°11-
10 du 22 juin 2011 relative à la commune, et de l'article 21 du décret exécutif n°16-226 précité,
qui définissent clairement les champs d'intervention de la commune en ce qui concerne les
écoles primaires et leurs structures et services d'accompagnement et les œuvres de soutien
scolaire apporté à son niveau, fournir le transport scolaire par les communes est limité, en
priorité, aux élèves des écoles primaires.

Aussi, les statuts type du collège et du lycée n’ont pas fait mention de l’intervention de la
commune et de la wilaya dans l’opération de transport des élèves scolarisé à leurs niveaux.

2. Programmation de la prestation de transport scolaire

La Cour des comptes a considéré que le cadre réglementaire lié au transport scolaire est affecté
par de nombreux déséquilibres, à savoir :

- une estimation approximative des élèves qui ont besoin de transport au cours de chaque année
scolaire, basée sur l'évolution du nombre des élèves inscrits au cours de l'année scolaire
précédente ;
- la non précision de la distance de marche permettant aux élèves de bénéficier de la prestation
de transport scolaire ;
- le manque de coopération entre les communes et les services des directions de l'éducation de
wilaya ;
- la gratuité du transport scolaire et sa généralisation ;
- la non utilisation des cartes de transport scolaire.

En effet,il convient de rappeler que l'État garantit la gratuité de l'enseignement aux élèves du
cycle primaire, ce qui constitue une « priorité nationale » afin d'assurer l'égalité des chances
entre les élèves des différentes zones.

Selon la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d’orientation sur l'éducation nationale,
l'Etat accorde un soutien à la scolarisation des élèves nécessiteux en leur permettant de
bénéficier de subventions multiples, notamment en matière de bourses d’études, de manuels et
de fournitures scolaires, d’alimentation, d’hébergement, de transport et de santé scolaire.

212
Toutefois, il peut être demandé aux parents de contribuer à la prise en charge de certaines
dépenses liées à la scolarité qui ne remettent pas en cause le principe de la gratuité de
l'enseignement, selon des conditions déterminées par une réglementation qui n'a pas été prise
à ce jour.

A cet égard, et en application des dispositions de l'instruction interministérielle relative aux


opérations financières des communes « C1 », et considérant le transport scolaire comme un
service public rendu par les communes aux élèves scolarisés, ces dernières peuvent demander
une redevance pour les services rendus au profit des bénéficiaires.

Ainsi, l'Assemblée populaire communale peut décider par délibération de la contribution


financière des parents d'élèves afin de bénéficier de la prestation de transport scolaire assurée
par la commune directement par ses propres moyens ou en concluant une convention avec les
opérateurs de transport public de personnes.

Aussi, et compte tenu des contraintes liées à la baisse des ressources budgétaires, monsieur le
Premier ministre a demandé d’engager une réflexion afin de mettre en place un cadre
règlementaire entre les ministères de l’intérieur et des finances permettant de faire participer
les associations de parents d’élèves à l’effort de financement des œuvres scolaires, y compris
l’alimentation et le transport scolaires.

Le décret exécutif n°15-171, soumet également l’accès de l’élève au véhicule de transport


scolaire à l’obligation de présentation d’une carte de transport scolaire en cours de validité,
renouvelable chaque année, délivrée par l'établissement scolaire dont il relève et non pas par
les services de la commune.

Il est à noter que les conventions liant l’exploitant du service de transport (l'opérateur) aux
collectivités locales doivent, notamment, comporter :

- les établissements scolaires et points d'arrêt à desservir ;


- l’itinéraire à suivre et la distance à parcourir ;
- le nombre de jours pendant lesquels le service de transport est assuré ;
- le nombre d'élèves scolarisés à transporter ;
- les fréquences et les horaires à observer ;
- les obligations des parties contractantes pour assurer la sécurité des élèves scolarisés à
transporter ;
- les conditions de résiliation de la convention ainsi que les mesures prises en cas de défaillance
de l’exploitant (l'opérateur).

213
Outre les autres éléments pouvant figurer dans le cahier des charges, notamment :

- obliger l’exploitant (l’opérateur) à assurer des moyens de transport en fonction du nombre


d'élèves précisé dans chaque part ;
- obliger l’exploitant (l’opérateur) d'effectuer des opérations d’analyse, de contrôle et
d'entretien périodiques des moyens de transport réquisitionnés dans le cadre du renforcement
de la sécurité des élèves et d'assurer leur protection dans les moyens de transport scolaire ;
- l'utilisation de bus conformes aux spécificités et normes approuvées par la direction des
transports de wilaya, en tenant compte de la nature géographique des zones couvertes par
l’opération de transport.

En cas de panne ou d'urgence affectant l'un des moyens de transport utilisés, l’exploitant
(l’opérateur) prendra toutes les mesures nécessaires pour combler ces lacunes et assurer
l’opération de transport conformément au programme ordinaire établi.

3. Financement du transport scolaire

Conformément à la législation et la réglementation en vigueur, les collectivités locales


mobilisent les ressources financières afin de couvrir les dépenses de transport scolaire, et en
raison de la demande croissante pour ce service, les communes sont confrontées en particulier
au problème de l'élargissement de la prestation de transport scolaire aux élèves du moyen et
secondaire de manière régulière en plus des élèves du cycle primaire.

En réalité, le problème se pose dans l'application de la réglementation en vigueur concernant


les élèves éligibles au bénéfice de cette prestation, car certaines communes utilisent les bus
scolaires exclusivement pour les élèves du cycle primaire, tandis que d'autres communes ont
autorisé l'utilisation des bus pour le transport des élèves des cycles moyen et secondaire sous
peine de refus d'octroi de visas par les contrôleurs financiers sur les dépenses associés à leur
transport.

De plus, la situation financière difficile des communes ne leurs permet pas la prise en charge
des dépenses supplémentaires sur leurs budgets d’autant plus que lors de la rencontre
gouvernement-Wali du 24 et 25 septembre 2022, Monsieur le Président de la république, a
donné des instructions à l’effet de ne pas alourdir les charges de gestion des communes
pauvres.

A cet effet, et pour accompagner les communes afin d’assurer la prestation de transport
scolaire dans les meilleures conditions, les services du ministère de l'intérieur, des collectivités
locales et de l'aménagement du territoire ont procédé au :

214
- renforcement du parc national de bus scolaires à travers l'inscription en 2018 d'un
programme national pluriannuel d’acquisition de 3 500 bus scolaire au profit des communes,
financé par la caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales pour un montant de
23 milliards de DA, à l’issue duquel 3339 bus de fabrication locale ont été livrés et distribués ;
- la mobilisation des ressources financières propres ou accordées par la Caisse de solidarité
et de garantie des collectivités locales pour louer des bus auprès des opérateurs privés, ainsi
que pour l'entretien et la réparation des bus usagés et/ou en panne ;
- l’octroi d’une dotation de service public de l’ordre de 6 milliards de dinars pour les exercices
2015, 2016, 2017 et 2022 respectivement, destinée à la prise en charge des frais d’entretien et
de maintenance des bus de transport scolaire propriété des communes et la location des bus
par les communes pour la couverture du déficit en matière de transport scolaire.

Pour précision, le montant de la dotation de service public est déterminé par le conseil
d’orientation de la caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales.

Il y a lieu de signaler, que la répartition de la dotation de service public par wilaya est effectuée
au niveau central en tenant compte de critères objectifs à savoir :

 le nombre de bus scolaires en panne ;


 le nombre de bus de transport scolaire en location ;
 nombre de lignes de transport scolaires non couvertes ;
 bonification au profit des nouvelles wilayas de sud.

Suite à la notification de ces crédits, mesdames et messieurs les walis procèdent à la répartition
par commune des montants alloués, en tenant compte de :

 la situation du parc de transport scolaire au niveau de chaque commune ;


 le nombre de ligne de transport à couvrir ;
 la situation financière des communes.

En dépit de tous les efforts consentis pour améliorer la prise en charge et la qualité de ce
service public, des communes persistent à exprimer des besoins matériels afin de couvrir
l’ensemble des lignes non couvertes et des besoins financiers afin de réparer les bus en panne.

Et afin de couvrir cela, compte tenu de la portée limitée de l'intervention de la caisse, des
instructions ont été donné à mesdames et messieurs les walis pour soutenir les communes qui
connaissent des difficultés financières, et leur accorder des subventions pour couvrir les
dépenses liées au transport scolaire, notamment la réparation des bus scolaires.

215
Aussi, les demandes des collectivités locales de les soutenir avec plus de bus ont également été
prises en charge, et étudiées au cas par cas selon le besoin et le degré de besoin, et la wilaya
de Tissemsilt a bénéficié de 30 bus supplémentaires pour le transport scolaire et ce, dans le
cadre du programme supplémentaire pour le développement accordé par le Président de la
République lors de la réunion du Conseil des ministres du 14 novembre 2022.

II. La mise en œuvre du service public

L’exploitation de la prestation du service de transport scolaire par les communes se fait par
différents modes de gestion, à savoir :

- l’exploitation directe, à travers leurs propres bus scolaires ;


- le recours à la conclusion d’une convention avec les opérateurs de transport public de
personnes pour réduire les charges d'entretien et des chauffeurs ;
- la gestion mixte par les deux modes cités ci-dessus.

La Cour des comptes a noté que le troisième mode de gestion est le plus fréquent parmi les
modes de gestion existants. En effet, le recours des communes dans la majorité des cas à la
gestion mixte par l’exploitation directe, à travers ses propres bus scolaire et le recours aux
opérateurs de transport public de personnes résulte :

 du nombre considérable de bus non exploités en raison de panne ;


 d’une estimation inférieure du coût global de l’exploitation du transport scolaire par des
tiers comparée à l’exploitation directe par les communes ;
 du manque de chauffeurs de bus scolaires.

1. Vue d’ensemble sur les moyens mobilisés

Moyens matériels

Le parc de bus scolaire au niveau national a connu une évolution remarquable, qui est
principalement due au :

- lancement d’un programme national d’acquisition de 3500 bus scolaires au profit de toutes
les communes ;
- la mobilisation de ressources financières considérables accordées par la caisse de solidarité
et de garantie des collectivités locales pour la réparation des bus utilisés.

216
Toutefois, et malgré cette évolution l’examen des situations hebdomadaires des écoles
primaires, notamment le volet relatif au transport scolaire, a révélé que certaines communes,
jusqu’à ce jour, expriment un besoin de bus, en raison notamment :

- des pannes récurrentes qui touchent le parc dédié à ce service ;


- l’infructuosité des appels d’offres relatifs à la location des bus scolaires.

L’accumulation des pannes enregistrées est due essentiellement aux raisons suivantes :

- la dégradation d’un nombre important de bus et leur amortissement suite à leur usure ;
- l’étendue de la superficie à couvrir quotidiennement durant toute l’année scolaire ;
- la dégradation des routes et des pistes au niveau des zones éparses et des zones
montagneuses ;
- la surcharge des bus scolaires du fait du transport des élèves des trois cycles de
l’enseignement (primaire-moyen-secondaire) ;
- la situation financière difficile des communes qui ne leur permet pas la prise en charge sur
leurs propres moyens les dépenses liées à la réparation des pannes ou à l’acquisition des
pièces.

Pour faire face à cette situation, par l’instruction n°7058 du 20 mai 2021 relative à la gestion
des bus scolaires, mesdames et messieurs les Présidents des assemblées populaires
Communales ont été instruits à l’effet de procéder à la maintenance nécessaire des bus destinés
au transport des élèves durant la période des vacances, à travers :

- le recensement de tous les bus non opérationnels pour cause de dégradation irréversible
et/ou se trouvant en situation d’éligibilité à la réforme ;
- le lancement des procédures en vigueur en matière de réforme des bus tout en veillant au
respect des dispositions légales et réglementaires en vigueur ;
- la réparation des bus scolaires en situation de pannes légères et leur mise en service dans
les plus brefs délais ;
- le recours au service après-vente auprès des entreprises contractuelles pour les bus acquis
dans le cadre du programme national d’acquisition de 3 500 bus scolaires au profit des
communes et des autres bus acquis par les collectivités locales sur leur propre budget et encore
sous garantie ;
- l’accompagnement des communes qui connaissent des difficultés financières par l’octroi
de subventions destinées à la réparation des véhicules de transport scolaire dans la mesure
des disponibilités financières de chaque wilaya.

217
En ce qui concerne les pannes enregistrées dans les bus de transport scolaire réceptionnés par
les wilayas, des pannes ont été enregistrées dans les bus acquis auprès de la société nationale
des véhicules industriels, tandis qu'aucune panne n'a été enregistrée dans les bus acquis auprès
des autres opérateurs.

A ce titre, nos services ont initié plusieurs correspondances à l’intention de l’entreprise


concernée afin de demander l'activation des clauses contractuelles liées à la garantie et au
service après-vente, sur la base des demandes des wilayas concernées, telles que les wilayas
de Jijel, Médéa, Mostaganem et Relizane, dans lesquelles elles indiquent l'enregistrement de
pannes dans les bus de transport scolaire immédiatement après leur réception, après leur
utilisation sur de petites distances, et n’ayant pas intervenu rapidement pour leur maintenance.

Notre correspondance a également souligné la nécessité d'une fabrication de qualité dans ces
bus, en raison de leur caractère particulier.

Il est à noter, que la garantie de bonne exécution n'a pas été libérée, qu'à l'issue de la période
de garantie conformément aux dispositions contractuelles.

S'agissant de l'absence de trousse de premiers secours dans les bus de transport scolaire,
notons à cet égard que les fiches techniques des bus acquis dans le cadre du programme
national ne comportent pas de trousse de premiers secours et que les termes de leurs contrats
n’y font pas référence.

Moyens humains

Le décret exécutif n°15-171, précité, a fixé les conditions que doit remplir tout conducteur de
transport scolaire, à savoir :

- être âgé d'au moins (26) ans ;


- être en possession d'un permis de conduire de catégorie « c » ;
- faire l'objet d'une enquête administrative diligentée par les organes de sûreté compétents,
dont l'avis doit être communiqué au directeur des transports de wilaya dans un délai de deux
(02) mois à compter de la date de notification ;
- présenter un certificat médical prouvant la pleine santé physique et mentale de la personne
concernée par le poste ;
- justifier d'une formation liée à l'activité conformément à la réglementation en vigueur.

Afin de combler le manque de chauffeurs de bus scolaires, il est à noter que notre département
ministériel a demandé une autorisation exceptionnelle auprès de Monsieur le Premier ministre
pour créer des postes budgétaires dédiés au recrutement de chauffeurs de bus scolaires, à la
suite de quoi une autorisation a été délivrée pour employer 2 500 chauffeurs.

218
Le processus de recrutement a été achevé au poste de « chauffeur automobile de second niveau
au profit des communes », et une procédure de formation a été autorisée pour qualifier les
chauffeurs salariés afin d'obtenir un permis de conduire en classe bus, et les nouvelles wilayas
du sud ont bénéficié de procédures allégées et une autorisation pour ouvrir des postes sur la
base de diplômes et non pas sur la base de concours pour les candidats.

Il est à noter que tout chauffeur titulaire d'un permis de conduire dans l'une des catégories
« c » « d » et « e » est tenu de suivre une formation en vue d'obtenir un brevet professionnel
prévue dans les dispositions de l’arrêté du 19 mai 2016 fixant les conditions et les modalités de
formation pour l’obtention du brevet professionnel des conducteurs de véhicules de transport
de personnes et de marchandises, modifié et complété. Toutefois, l'application de celle-ci est
liée à l’établissement d'un calendrier déterminé par le ministre chargé du transport
conformément aux dispositions de l'article 42 du présent arrêté (modificatif du 16 avril 2021),
en plus de mobiliser les ressources financiers nécessaires pour la prise en charge des
opérations de formation.

S'agissant de l’attribution d’habillement aux chauffeurs de bus de transport scolaire, l'arrêté


interministériel portant attribution d’effets d’habillement à certaines catégories de personnels
des communes et des établissements et organes publics communaux a indiqué les catégories de
personnels concernés par le bénéfice d’habillement chaque année, y compris les chauffeurs de
diverses catégories (chauffeurs de transport commun, chauffeurs de véhicule léger, chauffeurs
poids lourds et engin).

De nombreuses communes ont pu fournir des habillements et les donner annuellement aux
personnels concernés, tandis que d'autres communes n'ont pas pu acquérir et distribuer des
habillements en raison du déficit financier enregistré dans leurs budgets et de la difficulté à
assurer la couverture des dépenses obligatoires d'un exercice à l'autre.

Par ailleurs, la réglementation en vigueur n’a fait aucune mention à des agents administratifs
chargés d’accompagner le chauffeur du bus scolaire.

Cependant, certaines communes, qui comptent un effectif supplémentaire de personnels, ont


pris l'initiative d'organiser l’opération de transport en faisant surveiller et suivre les élèves
bénéficiaires du transport scolaire par l’accompagnateur depuis leur montée dans le bus
jusqu'à leur descente.

D'autre part, la convention liant l’exploitant (l'opérateur) du service de transport aux


collectivités locales pourrait également prévoir la possibilité d'utiliser le véhicule de transport
scolaire pour le transport public de personnes conformément aux dispositions de l'article 06
du décret exécutif n°15- 171.

219
Enfin, les communes déploient des efforts considérables pour améliorer les conditions de
scolarisation, notamment la mise à disposition du transport scolaire pour les élèves des trois
cycles scolaires, en mobilisant des ressources matérielles, humaines et financières malgré leur
rareté face à l'accroissement des services publics et des tâches qui leur sont attribuées, ce qui
se traduit par des insuffisances dans la fourniture de services optimaux et un déséquilibre dans
leur gestion.

Ainsi, et dans le cadre de la solidarité nationale visant à réduire les disparités sociales et
économiques et à assurer les conditions de scolarisation et de la continuité des études, les
secteurs concernés de l'État, notamment les services de l'éducation et de la solidarité nationale,
doivent contribuer à soutenir les élèves nécessiteux dans les différents cycles en leur permettant
de bénéficier notamment du transport scolaire et d'autres activités sociales.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Zaouiet Kounta (Wilaya d’Adrar)

J’ai l’honneur de proter à votre connaissance les réponses nécessaires à la note d’insertion
relative à la gestion du transport scolaire par les communes.

1.2. Programmation du service de transport scolaire

- Gratuité généralisée du transport scolaire

La consécration du principe du service de transport scolaire vise en contrepartie à contribuer


à couvrir les dépenses afférentes, à travers l’adoption par l'assemblée populaire communale
d'un tarif symbolique pour les collégiens et lycéens de 125,00 DA par mois, équivalent à
1 000,00 DA la saison scolaire, à payer en un seul versement. Cette somme est déterminée
suivant la délibération du 27 octobre 2019, au lieu de 200,00 DA par mois indiquée dans la
délibération du 25 octobre 2021, visée dans la note d'insertion. Les catégories des orphelins,
les démunis et les handicapés sont éxonérés du paiement de cette contribution.

- Carte de transport scolaire

Pendant le premier trimestre de l'année 2020, les 645 élèves entre collégiens et lycéens
bénéficient du service de transport scolaire contre la présentation d'une carte spéciale délivrée
par la commune dite « carte de transport scolaire » contenant les données suivantes : l'autorité
émettrice, l'année scolaire, les informations relatives à l'élève (nom et prénom, date et lieu de
naissance, photographie et établissement d'enseignement) et les informations relatives au

220
tuteur (nom et prénom, adresse, téléphone et profession). A l’avenir, nous ajouterons
l’indication relative au groupe sanguin de l'élève dans la carte de transport scolaire.

2.1. Vue d’ensemble sur les moyens mobilisés

- Les moyens matériels de transport

Le nombre considérable d'élèves (645) ayant bénéficié du service de transport scolaire au cours
du premier trimestre de l'année 2020 (259 élèves collégiens et 386 élèves lycéens selon le
questionnaire transmis à vos services le 17 février 2022), la situation des lignes et des pistes
suivies, la distance parcourue pour rejoindre l'établissement d'enseignement concerné, par
rapport au nombre d'autobus désignés pour le transport, entraînent un dépassement de la
charge autorisée et plusieurs rotations sont nécessaires pour transporter tous les élèves en aller
et retour de leurs résidences à leurs établissements en temps opportun.

Compte tenu du nombre élevé d'élèves bénéficiant du service de transport scolaire, il y a


nécessité de programmer la réalisation de nouveaux établissements d'enseignement (CEM et
Lycée), au moins, pour réduire la pression sur les établissements concernés par le transport et
assurer le transport des élèves confortablement et couvrir le déficit enregistré.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Hammam N’Bails (Wilaya de Guelma)

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les réponses à la note d’insertion relative au
transport scolaire ainsi que toutes les mesures qui ont été prises au cours de l'année scolaire
2022/2023, qui sont les suivantes :

1. Organiser, programmer et financer le transport scolaire

1.1. Organisation du transport scolaire

Selon le rapport, pour que la démarche soit couronnée de succès, deux structures importantes
doivent être mises en place au niveau des communes, à savoir :

221
- Le conseil communal de coordination et de concertation

Ce conseil a été créé par l’arrêté n°03/2023 du 07 février 2023, qui est intervenu en retard par
rapport à la rentrée scolaire 2022/2023. Sa première session portera sur la préparation de la
rentrée scolaire 2023/2024.

- La structure communale de gestion du transport scolaire

En l'absence de cette structure parmis nos services, le transport scolaire est géré en
coordination avec le responsable du parc qui se charge de la répartition des bus destinés au
transport scolaire sur les lignes concernées ainsi que tous les besoins en équipements et travaux
d'entretien.

1.2. Programmation du service de transport scolaire

- Les bénéficiaires du service de transport scolaire sont déterminés par majoration du nombre
d’élèves de l'année précédente, et ce, après notification à nos services du nombre d'élèves
uniquement sans la liste nominative, par l'inspecteur d'administration habilité au niveau
communal. La majoration du nombre d'élèves à chaque année scolaire entraine une
augmentation du nombre de bus dédiés à cette opération.
- La commune compte un (01) lycée, trois (03) CEM et quatorze (14) écoles primaires. Tous
les élèves des cycles secondaire et moyen sont obligés de rejoindre le centre municipal pour
suivre leur scolarité. En conséquence, le transport doit être assuré depuis leurs lieux de
résidence (Al-Mashati) jusqu’au centre de la commune (présence d'établissements
d'enseignement secondaire et moyen).
- Le transport est gratuit pour tous les bénéficiaires du service de transport scolaire.
- La carte de transport scolaire n’est pas utilisée.

1.3. Financement du transport scolaire

La commune de Hammam N’Bails est considérée parmi les communes incapables de faire face
à toutes les dépenses liées au fonctionnement des écoles primaires, notamment le transport
scolaire. Pour couvrir le déficit enregistré dans son parc et prendre en charge les frais de
location et d’entretien des bus, la commune compte sur les subventions accordées par l'Etat et
la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales.

222
Les tableaux suivants présentent l'état du service de transport scolaire dans la commune :

Les établissements d'enseignement

Nombre
Nombre d'écoles
Commune Nombre de lycées d’établissements
primaires
moyens
Hammam N’Bails 01 03 14

Nombre d'élèves

Nombre d'élèves Nombre d'élèves


concernés par le bénéficiant du transport scolaire
Pourcentage
transport qui ont été
Commune des élèves
comptabilisés lors
Primaire Moyen Secondaire Total bénéficiaires
de l’année scolaire
2022/2023
Hammam
720 130 245 180 555 77,08%
N’Bails

Moyens mobilisés pour le transport scolaire

En raison des difficultés liées à la région et la présence d’élèves dans des zones dispersées, la
commune a mobilisé 17 bus pour l’année scolaire 2022/2023, selon le calendrier suivant :

Nombre de bus Nombre de bus loués Nombre de bus loués


La commune appartenant à la pour le 1er trimestre pour les 2ème et 3ème
commune 2022/2023 trimestres 2022/2023
Hammam N’Bails 09 06 08

Frais de transport scolaire

 Location de bus : Les dépenses de location ont été couvertes, jusqu'au 31 janvier 2022,
par la subvention octroyée par la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales.
Le reste à réaliser dégagé de ces subventions, estimé au 31 janvier 2022 à 7 504 788,80 DA,
sera utilisé durant l’année 2023. Ce reliquat résulte du retard dans le versement d’une
subvention au titre de l'année 2019, mais il a été inscrit en recettes réelles au titre de l'année
2022. Il est estimé à 6 852 160,00 DA.

223
Montant des contrats de
Montants des factures de location de bus
location de bus pour les 2ème
pour le 1er trimestre 2022/2023
Commune et 3ème trimestres 2022/2023
Montant du Montant de la Montant du
contrat facture contrat
Bus 01 330 026,40 265 021,20 Bus 01 450 000,00
Bus 02 330 000,00 265 000,00 Bus 02 450 000,00
Bus 03 297 000,00 238 500,00 Bus 03 378 000,00
Hammam Bus 04 264 000,00 140 000,00 Bus 04 432 000,00
N’bails Bus 05 363 000,00 220 000,00 Bus 05 396 000,00
Bus 06 432 000,00
Bus 06 462 000,00 280 000,00 Bus 07 216 000,00
Bus 08 441 000,00
Total 2 046 026,40 1 408 521,20 Total 3 195 000,00

 Entretien des bus communaux

Une dotation financière a été allouée, au titre du budget 2022 de la commune, pour l'acquisition
de pièces de rechange, de batteries et de pneux, destinés pour l'entretien des bus de transport
scolaire appartenant à la commune en 2022 :

Acquisition de pièces Acquisition de


Commune Acquisition de batteries
de rechange pneumatique
Hammam N’Bails 2 916 500,00 3 032 000,00 568 000,00

Moyens humains : Le nombre de chauffeurs (conducteur de véhicule niveau 02) au sein des
services de la commune est de 13 chauffeurs, dont 09 sont affectés aux bus de transport scolaire.

Insuffisances constatées dans le cadre de cette prestation

• L'absence d'un bureau au sein de la commune pour suivre et contrôler cette prestation ;
• Forte dépendance du budget communal des subventions pour assurer cette prestation ;
• Fragmentation et lancement tardif des consultations en raison du manque de crédits
budgétaires et du retard dans l’octroi des subventions. Parfois, l’infructuosité de certaines
lignes en raison de leurs difficultés et de leur inaccéssibilité par bus, amène la commune à
utiliser un camion équipé pour transporter les élèves.

En conséquence, nos services veillent à assurer et offrir un service de transport scolaire


pendant l’année scolaire et remédier aux lacunes constatées durant l’année scolaire
2023/2024.

224
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune d’Ouled Boughalem (Wilaya de Mostaganem)

Nous avons l’honneur de vous adresser ce rapport relatif à la gestion du transport scolaire, en
réponse à votre note d’insertion au rapport annuel 2023.

Avant d’aborder les données du rapport, permettez-nous de rappeler les établissements


scolaires de la commune.

Les écoles primaires

Sur le territoire de la commune d’Ouled Boughalem, il y a douze (12) écoles primaires,


accueillant environ 3 091 élèves. Deux écoles se trouvent au centre ville, les dix (10) autres
étant implantées dans des zones rurales (douars) : école chahid Redha Houhou, école chahid
Si Saoud, école chahid Cheikh Ben Eddine, école chahid Mohammed Bacha Laid, école du
Savant Abderrahmane Ibn Rostoum, école chahid Mekdour Mohammed, école chahid Belkadi
Abdelkader, école chahid Ziane Mohammed, école chahid Othmane Cherif Hadj, école chahid
Ghalem Abdelkader, école chahid Benfodda Bouyakoub, école chahid Smail Mohammed.

Les collèges (cycle moyen)

Il existe deux collèges au sein de la commune, situés en plein centre ville : collège Merbah
Belkacem, et collège Benfodda Mohammed, dans lesquels sont scolarisés plus de 1 550 élèves.

Lycée (cycle secondaire)

Il n’y a qu’un seul (01) lycée dans la commune, situé également au centre ville, accueillant
actuellement environ 548 élèves.

Moyens matériels consacrés au transport scolaire

La commune d’Ouled Boughalem possède sept (07) bus de transport scolaire :

 bus Sonacome, année de mise en circulation 1996, mauvais état ;


 bus Sonacome, année de mise en circulation 2005, état satisfaisant ;
 bus Sonacome, date de mise ne circulation 2011, état satisfaisant ;

225
 bus S, date de mise en circulation 2011, état satisfaisant (offert par le ministère de la
solidarité) ;
 bus H, date de mise en circulation 2017, état satisfaisant ;
 bus I, date de mise en circulation 2016, bon état ;
 bus M, date de mise en circulation 2020, bon état.

Bus loués : deux, pour une durée de moins de 03 mois (3ème trimestre scolaire).

Moyens humains affectés au transport scolaire

Le nombre de chauffeurs affectés au transport scolaire est de sept (07). Il est, cependant,
constaté un manque de chauffeurs à cause du gel des recrutements et la mise en retraite de
certains employés.

Conseil communal de coordination et de concertation

Le dernier conseil communal de coordination et de concertation a été installé le 16 septembre


2021 conformément à l’article 31 du décret exécutif n°16-226 datant du 25 août 2016 qui
précise le statut type de l’école primaire et dont la composition a été élargie en vertu de l’article
24 du décret exécutif n°14-03 datant du 15 janvier 2018 qui précise les dispositions applicables
aux écoles primaires.

Le Conseil s’est réuni une seule fois au début de la rentrée scolaire 2022/2023, pour bien la
préparer et étudier et lever les contraintes y afférentes.

Il se réunira également une deuxième fois à la fin de l’année scolaire en cours pour faire le
bilan et proposer des perspectives pour l’année scolaire 2023/2024.

Structure communale de gestion du transport scolaire

En 2020, un service a été créé pour gérer le transport et la restauration scolaires dans les
écoles primaires. Ce service est géré par quatre (04) agents chargés du suivi des affaires liées
aux écoles primaires dont le transport et les cantines scolaires, en coordination avec les autres
services de la commune, notamment, le chef de parc (pour programmer et gérer
convenablement les horaires des bus).

226
Catégories d’élèves bénéficiaires du transport scolaire

Les bus réservés au transport des élèves transportent un nombre dépassant 1 250, et ce à travers
06 lignes de la commune. Les catégories bénéficiaires sont différentes : élèves du moyen et du
secondaire (environ 90%), ainsi que les élèves résidant dans les zones rurales éloignées du
centre de la ville.

Les élèves du cycle primaire en bénéficient moins, parce que les écoles primaires sont
implantées près des lieux de résidence des élèves (villages).

Gratuité du transport scolaire

Vu la gratuité de l’enseignement dictée par la constitution, et pour promouvoir et faciliter la


scolarisation, le transport scolaire est totalement gratuit pour toutes les catégories d’élèves
sans aucune exception.

Financement du transport scolaire

La commune d’Ouled Boughalem a bénéficié d’un financement de 5 000 000,00 DA, octroyé
par la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales dont : 3 000 000,00 DA
consacrés pour la location de bus et le reste pour la maintenance et l’entretien des bus de la
commune.

Ainsi, deux bus ont été loués durant le 1er trimestre de l’année scolaire pour combler le manque
de moyens municipaux, et 1 064 000 00 DA ont été consommés au titre de la maintenance des
bus.

Le problème rencontré : les dotations sont réceptionnées toujours en retard, ce qui fait qu’elles
sont consommées uniquement durant le 1er trimestre scolaire ; sans compter la durée des
procédures requises pour concrétiser le financement.

Nous proposons l’acquisition de deux bus au lieu d’en louer et de consommer les crédits dans
les réparations continues. A long terme, le financement consacré aux locations et réparations
dépasserait le prix d’un bus. Sans compter les fraix découlant des prestations internes assurées
par la commune elle-même (vidange, carburant, réparations légères, etc.)

227
Besoin de nouveaux établissements scolaires

- Besoin d’une nouvelle école primaire au centre-ville pour diminuer la surcharge constatée
dans l’école « Cheikh Ben Eddine » qui accueille 418 élèves, et celle de Smail Mohammed qui
compte 414 élèves.
- Besoin d’un nouveau collège d’enseignement moyen (CEM) pour diminuer la surcharge
constatée dans les deux établissements qui accueillent plus de 1 620 élèves.

Conclusion

Le transport scolaire est un élément important pour la scolarisation ; c’est le moyen qui relie
l’élève à l’établissement.

Les services concernés de l’Etat sont sollicités à redoubler les efforts pour développer la
gestion du transport scolaire. Par esprit de bonne gestion, et pour ne pas gaspiller le
financement dans les réparations et les locations, et pour éviter les longues procédures de
financement, la commune d’Ouled Boughalem a un fort besoin de nouveaux bus.

Les différents services de la commune d’Ouled Boughalem veillent rigoureusement à assurer


une bonne gestion du transport scolaire pour le bien de l’élève.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Sidi Aissa (Wilaya de M’Sila)

Le transport scolaire joue un rôle important dans le déroulement du processus éducatif, car
c’est un moyen qui facilite l’accès des élèves aux établissements d’enseignement.

Au regard de cette importance, notre commune s’efforce, à chaque rentrée scolaire, de mener
les démarches permettant d’assurer le transport scolaire aux élèves bénéficiaires dans les
meilleures conditions.

1.1. Organisation du transport scolaire

L’organisation du transport scolaire s’articule autour de l’intervention des deux organes


prévus par le règlement en vigueur, à savoir : la commission consultative de transport scolaire
de wilaya et le conseil communal de coordination et de concertation (CCC).

228
Mise en place du conseil de coordination et de concertation (CCC)

Le CCC a été créé par décision n°433/2017 du 25 octobre 2017. Il a été mis à jour par la
décision n°235/2022 du 04 septembre 2022.

Il a tenu deux réunions en 2022 et une session au cours de l’année 2023. Deux sessions seront
programmées en préparation de la rentrée scolaire 2023/2024.

La structure communale pour la gestion du transport scolaire

Il n'y a pas de service spécifique qui s'occupe de la gestion de ce service public, mais notre
commune dispose d’un bureau des affaires éducatives chargé du transport scolaire. Ce dernier
travaille, en coordination avec le service des marchés de la commune en particulier dans le
cadre de préparation des conventions avec les partenaires privés et aussi avec le service des
moyens généraux de la commune, en matière d'entretien et de réparation des bus.

1.2. Programmation du service de transport scolaire

Quant à la programmation du service de transport scolaire, le personnel du bureau chargé des


affaires de l'éducation a effectué des sorties sur le terrain au début de la rentrée scolaire
2021/2022 pour s’enquirir du nombre d'élèves, le parcours des bus pour chaque ligne,
l'emplacement géographique et le réseau routier utilisé, les points de ramassage et la distance
à parcourir pour chaque ligne.

Identification approximative des bénéficiaires

Le bureau chargé des affaires de l'éducation a procédé à une identification approximative des
bénéficiaires en comptant les élèves qui utilisent les moyens de transport scolaire sur le terrain.

* Les directeurs des écoles primaires, collèges et lycées ont également été contactés pour nous
fournir les listes des bénéficiaires du transport scolaire.

Respect des limites géographiques

Nous soulignons que notre commune possède des écoles primaires dans les zones rurales et du
fait que les habitants sont dispersés dans les campagnes, nous recourons au transport scolaire
afin de rapprocher la distance pour les élèves, en les acheminant vers leurs établissements.

229
Gratuité du transport scolaire

Notre commune assure la gratuité de transport scolaire pour tous les élèves dans les trois
paliers d'enseignement.

Carte de transport scolaire

Conformément aux dispositions de l'article 28 du décret exécutif n°15/171 du 23 juin 2015, qui
indique que l'autorité de délivrance d'une carte de transport scolaire est l'établissement auquel
appartiennent les élèves bénéficiaires du transport scolaire, le bureau chargé des affaires
éducatives a saisi par écrit les directeurs d'écoles primaires à cet égard.

Financement du transport scolaire

Le financement du transport scolaire au niveau de notre commune dépend du budget communal


sans aucune subvention, que ce soit par l'Etat ou la Caisse de solidarité et de garantie des
collectivités locales, bien qu'il assure le transport scolaire pour les trois paliers
d'enseignement.

Difficultés à couvrir les frais de transport scolaire

Le transport scolaire représente un coût important pour le budget de la


commune, surtout en l'absence de subventions.

Cependant, notre commune cherche à couvrir un maximum de lignes, puisque nous avons huit
(08) lignes pour l’année scolaire 2022/2023.

Le coût du carburant s'est élevé à 119 000,00 DA.

Un bus a également été réparé pour un montant de 1 200 000,00 DA.

Mise en œuvre du service public de transport scolaire

Notre commune s'appuie sur une gestion mixte, c'est-à-dire qu'elle utilise ses moyens propres
(moyens humains et matériels), en plus des conventions qui sont conclues dans le cadre des
marchés publics entre la commune et les transporteurs privés selon un cahier des charges.

230
Moyens matériels de transport

Le parc de la commune compte cinq (05) bus dans, dont trois (03) sont utilisés pour le transport
scolaire, un (01) bus est utilisé en cas de panne de l'un des bus, ainsi que pour les sorties sur
le terrain, et l'autre (01) n'est pas utilisé en raison de son état vétuste afin de préserver la
sécurité des élèves.

* La commune a loué un bus neuf en 2020. Ainsi, le nombre serait de (04) bus loués et (03)
appartenant à la commune pour couvrir 07 lignes.
* Pour l'année 2023, nous avons loué un autre bus pour atteindre un nombre de 05 bus loués
après ouverture d'une nouvelle ligne pour couvrir (08) lignes.

Moyens humains

Les moyens humains mobilisés par notre commune se limitent aux chauffeurs de bus
uniquement sans ceux chargés d'assister le chauffeur à l'intérieur du bus, et nous allons
remedier à cela à la rentrée scolaire 2023/2024.

En ce qui concerne les tenues de travail, et conformément aux dispositions de l'arrêté


interministériel relatif à l'habillement des travailleurs, notre commune a acquis, en 2022, des
tenus de travail pour les chauffeurs, et un montant de 69 000,00 DA a été alloué à cet effet
(3 chauffeurs).

Quant au suivi sanitaire dans le cadre de la médecine du travail, une convention a été conclue
pour l'année 2019 sous le n°21/2019 entre l'établissement public de santé de proximité (EPSP)
et la commune, mais qui n'a pas été renouvelėe.

Elle sera renouvelée avec l'année 2023, car les chauffeurs sont tenus d'effectuer des examens
médicaux périodiques.

Observations sur la gestion du transport scolaire

Paramètres du service de transfert

Quant au cahier des charges et aux contrats de transport scolaire au niveau de nos services,
ils sont préparés sur la base du décret présidentiel 15/247 du 16 septembre 2015, portant
réglementation des marchés publics et des délégations de service public, ainsi que le décret
n°15/171 du 23 juin 2015 relatif au transport scolaire dans lequel il est mentionné : la ligne
exploitée, le nombre de jours de prise en charge de service de transport pour la saison scolaire,
l’enregistrement de la distance, le nombre de rotation et les heures de départ et de retour.

231
Cependant, il y a des difficultés concernant la mention du nombre d'élèves, difficile à
déterminer avec précision à cause de l'intervention de plusieurs facteurs (abandon scolaire-
utilisation des moyens de transport propres des parents) et sans oublier les points d'arrêt.

Nous travaillons pour la mise à jour du cahier des charges et le respect du modèle type appliqué
dans ce domaine.

Lancement tardif des consultations

A ce sujet, nous tenons à préciser que :

- la consultation pour la rentrée scolaire a été lancée sous le n°61/2022 le 10 novembre 2022 ;
- le procès-verbal de la commission d'ouverture est daté du 16 novembre 2022 (n°48/2022) ;
- le procès-verbal de la commission d'évaluation des offres est daté du 24 novembre 2023
(n°69/2022) ;
- l’annonce des attributions provisoires est datée du 12 août 2022 (n°69/2022).

Nous vous précisons également que ces obligations sont soumises au visa du contrôleur
financier.

Le service de transport scolaire sans autorisation

La licence d'exploitation de transport scolaire est disponible pour les transporteurs privés.

Non-respect de certaines clauses du cahier des charges

La commune fonctionne conformément à la législation et à la réglementation en vigueur, en


assurant les conditions de sécurité et en se soumettant à toutes les mesures liées au transport
scolaire, et ce en fonction des capacités disponibles dans le budget de la commune et à travers
tous les efforts consentis en termes de réformes dans tout ce qui concerne le transport scolaire
(entretien, suivi périodique pour assurer tous les ravitaillements). Elle oblige également les
transporteurs privés à se conformer à ces mesures.
Quant à l’utilisation des bus à d'autres fins, (en raison des capacités limitées allouées à la
commune), ces dernies sont utilisés pour les sorties sur le terrain des employés, y compris le
service scolaire, sans pour autant affecter le service du transport scolaire.

Conclusion

Notre objectif est de tout mettre en œuvre pour couvrir l'ensemble des besoins et corriger les
déséquilibres qui entravent le fonctionnement de cette structure. Et nous veillons à réunir toutes

232
les conditions qui permettent de couvrir de manière exhaustive et qualitative, selon les
capacités disponibles. Notre objectif est de faire évoluer cette structure afin d'assurer une
éducation de qualité à nos élèves.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Stitten (Wilaya d’El Bayadh)

J’ai l’honneur de vous informer sur la gestion du transport scolaire par les services de la
commune de Stitten :

La commune de Stitten se compose de plusieurs agglomérations : village Ourkissa, Chaaba


El Baidha, Lighen, Chahid Slimani Miloud, Oued Lahdjel, Bounadji en plus des zones éparses
à travers la commune de Stitten (Zone El Baten, Dir Khamel).

Des opérations ont été planifiées et organisées à ce que tous les élèves qui habitent dans les
zones rurales jouissent de leurs droits au même titre que ceux des zones urbaines surtout compte
tenu de la concentration des établissements d’éducation des cycles moyen et secondaire à
Stitten centre.

Le transport scolaire est devenu une nécessité absolue pour les différents cycles
d’enseignement, c’est pourquoi la commune à mis tous les moyens nécessaires au profit des
élèves scolarisés.

- Nombre de bus scolaires réservés par la commune : 08 ;


- Nombre de bus en bon état : 03 ;
- Nombre de bus en état moyen : 03 ;
- Nombre de bus en état de panne : 02 ;
- Nombre des chauffeurs : 05 ;
- Nombre d’élèves transportés selon les différents cycles d’enseignement :

 cycle primaire : 195 ;


 cycle moyen : 93 ;
 cycle secondaire : 25.

- Nombre total de lignes de transport scolaire à travers la commune : 04 lignes.

La commune utilise les bus relevant du parc communal qui sont entretenus périodiquement ; le
facteur négatif important demeure le manque de pièces de rechange d’origine et la

233
détérioration des routes dans l’ensemble de la commune ainsi que l’éloignement des villages
du centre de la commune.

Dans le passé (en 2018), la commune a recouru à la location de trois (03) bus et ce après avoir
bénéficié d’une aide financière estimée à 6 410 000,00 DA, destinée à prendre en charge les
dépenses d’entretien des bus de transport scolaire et les fraix de location des bus au profit des
élèves du cycle primaire de la commune de Stitten, répartie comme suit :

- 2 750 000,00 DA pour la location des bus de transport scolaire ;


- 3 660 000,00 DA pour l’entretien des bus de transport scolaire.

En 2022, la commune a bénéficié d’une aide financière estimée à 2 062 500 00 DA, dédiée aux
dépenses d’entretien du matériel de transport scolaire et à la location de bus au profit des
élèves du cycle primaire de la commune de Stitten, répartie comme suit :

- entretien des bus de transport scolaire : 862 500,00DA ;


- location des bus de transport scolaire : 1 200 000,00DA.

A long terme et compte tenu de l’augmentation du nombre d’élèves des cycles moyen et
secondaire, la commune de Stitten peut recourir à la location de bus pour assurer la
scolarisation des élèves dans de bonnes conditions après aprobation d’attribution de
subventions financières.

- Le conseil communal de coordination et de concertation

Le conseil communal de coordination et de concertation a été créé. Néanmoins, il n’a pas été
programmé de réunions en 2022. La commune veille à résoudre les problèmes et améliorer
surtout les conditions de transport scolaire et des cantines et apporter sa contribution
financière aux écoles primaires, en fonction du budget de la commune, par le financement des
affaires scolaires et des produits de nettoyage.

Résume des problèmes et des difficultés

- Manque de ressources budgétaires propres : la commune de Stitten dépend seulement des


fonds de la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales ;
- Existence d’un internat primaire non exploité (demi-pension), ce qui a engendré une grande
pression sur le transport scolaire.

A cet effet, nous allons veiller à prendre en charge les recommandations de la Cour des comptes
dans le but d’améliorer les services scolaires y compris la gestion du transport scolaire.

234
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune de Hammadi (Wilaya de Boumerdes)
non parvenue en version française

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Berrihane (Wilaya d’El Taref)

1. Tous les élèves du cycle primaire bénéficient d’un repas chaud.


2. Tous les élèves des zones éparses sont concernés par la gratuité du transport scolaire.
3. Le montant alloué aux transporteurs privés est de 5 159 000,00 DA pour l’année scolaire
2023.
4. Le transport des élèves par les transporteurs privés est assuré selon un cahier de charges
spécifique et en respect du nombre requis pour chaque bus (9 bus de 18 places).
5. La commune dispose d’une commission consultative chargée du transport scolaire.
6. L’APC organise une réunion regroupant les directeurs des écoles pour d’éventuelles
préoccupations.
7. La commune est dotée d’une structure chagée de la gestion du transport scolaire.
8. L’APC assure les bonnes conditions de scolarisation pour encourager les enfants à
poursuivre leurs études.
9. Le chef de parc de l’APC veille au bon fonctionnement du matériel roulant.
10. La distance parcourue par le bus est déterminée ainsi que la gratuité de transport.
11. La liste des bénéficiaires du transport scolaire est transmise par les directeurs des écoles
de la commune.
12. Une carte de transport est délivrée à chaque élevé.
13. Le financement du transport scolaire est à la charge de l’APC qui rencontre des difficultés.
14. La solution proposée est :

- l’acquisition de nouveaux bus ;


- le recrutement de chauffeurs de bus.

15. Un plan est établi par la commission consultative de la commune.


16. Les lignes concernées par le transport privé sont Bouglez, Henaya, Sebaa, Battah.
17. Chaque bus dispose d’un chauffeur et d’un convoyeur et ils doivent avoir une tenue
appropriée. Le personnel doit obligatoirement être suivi par la médecine du travail.
18. Un arrêt de bus est désigné pour le transport scolaire.
19. La consultation pour la prise en charge du transport scolaire est programmée en début de
l’année.
20. Les bus prives doivent avoir une autorisation pour le transport scolaire.
21. Le nombre d’élèves maximum pour chaque bus est déterminé.

235
22. Un arrêt de bus pour le ramassage des élèves est déterminé.
23. Nous demandons la dotation de l’APC de (02) bus de transport scolaire.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Mediouna (Wilaya de Relizane)
non parvenue en version française

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Kerzaz (Wilaya de Beni Abbés)

J'ai l'honneur de vous présenter un rapport sur la gestion du transport scolaire par notre
commune, ainsi que les mesures et procédures suivantes prises par nos services :

Nombre
Les Bus scolaires d'élèves
Nombre de appartiennent à la
démarches Nombre de bénéficiant
bus commune
entreprises lignes Nombre de Nombre du
nécessaires
pour nécessaires lignes de de bus transport
pour
assurer le pour couvrir transport scolaires scolaire Commune
couvrir
transport le transport couvertes loués Nombre de
toutes les Nombre de
des élèves scolaire bus de
lignes bus
concernés transport
scolaires
scolaire
en panne
utilisés

/ 02 02 03 00 01 03 780 Kerzaz

Lignes de transport

- La ligne de Zaouia Elkabira vers de Karzaz centre.


- La Ligne de Karzaz Al-Qasr vers Karzaz centre.
- Deux lignes à l'intérieur du centre de Karzaz.

A noter que les bus utilisés dans le transport des élèves appartiennent tous à la commune. Ainsi,
notre commune ne dispose pas de bus en location, ce qui coûte à la commune un budget
considérable pour faire fonctionner le transport scolaire en termes de frais (carburant,
entretien, et pièces détachées, etc.), d'autant plus que nos services déploient des éfforts pour
améliorer la qualité des prestations, en prenant les mesures et procédures suivantes :

- suivi périodique et technique des bus ;


- entretien des bus en panne et leur préparation complète pour assurer le service de transport
scolaire ;
- achat de pièces détachées pour bus ;

236
- renouvellement du conseil de coordination et de concertation, qui à son tour assure le suivi
des écoles primaires et fait part de leurs préoccupations aux autorités de tutelle, et ce, en
coordination avec les directeurs des établissements.

La commune assume également la responsabilité du transport des élèves, en toutes occasions


et également lors de l’organisation des activités culturelles et sportives des élèves. Nos services
vont mettre en place une structure communale pour la gestion du transport scolaire. Les zones
bénéficiant du transport scolaire sont : Karzaz Al-Qasr, Al-Zawiya Al-Kabira et Karzaz Center.

237
07. L’EXECUTION DES DECISIONS DE JUSTICE
PORTANT CONDAMNATIONS PECUNIAIRES
DES COLLECTIVITES LOCALES

En dépit des instructions du ministère de tutelle qui exhorte les gestionnaires


locaux à appliquer strictement les textes législatifs et réglementaires régissant
l’utilisation et la gestion des fonds et du patrimoine public, de nombreuses
collectivités locales continuent à faire l’objet de condamnations pécuniaires,
prononcées à leur encontre via des décisions de justice.

Comme déjà constaté lors de ses contrôles précédents, les vérifications menées
par la Cour des comptes en 2021 sur « l’exécution des décisions de justice portant
condamnations pécuniaires des collectivités locales », ciblant les wilayas de
Blida, Chlef, Médéa, Ain Defla, Djelfa et Tissemsilt, et quelques communes en
relevant, a mis en relief l’ampleur des prélèvements d’office effectués par les
services du Trésor sur les budgets de ces collectivités.

Dans une large proportion, ces condamnations ont pour origine l’inobservation
par les ordonnateurs locaux des procédures régissant l’exécution des dépenses
publiques. Il s’agit notamment de l’engagement de dépenses en l’absence de visas
réglementaires ou sans la disponibilité de crédits, l’inobservation des procédures
règlementaires régissant les marchés publics, la violation des lois et règlements
relatifs à la gestion foncière et l’exécution matérielle de dépenses sur instruction
de la tutelle ou à la suite de décisions malavisées.

Bien plus, le contrôle a relevé que les services habilités des collectivités locales
n’assurent pas un suivi rigoureux des affaires contentieuses dont ils ont la charge,
en coordination avec les différents intervenants locaux concernés, tout comme ils
ne font pas toujours recours aux procédures de règlement à l’amiable comme
mesure préventive pour éviter le contentieux judiciaire.

Il en résulte que suite à leur condamnation à des montants élevés, un nombre


important de communes, qui souffrent déjà de conditions financières fragiles,
peinent à remplir les multiples missions qui leur sont assignées en matière de
gestion de services publics locaux et d’infrastructures ou d’équipements de
proximité.

238
La Cour des comptes a eu à constater, à travers ses contrôles précédents, l’ampleur des
condamnations pécuniaires prononcées à l’encontre des collectivités locales en
exécution des décisions de justice, et ce, en dépit des instructions du ministère de tutelle1
qui exhortent les gestionnaires locaux à appliquer strictement les textes législatifs et
réglementaires régissant l'exécution des dépenses publiques et appellent à la
consolidation des services du contentieux afin de mieux défendre les intérêts des
collectivités locales.

Dans une grande proportion, ces condamnations sont la conséquence des violations par
les gestionnaires locaux des dispositions législatives et réglementaires régissant
l’utilisation et la gestion des fonds et du patrimoine publics. Elles sont prononcées
lorsque ces collectivités s’abstiennent ou se trouvent dans l’incapacité d’honorer leurs
engagements vis-à-vis de leurs créanciers par les voies légales, conduisant ces derniers
à recourir aux juridictions compétentes pour recouvrer leurs droits et obtenir, le cas
échéant, des réparations pour les dommages qui leur sont causés.

Compte tenu de la persistance de ces pratiques et de la fréquence des prélèvements


effectués d’office par les services du Trésor sur les budgets des collectivités concernées
et en complément des opérations de contrôle effectuées par les chambres territoriales
de Tlemcen et Ouargla sur les dépenses objet de prélèvement d’office2, la Cour des
comptes a diligenté, au titre de son programme de contrôle pour l’année 2021, une
autre opération de contrôle sur la même thématique ciblant les wilayas de Blida, Chlef,
Médéa, Ain Defla, Djelfa et Tissemsilt, et quelques communes en relevant. L’accent a
été mis sur les condamnations les plus significatives enregistrées durant les années 2016
à 2020 et dont les causes se rapportent à la négligence ou à l’absence de maitrise de la
gestion de la part des gestionnaires locaux.

Le contrôle fait ressortir que la persistance des condamnations pécuniaires via les
décisions de justice ont lourdement affecté la santé financière des collectivités locales,

1
Il s’agit notamment des instructions du ministère de l’intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement
du territoire :

- n°5137 du 12 juin 2017 relative aux prélèvements obligatoires suite à l’exécution des décisions judiciaires contre
les collectivités territoriales ;
- n°7650 du 19 septembre 2017 relative aux prélèvements obligatoires en exécution des décisions judiciaires
contre les walis en leurs qualités de représentants de l’État, complétée par l’instruction n°210 du 10 janvier 2019.
2
Notes d’insertion au rapport annuel 2021 portant sur :

- La gestion des affaires contentieuses au niveau des collectivités locales, chambre territoriale de Tlemcen (wilayas
de Tlemcen, Sidi Bel Abbes, Tiaret, Ain Temouchent et Naama) ;
- Le règlement des dépenses des communes suite à des décisions de justice, chambre territoriale de Ouargla
(wilayas de Laghouat, Ouargla, Ghardaia, El Oued, Tamanghasset, et Illizi).

239
notamment les communes dont la majorité éprouvent des difficultés à équilibrer leurs
budgets et à faire face aux lourdes charges qui leurs incombaient.

Les principales causes ayant conduit à la condamnation des collectivités locales,


concernent notamment :

- l'engagement de dépenses en l’absence de visas réglementaires ou sans la


disponibilité de crédits ;
- la violation des règlements relatifs à la gestion foncière et aux marchés publics ;
- des dépenses résultant des instructions de la tutelle ou de décisions malavisées ;
- le défaut de coordination entre les différents intervenants locaux et l’absence de suivi
du contentieux par les services habilités.

1. Les condamnations pécuniaires à l’encontre des collectivités locales


et leur impact sur les budgets locaux

La loi n°91-02 du 08 janvier 1991, relative aux dispositions particulières à certaines


décisions de justice1, a consacré le principe de permettre aux justiciables ayant obtenu
des décisions judiciaires exécutoires comportant des condamnations de l'Etat, des
collectivités territoriales et des établissements publics à caractère administratif, de
recouvrer leurs créances, qui restent sans effet après expiration des délais d'exécution,
en adressant une requête écrite au trésorier de leur wilaya de résidence. Cette requête est
accompagnée d'une copie de la décision portant condamnation de l'organisme public et
de tous les documents prouvant que la tentative d'exécution du jugement est restée
infructueuse pendant deux mois depuis le dépôt du dossier auprès de l’huissier de
justice.

Dans ce contexte, il convient de noter les modifications apportées par la loi n°22-13 du
12 juillet 2022 au code de procédure civile et administrative, notamment celles relatives
aux nouvelles modalités d'exécution des décisions de justice, dont les plus importantes
sont :

- la consécration par le législateur du principe de double degré de juridiction en


considérant le recours en matière administrative comme ayant un effet suspensif, ce qui
signifie que les décisions rendues par les tribunaux administratifs ne sont exécutoires
qu'après expiration des délais de recours ou qu’après que l’arrêt du tribunal administratif
d'appel soit rendu ;

1
Abrogée par la loi n°22-13 du 12 juillet 2022 modifiant et complétant la loi n°08-09 du 25février 2008 portant
code de procédure civile et administrative.

240
- l’abrogation des dispositions de la loi n°91-02 relative aux dispositions particulières à
certaines décisions de justice et leur renvoi à l'article 986 de la loi n°22-13 susvisée ;
- l'exécution des jugements et des décisions judiciaires par les trésoriers de wilayas du
lieu de résidence de la partie condamnée.

Enfin, les dispositions de l’article 167 de la loi n°20-16 du 30 décembre 2020 portant la
loi de finances de 2021 ont prévu la clôture du compte d’affectation spéciale n°302-038,
intitulé « exécution des décisions de justice rendues au profit des particuliers, portant
condamnation de l’Etat et de certains organismes ».

1.1 . Situation des décisions de justice rendues à l’encontre des collectivités


locales

Selon les données de l’Agence comptable centrale du Trésor (ACCT)1, le total des débits
d’office résultant des condamnations pécuniaires à l’encontre de l’Etat, des collectivités
locales et des établissements publics à caractère administratif, pour la période de 2016
à 2020, s'élève au niveau national à plus de 131 Mrds de DA, se répartissant comme
suit :

- décisions de justice rendues contre l'Etat : 75 Mrds de DA ;


- décisions de justice rendues contre les collectivités locales : 41 Mrds ;
- décisions de justice rendues contre les établissements publics à caractère administratif
: 15 Mrds de DA.

S'agissant des wilayas et communes relevant de la compétence territoriale de la chambre


de Blida, le nombre de décisions de justice prononcées à leur encontre, au cours de la
même période, a atteint 1 957 décisions exécutées dans le cadre du compte d’affectation
spéciale précité, ayant entraîné des prélèvements sur leurs budgets de l’ordre de
4,346 Mrds de DA, comme le montre le tableau suivant :

1
Envoi n°1006/ACCT/36/2021 du 21 novembre 2021.

241
Unité : DA
Nombre de Montants des débits
Wilaya et communes Année
décisions d’office
2016 22 16 968 742,30
2017 41 97 221 062,72
Tissemssilt 2018 26 60 292 847,30
2019 23 66 355 494,25
2020 20 36 148 868,25
Sous total 132 276 987 014,82
2016 68 66 634 389,45
2017 58 69 262 111,26
Ain Defla 2018 55 83 447 441,52
2019 65 74 480 888,02
2020 29 41 898 108,97
Sous total 275 335 722 939,22
2016 28 110 726 835,22
2017 97 67 925 207,24
Chlef 2018 55 58 351 240,62
2019 71 89 939 901,67
2020 41 48 746 648,38
Sous total 292 375 689 833,13
2016 101 89 578 902,40
2017 115 121 095 935,89
Djelfa 2018 74 123 874 347,76
2019 105 242 609 467,39
2020 92 249 036 494,04
Sous total 487 826 195 147,48
2016 91 169 153 708 ,55
2017 78 129 758 431,80
Médéa 2018 122 181 256 754,13
2019 67 107 307 055,97
2020 95 167 657 712,58
Sous total 453 755 133 663,03
2016 65 254 068 719,13
2017 61 586 962 787,92
Blida 2018 89 607 242 592,07
2019 60 168 732 174,83
2020 43 159 136 546,95
Sous total 318 1 776 142 820,90
Total général 1 957 4 345 871 418,58
Source : Trésoreries de wilayas

Il ressort des données du tableau, ci-dessus, que la wilaya de Blida et ses communes
viennent en tête des collectivités locales concernées, en termes d'importance des
montants prélevés sur leurs budgets, qui s'élèvent durant cette période à 1,776 Mrd de
DA, ce qui représente 4,33% des condamnations au niveau national. En revanche, la
wilaya de Tissemsilt et ses communes ont été condamnées à s’acquitter d’une somme
globale de 276 987 014,82.

242
1.2. Impact des décisions de justice sur les budgets communaux

Il ne fait aucun doute que les prélèvements directs sur les budgets des communes qui
souffrent déjà de conditions financières fragiles réduisent davantage leurs capacités à
remplir les multiples missions qui leur sont assignées en matière de gestion de services
publics locaux et d’infrastructures ou d’équipements de proximité.

L’examen des documents budgétaires des communes a révélé que la situation financière
d’un nombre important de communes a été sérieusement affectée suite à leur
condamnation à des montants élevés. Ne pouvant appliquer le prélèvement en une seule
fois pour insuffisance de leur trésorerie à couvrir la totalité du montant de la
condamnation, les trésoriers de wilayas ont procédé à des prélèvements par tranches,
selon la disponibilité de la trésorerie, comme c’est le cas des communes de Chlef et
Oued Sly. En effet, les montants des débits ont été prélevés par tranches 1, tout en
dépassant les délais prévus dans l’article 08 de la loi n°91-02, susvisé, vu la situation
financière difficile des deux communes, et cela en application de l’instruction n°06 du
25 février 1997 émanant de la direction générale de la comptabilité2

Les deux tableaux, ci-après, retracent, pour les exercices 2919 à 2020, l’impact des
prélèvements d’office sur les budgets de fonctionnement de quelques communes.

Année 2019
Unité : DA
Montant du Dépenses de
Commune %
prélèvement fonctionnement
Sidi Abed (Tissemssilt) 26 280 000,00 126 864 940,30 20,71
Lardjem (Tissemssilt) 22 935 000,00 169 927 632,24 13,50
Messad (Djelfa) 42 108 243,39 504 345 288,57 8,35
Mouzaia (Blida) 31 211 458,68 396 780 027,21 7,87
Benkhelil (Blida) 16 750 715,00 222 909 388,32 7,51
Ouamri (Médéa) 7 925 449,66 106 228 354,36 7,46
Meftah (Blida) 30 820 256,02 418 305 016,03 7,37

1
Selon l’annexe 22 et les tableaux de la situation financière (H 48) des deux communes correspondant à la période
de l’exécution des décisions de justice prononcées à leur encontre.
2
L’instruction n°06 du 25 février 1997 complétant les dispositions de l’instruction n°34 du 11 mai 1991 stipule
qu’en cas d’insuffisance de la trésorerie, les prélèvements résultant de l’exécution de la décision de justice doivent
être opérés par les trésoriers concernés à concurrence des disponibilités de trésorerie de la collectivité condamnée.

243
Année 2020
Unité : DA
Montant du Dépenses de
Commune %
prélèvement fonctionnement
Ain Roumana (Blida) 20 899 805,07 158 332 297,18 13,20
Derrag (Médéa) 7 868 636,50 68 196 021,40 11,54
Ouled Ben AEK (Chlef) 20 640 707,12 185 081 060,96 11,15
Ain Soltane (Ain Defla) 14 808 581,59 135 353 609,56 10,40
Theniet El Had (Tissemssilt) 17 062 842,56 214 076 876,98 7,97
Boufarik (Blida) 72 498 303,64 911 381 054,03 7,95
Bouarfa (Blida) 17 160 508,98 244 695 175,20 7,01
Ain Boucif (Médéa) 12 318 734 ,00 198 384 164,31 6,21
Laayoune (Tissemssilt) 7 628 000,00 133 158 506,16 5,73

Ces tableaux montrent que les prélèvements opérés sur les budgets des communes
représentent des proportions significatives allant jusqu’à 20% du total de leurs dépenses
de fonctionnement. La régularisation de ces dépenses imprévues constitue un fardeau
pour les communes, vu leurs engagements prévus pour l’année concernée, ce qui remet
en cause leurs priorités budgétaires et en conséquence affecte leur soutenabilité
budgétaire.

Dans les communes des wilayas de Chlef, Médéa, Blida, Djelfa et Tissemsilt, des soldes
importants relatifs aux prélèvements obligatoires sont inscrits aux écritures des
comptables en hors budget (avances à régulariser). Néanmoins, ces soldes n'ont pas fait
l’objet de régularisation par les communes concernées malgré les demandes réitérées
des trésoriers communaux réclamant des mandats de régularisation. Le total des
prélèvements obligatoires non régularisés, au 31 décembre 2021, a atteint
1,058 Mrd de DA, représentant les montants d'indemnisation prononcés dans les 434
décisions de justice rendues à l'encontre des communes, dont certaines datent de
plusieurs années, comme le montre le tableau suivant :

244
Situation des prélèvements inscrits comme avances à régulariser
dans les écritures des trésoriers communaux
Unité : DA
er
Date du 1 Nombre des Montants des
Wilayas Communes prélèvement non arrêts et prélèvements non
régularisé jugements régularisés
Chlef 2014 44 124 632 354,00
Bouzghaia 1987 25 40 308 029,32
Tadjena 1998 13 19 468 539,94
Zebboudja 1987 20 24 805 301,82
Chlef Bennairia 2000 12 21 140 789,75
Oued Fodda 2019 4 6 636 143,88
Ouled Abbas 2020 1 110 000,00
Tenes 1999 6 25 056 218,04
Médéa 2012 118 330 920 001,14
Draa Smar 2008 56 78 257 423,34
Tamezghida 2011 16 11 725 153,84
Médéa Oued Harbil 2008 12 18 021 493,63
Ouemri 2006 21 30 676 460,51
Mouzaia 2019 04 17 108 968,56
Ain Roumana 2021 03 7 703 363,00
Blida Chiffa 2019 01 248 265,63
Meftah 2014 24 161 474 257,51
Ain Ouessara 2015 24 80 291 689,15
Guernini 1997 08 3 072 393,64
Djelfa Deldoul 2019 02 3 647 840,37
Guettara 2019 09 31 571 048,95
Khemisti 2018 04 11 100 500,00
Tissemssilt Ouled Bessam 2018 01 2 173 000,00
Borj Eamir 2001 06 7 928 868,45
Khaled
Totaux des prélèvements non régularisés 434 1 058 078 104,47
Source : Comptes de gestion et envois des trésoriers communaux

2. Les principales causes des litiges, sources des condamnations

A l’instar de ses contrôles précédents, la Cour des comptes a relevé que les
condamnations prononcées contre les collectivités locales, notamment les communes,
sont pour la plupart dues aux violations des dispositions des textes législatifs et
réglementaires qui régissent la gestion des ressources, moyens matériels et fonds publics
mis à leur disposition, ainsi que l’absence de rigueur quant à leur utilisation régulière et
stricte.

245
2.1. Des engagements en l'absence de visas réglementaires

Il est entendu par visa règlementaire tout visa exigé préalablement par les lois et
règlements avant tout payement d’une dépense, tels que le visa du contrôleur financier
sur les documents d'engagement de dépenses, le visa des commissions des marchés
publics et les différents visas techniques. Cependant, malgré la clarté des procédures y
afférentes, l'étude des dossiers de contentieux a révélé que les gestionnaires locaux
n'attachent pas l'importance nécessaire au respect de ces procédures, malgré les
retombées financières pouvant résulter de cette négligence sur les budgets des
collectivités locales.

Dans ce cadre, le montant global des condamnations judiciaires résultant de l'absence


de visa du contrôleur financier s'élève à 121 604 897 DA, ce qui représente 15% du total
des condamnations concernant les wilayas d’Ain Defla, Chlef, Tissemsilt et Djelfa.
Cette observation concerne, en grande partie, les conventions du transport scolaire
conclues entre les communes et les opérateurs privés, dont le nombre de décisions de
justice rendues s'élevant à 116. Ces dernières ont généré des indemnisations de
54 722 405 DA, supportées par les budgets des communes des quatre wilayas.

2.2. Des engagements sans couverture financière suffisante

Bien que les budgets communaux soient soumis au contrôle préalable des dépenses,
l’engagement des dépenses en l'absence de dotations financières a toujours constitué un
des principaux motifs à l’origine des condamnations pécuniaires à l'encontre des
collectivités locales, favorisant l’accumulation de dettes sur ces dernières à l’égard de
leurs divers fournisseurs, qui seront régularisées par prélèvements d’office.

Ainsi, les vérifications ont révélé que les décisions prononcées dans ce sens par les
instances judiciaires compétentes à l’encontre de quelques communes relevant des
wilayas de Chlef, Ain Defla, Djelfa et Tissemsilt, font état de condamnations s’élevant
à 79 602 114,00 DA.

Les dépenses engagées en l'absence de dotations financières, se rapportant à des factures


portant différentes acquisitions (80%) et à des situations de travaux (20%), constituent
une violation manifeste des dispositions du décret exécutif n°91-313 du 07 septembre
1991 fixant les modalités, les procédures et le contenu de la comptabilité des
ordonnateurs et des comptables publics, modifié et complété, notamment les articles
18 et 21 qui stipulent que les ordonnateurs engagent les dépenses de fonctionnement
de l’Etat dans la limites des crédits ouverts ou délégués et les dépenses d’équipement
et d’investissement dans les limites des autorisations de programmes.

246
2.3. Litiges à caractère foncier

Afin de concrétiser ses programmes de développement local, les services concernés des
collectivités locales recourent dans certains cas (pour manque d'assiette foncière par
exemple) à retenir des sites pour la réalisation de leurs projets d’équipements collectifs
ou d’ouvrages d’intérêt général sans vérifier au préalable leur situation juridique et
l’origine de leur propriété, ce qui conduit à des litiges fonciers pouvant aboutir en fin de
compte à leur condamnation pécuniaire.

Dans ce cadre, le contrôle a permis de recenser plus de 100 décisions de justice


condamnant des collectivités à payer des indemnisations, en raison de l’atteinte à une
propriété foncière. Le tableau, suivant, montre l’importance des montants résultant de
litiges à caractère foncier :
Unité : DA
Nombre Nombre des
Montants des
total des Montants des décisions de
Communes indemnisations à %
décisions débits d’office justice à
caractère foncier
de justice caractère foncier
Communes de la wilaya 292 375 689 833 ,13 19 47 521 145,00 12, 64
de Chlef
Communes de la wilaya 275 335 722 939,22 19 26 899 790,00 08, 01
d’Ain Defla
Communes de la wilaya 132 276 987 014,82 33 136 304 050,00 49, 21
de Tissemssilt
Communes de la wilaya 453 755 133 663,03 22 126 528 675,00 16,75
de Médéa
Communes de la wilaya 318 1 776 142 820,90 19 586 977 679,67 33,05
de Blida

Dans la plupart des cas, les condamnations sont motivées par le refus de la collectivité
locale concernée de s’acquitter du montant des indemnités résultant de son utilisation
illégale d’assiette foncière appartenant à autrui. Dans le reste des cas, les propriétaires
et titulaires des droits concernés refusent les indemnités d’expropriation, établies par
l’évaluation administrative des services des domaines, considérant que ces
indemnisations ne sont pas proportionnées à la valeur réelle de leurs biens expropriés.
Ceci amène les instances judicaires à demander des expertises sur la base desquelles les
montants des indemnisations sont revus à la hausse.

Etant donné que les crédits alloués par les communes à ce genre de dépenses ne sont pas
toujours suffisants pour l’exécution volontaire, les bénéficiaires de ces indemnisations
sont payés sur prélèvement obligatoire via les trésoriers de wilayas.

247
2.4. Inobservation des dispositions de la réglementation des marchés publics

Le non-respect de l'application des dispositions de la réglementation des marchés


publics ainsi que les clauses contractuelles liant les collectivités locales aux opérateurs
cocontractants entraînent souvent des litiges qui conduisent la partie lésée à saisir les
instances judiciaires compétentes afin de recouvrer leurs droits et demander des
indemnisations pour les dommages subis. L’exemple le plus marquant de cette situation
qui résulte du manque de maitrise par les élus locaux des procédures de conclusion des
marchés et de mise en œuvre des projets de développement en plus du déficit
d'encadrement spécialisé, est le cas de la commune de Messaad (wilaya de Djelfa),
contre laquelle six (06) décisions de justice ont été rendues au cours de l'année 2020,
toutes relatives à l’alimentation scolaire.

Dans le cas d’espèce, les factures du fournisseur ont fait l’objet de refus définitif de
payement de la part du trésorier communal qui a motivé son refus par l’infraction aux
règles des marchés publics. En fin de compte, le fournisseur a recouvré ses créances par
la voie judiciaire et le débit d’office a été majoré de l'indemnisation du préjudice, le total
des retenues s'élevant à 36 297 548,20 DA.

2.5. Prise en charge de dépenses sur instruction de la tutelle

De nombreuses condamnations pécuniaires à l'encontre des communes trouvent leur


origine dans les instructions verbales adressées, dans des circonstances d’urgence par
des walis ou des chefs de dairas aux présidents d’assemblées populaires communales à
l’effet d’exécuter des dépenses en l’absence de pièces justificatives ou de crédits
budgétaires nécessaires pour leur prise en charge régulière sur les budgets des
collectivités concernées. Dans ce contexte, il y a lieu de citer les cas ci-après :

- La commune de Tissemsilt a été condamnée, en 2017, à payer par débit d’office au


profit d’un partenaire cocontractant un montant de 35 344 363,86 DA, représentant les
travaux d'achèvement de la construction du siège municipal. Ces travaux dont le coût
initial était 16 790 295,00 DA ont connu une augmentation à la suite d’une instruction
verbale du wali lors d'une visite sur terrain, adressée au maitre d’ouvrage (P/APC) pour
obliger l’entreprise réalisatrice d’utiliser des matériaux de construction de haute qualité
afin de donner une meilleure image esthétique au siège de la commune en tant que
service public recevant quotidiennement des citoyens.

Faute de crédits budgétaires suffisants, la commune a été en fin de compte condamnée


par une décision de justice à s’acquitter du montant des travaux en question
(35 344 363,86 DA) en plus d’un dédommagement de 3 000 000 DA.

248
- La commune de Mouzaia (wilaya de Blida) a été condamnée par un arrêt du Tribunal
administratif de Blida du 15 janvier 2018 à payer un montant de 18 743 118,80 DA en
faveur d’une entreprise de travaux publics qui a réalisé des travaux d’aménagement de
la place avoisinant le marché couvert de la ville de Mouzaia en l’absence de tout
document officiel signé entre la commune et l’entreprise réalisatrice.

En fait, ces travaux ont été ordonnés (verbalement) dans la précipitation sur instruction
du chef de daira de Mouzaia, à l’occasion de la préparation de la visite du Premier
ministre, dans l’attente de les régulariser ultérieurement dans le cadre de l’ensemble des
dépenses engagées à l’occasion de cette visite1.

Néanmoins, en raison du non-respect par la tutelle de ses engagements d’assurer la


couverture financière nécessaire, malgré la demande formulée par le P/APC 2, la
commune a été condamnée par décision de justice à payer la situation des travaux
présentée par l’entreprise, via un prélèvement d’office sur son budget.

- Se basant sur des envois émanant de leur tutelle3, des communes de la wilaya de Blida
ont adressé des bons de commande à Algérie Télécom pour la réalisation de travaux en
vue du raccordement des annexes communales en fibre optique.

A titre d’exemple, la commune de Boufarik a reçu des instructions du chef de la daïra


de Boufarik pour l’émission d’un bon de commande d’installation des fibres optiques
pour ses annexes auprès d’Algérie Télécom, en application du télégramme du ministre
de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire ainsi que les
orientations du wali de Blida, du 04 novembre 2013. Après plus de trois années de
l’achèvement des travaux, un marché de régularisation d’un montant de 15,88 millions
de DA a été conclu entre la commune de Boufarik et l’entreprise réalisatrice, néanmoins,
les procédures de paiement de la dépense n’ont pas abouti en raison du refus de visa par
la commission des marchés de la commune, motivé par la conclusion du marché de
régularisation hors les délais règlementaires prévus par le code des marchés publics.
Malgré cela, le marché de régularisation a été soumis au visa du contrôleur financier
pour engagement, mais ce dernier a apposé son refus motivé par l’absence du visa de la
commission des marchés publics. Pour recouvrer ses créances auprès de la commune,
Algérie Télécom a eu recours à la justice qui a rendu une décision en sa faveur.

1
Selon la correspondance du chef de daira n°5787 adressée au président de l’APC.
2
Correspondance du P/APC adressée au wali en date du 26 décembre 2013 sous le n°3956.
3
Télégramme du Ministère de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire sous le n°3064
du 27 octobre 2013 et envoi du Wali de la wilaya Blida n° 281/2013 du 04 novembre 2013.

249
Dans ce cadre, le tableau ci-après donne un état récapitulatif des prélèvements d’office
effectués par le trésorier de la wilaya sur les budgets des communes concernées de la
wilaya de Blida :
Unité : DA
Commune N° décision Date Montant Date du prélèvement
de justice (étoile)

Ain Romana 1887/2019 21/10/2019 20 899 805,07 28/09/2020


Benkhelil 1880/2019 21/10/2019 12 419 381,40 06/10/2020
Boufarik 1879/2019 21/10/2019 16 384 141,84 01/10/2020
Bouarfa 1888/2019 21/10/2019 15 981 204,98 28/09/2020
Mouzaia 1881/2019 21/10/2019 10 748 941,92 16/12/2020
Oued Eulleg 1884/2019 21/10/2019 8 821 941,49 21/12/2020
El Afroune 1886/2019 21/10/2019 7 962 795,68 28/09/2020
Larbaa 1883/2019 21/10/2019 6 355 966,61 04/10/2020
Bougara 1885/2019 21/10/2019 2 776 197,88 06/10/2020
Meftah 1994/2019 17/11/2019 3 903 759,06 26/01/2021
Totaux / / 106 254 135,93 /
Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes

Les montants des condamnations comprennent les indemnisations pour préjudice qui
s’élèvent à 500 000 DA par commune.

2.6. Des décisions malavisées

Les décisions malavisées prises par les gestionnaires locaux causent souvent un
préjudice matériel et financier aux collectivités locales. En effet, les actes de gestion
pouvant entrainer une incidence financière, doivent être précédés d’une étude attentive
des circonstances de leur réalisation et des conséquences qui peuvent en découler. Les
deux exemples illustrent la précipitation dans laquelle les décisions engageant
financièrement les collectivités territoriales pouvant causer un préjudice à leurs budgets.

- Le premier cas concerne une société des expositions, qui a bénéficié d’une autorisation
délivrée par la commune de Chlef pour l'organisation d'une foire au cours de
l'année 2017, pour une durée de 15 jours moyennant le paiement d’une somme de
1 025 000 DA. Néanmoins, et sans justification, la commune a annulé l’évènement par
une décision du P/APC en date du 15 janvier 2017. Compte tenu du préjudice subi du
fait de cette décision d’annulation (Achat de banderoles publicitaires pour 25 000 DA,
location d’une tente géante pour un montant de 4 307 800 DA qu’elle a louée à son tour
à 148 exposants), la société a intenté une action en justice pour réclamer l'indemnisation
des droits et des frais suscités qu’elle a payés pour l’organisation de cette manifestation,
en plus du manque à gagner.

250
Le P/APC de Chlef a imputé l’annulation de l’autorisation de la manifestation à une
décision du wali. De plus, la commune a accordé une nouvelle autorisation sans exiger
de la société le paiement à nouveau des droits de location, ce qui réfute, l’existence de
tout préjudice financier, indiquant que le représentant juridique de la commune a
présenté toutes les défenses requises, accompagnées des preuves et justificatifs
nécessaires.

En définitive, le tribunal administratif, dans son arrêt en date du 28 juin 2017, a


condamné la commune à verser une indemnisation de 6 000 000 DA à la société
d’exposition.

- Dans un second cas similaire, la commune de Tissemsilt a délivré, en date du 18


novembre 2015, une autorisation au profit d’une autre société des expositions à l’effet
d’organiser une exposition commerciale pour une durée de 15 jours pendant l’année
2015. Mais, en date du 16 décembre 2015, la commune a procédé, sans justifications, à
l'annulation de l’autorisation obligeant ainsi la société à recourir au tribunal administratif
de Tiaret réclamant l'indemnisation des frais qu'elle a payés pour la location du chapiteau
et des droits de la manifestation. L’instance judiciaire a rendu un arrêt en date du
13 mars 2017, condamnant la commune à verser un montant global de 5 385 760 DA,
de frais et de dédommagement au profit de ladite société.

2.7. Défaut de coordination entre les différents intervenants locaux

Le défaut de coordination entre les collectivités locales représentées par la commune et


la Wilaya d’une part, et entre ces dernières et les différents services déconcentrés de
l’Etat d’autre part, sont à l’origine de l’émergence de nombreux litiges qui souvent
aboutissent à des condamnations pécuniaires des collectivités concernées par le biais de
décisions de justice. Les deux cas de litige, ci-après, relatifs à la commune de
Béni Tamou ainsi qu’à la wilaya et la commune de Blida illustrent clairement l’absence
de coordination, voire la contradiction en matière de défense entre les différents services
de l’Etat et les collectivités concernées par le litige.

- Cas de la commune de Béni Tamou

Contrairement à l'article 199 de la loi n°10-11 du 22 juin 2011 relative à la commune,


modifiée et complétée qui stipule que « ne sont obligatoires pour la commune que les
dépenses mises à sa charge par la législation et la réglementation en vigueur », la
commune de Beni Tamou a acquis, par acte notarié du 01 juin 2008, un terrain de

251
5 200 m2 auprès d'un particulier pour 44 200 000 DA1, et ce dans le but de l'affecter au
profit de la direction des équipements publics (DLEP), en sa qualité de maitre d’ouvrage
de la construction d’un collège d’enseignement moyen (CEM) dans le nouveau quartier
de Zaouia.

L'attribution du terrain a été effectuée par délibération de l’assemblée populaire


communale de Beni Tamou du 18 juillet 2007 alors que les procédures de transfert de la
propriété ont été diligentées par l'agence de gestion et de régulation foncière et urbaine
de la wilaya de Blida - unité de Mouzaia.

Le maitre de l’ouvrage (DLEP) a conclu un marché de réalisation des travaux en date


du 26 mai 2008.

Compte tenu de l’insuffisance de la superficie du terrain d’assiette réservée au projet


dont l'étude du site de réalisation2, a prévu pour sa mise en œuvre une superficie de
6 000 m2, celle-ci a été dépassée aux dépens d'une propriété voisine en empiétant sur
une superficie de 2 200 m2, sans recourir aux voies légales d'expropriation pour cause
d'utilité publique prévue par la loi n°91-11 du 27 avril 1991, modifiée et complétée.

Cette situation a conduit le propriétaire du terrain à intenter une action devant le tribunal
administratif de Blida contre la commune de Beni Tamou, exigeant une compensation,
considérant cette dernière comme étant le maitre d’ouvrage.

Faute d’une présentation des moyens de défense nécessaires de la part du représentant


légal de la commune, notamment la demande de soustraire la commune du litige, celle-
ci a été condamné par arrêt du 06 décembre 2017 à verser une indemnité d'un montant
de 69 104 960 DA. Ainsi, le coût total du terrain supporté par le budget de la commune
a atteint 113 304 960 DA, tandis que le coût de réalisation du CEM, pris en charge dans
le cadre du PSD, s’est élevé à 51 889 252,75 DA, soit la moitié du prix du terrain sur
lequel le projet a été réalisé.

- Cas de la commune et de la wilaya de Blida

Par arrêté du wali du 04 janvier 1992, une coopérative immobilière a bénéficié d'un
terrain d'une superficie de 7 200 m2 pour une valeur de 1 482 200 DA dans le but de
construire 60 logements avec locaux commerciaux, suivi d’un acte notarié en date du
30 mars 1992 et d’un permis de construire daté du 12 novembre 2005.

1
Selon l'évaluation des services de la direction des domaines de la wilaya de Blida.
2
Procès-verbal de choix du terrain du 24 avril 2007.

252
Les travaux ont été entamés en date du 25 septembre 2007 et ont causé des dommages
au réseau d'eau potable, ce qui a conduit l’Algérienne des Eaux (unité de Blida) à saisir
la commune de Blida en vue d’ordonner à la coopérative d'arrêter les travaux. A son
tour, la coopérative a intenté, successivement, trois procès contre la commune de Blida
devant la chambre administrative, laquelle a considéré l’action de la commune comme
juridiquement fondée.

Par ailleurs, et dans l’objectif de retirer définitivement le terrain de la propriété de la


coopérative, le wali de Blida, par arrêté du 12 octobre 2009, a annulé l’arrêté du
04 janvier 1992 portant transfert de propriété du terrain au profit de la coopérative, en
se basant sur un rapport de l'inspection générale de la wilaya. Ce dernier a précisé que
la demande de permis de construire présentée par cette coopérative projetait la
construction de 60 logements avec locaux commerciaux en (R+3) contrairement aux
dispositions de l'ordonnance 76-92 du 23 octobre 1976, relative à l'organisation de la
coopérative immobilière, qui vise à permettre au citoyen d'acquérir un logement
personnel et familial, et non de construire des locaux commerciaux. De plus, le dossier
technique déposé en appui de la demande de permis de construire comportait plusieurs
infractions, dont le non-respect de la distance du périmètre de sécurité entre le projet et
les bâtisses des services de sûreté qui lui sont adjacentes et le passage des canalisations
des eaux usées et pluviales et d’eau potable sur le terrain en question.

Par ailleurs, ce terrain est inscrit aux réserves foncières de la commune afin de le
protéger contre toute appropriation illégale1.

De son côté, la direction des domaines de la wilaya de Blida a entamé, à partir de 2010,
un procès devant le tribunal administratif contre cette coopérative en vue de l’annulation
de l’acte notarié du 30 mars 1992.

Après plusieurs années de procédures (Tribunal administratif de Blida, Cour de Blida,


Conseil d’Etat), la commune de Blida a été condamnée, par arrêt du tribunal de Blida
du 30 janvier 2017, à verser la somme de 354 315 000 DA en réparation de l’atteinte de
la propriété de la coopérative en réalisant un projet d’aménagement urbain sur le terrain.

Il est à noter que la commune a fait appel de l'arrêt précité devant le conseil d'Etat qui a
rendu un arrêt le 20 juillet 2017 suspendant l'exécution de l'arrêt rendu par le tribunal
administratif de Blida jusqu'à ce que l'appel soit tranché. Cependant, cette décision est
intervenue tardivement du fait que l’exécution de la condamnation (versement de la
somme par le trésorier de la wilaya) a eu lieu en date du 17 juillet 2017, soit trois (03)
jours avant que l’arrêt du conseil d’Etat ne soit rendu.

1
Suivant la délibération du 30 janvier 1989 de l'APC de Blida.

253
La coopérative immobilière ne se contentant pas de cette indemnisation a engagé, aussi,
une action en justice contre la wilaya de Blida qui a été condamnée à son tour par un
arrêté du 07 décembre 2021 à verser la somme de 113 800 000 DA. Le prélèvement
d’office a été appliqué sur le budget de la direction de la jeunesse et des sports de la
wilaya de Blida qui a utilisé ledit terrain pour réaliser un stade de proximité pour lequel
elle a déboursé une somme de 7 561 476 00 DA, sans attendre l'issue judiciaire du litige.

L’absence de coordination entre les autorités publiques locales représentées par la


commune de Blida, la Wilaya de Blida, la direction des domaines qui étaient toutes les
trois adversaires d'une même partie en l’occurrence la coopérative immobilière a été à
l’origine de l’émergence du litige qui a entraîné un préjudice financier aux deux
collectivités totalisant 468 115 000 DA. Rappelons que ladite coopérative a bénéficié
illégalement d’un terrain des réserves foncières de la commune et a obtenu un permis
de construire sans vérification du dossier technique du projet, ce qui a entraîné l’arrêt
des travaux de construction en raison de sa violation des lois et règlements en vigueur,
Par ailleurs, la contradiction en matière de défense entre la wilaya et la commune de
Blida se manifeste clairement de la lecture de l'arrêt n° du 30 janvier 2017 condamnant
la commune de Blida, qui, à travers son représentant légal, le P/APC, a sollicité le refus
de la demande de révision et son retrait du litige vu qu’elle n’a pas été à l’origine de
l’annulation de l’arrêté portant le transfert du terrain à la coopérative immobilière, et
l’arrêt de son projet promotionnel et que la wilaya est responsable de l'indemnisation.
De son côté, la wilaya de Blida, à travers sa défense a aussi demandé son désistement
du litige car l'enquête menée par l'expert judiciaire est claire en la matière, puisqu’elle
n’est pas partie dans l’affaire dès le début et que la partie en charge de l'indemnisation
est la commune de Blida.

Si les efforts de la défense des parties concernées ont été focalisés sur l'annulation de
l’arrêté portant le transfert de la propriété du terrain au profit de la coopérative
immobilière et de l’acte de propriété dans l'attente d'une décision définitive à cet égard,
il aurait été possible d'éviter le jugement d'indemnisation, mais les parties attaquées se
sont emparées d’une grande partie de cette assiette foncière pour la réalisation d’un stade
de proximité et de travaux d’aménagement urbain sur la base desquels la coopérative
immobilière a eu gain de cause contre elles.

2.8. Absence du suivi des affaires contentieuses

L’absence d’initiatives en vue d’un règlement à l’amiable de leurs litiges et le défaut de


maitrise des dossiers de contentieux sont les principales causes des condamnations des
pécuniaires prononcées à l’encontre des collectivités locales par des décisions de justice.
Ces défaillances sont conjuguées à l’absence de suivi rigoureux de leurs affaires devant

254
les différentes instances judiciaires, n’usant pas toujours des voies de recours contre les
décisions judiciaires prononcées par les premières instances, ce qui aboutit au jugement
définitif d'indemnisation financière. Dans ce contexte, il y a lieu de citer le cas de la
commune de Massaad (wilaya de Djelfa), qui, faute de désigner un représentant pour
défendre ses intérêts, n’a fait appel que contre deux (02) arrêts sur un total de 37 arrêts
rendus à son encontre durant les années 2016 à 2020, la condamnant à un montant de
157 503 105,85 DA.

Par ailleurs, l'absence de coordination et d'échange d'informations entre le service du


contentieux et les autres services de la commune, notamment le service des finances et
de la comptabilité, conduit souvent à la perte des affaires. Tel est le cas au niveau de la
commune d'Ouamri (wilaya de Médéa), où le service des finances a établi un mandat de
payement d’une situation de travaux au profit d’une entreprise cocontractante d’un
montant de 1 438 816,74 DA, en date du 06 décembre 2018, alors que l'entrepreneur
avait intenté une action en justice contre la commune pour non-paiement de ladite
situation, et qu'une décision de justice a été rendue contre la commune l'obligeant à payer
ladite somme le 05 décembre 2018, soit avant la date du payement, ce qui a obligé la
commune à émettre un titre de perception pour récupérer la somme versée à tort.

L'absence du représentant de la commune devant le tribunal pendant le déroulement du


procès est considérée comme une négligence et un abandon des droits de la commune,
d'autant plus que les collectivités locales disposent de larges pouvoirs pour ester en
justice en leur propre nom et pour leur propre compte directement sans l'obligation de
se faire représenter par un avocat durant les différentes étapes du procès1.

Rappel des précédentes recommandations contenues dans le rapport


annuel de 2021

- Inciter les collectivités locales à privilégier le règlement amiable des litiges notamment
en introduisant systématiquement dans tous les cahiers des charges, la clause y relative
et en rendant effectif les comités de wilaya créés à cet effet ;
- Se conformer aux procédures légales relatives à l’exécution de la dépense publique,
mettre fin à la prise en charge des dépenses sans disponibilité des crédits budgétaires et
se conformer aux procédures du contrôle préalable des engagements ;

1
Conformément aux dispositions des articles 538, 558, 828 et 906 du code de procédure civile et administrative.
Modifié et complété.

255
- Renforcer les services du contentieux par un encadrement spécialisé pour permettre
aux collectivités locales de mieux défendre leurs intérêts et prendre en charge
convenablement les affaires portées en justice.

Recommandations

- Instaurer une coordination entre la wilaya et ses communes en matière de suivi de leurs
affaires litigieuses ;
- Exhorter les responsables locaux à mettre un terme aux décisions impromptues
préjudiciables aux budgets locaux ;
- Le ministère de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire
est invité à instruire les collectivités locales à l’effet de procéder à l’assainissement des
avances à régulariser relatives aux débits d’office.

Réponse du Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur,


des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire

Dans le but de mettre en place des mécanismes opérationnels visant à remédier aux causes à
l’origine de l’accentuation du nombre de décisions de justice prononcées à l’encontre des
collectivités locales, notamment celles portant sur des condamnations pécuniaires exécutées
par un prélèvement direct auprès du trésor public, un ensemble de mesures a été pris et classé
à savoir :

1. Elaboration d’instructions et notes de cadrage à l’adresse des


communes et des wilayas portant sur la méthodologie de traitement des
dossiers relatifs aux contentieux

Dans ce cadre, notre département ministériel a adressé aux gestionnaires locaux, plusieurs
instructions et des rappels qui visent à remédier aux insuffisances et dysfonctionnements
constatés à ce sujet. Il y a lieu de citer notamment :

- Instruction n°01 du 19 février 2015 relative à l’exécution des débits d’office résultant de
décisions de justice à l’encontre des Walis ;
- Instruction n°5137 du 21 juin 2017 relative aux débits d’office résultant de l’exécution de
certaines décisions de justice à l’encontre des collectivités locales ;
- Instruction n°3272 relative à la représentation des collectivités locales devant les différentes
instances judiciaires ;

256
- Instruction n°7650 du 19 septembre 2017 relative aux débits d’office résultant de l’exécution
de certaines décisions de justice à l’encontre des Walis ;
- Instruction n°10080 du 27 décembre 2017 relative à l’organisation et au fonctionnement du
service des contentieux au niveau local ;
- Instruction n°1200 du 19 septembre 2018 relative au suivi et à l’évaluation des prestations
offertes par les avocats conventionnés avec les collectivités locales ;
- Instruction n°02 du 22 janvier 2020 relative à l’établissement des décisions d’expropriation
de biens pour utilité publique ;
- Instruction n°5720 du 15 novembre 2020 relative au comité de règlement à l’amiable des
litiges soulevés lors de l’exécution des marchés publics ;
- Instruction n°15835 du 16 novembre 2021 relative aux insuffisances enregistrées lors de la
prise en charge des litiges locaux.

2. Formation des cadres et fonctionnaires des collectivités locales dans le


domaine de la finance et du budget

- Lancement d’une opération à grande échelle de formation au profit des fonctionnaires


opérant dans les domaines de la finance et du budget au niveau des communes ainsi que les
chefs de services des wilayas pour leur fournir les techniques et savoir-faire nécessaire afin
d’éviter de nouveaux litiges avec les partenaires contractuels des collectivités locales.
- La formation de tous les Présidents d’assemblées populaires communales (ordonnateurs)
dans plusieurs volets relatifs à la finance et les budgets locaux, les marchés publics, et les
contentieux.

3. Elaboration de notes de cadrage spécifiques au sujet de la méthodologie


de l’établissement et de l’exécution des budgets

- Chaque mois d’octobre avant le début de l’année budgétaire concernant les budgets
primitifs, et durant le mois de mai concernant le budget supplémentaire de l’année en cours,
des notes de cadrage sont transmises pour rappeler la nécessitée de respecter les principes
généraux du budget notamment l’équilibre budgétaire, la rigueur et la discipline financière et
budgétaire.
- Les services de l’administration de tutelle (la wilaya) vérifié l’exactitude des documents
budgétaires des communes avant leur approbation ; à travers le contrôle et l’audit préalable.
- Par ailleurs, il est rappelé aux collectivités locales, de façon continue, la nécessité de
respecter les règles de la comptabilité publique et la réglementation régissant les marchés
publics, lors de l’exécution des dépenses.

257
4. La coordination entre les ordonnateurs et les trésoriers

- Les collectivités locales sont invitées à procéder régulièrement aux rapprochements des
écritures comptables entre les ordonnateurs et les trésoriers de façon périodique, pour qu’il
y’ait concordance entre le compte administratif et le compte de gestion.
- Dans ce cadre, le MICLAT a mis en place le mois de décembre 2022, un système
d’information pour le suivi de la situation des fonds disponibles au niveau des trésoreries
communales sur trois niveaux (ministère, wilaya et Commune) et qui est actualisé chaque début
de mois pour donner plus de transparence lors de la gestion des fonds de la trésorerie.

5. Régularisation des débits d’office exécutés à l’encontre des collectivités


locales

- Afin que les collectivités locales procèdent à la régularisation des débits d’office exécutés
à leur encontre, des instructions ont été émises par le biais de la note ministérielle n° 8632, du
01 juin 2023 portant l’encadrement de l’opération d’établissement des budgets
supplémentaires des communes et des wilayas au titre de l’exercice 2023 pour l’affectation des
dotations au cours de la confection des budgets supplémentaires pour régulariser ces débits
d’office. Aussi, des instructions ont été données à messieurs les Walis pour suivre l’état
d’avancement de cette opération.

6. Programmation des missions d’inspection

- Insertion du volet contrôle en ce qui concerne la situation des débits d’office dans le plan
d’action établi par l’inspection général de notre département ministériel pour l’année 2023.
- Il a été procédé à un recensement exhaustif et détaillé des débits d’office résultant de
décisions de justice définitives prononcées à l’encontre des collectivités locales, afin de
programmer des missions d’inspection au titre de l’année 2023.
- Plusieurs missions d’inspection ont été effectuées sur le dossier relatif aux contentieux et à
la situation des débits d’office durant les années 2020, 2021 et 2022, suivant lesquelles de
nombreuses réserves administratives et comptables ont été soulevées accompagnées par des
mesures appropriées à cet effet.

A cet égard, et afin de garantir l’application efficace des collectivités locales des instructions
données, les différents services de gestion et de contrôle relavant du ministère de l’intérieur,
des collectivités locales et de l’aménagement du territoire, procèdent à des opérations
d’évaluation périodique et continue du niveau d’application des dites instructions, ce qui
permet de remédier aux insuffisances relevées lors de la gestion au niveau local et la prise en
charge des contentieux qui génèrent des prélèvement d’office.

258
Il est aussi relevé que ces instructions ont permis de cerner les différents dysfonctionnements
rencontrés lors de la gestion au niveau locale et d’adopter un ensemble de recommandations
et de mécanismes ci-après:

 Veiller à la stricte application des textes juridiques et règlementaires en vigueur lors de la


gestion locale, notamment dans les domaines qui génèrent des incidences financières ;
 L’obligation de soumission et la conformité des actes locaux au principe de la légalité et le
respect de toutes les règles de forme et de fond que requit tout acte administratif ;
 Le respect strict des règles de rigueur relatives à la gestion des budgets et des opérations
financières notamment celles qui concernent des opérations d’émission de bons de commande
où d’ordres de service, et soumettre ces opérations financières au contrôle préalable ;
 Renforcer la coordination et le dialogue entre les différents services locaux au sujet des
actes administratifs entrepris, pour éviter toute éventuelle conflit ;
 A signaler qu’un travail de coordination avec messieurs les trésoriers de wilayas est rendu
nécessaire pour définir les secteurs concernés à l’origine des débits d’office, prononcés à
l’encontre des collectivités locales, considérant que chaque nomenclature budgétaire des
secteurs contient un chapitre dédié aux débits d’office y afférent pour chaque catégorie de
dépense (instruction n°7650 susvisée, établie en coordination avec les services des finances) ;
 Obliger les services contractants de wilayas à insérer dans le cahier des charges, la clause
de recourir à la procédure de règlement à l’amiable des conflits avant le recours judiciaire ;
 Déterminer le secteur ministériel bénéficiaire de l’opération d’expropriation pour utilité
publique dans le contenu de l’arrêté du Wali, afin de prévoir ce qui va prendre en charge les
indemnités de remboursement ;
 Intensification des opérations de contrôle et d’inspection par les services des wilayas,
chacun en ce qui le concerne, pour s’assurer du respect des conditions et mesures
réglementaires en vigueur en matière d’établissement des décisions et des actes administratifs,
ainsi que l’exécution des opérations financières ;
 Prendre toutes les mesures juridiques et judiciaires appropriées à l’encontre des
responsables locaux qui n’ont pas respecté leurs obligations juridiques.

Telles sont les principales mesures, instructions et orientations prises à cet effet.

Réponse du Wali de la Wilaya de Blida

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance ce qui suit :

Les prélèvements obligatoires résultant des décisions de justice rendues, depuis l’année 2016
jusqu'à l’année 2020, ont atteint un montant total de 98 969 978,14 DA. Ces jugements
résultent des motifs suivants :

259
1. Indemnisation des expropriations dans le but de l’utilité publique d’un montant de
46 394 000,00 DA ;
2. Non-respect des modalités réglementaires d’exécution de la dépense publique par le
biais des marchés publics, des conventions et des bons de commandes, d’un montant
de 8 132 232,32 DA ;
3. Jugements concernant les relations de travail d’un montant de 1 000 000,00 DA ;
4. Divers jugements qui concernent : l’indemnisation des dommages, la rémunération
de l’expertise, les honoraires d’avocats et les assurances, d’un montant global de
6 449 415,61 DA ;
5. Des jugements qui concernent d’autres secteurs, tels que les travaux publics, la jeunesse et
les sports, les impôts, l’urbanisme, l’environnement et le transport relevant d’autres directions
déconcentrées d’un montant de 36 994 330,21 DA.

Cette situation alourdit le budget de l’Etat par des prélèvements sur des crédits de
fonctionnement du ministère de l’intérieur et des collectivités locales, et rend l’ordonnateur
(directeur de l’administration locale) responsable pour non opposition à l’exécution des
jugements qui ne le concerne pas.

Il est supposé que ces prélèvements soient opérés sur les budgets sectoriels des directions
concernées, au lieu du secteur du ministère de l’intérieur et des collectivités locales (budget de
l’Etat).

Réponse du Wali de la Wilaya de Tissemsilt

En réponse à la note d’insertion relative à l’exécution des jugements rendus par les
juridictions compétentes, portant condamnations pécuniaires au titre des années 2016
jusqu’à 2020, ayant fait objet de prélèvements sur les budgets des collectivités locales,
j’ai l’honneur de vous informer que ces prélèvements directs sur les budgets des
communes citées au tableau ci-joint, sont dus au non respect par les personnes en
charge de la gestion des finances publiques des lois et règlements régissant le domaine,
en plus de l’absence de visa de contrôle préalable des services habilités.

En outre, nous avons relevé le manque de maîtrise et de compétence en matière de


gestion et de suivi des affaires contentieuses par les agents des services concernés au
niveau des communes. Cette situation a généré l’incapacité des communes à honorer
leurs engagements contractuels.

260
A cet effet, et en vue de mettre un terme aux dysfonctionnements et autres faiblesses
évoqués ci-dessus, qui sont les principales causes des jugements rendus en défaveur des
collectivités locales, ce qui constitue un fardeau supplémentaire aux budgets de celles-
ci, nous avons instruit les responsables locaux afin de prendre en charge le règlement
des situations ayant été l’origine de ce genre de contentieux, par le respect strict de la
réglementation en vigueur et, aussi, à privilégier la résolution des contentieux à
l’amiable, et ne plus engager les dépenses en absence de crédits nécessaires, et se
référer au contrôle financier préalable.

261
Nombre de
En attente
jugements Exécution par
Somme prononcée Montant Raisons du d’exécution par
Communes Nature du contentieux portant le trésorier
prélevé prélèvement le trésorier
sentences intercommunal
intercommunal
pécuniaires
- Manque visa
préalable du
31 43 979 295,78 43 979 295,78 contrôle
Theniet El Had
financier.
- Services de prestations.
Prélèvements
- Approvisionnements - manque de
effectués sur les
Khemisti et marchés publics. 07 24 237 707,91 24 237 707,91 compéence et de
maîtrise dans le Exécuté budgets des
- Contentieux foncier. domaine de la Communes
Laâyoune 05 9 506 000,00 9 506 000,00 réglementation concernées.
Ouled Bessam 19 12 830 872,00 12 830 872,00 des marchés
publics.
Sidi Abed 02 45 155 380,00 45 155 380,00
- Infraction à la
législation
régissant
l’urbanisme et
Lardjem 18 39 868 393,00 39 868 393,00 les règles de
l’expropriation
dans le cadre de
l’utilité
publique.

262
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune de Blida (Wilaya de Blida)

Vous avez présenté un rapport détaillé sur l’affaire de la coopérative immobilière, depuis
l’affectation à cette coopérative immobilière d’un terrain de 7 200 m2 dans le but de construire
60 logements avec commerces, suivie d’un contrat notarié en date du 30 mars 1992, à la suite
duquel elle a obtenu un permis de construire le 12 novembre 2005.

Et en conséquence, les travaux de construction ont été engagés, lesquels ont endommagé le
réseau d’eau potable, relevant de ADE- centre Blida. Cette dernière a émis une correspondance
indiquant que cette coopérative avait réalisé des constructions au dessus des canalisations
d’eau du centre de Blida et du quartier Ben Boulaid. Ainsi, et afin d’éviter tout danger, la
commune a été amenée à prendre une décision d’arrêt des travaux, d’autant plus que ce projet
s’est heurté également à l’opposition des habitants du quartier, et le litige a été porté devant
les tribunaux.

Et pour enfin récupérer le terrain de la propriété de la coopérative, le Wali de Blida a pris un


arrêté en date du 12 octobre 2009, annulant la décision du 04 février 1992 portant le transfert
de la propriété du terrain à la coopérative immobilière.

Le 30 janvier 2017, un jugement a été rendu par le tribunal administratif obligeant la commune
à payer un montant de 354 315 000,00 DA, en réparation des dommages causés à la propriété
de la coopérative immobilière du fait de la réalisation d’un projet d’aménagement urbain sur
son terrain. Le 08 février 2017, ce jugement, revêtu de la formule exécutoire, a été notifié à la
commune.

Le 06 avril 2017, la commune a fait appel devant le Conseil d’Etat de la décision avec
suspension de son exécution. Une lettre a également été envoyée le 02 mai 2017 au trésorier
de la wilaya de Blida pour lui faire part de l’appel du jugement avec sursis à exécution, mais
le prélèvement obligatoire a été effectué le 17 juillet 2017 sur la trésorerie de wilaya, soit
avant que la décision de sursis à exécution ne soit rendue le 20 juillet 2017 par le Conseil
d’Etat, ordonnant le sursis d’exécution du jugement rendu par le tribunal administratif le
30 janvier 2017.

Et à la lumière de ce qui a été mentionné, et après avoir pris connaissance de tous les aspects
de la question, la commune de Blida tient à assurer le suivi et la coordination avec les services
de tutelle, et elle mettra tout en œuvre pour régulariser partiellement ce prélèvement.

263
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune de Beni Tamou (Wilaya de Blida)

En réponse à votre envoi relatif à l’exécution des décisions de justice portant condamnations
pécuniaires des collectivités locales, je porte à votre connaissance que la commune a acquis
un terrain de 5 200 m2 auprès d’un particulier (une dame), afin de réaliser un collège
d’enseignement moyen (CEM). Du fait que la commune n'est pas concernée par la réalisation
des CEM, elle a remis le terrain objet du litige au profit de la direction de l'habitat et des
équipements publics (DLEP), sous l'autorité du Wali, pour prendre en charge sa réalisation.
Lors de l’exécution des travaux de construction, l'entrepreneur a construit une superficie
supplémentaire de 2 159 m2 qui n'était pas convenue préalablement entre la commune et la
propriétaire du terrain et qui n'était pas incluse dans le contrat d’achat de ce terrain.

C’est ainsi que la propriétaire du terrain a intenté des actions en justice pour obtenir des
dommagements.

Après plusieurs jugements et expertises, la commune a été comdamnée par jugement du


12 juin 2017, revêtu de la formule exécutoire, à payer un dédommagement au demandeur d’un
montant de 69 104 960 DA en plus d’un montant de 130 000 DA représentant les frais des
expertises judiciaires. Ces montants ont été prélevés directement du compte de la trésorerie
communale.

De son côté, la commune a intenté une action en justice pour obliger la propriétaire à
parachever les procédures de transfert de propriété de la parcelle de terrain indemnisée par la
commune. Néanmoins, le jugement rendu en faveur de la commune, en date du 02 novembre
2020, n’a pas pu être exécuté en raison du changement de résidence de l’intéressée qui s’est
retrouvée en dehors de la compétence térritoriale du huissier de justice de la commune qui ne
peut dépasser la compétence de la Cour de Blida.

En conséquence, les procédures restantes n’ont pas été concrétisées.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Mouzaia (Wilaya de Blida)

J’ai l’honneur de vous faire part, à travers les deux tableaux suivants, des mesures prises par
la commune ainsi que nos observations au sujet des prélèvements d’office.

264
1. prélèvements d’office pour l'année 2019

Nature de Raison du non- Mesures prises


Partie Montant du
N° prestation paiement dans par la Observations
contractante prélèvement
fournie les délais commune

Projet non inscrit au


Aménagement
budget de la commune.
et revêtement
Ce projet a été réalisé
de la placette Refus de visa
Régularisé par sur ordre du chef de
en face du par le
01 Entreprise L.F. mandat n°771 daïra de Mouzaia dans le
marché de 18 998 118,8 DA contrôleur
du 11/03/2020 cadre de la préparation
proximité, financier
de la visite du Premier
Mabsut Rabeh
ministre pour inaugurer
année 2013
le marché de proximité.

L'opération a été
budgétisée dans la
section équipement en
2012 sous le n°33/2012
EPWG CET
pour un montant de 2 258
Gestion des établissement
Refus de visa 241,24 DA et en 2013
ordures public de wilaya Régularisé par
par le sous le n°06/2013 d'un
02 ménagères de gestion des 8 870 916,23 DA mandat n°772
contrôleur montant de 5 500 000,00
année centres du 11/03/2020
financier DA. Elle a été rejetée par
2012/2013 d’enfouissement
le contrôleur financier
technique
pour fausse imputation
budgétaire. Cette
opération relève du
budget de fonctionnement
Les sacs à dos et articles
scolaires ont été reçus
après l’attribution
provisoire et avant le visa
du contrôleur financier
en raison du besoin
d'urgence dû à la rentrée
scolaire. La convention a
Fourniture des fait l’objet d’un rejet
sacs à dos et Refus de visa provisoire du contrôleur
Régularisé par
articles par le financier en raison de
03 M. B. H. M. 3 996 865,40 DA mandat n°773
scolaires contrôleur certaines réserves.
du 11/03/2020
pour l'année financier Et après avoir levé les
2017 réserves, le président de
l'assemblée populaire
communal s’est présenté
pour un second mandat,
ce qui a entravé la
signature des fiches
d’engagement et le
respect du principe de
l’annualité budgétaire
Acquisition de
40 tonnes de Refus de paiement par le
bitume utilisé Refus de Régularisé par trésorier pour manque de
Entreprise S.
04 dans les 244 640,00 DA paiement par le mandat n°774 visa du service technique
Blida
travaux de trésorier du 11/03/2020 sur la facture (service
route année fait)
2015
Etude de sol,
suivi,
Le contractant n'a pas
réalisation et Refus de Régularisé par
Bureau d’études remis le procès-verbal de
05 équipement 129 450,00 DA paiement par le mandat n°775
Z.Z.A. réception provisoire de
d'une annexe trésorier du 11/03/2020
l'étude
administrative
en 2014
Total 32 239 981,43 DA

--Remarque : Tous les prélèvements d’office notifiés en 2019 ont été régularisés
.

265
2. A/S des bons de commande d’Algérie télécom

Nature des prestations Partie Montant du


Observation
fournies contractante prélèvement
Un projet marché de régularisation a été
présenté à la commission des marchés et
approuvé par décision n°31 du 16/10/2017 a
Installation de la fibre été visé par le contrôleur financier le
optic qui garantit la 31/12/2017, et en conséquence, il a été
Société
connectivité du réseau mandaté à plusieurs reprises pour un montant
500 000,00 DA Algérie
biométrique siège de la de 10 168 796,92 DA, le dernier mandat en
Télécom
commune et les annexes date du 18/08/2019. Cependant, le paiement a
administratives été rejeté par le trésorier selon plusieurs notes
de rejet, la dernière note de rejet sous le n° 23
du 09/03/2019. Une réquisition a été délivrée
pour payer le mandat n°36 le 11/04/2019.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Tissemsilt (Wilaya de Tissemsilt)

1. Concernant la société des expositions

- L'objet de l'affaire se résume au fait qu’un propriétaire d'une société des expositions avait
demandé en date du 17 novembre 2015, une autorisation à la commune pour tenir une foire
commerciale sous un chapiteau géant.

- Après le paiement des frais de location du terrain devant abriter la foire commerciale, celui-
ci a bénéficié de l’autorisation requise par arrêté du Président de l'assemblée populaire du 18
novembre 2015, qui fixe la période de la tenue de la foire à (15) quinze jours, à compter de la
date du 15 décembre 2015.

- Les 16 et 17 décembre 2015, un groupe de commerçants de la commune de Tissemsilt a déposé


un recours auprès de toutes les autorités civiles et de sécurité de wilaya, contestant la légalité
de la tenue de cette manifestation justifiant leur refus par le fait que cette foire affecte
négativement l’activité commerciale au sein du terroire de la commune et risque d’exposer les
commerçants de la commune à des pertes financières importantes.

- En vertu d’un arrêté du 18 décembre 2015, la commune a annulé l’autorisation


d’organisation de la foire commerciale. Compte tenu des difficultés de notification et de la
nécessité absolue, la décision d’annulation a été notifiée à l’intéressé par le biais des services
de sécurité un jour de repos hebdomadaire.

266
- Le 30 décembre 2015, la société des expositions a intenté une action en justice demandant
l'annulation de l’arrêté émis par nos services en date du 18 décembre 2015, et nous obligeant
en conséquence à lui verser une indemnité financière, en compensation pour les dommages
causés par cette procédure.

- Considérant que la décision d’annulation de l’autorisation, objet de l’action, vise


principalement à maintenir une activité commerciale fluide dans le terroire de la commune et
dessert les commerçants permanents, et que c'est fondamentalement une décision qui sert
l’intérêt général et qu’elle n'est contraire à aucune règle de droit.

- Considérant qu'aux termes de la délibération de l'assemblée populaire communale du 31


décembre 2015, il a été décidé d’informer le demandeur du montant qu'il a payé pour la
location du terrain sur lequel devait se tenir la foire, ce qui atteste de l’intention des services
de la commune à lui restituer le montant de 120 000,00 DA (cent vingt mille dinars algériens),
qu’il a payé auprès du trésorier communal après approbation légale, et donc, nous avons
essentiellement demandé le non-lieu pour défaut de fondement juridique.

- Le 09 mai 2016, le tribunal administratif a comdanné la commune à verser à ladite société un


montant de 4 952 760,00 DA au titre des frais d’organisation de la foire, 400 000,00 DA pour
les dommages, et 33 000,00 DA pour les frais.

- Nous avons introduit un recours d'appel et une demande d'arrêt d'exécution au Conseil d'Etat.
La demande de sursis à exécution a été acceptée après que la société ait encaissé les sommes
précitées. Et parceque l'appel ne suspend pas l'exécution, la société a pu obtenir les sommes
prononcées en sa faveur. Sur le fonds, l’instance judiciaire a confirmé le 19 décembre 2019 la
décision attaquée.

2. Concernant l’entreprise de construction et de travaux publics

- L'affaire concerne le propriétaire d'une entreprise de construction et de travaux publics,


Tissemsilt, qui a conclu avec l'administration communale un marché le 15 janvier 2014, visé
par la commission communale des marchés, portant sur la réalisation d’un projet
d'aménagement du siège de la commune de Tissemsilt, avec un montant de 16 790 295,00 DA
et un délai de réalisation prévisionnel de six (06) mois.

- Après l’engagement des travaux de réalisation du projet par l’entreprise soumissionnaire et


suite à plusieurs visites sur le terrain, par les autorités de tutelle, dirigées par le Wali, ainsi
que la commission du ministère de l'intérieur, des instructions verbales ont été données par ce
dernier à l'administration communale, dirigée par le président de l'assemblée populaire
communale à l’effet d’améliorer ce projet et lui donner une image convenable puisqu'il s'agit

267
d'un service public d'accueil des citoyens (service d'état civil). Cela a été fait en ordonnant à
l’entreprise de réalisation d'utiliser des matériaux de construction plus esthétiques et de haute
qualité.

- Conformément aux instructions et recommandations émises, l’entreprise a entammé la


réalisation des travaux sur le terrain comme convenu, ce qui a entraîné une augmentation
significative du coût financier du projet, s'élevant à un montant de 35 344 363,86 DA, en raison
des quantités importantes de travaux supplémentaires dans le cadre et en dehors du marché .

- Après avoir réalisé un avancement des travaux de 90% par l’entreprise de réalisation et
compte tenu de l’insuffisance du montant alloué à l'opération pour couvrir la valeur des travaux
réalisés sur le terrain, les services de la commune ont adressé le 26 août 2015 une
correspondance à monsieur le Wali, sollicitant une prise en charge administrative et financière
du projet. Dans cette correspondance, la commune a fait état également de ses difficultés à
inscrire une nouvelle opération avec un même intitulé (2ème tranche) en raison du refus du
contrôleur financier de la wilaya, motivé par l’avancement très important des travaux et les
prescriptions du premier cahier des charges de l'opération.

- Face à l'aggravation de la situation et à l'impossibilité de trouver une solution administrative


et juridique par les autorités de tutelle, les services de la commune n'ont pas été en mesure de
régler la situation des travaux impayés en faveur de l’entreprise. Cette dernière a donc intenté
une action en justice contre la commune devant le tribunal administratif, pour l’obliger à lui
verser une somme de 35 344 363,86 DA en contrepartie des travaux qu'elle a accompli à son
profit, au titre de la réalisation du projet d'aménagement du siège de la commune, en plus d'une
demande de dédommagement pour le retard de paiement de ses créances impayées.

- Par extrapolation des faits susvisés, la commune a prouvé explicitement qu'elle a utilisé tous
les moyens légaux pour dégager sa responsabilité concernant son incapacité à remplir ses
obligations envers l’entreprise créancière.

- Le 27 mars 2017, la commune a été condamnée à payer en faveur du demandeur la somme de


33 781 583,75 DA pour les travaux achevés et une indemnité de 3 000 000 DA pour dommages
et frais d'expertises.

Sur cette base, les services de la commune ont déposé une demande d'appel et une demande de
sursis à exécution au Conseil d'Etat le 24 avril 2017 qui ont abouti à l’acceptation de la
demande de sursis à exécution et à la confirmation du jugement attaqué.

Le responsable de la société a fait l’objet d’une condamnation pénale de deux (02) ans de
prison avec sursis en date du 07 décembre 2020 dans la même affaire.

268
08. LA GESTION DES INFRASTRUCTURES SPORTIVES
ET LA PROMOTION DES SPORTS DANS LES COMMUNES
RELEVANT DES WILAYAS DE TLEMCEN, TIARET,
SIDI BEL-ABBES, NAAMA ET AIN TEMOUCHENT

Les communes disposent de larges prérogatives en matière de gestion des


infrastructures sportives de proximité, elles sont chargées notamment d’assurer
leur entretien et leur maintenance ainsi que d’animer et de promouvoir les activités
sportives, que ce soit de manière directe, à travers les structures et les organes
communaux, ou par le biais de concession au profit des différentes associations
sportives.

Les vérifications effectuées, par la Cour, sur un échantillon de communes des


wilayas de Tlemcen, Tiaret, Sidi Bel-Abbès, Naama et Ain Témouchent et portant
sur la période 2018 à 2021, ont mis en évidence que ces dernières peinent à se
réapproprier leur rôle en matière de valorisation des infrastructures sportives et
de promotion de la pratique sportive locale.

En effet, les communes n’ont pas pris les mesures nécessaires pour assurer
l’entretien et la réhabilitation de toutes leurs infrastructures sportives, d’où l’état
de dégradation d’un bon nombre d’entre-elles, au point de ne pas permettre leur
utilisation régulière et sécurisée. Les projets d’équipement inscrits dans le cadre
de l’aménagement et/ou la réhabilitation des infrastructures de sports, dont le taux
d’exécution des crédits n’a pas dépassé 58%, sont surtout orientés en faveur des
infrastructures dédiées à la discipline de football.

S’agissant de la mission de promotion et d’encouragement de la pratique sportive,


la majorité des communes contrôlées tardent à mettre en place les organes et les
structures règlementaires prévus à cet effet et à assurer leur fonctionnement
régulier et effectif, particulièrement, le conseil communal des sports et la
commission permanente de l’assemblée chargée des sports. Cette carence est
accentuée par la faible implication des associations locales pour lesquelles sont
confiées la gestion d’une partie de ces infrastructures. Aussi, l’octroi des
subventions à ces associations n’est pas toujours assujetti à des contrats
programme traduisant clairement leurs engagements en faveur de la promotion et
l’encouragement de la pratique du sport.

269
Les collectivités locales disposent de larges prérogatives dans le secteur des sports. Au-
delà de la réalisation et de l’équipement des infrastructures sportives, elles sont chargées
d’assurer leur gestion ainsi que d’animer les activités sportives, que ce soit de manière
directe, à travers les structures et les organes communaux, ou par le biais de subventions
accordées aux différentes associations sportives.

Toutes ces prérogatives concourent à l’encouragement de la pratique physique et


sportive par les citoyens et leur épanouissement physique et intellectuel, contribuant par-
là, à préserver leur santé, occuper leur temps libre et les prémunir des multiples fléaux
sociaux, notamment en milieu juvénile1.

Pour faciliter l’exercice de ces prérogatives, les assemblées populaires communales


peuvent prendre toutes les mesures organisationnelles et financières, visant à animer les
activités sportives et à optimiser l’exploitation des infrastructures y afférentes. Dans ce
sens, elles sont tenues de mettre en place un cadre organisationnel permettant de gérer
les infrastructures sportives et de suivre les actions à caractère sportif. Elles doivent
aussi installer des commissions consultatives, notamment la commission permanente
chargée des sports et de la jeunesse et le conseil communal de sports.

Alors qu’au titre de son rapport annuel 2022, la Cour des comptes a mis en exergue les
conditions de réalisation et d’équipement des infrastructures sportives, dans le présent
rapport annuel, ses investigations ont été portées sur les conditions de leur exploitation
ainsi que les actions entreprises par les communes en vue de la promotion et de
l’impulsion des activités sportives2.

Les vérifications ont porté sur la période 2018 à 2021 et ont ciblé un échantillon de 16
communes, relevant des wilayas de Tlemcen, Tiaret, Sidi Bel-Abbès, Naama et Ain
Témouchent,3 sélectionnées en raison de l’importance du nombre d’infrastructures
sportives et leur diversité. Les contrôles se sont basés sur les données collectées à travers
les canevas et questionnaires renseignés par les responsables communaux, les entrevues
organisées avec les principaux gestionnaires concernés ainsi que les déplacements
effectués sur sites pour s’enquérir de la situation réelle de certaines infrastructures4.

1
Cf articles 2 et 48 de la loi n°13-05 du 23 juillet 2013, relative à l’organisation et au développement des activités
physiques et sportives.
2
Les infrastructures sportives peuvent être gérées par les communes, par les directions de la jeunesse et des sports
(DJS), ainsi que par les offices omnisports qui sont des établissements publics à caractère administratif. La Cour
des comptes a limité ses investigations aux communes.
3
Il s’agit des communes de Tlemcen, Maghnia, Sebdou, Nedroma, Ouled Mimoun, Chetouane et El-Gor (wilaya
de Tlemcen), Tiaret et Sougueur (wilaya de Tiaret), Sidi Bel-Abbès et Boukhenafis (wilaya de Sidi Bel-Abbès),
Naama et Ain sefra (wilaya de Naama), Ain Témouchent, El-Maleh et Hammam Bouhadjar (wilaya d’Ain
Témouchent).
4
Les déplacements sur sites ont concerné 80 infrastructures sportives réparties sur 12 communes.

270
Il ressort du contrôle qu’en dépit de la disponibilité d’infrastructures sportives et de
moyens humains et financiers, les communes n’arrivent pas à contribuer pleinement à
la promotion des sports. En l’absence d’une organisation administrative adéquate et
d’une mise en place des différents organes consultatifs prévus à cet effet en plus des
insuffisances liées aux modes de gestion adoptés pour leur exploitation, les
infrastructures sportives communales souffrent d’un manque d’entretien alors que
certaines sont dépourvues d’équipements nécessaires à leur fonctionnement.

Par ailleurs, l’absence d’un programme d’action pour encourager et faciliter la pratique
sportive a fortement réduit l’impact des efforts financiers consentis par l’Etat dans le
secteur des sports1 et a transformé les subventions accordées en moyen de financement
du fonctionnement des associations sportives au lieu d’être un moyen de promotion des
activités sportives, de découverte des talents et d’émergence des élites sportives,
capables d’influencer les plus jeunes.

1. Gestion et suivi des infrastructures sportives

Etant la collectivité locale de base, les attributions de la commune ne se limitent pas à


la réalisation et l’équipement des infrastructures sportives, mais incluent aussi leur
gestion avec toutes les tâches qui en découlent en termes d’encadrement, d’entretien et
de maintenance. En effet, l’article 157 de la loi n°13-05 du 23 juillet 2013, relative à
l’organisation et au développement des activités physiques et sportives prévoit que
« l’Etat et les collectivités locales doivent doter les infrastructures sportives publiques,
à l’achèvement de leur réalisation, de moyens humains, matériels et financiers
nécessaires à leur encadrement, à leur gestion et à leur maintenance ».

Cependant, l’état de certaines infrastructures sportives montre que les actions


d’entretien et/ou de réhabilitation ne couvrent pas tous les besoins en la matière et
qu’elles sont orientées presque exclusivement à la discipline du football.

1.1. Etat des infrastructures sportives gérées par les communes

Les communes ciblées disposent au total de 259 infrastructures sportives de différents


types, dont 23 ont été réalisées durant la période 2018-2021 (10 à Tlemcen, 05 à
Ain Sefra, 05 à Ain Témouchent, 02 à Naama et 01 à Sidi Bel-Abbès).

1
Entre 2016 et 2020, l’effort financier consenti par l’Etat en faveur des 05 wilayas, dans le secteur des sports
avoisine les 13 Mrds de DA, portant sur les études, la réalisation, l’aménagement et l’équipement des
infrastructures sportives.

271
1.1.1. Des infrastructures sportives destinées principalement à la discipline du
football

Comme déjà constaté au rapport annuel 2022, les infrastructures sportives gérées par les
communes sous revue sont constituées, dans une proportion de 79,6%, d’infrastructures
dédiées au football. La situation se présente, au mois de juin 2022, comme suit :

Terrain de Autres infrastructures


Salle / Piscine /
Stade proximité sportives
Wilaya Commune terrain bassin de Total
communal et/ou
omnisport natation Nbre Désignation
combiné
01 jeu de boules, 01
terrain de Beach
volley, 01 salle de
gymnastique, 01 salle
Tlemcen 04 25 02 02 07 40
de judo, 01 salle
d’haltérophilie, 01
salle de boxe, 01 salle
de culturisme
01 salle de karaté, 01
Maghnia 01 22 00 01 02 26
Tlemcen salle de boxe
Sebdou 01 03 01 00 00 05

Nedroma 01 06 00 00 00 07
Ouled
01 07 00 01 00 09
Mimoun
Chetouane 00 11 01 00 00 12

El-Gor 01 03 00 00 00 04

Sous total 1 09 77 04 04 09 103


01 terrain de
Tiaret 03 32 01 04 04 basketball, 01 salle de 44
Tiaret judo, 02 salles de boxe
Sougueur 01 12 00 01 01 01 jeu de boules 15

Sous-total 2 04 44 01 05 05 59
01 centre d’équitation,
Sidi Bel-
Sidi Bel- 02 05 02 01 05 04 salles de sports de 15
Abbès
Abbès combat
Boukhenafis 01 06 00 00 00 07

Sous-total 3 03 11 02 01 05 22

Naama 00 12 01 02 00 15
Naama
Ain Sefra 02 09 01 01 00 13

Sous-total 4 02 21 02 03 00 28
01 salle de boxe, 01
Ain salle de karaté, 01
03 14 01 01 04 23
Témouchent terrain de basket-ball,
01 salle d’haltérophilie
Ain
Hammam
Témouchent 02 09 01 00 01 01 jeu de boules 13
Bouhadjar
01 jeu de boules, 01
El-Maleh 02 05 01 00 03 salle de karaté, 01 11
terrain de basket-ball
Sous-total 5 07 28 03 01 08 47

Total général 25 181 12 14 27 259

Source : Tableau établi par la Cour des comptes, à partir des canevas renseigné par les communes ciblées

272
1.1.2. Un nombre important d’infrastructures sportives en état de dégradation

L’état des infrastructures influe sur le degré de leur exploitation. Ainsi, des
infrastructures bien entretenues et équipées encouragent la pratique sportive.

Les infrastructures en bon état de fonctionnement ne constituent que 38% du total


recensé, contre 42% pour celles en état moyen et 20% pour les infrastructures dégradées.

Ces dégradations sont souvent dues à l’utilisation excessive des installations et au


manque d’entretien périodique, mais dans certains cas, elles sont la conséquence d’actes
malveillants, qui touchent les équipements, les grillages, et même le terrain.

La situation, au mois de juin 2022, se présente comme suit :

Etat des infrastructures


Nombre
Wilaya Commune Bon état Etat moyen Etat dégradé
d’infrastructures
Nbre Taux Nbre Taux Nbre Taux

Tlemcen 40 08 20% 23 57% 09 23%


Maghnia 26 00 00% 23 88% 03 12%
Sebdou 05 01 20% 04 80% 00 00%
Tlemcen Nedroma 07 06 86% 00 00% 01 14%
Ouled Mimoun 09 00 00% 06 67% 03 33%
Chetouane 12 08 67% 00 00% 04 33%
El-Gor 04 04 100% 00 00% 00 00%
Tiaret 44 21 48% 11 25% 12 27%
Tiaret
Sougeur 15 13 86% 01 07% 01 07%
Sidi Bel-Abbès 15 06 40% 07 47% 02 13%
Sidi Bel-Abbès
Boukhenafis 07 02 29% 04 57% 01 14%
Naama 15 13 87% 02 13% 00 00%
Naama
Ain Sefra 13 07 54% 06 46% 00 00%
Ain Témouchent 23 07 30% 09 40% 07 30%
Ain Témouchent Hammam Bouhadjar 13 00 00% 08 62% 05 48%
El-Malah 11 03 28% 04 36% 04 36%
Total 259 99 38% 108 42% 52 20%
Source : Tableau établi par la Cour, à partir des canevas renseignés par les communes et les visites sur sites

273
Etat des infrastructures
El Malah 3 4 4
Hammam Bouhadjar 0 8 5
Ain Témouchent 7 9 7
Ain Sefra 7 6 0
Naama 13 2 0
Boukhenafis 2 4 1
Sidi Bel-Abbès 6 7 2
Sougeur 13 1 1
Tiaret 21 11 12
El-Gor 4 0
Chetouane 8 0 4
Ouled Mimoun 0 6 3
Nedroma 6 0 1
Sebdou 1 4 0
Maghnia 0 23 3
Tlemcen 8 23 9

en bon état en état moyen dégradées

Dans le détail, les infrastructures dégradées concernent diverses disciplines sportives, et


relèvent tant des équipements que des installations elles-mêmes.

Alors que les dégradations affectant les terrains de proximité concernent le plus souvent
le terrain, le grillage de protection et l’absence des différents équipements, celles liées
aux stades et aux différentes salles de sports sont plus complexes, elles touchent le
terrain, les gradins, les vestiaires, la toiture, les réseaux de chauffage et d’eau. De même,
les équipements nécessaires à la pratique de certains sports sont désuets ou inexistants
(boxe, judo, etc).

Par ailleurs, certaines infrastructures enregistrent un état de dégradation qui ne permet


pas leur utilisation régulière et sécurisée, au point de constituer parfois un danger pour
les pratiquants, ce qui a contraint les communes à les fermer aux usagers.

Le tableau, suivant, montre, par nature d’infrastructures dégradées, celles qui ont été
interdites à l’exploitation :

274
Infrastructures
Commune Nature des infrastructures dégradées Exemples des dégradations
fermées aux usagers
02 stades communaux – 04 terrains de Terrain, éclairage, vestiaires,
01 terrain de proximité à
Tlemcen proximité - 01 jeu de boules - 01 salle de réseaux (chauffage et eau),
l’abandon
boxe - 01 salle de culturisme équipements divers
01 piscine – 01 terrain de proximité – 01 Equipements, dégradation
Maghnia 01 piscine
salle de boxe totale, éclairage, barreaudage
Terrain, vestiaires, éclairage,
Nedroma 01 stade communal
mur de soutènement
Ouled aménagements divers, terrain,
02 terrains de proximité – 01 piscine 01 piscine
Mimoun éclairage, barreaudage
Contentieux avec voisinage,
Chetouane 04 terrains de proximité
équipements, terrain, grillage,
Terrain, équipements 03 terrains de proximité
09 terrains de proximité – 01 salle de judo -
Tiaret manquants, grillage, gazon, – 01 salle de judo - 02
02 salles de boxe
éclairage salles de boxe
Equipements, aménagements
Sougueur 01 piscine 01 piscine
divers
Sidi 01 terrain de proximité – 01 terrain Dégradation totale, divers 01 terrain de proximité –
Bel-Abbès omnisports équipements 01 terrain omnisports
Boukhenafis 01 terrain de proximité Gazon, divers équipements 01 terrain de proximité
01 terrain de proximité -
Ain 03 terrains de proximité – 03 terrains de Travaux d’aménagement,
03 terrains de sports
Témouchent sports collectifs - 01 salle de boxe divers équipements,
collectifs
Hammam 01 stade communal – 03 terrains de Equipements, aménagements
Bouhadjar proximité – 01 jeu de boules divers
01 stade communal – 02 terrains de Equipements, aménagements
El-Maleh 01 jeu de boules
proximité – 01 jeu de boules divers, gazon
Source : Tableau établi par la Cour, à partir des canevas renseignés par les communes et des PV des visites sur
sites

Pour faire face à la dégradation des infrastructures et garantir leur utilisation continue et
sécurisée, la commune est chargée d’assurer leur entretien1.

Dans ce cadre, elle est tenue d’assurer l’entretien courant des infrastructures et/ou
d’inscrire des opérations d’équipement permettant de prendre en charge les actions
d’entretien et de réhabilitation occasionnant des coûts importants.

A ce titre, les comptes administratifs des communes ciblées montrent que les dépenses
d’entretien courant des infrastructures sportives engagées sur le budget de
fonctionnement sont quasiment inexistantes2, ce qui renseigne sur l’absence d’une
politique d’entretien continu des infrastructures. De ce fait, c’est le budget d’équipement
qui prend en charge les travaux d’aménagement et de réhabilitation desdites
infrastructures et ce, dans le cadre de projets inscrits à l’indicatif des communes.

1
Conformément à l’article 5 du décret n°81-371 du 26 décembre 1981, déterminant les compétences et les
attributions de la commune et de la wilaya dans les secteurs de la jeunesse et du sport.
2
Il s’agit particulièrement des dépenses imputées aux sous-chapitres 9 140, intitulé « terrains de sport, stades et
piscines » et 9 141, intitulé « encouragement aux sports », notamment les articles 609 (autres fournitures), 611
(entretien à l’entreprise) et 612 (acquisition de petit matériel et outillage).

275
Durant la période considérée, les communes sous revue ont bénéficié de 100 projets
d’équipement pour un montant global dépassant 1,24 Mrd de DA, destinés à
l’aménagement et à la réhabilitation des infrastructures sportives existantes.

L’analyse de ces projets appelle les observations suivantes :

- Des projets d’entretien qui ne répondent pas totalement aux besoins constatés

Mis à part certaines communes qui enregistrent un taux appréciable d’infrastructures


sportives bien entretenues (Chetouane, Nedroma, El-Gor, Sougueur, Naama et
Ain Sefra), les autres communes de l’échantillon sont marquées par une part importante
d’infrastructures dégradées (Ouled Mimoun, Hammam Bouhadjar et El-Maleh), ou dans
un état tout juste moyen (le reste des communes de l’échantillon). Néanmoins, face à
cette situation, les communes n’ont pas pris les mesures nécessaires pour l’entretien et
la réhabilitation de toutes ces infrastructures.

Il en est ainsi des communes d’Ouled Mimoun et Hammam Bouhadjar qui n’ont inscrit
aucun projet à cet effet, alors qu’elles enregistrent respectivement 03 et 05
infrastructures dégradées et 06 et 08 autres infrastructures dans un état moyen.

Par ailleurs, l’analyse des données fait ressortir ce qui suit :

- En dépit des besoins en aménagement et réhabilitation de plusieurs infrastructures


destinées aux sports de combats, aux sports collectifs et aux sports de natation, tel que
détaillé au tableau précédent, seules les infrastructures de football ont bénéficié des
projets inscrits.

En effet, à l’exception d’un seul projet relatif au renforcement de l’éclairage de la salle


de gymnastique (commune de Tlemcen), pour un montant de 3 millions de DA (0,24%),
le reste des projets d’aménagement ou de réhabilitation concernent les infrastructures
dédiées à la discipline de football (99 projets). Cette orientation des projets communaux
ne permet pas de répondre aux besoins d’entretien constatés dans les infrastructures
dégradées dédiées aux autres disciplines sportives, parmi lesquelles certaines sont
fermées, sans bénéficier d’aucune action dans ce sens, tel que détaillé ci-dessous :

276
Commune Infrastructure Nombre Observation
Salle de sport (boxe / culturisme) 02
Tlemcen
Jeu de boules 01
Piscine communale 01 fermée
Maghnia
Salle de boxe 01
Ouled Mimoun Piscine communale 01 fermée
Tiaret Salle de sport (boxe / judo) 03 fermées
Sougueur Piscine communale 01 fermée – sans équipements
Sidi Bel-Abbès Terrain omnisports (Volley, hand, basket) 01 fermé
fermés, dont 01 depuis le
Terrain de sports collectifs 03 tremblement de terre de
Ain Témouchent 1999
Salle de boxe 01
Hammam
Jeu de boules 01
Bouhadjar
El-Maleh Jeu de boules 01 fermé
Source : Tableau établi par la Cour, à partir des canevas renseignés par les communes et les visites sur sites

- Même lorsque les infrastructures relatives à la discipline du football bénéficient de


l’inscription de projets en leur faveur, ces derniers ne répondent pas à tous les besoins
en la matière, notamment les besoins en équipements, en éclairage et en clôtures.

A ce titre, les 99 projets relatifs à la discipline de football ont donné lieu à la réalisation
de 123 actions d’entretien, dont la majeure partie d’entre-elles était destinée aux terrains
de jeu (79 infrastructures), pour la mise en place de gazon synthétique (62
infrastructures), ou pour l’entretien du terrain (17 infrastructures). Le reste des actions
concerne notamment l’éclairage des terrains (09), la réalisation de clôtures (14 projets),
ainsi que divers travaux de réhabilitation (13 projets).

Le tableau, suivant, montre en détail, les actions prises en charge :

277
Nature des actions inscrites durant la période 2018 – 2021
N° Commune Gazon Divers Mur de
Etudes Terrain Eclairage Clôture Réseaux Equipement
synthétique aménagements soutènement

1 Tlemcen 2 16 - - - - 2 - -

2 Maghnia - - 11 2 1 - - - -

3 Sebdou - - 2 - - - 1 - -

4 Nedroma - - - - - - - 1 -

5 Chetouane - - 7 - 2 - - - -

6 El-Gor - - 4 - - - - - -

7 Tiaret - - 10 2 - 1 - -

8 Sougueur - - 4 3 - - - - -
Sidi Bel-
9 2 - 9 - 2 - 1 - -
Abbès
10 Boukhenafis - - 1 - - - 1 - -

11 Naama - - 6 4 6 - - - -

12 Ain Sefra - - 2 - 1 - 2 - -
Ain
13 - - 4 - - 1 2 - -
Témouchent
14 El-Maleh - 1 2 - - 1 3 - 1

Total 4 17 62 9 14 2 13 1 1
Source : Tableau élaboré par la Cour, à partir des états renseignés par les communes

Il est clair que ces actions s’inscrivent dans le cadre de la mise à niveau des
infrastructures de football (terrains de proximité ou terrains combinés), aux normes
règlementaires1, notamment en matière de gazon synthétique, de clôture, de filets de
protection et d’éclairage, néanmoins, cela aurait dû permettre aussi de remédier aux
diverses lacunes constatées dans beaucoup d’infrastructures, liées aux équipements
sportifs, à l’éclairage, à l’accès, à la sécurité, ainsi qu’aux travaux d’aménagement
nécessaires.

Même les responsables communaux font part de la nécessité de réaliser des travaux de
réhabilitation et d’installer l’éclairage, les équipements de sécurité (filet pare-ballons,
filet de toit et clôture) et divers équipements, et reconnaissent l’état dégradé des
infrastructures qui a amené à la fermeture de certaines installations (11). Ainsi :

1
L’instruction émanant du ministère de la jeunesse et des sports n°383/D.I.E.E.P/2020, relative à la réalisation
d’un terrain de proximité de football revêtu en gazon synthétique, éclairé et clôturé, a prévu la normalisation des
aires et terrains de proximité de football.

278
 toutes les installations en plein air ne disposent pas de filet de toit ;
 54 terrains de proximité et terrains combinés ne sont pas clôturés ;
 78 terrains ne disposent pas d’éclairage permettant la pratique du sport après le
coucher du soleil ;
 la majorité des stades communaux nécessite de grands aménagements relatifs aux
terrains, gradins, vestiaires et réseau de chauffage central.

- Des projets non lancés ou qui enregistrent un faible taux d’exécution

Au 30 juin 2022, la situation financière des projets inscrits dans le cadre de


l’aménagement et/ou la réhabilitation des infrastructures de sports, reflète un taux de
consommation des crédits n’excédant pas 58,33%.

A titre d’illustration, le tableau, ci-dessous, reprend les projets non lancés ou qui
connaissent les taux de consommation de crédits les plus faibles :
Unité : DA
Taux de
Année Nombre Crédits Crédits
Commune consommation Observations
d’inscription de projets alloués consommés
(%)
2018 03 26 953 500 13 335 526 49,48
Tlemcen
2020 02 12 789 530 5 315 339 41,56
Maghnia 2018 01 7 500 000 4 273 587 56,98
Nedroma 2019 01 46 866 000 1 414 667 3,02
Chetouane 2018 01 8 989 000 5 406 545 60,15
Tiaret 2018 01 96 126 712 13 935 102 14,50
dont 01 non
2018 02 16 479 550 3 478 132 21,10
Sougueur lancé
2019 01 2 763 215 00 0,00 non lancé
dont 02 non
2019 03 131 658 824 588 330 0,44
lancés
Sidi Bel-
Abbès 2020 02 83 160 000 767 728 0,92
2021 03 96 762 950 00 0,00 non lancés
Ain Sefra 2018 01 2 000 000 00 0,00 non lancé
El-Maleh 2018 01 13 200 000 8 900 717 67,43
Source : Tableau élaboré par la Cour, à partir des états renseignés par les communes

1.2. Modes de gestion des infrastructures sportives


La gestion des espaces de sports est un service public communal, qui peut être assuré
par la commune elle-même (gestion directe), par concession ou délégation, ou par le
biais d’un établissement public communal1.

1
Conformément aux articles 151 à 156 de la loi n°11-10 du 22 juin 2011 relative à la commune, modifiée et
complétée, et l’article 156 de la loi n°13-05 du 23 juillet 2013, citées précédemment.

279
En dehors de quelques infrastructures louées, la gestion directe et la concession, sous
forme de « mise à disposition » à des associations sportives, sont les deux (02) modes
de gestion adoptés par les communes considérées pour les infrastructures sportives
communales. Néanmoins, la mise en œuvre de ces modes de gestion est caractérisée par
beaucoup de lacunes.

1.2.1. Une concession ne répondant pas au cadre règlementaire

Les communes de Naama et Ain Sefra ont confié la gestion de toutes leurs
infrastructures sportives à des associations (associations sportives, associations de
quartiers, et même l’académie de la société civile). La commune de Tlemcen, pour sa
part, ne gère directement que huit (08) infrastructures, confiant le reste à diverses
associations.

Quant à la commune de Maghnia, elle a confié la gestion d’une salle de boxe à une
association sportive et celle d’Ain Témouchen a mis un stade de proximité à la
disposition de l’Office des établissements de jeunes (ODEJ) de la wilaya.

Ce mode de gestion qui vise à garantir une bonne utilisation des infrastructures et à
responsabiliser lesdits organismes quant à la protection des installations contre
d’éventuelles dégradations, a été néanmoins mis en œuvre en l’absence d’une
convention ou d’un cahier des charges déterminant les droits et obligations de chaque
partie et en violation du cadre règlementaire régissant l’exploitation des infrastructures
sportives par des organisations ou des associations1.

Dans les cas d’espèce, la gestion des infrastructures sportives doit, en effet, prendre
la forme d’une concession qui donne lieu au paiement d’une redevance au concédant
(la commune) et confère au concessionnaire la mission de veiller à la sécurité, la
maintenance et l’entretien de l’installation sportive concédée.

En conséquence, cette « mise à disposition » n’a pas empêché la dégradation de


certaines installations et la commune continue à prendre en charge toutes les dépenses
relatives à leur entretien et réhabilitation.

1
Prévu par l’article 156 de la loi n°13-05 du 23 juillet 2013, citée supra, le décret exécutif n°91-419 du 02
novembre 1991, relatif à la concession d'infrastructures sportives, ainsi que l’arrêté interministériel du 06 octobre
1999, fixant le modèle type du cahier des charges fixant les conditions particulières d'exploitation des
infrastructures sportives publiques concédées.

280
1.2.2. Une gestion directe en l’absence d’outils et de moyens nécessaires

Bien que certaines infrastructures sportives, notamment les stades communaux et les
salles omnisports, puissent être concédées à des associations ou à des organismes
publics, la quasi-totalité des communes ont opté pour la gestion directe de leurs
installations sportives.

Ce mode de gestion présente certains avantages qui renforcent la pratique sportive par
tout citoyen le désirant sans être affilié à une association, mais en revanche il requiert la
disponibilité de moyens humains qualifiés, dont certaines communes en sont
dépourvues et génère un coût de fonctionnement plus conséquent, en termes de salaires,
de frais d’entretien et de réhabilitation. De plus, il nécessite un suivi rigoureux
garantissant une bonne utilisation des installations et des équipements et une prise en
charge, dans les délais, des éventuelles dégradations.

Les données recueillies montrent que les communes concernées n’assurent pas une
bonne prise en charge des actions liées à ce mode de gestion, d’où la dégradation de
plusieurs infrastructures sportives (52), dont certaines sont fermées aux pratiquants, et
la détérioration et la perte de beaucoup d’équipements.

En outre, les communes n’ont pas équipé ces infrastructures en matériel de sécurité tout
comme elles ne les ont pas dotées en personnel en vue d’assurer leur gardiennage et leur
entretien. Ainsi, sur les 259 infrastructures relevant des communes :

 29 infrastructures seulement sont équipées de moyens de lutte contre les incendies


(dans 07 communes), ce qui peut avoir de graves conséquences notamment dans les
stades communaux accueillant des spectateurs et les espaces fermés (salles de sport) ;
 37 infrastructures uniquement sont dotées de gardiens (dans 10 communes), même si
leur nombre reste insuffisant (01 à 02 gardiens par structure) et 16 sont pourvues
d’agents chargés de l’entretien (dans 08 communes). Quant aux autres communes, elles
ont déclaré prendre en charge les travaux d’entretien et de maintenance par le service
des travaux, sans pour autant désigner des équipes spécialisées en la matière.

Cette situation a amené certaines associations et les jeunes des quartiers à se substituer
à la commune notamment pour assurer la sécurité et le nettoyage de quelques terrains et
stades de proximité.

281
Il convient de souligner, par ailleurs, que les communes n’ont entrepris aucune action
visant à mettre à contribution les utilisateurs des infrastructures sportives dans la mesure
où, durant la période 2018-2021, aucune association n’a eu à payer une contrepartie pour
l’utilisation des infrastructures1.

2. Promotion des activités sportives

La commune est l’un des acteurs assurant la promotion et le développement des activités
physiques et sportives. La loi n°13-05 du 23 juillet 2013, citée plus haut, prévoit en effet
qu’en la matière, l’Etat et les collectivités locales agissent dans ces domaines, en relation
avec les comités nationaux, les fédérations sportives, les ligues, les clubs et associations
sportifs, et toute personne physique ou morale de droit public ou privé2.

Pour mener à bien cette mission, les communes sont tenues de mettre en place les
organes prévus par la règlementation et de créer les structures dédiées à la gestion des
infrastructures sportives, l’assistance aux structures et organes chargés des sports 3,
l’organisation des activités sportives de masse, et la coordination des activités des
associations sportives4.

2.1. Organes et structures chargés de la promotion des activités sportives

Pour l’exercice de ses prérogatives en matière de promotion et d’encouragement de la


pratique sportive, la commune peut mettre en place les organes et les structures ci-après :

2.1.1. Le conseil communal des sports (CCS), un organe sans réel impact

Le CCS est un organe consultatif qui dispose de larges attributions en matière de gestion
des infrastructures sportives et de promotion du sport. A ce titre, il propose les mesures
susceptibles de valoriser les infrastructures sportives et d’assurer leur utilisation
rationnelle, et d’autre part, élabore un plan de développement sportif et veille à sa
réalisation, ce qui inclut les manifestations sportives5.

1
L’article 169 de la loi n°13-05 du 23 juillet 2013, prévoit la possibilité de réaliser des recettes liées à la
commercialisation des manifestations et spectacles sportifs.
2
Il y a lieu de citer notamment les articles 7, 43, 51, 55 et 120 de la loi n°13-05 du 23 juillet 2013, citée supra.
3
Article 122 de la loi n°11-10 du 22 juin 2011, précitée.
4
Article 6 du décret n°81-371 du 26 décembre 1981, cité plus haut.
5
Tel que prévu à l’article 1er du décret exécutif n°91-413 du 02 novembre 1991, fixant la composition,
l’organisation et le fonctionnement du conseil communal des sports, modifié et complété et l’article 115 de la loi
n°13-05 du 23 juillet 2013, susvisée.

282
Le CCS est structuré autour d’une assemblée générale, d’un bureau exécutif et d’un
président assisté d'un ou deux vice-présidents.

De par sa composition1, l’assemblée générale constitue un espace de concertation et de


prise de décisions et un outil idéal pour mener un travail de proximité avec les différents
acteurs du sport et mettre, ainsi, à profit leurs expériences pour orienter les actions de la
commune en direction de la promotion et du financement de diverses pratiques
sportives. Il s’agit en particulier du sport scolaire, sport universitaire, sport amateur,
sport pour personnes handicapées, sport pour tous, sport dans le monde du travail, sport
féminin, jeux et sports traditionnels, et la prévention et la lutte contre la violence dans
les infrastructures sportives2.

Cependant, sur les 16 communes considérées, 10 communes n’ont pas installé cet
organe3, alors que dans la commune de Tlemcen, le CCS n’a pas été renouvelé depuis
2016, ce qui le rend, par conséquent, inopérant.

Quant aux communes ayant installé le CCS4, il y a lieu de signaler que le bilan de ce
dernier reste mitigé et ne traduit pas la volonté des pouvoirs publics en faveur de la
valorisation des infrastructures sportives et la promotion des sports, et ce même en
tenant compte du gel des activités sportives en 2020 notamment, en raison de la
pandémie de la Covid 19. En effet, seules les communes de Sebdou et Sougueur ont
présenté des procès-verbaux de réunion et des bilans attestant de l’existence d’actions
concrètes et de l’organisation de quelques manifestations sportives (02 à 06
manifestations sportives par an), intégrant des actions en direction des associations
sportives ou de la ligue de wilaya du sport scolaire.

L’absence du CCS dans certaines communes et la faiblesse de ses activités dans d’autres
communes, réduisent fortement l’action de ces dernières en matière de promotion des
sports. Une situation qui témoigne du désengagement des responsables communaux de
ce domaine, qui considèrent que leur rôle se limite à la réalisation et l’équipement des
infrastructures sportives.

1
Selon l’article 4 du décret exécutif n°91-413, l’assemblée générale est composée notamment de : - un représentant
de l’assemblée populaire communale, - des présidents des ligues communales et clubs sportifs implantées dans la
commune, - du représentant du secteur de l’éducation, - des responsables chargés de la gestion des infrastructures
sportives communales et de proximité, …
2
Les communes peuvent participer au financement de toutes ces actions conformément à l’article 162 de la loi
n°13-05 du 23 juillet 2013, susvisée.
3
Il s’agit des communes de Nedroma, Ouled Mimoun, Chetouane et El-Gor, Tiaret, Sidi Bel-Abbès, Boukhenafis,
Naama, El-Maleh et Hammam Bouhadjar.
4
Communes de Maghnia, Sebdou, Sougueur, Ain Témouchent et Ain Sefra.

283
2.1.2. La commission permanente de l’assemblée chargée des sports est inopérante

Conformément à l’article 31 de la loi relative à la commune, l’assemblée populaire


communale crée en son sein des commissions permanentes, dans les domaines relevant
de sa compétence, parmi lesquelles une commission chargée « des affaires sociales,
culturelles, sportives et de jeunesse ».

Même si toutes les communes ciblées ont installé cette commission, son intervention en
matière de sports est quasi nulle et demeure réduite à la répartition des subventions
allouées aux associations. En effet, aucun document n’a été présenté pour justifier la
moindre action visant l’encouragement de la pratique des sports, l’organisation de
manifestations sportives ou même le recensement des infrastructures nécessitant des
travaux d’entretien et de réhabilitation en vue de proposer l’inscription de projets à cet
effet.

L’existence de cette commission au sein de l’organisation communale sans réelle prise


en charge de ses missions soulève plusieurs interrogations sur le rôle de l’assemblée
populaire communale et les attributions que le législateur a voulu conférer à ses
commissions permanentes.

2.1.3. Les structures de l’organigramme communal : des structures non pourvues


et des attributions non définies

La loi relative à la commune prévoit que cette dernière organise ses services en fonction
de son importance et du volume des tâches qui lui incombent1. La gestion et le bon suivi
des infrastructures sportives ainsi que la coordination avec les différentes associations
sportives nécessitent la création d’une structure communale (bureau ou section) et sa
dotation en personnel compétent et suffisant.

L’exploitation des données recueillies a montré que parmi les 16 communes ciblées, huit
(08) seulement ont créé, en leur sein, une structure spécifique chargée des infrastructures
et/ou activités sportives2. Dans le reste des communes, les affaires sportives font partie
des attributions confiées à des structures, qui se chargent, entre autre, des affaires
sociales, culturelles, touristiques, ou encore agricoles.

Même lorsque des structures spécifiques sont créées, l’absence d’une définition de leurs
attributions constitue un véritable handicap qui ne facilite pas leurs actions.

1
Article 126 de la loi n°11-10 du 22 juin 2011, citée supra.
2
Communes de Tlemcen, Maghnia, Nedroma, Sidi Bel-Abbès, Ain Sefra, Ain Témouchent, Hammam Bouhadjar
et El-Maleh.

284
La situation se présente dans ces communes comme suit :

 Les communes d’Ain Sefra et Ain Témouchent ont créé des bureaux chargés des
affaires sportives et les ont dotés de personnel administratif (03 et 04 agents
respectivement) ;
 Les communes de Sidi Bel-Abbès et El-Maleh ont créé un bureau non pourvu de
fonctionnaires jusqu’au mois d’août 2021 pour la première et le mois de mars 2022 pour
la seconde. Ces bureaux fonctionnent actuellement avec un seul agent ;
 La commune de Hammam Bouhadjer a créé un bureau chargé des affaires culturelles
et sportives, mais qui fonctionne avec un seul agent ;
 Les structures créées au sein des communes de Tlemcen, Maghnia et Nedroma n’ont
pas été pourvues et aucun personnel n’y a été affecté.

2.2. L’implication des associations dans la promotion de la pratique sportive

Pour assurer la promotion des activités sportives, les communes peuvent également
impliquer des acteurs externes dans le but, non seulement de garantir la bonne utilisation
des infrastructures, mais surtout pour encadrer les sportifs et encourager la pratique
sportive.

Dans ce sens, les activités sportives pouvant être financées par la commune concernent
aussi bien les domaines du sport scolaire et universitaire que le sport pour tous, sport
dans le monde du travail, ainsi que le sport féminin et les jeux et sports traditionnels.

En effet, les communes accordent 7% de leurs recettes fiscales annuelles aux diverses
associations locales, dont 4% au titre de leur contribution au fonds de wilaya de
promotion des initiatives de la jeunesse et des pratiques sportives et 3% allouée,
directement, aux associations bénéficiaires1.

La règlementation en vigueur conditionne l’octroi des subventions aux associations, par


l’établissement d’un contrat programme, qui détermine les objectifs poursuivis par
l’association et fixe ses droits et obligations, ainsi que les modalités d’utilisation de la
subvention. Les associations qui ne se sont pas conformées aux objectifs définis dans le
contrat programme ne sont pas éligibles au bénéfice des subventions2.

1
Conformément à l’article 17 de la loi n°01-12 du 19 juillet 2001, portant loi de finances complémentaire pour
2001 et l’instruction interministérielle n°002 du 23 octobre 2001, relative à l’application des modalités de mise en
œuvre de l’article 17 de la loi de finances complémentaire pour 2001.
2
Conformément à l’article 35 de la loi n°12-06 du 12 janvier 2012, relative aux associations et l’instruction du
Ministre des finances n°1344 du 21 juillet 2016, relative aux modalités de contrôle des subventions accordées par
l’Etat et les collectivités locales aux associations.

285
A l’exception de la commune de Chetouane, toutes les autres communes de l’échantillon
ont attribué, durant la période 2018-2021, des subventions aux associations sportives,
dont le montant total s’élève à plus de 602 millions de DA, tel que détaillé au tableau
ci-après :
Unité : DA
Année 2018 Année 2019 Année 2020 Année 2021
Wilaya Commune
Total
Nbre Montant Nbre Montant Nbre Montant Nbre Montant

Tlemcen 50 38 100 251 23 14 700 000 10 28 670 000 37 29 119 162 110 589 413

Maghnia 12 32 053 842 16 18 194 541 00 00 15 1 366 961 51 615 344

Sebdou 09 1 543 406 11 9 061 153 04 2 129 233 11 3 107 899 15 841 691

Tlemcen Nedroma 04 983 691 05 929 149 00 00 05 748 213 2 661 053
Ouled
04 3 403 196 02 15 100 000 00 00 00 00 18 503 196
Mimoun
Chetouane 00 00 00 00 00 00 00 00 00

El-Gor 00 00 01 96 182 00 00 00 00 96 182

Tiaret 41 89 633 182 04 18 817 868 00 00 44 22 431 370 130 882 420
Tiaret
Sougueur 13 22 853 304 13 2 849 879 14 11 779 767 17 12 020 000 49 502 950
Sidi Bel-
01 30 000 000 63 47 230 000 00 00 70 53 550 000 130 780 000
Sidi Bel- Abbès
Abbès
Boukhenafis 02 4 500 000 03 6 075 652 03 6 700 000 03 2 139 127 19 414 779

Naama 01 3 586 964 01 4 295 213 01 2 742 019 01 3 566 074 14 190 270
Naama
Ain Sefra 15 2 715 259 16 1 351 392 11 3 188 666 14 1 239 357 8 494 675
Ain
39 9 852 907 37 10 274 608 36 10 688 456 26 7 764 689 38 580 659
Témouchent
Ain Hammam
06 1 475 063 05 1 693 008 07 1 480 000 07 1 538 477 6 186 548
Témouchent Bouhadjar
El-Maleh 06 3 000 000 05 830 000 02 782 610 02 733 053 5 345 663

Total 203 243 701 065 205 151 498 646 88 68 160 751 252 139 324 380 602 684 842

Source : Tableau élaboré par la Cour, à partir des informations communiquées par les communes

La baisse des subventions accordées en 2020 s’explique par le gel des activités sportives
en raison de la pandémie de la COVID 19. Par ailleurs, les communes chefs-lieux de
wilaya restent les principaux pourvoyeurs de subventions, et ce en raison des moyens
financiers dont elles disposent.

2.2.1. Des contrats programmes sans objectifs clairs et ne contribuant pas au


développement de la pratique sportive

L’exploitation de quelques contrats programmes communiqués par les communes


montre l’absence d’une vision claire des communes sur les modes et les moyens de
développement de la pratique sportive, ainsi que le défaut de fixation d’objectifs
mesurables et évaluables. En effet :

286
 Aucune action collective entre la commune et l’association sportive n’a été fixée dans
le but d’organiser des opérations favorisant la pratique des sports individuels ou
collectifs (tournoi, manifestation, etc.) ;
 Les contrats programmes ne font mention d’aucun objectif lié à l’utilisation des
infrastructures, de manière à responsabiliser les associations pour assurer un usage
rationnel et adéquat des infrastructures et des équipements ;
 Souvent, les objectifs affichés dans les contrats programmes ont trait à la prise en
charge des dépenses de l’association (salaires des joueurs, dettes, acquisition de matériel
et équipement, frais de restauration et de transport, etc.) ainsi que la participation aux
divers tournois et compétitions (championnats nationaux, régionaux, locaux). Il en est,
ainsi, pour les communes de Tiaret (94,3 millions de DA pour 05 associations) et Sidi
Bel-Abbès (67,1 millions de DA pour 04 associations) ;
 Les objectifs ayant un lien avec l’organisation de tournois locaux ou de
manifestations sportives, ou même l’élargissement du nombre des pratiquants et
adhérents ne sont pas toujours quantifiés ou déterminés avec précision pour permettre
de vérifier leur atteinte ;
 La commune d’Ouled Mimoun a subventionné 04 associations sportives pour un
montant dépassant 18,5 millions de DA en fixant 02 objectifs qui ne peuvent être
ni mesurés ni valorisés, à savoir « réaliser des résultats satisfaisants » et « développer
le niveau de l’association ». Il en est de même pour la commune de Maghnia qui
a accordé plus de 24 millions de DA à l’association « Espoirs de Maghnia » et plus de
12 millions de DA à l’association « Olympique Maghnia » en fixant comme objectif de
« réaliser de bons résultats » ;

2.2.2. Des bilans d’activité loin des objectifs fixés dans les contrats programmes

Le rapprochement entre les contrats programmes et les bilans d’activité de quelques


associations sportives, montre que les actions menées par plusieurs d’entre elles ne
traduisent pas leurs engagements en faveur de la promotion et de l’encouragement de la
pratique du sport.

Au-delà du fait que cela aurait dû justifier l’inéligibilité desdites associations au bénéfice
des subventions communales, cela prouve encore une fois, que les subventions sont
utilisées pour le financement des dépenses courantes des associations sportives, plutôt
que comme moyen de promotion des activités sportives.

Pour les quelques contrats programmes qui ont fixé des objectifs dans ce sens, les bilans
d’activité montrent une absence quasi-totale des actions programmées. Il en est ainsi
pour :

287
 l’organisation de tournois et manifestations sportives ;
 les actions de sensibilisation contre les fléaux sociaux ;
 l’élargissement du nombre des pratiquants du sport par la création de nouvelles
sections sportives ou de nouvelles catégories de sportifs, notamment celles des moins
jeunes ;
 la prise en charge des jeunes talents sportifs.

Recommandations

Les infrastructures sportives sont des lieux dédiés à la pratique du sport et son
développement. Cette vocation est cependant altérée en raison de la défaillance des
communes, dans l’accomplissement de leurs attributions en matière d’entretien et de
réhabilitation des infrastructures sportives et de l’absence d’un programme d’action
établi par ces dernières en vue de promouvoir la pratique sportive. En effet, la promotion
du sport n’a pas encore trouvé sa place comme l’une des missions des communes.

A cet effet, la Cour des comptes recommande :

- La réappropriation du rôle de la commune en matière de valorisation des infrastructures


sportives et d’encadrement de la pratique sportive ;
- L’activation du conseil communal des sports au sein des communes avec une prise en
charge effective de ses attributions en tant qu’outil de gestion des infrastructures
sportives et de promotion des activités sportives ;
- Le renforcement des infrastructures sportives en encadrement nécessaire tout en
envisageant la contribution financière des usagers aux frais de leur fonctionnement par
la création de droits liés à l’accès et/ou à l’utilisation des infrastructures sportives.

288
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune de Tlemcen (Wilaya de Tlemcen)
Honneur vous informer sur les différentes infrastructures dont dispose la commune de Tlemcen
comme suit :

Infrastructures sportives Observation


Grands stades
En service à 100%
La Tribune officielle (casquette) constitue un danger pour
3 frères ZARGA les spectateurs
Rupture d’eau
Eclairage insuffisant la nuit
En service à 100%
08 mai 1945 (ex ITE) Manque d’eclairage + eau + gaz
Besoin d’une clôture de fer d’une hauteur de 8 à 10 m
En service à 100%
Aboutachfine
Reçoit le championnat des petites catégories
Reçoit le championnat des petites catégories, saison sportive
Koudia 2023/2024
Besoin d’une clôture de fer
Stades de Proximité
19 stades de proximité Tous couverts de gazon artificiel bon à moyen état
09 stades Terrain tuff
01 stade à Sidi Tahar En cours de réalisation
Stades de tennis
04 stades de tennis Se trouvent au petit bassin (Kiffane), besoin d’aménagement
Terrain de jeux de boules Se trouve au grand bassin
Salles multisports
Certaines d’entre elles sont dépourvues de tapis et de ring
06 salles achevées de boxe
Equipées de douches, manque d’eau
02 salles En cours de réalisation
02 salles En cours d’étude
Une piscine se trouve au grand bassin et l’autre à côté du
02 piscines
stade des 3 frères Zarga

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune d’Ouled Mimoun (Wilaya de Tlemcen)

Nous avons l’honneur de vous informer que la commune a commencé la levée des réserves
signalées dans votre rapport annuel 2023, notamment en ce qui concerne la gestion
des infrastructures sportives en état de détérioration. Dans ce cadre, un montant de

289
3 500 000,00 DA (en TTC) a été alloué au titre du budget primitif communal de l’année 2023
pour la maintenance des deux terrains les plus vétustes : « Hai Essaada » et « Hai Errahma ».
Les travaux de maintenance ont débuté le 18 juin 2023 pour un délai de deux mois et portent
sur le changement de l’ancien grillage et la réalisation d’un autre plus performant, réfection
des bois existants avec pose de filets pour ballon, retraçage des bandes et éclairage public des
terrains.

Pour ce qui est des subventions allouées aux associations sportives et culturelles pour l’année
2019 dans le cadre de l’encouragement du sport en dehors de 3%, le montant était de
7 600 000,00 DA et non de 15 100 000,00 DA, tel qu’indiqué dans votre rapport. Les
associations bénéficiaires étaient l’équipe de football et l’association AFAK qui a honoré la
commune et la wilaya en général au niveau local, national et même international selon le
rapport moral du club.

Et pour les autres terrains, les travaux de maintenance seront pris en charge dans le cadre du
budget communal de l’année 2024 et selon les priorités.

En ce qui concerne la gestion de ces infrastructures, la commune va se réapproprier son rôle


en matière de valorisation de ces infrastructures, encadrer la pratique sportive, activer le
conseil communal des sports et renforcer ces infrastructures en encadrement nécessaire dans
les plus brefs délais.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Tiaret (Wilaya de Tiaret)
non parvenue en version française

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Sidi Bel Abbes (Wilaya de Sidi Bel Abbes)

Nous portons à votre connaissance ce qui suit :

Gestion et suivi des infrastructures sportives

Les infrastructures sportives au niveau de la commune de Sidi Bel Abbés sont gérées par le
bureau des affaires sportives et le président de la commission des affaires sociales, culturelles
et sportives ; cette dernière procède à la programmation des entrainements dans ces

290
infrastructures selon les demandes déposées à son niveau contre une somme fixée par la
commune.

- Les autres airs de jeux et les stades de proximité sont ouverts aux jeunes gratuitement.
- Dans le cadre de la promotion et l’encouragement de la pratique sportive, la commune a
inscrit des opérations pour l’aménagement et la réalisation des stades pour un montant de
256 267 076,06 DA sur son propre budget et un montant de 83 160 000,00 DA au titre des
plans communaux de développement (PCD), soit un total de 339 427 076,76 DA, comme
indiqué aux tableaux ci-dessous :

1. Projets inscrits au budget communal

Année Désignation Montant Observations


2019 Etude, suivi, aménagement stades et 73 823 839,51 Etude achevée, analyse
salle Adda Boudjellal. des offres en cours.
2019 Etude, aménagement stade 2 000 000,00 analyse des offres en
Gambetta. cours.
Aménagement, revêtement en gazon Avis d’appel d’offres le
2019 synthétique du stade Sidi Djillali. 56 621 974,45 02/07/2023
Aménagement et revêtement en Avis d’appel d’offres le
2021 gazon synthétique du stade Adim 41 363 200,00 02/07/2023
Fatiha.
2021 Aménagement revêtement en gazon
synthétique du stade Londo. 27 399 750,00 Avis d’appel d’offres le
02/07/2023
Aménagement et revêtement des
stades de proximité en 06 lots :
Lot 01 : stade Lazari
Lot 02 : stade Rocade Avis d’appel d’offres le
2022 Lot 03 : stade Sidi Djillali (ancien) 30 058 312,00 02/07/2023
Lot 04 : stade Sidi Amar
Lot 05 : stade Beni Amer
Lot 06 : stade Bouazza Lagharbi.
Réalisation de stades de proximité
en 04 lots :
Lot 01 : à coté école Belabed Med Avis d’appel d’offres le
2022 cité 800 logt ADL 25 000 000,00 02/07/2023
Lot 02 : cité El Jazira.
Lot 03 : cité 1500 ADL Bosski.
Lot 04 : cité route Zerouala.
Total 01 256 267 076,06

291
02. Projets inscrits dans le cadre des PCD

Année Désignation Montat Observations

Aménagement et revêtement en gazon Travaux


2020 synthétique du terrain de proximité 30 870 000,00 achevés le
football Hai Rih. 04/07/2023

Aménagement et revêtement en gazon Travaux


2020 synthétique du terrain de proximité 46 290 000,00 achevés le
football Hai Boumelik. 04/07/2023

Total 02 83 160 000,00

Total
339 427 076,76
général

- Pour les opérations inscrites en 2022, la commune a fait participer la société civile avant
leur inscription.
- Pour la bonne gestion de ces infrastructures, la commune a créé un établissement (EPIC) qui
sera chargé de la gestion des espaces verts, cimetières, éclairage public, fourrières,
infrastructures sportives et airs de jeux, suivant délibération n°18 du 06 avril 2022, modifiée
par la délibération n°11 du 28 février 2023.
- Certaines infrastructures ont été dotées par des conseillers qui ont été intégrés dernièrement,
notament le centre d’équestre, la salle Adda Boudjllal, et le stade 03 fréres Amirouche.

Pour la bonne marche de ces infrastructures, et en application des recommandations de la


Cour des comptes, la commune procédera à l’installation des organes et structures chargés de
la promotion des activités sportives, tels que le conseil communal du sport (C.C.S), et les
associations sportives.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Boukhanefis (Wilaya de Sidi Bel Abbes)

J’ai l’honneur de répondre aux réserves mentionnées dans le rapport annuel 2023 relatif aux
infrastructures sportives et de promotion du sport de l’APC de Boukhanéfis et ce comme suit :

292
1. Gestion et suivi des infrastructures sportives

Notre commune a bénéficié de la réalisation et d’équipement de plusieurs infrastructures pour


encourager la pratique du sport par nos citoyens, et ce pour pouvoir les rapprocher de leur
cités. A cet égard, notre commune dispose d’un stade communal à pelouse synthétique et 06
autres stades de proximité, deux d’entre eux sont en bon état, 04 en état moyen et 01 dégradé
suite à des détériorations qui ont touché les équipements, le grillage et la pelouse et ce du fait
que l’APC ne dispose pas de gardiens pour ces installations et de crédits financiers suffisants
pour inscrire des opérations de maintenance. Et malgré tout cela, nos services essaient à
chaque fois de programmer quelques opérations d’aménagement des stades de proximité dans
le cadre des divers programmes.

Ainsi et durant l’année 2022, nous avons bénéficié d’une opération d’aménagement du stade
de proximité de la cité Chouiref Boualem. Cependant, l’insuffisance de crédits nous ne permet
pas de réaliser des stades de proximité conformes aux normes exigées par la réglementation
en vigueur.

Et à cet égard, nous avons délégué la gestion de ces infrastructures aux associations sportives
ou de quartier, car elles les utilisent régulièrement et elles sont les plus proches de ces
infrastructures.

Après avoir bénéficié dernièrement d’opérations d’intégration des travailleurs, nous avons pu
assurer le gardiennage des infrastructures qui se trouvent en bon état pour les protéger de
toute dégradation ou détérioration.

2. Organismes chargés de promouvoir les activités sportives

2.1. Le conseil sportif communal n’a pas pu être créé suite à l’absence de perspectives claires
et globales de la part des intervenants (élus locaux et associations sportives). Le rôle de la
commission des affaires sociales, culturelles et sportives porte plus sur l’activité sociale que
sportive.

2.2. L’inplication des associations dans la promotion de la pratique du sport reste très limitée.
La commune se contente de leur attribuer des subventions de 03% sans la réalisaiton des
objectifs escomptés.

A cet effet, nous vous demandons d’accorder plus de prérogatives aux APC dans le domaine
de la maintenance et de la réhabilitation des infrastructures sportives et le suivi permanent par
les organismes concernés des jeunes pour activer le conseil sportif communal.

293
Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale
de la Commune d’Ain Temouchent (Wilaya d’Ain Temouchent)

J'ai l'honneur de porter à votre connaissance les réponses concernant la note d’insertion
relative à la gestion des infrastructures sportives et à la promotion du sport au niveau de la
commune d'Ain Temouchent.

Le sport et sa promotion paraissent parmi les principales préoccupations de la commune, qui


tient à les prendre en charge sur le plan réel au niveau de son territoire conformément à la
réglementation en vigueur, compte tenu de ses moyens financiers et humains et ce afin de
contribuer à la croissance physique du citoyen, en particulier la jeunesse et l’enfance.

A cet effet, nous mentionnons les axes suivants en indiquant les points positifs ainsi que les
manques auxquels est confrontée l'assemblée populaire communale dans la pratique et dans le
développement de ce secteur sensible qui investit dans la construction d'un individu fort qui
aura un effet positif sur la société, en raison de ses ambitions et de son rendement.

1. Gestion et suivi des infrastructures sportives

Les infrastructures sportives de la commune d'Ain Temouchent sont gérées suivant deux (02)
méthodes :

- La première méthode : la gestion directe par la commune à l’exemple du stade Embarek


Boucif ;
- La deuxième méthode : la gestion indirecte en confiant la gestion des infrastructures aux
associations et clubs actifs, à condition que la commune entreprenne des travaux d'entretien et
de l’aménagement. Ce travail est également encadré par un bureau spécial chargé du sport et
des infrastructures sportives.

1.1. Inventaire des infrastructures sportives gérées par la commune

La commune d'Ain Temouchent dispose d’un ensemble de 42 infrastructures sportives de


différents types :

1. Stade communal - Embarek Boucif (01) ;


2. Stades de proximité avec gazon artificiel (18) ;
3. Stades de proximité omnisports (13) ;
4. Salles de sport (04) ;

294
5. Piscine (01) ;
6. Stades de pétanque (02) ;
7. Stades de tennis (03).

1.1.1. Les infrastructures sportives sont principalement orientées sur le football

En fait, environ 76,19% des infrastructures sportives sont dédiées au football, car c'est le sport
le plus populaire au niveau communal en donnant un équilibre aux différents sports.

La commune veille à assurer l’aménagement de tous les stades de sport, en inscrivant des
opérations et en proposant d’autres dans le cadre du budget de l'État et de la commune, par
exemple : « réhabilitation du terrain DIZA pour le basket-ball » ainsi le soutien financier pour
d’autres activités.

295
Tableau détaillé de différentes infrastructures sportives

Commune d’Ain Nombre Type de


Organisme gestionnaire Etat physique
Temouchent de stades sport
Stade communal Gestion directe : stade Embarek
01 Football Bon
de football Boucif
Gestion indirecte :

-Stade Karfah (cité les oliviers) Dégradé


- Trois stades cité des Cadres. Bon
- Stade cité El Quds Moyen

Gestion directe :

-Stade cité Saint Roque (Chinon) Dégradé


-Stade cité Saint Roque (stade des Aménagement
Stades de écoles)
proximité avec 18 - Stade à la rue 01 mai (stade Rouge) Football 03 Dégradés
gazon artificiel - Stade 140 Dégradé
- Stade 312 Dégradé
- Stade de 1 000 logements (en face Moyen
d'Ammar Mouss)
- Stade de 1 000 logements (derrière le Bon
trésor public)
- Stade de 50 logements (cité des Moyen
enseignants)
- Stade de cité El Wakia Dégradé
- Stade de la nouvelle ville Dégradé
- Stade cité Moulay Mostapha Dégradé
Gestion directe :

- Stade de cité les oliviers (en face de Dégradé


l'école coranique)
- Stade de la cité Mohamed Boudiaf Dégradé
- Stade de la cité de Saint Roque Bon
- Stade de la rue du 01 mai Dégradé
- Stade de cité 140 en face l’école Dégradé
Stades de Football
primaire Didi Kaddour.
proximité 13 Basketball
- Stade de cité 411 Dégradé
omnisports Handball
- Stade de cité (DIZZA) Dégradé
- Stade de cité 1000 logements Dégradé
- Stade de 150 logements Dégradé
- Stade derrière le bâtiment Tiar Dégradé
- Stade la cité les Cadres Bon
- Stade de la cité la nouvelle Dégradé
- Stade à l'intérieur du stade Embarek Bon
Boucif.
Gestion indirecte :

Musculation cité Moulay Mostapha -


Salles de sport 04 Musculation
salle de sport fermée - salle de boxe à Moyen
Judo -Boxe
la cité des jardins - salle de
musculation à la cité des jardins
Gestion indirecte :
Stades de pétanque 02
- Stade à la Rue premier Mai Jeu de Bon
- Stade à la cité les oliviers (fermé) pétanque Abandonné
Stades de tennis 03 Trois (03) stades à la rue premier Mai Tennis Bon

296
1.1.2. Un grand nombre d’infrastructures sportives sont en mauvais état

Les infrastructures sportives de la commune d'Ain Temouchent sont affectées par une
exploitation excessive et aléatoire. La commune s'est efforcée d'en confier leur gestion aux
associations sportives, car les infrastructures existantes en bon état au niveau de la commune
d'Ain Temouchent constituent 33% du total des infrastructures. En revanche, 12% des
infrastructures sont dans un état moyen et 55% d'entre elles sont dans un état dégradé.

L’état des infrastructures en juin 2023 se résume comme suit :

Etat des infrastructures


Nombre
Commune Bon état Etat moyen Etat dégradé
d’infrastructures
Nombre Taux Nombre Taux Nombre Taux
Ain Temouchent 42 14 33% 05 12% 23 55%

L’état des infrastructures sportives

Etat dégradé 55% Etat moyen 12% Bon état 33%

Les dommages subis par les infrastructures sportives sont présentés au tableau suivant :

Nature de
Les infrastructures fermées
Commune l’infrastructure Exemples des dommages
devant les utilisateurs
dégradée
- 10 stades de Terrain - 05 stades de proximité
proximité Eclairage - Salle
- 10 stades Vestiaire - Stade de pétanque
omnisports Guichet - 06 stades omnisports
Ain Temouchent
- 01 stade de Gazon
pétanque Clôture
- 01 stade de Travaux d’aménagement
tennis. Equipements divers

Concernant les stades de proximité, on peut citer divers dommages qui touchent le terrain, la
clôture et l'éclairage. Quant au reste des infrastructures, il s'agit du manque d’équipement
sportif et du délabrement des salles et de leurs structures. A cet effet, la commune veille à
inscrire des opérations pour leur entretien, et à trouver des solutions pour réduire leur
détérioration (mode de gestion et suivi).

297
 Opérations de maintenance ne répondant pas totalement aux besoins enregistrés

La commune d'Ain Temouchent établi des fiches techniques selon les besoins enregistrés dans
ses infrastructures sportives, et en fonction des moyens financiers disponibles.

Le tableau ci-après, illustre les infrastructures sportives nécessitant l'entretien :

Commune Installation sportive Nombre Observations


- Stades de proximité 10 Abandonnés
- Stades omnisports 10 Abandonnés
Ain Temouchent - Piscine 01 Fermée
- Stade de pétanque 01 Fermé
- Stade de handball 01 Abandonné

03 opérations ont été inscrites au titre du plan communal de développement (soutien au


développement social et économique et aux collectivités locales pour l'année 2023) :

- Aménagement de stade de proximité pour les écoles cité Saint Roque ;


- Aménagement stade Basket-ball ;
- Construire stade de proximité cité AADL.

D'autres opérations ont été également proposées pour l’aménagement d'autres infrastructures
sportives. Concernant l'entretien de l'éclairage public, il est assuré par les services de la
commune.

La commune d'Ain Temouchent se charge également à travers un bureau spécial de suivi des
infrastructures sportives d’établir des rapports périodiques sur les manquements constatés au
niveau de ces infrastructures pour les inscrire comme des propositions de projets à prendre en
charge sur les diverses sources de financement.

• Projets non engagés ou qui enregistrent un faible taux de réalisation

La commune d'Ain Temouchent n'a enregistré aucun projet inachevé ou dont le taux de
réalisation est faible.

1.2. Modes de gestion des infrastructures sportives

Les infrastructures sportives de la commune d'Ain Temouchent sont gérées selon les deux
modalités adoptées par cette dernière, soit en gestion directe (stade Embarek Boucif) soit en

298
gestion indirecte par délégation à des associations (conformément à la proposition de la
direction de la jeunesse et des sports).

1.2.1. Concession ne répondant pas au cadre réglementaire

Les infrastructures sportives de la commune d'Ain Temouchent sont gérées de manière directe
et indirecte. Néanmoins, la commune élabore des cahiers des charges (concession) qui
permettent le versement de redevances à son profit, et par la même la préservation et la
protection de l'infrastructure sportive.

1.2.2. Gestion directe en l'absence d’outils et moyens nécessaires

Dans la gestion de ses infrastructures sportives, la commune d'Ain Temouchent se base sur le
mode de gestion indirecte en confiant aux associations actives la gestion de ces infrastructures
sans aucune contrepartie matérielle, et ce, par le biais de conventions comportant des clauses
garantissant les droits et devoirs de la commune, selon un modèle proposé par la direction de
la jeunesse et des sports.

La gestion directe comprend le gardiennage et le nettoyage qui sont à la charge de la commune,


alors que toutes les infrastructures sportives manquent de moyens de lutte contre les incendies.
La commune préparera également des cahiers des charges de concession pour bénéficier de
ces infrastructures et assurer leur protection.

2. Promotion des activités sportives

La commune d'Ain Temouchent a créé les organes et les structures prévus par la
réglementation, chargés de la promotion et du développement des activités physiques et
sportives, tels que les associations et les clubs sportifs. Elle a également mis en place un bureau
spécial pour le suivi des diverses activités et infrastructures sportives.

2.1. Organes et structures en charge de la promotion des activités sportives

La commune d'Ain Temouchent a mis en place les organes et les structures suivants :

299
2.1.1. Conseil communal des sports, organe sans réel impact

Le Conseil communal des sports est un organe consultatif qui assume de larges prérogatives
dans le domaine de la gestion des infrastructures sportives et de la promotion du sport.

Le 22 septembre 2023, le bureau exécutif du conseil communal des sports de la commune d'Ain
Temouchent a été installé.

Ce conseil mène plusieurs activités au niveau de la commune d'Ain Temouchent, notamment :

- l’organisation d'un carnaval sportif avec la participation de 26 associations et clubs à


l'occasion du premier novembre 1954, comprenant un tournoi de football - karaté - arts
autodéfense - pétanque ;
- l’organisation d'un tournoi de football à l'occasion de la fête nationale ;
- l’organisation d'un événement sportif à l'occasion du nouvel An amazigh, le 12 janvier 2023.

En outre, il propose la répartition des subventions financières destinées aux associations


sportives en fonction de leurs activités, et présente des rapports sur l'état des infrastructures
sportives ainsi que des propositions de solutions.

2.1.2. Commission permanente du Conseil chargée des sports

La commission communale permanente (commission des affaires culturelles, sociales, jeunesse


et sports) a été constituée le 20 décembre 2021, et parmi ses activités les plus importantes
figurent :

- le suivi des opérations de solidarité (couffin de Ramadan - prime pour personnes âgées –
prime de scolarité) ;
- l’organisation des événements sportifs et proposition de projets d’aménagment et de
réalisation d’infrastructures sportives.

2.1.3. Les structures de l'organigramme communal : des structures non pourvues et des
attributions non définies

La commune d'Ain Temouchent dispose d’un service des affaires culturelles et sportives qui
comprend trois (03) bureaux, chaque bureau ayant ses propres attributions, à savoir :

300
• chef de service des affaires culturelles et sportives ;
• bureau des associations ;
• bureau des affaires sportives ;
• bureau des affaires culturelles.

2.2. L’implication des associations dans la promotion de la pratique sportive

Les associations sportives de la commune d'Ain Temouchent participent à diverses activités et


festivités sportives, en plus de l'encadrement des jeunes, de l'encouragement de la pratique du
sport et de la contribution à l'élaboration et à la présentation de propositions dans divers
domaines.

La commune d'Ain Temouchent, comme les autres communes, alloue 7% de ses recettes fiscales
annuelles, dont 4% au fonds de wilaya des initiatives des jeunes et 3% aux associations.

Dans ce cadre, elle conclue des contrats programmes avec les associations bénéficiaires des
subventions financières.

Tableau illustratif concernant la répartition de l'aide financière pour l'année 2022

Wilaya Commune Année 2022 Total


Nombre Montant
Ain Temouchent Ain Temouchent 24 9 816 399,42 9 816 399,42

2.2.1. Contrats programmes sans objectifs clairs et ne contribuant pas au développement de


la pratique sportive

La commune d'Ain Temouchent conclut des contrats des programmes avec différentes
associations bénéficiaires de la subvention financière. Ces contrats précisent les modalités de
répartition de cette subvention entre les différentes rubriques, et la commune s'emploie par la
suite à renforcer ces contrats par un plan d’action définissant l'activité et les objectifs en plus
des formations et des compétitions.

2.2.2. Des Bilans d'activité loin des objectifs fixés dans les contrats programmes

Les associations sportives de la commune d'Ain Temouchent organisent des manifestations


sportives et participent aux célébrations officielles ainsi qu'aux manifestations contre les fléaux

301
sociaux. Elles participent également aux formations et aux activités des championnats de la
wilaya, régionaux et nationaux.

La comparaison entre les contrats de programmes et les rapports d'activité fait ressortir des
écarts qui seront corrigés ultérieurement.

Recommandations

- La commune d'Ain Temouchent prendra en charge les recommandations de la Cour des


comptes, en :

- revoyant la gestion des équipements sportifs, y compris leur entretien ;


- élargissant et précisant le rôle du conseil sportif dans le développement du sport ;
- renforçant l'encadrement sportif par la création d'un bureau spécial pour les sports et les
infrastructures sportives ;
- inscrivant des opérations de diverses formules de financement pour l'entretien et la
réhabilitation, ainsi que pour la réalisation des infrastructures sportives.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Hammam Bouhadjar
(Wilaya de d’Ain Temouchent)

J’ai l’honneur de vous transmettre les réponses aux observations contenues dans la note
d’insertion ainsi que les mesures prises pour lever les réserves soulevées.

1. Gestion et suivi des infrastructures sportives

La commune de Hammam Bouhadjar dipose de 13 infrastructures sportives dont la gestion et


le suivi sont assurés par la commune, à savoir :

- 02 stades de football ;
- 09 stades de proximité ;
- 01 salle omnisport ;
- 01 terrain de jeu de boules.

L’ensemble de ces infrastructures sont en service et offrent des prestations aux citoyens pour
l’encouragement de la pratique physique et sportive et leur épanouissement physique et

302
intellectuel contribuant, ainsi, à préserver leur santé , occuper leur temps libre et les prémunir
des multiples fléaux sociaux. Elles jouent, aussi, un rôle très important à l’occasion de
l’organisation des festivités sportives durant les différentes fêtes nationales.

Aucune de ces infrastructures n’est fermée.

En ce qui concerne les infrastructures sportives en état de dégradation, l’assemblée populaire


communale a pris en charge cette question en programmant des opérations d’entretien et de
réhabilitation. A ce titre, elle a alloué un montant de 1 500 000,00 DA pour l’entretien et la
réhabilitation du stade communal de football et un montant de 1 000 000,00 DA pour
l’entretien et la réhabilitation du terrain de jeu de boules.

La commune a pris en charge également l’éclairage public de certains stades de proximité.

1.1. Mode de gestion des infrastructures sportives

La gestion des infrastructures sportives de la commune de Hammam Bouhadjar est assurée par
la commune elle-même (gestion directe) à l’exception du terrain de jeu de boules confié a une
association sportive de boules et la salle omnisport confiée a la direction de la jeunesse et des
sports de la wilaya d’Ain Témouchent.

Pour faire face à la dégradation de ces infrastructures et garantir leur utilisation contenue et
sécurisée, la commune de Hammam Bouhadjar a affecté des gardiens.

2. Promotion des activités sportives

Dans le cadre de la promotion des activités sportives, la commission des affaires sociales,
culturelles et sportives de l’assemblée populaire communale, en coordination avec le bureau
communal, veille à assurer les différentes activités sportives et culturelles.

Et conformément aux recommandations de la Cour des comptes, notre commune envisage


d’installer, le plutôt possible, le conseil communal des sports (C.C.S) et d’autre part d’élaborer
un plan de développement sportif et veillera à sa réalisation selon les procédures
administratives et juridiques en vigueur.

303
2.2. L’implication des associations dans la promotion de la pratique sportive

La commune de Hammam Bouhadjar accorde, chaque année, des subventions à diverses


associations locales dont 04% au titre de la contribution au fonds de wilaya de promotion des
initiatives de la jeunesse et des pratiques sportives et 03% alloué directement aux associations
bénéficiaires.

Ces subventions sont conditionnées par l’établissement d’un bilan d’activité moral et financier
et la présentation d’un plan d’action suivant la réglementation en vigueur.

Enfin, nous nous engageons à prendre en considération, dans les plus brefs délais, toutes les
recommandations inscrites dans la note d’insertion.

304
09. LA GESTION DU PATRIMOINE IMMOBILIER
PRODUCTIF DE REVENUS, DANS LA COMMUNE
DE MAGHNIA (WILAYA DE TLEMCEN)

Comme beaucoup de communes, la commune de Maghnia (wilaya de Tlemcen) détient


un patrimoine immobilier productif de revenus diversifié et conséquent, composé de
biens à usage d’habitation et de locaux commerciaux et professionnels, dont
l’exploitation est censée lui procurer des recettes substantielles compte tenu de larges
latitudes dont elle dispose pour fixer les taux de loyer des biens y afférents.

Le contrôle de la commune de Maghnia, dans son volet relatif au patrimoine


immobilier productif de revenus fait ressortir néanmoins que la gestion de ce
patrimoine demeure en porte-à-faux avec les impératifs de rentabilité, d’où la quote-
part marginale des ressources générées de son exploitation, représentant à peine 02%
du total des recettes budgétaires de fonctionnement en 2021.

En effet, la commune n’est pas suffisamment organisée et outillée pour assurer un


suivi rigoureux de son patrimoine immobilier, conformément au dispositif
règlementaire régissant l’inventaire des biens du domaine national. Outre le défaut
d’un recensement exhaustif et actualisé des biens appartenant à la commune, d’une
tenue insuffisante du sommier de consistance et de l’absence de toute initiative pour
leur immatriculation au tableau général des immeubles du domaine national, les
opérations financières relatives aux recettes patrimoniales ne font pas l’objet d’une
comptabilisation fiable et d’un suivi périodique des recouvrements.

Par ailleurs, les services de l’ordonnateur n’ont pas fait preuve de diligences dans la
gestion et le suivi des contrats de location des biens productifs de revenus à l’effet
d’optimiser leur exploitation. Ainsi, plusieurs biens productifs de revenus demeurent
inoccupés depuis plusieurs années, alors que d’autres sont exploités sans titre légal
et/ou sans paiement des loyers, les contrats, arrivés à terme, ne sont pas renouvelés
systématiquement ou renouvelés sans vérification des conditions préalablement
définies, les loyers appliqués à certains biens à forte valeur commerciale ne sont pas
actualisés ou fixés de manière aléatoire. De plus, les procédures administratives et
judiciaires engagées à l’encontre des exploitants défaillants ne sont pas mises en
œuvre avec célérité par la commune d’où la prolifération des cas d’exploitation des
biens communaux en l’absence de contrats de location et sans paiement des loyers.

305
La commune de Maghnia relève administrativement de la wilaya de Tlemcen et se situe
à l’extrême nord-ouest du pays. D’une superficie de 294 km², elle compte 142 957
habitants1, soit une densité moyenne de 486 Ha/km². Cette collectivité s’est transformée
en une zone d’attractivité de toute la région, constituant un pôle socio-économique
important, avec un potentiel non négligeable dans les secteurs agricole, agroalimentaire,
industriel et touristique.

Le contrôle de la qualité et de la régularité de gestion de la commune de Maghnia, réalisé


au titre du programme d’activité de contrôle de la Cour des comptes pour l’année 2020,
a permis de relever diverses insuffisances dans la gestion de cette collectivité. La gestion
du patrimoine immobilier, en particulier productif de revenus, reste l’un des aspects les
plus marqués par ces insuffisances, et ayant le plus d’impact sur les finances
communales.

De ce fait, la Cour a décidé, au titre de son programme d’activité pour l’année 2022,
d’accorder plus d’attention à cette thématique en mettant l’accent, spécifiquement, sur
la gestion de ce patrimoine.

Lors de ses contrôles précédents, relatifs à la gestion du patrimoine immobilier productif


de revenus par les collectivités locales2, la Cour des comptes a eu à constater la part
dérisoire de la contribution des ressources patrimoniales dans le financement des
budgets communaux, au regard du potentiel immobilier dont elles disposent. Cette
thématique demeure, toujours, d’actualité en raison de l’intérêt grandissant qui lui est
accordé par les pouvoirs publics, notamment, avec la perspective de la réforme des
finances locales, dont les objectifs visent à permettre aux collectivités locales de
compter, avant tout, sur leurs propres ressources. Le patrimoine immobilier productif de
revenus pour lequel les communes disposent de larges latitudes pour fixer les taux de
loyer constitue une ressource pérenne non négligeable.

Le contrôle objet du présent rapport annuel, portant sur la période 2019 à 2021, fait
ressortir que la commune de Maghnia ne détient pas une situation exhaustive de ses
biens immobiliers productifs de revenus. Ce manque de maitrise, marqué par une
absence d’inventaire complet, n’écarte pas le risque de voir certains biens, propriété de
la commune, détournés sans même que la commune ne s’en aperçoive. Cette situation
est accentuée par une mauvaise tenue du sommier de consistance et une absence de
diligences auprès des services des domaines pour recenser la totalité du portefeuille

1
Annuaire statistique de la wilaya de Tlemcen – année 2020.
2
Il y a lieu de citer, à titre indicatif, les notes d’insertion aux rapports annuels des années 2018, 2019 et 2021,
consacrées à la gestion du patrimoine immobilier productif de revenus dans les communes des wilayas relevant de
la compétence des chambres territoriales de Annaba, Tlemcen, Oran et Tizi Ouzou.

306
patrimonial de la commune. A ce titre, la procédure d’inscription des biens au tableau
général des immeubles du domaine national demeure dans ses phases préliminaires.

Cet état de fait n’a pas été sans conséquences sur le recouvrement des recettes
patrimoniales, dont le volume global n’a pas dépassé, en moyenne, 13,55 millions de
DA/an durant la période 2019-2021, ce qui représente à peine 50% des charges
mensuelles du personnel communal1.

L’analyse des données figurant au compte administratif de la commune, au titre de


l’exercice 2021, montre qu’en dépit de son potentiel patrimonial important, celle-ci
reste fortement dépendante des apports de l’Etat et des quotes-parts de la fiscalité locale,
alors que les recettes propres n’ont pas franchi le seuil de 02% du total des recettes
budgétaires :
Unité : DA
Section de fonctionnement Section d’équipement
Nature Comptes Montant Taux (%) Nature Articles Montant Taux (%)
Excédent
Subventions 72 et 74 449 001 528 44,45 060 1 223 209 328 74,02
reporté
Recettes propres 70 et 71 16 497 553 1,63 Subventions 105 389 541 466 23,57
Recettes fiscales 75 et 76 202 673 397 20,06
Recettes propres
Autre recettes (dont 100 39 866 531 2,41
82 et 83 341 928 034 33,85 (Prélèvement)
l'excédent reporté)
Total 1 010 100 512 100 Total 1 652 617 325 100
Source : Compte administratif 2021

Par ailleurs, les préposés communaux en charge de ce volet n’ont pas fait preuve de
maitrise ni de célérité dans la gestion et le suivi des contrats de location des biens
productifs de revenus, d’où la faiblesse constatée dans le recouvrement des créances
nées de leur mise en exploitation. En effet, les contrats arrivés à expiration ne sont pas
toujours renouvelés, la mise en adjudication des biens ou l’actualisation des loyers ne
sont pas systématiquement opérées, et le recours à la justice n’est engagé qu’avec un
grand retard, ce qui a largement favorisé l’exploitation des biens communaux en
l’absence de contrats de location et sans paiement des loyers.

1
A titre d’illustration, les charges du personnel durant l’exercice 2021, s’élèvent à 336 012 112,43 DA, soit un
montant mensuel de 28 001 038,66 DA.

307
1. Organisation, outils de gestion et procédures de valorisation du
patrimoine immobilier productif de revenus : un patrimoine méconnu
et parfois inexploité
La commune de Maghnia dispose d’un patrimoine productif de revenus diversifié et
conséquent, composé de biens à usage d’habitation et de locaux commerciaux et
professionnels.

Les biens à usage d’habitation sont constitués de 44 habitations du village socialiste


agricole (VSA) Akid Lotfi 1 et de 42 logements de fonction dont 28 relèvent des écoles
et 14 dépendent des salles de soins.

Les locaux à usage commercial et/ou professionnels, au nombre de 773, sont composés
en majorité d’ensembles immobiliers regroupant chacun, plusieurs locaux ou stands, tels
que les marchés et la poissonnerie, les immeubles administratifs, l’abattoir, les centres
commerciaux, la gare routière, etc.

Par ailleurs, la commune dispose de plusieurs hangars et kiosques, ainsi que de terrains
nus, loués en l’état ou aménagés en marchés hebdomadaires et aires de stationnement.

Les actes de conservation et d’administration des biens et des droits constituant le


patrimoine de la commune sont accomplis, au nom de la commune, par le Président de
l’assemblée populaire communale (P/APC) et sous le contrôle de celle-ci,
conformément aux dispositions de l’article 82 de la loi n°11-10 du 22 juin 2011, relative
à la commune, modifiée et complétée. Cette dernière est tenue, en vertu de l’article 163
de la loi précitée, « de prendre périodiquement, les mesures nécessaires pour valoriser
et rentabiliser les biens communaux ».

Dans ce cadre, le ministère de tutelle a constamment rappelé, aux responsables locaux,


la nécessité de valoriser et d’améliorer la gestion du patrimoine immobilier communal,
en vue de générer plus de recettes patrimoniales et remédier ainsi, à la fragilité financière
des communes, qui demeurent largement dépendantes des subventions de l’Etat2.

1
Intégrés au patrimoine communal en vertu de l’article 5 du décret n°81-164 du 25 juillet 1981, portant statut du
village socialiste agricole.
2
Il y a lieu de citer, à titre d’exemple, les instructions et notes du ministère de l’intérieur, des collectivités locales
et de l’aménagement du territoire : Instruction P1 n°2436 du 27 mars 1982, relative à la gestion du patrimoine des
collectivités locales ; Instruction n°93/111 du 1er février 1993, relative à la gestion, la valorisation et la maintenance
du patrimoine des collectivités locales ; note n°97/419 du 2 septembre 1997, relative à la valorisation du
patrimoine ; Instruction n°05/142 du 16 février 2005, portant rappel de certains principes relatifs à la gestion des
biens communaux ; et note n°0096 du 10 mars 2016, relative à la valorisation des biens des collectivités locales.

308
La maitrise de la gestion du patrimoine communal exige, en effet, un rôle plus actif de
la part des responsables locaux en vue de bien cerner le portefeuille immobilier de la
commune et de rentabiliser son exploitation. Cela passe par la mise en place d’outils et
de structures adéquats et l’instauration d’un « système de veille » permettant la prise de
décisions appropriées, dans les temps requis.

L’action prioritaire à engager dans ce sens exige, d’abord, un recensement exhaustif des
biens immobiliers, l’assainissement de leur situation juridique, puis l’engagement
d’actions nécessaires à leur rentabilisation.

1.1. Des structures à réactiver et des outils à parfaire


L’organisation administrative mise en place, à l’issue de l’organigramme adopté en
2018, ne favorise pas une bonne circulation des informations liées au patrimoine
immobilier productif de revenus. De plus, la relation ordonnateur – comptable public ne
permet pas un suivi financier rigoureux des locataires et un recouvrement optimal des
loyers.

Les constatations suivantes montrent clairement que la commune n’est pas


suffisamment organisée et outillée pour assurer un bon suivi de son patrimoine et une
optimisation des recettes tirées de son exploitation.

1.1.1. L’organisation administrative

La gestion des biens immobiliers est confiée à un bureau, rattaché au service des biens
communaux, relevant de la direction de l’administration des finances et des affaires
économiques. Ce bureau comporte deux sections, l’une chargée des biens productifs de
revenus et l’autre dédiée aux biens non productifs de revenus.

La gestion du service des biens communaux est assurée, dans son ensemble, par un
effectif réduit à cinq (05) fonctionnaires dont le chef de service, le chef de bureau des
biens immobiliers et trois (03) agents administratifs et techniques, sans aucune
détermination des tâches et délimitation des responsabilités confiées à chaque bureau.
De plus, cette gestion, basée sur le support papier en l’absence de toute application
informatique permettant le suivi des biens et le contrôle de la situation juridique et
financière des locataires, s’avère manifestement inefficace notamment en matière de
suivi des locataires et de recouvrement des loyers.

309
Par ailleurs, la gestion du patrimoine immobilier productif de revenus, implique
l’intervention de plusieurs bureaux, à savoir, le bureau des biens immobiliers, chargé du
suivi des locataires ainsi que l’établissement et le renouvellement des contrats de
location, le bureau de recouvrement des recettes, chargé de l’établissement des titres de
recettes, ainsi que le bureau du contentieux qui gère la relation avec les avocats et les
huissiers de justice.

Dans la mesure où ces bureaux relèvent de services et directions différents, c’est au


secrétaire général de la commune qu’incombe le rôle de centralisateur des informations
et de coordinateur des différentes tâches liées à la gestion du patrimoine immobilier1.

Or, dans la pratique, aucune procédure matérialisant la circulation de l’information entre


ces structures et le suivi de leurs activités n’a été instaurée. En effet :

- En dehors des « certificats de paiement des loyers » émis par le trésorier communal,
le bureau des biens immobiliers n’est informé du paiement des loyers qu’au moment du
renouvellement des contrats, tout comme il n’est pas informé des suites réservées par le
bureau du contentieux à ses demandes de poursuites contre les locataires défaillants ;
- Le bureau de recouvrement des recettes ne dispose d’aucun détail des paiements et
ne tient aucune fiche de suivi par locataire. Il n’est informé par le trésorier communal
que du montant total des recouvrements (par ensemble immobilier), et procède de ce fait
à l’établissement des titres de recettes globaux, sous la rubrique « divers locataires » ;
- Le bureau du contentieux n’entame les poursuites administratives ou judiciaires
contre les locataires défaillants qu’après expiration des contrats et après en être saisi par
le bureau du patrimoine et ce, en l’absence de tout critère permettant d’expliquer le
recours sélectif à ces poursuites ;
- Les diverses informations ne remontent pas au secrétaire général de la commune, qui
n’arrive pas à exercer pleinement son rôle de coordinateur des différentes structures
concernées par la gestion du patrimoine immobilier.

1.1.2. La tenue des registres et documents

Les communes sont tenues, conformément aux instructions du ministère de tutelle,2 de


parachever le recensement de leur patrimoine. Ce recensement permet aux gestionnaires
d’identifier, de manière exhaustive, les biens appartenant à la commune, avec indication

1
Conformément aux dispositions des articles 13 et 16 du décret exécutif n°16-320 du 13 décembre 2016, portant
dispositions particulières applicables au secrétaire général de la commune, modifié.
2
Il s’agit notamment des instructions du ministre de l’intérieur n°93/111 du 1er février 1993 et n°05/142 du 16
février 2005, ainsi que la note n°0096 du 10 mars 2016, citées plus haut.

310
de leur consistance, les changements opérés, les documents de propriété, leur
exploitation, etc.

Une fois recensés, les biens immeubles communaux doivent être systématiquement
répertoriés dans le sommier de consistance. L’assemblée populaire communale veille,
sous la responsabilité de son Président, à la tenue et la mise à jour périodique de ce
registre, qui revêt un caractère obligatoire, conformément aux articles 160 à 162 de la
loi n°11-10 du 22 juin 2011, précitée.

- L’opération de recensement des biens immobiliers demeure inachevée

A la date des vérifications (octobre 2022), la commune de Maghnia n’avait pas encore
parachevé le recensement de son patrimoine immobilier. La décision du recours à
l’assistance des experts fonciers pour procéder à un recensement général de tous les
biens constituant son patrimoine immobilier et la préparation des dossiers techniques
n’a pas été concrétisée. Les différents recollements effectués montrent que :

- La quasi-totalité des biens à usage d’habitation ne sont pas recensés, et par


conséquent, non transcris au sommier de consistance. Il s’agit, notamment, des
habitations du VSA Akid Lotfi et des logements de fonction relevant des écoles et des
salles de soins ;
- Un immeuble de 1 019 m² situé au centre-ville, affecté précédemment au secteur de
l’éducation n’est pas recensé, bien que la commune dispose déjà de son livret foncier ;
- Un local commercial touristique, dit « brasserie », d’une superficie de 274 m², situé
au centre-ville, n’a pas été réinscrit dans l’inventaire communal alors que son acte de
vente, par la commune, a été annulé par arrêt du conseil d’Etat du 12 mai 2011.

Par ailleurs, l’absence de mise à jour de l’inventaire des biens immobiliers a été à
l’origine de nombreuses discordances entre les informations contenues dans le sommier
de consistance et la réalité du terrain. Ainsi :

- Certains locaux administratifs sont toujours considérés comme biens à usage


administratif non productifs de revenus, alors qu’en réalité, ils ont été aménagés en
logements par des indus occupants, et d’autres sont affectés à des associations ou des
organismes publics ;
- D’autres biens ne sont pas transcrits parmi les biens non productifs de revenus, et
sont toujours considérés comme biens productifs de revenus, même si leur vocation a
changé. C’est le cas notamment des hangars transformés en annexe du parc communal
par arrêté communal du 04 août 2020, d’un terrain utilisé comme fourrière communale,
et du cinéma « Douniazad », affecté au conseil communal de la culture.

311
- Le sommier de consistance est mal renseigné

Les modalités de tenue du sommier de consistance sont précisées par le décret exécutif
n°91-455 du 23 novembre 1991, relatif à l’inventaire des biens du domaine national,
ainsi que par l’instruction ministérielle n°93/111 du 1er février 1993, sus-évoquée.

Ce document donne la description et la valeur des immeubles, indique leur affectation


et retrace leur modification et leur mouvement, ce qui implique une mise à jour des
renseignements qui y sont contenus.

Par ailleurs, la loi relative à la commune1 stipule qu’aucune dépense afférente à un bien
communal ne peut être engagée si ce bien n’est pas enregistré au sommier de consistance
et sa situation assainie.

La tenue de ce document, dont la dernière mise à jour remonte à janvier 2020, est
entachée de beaucoup d’insuffisances qui altèrent son caractère probant, comme
document juridique et comptable. En effet :

- Le sommier de consistance ne fait apparaitre aucune indication sur les immobilisations


en cours de réalisation. La partie réservée à leur transcription n’est pas renseignée ;
- Plusieurs colonnes du sommier ne sont pas renseignées, particulièrement la nature et
la date des titres de propriété, la consistance, la référence comptable et la valeur
approximative actuelle. Les dates et les durées des contrats ne sont pas également
indiquées bien qu’elles soient disponibles ;
- Plusieurs biens immobiliers ne sont pas enregistrés selon leur vocation, à savoir,
productifs de revenus et non productifs de revenus.

- Aucun certificat d’inscription au tableau général des immeubles du domaine


national n’est établi

Prévue par l’article 83 de la loi de finances pour 2003, la production de ce document a


été reportée à chaque fois, en raison de l’absence des pièces règlementaires requises
pour son établissement. Le dernier délai pour parachever cette opération est fixé à la fin
de l’année 2024, sous peine de refus d’engager toute dépense relative à ces biens, par le
Contrôleur financier2.

Pour pallier aux difficultés liées à la production de ce document et faire face à l’inertie
de certaines collectivités locales, les services centraux du ministère de l’intérieur, des
collectivités locales et de l’aménagement du territoire ont, par le biais de la note n°217

1
Article 164 de la loi n° 11-10 du 22 juin 2011, relative à la commune.
2
Conformément à l’article 142 de la loi n°21-16 du 31 décembre 2021, portant loi de finances pour 2022.

312
du 26 mars 2019, relative à la tenue du portefeuille immobilier des collectivités locales,
instruit les communes à l’effet d’entamer dans les courts délais, le recensement des biens
et la tenue du portefeuille immobilier, par la désignation d’un fonctionnaire qualifié en
vue de la mise en œuvre de toutes les actions nécessaires, en relation avec les services
concernés.

Cependant, après plus de 03 ans, la commune de Maghnia n’a entrepris aucune initiative
dans ce sens. De ce fait, et en raison de la méconnaissance de la nature juridique des
biens et de l’absence d’une grande partie des dossiers d’urbanisme et des titres de
propriété, tous les biens appartenant à la commune, qu’ils soient productifs de revenus
ou non, ne sont pas répertoriés au tableau général des immeubles du domaine national.

1.1.3. Une comptabilité administrative des recettes manquant de fiabilité

Le contrôle a mis en évidence l’absence d’une tenue, par l’ordonnateur, de la


comptabilité administrative des recettes à même de retracer les prévisions, les fixations,
les réalisations, et les restes à réaliser, tel que prévu par la réglementation en vigueur 1.

Cette carence entrave la constatation des créances et le suivi des recouvrements des
recettes et des restes à recouvrer ainsi que la réalisation des rapprochements avec la
comptabilité générale tenue par le comptable public.

Mis à part les données relatives aux « réalisations », qui sont justifiées par les titres de
recettes émis par l’ordonnateur et pris en charge par le comptable public, les chiffres
relatifs aux « prévisions », « fixations » et « restes à réaliser »2 figurant dans les budgets
et les comptes administratifs de la commune ne correspondent nullement à la réalité des
faits et ne sont appuyés d’aucun document justificatif.

L’absence de fiabilité des écritures comptables consignées dans les comptes


administratifs, conduit à fausser la comptabilité de l’ordonnateur et altérer les résultats
financiers de l’exercice, tout en occultant les restes à réaliser.

Le tableau, ci-après, fait apparaitre, à titre d’illustration, des écarts parfois importants
entre les chiffres contenus dans les comptes administratifs et les budgets de la commune
et les montants réels des prévisions et des fixations reconstituées par la Cour :

1
Article 49 du décret exécutif n°91-313 du 07 septembre 1991, fixant les procédures, les modalités et le contenu
de la comptabilité des ordonnateurs et des comptables publics, modifié et complété.
2
Les « Prévisions » correspondent aux revenus potentiels du patrimoine communal susceptible d’être loué, les
« Fixations » correspondent aux revenus locatifs des biens communaux loués (même si les contrats de location ne
sont pas encore régularisés), les « Réalisations » traduisent le montant des titres de recettes pris en charge par le
comptable public, et les « Restes à réaliser » constituent la différence entre les fixations et les réalisations.

313
Unité : DA
Taux de
Prévisions Fixations Réalisations Reste à réaliser
réalisation (%)
Réelles
Réelles
(suivant Suivant Suivant
Année (suivant Suivant Suivant
Suivant budget liste des compte compte Réel
liste des Réel compte CA
supplémentaire biens administratif administratif (3/1)
biens administratif (3/2)
loués) (2) (3)
occupés)
(1)
20 775
2019 25 863 720 21 169 054 22 687 756 18 521 434 2 254 153 4 166 322 89,15 81,64
587
20 832
2020 26 947 879 29 182 850 24 373 171 9 056 112 11 776 197 15 317 059 43,47 37,16
309
13 672
2021 19 125 977 19 442 416 19 039 192 13 078 820 594 052 5 960 372 95,66 68,69
872
55 280
Total 71 937 576 69 794 320 66 100 119 40 656 366 14 624 402 25 443 753 73,55 61,51
768

Si les recettes locatives recouvrées apparaissent importantes en 2019 et 2021, cela n’est
pas la conséquence d’une performance en matière de recouvrement, mais plutôt le
résultat des versements des loyers au titre des exercices antérieurs effectués à l’occasion
du renouvellement des contrats de location. En tout état de cause, les montants recouvrés
restent faibles en comparaison avec les fixations.

1.2. La relation ordonnateur - comptable à repenser


Conformément à l’instruction interministérielle C1 sur les opérations financières des
communes, l’existence d’un bail de location en cours de validité accompagné de la
délibération de l’assemblée populaire communale, suffisent à l’ordonnateur pour établir
un titre de recettes, dans les conditions fixées par les articles 16 et 17 de la loi n°90-21
du 15 août 1990, relative à la comptabilité publique, modifiée et complétée.

Ces ordres de recettes sont pris en charge et recouvrés par les comptables publics, en
application des dispositions de l’article 206 du code communal qui stipule que « le
recouvrement des recettes et la liquidation des dépenses communales sont assurés par le
trésorier communal, chargé seul et sous sa responsabilité de poursuivre le recouvrement
des revenus de la commune et tous les montants qui lui sont dus … », et ce, en usant des
diligences de recouvrement, prévues par le décret exécutif n°93-46 du 06 février 1993,
fixant les délais de paiement des dépenses, de recouvrement des ordres des recettes et
des états exécutoires et les procédures d’admission en non-valeurs.

Or, dans la commune de Maghnia et comme déjà souligné dans un contrôle précédent
de la Cour des comptes, les titres de recettes ne sont établis qu’après recouvrement réel
des recettes par le trésorier communal et à concurrence des montants communiqués par
ce dernier à la commune, en général, à la fin de l’année (31 décembre) et à la fin de la
période complémentaire (31 mars). Ainsi, le recouvrement des loyers est réalisé sur la

314
base des contrats transmis par la commune et non pas en exécution de titres de recettes
émis par cette dernière.

En effet, le trésorier communal refuse d’accuser réception des bordereaux de titres de


recettes se rapportant aux recettes locatives constatées par contrats, arguant une
correspondance du ministère des finances1.

Par ailleurs, l’absence de coordination ou d’échange d’informations entre les services


de l’ordonnateur et ceux du trésorier communal permettant d’assurer le suivi périodique
des recouvrements effectués et d’identifier, le cas échéant, les locataires devant faire
l’objet de mise en demeure avant d’être déférés devant la justice, a eu pour conséquences
ce qui suit :

- les montants recouvrés par le trésorier communal, au titre des loyers, sont
communiqués à la commune de manière globale, sans préciser les créanciers et les
périodes concernés, d’où la difficulté pour cette dernière de suivre la situation de chaque
locataire ;
- les créances détenues sur les locataires défaillants s’accumulent d’année en année, sans
qu’elles ne soient retracées ni dans la comptabilité de l’ordonnateur ni dans celle du
trésorier communal, d’où la difficulté de leur recouvrement sans recours à la justice ;
- le règlement volontaire des loyers se fait par les locataires, en quasi-totalité, à
l’occasion du renouvellement des contrats, dans la mesure où la commune exige des
locataires le paiement intégral des créances locatives avant de renouveler le contrat. A
cet effet, le trésorier communal délivre au locataire un « certificat de paiement des
loyers », attestant de leur paiement et de l’absence de toute créance.

1.3. Des efforts insuffisants en vue d’assurer l’exploitation régulière des


biens productifs de revenus
Le contrôle a permis de constater l’insuffisance des efforts déployés en vue d’une
exploitation optimale des biens communaux productifs de revenus.

1.3.1. Des biens inexploités depuis plusieurs années

Plusieurs biens productifs de revenus demeurent inoccupés depuis plusieurs années,


dont certains se trouvent en état de dégradation. L’absence de toute initiative de la part

1 Il s’agit de la correspondance de la direction générale de la comptabilité n°3274/MF/DGC/DRECB du 08 octobre 2018, selon


laquelle, l’article 204 du code communal qui prévoit que « sont réputées réalisées à la clôture de l’exercice, … toutes les recettes
ayant fait l’objet d’émission de titres de recettes … », ne peut être mis en œuvre au plan comptable, au motif que « le texte
règlementaire prévu par l’article 204 de la loi précitée n’est pas encore intervenu ».

315
des responsables locaux en vue de leur mise en location s’inscrit en porte à faux avec
les préconisations des pouvoirs publics contenues dans la note du ministre de l’intérieur
et des collectivités locales n°0096 du 10 mars 2016, relative à la valorisation des biens
des collectivités locales. Il y a lieu de citer, notamment, les biens ci-après :

- un centre commercial « Hai Bellal » (ex souk el-fellah), contenant 38 locaux et quatre
(04) bureaux administratifs, fermé par arrêté communal en 2004, pour y réaliser des
travaux d’aménagement ;
- une infrastructure administrative à la cité « Lazzouni », d’une superficie de 145 M²,
louée à un organisme public, jusqu’à octobre 2017, sans aucune nouvelle location à ce
jour ;
- des locaux relevant des marchés de proximité et des centres commerciaux, réalisés
dans le cadre des programmes de lutte contre le commerce illicite (2011) et d’emploi
des jeunes (2006), délaissés par leurs bénéficiaires en l’absence de toute mesure en
vue de leur exploitation ou de modification de leur vocation1. Tel est le cas des biens
suivants :

Nombre de locaux et/ou stands


Désignation Localisation Non
Existants Exploités
exploités
Marché de proximité Route de Béni Boussaid 40 00 40
Marché de proximité Route de Béni Boussaid 40 00 40
Centre commercial Hai El-Wiam 93 41 52
Centre commercial Cité Lazzouni 41 29 12
Centre commercial Cité Brigui 129 07 122
Centre commercial Hai Billal 26 08 18
Total 369 85 284
Source : Situations d’exploitation des biens communaux, établies par les services de la commune

- deux locaux aménagés en toilettes publiques nécessitant des travaux d’aménagement,


fermés depuis plusieurs années ;
- un terrain clôturé mitoyen au marché hebdomadaire, récupéré par la commune, par
décision de justice, exploité sans contrat par des tiers comme parc de stationnement de
véhicules en l’absence de toute procédure d’adjudication pour sa mise en location
régulière.

1
Conformément aux directives du Ministre de l’intérieur, contenues dans l’instruction n°225 du 12 avril 2016,
relative à la réalisation et la gestion des marchés de proximité et la note n°0096 du 10 mars 2016, relative à la
valorisation des biens des collectivités locales, les responsables communaux doivent prendre toutes les mesures
tendant à favoriser l’exploitation des biens et l’amélioration de leur rendement, ce qui peut aller jusqu’à envisager
une utilisation des infrastructures réalisées à d’autres fins que celles pour lesquelles elles ont été destinées.

316
1.3.2. Des biens non productifs de revenus transformés en locaux ou logements en
l’absence de toute procédure de déclassement

Certaines infrastructures relevant du domaine public de la commune sont transformées


et utilisées, anormalement, comme lieu d’habitation par des citoyens. D’autres sont
mises à la disposition des associations et des organismes publics. Ces infrastructures
sont, de ce fait, exploitées comme des biens privés de la commune, sans recours
préalable à la procédure de déclassement, prévue aux articles 31 et 72 de la loi n°90-30
du 1er décembre 1990, portant loi domaniale, modifiée et complétée. Il en est, ainsi, des
infrastructures ci-dessous :

- le centre d’enseignement de la couture, situé au village Akid Lotfi, fermé depuis


plusieurs années, est transformé en habitation par un citoyen en 2017 ;
- deux biens d’une superficie globale de 717 m², situés au centre-ville, utilisés
précédemment comme parcs communaux, ont été aménagés et transformés en
logements, par 05 citoyens, et ce depuis 1976 et 1994, respectivement ;
- des biens du domaine public communal (11), situés dans les différents VSA, abritant à
l’origine des services publics (annexes communales, salle polyvalente, salle de réunion,
salle de cinéma, salle des fêtes, maison de culture, maison de l’artisanat, etc), sont
occupés depuis plusieurs décennies par des familles, ainsi que deux (02) associations ;
- l’ancien siège communal, mis à la disposition de 10 associations et deux (02)
organismes publics, respectivement, par le biais d’autorisations administratives et de
contrats de location établis par la commune ;
- L’ancienne cantine scolaire, sise rue Khemisti, a été mise à la disposition du Croissant
rouge algérien en 2007, en vertu d’une délibération de l’assemblée populaire
communale.

1.4. Des loyers dérisoires pour des locaux à forte valeur commerciale
L’article 163 du code communal prévoit que « l’assemblée populaire communale est
tenue de prendre, périodiquement, les mesures nécessaires pour valoriser et rentabiliser
les biens communaux ».

En dépit de toutes les latitudes dont disposent les communes pour fixer librement les
loyers des locaux à usage commercial et professionnel,1 les montants appliqués à ces
biens restent dérisoires au regard de leur valeur locative réelle. En effet, ces loyers sont
fixés et actualisés, sans associer les services des domaines et/ou sans se référer aux
1
L’article 2 du décret exécutif n°96-35 du 15 janvier 1996 portant actualisation des taux de loyers applicables aux
locaux à usage principal d’habitation appartenant à l’Etat, aux collectivités locales et aux établissements et
organismes en dépendant stipule que « les taux de loyers applicables aux locaux à usage autre que d’habitation
sont libérés et fixés selon les réglés du droit commun fixées par le code de commerce ».

317
critères définis par le décret exécutif n°89-98 du 20 juin 1989, fixant les règles régissant
les loyers applicables aux logements et locaux appartenant à l’Etat, aux collectivités
locales et aux établissements et organismes en dépendant1.

Par ailleurs, le ministre de l’intérieur, dans sa note du 10 mars 2016, citée plus haut, a
souligné la faiblesse excessive des loyers appliqués et la manière aléatoire dont ils sont
fixés par les responsables communaux. Il a, en outre rappelé que les communes ont la
latitude de fixer les loyers des locaux à usage commercial et professionnel de manière
libre.

Tel est le cas des locaux, ci-après, situés en plein centre-ville et dans des artères à très
forte valeur commerciale, induisant un manque à gagner non négligeable pour la
commune.

- Le marché couvert : situé au centre-ville, regroupant plusieurs activités


commerciales, dont les loyers appliqués, durant la période 2016-2022, ont connu deux
actualisations :

Période Locaux < 8 m² Locaux > 8 m² Observations


2016 – 2018 1 900 DA/mois 2 200 DA/mois 74 locaux dépassent 8 m², dont 51
2019 – 2021 2 100 DA/mois 2 500 DA/mois varient entre 8 m² et 14 m², et 23
2022 – 2024 2 400 DA/mois 2 800 DA/mois varient entre 15 m² et 35 m²

- La gare routière urbaine : louée en 2007, suite à une adjudication qui a été
reconduite de gré à gré 04 fois durant la période 2010 – 2021, moyennant, une
augmentation de 10% du loyer à chaque fois, tel qu’il ressort de la situation ci-dessous :

Augmentation
Période Loyer mensuel Observations
Montant Taux
2007 – 2009 83 000 DA - - Suite à l’adjudication
2010 – 2012 91 300 DA 8 300 DA 10,00%
2013 – 2015 100 500 DA 9 200 DA 10,07%
2016 – 2018 110 550 DA 10 050 DA 10,00%
Sans révision du loyer, en raison de la
2019 – 2021 110 550 DA 00 00
Covid 19

1
Selon l’article 6 de ce décret exécutif, les critères de détermination du loyer des locaux à usage autre que
d’habitation sont : - la valeur locative de référence du mètre carré – la surface du local – la zone et la sous zone
dans laquelle est situé le local – l’emplacement du quartier dans lequel se trouve le local – la nature de l’activité
exercée dans ledit local.

318
- La crèche : louée en 2014 par adjudication, pour un montant de 58 000 DA/mois, cette
location a été reconduite de gré à gré, en 2017, moyennant, une légère augmentation de
500 DA/mois (soit 0,86%), puis en 2020, sans aucune augmentation du loyer, en raison
de la pandémie de la Covid19.

- Un kiosque d’une superficie de 185 m², mis en location pour la période 2008 - 2011,
moyennant un loyer mensuel de 1 500 DA, actualisé à 3 000 DA à partir de 2018. Ce
loyer parait, à l’évidence dérisoire comparé à un kiosque de 183 m², loué en octobre
2020, pour un loyer mensuel de 15 000 DA, et 03 autres kiosques ne dépassant pas une
superficie de 25 m², loués durant la même période à 8 000 DA/mois.

- Des biens loués à quelques administrations et organismes publics, en l’absence de


critères comparatifs, tel qu’il ressort du tableau ci-dessous

Loyer Date d’effet du


Localisation des biens Superficie Locataire
mensuel bail
Cité kadi 66 m² 10 000 DA Caisse nationale de retraite 01/10/2019
170 m² 10 000 DA Algérienne des eaux 01/01/2019
Cité Lazzouni
145 m² 12 000 DA Trésorerie communale 01/01/2020

A titre de comparaison, il y a lieu de noter que le loyer au m² des locaux des centres
commerciaux, arrêté par l’administration des domaines1, est souvent supérieur à celui
fixé par la commune, pour les autres locaux dont la valeur commerciale est plus élevée.
En effet, le loyer des locaux des centres commerciaux situés au centre-ville (Hai El-
Wiam et cité Lazzouni), a été fixée à 75 DA/m² en 2017 et 150 DA/m² en 2020.

2. La gestion et le suivi des contrats de location des biens immobiliers


productifs de revenus : l’urgence « d’un système de veille »
Un bon suivi de l’exploitation des biens permet à la commune de disposer
d’informations fiables sur son patrimoine et de prendre les décisions qu’impose une
saine gestion des biens et des deniers de la collectivité.

Cependant, le contrôle effectué a permis de mettre en exergue l’insuffisance, voire


même l’absence de toute diligence de la part des responsables communaux en matière
de suivi des locataires. Les recettes budgétaires, tirées de l’exploitation de son
patrimoine productif de revenus, sont loin de refléter le potentiel immobilier, fort
important, dont elle dispose.

1
Conformément à l’article 6 du décret exécutif n°11-119 du 20 mars 2011, fixant les conditions et les modalités
de mise à disposition des locaux réalisés dans le cadre du programme « emploi des jeunes ».

319
En effet, selon les estimations de la Cour des comptes, les recettes potentielles de ce
même patrimoine productif de revenus peuvent largement atteindre, annuellement, un
volume de 53 572 093 DA1, soit plus de quatre fois les recettes patrimoniales réalisées
en 2021, d’un montant de 13 078 820 DA seulement.

2.1. Des biens communaux exploités sans titre légal et/ou sans paiement des
loyers
L’exploitation des biens communaux, par toute personne physique ou morale, publique
ou privée, donne lieu, obligatoirement, à l’établissement d’un contrat de location et au
paiement d’un loyer au profit de la commune2. Cette obligation, maintes fois, rappelée
par le ministère de tutelle3, signifie qu’aucune exploitation des biens communaux, sans
titre légal et sans paiement de loyers, ne devrait être tolérée. Ceci exige des responsables
locaux, la mise en œuvre de mesures urgentes en vue de la régularisation de la situation
de ces biens notamment, par l’établissement des contrats de location et le recouvrement
des loyers exigibles.

2.1.1. Les biens à usage d’habitation

Un nombre important de logements communaux sont exploités sans titre et sans


paiement de loyers. Les cas les plus significatifs sont repris ci-après :

- 40 logements de fonction, dépendant des écoles primaires (28) et des salles de soins
(12), attribués sur la base d’arrêtés d’affectation, établis respectivement par les
directions de wilaya de l’éducation et de la santé et de la population ;
- 44 habitations individuelles au VSA Akid Lotfi, occupées par des retraités des
services de la sureté nationale depuis des décennies ;
- 04 logements situés au niveau de la crèche, l’abattoir, le centre de couture et le centre
culturel « Abou Djihad », occupés par 03 agents communaux et un citoyen.

1
Ce montant est calculé par référence à la valeur locative (des biens ou au m²), définie selon le cas, soit par les
services du domaine, soit par la commune elle-même, élargie à l’ensemble des biens similaires ou situés au même
ensemble immobilier.
2
Conformément à l’article 2 du décret exécutif n°89-98 du 20 juin 1989, cité plus haut, qui stipule que « … tout
logement ou local, quelle qu’en soit la destination et la localisation, appartenant à l’Etat, aux collectivités locales,
établissements et organismes publics en dépendant occupé, utilisé ou détenu par toute personne physique ou
morale, publique ou privée, autre que son propriétaire, donne lieu à l’établissement d’un contrat de location et au
paiement d’un loyer … ».
3
Le dernier rappel en date remonte à 2016, par le biais de la note du Ministre de l’intérieur et des collectivités
locales, n°0096 du 10 mars 2016, susmentionnée.

320
Les démarches entreprises par la commune en vue de la régularisation de la situation de
certains de ces biens, n’ont pas abouti, en raison soit du refus des occupants de ces
logements qui revendiquent la gratuité (28 logements des écoles primaires) ou faute de
l’accord préalable du ministère de tutelle (44 habitations du VSA).

2.1.2. Les locaux occupés par des associations

De nombreux biens productifs de revenus ont été, gratuitement, mis à la disposition des
associations sur la base d’une simple autorisation administrative, et ce, en inobservation
des prescriptions réglementaires en vigueur qui prévoient, dans le cas de l’occupation
des biens communaux par des associations ou des organisations à caractère social,
l’obligation d’établissement d’une convention dans le cadre d’une concession, ainsi que
le paiement des loyers1. Les cas relevés sont les suivants :

Date de mise
Désignation Association bénéficiaire
à disposition
Centre « dit ARMOUNT » Association de handball de Maghnia 10/01/2010
Local communal - rue Khemisti Club sportif amateur de Maghnia (IRBM) 10/04/2007
Local administratif « ex poste » Betaim Club sportif amateur Betaim 29/06/2022
Local communal - rue du 1er Novembre Club sportif amateur de Maghnia 21/02/2001
Hangar à la cité Billal Croissant rouge algérien 07/05/2008
Hangar au VSA Akid Lotfi Plusieurs associations Non précisée

2.1.3. Les locaux à usage commercial

La reconduction tacite des contrats conclus, pour une durée de 03 ans, constitue la règle
générale dans la gestion des biens immobiliers de la commune, en particulier les locaux
commerciaux.

Pour renouveler ces contrats, la commune exige la présentation d’un « certificat de


paiement des loyers », délivré par le trésorier communal, attestant du règlement de
l’intégralité des loyers exigibles. Néanmoins, de nombreux occupants continuent
d’exploiter les locaux, depuis plusieurs années, sans renouvellement des contrats
expirés, d’où la difficulté pour la commune d’établir des titres de recettes pour cette
catégorie d’exploitants.

1
Conformément au cahier de charges annexé au décret exécutif n°93-156 du 7 juillet 1993, relatif à la concession
d’un droit d’usage de biens relevant du domaine national aux associations et organisations à caractère social, ainsi
qu’à l’envoi n°93/1536 du 16 novembre 1993 du ministère de l’intérieur et des collectivités relatif à la valorisation
du patrimoine immobilier des collectivités locales.

321
Les recollements réalisés par la Cour des comptes, au 30 septembre 2022, ont permis de
recenser 65 locaux situés, en majorité, au marché couvert (32) et aux villages socialistes
(24), dont les contrats de location n’ont pas été renouvelés alors que l’expiration du bail
remonte, pour certains, aux années 1996 et 2000.

Nonobstant les raisons qui se sont opposées au renouvellement de ces contrats de


location, l’exploitation des biens communaux, sans titre légal et sans paiement des
loyers, aurait dû inciter les responsables communaux à prendre les mesures visant
l’assainissement de la situation, à savoir, la récupération des biens pour les louer à
nouveau et le recours à la justice en vue du recouvrement des droits équivalents aux
périodes d’exploitation sans titre.

2.2. Renouvellement systématique des contrats de location sans vérification


des conditions préalablement définies

A l’expiration des contrats de location, ceux-ci sont systématiquement renouvelés. En


cas de décès du locataire, le renouvellement se fait au bénéfice des héritiers.

Outre le « certificat de paiement des loyers », sus évoqué, les contrats de location des
locaux à usage commercial exigent d’autres conditions au locataire, avant de pouvoir
prétendre à la location de ces biens ou au renouvellement des contrats expirés. Il s’agit
notamment de l’inscription au registre de commerce, le paiement des impôts liés à
l’activité commerciale et l’engagement du locataire à ne pas recourir à la sous location
du bien.

Les investigations ont mis en évidence que, dans la plupart des cas, les services
communaux procèdent au renouvellement des contrats en l’absence de :

- copie du registre de commerce, en cours de validité, qui constitue la preuve que le


locataire a la qualité de commerçant à la même adresse du local communal loué ;
- certificat de position fiscale permettant de s’assurer du respect des obligations
fiscales ;
- tout contrôle sur place en vue de s’assurer de l’identité des personnes exploitant les
biens loués et vérifier que ces biens n’ont pas fait l’objet de sous location.

Pourtant, une commission communale a été créée, à cet effet, par arrêté du Président de
l’APC du 29 mai 2022, suite aux instructions du Wali en date du 30 mars 2022.

322
Le recoupement des informations communiquées par les services locaux du Centre
national du registre de commerce et de l’administration fiscale, ayant ciblé notamment
les exploitants du marché couvert et la poissonnerie ont révélé ce qui suit :

- 82 locataires ayant bénéficié d’un renouvellement de contrat, au titre de la période


2019 à 2021, ne disposent pas d’un registre de commerce en cours de validité à l’adresse
du bien loué, dont 31 locataires ont fait l’objet d’une radiation par les services
compétents depuis plusieurs années ;
- 89 locataires sur les 162 en activité au marché couvert, ne sont pas recensés par
les services fiscaux et ne s’acquittent pas, de ce fait, de leurs obligations en matière
d’impôt ;
- 20 commerçants, parmi ceux recensés par les services suscités au sein de ce marché,
n’ont pas la qualité de locataire, bien qu’ils détiennent des registres de commerce, ce
qui signifie le recours à la sous location par les titulaires du bail de location.

2.3.Absence et/ou faiblesse des diligences engagées à l’encontre des


locataires défaillants
Les clauses contractuelles régissant les cas de défaut de paiement de loyer ou
d’exploitation des locaux sans bail, ne sont pas mises en œuvre avec célérité par la
commune qui, par ailleurs, ne dispose pas de la situation des recouvrements effectués
par le trésorier communal qu’après terme échu du contrat de location.

En outre, faute d’un suivi rigoureux des affaires litigieuses, les poursuites
administratives (avertissements portant sommation de s’acquitter des loyers dus, ou de
libérer les lieux), puis judiciaires sont caractérisées par des lenteurs excessives. Un bon
nombre d’affaires engagées n’a pas connu d’aboutissement plusieurs années après la
naissance du contentieux.

Conséquemment, le contrôle a recensé, au 30 septembre 2022, un total de 168 locataires


enregistrant des loyers impayés, allant de 30 à 362 mois, parmi lesquels 65 occupants
ne détiennent pas de contrats en cours de validité.

Au sujet des 65 locaux, ci-dessus dénombrés, la commune n’a entrepris aucune


procédure pour 43 locaux, s’est contentée d’envoyer des avertissements pour 06 autres
locaux, et a chargé l’avocat d’entamer les poursuites judiciaires pour les 16 locaux
restants, sans que ce dernier ne dépose aucune requête au niveau de la justice. Ainsi :

- Les 43 exploitants de locaux commerciaux, situés, aux villages socialistes (24),


marché couvert (14), centre commercial cité Lazzouni (04) et kiosque (01), auxquels

323
s’ajoute l’exploitant du marché hebdomadaire (01), n’ont fait l’objet d’aucune mesure
par les services communaux, ni pour récupérer les biens, ni pour recouvrer les créances
locatives afférentes. Bien plus, plusieurs locaux des VSA, dont certains ont vu leurs
contrats expirés depuis décembre 1996, ont été transformés par leurs occupants en
habitation en l’absence de toute autorisation de la commune.
- Dans certains cas, la commune, après plusieurs années de la date d’expiration du
contrat, se contente d’adresser des avertissements aux locataires défaillants. Il en est
ainsi des 03 locaux du marché couvert dont les périodes contractuelles ont expiré
respectivement depuis 2009, 2012 et 2015, alors que les avertissements aux locataires
concernés n’ont été notifiés qu’en 2020 et 2021.
- Lorsqu’il y a recours à la justice, cela se fait avec des lenteurs à tous les niveaux.
D’abord un retard dans la remise des dossiers à l’avocat, dépassant parfois 10 ans,
auquel s’ajoute un autre retard, d’une durée souvent équivalente, dans le traitement des
affaires par ce dernier. Au 30 septembre 2022, l’avocat n’a engagé aucune procédure
concernant 11 dossiers sur les 16 qui lui ont été remis par la commune.
- La majorité des décisions de justice prononcées en faveur de la commune demeurent
sans exécution. En effet, sur les 16 décisions prononcées en sa faveur, entre 2006 et
2019, seulement 04 décisions ont fait l’objet d’exécution au 30 septembre 2022.

Au-delà du manque à gagner que cela engendre pour la commune (montant prononcé
par la justice à titre de réparation en sa faveur), de telles situations ne concourent pas à
asseoir l’autorité de la collectivité locale vis-à-vis des locataires, et rendent toutes les
dépenses y afférentes (avocat et huissier de justice) inutiles1.

2.4. Appréciation de la gestion de certains biens communaux


En raison de leur importance et du caractère spécifique des activités qu’elles renferment,
le contrôle de la Cour des comptes s’est intéressé en particulier à la gestion des locaux
du stade communal et de l’abattoir communal.

2.4.1. Les locaux du stade communal

Le stade communal est une ancienne infrastructure sportive comprenant, initialement,


09 locaux commerciaux sous les gradins, donnant sur le centre-ville. Suite à l’extension
des gradins, de nouveaux locaux commerciaux ont été réalisés en dessous, ce qui porte
leur nombre total à 37, auxquels s’ajoutent une salle des fêtes et une cafétéria.

1
Contrairement aux dispositions des instructions du Ministre de l’intérieur n°008/98 du 25 avril 1998, relative à
l’exécution des décisions et arrêts de justice et n°10080 du 31 décembre 2017, se rapportant à l’organisation et le
fonctionnement du service du contentieux au niveau local

324
Pour atténuer les difficultés financières de l’association sportive CSA-IRBM1,
l’assemblée populaire communale a, par délibération du 10 octobre 1992, décidé de lui
transférer la gestion des 09 locaux situés au stade, d’une superficie totale de 287m².

A cet effet, un cahier des charges a été signé et publié en date de 17 novembre 1996,
suivant lequel, cette association sportive est autorisée à gérer les biens transférés sous
forme de location au profit des personnes physiques ou morales et à percevoir la totalité
des montants des loyers pour son propre compte. En revanche, elle est tenue de dresser,
annuellement ou sur demande de la commune, un bilan des biens transférés, retraçant
les mouvements de fonds et leur utilisation et ne doit, en aucun cas, vendre ou permettre
l’occupation illégale des biens transférés.

Dans le même objectif de lui porter assistance financière, l’APC a autorisé2 ladite
association à réaliser, sur ses fonds propres, de nouveaux gradins du côté Est du stade,
sur une superficie de 439 m². Cette extension comporte 20 locaux commerciaux
supplémentaires ainsi qu’une cafétéria de 195 m² que l’association peut exploiter à son
profit, après l’organisation « d’enchères publiques, sur la base d’un cahier des charges
dument préparé et approuvé par la commune », tout en consacrant la propriété de la
commune sur ces nouveaux locaux.

Ce projet, conçu sur la base d’un permis de construire, délivré par la commune, pour un
coût global estimé à 28,50 millions de DA3, a été financé par des avances versées par
les futures locataires pré-désignés par l’association.

La même association a obtenu le 23 décembre 2002, un permis de construire


pour l’aménagement d’une salle de sport existante en salle des fêtes, d’une superficie de
443 m².

L’appréciation de conditions de gestion de ces locaux a montré ce qui suit :

- La loi n°90-08 du 07 avril 1990, relative à la commune et la loi n°90-25 du 18


novembre 1990, portant orientation foncière auxquelles fait référence le cahier des
charges de 1996, susmentionné, ne font mention d’aucune disposition autorisant la
commune à céder la gestion de ses biens à une association sportive, qui percevra le loyer
à son profit.
- La loi n°90-08 du 07 avril 1990, susvisée, ne prévoit pas, également, ce mode de
financement des projets de la commune. En effet, rien n’autorise une association

1
CSA-IRBM : Club Sportif Amateur Itihad Riadhi Li-Baladiat Maghnia.
2
Délibération de APC du 19 Avril 1998.
3
Rapport du Président de l’assemblée populaire communal daté du 10 décembre 2000.

325
sportive à prendre en charge la réalisation de biens, qui deviendront propriété
communale, mais dont la gestion se fera par cette association et pour son propre compte.
- L’apport financier que peut apporter la commune aux associations se fait sous forme
de subventions, dans les conditions prévues par les textes en vigueur1.
- Le terrain destiné à la réalisation a été attribué à l’association sportive par l’APC,
sous forme de concession, en s’appuyant sur l’arrêté interministériel du 6 octobre 1999,
fixant le modèle type du cahier des charges fixant les conditions particulières
d'exploitation des infrastructures sportives publiques concédées2, alors que ce texte
concerne uniquement les infrastructures sportives et non des locaux commerciaux qui y
sont rattachés.
- Lors de la réalisation des nouveaux locaux, en 2001 et 2002, les autorités de tutelle
ont instruit le Président de l’APC3, à l’effet de récupérer toutes les infrastructures
dépendant du stade communal. Néanmoins, ces instructions n’ont pas été suivies d’effet,
sous prétexte de « ne pas faire supporter au budget communal de nouvelles charges »4.
- L’association a procédé, anormalement, à la réduction de la superficie initiale de
certains locaux pour permettre la réalisation de 08 nouveaux locaux, ce qui ramène le
nombre réel des locaux mis en exploitation par l’association sportive à 37, au lieu des
29 locaux prévus, initialement à l’exploitation par la commune (09 transférés et 20
construits).
- La conclusion et le renouvellement des contrats de location, par l’association
sportive, ne reposent sur aucun critère transparent. Ainsi :

 hormis certains baux qui sont établis par voie notariale et revêtus des formalités
d’enregistrement, le reste des baux font l’objet d’un simple document signé par le
président de l’association et le locataire ;
 la durée des contrats varie d’un locataire à un autre, elle est fixée à une (01) année et
parfois à cinq (05) ans, voire même à neuf (09) ans ;
 le montant du loyer mensuel ne tient pas compte de la superficie du local, de même
qu’il varie sensiblement pour des locaux à superficie similaire ;

1
Au moment des faits, il s’agit notamment des articles 26 et 30 de la loi n°90-31 du 4 décembre 1990, relative aux
associations.
2
Délibération de l’APC n°99 du 23 mai 2000, portant attribution, par concession, du terrain réservé aux locaux
commerciaux du stade communal.
3
Instruction du Wali de la wilaya de Tlemcen adressée, en 2001, au Président de l’assemblée populaire communale
à l’effet de récupérer toutes les infrastructures dépendant du stade communal, rappelée par les correspondances du
Chef de daïra n°1086 du 28 mars 2001 et n°30 du 21 janvier 2002, adressées au même responsable, précisant que
ce dernier, en cas de retard en la matière, sera considéré « comme complice ou plutôt responsable du délaissement
des biens communaux et la dilapidation de leurs revenus ».
4
Lettre n°2009 du 24 juillet 2002, du P/APC, informant sa tutelle que « les membres de l’assemblée avaient refusé
de récupérer les locaux, et décidé de maintenir la situation telle quelle, dans le but de ne pas faire supporter au
budget communal de nouvelles charges ».

326
 certains baux de location sont renouvelés plusieurs années avant terme, à l’exemple
de la salle des fêtes, louée suivant un contrat de location en vigueur jusqu’à la fin 2023,
et qui a été renouvelé en 2020 pour neuf (09) années supplémentaires.

- pour faire face à ses difficultés de financement, l’association sportive a souvent recouru
à des « avances sur loyers », versées par les locataires, estimées à 1 072 000 DA en
2020, 1 355 500 DA en 2021 et 697 500 DA en 2022. Elle a également exigé des
locataires le versement de cautions, dont le montant se rapportant aux contrats examinés
(15 contrats sur les 37 contrats de location conclus) a été estimé à 11,4 millions de DA.
Néanmoins, ces cautions ne figurent pas dans les bilans financiers de cette association
(période 2017-2021), ce qui signifie qu’elles ont été considérées comme des recettes
d’exploitation et dépensées par l’association.
- contrairement aux clauses du cahier des charges, aucun bilan d’exploitation, retraçant
la situation des mouvements de fonds issus de la location des locaux, n’a été transmis
à la commune, alors que les bilans financiers des cinq (05) dernières saisons
sportives (2016 à 2021) font état de recettes locatives des locaux s’élevant à plus de
8 millions de DA.
- au-delà du caractère illégal de la cession de gestion des locaux du stade communal, au
profit d’une association sportive, cette mise à disposition qui dure depuis presque 30
ans, n’a pas permis de garantir l’autonomie financière de l’association qui enregistre
toujours des difficultés financières et continue de bénéficier des subventions de la
commune (7,9 millions de DA en 2016 et 10 millions de DA en 2017). Pour la période
2018 à 2020, les subventions votées par l’assemblée n’ont pas été versées au compte
bancaire de l’association, en raison du blocage du compte par les créanciers du club.

2.4.2. L’abattoir communal

L’abattoir communal a été réalisé en 1968, sur une assiette de 6 181 m². Il est composé
d’une salle d’abattage, 41 écuries (1 847 m²), un bureau pour le vétérinaire, un logement
pour le gardien, ainsi que d’autres installations d’accompagnement, telles que la
chambre de glaçage et l’incinérateur.

Alors que les écuries sont louées à des particuliers, le service public de l’abattoir est
géré depuis 2011, directement par la commune, sous forme de régie communale, et ce
en vertu de l’article 151 de la loi n°11-10 du 22 juin 2010, modifiée et complétée,
relative à la commune.

327
Cette infrastructure dont la gestion obéit à des règles strictes en matière de santé
publique et d’hygiène ainsi que de collecte de la taxe sanitaire sur les viandes,1 est dotée
de cinq (05) agents communaux, chargés d’assurer la collecte de la taxe, et l’entretien
et du gardiennage des lieux.

Au cours de la période 2019 à 2022, les recettes réalisées au titre de l’exploitation de


l’abattoir, se présentent comme suit :
Unité : DA
2022 (Au
Désignation 2019 2020 2021
30/09/2022)
Fixation des recettes 3 000 000 3 000 000 3 800 000 4 000 000
Taxe sanitaire
Montant recouvré 4 383 830 4 591 590 4 239 260 2 476 180
sur les viandes
Part de la commune (85%) 3 726 255 3 902 851 3 603 371 2 104 753
Location des écuries 683 100 318 000 373 000 366 000
Source : Comptes administratifs 2019 à 2021 et situation établie par le trésorier communal au 30/09/2022

Les vérifications ont permis de relever qu’outre les manquements constatés en matière
de normes sanitaires et environnementales, cette infrastructure, devant générer des
ressources substantielles au budget communal, n’est pas rentabilisée au mieux. En effet :

- La gestion de l’abattoir communal, en régie, n’a pas fait l’objet d’une autorisation
d’exploitation émise par l’autorité administrative compétente, qui atteste de la
conformité de cet établissement classé « aux prescriptions et conditions relatives à la
protection, la salubrité et la sécurité de l’environnement prévues par la législation et la
règlementation en vigueur »2.

A cet effet, les rapports d’inspection émanant de l’inspecteur vétérinaire de l’abattoir et


de la commission de wilaya chargée du contrôle des établissements classés,
respectivement en 2021 et 2022, font ressortir plusieurs infractions aux normes
sanitaires et environnementales ayant trait notamment, aux équipements utilisés, au
personnel en exercice et au traitement des déchets issus des activités de l’abattoir.

- Les outils de contrôle et de suivi de l’activité de l’abattoir ne sont pas tenus selon les
règles édictées par les articles 456 et 457 du code des impôts indirects. En effet, le
registre consignant le nombre d’animaux abattus et le poids de la viande n’est pas côté
et paraphé par les services fiscaux, et les bulletins de pesées, les factures d’achats, de
ventes et autres documents relatifs au poids des animaux, ne sont pas conservés au
niveau de la régie communale.

1
Conformément aux articles 448 et 452 du code des impôts indirects, le tarif de la taxe sanitaire sur les viandes
est fixé à 10 DA/Kg, sur le poids net de la viande nette des animaux abattus, dont 8,50 DA au profit du budget
communal et 1,50 DA est affecté au fonds d’affectation spéciale 302-070 « fonds de protection zoo sanitaire ».
2
Tel que préconisé par l’article 4 du décret exécutif n°06-198 du 31 Mai 2006, définissant la réglementation
applicable aux établissements classés pour la protection de l'environnement.

328
- Les écuries sont louées aux mêmes locataires, depuis plusieurs années, par
reconduction des contrats, avec un loyer mensuel estimé, à fin 2022, à 3 000 DA. Ce
loyer est fixé sans tenir compte des superficies des locaux (allant de 35 m² à 139 m²), et
sans recours ni aux services des domaines ni aux règles usuelles. A titre de comparaison,
l’estimation domaniale réalisée en 2022, pour certaines écuries mises en adjudication, a
été fixée à 300 DA/m², ce qui montre l’étendue du manque à gagner pour la commune.
Bien plus, six (06) écuries, sur un total de 39, sont exploitées, depuis le 1er juillet 2016,
sans aucun contrat de location, et ce n’est qu’en 2022 que la commune a entamé les
procédures de leur mise en adjudication, au demeurant, sans suite au 30 septembre 2022.
- Alors que les contrats de location précisent bien que les écuries « ne peuvent pas être
utilisées pour l’élevage du bétail » et que « les animaux non concernés par l’abattage ne
peuvent pas être introduits aux écuries », certaines écuries sont utilisées comme lieu
d’élevage du bétail à titre continu.
- Le constat sur place a permis d’observer que deux familles ont pris possession d’une
parcelle de terrain relevant de l’abattoir, et y ont réalisé des habitations de fortune, sans
aucune opposition de la commune ;
- En dehors de la taxe sanitaire sur les viandes, les prestations fournies par la commune,
au titre du gardiennage, du nettoyage et de la pesée des animaux, ne sont pas facturées
aux propriétaires de la viande, alors que la règlementation en vigueur autorise la
perception de ces droits communaux1. Ainsi, les frais engagés par la commune au titre
du fonctionnement courant de l’abattoir, consomment plus de la moitié du montant
recouvré de la taxe, tel que détaillé, à titre illustratif, au tableau suivant :
Unité : DA
Désignation 2019 2020 2021 Total
Charges du Personnel (05 agents) 1 828 840 1 889 163 1 903 361 5 621 364
Dépenses Charges annexes (eau–électricité) 66 813 61 873 58 577 187 263
Total 1 895 653 1 951 036 1 961 938 5 808 627
Recettes Taxe sanitaire sur les viandes 3 726 255 3 902 851 3 603 371 11 232 477
Ratio dépenses / recettes 50,87% 49,99% 54,44% 51,71%
Source : Etat élaboré par les services de la commune

Outre les dépenses suscitées, le budget communal a pris en charge, entre 2016 et 2022,
des dépenses de l’ordre de 11 687 955 DA relatives à l’aménagement de l’abattoir et
l’acquisition de nouveaux équipements2.

1
Conformément à l’article 463 du code des impôts indirects et l’instruction interministérielle C1, sur les opérations
financières des communes (titre 2100).
2
Ces dépenses concernent l’aménagement de la salle d’abattage (2016) pour 4 466 662 DA, des travaux
d’aménagement intérieur et extérieur ainsi que l’étanchéité (2022) pour 6 927 363 DA, et l’acquisition de matériel
de pesage (2022) pour 293 930 DA.

329
Recommandations

Une gestion bien maitrisée du patrimoine communal productif de revenus nécessite une
révision complète du mode de gestion suivi, actuellement, par la commune de Maghnia.
A cet effet, la Cour des comptes recommande ce qui suit :

- Prendre les mesures urgentes en vue de régulariser la situation juridique et financière


du patrimoine productif de revenus, tout en veillant à la mise en place des outils de
gestion nécessaires ;
- Rendre plus effectif, le rôle des structures administratives concernées dans la gestion
du patrimoine immobilier, de manière à améliorer la circulation de l’information et
mettre en place un système de veille permettant le suivi permanent des biens et de
leurs occupants ;
- Promouvoir des relations ordonnateur – comptable, fondées sur la coordination et
l’échange de l’information, en vue d’un suivi rigoureux des locataires et d’une
activation des diligences de recouvrement des loyers ;
- Procéder à l’actualisation des loyers des biens communaux en tenant compte des prix
du marché et en privilégiant le recours aux procédures d’adjudication à chaque fois que
nécessaire ;
- Prendre les mesures en vue d’une régularisation de la situation des locaux cédés à
l’association sportive ou exploités par des indus occupants, tout en réactivant les
mesures prises à l’encontre des locataires défaillants.

Réponse du Président de l’Assemblée Populaire Communale


de la Commune de Maghnia (Wilaya de Tlemcen)

Chapitre I : Organisation, outils de gestion et procédures de valorisation


du patrimoine immobilier productif de revenus : un patrimoine méconnu
et parfois inexploité

1.1. Nécessité de réactiver les structures de gestion et d’améliorer les outils de


gestion

L’organigramme administratif joue un rôle important et efficace, en assurant la coordination


entre les directions et les services. Pour assurer une meilleure conception de l’organigramme,
un comité spécialisé a été constitué en vue de sa refonte. Après son approbation par l’assemblée
populaire communale (APC), ce nouvel organigramme sera mis en œuvre dans les plus brefs
délais. Il permettra la création d’outils et de mécanismes pour assurer un bon suivi de tout le

330
patrimoine et améliorer les revenus générés de leur exploitation ainsi qu’une identification
précise des responsabilités.

1.1.1. Gestion administrative

L’approbation par l’assemblée populaire communale de ce nouvel organigramme et son entrée


en vigueur, vont permettre une meilleure maitrise du service en charge du patrimoine, lequel
sera également renforcé par un nombre suffisant en ressources humaines qualifiées, comme
dicté par l’organigramme. Ce service est structuré comme suit :

• Service des biens communaux

- Bureau de gestion du patrimoine

a. Section des biens immeubles.


b. Section des biens meubles.

- Bureau général des approvisionnements et gestion des magasins

1. Section des approvisionnements.


2. Section des moyens généraux bureautiques et produits d’entretien.

1.1.2. Tenue des registres et documents

Sous la supervision du Président de l’APC et avec l’encadrement du secrétaire général et du


directeur des finances et des affaires économiques, ce service a initié le processus de
préparation des fiches d’identification des biens immobiliers et a procédé à leur envoi à la
direction des domaines afin de compléter l’enregistrement des biens publics et privés
appartenant à la commune. Dans ce cadre, nous avons envoyé les fiches d’identification pour
les 15 stades de proximité, et nous préparons l’envoi des fiches pour les 46 écoles primaires.

Ccompte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain, nous allons recourir aux services d’un
expert pour l’inventaire de tous les biens privés et publics communaux, une dotation a été
prévue dans ce sens dans le budget supplémentaire de la commune. Mes services attachent une
grande importance à ce sujet en raison de sa sensibilité et de son importance pour la commune.
Le chef de service a été désigné personnellement pour superviser cette tâche, sous la direction
de l’autorité de tutelle, qui a organisé plusieurs séances de travail à cet effet.

331
1.1.3. La comptabilité administrative de recettes manquant de fiabilité

Le mode opératoire a été complètement modifié puisque le suivi des locataires est assuré à
l’occasion de l’établissement ou du renouvellement des contrats de location. Ces derniers sont
transmis directement au bureau de recouvrement des recettes, qui à son tour élabore le titre de
recettes global annuel pour ces contrats et les envoie au trésorier communal. L’opération de
paiement des droits de chaque locataire est également suivie périodiquement et mensuellement.
En cas de dépassement de trois mois, le bureau de recouvrement des recettes avise le service
du patrimoine en vue de lancer des mises en demeure. En cas de non-paiement, il met
directement en œuvre les clauses contractuelles sans recourir au service du contentieux.

1.2. La relation ordonnateur-comptable à repenser

Le trésorier communal, en sa qualité de comptable public, envoie périodiquement des listes


détaillées de tous les contrats en vigueur payés et non payés. Le service du patrimoine
communal assure le suivi rigoureux de tous les locataires et prend les mesures nécessaires
conformément aux règlements et aux lois en vigueur dans ce domaine.

1.3. Efforts insuffisants pour assurer l’exploitation des biens productifs de


revenus

Le service du patrimoine communal tente d’améliorer ses efforts en prenant plusieurs mesures,
notamment :

 la répartition des tâches et des responsabilités entre tous les employés du service ;
 le recenssement de tous les biens non loués et, dans la mesure du possible, assurer leur
maintenance et le cas échéant préparer l’opération en vue de leur mise en adjudication ;
 Le fonctionnaire chargé du suivi et du renouvellement des contrats de location vérifie
périodiquement les listes des biens louées pour permettre au responsable du service de prendre
toutes les mesures appropriées, telles que leur renouvellement en cas d’expiration du contrat
et la valorisation de certaines locations, ainsi que d’envoyer des mises en demeure aux
locataires défaillants dans le paiement de leurs loyers.

1.3.1. Biens non exploités depuis plusieurs années

La direction de l’administration financière et des affaires économiques a initié la préparation


d’une fiche technique afin de réaménager tous les biens productifs de revenus pour une

332
meilleure exploitation des biens, en procédant à leur mise en location par le biais de la
procédure d’adjudication.

1.3.2. Biens non productifs de revenus transformés en locaux ou logements en l’absence de


toute procédure de déclassement

Une délébération est programmée pour annuler la classification de tous les biens publics
communaux occupés comme logements depuis plusieurs années sans fondement juridique. Ces
biens seront recensés en vue de leur reclassement parmi les biens privés de la commune,
conformément aux lois et aux règlements en vigueur et procéder ainsi à leur mise en location
de manière légale. Cette catégorie de biens concerne tous les biens situés au centre-ville et
dans les villages socialistes.

1.4. Des loyers dérisoirs pour des locaux à forte valeur commerciale

La commune, représentée par le service du patrimoine communal, procède périodiquement à


la valorisation des biens productifs de revenus et ce à travers deux mécanismes. Le premier en
consultation avec la direction des domaines et le deuxième par le biais de l’assemblée populaire
communale présidée par le Président de l’APC, en tenant compte de plusieurs critères, tels que
l’emplacement du bien, sa superficie et l’activité commerciale.

2. La gestion et le suivi des contrats de location des biens immobiliers


productifs de revenus : l’urgence d’un « système de veille »

2.1. Biens communaux exploités sans titre légal et/ou sans paiement de loyer

2.1.1. Biens à usage d’habitation

En ce qui concerne les logements de fonction relevant de la commune, cette dernière a approuvé
par délibération n°19 du 23 février 2023, le prix de référence des logements de fonction. Le
prix de référence du loyer a été fixé à 5 000,00 DA par mois. Cependant, selon la
correspondance de M. Wali de Tlemcen, sous le numéro 1916 de 23 mars 2023, les logements
de fonction occupés par les directeurs des écoles primaires sont exclus du paiement des loyers.

En ce qui concerne les logements de fonction du village socialiste du colonel Lotfi occupés par
les retraités des services de sécurité, qui ont été cédés par les délibérations n°51-52 du 23 mars
2023, selon la lettre n°1121 de 20 avril 2022 de M. Wali de Tlemcen, mes services n’ont pas

333
reçu de réponse de la part du ministère de l’intérieur et des collectivités locales au sujet du
dossier de cession.

2.1.2. Biens à usage commercial

Des mesures ont été prises en ce qui concerne le renouvellement des contrats de location pour
les locaux commerciaux du marché couvert par le biais de la conclusion de contrats de location
de régularisation et en payant les loyers antérieurs. Concernant les biens immobiliers
productifs de revenus des villages socialistes, un comité spécial a été mis en place, par
délibération n°69 daté du 19 février 2019, qui a pour mission d’arrêter la liste nominative des
occupants actuels des biens productifs de revenus non loués pour leur régularisation par des
contrats de location. Dans ce cadre, des contrats de loyers ont été conclus avec 15 locataires
de commerces situés dans ces villages socialistes. Pour les autres locaux du marché couvert
qui ne sont pas loués, des procédures ont été entammées avec la justice pour le recouvrement
des loyers et la récupération des locaux.

2.2. Renouvellement systématique des contrats de location sans vérification des


conditions préalablement définies

Conformément à l’arrêté communal n°516 du 29 mai 2022, une commission communale a


effectué une inspection sur le terrain pour vérifier le statut d’occupants des locaux loués et
sous-loués. Dans ce cadre, elle a adressé un ensemble de mise en demeure pour mettre fin aux
infractions de sous-location et de non-inscription au registre de commerce. Dans ce sens, la
commune a approuvé par délibération n°21 datée du 23 février 2023 le transfert du droit de
location des biens productifs de revenus en contre partie d’un paiement à la commune afin de
régler la situation actuelle des occupants des locaux.

2.3. Absence et/ou faiblesse des dilligences engagées à l’encontre des locataires
défaillants

Des démarches ont été prises pour transférer les dossiers des locataires défaillants au niveau
du service contentieux pour les ester en justice.

334
2.4. Appréciation de la gestion de certains biens communaux

2.4.1. Les locaux du stade communal

Mes services sont en relation avec ceux de la wilaya est sous la supervision de l’autorité de
tutelle pour établir une feuille de route pour la levée de toutes les réserves soulevées dans les
délais.

2.4.2. L’abattoir communal

L’abattoir de la commune, en service depuis 1968, a été réalisé par la commune avec ses
propres fonds. Cette importante installation publique couvre les besoins de consommation de
viande rouge des citoyens, avec une capacité de production estimée à 1,3 tonne par jour. Il est
exploité directement par la commune, et aggréé par les services vétérinaires de la wilaya (DSA)
sous le n°13102. Compte tenu de sa situation, qui nécessitait la réhabilitation et son
équipement, la commune a réalisé un projet intitulé « la réhabilitation de l’abattoir
communal » avec un montant de 6 927 263,70. Après l’achèvement des travaux de
réhabilitation et d’équipement et en vertu du procès verbal provisoire de réception du 25
janvier 2023, l’abattoir communal a été réouvert, à partir du 25 février 2023 par arrêté
communal n°274 du 22 février 2023. Sachant que la commune a préparé un dossier afin de
régulariser la situation de cet abattoir, conformément aux règlements en vigueur, ainsi qu’une
allocation financière à partir de son propre budget pour la remise en service de la chambre
froide et de crématoire.

335
TROISIÈME PARTIE
LES ÉTABLISSEMENTS ET ENTREPRISES
PUBLICS

336
10. L’OFFICE NATIONAL DES PUBLICATIONS SCOLAIRES
(ONPS)

Sous la tutelle du ministère de l'éducation nationale (MEN), l’office national des


publications scolaires (ONPS) est un établissement public à caractère industriel et
commercial (EPIC) qui a pour mission, principalement, d’assurer l’impression,
l’édition et la diffusion des manuels scolaires ainsi que tous les autres supports
didactiques.

La mission d’audit de l’ONPS, réalisée par la Cour, vise à apprécier la gestion de


l’établissement au titre de la période 2014 à 2019 et d’évaluer, par là même, la
filière de production du livre scolaire, notamment en matière de rationalisation des
dépenses et de réduction des coûts de production du livre scolaire.

Les principaux constats relevés, assortis de recommandations ont trait au mode de


gestion de la ressource humaine de l’ONPS dont le poids financier a sérieusement
amoindri sa capacité à atteindre les objectifs d’économie et d’efficience ; à
l’absence de maitrise du coût de production livre scolaire dont la part
prépondérante du marché est assurée par des imprimeurs externes ; aux difficultés
d’élaboration des programmes de production en fonction des besoins réels du
marché du livre scolaire et aux faiblesses dans la supervision et l’évaluation de
l’activité de l’office. En outre, le contrôle de la Cour a souligné que la gratuité du
manuel scolaire a bénéficié à d’autres catégories d’élèves non prévus dans le
dispositif réglementaire en vigueur.

De l’autre côté, l’examen effectué par la Cour à l’effet de s’enquérir de l’état de


mise en application de ses recommandations a permis de constater des
améliorations dans la gestion des activités de production et de commercialisation
du manuel scolaire qui se sont traduites notamment, par une meilleure maitrise de
la programmation de la production, un renforcement des capacités de la chaine de
production, un début de mise en œuvre des procédures de calcul des coûts et un
élargissement du réseau de distribution du manuel scolaire.

Toutefois, les aspects relatifs aux coûts du manuel scolaire, aux mécanismes de
contrôle et de supervision de la tutelle sur les conditions d’exercice par l’office de
sa mission de service public, à la gestion de ses ressources humaines et au dispositif
de gratuité du manuel scolaire n’ont pas connu d’évolution sensible.

337
Le manuel scolaire revêt un caractère stratégique car il s'agit d'un outil pédagogique qui
traduit le cadre de référence officiel et obligatoire de la politique éducative de l'Etat.

L'engagement des pouvoirs publics se matérialise à travers la prise de mesures


nécessaires pour la disponibilité du manuel scolaire et pour en faciliter l’accès à tous les
élèves à un prix raisonnable, voire gratuitement pour les élèves nécessiteux. Il s’agit en
particulier de :

- la création de l'office national des publications scolaires (ONPS) par le décret exécutif
n°90-11 du 1er janvier 1990 modifié et complété par les dispositions du décret exécutif
n°18-131 du 2 mai 2018. Sous la tutelle du ministère de l'éducation nationale (MEN),
cet établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) assure,
principalement, les missions d’impression, d’édition et de diffusion des ouvrages,
manuels et documents écrits ainsi que tous autres supports didactiques ;
- la gratuité du manuel scolaire mise en place depuis 2006 avec l’allocation d’une
contribution annuelle fixe de 6,5 Mrds de DA sur le budget de fonctionnement du
ministère de l’éducation nationale ;
- l’ouverture du champ de la rédaction des manuels aux compétences nationales et la
mise en place d’un système d’agrément à partir de l'année 2008.

En réponse à une saisine émanant de monsieur le Premier ministre relative à la gestion


de l’office national des publications scolaires (ONPS), la Cour des comptes a diligenté,
en 2020, une mission de contrôle de l’établissement.

Cette saisine a pour objet « l’audit de l’établissement afin d’apprécier sa gestion et


d’évaluer, par là même, la filière de production du livre scolaire », d’une part, et
d’indiquer, d’autre part aux pouvoirs publics « les recommandations à suivre en matière
de rationalisation des dépenses et de réduction des coûts de production du livre
scolaire ».

L’audit de l’ONPS, pour la période 2014 à 2019, a révélé des défaillances dans son
fonctionnement et sa gestion. Elles ont trait, à la fois, à la relation de l’office avec le
ministère de tutelle et à l’exercice de ses missions d’édition, d’impression et de
distribution des manuels scolaires.

Le rapport d’audit élaboré, assorti de recommandations ayant pour objet de pallier les
dysfonctionnements et insuffisances enregistrés, a été notifié aux autorités concernées.
Au mois de janvier 2021, une synthèse des actions à prendre en application de ces
recommandations a été remise aux gestionnaires de l’office.

338
En vue de s’enquérir de l’état de mise en œuvre des procédures de renforcement de la
fonction de supervision et de contrôle par la tutelle sur les activités de l’établissement,
d’une part et des actions mises en place par la direction de ce dernier, notamment, en
matière de rationalisation des dépenses et de maitrise des coûts de production et de
distribution des manuels scolaires, d’autre part, la Cour a réalisé une mission de contrôle
complémentaire sur place au mois d’octobre 2022.

Celle-ci a permis de constater que des mesures effectives ont été prises en vue du
renforcement des capacités de production propres de l’Office par l’acquisition d’un
nouvel équipement, la maitrise des programmes de production, l’amélioration des
modalités de commercialisation du manuel scolaire et la diversification des articles
produits par l’établissement. En effet, la mise en service du nouveau matériel
d’impression a permis d’accroitre sa production interne de 15% en 2022 et de réduire
légèrement, par la même, la quote-part de la sous-traitance.

Néanmoins, le ministère de tutelle tarde toujours à mettre en place un dispositif de


supervision qui lui permet de s’assurer que l’office fait bon usage des moyens mis à sa
disposition pour l’accomplissement de ses activités. En outre, des lacunes persistent
encore en matière de gestion des moyens de l’office qui sont en décalage par rapport
aux exigences de rationalisation et de réduction des coûts. De plus, la ressource
humaine, caractérisée auparavant par des sureffectifs et une faible performance, a fait
l’objet de mesures qui ont accentué leur poids sur les charges de l’établissement.

Face à l’accroissement continu de ses charges, l’office mise constamment sur la révision
à la hausse des prix et des marges de vente du manuel scolaire mettant, ainsi, à profit sa
position monopolistique du livre scolaire.

Au final, le manuel scolaire est mis à la disposition des usagers dans de meilleures
conditions mais, néanmoins, à des prix sans lien avec les coûts réels.

1. Principaux constats sur la gestion de l’office de 2014 à 2019

L’ONPS présente une situation financière appréciable. Sur la période contrôlée


(2014/2019), son chiffre d’affaires est passé de 8,12 à 11,48 Mrds de DA et ses résultats
ont évolué de 1,51 à 2,98 Mrds de DA.

En dépit de cette situation aisée et de l’importance des moyens organisationnels et


humains mis à sa disposition, l’office a connu des dysfonctionnements tant dans sa
gestion que dans sa relation avec son autorité de tutelle qui ont eu une incidence, par la
suite, sur le prix du manuel scolaire.

339
1.1. Les ressources humaines

Le mode de gestion de la ressource humaine de l’ONPS, dont le poids financier est


devenu un handicap, a sérieusement amoindri sa capacité à atteindre les objectifs
d’économie et d’efficience.

En effet, le management des ressources humaines ne repose pas sur des leviers efficaces
et stables lui permettant d’évaluer ses besoins futurs en compétences et déterminer les
postes à pourvoir pour son bon fonctionnement.

- Organisation et outils de gestion

L’office souffre de l’absence d’une organisation adaptée et d’outils de gestion des


ressources humaines permettant d’assurer une meilleure maitrise des dépenses de
l’espèce et d’accroitre sa performance. En effet :

- L’organisation interne, révisée et mise en place à partir de 2017, se caractérise par une
multiplication de structures (directions, sous-directions et départements) dont certaines
ne sont pas tout à fait en corrélation avec les missions de l’office. Ainsi, sur les huit (08)
directions prévues, seules trois (03) sont directement liées aux missions de l’office,
représentées dans l'édition, l'impression et la distribution. Les cinq (05) autres directions
se chargent de tâches administratives et de soutien. Cette organisation a eu un impact
financier négatif sur l’office, reflété par la forte augmentation des charges
d’exploitation, notamment la masse salariale, telle que relevée, à maintes reprises par le
conseil d’administration.
- L’organigramme de l’office n’est pas accompagné d’un répertoire des postes de travail
et de fiches descriptives des tâches afférentes à ces postes. Cette situation a été à
l’origine d’une multitude de dysfonctionnements dans la gestion de la ressource
humaine, tels que le surplus de personnel et son déploiement inadéquat au sein des
directions du siège et des centres de wilayas.
- La gestion prévisionnelle des personnels n’est pas suffisamment maitrisée dans la
mesure où les plans de recrutement sont établis en l'absence de critères préétablis
accompagnant le plan prévisionnel annuel de recrutement, ce qui ne permet pas
d’apprécier la pertinence et l’opportunité des recrutements planifiés en fonction des
besoins réels par catégories socio-professionnelles.
- Le système d’évaluation des personnels de l’office n’est pas fondé sur des critères
quantitatifs et qualitatifs avec un barème de notation pour servir de base pour leur
avancement et leur promotion et la fixation de la rétribution y afférente. Il n’est pas, de
ce fait, en harmonie avec un système de motivation des employés basé sur un équilibre
« contribution / rétribution », ce qui risque d’affecter négativement la productivité et la
rentabilité de l’office.

340
- Les contrats de performance concernant les cadres dirigeants, au terme desquels les
objectifs à atteindre, chaque année, sont fixés et communiqués aux intéressés sous forme
de décisions, n’ont été conclus qu’en mois d’avril 2019. De plus, ils n’ont pas été mis,
effectivement, en application en raison de la non détermination des objectifs et de
l’imprécision des tâches assignées à cette catégorie d’encadrement.

Par ailleurs, l’office n’a pas fixé de critères spécifiques pour la nomination aux postes
d’encadrement, d’où la désignation, dans certains cas, de personnes dépourvues de
diplômes universitaires ou ayant un diplôme non conforme au type de poste requis.

- Evolution des effectifs et des rémunérations

Les procédures et les actions mises en œuvre ne s’inscrivent pas dans une démarche de
recherche de l’efficacité et de l’efficience puisqu’elles ont contribué à la hausse
progressive des coûts du manuel scolaire. Ainsi :

- En dépit de la baisse du nombre d’employés de l’office qui est passé de 1 833 employés
en 2014 à 1 589 employés en 2019 dont environ 55% travaillent dans les centres de
distribution de wilaya, la pléthore des effectifs n’a pas, pour autant, régressé. En effet,
l’analyse des coûts effectuée par la Cour des comptes, pour l’exercice 2019, a fait
ressortir des sureffectifs au sein des différentes structures notamment dans les activités
d’assistance et de soutien et celle de distribution avec plus de 670 employés. L’impact
financier de ces sureffectifs est évalué à plus de 783 millions DA, soit plus du tiers des
charges du personnel de l’exercice (plus de 2,079 Mrds DA).
- La convention collective, signée au mois d’avril 2011, qui constitue le cadre de
référence essentiel de la gestion des ressources humaines de l’office, a connu des
modifications récurrentes avant 2019. Cette situation est un indicateur de l'instabilité
dans la gestion qui a eu pour conséquence une hausse substantielle de la masse salariale ;
le salaire mensuel brut moyen par employé a enregistré une hausse de 26% entre 2014
et 2019.
- Le système de rémunération se caractérise par un régime indemnitaire très pesant (36
types d’indemnités et primes) et est mal appliqué. Les cadres dirigeants de l’office qui,
au demeurant, exercent leurs missions en l’absence de toute évaluation de leurs
performances, perçoivent la totalité de la partie variable de leurs salaires sans prise en
compte du niveau d'atteinte des objectifs et des résultats. De plus, les différentes primes
accordées au profit des autres catégories de personnel sont systématiquement et
totalement versées à l’ensemble du personnel nonobstant leurs rendements et la qualité
de leurs services.

341
1.2. La production

Pour la période 2014-2019 la production nationale en manuels scolaires a atteint


319 083 226 de livres. Pour sa part, l’ONPS n’a couvert que 39 287 316 de manuels,
soit 12,32% de la commande nationale. La majeure partie de la production, soit 68,17%,
est assurée par des sous-traitants avec un volume d’impression de 217 529 910 de livres,
alors que la part de la coédition, confiée également aux mêmes imprimeurs externes,
représente une proportion de 19,51% avec 62 266 000 manuels produits, comme
l’indique le tableau ci-après :

Unité : livre scolaire


Total production
Intitulé %
2014-2019
ONPS 39 287 316 12,32
Sous-traitants 217 529 910 68,17
Coédition 62 266 000 19,51
Total général 319 083 226 100

L’examen des conditions d’exécution de l’activité d’impression a permis de constater


que la production du manuel scolaire est insuffisamment maitrisée et que l’outil de
production propre à l’ONPS, vétuste et peu performant, a contraint celui-ci à externaliser
l’essentiel de cette activité au profit d’imprimeurs privés et publics.

- Absence d’un plan d’investissement conséquent

La part de marché de production du livre scolaire de l’ONPS, pour la période 2009-


2013, qui était de 22% n’a cessé de décroitre durant les années 2014-2019 jusqu’à
atteindre un taux de 12% des manuels produits, laissant ainsi la part prépondérante du
marché aux imprimeurs externes.

Cette situation résulte, en partie, de l’incapacité de l’office à améliorer la productivité


de son outil de production vu son état d’usure et d’obsolescence. La plupart de ses
machines ayant une moyenne d’âge qui dépasse 25 ans, ce qui engendre des pertes dans
les quantités produites et réduit la performance de l’outil de production. D’ailleurs, à la
fin de l’exercice 2019, le niveau moyen d’amortissement des machines de production a
atteint près de 84%.

La reconstitution et l’analyse des coûts par la Cour des comptes, pour l’exercice 2019,
ont révélé une faiblesse de la performance globale de la chaine de production qui varie
entre 21% pour la partie « impression », 06% de la partie « finition » et 6% de la
partie « pliage ».

342
Cet état de fait s’est traduit par la faiblesse des indicateurs de performance avec une
« sous activité » machine de 42% et une « sous activité » main d’œuvre de 48%.

L’impact des pertes de performance est significatif. Ainsi, la « sous activité » main
d’œuvre, à elle seule, a engendré un surcoût de 159 millions DA, correspondant aux
salaires payés au personnel de la production pour la période d’inactivité de la chaine de
production pour cause de pannes ou de contraintes techniques.

A l’évidence, le besoin en équipements nouveaux s’est fait sentir depuis longtemps


notamment en phase impression.

A ce propos, l’examen des procès-verbaux de réunions du conseil d’orientation (et du


conseil d’administration), montre que le manque d’investissement a été évoqué dès
2009 ; les membres du conseil ont donné leur accord pour l’acquisition de matériels
neufs. Néanmoins, les directions successives de l’office ont tardé à concrétiser cette
résolution puisque les procédures de renouvellement de l’outil de production n’ont été
entamées qu’à compter de 2015.

Deux opérations de mise en concurrence pour l’acquisition du matériel d’impression ont


été lancées. La première a été infructueuse pour le matériel d’impression alors que la
seconde a été interrompue, en 2016, par la direction de l’office pour des raisons
inexpliquées, ce qui a mis en échec l’objectif d’extension des capacités de production.

Au bout du compte, l’initiative de la direction de l’office n’a abouti qu’à l’acquisition


de quatre (04) machines (01 massicot, 01 offset, 01 encarteuse et 01 plieuse).

Les gains de performance réalisés à la suite de la mise en service, en 2019, des nouvelles
machines acquises pour 400 millions DA, n’ont permis qu’une modeste hausse de
production de l’ordre de 05 millions de livres.

- Prédominance de la sous-traitance dans la production du manuel

L’absence d’une mise en place effective d’un plan conséquent de développement des
investissements productifs a permis aux prestataires externes de bénéficier d’un quasi-
monopole de la production du manuel scolaire.

La répartition de la production entre l’ONPS et les imprimeurs externes, pour la période


2014-2019, est donnée dans le tableau suivant :

343
Unité : livre scolaire
Taux Imprimeurs Taux
Entité ONPS Total
% externes %
Production
5 747 555 14,34 34 333 120 85,66 40 080 675
20141
Production 2015 4 624 560 10,78 38 298 790 89,22 42 923 350
Production 2016 7 318 722 14,24 44 065 000 85,76 51 383 722
Production 2017 6 202 348 9,48 59 215 000 90,52 65 417 348
Production 2018 5 180 099 8,27 57 424 000 91,73 62 604 099
Production 2019 10 214 032 18,02 46 460 000 81,98 56 674 032
Total 2014/2019 39 287 316 12,32 279 795 910 87,68 319 083 226
Source : Données ONPS

Le tableau, ci-dessus, fait apparaitre une évolution quasi-stable de la quote-part des


prestataires externes dans la production du livre scolaire durant les quatre premiers
exercices de la période ; le recul de cette contribution, en 2019, est expliqué par la mise
en service de la machine offset nouvellement acquise.

Les rapprochements entre les capacités techniques de production de l’ONPS et celles


des quatre principaux imprimeurs externes, effectués au vu de fiches techniques établies
par une commission technique de l’office, après constat des équipements d’impression
et de finition dont dispose chaque imprimeur d’une part, et les quantités de manuels
produits durant la période considérée par chacune des parties, d’autre part, font ressortir
qu’avec des capacités de production proches, la production réalisée par la plupart des
imprimeurs externes est substantiellement supérieure à celle de l’office.

Ceci ne s’explique pas, certainement, par une meilleure dotation ou apport du facteur
humain puisque la ressource humaine, de l’ONPS, par son importance quantitative et
qualitative, n’est pas comparable avec celle dont disposent les imprimeurs sous-traitants.
La justification de cette disparité dans la performance réside, surtout, dans l’état de
vétusté et d’obsolescence des équipements de production de l’office ayant entrainé une
« sous-activité » permanente ne lui permettant pas d’être concurrentiel dans le domaine
de l’impression industrielle.

Enfin, il convient de relever que cet état de fait s’est lourdement répercuté sur la situation
des charges de l’établissement qui s’est présentée, ainsi, pour la période 2014/2019 :

1
En nombre de livres.

344
Unité : Millions de DA
Exercices
2014 2015 2016 2017 2018 2019 Totaux Pourcentage
Charges
Achats consommés 338,91 399,42 423,24 518,78 589,46 550,73 2 821 06,34%

Services extérieurs 3 212,39 3 630,11 5 127,32 6 100,61 5 587,91 6 680,16 30 338 68,25%

Charges de 1 897,78 1 557,03 1 969,98 1 796,70 1 986,76 2 079,03 11 288 25,41%


personnel
Total des charges 5 706,87 5 698,46 7 613,01 8 566,94 8 296,93 9 660,59 44 447 100%
Source : Tableaux des comptes de résultats (TCR)

L’analyse sommaire des données du tableau, ci-dessus, donne les indications ci-après :

- Les services extérieurs représentent plus de deux-tiers (2/3) des charges de l’office ;
ils sont constitués essentiellement des charges liées à la sous-traitance de l’activité
d’impression ;
- L’évolution des postes de charges, la plus remarquée durant cette période, concerne
les services extérieurs avec un taux de 108% contre 62% pour les achats consommés et
10% pour les charges de personnel, confirmant, ainsi, le poids de plus en plus
prépondérant de la pratique d’externalisation dans la production du manuel scolaire.

Ce constat majeur soulève la nécessité de reconsidérer la stratégie de l’établissement en


vue d’une réduction substantielle des coûts de production de ses articles, notamment, le
manuel scolaire.

1.3. Distribution-commercialisation du manuel scolaire

La direction commerciale joue un rôle prépondérant dans la gestion du manuel scolaire.


Celle-ci se charge de la détermination des programmes de production, la gestion des
stocks, la fixation des prix de vente ainsi que de la commercialisation et la distribution
du manuel par le biais des centres de distribution qui lui sont rattachés.

- Discordance des ventes avec les programmes de production

Les besoins en matière de manuel scolaire pour une campagne (année scolaire) sont
arrêtés par la direction commerciale sur la base des données chiffrées transmises par le
ministère de tutelle relatives au nombre d’élèves.

Ainsi, en tenant compte des stocks dégagés en fin d’année, ladite direction arrête et
notifie le programme de production par titre et par programme d’enseignement.

345
Le rapprochement des données relatives aux élèves scolarisés avec les quantités de
manuels produits et celles des ventes a mis en exergue les difficultés de l’office à
maitriser le volume de production du livre scolaire. En effet :

- Pour la période 2015 à 2019, la quantité de manuels imprimés apparait en


disproportion avec l’évolution du nombre des élèves solarisés, destinataires desdits
manuels. En effet, alors que nombre d’élèves affiche un taux d’évolution annuel
relativement constant de 03%, la production de manuels a connu une évolution erratique
avec des taux croissants de 18% et 27% de 2015 à 2017 pour diminuer de 3% et 11% en
2018 et 2019.

- Durant la même période, la production du manuel scolaire n’a pas évolué avec la même
cadence que celle des ventes. Ainsi, le volume de la production s’est accru de près de
43% entre 2014 et 2019, contre une hausse de 11% pour celui des ventes.

- L’analyse de la production, par cycle d’enseignement, montre que la surimpression a


touché particulièrement le cycle moyen. A fin 2019, l’écart de la production cumulée
par rapport aux ventes cumulées est de 25,62 millions de livres, soit plus de deux (02)
fois la production annuelle moyenne vendue durant la même période et cinq (05) fois
les ventes du dernier exercice (2019). Cette situation a, surtout, profité aux coéditeurs
détenteurs des droits d’édition et d’impression sur ces manuels.

La faiblesse dans l’élaboration des programmes de production a eu des effets directs sur
la commercialisation des manuels scolaires et, par la même, sur l’évolution des stocks
invendus. Ainsi, le total des stocks morts, tous cycles confondus, pour la période 2014
à 2019 a atteint près de 12,58 millions de livres, pour un coût de 1,23 Mrd de DA dont
plus de 90% (11,4 millions) de ces manuels ont été retirés des programmes
d’enseignement et remplacés par ceux de la deuxième génération durant les trois
dernières années scolaires.

Il s’agit d’une inadéquation évidente entre les besoins réels du marché du livre scolaire
et la production programmée.

- Procédures de fixation des coûts

Les procédures de gestion internes ne prévoient aucun mode préétabli pour la


détermination des coûts de production des articles produits par l’office, même si ce
dernier est doté d’un département dénommé « comptabilité analytique et comptabilité
matière », rattaché à la sous-direction de la comptabilité générale et analytique. Cette
structure composée de deux (02) cadres, se contente surtout de la tenue de la
comptabilité matière.

346
Un prix de revient du manuel scolaire produit par l’office a été fixé à deux reprises d’une
manière empirique et sommaire, sans lien avec les coûts réels : la première fois en 2015
et la seconde en 2018 et ce par une « commission provisoire chargée de l’étude du prix
de la page homologuée du manuel scolaire », créée par décision du directeur général de
l’office. Le prix de revient approximatif, établi au terme de cette procédure et approuvé
par l’organe de gestion (conseil d’orientation et conseil d’administration), a été arrêté à
0,74 DA en 2015 puis à 1,11 DA la page en 2018.

Ce « prix de revient » a été appliqué pour l’ensemble des manuels scolaires produits
aussi bien par les moyens propres de l’ONPS que par les prestataires externes, en dépit
de l’absence de l’accord expresse du ministère de tutelle.

- Modalités d’application des marges

L’examen des procédures de commercialisation du manuel scolaire par l’ONPS a révélé


un traitement différencié des produits en fonction du mode de production et de
l’implication de l’office dans le processus de confection du manuel.

En effet, pour les manuels produits dans le cadre de la coédition, le rôle de l’ONPS se
limite à assurer l’activité de leur distribution. La procédure de fixation du prix de vente
du manuel est bien explicite ; ce dernier est déterminé à l’issue de la mise en
concurrence des éditeurs-imprimeurs, repris dans les clauses contractuelles et affiché
sur les manuels mis en vente par l’ONPS.

Concernant la marge revenant à l’office, elle n’est pas formellement définie. Ce dernier
est rémunéré au titre de l’activité de distribution du manuel produit en coédition à
hauteur de 25% du prix de vente. Ce taux, censé couvrir les prestations de livraison et
de distribution engagées par ce dernier, est fixé également d’une manière forfaitaire en
l’absence d’une étude technique et analytique préalable.

Néanmoins, l’analyse faite par la Cour des comptes sur la formation des coûts du livre
scolaire a révélé que le taux appliqué couvre les frais engagés par l’office pour ce type
de manuel, ce qui lui a permis de dégager une marge conséquente d’un taux moyen de
10% pour la période 2014/2019.

Il convient de relever, à ce propos, que le coût de production fixé par les coéditeurs,
arrêté à une moyenne de 1,35 DA la page, est plus élevé que celui fixé pour la production
de l’ONPS et les sous-traitants ; ceci s’est traduit, par conséquent, par une marge plus
importante pour les coéditeurs.

347
Quant aux manuels produits dans les ateliers de l’office et ceux imprimés par les sous-
traitants, ils se sont vus appliqués des taux de marge très variables, en l’absence de toute
procédure ou règle explicitant le mode et les critères de fixation des marges et par
conséquent la détermination des prix de vente.

En effet, le rapprochement des prix de vente de ce type de manuel par rapport au coût
de revient, tel qu’estimé par l’office, a montré que la marge dégagée a atteint une
moyenne de 70%.

Toutefois, l’analyse de la Cour a permis d’établir que cette marge est moins importante
en raison des carences caractérisant le mode de détermination des coûts adopté par
l’office. Ladite marge se situerait autour d’un taux de 35%.

En outre, il convient de relever que la marge pratiquée par l’ONPS n’est pas la seule qui
grève le prix de vente du manuel. Le prix de revient, pris comme base pour son
application, inclut déjà la marge revenant aux sous-traitants et coéditeurs estimée entre
25% et 35%.

En d’autres termes, le cumul de la marge de l’ONPS avec celles des sous- traitants et
des coéditeurs donnerait une marge pouvant atteindre un taux de 60% sur le livre
scolaire, confirmant, ainsi, le caractère excessif des marges appliquées.

Le tableau qui suit fait apparaitre la part de la marge de l’ONPS dans le chiffre d’affaires
réalisé à travers la vente du manuel scolaire durant les exercices 2014/2019 :

Unité : Mrds de DA
Exercices 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Vente de manuels scolaires 7, 83 7, 87 9, 28 9, 98 9, 27 10, 88
Part de la marge dans le CA 3,91 3,93 4,64 4,99 4,63 5,44

En somme, la marge moyenne appliquée par l’office qui s’élève à 4,60 Mrds DA,
représente près de 70% de la contribution de l’Etat à la gratuité du manuel scolaire.

Par conséquent, une réduction de la marge commerciale sur le manuel scolaire à 30%,
par exemple, réduirait la contribution de l’Etat de près de 3,28 Mrds DA, soit une
économie de près de 50%.

De ce qui précède, il ressort que les prix de vente appliqués pour les manuels scolaires
ne reposaient pas sur la réalité des coûts et ont permis à l’ONPS de réaliser des résultats
substantiels nonobstant les différents centres de surcoûts identifiés plus haut. Ceci ne va

348
pas dans le sens de l’objectif recherché par le dispositif législatif et réglementaire mis
en place qui consiste à rendre les prix des manuels accessibles à tous les élèves.

- Elargissement de la catégorie de bénéficiaires des manuels gratuits

La Cour a noté que les critères d’affectation de la contribution au titre du


«remboursement de frais liés à la gratuité du manuel scolaire au profit des élèves
démunis1», estimée annuellement à 6,5 Mrds de DA, n’ont pas été strictement observés
par le MEN, faisant bénéficier d’autres catégories d’élèves dont les parents ne sont pas
éligibles au sens des dispositions des décrets présidentiel n°02-286 du 7 septembre 2002
et exécutif n°21- 61 du 25 septembre 2021 instituant une allocation spéciale de scolarité
au profit des enfants scolarisés démunis et les modalités de son attribution.

L’élargissement de ce dispositif a été opéré sans fondement juridique pour inclure


indistinctement : tous les élèves des classes préparatoires et de la première année
primaire, les enfants des fonctionnaires du secteur de l’éducation ainsi que les élèves
aux besoins spécifiques.

Il s’est ensuivi que plus de 40% des élèves bénéficient de la gratuité du manuel scolaire.

L’impact financier de l'élargissement des catégories des bénéficiaires de manuels


gratuits sur le trésor public, durant la période 2014-2019, a atteint 5,8 Mrds en plus
d’une dette à l’encontre du ministère de l'éducation nationale pour la même période,
évaluée à près de 1,10 Mrd.

Il demeure entendu que la gestion rationnelle et conforme au dispositif réglementaire en


vigueur des crédits de ce chapitre, est à même de permettre une économie annuelle de
plus d’un (01) Mrd de DA au Trésor public.

En somme, plus de 66% du total des manuels vendus durant de la période 2014-2019,
soit près de 70% du chiffre d’affaires de l’office est payé par la contribution de l’Etat.
Ceci pose la difficulté quant à la soutenabilité budgétaire d’une telle démarche
notamment avec l’augmentation, sans cesse croissante, du nombre d’élèves et de
fonctionnaires du secteur de l'éducation nationale.

1
Chapitre 46-05 du budget de fonctionnement du ministère de l’éducation nationale.

349
1.4. La supervision et l’évaluation de l’activité de l’office

Les changements opérés par le décret exécutif n°18-131 du 2 mai 2018, modifiant et
complétant le décret exécutif n°90-11 portant création de l’ONPS, ont porté
principalement sur la distinction entre les missions commerciales de l’office et celles
ayant trait à la sujétion de service public ainsi que les modalités de suivi et de
compensation de ces dernières par le ministère de tutelle.

L’examen de ces nouvelles dispositions fait ressortir une confusion, voire des
contradictions, entre les deux types de missions. De plus, le cahier des charges, annexé
audit décret, et portant sujétions du service public de l’office, a accentué cette confusion
en y introduisant des missions commerciales au sens dudit décret, telle que « l’édition,
l’impression et la diffusion des livres parascolaires » ou « l’amélioration et le
développement du réseau de distribution par l’ouverture des points de vente sur
l’ensemble du territoire national ».

Cette carence dans les dispositions réglementaires s’est répercutée sur les conditions de
prise en charge des différentes activités de l’office qui n’arrive pas à cerner clairement
les actions éligibles à une compensation financière au titre de sujétion de service public.
Par ailleurs, l’absence d’établissement de ce cahier des charges a privé le ministère de
tutelle, durant la période antérieure à 2019, d’un outil de régulation, de pilotage, de suivi
et de mise en œuvre de la politique éducative dans le domaine du manuel scolaire. Ainsi,
le rapport annuel détaillé sur l'état de la mise en œuvre de la sujétion de service public
de même que le bilan retraçant les montants qui doivent être alloués à l’office pour
couvrir les charges réelles résultant de la sujétion de service public ne sont pas établis
par l’office.

Par ailleurs, le système comptable et de gestion permettant de distinguer les activités qui
relèvent des missions de service public de celles qui relèvent de l'activité commerciale
ainsi que le cadre réglementaire de référence portant sur la fixation des prix des manuels
en tant que produit soumis au régime des prix réglementés, tel que prévu par les
dispositions du décret exécutif n°17-330 du 15 novembre 2017 fixant les modalités et
les conditions d’obtention d’agrément et d’homologation des moyens et supports
pédagogiques, ne sont pas adoptés.

350
Recommandations émises

Les constats développés plus haut, assortis des recommandations que la Cour a estimé
devoir formuler pour contribuer à l’amélioration des conditions de gestion des moyens
de l’établissement et permettre une meilleure maitrise des coûts du manuel scolaire, ont
été portés à la connaissance des gestionnaires de l’office.

Ces recommandations ont, notamment porté sur la nécessité de :

- Mettre en place, dans les meilleurs délais, une structure de comptabilité analytique afin
de pouvoir suivre et déterminer les coûts de production des livres scolaires suivant une
méthode adaptée à la nature des activités de l’office ;
- Revoir l’organisation de l’établissement pour s’adapter aux exigences d’une gestion
moderne, économe et efficiente de ses moyens ;
- Se doter d’un système de rémunération fondé sur la qualification, la performance et le
rendement ;
- Ajuster les effectifs et donc la masse salariale sur les besoins techniques objectifs du
système de production et de distribution du livre scolaire ;
- Limiter le bénéfice de la gratuité du manuel scolaire aux enfants scolarisés
effectivement démunis afin d’alléger la contribution de l’Etat (coût du Trésor public).

L’examen de l’état de mise en application de ces recommandations a permis de dresser


la situation de l’établissement au dernier trimestre de l’année 2022 tel que développée
ci-dessous.

2. Evolution de la situation de l’office après 2019

Pour s’enquérir de l’état de mise en application de ces recommandations, la Cour des


comptes a effectué un examen de la situation de l’établissement au dernier trimestre de
l’année 2022.

Cet examen a permis de constater une amélioration de la gestion des activités de


production et de commercialisation du manuel scolaire. Toutefois, les aspects relatifs
aux coûts du manuel scolaire, aux mécanismes de contrôle et de supervision de la tutelle
sur les conditions d’exercice par l’office de sa mission de service public et à la gestion
de ses ressources humaines n’ont pas connu d’évolution sensible.

351
2.1. Au sujet de la production

Les gestionnaires de l’office ont consenti un effort significatif pour améliorer les
conditions d’impression du manuel scolaire à travers une meilleure programmation de
la production et le renforcement des capacités de production, offrant de meilleures
perspectives pour la réduction des coûts.

- Une meilleure maitrise de la programmation de la production

Au cours des exercices 2020 et 2021, l’office a revu à la baisse son programme de
production à un volume de 93 millions de livres contre un total de ventes estimé à
110 millions. Ceci a permis de réduire l’écart entre la production et les ventes de
39 millions de livres à fin 2020 et à 22 millions à fin 2021. Cet écart qui reste tout de
même légèrement supérieur aux besoins réels en matière de stocks de sécurité, traduit
un contrôle amélioré des prévisions de production. Le maintien de cette cadence
permettrait au final une meilleure maitrise des coûts de production.

- Un renforcement des capacités de la chaine de production

Au mois de mai 2020, l’office a conclu un marché d’un montant de 5,9 millions d’Euros
pour l’acquisition, auprès d’un fournisseur étranger, d’une machine rotative
d’impression de 32 pages, constituée de quatre groupes imprimant et d’une bande en
recto-verso avec sécheur.

La réception de l’équipement, prévue au mois d’avril 2021, a eu lieu au mois de


novembre de la même année en raison des contraintes liées à la pandémie de la COVID
19. Cet équipement a été installé au mois de mars 2022 et mis en service à la date
symbolique du 16 avril de la même année.

L’analyse de l’impact de cette nouvelle machine dans la chaine de production a permis


de constater ce qui suit :

- En dépit de son entrée en service en fin de campagne de production du manuel scolaire


(Année scolaire 2022/2023), cet équipement a permis d’accroitre la contribution de la
production interne de l’office de 21% à 28% dans la production totale du manuel scolaire
en 2022 ;
- L’utilisation de cette nouvelle machine à hauteur de 80% de ses capacités théoriques
(en deux (02) rotations), conformément aux prescriptions techniques, a renversé
l’équilibre dans la ligne de production entre l’impression et le façonnage (goulet
d’étranglement au niveau de la reliure), ce qui a nécessité, par conséquent, un
fonctionnement du processus (finition et pliage) avec trois (03) équipes ;

352
Pour optimiser l’ensemble de la chaine de production, l’office a inscrit, dans ses plans
d’investissement 2022 et 2023, l’acquisition de deux (02) plieuses et une (01) chaine de
reliure ;
- L’intégration de cet équipement dans la ligne de production, avec une capacité de
production annuelle de 20 millions de livres, permettra d’élever le volume d’impression
à près de 30 millions de manuels. Ceci contribuerait, certainement, à l’amélioration des
indicateurs de performance de la production et la réduction graduelle et à terme, du coût
d’impression du livre scolaire par l’office qui, néanmoins, demeure à présent largement
dépendant de la sous-traitance. A ce propos, il convient de signaler que l’office a
procédé, en 2022, au renouvellement, pour une durée de cinq (05) ans, de ses contrats
de sous-traitance avec ses principaux partenaires. Ces contrats portent sur l’impression
d’un volume annuel de huit (08) à 88 millions de livres.

2.2. Concernant l’activité de commercialisation

Certaines activités liées à la commercialisation-distribution ont également enregistré des


progrès dans leur prise en charge. Les actions d’améliorations qui restent à entreprendre
sont liées notamment à celles ayant trait aux modalités de définition des marges qui
impactent extrêmement le prix de vente du manuel scolaire.

- Un début de mise en œuvre des procédures de calcul des coûts

Pour les exercices 2020 et 2021, les services financiers de l’office ont adopté la méthode
de calcul des coûts préconisée par la Cour des comptes, ce qui constitue une étape
préliminaire pour sa mise en place progressive pour la détermination de ses coûts de
revient.

En fait, la mise en application présente de cette méthode est marquée par certaines
insuffisances liées, surtout, au fait qu’elle n’est pas utilisée d’une manière exhaustive
puisqu’elle ne fait ressortir que le coût de production net du manuel produit par les
moyens propres de l’office et qu’elle n’a concerné qu’une partie des manuels produits
par l’office. La détermination du prix de revient n’est pas encore prise en charge.

Par ailleurs, en 2022 et en se référant à la même méthode de calcul, la direction technique


de l’office a procédé à la conception « d’un dossier de fabrication » qui retrace les
consommations et les charges réelles à chaque étape du processus de fabrication des
articles produits ainsi que leur coût de production global et unitaire. L’exploitation
rigoureuse de ce dossier permettra la détermination exacte et l’analyse des coûts de
production.

353
Il n’en demeure pas moins que l’établissement ne s’est pas encore totalement doté de
cet instrument indispensable pour l’analyse et la maitrise des coûts, d’une part et la
fixation des marges bénéficiaires et des prix de vente des différents produits et
notamment des manuels scolaires en accord avec la tutelle, d’autre part.

- Application des marges : une situation inchangée

L’office n’a pas mis en place des modalités précises de définition des marges applicables
aux produits commercialisés et en particulier pour le manuel scolaire. Ainsi, en 2020 et
2021, le manuel scolaire est resté toujours grevé d’une double marge au profit des sous-
traitants et de l’ONPS.

Néanmoins, en raison du recul de l’activité de l’office en 2021 (avec la baisse du chiffre


d’affaires de 8% et l’augmentation des charges de 22%), la marge appliquée a enregistré
un repli évident par rapport à 2019 avec une chute des bénéfices pour un taux de 80%.

D’ailleurs, pour faire face au repli des résultats de l’office au cours des deux derniers
exercices, le conseil d’administration a approuvé, lors de sa session du 28 décembre
2021, le principe de révision des prix du livre scolaire pour des motifs multiples.

- Cependant, le conseil a reconsidéré cette décision, lors de sa réunion du 07 juillet


2022 par la suspension temporaire de la révision des prix de vente, pour 2022, en
application des orientations des pouvoirs publics visant la préservation du pouvoir
d’achat des citoyens.

- Elargissement du réseau de distribution du manuel scolaire

L’office fait face à de réelles contraintes pour l’acheminement du manuel scolaire dont
l’essentiel des quantités est écoulé au sein des établissements scolaires considérés le lieu
naturel et l'espace pédagogique le plus approprié et recommandé pour les élèves et leurs
parents. Les agents chargés de la distribution, notamment les intendants, se désengagent
de l’opération au motif qu’elle ne fait pas partie du domaine de leurs attributions.

Afin de les inciter à prendre en charge cette opération, le ministère de tutelle a instauré,
en 2021, une prime à leur profit équivalent à 5% des ventes réalisées qui a été rehaussée
à 6% en 2022.

D’autres actions ont été également initiées pour l’élargissement du réseau de distribution
à travers l’ouverture de points de ventes au sein des centres de distribution de wilayas,
l’organisation de foires et l’accréditation de plus de 1 400 librairies sur le territoire
national moyennant une remise de 8% sur le prix de vente.

354
L’office a également instauré la vente électronique du manuel scolaire et son
acheminement en vertu d’un contrat de partenariat conclu avec un opérateur spécialisé
qui couvre 36 wilayas.

Cet effort pour la mise à disposition du manuel scolaire pèse sur les charges de l’office.
En 2021, le montant des primes accordées aux agents des établissements scolaires a
atteint près de 69 millions DA, alors que celui des remises concédées au profit des
librairies a dépassé 201 millions DA.

2.3. En matière de supervision de l’activité de l’office par la tutelle : des


efforts restent à faire

L’office adresse, désormais, au ministère de tutelle un bilan qui retrace les montants qui
doivent lui être alloués pour couvrir les charges qu’il estime afférentes à la sujétion de
service public. De même, une synthèse sur la situation financière des activités liées à la
sujétion de service public a été présentée, en décembre 2021, au conseil d’administration
qui a recommandé au directeur de l’office de procéder au recouvrement des créances y
afférentes.

Dans ce cadre, la comptabilité de l’établissement fait ressortir, au mois de septembre


2022, une créance de 930 millions de DA au titre de la sujétion de service public dûe
par le ministère de l’éducation nationale durant la période 2018/2022.

En fait, en dehors des crédits destinés à la gratuité du manuel scolaire, le ministère de


tutelle n’a pas prévu dans ses budgets successifs la contribution financière en
contrepartie des sujétions de service public assurées par l’ONPS.

Par ailleurs, le cahier des charges annuel qui devait être signé entre le ministère et
l’office pour encadrer administrativement et financièrement les activités de service
public confiées à ce dernier n’a jamais été établi.

A ce propos, la Cour des comptes estime que tant que le ministère de l’éducation
nationale n’a pas introduit, via le cahier des charges, une procédure définie de
supervision et de contrôle sur les modalités de détermination du coût de revient du
manuel et de fixation de la marge bénéficiaire et du prix de vente, la contribution du
Trésor public à la gratuité du manuel scolaire ne sera pas réduite mais pourrait, dans la
meilleure des hypothèses, conserver son niveau actuel.

355
Des améliorations dans les textes réglementaires en vigueur s’avèrent également
nécessaires dans le sens d’une meilleure définition des sujétions de service public à la
charge de l’office et d’une prise en charge adéquate des incidences financières qui s’y
rapportent, d’une part et d’une clarification des modalités d’approbation des coûts et des
prix de vente des produits des activités de sujétion de service public, d’autre part.

Il convient de signaler enfin, qu’en vertu du décret exécutif n°22/268 du 18 juillet 2022,
la sujétion de service public de l’office a été élargie à « l’impression, la publication et
la distribution, à titre gratuit, des manuels scolaires au profit des élèves démunis ». Cet
aménagement réglementaire a pour objectif de permettre le versement direct par le
ministère de l’éducation nationale de la contribution annuelle relative à la gratuité du
manuel scolaire au profit de l’ONPS. Ceci permettra de surmonter les contraintes
récurrentes liées au recouvrement de cette contribution auprès des directions de
l’éducation des wilayas.

2.4. En ce qui concerne la ressource humaine

Les actions entreprises, ultérieurement au contrôle de la Cour des comptes en 2020, en


matière de gestion des ressources humaines n’ont pas contribué à améliorer la
performance de ce facteur de production ; elles ont, à l’inverse, concouru à accroitre son
poids sur les charges de l’office.

A ce propos, les constats suivants ont été relevés :

- La convention collective a fait l’objet de révision au mois de juillet 2021 qui a donné
lieu, d’une part, à l’augmentation du point indiciaire pour l’ensemble du personnel de
l’office ainsi qu’à la hausse de plusieurs primes et indemnités. Cette modification,
entérinée par le conseil d’administration, a eu pour conséquence une hausse substantielle
du salaire mensuel brut, estimée en moyenne à 43% par salarié et à 75% pour la catégorie
des cadres dirigeants, comparativement à 2019.

De plus, la partie variable du salaire (les primes et indemnités) devant constituer un


levier de motivation pour l’augmentation de la productivité et de la performance de
l’établissement est attribuée d’une manière quasi-systématique aussi bien pour les
cadres dirigeants que pour les autres catégories de personnel, nonobstant le degré
d’atteinte des objectifs ou des résultats réalisés par l’établissement.

- En matière de recrutement, alors que les effectifs ont enregistré une baisse de 13%
entre 2014 et 2019, cette tendance s’est inversée par la suite. Ainsi, les effectifs ont
atteint 1 676 employés en 2021 et 1 804 employés au mois de septembre 2022, soit un

356
accroissement de 13,53% (215 employés) par rapport à ceux de 2019, répartis entre le
personnel permanent avec (+174) salariés et le personnel contractuel pour (+41).

Cet accroissement des effectifs notamment pour le personnel permanent ne peut être
justifié par la création de nouvelles structures entre 2020 et 2022, tel que soulevé par la
direction de l’établissement. En effet, les recrutements opérés au sein des structures de
distribution ont atteint 141 employés, soit plus de deux (02) fois les besoins réels.

Quant aux structures du siège, elles ont enregistré un recrutement supplémentaire de 33


salariés permanents dont 13 (soit 40%) affectés à la direction de la production. Ceci ne
peut pas être seulement justifié par la mise en service du nouvel équipement
d’impression en 2022, car le personnel y affecté était déjà opérationnel et a bénéficié
d’une formation en conséquence.

Ces recrutements vont à contre-sens de la situation de sureffectif déjà constatée aussi


bien au sein du siège de l’établissement que dans les centres de distribution.

- La procédure de nomination du personnel d’encadrement aux postes de cadres


dirigeants, un des constats précédents de la Cour, a été mise en conformité avec les
prescriptions de la circulaire n°001 du 30 août 2015, modifiant et complétant la
circulaire n°001 du 11 décembre 2007 émanant du ministère de travail1. Cependant,
l’office n'a pas toujours fixé des critères spécifiques pour leur nomination.
Par conséquent, la question du manque de qualification ou de l’inadéquation des profils
des cadres dirigeants par rapport aux exigences du poste, soulevée précedemment par le
conseil d’administration (en 2018), demeure relativement persistante au sein de
l’office.

En somme, les mesures prises en matière de gestion des effectifs ont fortement impacté
les charges du personnel qui ont enregistré un bond de 51,10%, passant de 2,079 en 2019
à 3,141 Mrds DA en 2021.

Le poids significatif des charges de personnel dans l’activité de l’Office et dans la


structure des coûts est illustré à travers la valeur ajoutée et la productivité apparente du
personnel.

1
La circulaire n°2001 du 11 décembre 2007 fixant les modalités de détermination des salaires des cadres dirigeants
des établissements publics non autonomes et des établissements publics à caractère industriel et commercial et les
centres de recherches et de développement.

357
En effet, la part des dépenses de personnel représentant, en 2019, environ 35% de la
valeur ajoutée, est passée à près de 80% en 2021. Quant à la productivité, elle a
enregistré une baisse de 14,68% passant de 7,44 millions DA à 6,35 millions par
employés au cours de la même période.

Recommandations

En sus des recommandations formulées précédemment en matière d’organisation et de


procédures de gestion des moyens de production et des ressources humaines visant la
maitrise du coût du manuel scolaire ainsi que celles concernant la limitation du bénéfice
de la gratuité du manuel scolaire aux enfants scolarisés effectivement nécessiteux afin
d’alléger la contribution de l’Etat, le ministère de l’éducation nationale est invité à
renforcer son dispositif de supervision et de contrôle sur les activités de l’ONPS. Dans
ce cadre, il est appelé à élaborer des cahiers de charges annuels comportant des clauses
précisant notamment :

- La liste des activités et prestations faisant partie de la sujétion de service public


assurées par l’office et ouvrant droit à une compensation financière ;
- Les modalités de suivi et de contrôle de ces activités ;
- Les procédures de détermination et d’approbation des prix de revient et des prix de
vente des manuels scolaires afin d’arrêter objectivement le montant de la contribution
de l’Etat ;
- Les conditions techniques et économiques de la sous-traitance des activités de
production du manuel scolaire.

Réponse du Directeur Général


de l’Office National des Publications scolaires

J’ai l’honneur de vous présenter ce compte rendu concernant les remarques et observations
inscrites dans la note d’insertion de la Cour des comptes au sujet de la gestion de l’Office
National des Publications Scolaires.

En premier lieu, j’attire votre attention qu’en date du 17 mai 2022, l’office national des
publications scolaires a déposé au niveau du secrétariat général du ministère de l’éducation
nationale un compte rendu, dans lequel il a apporté des éclaircissements et des réponses aux
remarques, observations et recommandations mentionnées dans le rapport de la mission
d’audit de la Cour des comptes sur la gestion de l’office pour la période 2014 à 2019.

358
En second lieu, et après lecture du dernier rapport établi par la Cour des comptes, et reçu le
03 mai 2023. Permettez-moi de vous transmettre les éclaircissements suivants :

1. Concernant les ressources humaines

La direction de l’ONPS établit pour chaque exercice un plan prévisionnel de recrutement. Ce


plan est la synthèse des besoins en main d’œuvre qualifiée exprimés par toutes les directions et
centres de distribution de l’office. Il concerne les postes vacants ou prévus pour être vacants.
Le plan annuel de recrutement est soumis au conseil d’administration au début de chaque
exercice pour approbation. Suite à l’approbation du conseil d’administration, la direction
d’administration générale concrétise ce plan conformément aux textes et lois en vigueur en
matière de gestion des ressources humaines.

Concernant l’organisation interne de l’ONPS, l’organigramme actuel est l’application stricte


de la décision ministérielle « n°04 du 26 février 2019 ». Cet organigramme est en parfaite
harmonie avec la nature des activités et des nouvelles tâches de l’office conformément au décret
exécutif n°18-131 du 02 mai 2018 modifiant et complétant le décret exécutif 90-11. Dans ce
contexte, la direction de l’ONPS a élaboré des procédures et a entamé les démarches pour
l’obtention de la certification conformément aux normes ISO 9001 version 2015 qui exigent
l’élaboration de fiches de postes pour l’ensemble des travailleurs de l’office. Chose qui a été
faite et mise en application.

Conformément au décret exécutif n°18-131 du 02 mai 2018 modifiant et complétant le décret


exécutif 90-11 qui stipule dans ses articles l’élargissement du réseau de distribution et la vente
en détail des documents didactiques, l’ONPS a procédé à l’ouverture de nouveaux centres de
distribution dans les nouvelles wilayas crées et plusieurs points de vente à travers le territoire
national et à l’acquisition de quarante (40) camions et trois (03) bus. L’office a également
procédé à des recrutements essentiellement pour les centres de distribution dans le but
d’accomplir sa mission et assurer la disponibilité des manuels scolaires pour tous les élèves
scolarisés de l’Algérie.

Aussi, en application des textes législatifs en vigueur, la direction de l’ONPS a procédé, durant
les deux années 2021 et 2022, à la régularisation des travailleurs des centres de distribution,
qui étaient sous contrat à durée déterminée « CDD » depuis plusieurs années par des contrats
de travail à durée indéterminée. Le nombre des travailleurs régularisés dépasse les soixante-
dix (70) personnes.

Afin d’augmenter le rythme de production et déduire les coûts, l’ONPS a réadapté le système
de travail de la production aves trois (03) équipes (3X8).

359
Additivement au contenu de la réponse déposée au niveau du secrétariat général du ministère
de l’éducation nationale, et en complément des démarches déjà entreprises en matière de la
grille des salaires, l’ONPS a signé en date du 17 mars 2023 un contrat sous le n° 22-11 portant
sur « l’élaboration d’une grille des salaires et système de rémunération de l’ONPS ».

2. Concernant le coût du manuel scolaire

Parmi les recommandations de la Cour des comptes, l’ONPS doit créer la structure
« comptabilité analytique ». Cette structure permettra à l’office de déterminer le coût réel de
chaque manuel.

Conformément à l’organigramme de l’ONPS, approuvé par le conseil d’orientation (conseil


d’administration actuellement) en 2016, il a été créé un service de comptabilité analytique,
rattaché à la direction finances et comptabilité (DFC). En application des directives et
recommandations inscrites dans le rapport de la Cour des comptes, quant aux méthodes de
détermination et calcul des coûts des manuels scolaires, ce service travaille en étroite
collaboration avec la direction technique pour assoir les outils et les mécanismes nécessaires
pour le calcul des coûts réels des manuels scolaires ainsi que les autres produits de l’ONPS.

Dans ce contexte, et afin de réduire les coûts des manuels, sachant que la matière première est
le facteur primordial entrant dans la détermination du coût des manuels scolaires, l’ONPS a
signé un contrat avec un producteur pour la fourniture de papier d’impression et cela pour
réduire au maximum les charges. La même stratégie sera adoptée pour tous les autres produits
d’imprimerie et qui influent directement sur le coût des manuels scolaires.

3. Concernant le programme de production

En application des recommandations et orientations de la Cour des comptes, et afin de


renforcer les capacités de production de l’ONPS et réduire la quote-part de la sous-traitance,
l’office a acquis une machine d’impression rotative, mise en service en 2022. En outre, l’office
a engagé, suite à l’approbation des plans d’investissements des exercices 2022 et 2023, les
démarches administratives et légales édictées par le guide des procédures des marchés de
l’ONPS pour l’acquisition de plusieurs machines et outils de production dans le but d’accroitre
ses cadences et sa capacité de production.

En ce qui concerne les stocks des manuels scolaires enregistrés, l’ONPS élabore une feuille de
route pour la campagne scolaire de chaque année, en prenant en considération, dans
l’élaboration du programme de production, certains indicateurs (nombre d’élèves, stocks,
production, distribution, etc.) permettant de maitriser les stocks et d’éviter les pénuries des

360
manuels scolaires dans les écoles et éviter, aussi, des stocks programmés dues aux réformes du
système éducatif.

4. Concernant le cahier des charges des sujétions de service public

Conformément aux dispositions du décret exécutif 22-268 du 18 juin 2022, modifiant et


complétant le décret exécutif 90-11 portant création de l’office national des publications
scolaires, l’ONPS a procédé à l’élaboration d’un projet de cahier des charges des sujétions de
service public. Le cahier des charges définit l'ensemble des tâches qui lui sont confiées par le
ministère de tutelle dans le cadre de ses missions en vue d'améliorer le rendement pédagogique.

A cet effet, l'office est chargé en plus de ses tâches : « d'imprimer, de publier et de distribuer
gratuitement les manuels scolaires au profit des élèves démunis ».

Le projet du cahier des charges a été soumis, en date du 15 novembre 2022, à la direction
finances et moyens au niveau du ministère de l’éducation nationale pour étude et avis.

361
11. L'AGENCE NATIONALE DE L’URBANISME
(ANURB)

L’agence nationale de l’urbanisme (ANURB) est un établissement public à caractère


industriel et commercial (EPIC), sous la tutelle du ministère de l'habitat, de
l'urbanisme et de la ville (MHUV), qui a pour mission principale d’assister l’Etat et
les collectivités locales en matière d’élaboration et de suivi des plans d’aménagement
et d'urbanisme et d’apporter son expertise technique dans le domaine des études en
urbanisme.

L’évaluation, par la Cour des comptes, des conditions d'exécution des missions
statutaires de l’agence, au titre de la période 2018-2022, a mis en exergue que les
lacunes caractérisant son organisation et son fonctionnement ne sont pas sans impact
sur l’exercice des missions qui lui sont dévolues.

En effet, les structures prévues dans l’organigramme de l’agence ne sont pas


suffisamment encadrées et pourvues en personnel nécessaire alors que d’autres n’ont
même pas été mises en place d’où sa difficulté à assurer pleinement ses missions. Sur
le plan régional, la relation de l’agence avec les bureaux d’études publics nécessite
d’être clarifiée davantage et encadrée avec des procédures de supervision en vue d’une
meilleure coordination entre l’agence, en sa qualité d’actionnaire unique, et ses filiales
particulièrement en matière d’échange d’informations liées à leur activité.

Par ailleurs, et en raison de l’imprécision des obligations imposées à l’EPIC au titre


de ses missions de service public, ce dernier peine à maitriser les dépenses qui en
découlent et à assurer leur rémunération par le biais des contributions allouées par
l’Etat.
Il en résulte une faible réalisation des missions de sujétions de service public,
notamment dans les domaines des études et de l’établissement des plans d’urbanisme
et d’assistance technique aux collectivités locales en matière de résorption de l’habitat
précaire et de réservation des sols pour la mise en œuvre des projets d’importance
nationale, régionale et locale ou à caractère spécifique.

Ainsi, en dehors des actions menées pour la mise en place d’un système d’information
géographique dénommé « SIG urbanisme », dont la numérisation des instruments
d’urbanisme en l’occurrence les plans directeurs d'aménagement et d’urbanisme
(PDAU) et les plans d'occupation des sols (POS), demeure inachevée à ce jour,
l’ANURB n’a pas enregistré de bilan significatif durant la période contrôlée.

362
La loi relative à l'aménagement et l'urbanisme1 a défini les instruments d'aménagement
et d'urbanisme et a fixé les orientations fondamentales d'aménagement des terrains
intéressés. Ces instruments précisent les conditions permettant, d'une part de rationaliser
l'utilisation des espaces et de préserver les activités agricoles et la protection des espaces
sensibles, des sites et des paysages et d'autre part de prévoir les terrains affectés à des
activités économiques et d'utilité publique et aux constructions orientées vers les besoins
actuels et futurs en matière d'équipements collectifs, de services, d'activités et de
logements.

Dans ce cadre et afin de corriger les déséquilibres urbains, le développement désordonné


de l’habitat et des villes algériennes et de réhabiliter les instruments de l’urbanisme, une
agence nationale de l’urbanisme (ANURB) a été créée2 en 2009. Placée sous la tutelle
du ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville (MHUV), l’Agence est un
établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), dotée de la
personnalité morale et de l'autonomie financière. En 2014, neuf (09) bureaux d’études
publics3 (URB) disposant d’un statut d’entreprises publiques économiques (EPE, Spa)
lui ont été rattachés4.

Au titre de son programme annuel de 2022, la Cour des comptes a mené une opération
de contrôle de la qualité de gestion de l’Agence visant à apprécier les conditions
d'exécution de ses missions au regard des moyens organisationnels, humains et
financiers dont elle dispose. Les vérifications, portant sur la période 2018-2022, se sont
basées sur l’examen documentaire et les entrevues avec les responsables de l'Agence,
ainsi qu'avec les cadres concernés du ministère de tutelle5.

Le contrôle fait apparaitre que l’ANURB, qui n'a été, réellement active qu'après 2017,
n’est pas dotée d’une organisation adéquate permettant d’assurer pleinement les larges
prérogatives qui lui sont dévolues dans le domaine des études en urbanisme. Ainsi, les
structures prévues à cet effet ne sont pas suffisamment encadrées et pourvues en
personnel nécessaires. De même, le rattachement des bureaux d’études publics sans
préciser la forme de leur transformation et la nature de leur relation avec l’Agence ont
pesé négativement sur l’action de coordination, particulièrement en matière d’échange
d’informations liées à leur activité.

1
La loi n° 90-29 du 01 décembre 1990, modifiée et complétée par la loi n° 04-05 du 14 août 2004 relative à
l'aménagement et l'urbanisme.
2
Décret exécutif n°09-344 du 22 octobre 2009 portant création de l’Agence nationale de l’urbanisme (ANURB).
3
Les Centres d'études et de réalisation d’urbanisme de Sétif, Constantine, Batna, Oran, Tlemcen, Annaba, Tiaret,
Blida et le Centre national d'études appliquées et de recherche (CNERU).
4
En application de la résolution n°01/98 du conseil des participations de l’Etat (CPE) du 15 octobre 2009.
5
Le directeur général (DG) et le directeur de l’administration et des finances (DAF) de l’Agence, le directeur
général de l’urbanisme et de l’architecture (DGUA), l’Inspecteur général et le directeur général des ressources
(DGR) du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville.

363
En effet, en dehors des actions menées pour la mise en place d’un système d’information
géographique dénommé « SIG urbanisme1 », dont la numérisation des instruments
d’urbanisme en l’occurrence les plans directeurs d'aménagement et d’urbanisme
(PDAU) et les plans d'occupation des sols (POS), demeure inachevée à ce jour ; les
autres activités se sont limitées à quelques réflexions sur des projets de textes législatifs
et règlementaires à la demande de la tutelle et des actions éparses réalisées sur sa propre
initiative.

Le plan directeur d'aménagement et d’urbanisme (PDAU) est un instrument légal et


obligatoire de planification spatiale et de gestion urbaine. Ce plan directeur détermine
des prévisions d'urbanisme et des règles de gestion. Il fixe les orientations fondamentales
de l'aménagement du territoire d'une ou de plusieurs communes.

Le plan d’'occupation des sols (POS) fixe un ensemble de règles pour l'occupation et
l'utilisation des terres (habitat, élevage, agriculture, etc.) sur un territoire, et les localise
sur des cartes. Il définit aussi toutes les mesures à prendre pour garantir sa mise en
application effective. Il fixe de façon détaillée les droits d’usage des sols et des
constructions et se traduit par un règlement accompagné de documents graphiques de
référence.

1. Missions, organisation et moyens mis en œuvre

L'examen des missions, de l’organisation et des moyens de fonctionnement de l'Agence


a donné lieu aux constatations suivantes :

1.1.Missions

Identifiée comme l’outil principal de l'Etat en matière d'élaboration et de suivi des plans
d’aménagement et d'urbanisme, l’ANURB constitue le pôle de compétence et
d’expertise technique au service de l’Etat et des collectivités locales.

Elle est chargée, notamment d’apporter son assistance à l'Etat, aux collectivités locales
et aux organismes concernés ou intéressés dans les projets d’urbanisme d’envergure,
d'études, de création et de réalisation de zones d'expansion et de sites touristiques, des

1
Résolution n°5 du conseil d’administration du 20 décembre 2012 portant sur le lancement du SIG dédié à
l’urbanisme.

364
zones industrielles et des zones à utilisation spécifique et d’effectuer, à leur profit, toute
mission de maîtrise d'ouvrage déléguée.

L’Agence a, aussi, pour mission de constituer une documentation et une banque de


données numériques propres à l’urbanisme, d’élaborer la règlementation et les normes
techniques et de fournir des expertises et des consultations liées à son domaine d'activité.
S’agissant des sujétions de service public, l’Agence est chargée, conformément aux
prescriptions du cahier des charge, annexé au décret de création, d’accomplir l’ensemble
des taches qui lui sont confiées au titre de l’action de l’Etat ou de ses collectivités
territoriales dans les domaines des études et de l’établissement des plans d’urbanismes
et de l’apport du concours technique à ces dernières en matière de résorption de l’habitat
précaire.

1.2.Organisation et moyens humains

Pour exercer ses missions comme outil de l’Etat en matière d’élaboration et de suivi des
plans d’aménagement et d’urbanisme, l’Agence a mis en place une organisation1
composée d’une direction générale et de cinq directions centrales. Il s’agit de la direction
générale adjointe ; direction des réseaux et des systèmes d’information géographique ;
direction des études générales et de la prospective ; direction de la maitrise d’ouvrage
des programmes de réalisations urbaines et de la direction de l’administration et des
finances.

- Des directions importantes insuffisamment structurées et dépourvues


d’encadrement

En dépit de la multiplicité des structures et des larges prérogatives dévolues à l’Agence


dans le domaine des études en urbanisme, l’examen de l’organisation mise en place, à
fin 2022, a mis en évidence que les structures prévues pour leur prise en charge ne sont
pas suffisamment encadrées et pourvues en personnel.

En dehors de la direction des réseaux et des systèmes d’information géographique qui


dispose de structures relativement étoffées en encadrement technique 2, et qui
fonctionne, néanmoins, sans directeur, les autres directions accusent un déficit marquant
en ressources humaines.

1
Arrêté du 30 janvier 2017 fixant l’organisation interne de l'ANURB et de ses démembrements.
2
Cette direction est composée d’un effectif de 17 employés, composé principalement de cadres techniques
(ingénieurs, architectes chefs de projets et techniciens).

365
L’effectif de l’Agence, composé de trente-six employés (36), n’a pas connu d’évolution
significative et reste relativement stable durant le période considérée. Ainsi :

- La direction générale n’est pas dotée d’assistants1 chargés respectivement de la


communication, de la publication et de la coopération ainsi que de la sécurité interne ;
seul l’assistant chargé de l’audit et du contrôle de gestion est désigné ;
- La direction générale adjointe est dépourvue de tout encadrement et aucune personne
n’est désignée à sa tête alors que son rôle est essentiel dans la coordination, la
supervision et l’accompagnement des différentes structures de l'Agence, de ses
démembrements et de ses filiales ;
- La direction des études générales et de la prospective fonctionne avec un effectif
composé de sept (07) personnes. Elle est chargée de proposer toutes études ou analyses
prospectives dans le domaine de l’urbanisme, d’étudier et d’établir les plans
d’urbanisme, de réaliser des études spécifiques et d’élaborer des normes techniques et
des expertises et toute règlementation liées à son domaine d’activité ;
- La direction de la maitrise d’ouvrage des programmes de réalisations urbaines n’a
jamais été mise en place. Elle devait comprendre trois sous directions dédiées aux
programmes d’intervention sur les tissus anciens, aux zones spécifiques et à l’assistance
à la maitrise d’ouvrage ;
- Quant à la direction de l’administration et des finances dont le directeur assure au
même temps, à la date du contrôle, les fonctions de directeur général par intérim, elle ne
comprend concrètement que deux chefs de service, chargés respectivement de la
comptabilité et des finances, au lieu d’une sous-direction des finances et de la
comptabilité et le reste de sa composante est constitué d’agents de soutien polyvalents.
Cette structure chargée, notamment, de la gestion des ressources humaines et des
moyens logistiques n’est pas dotée des deux autres sous-directions des ressources
humaines et des moyens généraux prévues à cet effet.

- La relation entre l’Agence et ses filiales à clarifier et une supervision à renforcer

Outre l’organisation interne centrale, l’Agence s’est vue rattachée, par résolution du
conseil des participations de l’Etat (CPE) en 2009, les centres d'études et de réalisation
en urbanisme (EPE/URB) et le centre national d'études appliquées et de recherche
appliquées en urbanisme (EPE/CNERU), sans pour autant préciser la forme de leur
transformation. Cela a été concrétisé par l’Assemblée générale extraordinaire (AGEX)2
de la SGP GENEST3qui a décidé le transfert en l’état des EPE SPA, filière urbanisme,
citées supra, au profit de l’ANURB.

1
L’article 04 de l’arrêté précité.
2
Résolution du 03 décembre 2014.
3
Société de gestion et de participation, études et engineering.

366
L'article 04 du décret exécutif n°09-344, susvisé, a prévu la possibilité de créer des
démembrements à l’Agence en tout lieu du territoire national sous la dénomination
d’«agence régionale de l’urbanisme », par arrêté du ministre de tutelle après délibération
du conseil d’administration, lesquelles jouissent, dans la limite de leurs attributions
d’une autonomie financière en matière de maitrise d’ouvrage, de gestion et de moyens
humains et matériels. Cependant, à ce jour, aucune adaptation de l’organisation n’a été
opérée pour mettre en œuvre cette disposition.

L’absence d’une définition précise de la nature de la relation entre l’Agence et ses


bureaux d’études publics et l’inexistence des procédures de suivi et de supervision de
l’activité de ces derniers ont impacté, de façon considérable, l’action de coordination
entre l’Agence, en sa qualité d’actionnaire unique, et ses filiales, tout particulièrement
en matière d’échange d’informations liées à leur domaine d’activité. Cela a été accentué
par l’inactivité de la direction générale adjointe chargée de la coordination, de la
supervision, de l’animation, du suivi, de l’assistance et de l’accompagnement des
différentes structures centrales de l'Agence et de ses filiales 1. Cette structure n’a
fonctionné que pendant six (06) mois en 2022.

Cette situation est illustrée par plusieurs déficiences, tels que la participation de l’agence
et plusieurs de ses filiales à un même appel d'offres, sans concertation. C’est le cas de
l'appel d'offres portant sur l'étude de classement et d'évaluation des performances des
villes ou il y a eu la participation, à la fois, de l’URB de Tlemcen et de l'Agence sans
que cette dernière ne soit informée. De même, le déploiement géographique de l’agence
et de ses filiales n’est pas suffisamment étudié. En effet, de nouvelles unités ont été
créées par les filiales dans des zones ou activent, déjà, d’autres démembrements de
l’Agence.

1.3. Nécessité d’un rôle plus actif des services de tutelle


Le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville est chargé, aux termes de l’article
6 de la convention2 d’octroi de la dotation initiale, d’apporter son soutien à l’Agence en
vue de l’aider à réaliser ses objectifs et veiller au respect et à la bonne exécution de ses
engagements. Néanmoins, les services centraux destinataires, périodiquement, des
divers documents comptables et financiers transmis par l’Agence (rapports de gestion,
rapports des commissaires aux comptes, états financiers, etc.), n’ont pas accompli
pleinement leur rôle en matière de suivi et de supervision. Ces services se contentent de
la réception de ces documents sans procéder à leur exploitation ou analyse pouvant

1
L’article 05 de l'arrêté, précité.
2
La convention du 12 mai 2013 ayant pour objet de préciser les modalités et les conditions d’octroi à l’ANURB
d’une dotation initiale.

367
donner lieu à des orientations et ou des recommandations allant dans le sens de corriger
certaines situations et de solutionner les contraintes rencontrées par cet EPIC.

En effet, les investigations ont relevé, à titre illustratif, le cas des cahiers des charges 1
de sujétions de service public élaborés par l’Agence qui ne sont pas approuvés par la
tutelle. C’est le cas aussi de tous les procès-verbaux des réunions du conseil
d’administration, tenues pendant toute cette période, qui ne sont pas approuvés par le
ministre chargé de l’urbanisme conformément aux dispositions de l'article 14 alinéa 4
du décret 09-344 susvisé.

Il est important de préciser qu’en raison de la faiblesse du plan de charge de l’Agence,


les membres du conseil d’administration (CA)2 ont fait état, à maintes reprises, de leurs
besoins en matière d’orientation et d’assistance par la tutelle, notamment une
redéfinition du rôle de l’ANURB à la lumière du rattachement des EPE/URB dont
l’effectif avoisine, à septembre 2022, un nombre de 1 799 employés.

1.4. Situation financière

Le financement de l’Agence est assuré essentiellement par la dotation initiale, les


produits des prestations de services générés par ses activités, les contributions de
sujétion de service public ainsi que les produits des prestations de maitrise d’ouvrage
déléguée.

L’examen de la situation financière de l’Agence, au titre la période 2018-2021, fait


ressortir la prédominance des produits financiers par rapport aux autres produits. Ils
représentent un taux 46,48%, soit 377, 790 millions de DA, sur un total des produits
estimé à 812, 660 millions de DA, alors que le produit issu de ses activités (chiffre
d’affaires) n’est que de 9%, soit 70, 596 millions de DA. Le reste provient,
essentiellement des contributions de l’Etat.

1
Envois du 15 janvier 2014 et du 29 avril 2021 portant cahier des charges de sujétions de service public.
2
PV du CA séance n°1/2013 du 12 décembre 2013.

368
Situation financière et comptable (2018-2021)
Unité : Millions DA
Structure de
Désignation/ 2018/2021 2019/2021 2020/2021
2018 2019 2020 2021 la production
Années % % %
(%)
Chiffre d’affaires 11,491 33,307 2,549 23,250 10 102 -30 812
Variation de stock 20,994 -5,564 53,400 65,100 28 210 -1270 22
Subventions 16 -18 -46 -53
44,347 67,128 77,661 36,200
d’exploitation
Produits financiers 79,127 97,251 94,962 106,450 46 35 9 12
Total des produits 158,599 193,626 229,301 231,134 100 46 19 1
Résultats 78,000 94,227 88,848 98,259 43 26 4 11

Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes sur la base des données de l'Agence

L'Agence a enregistré une progression très significative (102%) de sa production en


2021 par rapport à 2018, une augmentation enregistrée par la plupart de ses produits à
l'exception des contributions de l’Etat1 qu’elle n’a pas reçues depuis 2014. Cette
évolution a induit une progression de ses résultats avec un taux de 26%, passant de
77,999 millions de DA à 98,258 millions de DA.

En matière de charges, la situation financière de l’Agence fait apparaitre le volume des


frais de personnel, durant la période considérée, représentant une moyenne de 57% de
la totalité des charges de l’Agence et une moyenne de 30% de la totalité de sa
production, tel qu’indiqué ci-après :

État des charges de l’Agence (2018-2021)


Millions de DA
Chiffre Charges du
Production Charges 4/3 4/2 1/3 3/2
Années d’affaires personnel
(2) (3) % % % %
(1) (4)

2018 11,491 158,599 80,599 47,539 59 24 334 197


2019 33,307 193,626 99,399 57,897 58 58 334 195
2020 2,549 229,301 140,453 67,769 48 4% 338 163
2021 30 301 174
23,250 231,134 132,875 76,755 58%
Source : Tableau reconstitué par la Cour des comptes sur la base des données de l'Agence

Quant au chiffre d’affaires réalisé, au cours de cette période, celui-ci reste insignifiant,
car il ne couvre, en moyenne, que 16,7% des charges globales de l’Agence.

1
L’ANURB n’a reçu aucune subvention complète depuis 2011 à ce jour, sauf à titre partiel, 25 MDA en 2012 et
12,5 MDA en 2014.

369
En effet, l’Agence a bénéficié d’une dotation initiale de 282,721 millions de DA dont la
première1 tranche a été libérée en 2013, alors que la seconde2 n’est intervenue qu’en
2016.

En raison du retard enregistré dans l’octroi de la dotation initiale et en l’absence d’un


plan de charges à même de procurer des ressources, l’Agence a recouru, depuis sa
création jusqu’en 2015, à l’utilisation des contributions destinées, initialement, à la prise
en charge de ses missions de sujétion de service public pour faire face à ses dépenses de
fonctionnement et d’équipement. Ces contributions accordées, au demeurant, sans
cahier de charges, ont cumulé de 2010 à 2014 un montant de 437,500 millions de DA 3
et consommées, à décembre 2021, à hauteur de 76,53%, soit 334, 832 millions de DA4.
Ainsi, le recours à la dotation initiale n’a débuté, d’une manière effective, qu’à partir de
2015 malgré la libération de la première tranche en juin 2013, tel qu’indiqué ci-haut.

Le tableau, ci-après, fait ressortir les consommations de la dotation initiale enregistrées


de 2015 au 31 décembre 2021.

Détail des consommations de la dotation initiale (2005-2021)


Unité : DA
Nature Solde Dépenses Dépenses Solde
Taux
des dépenses initial avant 2015 de 2015 à 2021 au 31.12.2021
Équipement 183 211 000 - 176 427 906,60 6 783 093,40 96,30
Fonctionnement 99 510 000 - 99 504 067,70 5 932,30 99,99
Total général 282 721 000 - 275 931 974,30 6 789 425,70 97,6
Sources : Données de l’Agence

2. Conditions d’exécution des missions de l’Agence

L’examen des activités de l’Agence, de 2019 à 2021, a permis de relever ce qui suit :

2.1. Le système d’information géographique (SIG) national de


l’urbanisme : un projet stratégique à parachever en urgence

Conformément à l'article 5 du décret exécutif n°09-344 sus cité, l’Agence est chargée
« de la constitution de la documentation relative à son domaine d’activité et de mettre
en place une banque de données ». Cette importante mission est prise en charge,
principalement, par la direction des réseaux et des systèmes d'information géographique

1
Mandat n° 39 du 22 juin 2013.
2
Mandat n°12 du 03 novembre 2016.
3
A l’exception de l’année ou l’Agence n’a pas bénéficié de contribution.
4
Un reliquat de 102, 668 millions de DA au 31 décembre 2021.

370
laquelle est dotée de 38,5% des effectifs de l’Agence, soit la structure la plus étoffée,
avec 17 employés.

Le projet d’établissement de ce système d’information géographique comme outil


opérationnel d'aide à la décision dans le domaine de l’urbanisme, notamment en ce qui
a trait au suivi des instruments d’urbanisme et des programmes d'habitation, n'a été
entamé qu'en 2014. Son importance a été soulignée, au demeurant, dans toutes les
résolutions du conseil d'administration de l'Agence et sa conception et sa réalisation ont
été confiées à une société privée1, avec l'assistance technique de l'Agence spatiale
algérienne « ASAL ».

Cette banque de donnée appelée système d’information géographique « SIG


urbanisme », a deux principaux objectifs, le premier est la numérisation des outils
d’urbanisme en l’occurrence le plan directeur d'aménagement et d’urbanisme (PDAU)
et le plan d'occupation des sols (POS), à travers leur dématérialisation ; par la conversion
des documents papiers en documents numériques pour constituer une base de données
numériques sur l’urbanisme. Le second consiste à développer la plateforme Géoportail2
qui comprend la base de données sur les outils et les documents d’urbanisme utilisés par
l'Etat et les collectivités locales.

Néanmoins, ce système d’information renferme des lacunes liées à l'exhaustivité,


l’authenticité et la fiabilité de certaines données qu'il contient, ce qui a grandement
affecté son efficacité et son efficience :

- Beaucoup d’efforts restent à faire pour la numérisation intégrale des outils


d’urbanisme

Le système d'information géographique (SIG) permet d’assurer une vision intégrale et


réelle de la situation globale de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Aussi, la
numérisation des outils d’urbanisme est considérée comme une étape qui précède la
dématérialisation des outils d’urbanisme en vue de leur inclusion. Au mois d’avril 2023,
le taux de numérisation global des PDAU reste loin de l’objectif final, car il n’est que
de 17,42%, soit 268 plans numérisés sur un total de 1 538 plans à numériser, comme
illustré dans le graphe, ci-après, alors que celui des plans d'occupation des sols (POS)
ne dépasse pas les 3,18%, soit 221 plans numérisés sur les 6 944 existants3.

1
Le marché n°01/2014/DG/ANURB d’un montant de 128 190 378,73 DA, soit 45,34% de la dotation initiale
(282 721 400,00 DA).
2
Le Géoportail est la plateforme légale de publication et de consultation des instruments d’urbanisme et des
servitudes d’utilité publique.
3
L’Agence ne dispose pas de situation des POS réalisés par commune.

371
Il y a lieu de préciser l’absence de PDAU de 18 wilayas sur les 48 et la non inclusion de
POS de 504 communes.

A l’exception de la wilaya d’Alger dont la numérisation des PDAU a été réalisée à


100%, la majorité des autres wilayas enregistrent des taux d’avancement oscillant entre
10% et 50% alors que huit (08) wilayas n’ont pas franchi le seuil des 10%.

Le nombre de PDAU et POS, en cours de réalisation ou réalisés par les filiales de


l’Agence, pendant les années 2019 à 2022, est de 792 dont 472 PDAU et 320 POS.

Par ailleurs, la Cour a relevé la non-conformité du format numérique des plans


d’urbanisme avec le contenu du cahier des charges pour la numérisation et la
dématérialisation des outils d’urbanisme à intégrer dans le SIG- Urbanisme. Bien que
l'Agence ait préparé un cahier des charges lié à la numérisation et à la dématérialisation
des outils de l’urbanisme, qui vise à unifier la forme numérique de ces plans afin de les
intégrer directement dans le système, seules ses filiales s’y sont conformées.

Quant aux communes qui recourent aux bureaux d'études privés pour la réalisation des
plans, elles ne sont pas tenues de se conformer au modèle spécifié par l'Agence, ce qui
met cette dernière dans l’obligation de trouver des solutions pour adapter lesdits plans
au « SIG » urbanisme. Car en l'absence du caractère obligatoire du cahier des charges
établi par l'Agence, il est actuellement impossible d'uniformiser le format numérique de
ces plans afin de les verser dans un seul système, ce qui ne facilite pas une gouvernance
appropriée de ce système.

Le graphique, ci-après, indique la situation des PDAU par wilaya et ceux numérisés et
intégrés dans le SIG, arrêtée au mois d’avril 2023.

Graphique des PDAU numérisés par wilaya


100

50

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 101112131415161718192021222324252627282930313233343536373839404142434445464748

Nombre de PDAU par wilaya Nombre de PDAU numérisé intégré au SIG

372
- Des modalités de collecte de données à améliorer

En examinant de près les mécanismes d’alimentation du SIG en informations, il a été


constaté que l'échange d'informations s'effectue via intranet au sein de l’Agence sans
qu’il y ait de connexion automatique entre elle et ses filiales. En outre, les liaisons entre
l'Agence et son environnement extérieur, notamment les collectivités locales et les
autres parties prenantes (bureaux d'études privés) activant dans le domaine de
l’urbanisme, ne sont pas encadrées par un texte règlementaire ou formalisées dans un
document officiel. En conséquence, les informations échangées ne sont pas normalisées,
ce qui affecte énormément l’exhaustivité de la base de données ainsi que la qualité et la
fiabilité des informations qu’elle contient. En effet, le système est alimenté
principalement par les plans et informations fournis et/ou préparés uniquement par ses
filiales avec des difficultés d’intégration de ces dernières et ne comprend pas les plans
réalisés par les bureaux d’études privés, d’où les discordances relevées entre les données
fournies par la tutelle et celles de l'Agence.

- Un système d’information marqué par des incohérences et un manque


d’accessibilité

En parallèle de ce système d’information mis en place au niveau du siège, ses


filiales disposent, également, de systèmes d'information géographique propres à elles,
lesquels souffrent d’incohérences et d’incompatibilité avec celui de l'Agence, rendant,
ainsi, difficile le traitement des informations importées et entravant leur intégration à
travers la numérisation de tous les plans.

Par ailleurs, l'absence d'une stratégie de gestion du système d'information en cohérence


avec les autres missions de l'Agence a fait que ce système n'a pas été en mesure
d'atteindre les principaux objectifs pour lesquels il a été mis en place.

A travers ce SIG urbanisme, réalisé pour elle-même, l’Agence a livré plusieurs logiciels
applicatifs (outputs du SIG urbanisme) au profit du ministère de l’habitat, de
l’urbanisme et de la ville lesquels ne sont ni interconnectés, ni intégrés dans son système
d’information. Il s’agit de :

- système d'information géographique de la ville de Sidi Abdallah ;


- la base de données relative aux unités de production et aux intrants du bâtiment ;
- la base de données relative aux informations sur le droit de construire ;
- la base de données sur la cartographie des équipements publics pour la localisation et
le suivi des projets publics.

373
D’autres logiciels applicatifs sont en cours de réalisation, à savoir le SIG des pôles
urbains de Draa Erich (Annaba), Ali Mendjli et Ain Nahas (Constantine).

L’Agence a mis en place un Géoportail contenant toutes les données du SIG urbanisme à
travers une plateforme qui permet d’examiner et de télécharger en ligne et en instantané
les données géographiques et les documents juridiques de l’urbanisme, de visualiser et
définir le contenu des régions (zones) et tout ce qui a trait aux servitudes d'utilité
publique. Toutefois, la Cour a constaté que cette plateforme n'est pas accessible aux
institutions de l’Etat, les collectivités locales et autres parties prenantes, car pour y
entrer, il faut être connecté au réseau intranet de l'Agence.

2.2. Des missions de service public mal encadrées et insuffisamment prises


en charge

Etant un outil principal de l’Etat en matière d’urbanisme, l’Agence est investie en vertu
de l’article 2 du cahier des charges1, annexé au décret de sa création, des missions de
sujétions de service public dans les domaines :

- des études et de l’établissement des plans d’urbanisme ;


- de l’apport du concours technique aux collectivités locales en matière de résorption
de l’habitat précaire et de réservation des sols pour la mise en œuvre des projets
d’importance nationale, régionale et locale ou à caractère spécifique.

Il est important de souligner que s’agissant de missions statutaires de service public,


clairement énoncées dans le cahier des charges, annexé au décret de création de
l’Agence, celles-ci doivent faire l’objet d’une rémunération de la part de l’Etat.

Dans ce cadre, l’Agence adresse annuellement à sa tutelle une évaluation des


contributions devant être allouées par l’Etat pour couvrir les dépenses induites par les
sujétions de service public prises en charge par l’Agence. Ces contributions font l’objet
d’un bilan d’utilisation, à la fin de chaque exercice, à l’adresse du ministère des finances.

Les vérifications effectuées font ressortir, néanmoins que les cahiers des charges de
sujétions de service public établis, annuellement, par l’Agence en vue de la libération
des contributions dues à son profit n’ont pas reçu la validation des services du ministère
des finances (direction générale du budget) ; la dernière contribution libérée par ce
dernier remonte à 2014.

1
Aucun des cahiers de charges de sujétions de service public, établis par l’Agence, n’est approuvé par la tutelle
(2014, 2021…)

374
Ce refus1 est motivé par l’imprécision des obligations imposées à l’EPIC et leur
traduction en termes financiers et l’absence d’indications sur les dépenses concernées
par les missions de service public, en plus du reliquat important dégagé au titre des
contributions relatives aux exercices antérieurs.

C’est le cas aussi du cahier des charges de sujétions de service public2, élaboré au titre
de l’exercice 2022, comprenant l’évaluation des montants des contributions de l’Etat
pour la couverture des charges réelles induites par les missions de sujétions de service
public, qui reste sans approbation à ce jour.

De plus, il convient de préciser que les charges liées à la concrétisation du système


d’information géographique (SIG), énumérées sous la rubrique études et mise en place
du SIG urbanisme3 ont atteint un taux de 85% du total des prévisions des charges y
afférentes (258,375 millions de DA). Cette mission, qui constitue, en effet, un projet
stratégique pour les pouvoirs publics permettant l’accès en ligne à l’information
urbanistique, n’est pas énoncée clairement dans le cahier des charges, sus évoqué,
comme mission de sujétions de service public, d’où la difficulté de prise en charge des
dépenses y relatives.

Par ailleurs, l’Agence considère certaines dépenses courantes ou induites par ses
activités commerciales comme charges de sujétions de service public à l’exemple des
dépenses d’aménagement et de construction de sièges, la coopération nationale et
internationale, la participation aux manifestations nationales, comme illustré dans le
tableau, ci-dessous, relatif aux activités de l’Agence de 2019 à 2021 :

1
Correspondance n° 0000359/ DGB du 15 janvier 2015 concernant la libération de la 2 ème tranche au profit de
l’EPIC ANURB.
2
Envoi n°129/ANURB/DG/2021 du 29 avril 2021, transmis à la direction générale des ressources (DGR) du
MHUV.
3
Mise en place des fonds cartographiques numériques, la numérisation des instruments de l’urbanisme par la
dématérialisation des documents papiers et leur transcription en fichiers informatique et le développement de la
plateforme qui héberge la base de données sous SIG relatives aux communes et leurs instruments d’urbanisme.

375
Les actions de l’Agence considérées comme sujétions de service public (2019-2021)
Unité : DA
2019 2020 2021

Désignation Nombre Montant Nombre Montant Nombre Montant

Analyse des besoins en logements 2 4 387 500,00

Propositions et réflexions 1 3 000 000,00

Projet de refonte du cadre juridique de l’urbanisme et de la 5 16 889 000,00 6 9 086 000,00 1 5 000 000,00
politique de la ville

Actualisation des textes de création de l’Agence - - 1 6 310 000,00

Deux propositions d’arrêtés ministériels 2 2 600 000,00

Mise à jour permanente de la base de données de l’application 2 1 300 000,00 1 1 700 000,00
relative à la cartographie de la production nationale des
matériaux et des intrants de bâtiment 1 000 000,00

Gestion et exploitation Système d’information 3 25 500 000,00 3 29 000 000,00 3 19 000 000,00
géographique "urbanisme " mis en place

Constitution et gestion numérisée de la documentation 1 1 200 000,00 1 000 000,00 3 000 000,00
spécialisée

Coopération nationale et internationale 4 1 500 000,00 4 1 500 000,00 4 3 000 000,00

Communication et participation de l’Agence aux 1 3 700 000,00 0 - 1 1 500 000,00


manifestations nationale et internationales

Biens Immobiliers en cours de construction 1 24 877 140,01

L’aménagement du siège de l’Agence locale de Sétif 1 2 987 664,00

Documents ministère de tutelle 1 9 951 000,00 1 3 000 000,00

Total 20 67 127 500,00 19 77 660 804,01 11 36 200 000,00

Source : Constitué par la Cour des comptes sur la base des données de l'Agence

376
- En matière d’études et d’établissement des plans d’urbanisme

La Cour des comptes a eu à constater, à l’occasion de ses travaux de contrôle


précédents1, que les communes ne disposaient pas, toujours, d’instruments d’urbanisme
de base opérationnels, entre autre les plans d’occupation du sol et les plans directeurs
d’aménagement et d’urbanisme, d’où leur difficulté à élaborer et à exécuter leurs
programmes annuels et pluriannuels de développement permettant d’intégrer leurs
actions dans un cadre plus global.

L’établissement des plans d’urbanisme (PDAU et POS)2 est l’une des missions
essentielle de service public de l’Agence conformément à l’article 02 du cahier des
charges, annexé au décret, précité.

Cette mission a été exécutée par ses filiales à l’issue de consultations lancées par les
wilayas et les communes ou suivant la procédure de gré à gré accordée par ces dernières.
Le plan de charge s’est concrétisé à travers la réalisation, au cours des années 2019 à
2022, d’un total de 472 plans sur tout le territoire national dont 100 PDAU et 372 POS ;
environ 368 autres sont en cours de réalisation dont 48 PDAU et 320 POS.

La contribution de l’Agence s’est limitée à des prestations d’assistance technique au


profit des EPE/URB, en charge de la réalisation des études relatives aux PDAU et POS
(levé photogrammétrique, réalisation de systèmes d’information liés aux POS, etc.). En
effet, à la différence des filiales, l’Agence s’est dotée d’équipements performants 3 lui
permettant d’apporter sa contribution technique à ces dernières matérialisée par des
notes d’honoraires.

S’agissant de la mission relative aux études liées à l’urbanisme, celle-ci est considérée,
parfois, comme sujétion de service public comme c’est le cas du projet de refonte du
cadre juridique de l’urbanisme et de la politique de la ville, de l’actualisation des textes
de création de l’Agence et de propositions d’arrêtés ministériels. En revanche, des
activités de même nature sont menées à titre commercial, à l’exemple de la contribution
de l’Agence aux études de typologie et de classification des villes en matière de
développement durable et aux études d’aménagement de la nouvelle ville Sidi Abdallah.

1
Confère note d’insertion au rapport annuel 2020 sur « Les programmes d’équipement dans les communes de la
wilaya d’Alger : Cas des travaux neufs »
2
La planification urbaine en Algérie, concrétisée à travers ses deux principaux instruments d'urbanisme, le PDAU
(Plan directeur d'aménagement et d’urbanisme) et le POS (Plan d'occupation des sols).
3
Il s’agit notamment du scanner laser métrique 3D, la solution de photogrammétrie, la solution complète de
détection de la cartographie des réseaux souterrains (Géoradar avec GPS), la station de modélisation et de
traitement 3D, les stations dédiées au développement informatique et le laboratoire audiovisuel.

377
Par ailleurs, dans le cadre de ses missions relatives à la réalisation des études et des
travaux d'aménagement des zones industrielles et des zones à utilisation spécifique,
l’Agence a bénéficié, au cours de la période de 2015 à 2021, de marchés de gré à gré
relatifs aux études et travaux d’aménagement de parcs industriels, conclus avec
l’Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (ANIREF) pour un
montant global de 2,920 Mrds de DA. Ces marchés ont été exécutés suivant 58
conventions passées avec ses neuf (09) filiales moyennant une rémunération qui varie
entre 3 et 5% du montant global de chaque convention, soit un montant global de
97,782 millions de DA.

- En matière d’assistance aux collectivités locales : Absence de passerelles


juridiques entre l’Agence et les collectivités locales chargées de la mise en œuvre
des instruments de l’urbanisme

L’Agence est chargée d’apporter son assistance technique aux collectivités locales en
matière de résorption de l’habitat précaire1 et de réservation des sols pour la mise en
œuvre des projets d’importance nationale, régionale et locale ou à caractère spécifique.

Les modalités de mise en œuvre de ces prérogatives n’ont pas été, néanmoins, précisées,
limitant, ainsi les actions de l'Agence dans l'accompagnement de l'Etat et des
collectivités locales dans le domaine de l’urbanisme.

En effet, il ressort de l’exploitation des rapports d’activité de l’Agence et des entrevues


avec ses principaux responsables, au titre de la période considérée, qu’aucune action
d’assistance technique n’a été concrétisée en matière de résorption de l’habitat précaire
et de réservation des sols pour la mise en œuvre des projets d’importance nationale,
régionale et locale ou à caractère spécifique.

Recommandations

A la lumière des constatations, ci-dessus, relevées la Cour des comptes recommande de


consolider le rôle de l’ANURB en tant qu’outil principal de l’Etat en matière
d’élaboration et de suivi des plans d’aménagement urbain et comme pôle d’excellence
dans les études et l’assistance technique de l’Etat et des collectivités locales dans le
domaine de l’urbanisme. A ce titre, il est impératif de :

1
Alinéa 3 de l’article 05 du décret exécutif n°09-344 précité.

378
- définir de façon rigoureuse et claire ses missions stratégiques et ses relations avec les
organes qui lui sont rattachés ;
- doter l’Agence en personnel qualifié à même d’accomplir pleinement ses missions de
sujétions de service public ;
- parachever le système d’information géographique en urbanisme (SIG) comme outil
stratégique d'aide à la prise de décision dans le domaine de l’urbanisme et de
l’aménagement du territoire.

Réponse du Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville

De prime abord, nous tenons à remercier la Cour des comptes pour l’analyse et les
recommandations formulées dans la note d’insertion au rapport annuel 2023, dont nous avons
pris connaissance avec grand intérêt et qui appellent de notre part les éléments de réponse
suivants :

Le rapport de contrôle prévu à l’article 73 de l’ordonnance n°95-20, modifiée et complétée,


relative à la Cour des comptes, reprenant les constatations et les observations formulées au
cours de la période 2018-2022, n’a été adressé ni à l’Agence ni à sa tutelle, ce qui nous a privés
de la première réponse qui aurait pu permettre de clarifier certains points, avant la
transmission de la note d’insertion.

Comme le souligne la mission de contrôle, l’Agence nationale de l’urbanisme « ANURB»


constitue le pôle de compétence et d’expertise technique au service de l’État et des collectivités
locales, qui dispose de neuf filiales de l’urbanisme, toutes certifiées selon la norme
internationale de systèmes de management de la qualité ISO 9001 version 2015, imposant
obligatoirement le déploiement des procédures de gestion au niveau de leurs structures.

Le ministère de tutelle a toujours inscrit l’urbanisme et l’aménagement parmi ces priorités.


Concernant l’Agence, notre département ministériel exerce pleinement son rôle de tutelle, à
travers ses différentes structures, notamment la direction générale de la construction et des
moyens de réalisation « DGCMR » et la direction générale de l’urbanisme et de l’architecture
« DGUA », qui veillent à assister l’agence dans l’ensemble des aspects de sa gestion, tant en
termes de la mise en œuvre des missions de service public et de l’activité commerciale, qu’en
termes de gestion administrative et financière.

La direction générale de la construction et des moyens de réalisation assure le suivi et


l’évaluation de l’activité de l’Agence à travers les différentes correspondances et les réunions,
au cours desquelles des recommandations et des instructions sont données à l’Agence.

379
Cependant, les vérifications et les entrevues menées avec les cadres du ministère par la mission
de contrôle, n’ont pas touché cette structure.

Il est important de noter, que l’exercice de tutelle s’effectue également à travers le conseil
d’administration de l’établissement, et plus précisément le Président du conseil représentant
du ministre de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville, qui est le directeur général de l’urbanisme
et de l’architecture, destinataire des divers documents comptables et financiers par l’Agence,
et ce, conformément aux dispositions de l’article 14 alinéa 4 du décret exécutif n°09-344 du 22
octobre 2009 portant création de l’Agence nationale de l’urbanisme.

Plusieurs orientations stratégiques sont données à l’Agence afin d’assurer l’exécution de ses
missions de service public. Ce fut par exemple le cas pour la mise en œuvre du projet
stratégique système d’information géographique urbanisme (SIG-Urbanisme), qui s’inscrit
dans le cadre de la modernisation et de la numérisation du secteur, où nous avons demandé
l’élaboration d’un business plan quinquennal du projet afin d’évaluer les moyens et les
financements pluriannuels nécessaires à la réalisation effective de cette importante mission.

Dans le même sillage, la DGUA a apporté son soutien à l’agence en lui facilitant l’accès auprès
des services extérieurs du ministère (les directions de l’urbanisme, de l’architecture et de la
construction - DUAC), dans le but de poursuivre l’implémentation de la base de données SIG
Urbanisme dans les meilleurs délais. En conséquence, la base de données de l’ANURB a été
augmentée au premier semestre 2023, de de 47 POS et 14 PDAU, portant le total des plans
numérisés à 255 POS et 275 PDAU.

En outre, notre département ministériel a chargé l’agence de réaliser une application portant
« Cartographie des Equipements Publics » dotée d’une base de données permettant la
géolocalisation et le suivi de l’état d’avancement des travaux des équipements réalisés au
niveau national.

L’Agence s’est également vue confier, dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de
développement durable et son évaluation en Algérie, une étude de typologie et d'évaluation de
la performance de 38 grandes villes d'Algérie en matière de développement durable. Cette
étude a pour finalité de doter les pouvoirs publics d'un outil lui permettant d'évaluer et de suivre
le niveau de performance des villes sur les plans socio-économique et environnemental.

En ce qui concerne l’activité de l’agence, le contrôle a concerné une période marquée par la
pandémie du COVID 19, qui a impacté négativement l’activité des entreprises, et en dépit de
ces circonstances, l’ANURB a pris des mesures pour assurer la continuité de son activité tout
en affichant des paramètres de gestion très positifs.

380
S’agissant des capacités de l’ANURB et de ses filiales, et outre ses missions statutaires et son
plan de charge, il lui a été également confié la mission d'assistance à la maitrise d'ouvrage
(AMO) des projets importants dont certains ont eu l’accord du gouvernement.

À propos des ressources humaines de l’Agence, le Ministère souscris entièrement à


l’observation de la mission de contrôle, et prendra très rapidement des mesures qui seront
mises en œuvre progressivement en fonction des moyens disponibles, pour pourvoir notamment
les postes d’encadrement.

Tels sont les éléments de réponse sur la note d’insertion au rapport annuel de la Cour des
comptes relatif à l’exercice 2023, sachant que notre département ministériel a pris acte des
observations relevées, ainsi que les recommandations formulées, et qui sont examinées avec
intérêt pour que l’Agence puisse exercer convenablement ses missions.

Réponse du Chargé de la Gestion


de l’Agence Nationale de l’Urbanisme

L’Agence nationale de l’urbanisme (ANURB) est un établissement public à caractère Industriel


et commercial (EPIC), créé par le décret exécutif n°09-344 du 22 octobre 2009. Elle est dotée
de la personnalité morale et de l’autonomie financière et régie par les règles applicables à
l’administration dans ses relations avec l’Etat. L’ANURB est réputée commerçante dans ses
rapports avec les tiers.

Placée sous la tutelle du ministre de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville, l’agence est l’outil
principal de l’Etat en matière d’élaboration et de suivi des plans d’aménagement et
d’urbanisme, tel qu’institué par la législation et la réglementation en vigueur. Elle constitue le
pôle de compétence et d’expertise technique au service de l’État et des collectivités locales.
L’agence nationale de l’urbanisme (ANURB) couvre pratiquement l’ensemble du territoire
nationale et ce, à travers ses neuf (09) filiales.

L’évaluation, par la Cour des comptes, dans le cadre de son programme annuel de 2022, des
conditions d’exécution des missions de l’ANURB au regard des moyens organisationnels,
humains et financiers dont elle dispose, au titre de la période 2018-2022, a mis en exergue les
insuffisances des efforts déployés en vue de la promotion des activités de sujétions public
définies dans le cadre de ses missions statutaires. Il s’agit notamment de celles relatives à
l’assistance de l’Etat et des collectivités locales dans l’élaboration des études prospectives
ayant pour but de renforcer leurs actions dans le domaine d’urbanisme, pour lesquelles, nous
avons réservé des axes d’amélioration par les démarches suivantes :

381
- Dans le cadre de ses missions en sa qualité d’actionnaire des centres d’études et de réalisation
en urbanisme (URB et CNERU), déployés au niveau national, l’agence a initié un projet de
charte à l’effet de redéfinir ses relations avec ces organismes qui lui sont rattachés qui
porterait principalement sur les relations transversales inter-URB et vis-à-vis de la tutelle.
Cette démarche, outre son caractère organisationnel, permet de pourvoir l’agence d’une force
opérationnelle lui permettant d’accomplir les missions stratégiques pour l’Etat en termes de
projets et d’opérations d’intérêt national.

Elle est cependant appelée à développer une stratégie de proximité auprès des collectivités
locales à l’effet d’atteindre le niveau de performance requis pour répondre aux différents
besoins de ces dernières en termes du développement urbain et de la prospective et ce, dans le
cadre de sa mission de maitrise d’ouvrage déléguée. Cette stratégie serait mise en œuvre
efficacement à travers la promulgation de la nouvelle loi sur l’urbanisme.

- Les moyens humains dont dispose l’agence et leur organisation restent en deçà du niveau
souhaité de l’accomplissement de ses missions. Une démarche méthodologique et progressive
de renforcement des compétences, proportionnelle au volume des activités, est cependant
nécessaire pour hisser le niveau d’activité au rang permettant à l’agence d’accomplir
pleinement ses missions statutaires.

- Le système d’information géographique de l’urbanisme (SIG-urbanisme), outil indispensable


de gestion, de planification et d’évaluation de la politique nationale de l’urbanisme dont
l’agence est chargée de mettre en œuvre, souffre, en plus des contraintes rencontrées dans la
collecte des données, d’un manque de fiabilité et d’exhaustivité des données qui y sont
contenues.

En effet, l’évaluation des résultats réalisés depuis le lancement de l’opération a permis d’initier
une nouvelle stratégie de collecte de données avec l’appui du ministère, par l’orientation du
projet vers un système intégré global permettant de définir la fiabilité des données à travers un
dispositif partagé avec les services déconcentrés du ministère et ce dans l’objectif de
parachever le projet en réunissant les conditions de sa réussite.

De ce qui précède, les résultats de l’évaluation effectuée par la Cour des comptes, constituent
d’ors et déjà des opportunités effectives pour s’inscrire dans une démarche d’amélioration de
la situation actuelle de l’agence et d’élaborer une stratégie permettant de remédier aux
insuffisances constatées d’une part et, d’atteindre le niveau de performances requis dans
l’accomplissement des missions qui lui sont dévolues dans le décret de sa création, d’autre
part.

382
12. LE RECOUVREMENT DE CREANCES
NON PERFORMANTES PAR LA BANQUE
DE DEVELOPPEMENT LOCAL

Du point de vue prudentiel, à fin décembre 2021, la banque de développement local


«BDL » a enregistré un volume de créances non performantes d’un montant de
364,29 Mrds de DA, représentant 33,5% de l'encours total brut des crédits à la clientèle.
Cette catégorie de créances est composée pour deux tiers d’impayés. La banque ne
recouvre qu'une infime partie de ces impayés, d’où l’incidence négative sur sa situation
financière et ses résultats d’exploitation.

Le contrôle de la Cour des comptes, portant sur les conditions de recouvrement des
créances commerciales, a révélé une hausse continue de la proportion des impayés dans
l'encours total brut des crédits à la clientèle tout au long de la période 2019 à 2021, en
raison d'une augmentation des créances non performantes. Les encours de crédit
accordés aux dispositifs aidés et aux entreprises privés affichent des taux élevés
d’impayés, respectivement de 70,88% et 18,87% des encours correspondants, à fin
2021.
De façon plus générale, en vertu des règles prudentielles, les créances compromises
(classées en C3) du secteur privé dont le recouvrement est considéré comme compromis
et qui constituent des contentieux complexes préjudiciables à la banque, représentent
un peu plus de 30% de l’ensemble des engagements sur ce secteur.

Cette situation est favorisée par les déficiences liées aux conditions de fonctionnement
des services de recouvrement dont les tâches et les responsabilités ne sont pas
suffisamment définies et formalisées à la lumière de la nouvelle organisation mise en
place, au cours de la période 2016 - 2020, et des changements qui sont intervenus par
la suite dans l'administration interne. De surcroît, le volet recouvrement des créances
n'est pas bien organisé, ni suffisamment intégré au système d’information de la banque,
d’où les difficultés de la direction de recouvrement des créances à utiliser les données
comptables générées par la base de données aux fins de maximiser le recouvrement.

Les mesures prises par la banque d’Algérie, à la suite de la pandémie de la COVID-19,


et d’autres conditions conjoncturels favorables ont, certes, contribué à une amélioration
sensible des résultats financiers de la banque de 2020 et 2021, mais ces mesures
temporaires seraient insuffisantes pour parer aux faiblesses structurelles internes qui
risquent d’être amplifiées du fait de l'aggravation des créances classées nécessitant un
provisionnement significatif.

383
La « BDL », banque de développement local, a été créée en 1985 pour financer les
petites et moyennes entreprises régionales et locales. Elle développera ensuite une
activité de banque universelle, en se positionnant sur toute la gamme des métiers
bancaires, pour être présente auprès de toutes les clientèles.

Ses prestations bancaires incluent l'ensemble des produits classiques de prêt aux grandes
entreprises et à la PME/PMI de tous les secteurs d'activité, les crédits aux particuliers et
les crédits aux professions libérales. Elle participe aussi aux financements publics et
privés des grands projets d’investissement en consortium, notamment les programmes
de l’AADL et LPP1. Elle intervient également dans le financement des projets
développés dans le cadre des dispositifs spécifiques d'aide à l'emploi mis en place par
les pouvoirs publics (ANSEJ, CNAC et ANGEM)2.

Depuis la fin de l'année 2022, la banque dispose d'un réseau de 18 directions régionales
et de 164 agences à travers le pays, dont 13 agences sont dotées de guichets dédiés aux
services financiers islamiques et six (06) agences de prêts sur gages. Elle emploie plus
de 4 500 salariés et a réalisé en 2021 un chiffre d'affaires de 54,66 Mrds de DA. Jusqu'à
fin 2021, la banque gère un portefeuille d'investissement constitué d’une filiale (01) et
de vingt-cinq (25) prises de participation, pour un montant total, en capital investi, d'un
peu plus de neuf (09) Mrds de DA.

La banque, avec un portefeuille de clients diversifié (1 461 772 clients à fin 2021), gère
environ 1 043 Mrds de DA de dépôts de clientèle et presque 1 097 Mrds de DA
d’encours de crédits à la clientèle (crédits directs et crédits par signature).

Au 31 décembre 2021, le portefeuille de crédits, sous forme de prêts directs ou de crédits


par signature, était réparti ainsi : 51% des crédits sont consentis à des entreprises privées,
tandis que 16% sont octroyés aux dispositifs aidés. La part des crédits syndiqués est la
même que celles des entreprises publiques, soit 12%, respectivement. La quote-part des
crédits aux particuliers est de 6% et celle des prêts sur gages est de 1%.

En 2021, le volume des créances non performantes ou créances classées (voir Encadré
1) a atteint 364, 29 Mrds de DA, représentant 33,5% de l'encours total brut des crédits à
la clientèle. Le recouvrement d'une partie des créances impayées, pour un montant de
18,16 Mrds de DA, reste très modeste au regard notamment des impayés accumulés
s'élevant à 248,42 Mrds de DA, mais aussi du montant des provisions pour pertes

1
AADL : Agence nationale de l’amélioration et de développement du logement - LPP : Logement promotionnel
public
2
ANSEJ : Agence nationale de soutien à l’emploi de jeune - CNAC : Caisse nationale d’assurance chômage
ANGEM : Agence nationale de gestion des micros crédits.

384
sur créances de 112,91 Mrds de DA, ce qui constitue une incidence négative pour la
situation financière et les résultats d'exploitation de la banque.

Le contrôle de la Cour des comptes, portant sur les conditions de recouvrement des
créances commerciales, s’est déroulé au niveau de la direction générale, à la direction
des risques financiers et dans les services de la direction de recouvrement des créances.
Il a été réalisé principalement sur la base d'entretiens, d'analyses des données recueillies
et des documents relatifs aux activités des services, en plus des contrôles de cohérence
pour garantir la qualité des données.

L'accent a notamment été mis sur l’analyse de la qualité du portefeuille des créances, le
volume des prêts impayés et les mécanismes mis en place pour assurer leur
recouvrement, ainsi que l'incidence des créances non performantes sur la situation
financière.

Ce contrôle a révélé des déficiences qui affectent l’activité de recouvrement des


créances. Les montants recouvrés restent très faibles comparés au volume des créances
impayées. Cette situation est favorisée par certaines lacunes liées aux conditions de
fonctionnement des services de recouvrement dont l’activité n’est pas perçue comme
un métier à part entière exigeant un ensemble de techniques et d'outils spécifiques. La
mise en service du nouveau progiciel intégré n'a pas eu, également, d'incidence notable
sur le suivi des comptes débiteurs et le recouvrement des sommes impayées.

385
Encadré 1

Définition des créances impayées et des créances non performantes

- Les créances échues et demeurées impayées (l'encours total impayé)

Dans les états financiers 2019-2021, les « créances non performantes » ou « créances
douteuses » sont les termes utilisés pour décrire les deux catégories de créances, appelées
respectivement « Impayés aux remboursements- IAR » et « Créances douteuses et
compromises – CTX ». Ces termes sont souvent utilisés dans les circulaires et décisions les
plus récentes établies par la banque.

Dans ce cas, la première catégorie de créances concerne les comptes de la gestion


précontentieuse (recouvrement amiable). Le recouvrement de la créance est
raisonnablement assuré. La deuxième catégorie de créances comprend les comptes
contentieux qui sont utilisés pour les impayés dont le recouvrement amiable est rendu
impossible et le risque de non-recouvrement est avéré ou probable.

Ce classement est donc purement comptable et n’a aucune relation avec les normes de
classement prévues par le règlement de la Banque d’Algérie n°14-03 du 16 février 2014
relatif aux classements et provisionnement des créances et des engagements par signature
des banques et des établissements financiers.

- Les créances non encore échues ou échues (l’encours des crédits ayant des impayés)

Conformément au règlement de la Banque d’Algérie suscité, les créances des banques sont
considérées, soit comme «créances courantes» (C0) en l’absence de montants dus et impayés,
soit comme «créances classées» dès lors qu’elles ont enregistré des incidents de paiement.
Les créances classées se répartissent en trois catégories : C1 pour les créances à problèmes
potentiels, C2 pour les créances très risquées et C3 pour les créances compromises. Ce
classement donne une image de la qualité du portefeuille des créances et il sert aussi à la
détermination des niveaux de provisions à constituer.

L'article 40, paragraphe 2, du règlement n°2011-08 du 28 novembre 2011 relatif au contrôle


interne des banques et des établissements financiers fait mention de «créances impayées ou
douteuses». Les créances classées sont également appelées créances non performantes dans
les états financiers 2019-2021 de la banque.

Le terme de « créances non performantes » est employé dans cette note, pour désigner aussi
bien les « créances classées » que les créances échues et exigibles (impayées) qui sont
comptabilisées dans les documents comptables : « impayés aux remboursement- IAR » et
«créances douteuses et compromises – CTX».

386
1. Les encours de crédits à la clientèle : une accumulation de créances
non performantes et un faible niveau de recouvrement

Le montant qui représente le mieux l'exposition maximale au risque de crédit de la


banque, sans tenir compte des garanties détenues ni des capacités de recouvrement des
crédits accordés, correspond essentiellement à la somme des crédits à la clientèle au
bilan de la banque, auxquels s'ajoutent les engagements par signature. Ce montant
s'élève à 1 072 Mrds de DA à la fin de 2019, alors qu'il atteignait 1 111 Mrds de DA à
l'issue de 2020 et 1 097 Mrds de DA au terme de 2021.

Ce portefeuille des crédits commerciaux comprend les créances non performantes ou


classées qui supporte des impayés, leur montant total, à fin 2021, a atteint plus de 364
Mrds de DA. Le recouvrement des créances s'apprécie par l’importance des créances
non performantes, leur proportion dans l'encours total brut des crédits à la clientèle et le
taux de recouvrement de ces créances.

Afin de diminuer les risques de crédit, la banque est amenée à constituer annuellement
des provisions pour couvrir les risques de crédit inhérents à ces créances. Celles-ci ont
atteint 113 Mrds de DA fin décembre 2021 (contre 88 Mrds de DA fin 2019), soit une
hausse de 24,4 %.

Par ailleurs, les créances non performantes ou classées sont couvertes par des provisions
à hauteur de 31 %.

Le recouvrement de ces créances est confronté à des contraintes opérationnelles telles


que la faible capacité en matière de recouvrement et le manque de moyens techniques.
Le taux de recouvrement des créances impayées, à la fin de 2021, s'élevait à 7,31 %.

La détérioration de la qualité du portefeuille d'engagements de la banque s'est traduite


par des flux d'impayés en hausse ou des difficultés de recouvrement.

1.1. la qualité du portefeuille des engagements et la maîtrise du risque de


crédit

Les impayés résultent des différents types d’incidents de paiement que la banque
rencontre dans ses relations avec sa clientèle. La gestion de ces impayés, si elle n'est pas
maîtrisée, constitue un facteur de risque majeur pour son équilibre financier et sa
rentabilité, voire sa solvabilité.

387
Les tableaux 1 à 4, de la présente analyse, présentent une situation détaillée de l'état du
portefeuille des engagements de la banque, de ses impayés tels que retracé dans la
comptabilité et de ses provisions pour créances classées ou créances non performantes.

- Un portefeuille diversifié composé principalement de crédits aux entreprises


privées ainsi que d'autres types de crédits

Le portefeuille des engagements de la banque à fin 2021, toutes natures de crédits


confondus, est de l’ordre de 1 097 Mrds de DA, en baisse de 1,3% par rapport à 2020,
en raison du rachat par le Trésor d’une partie importante de crédits syndiqués et une
baisse des crédits par signature de 16,08%.

La structure des engagements par type de clientèle est restituée par le tableau suivant.

Tableau 1. Les crédits directs et les crédits par signature bruts


(y compris les impayés)
En millions de DA
2019 2020 2021
Secteur Encours Encours
% % Encours bruts %
bruts bruts
Entreprises privées 560 119 52,27 589 102 53,01 560 405 51,11
Promotion immobilière 27 183 2,54 24 812 2,23 25 281 2,31
Entreprises publiques en activité 113 841 10,62 105 494 9,49 110 838 10,11
Entreprises publiques à l'arrêt 66 0,01 5 762 0,52 6 204 0,57
Entreprises publiques dissoutes 1 754 0,16 3 074 0,28 10 064 0,92
L'ensemble des entreprises
115 661 10,79 114 330 10,29 127 106 11,59
publiques
Crédits aux particuliers 66 350 6,19 66 109 5,95 65 306 5,96
Associations 46 0 51 0 58 0
Dispositif ANSEJ 109 913 10,26 113 571 10,22 111 244 10,15
Dispositif CNAC 49 501 4,62 46 034 4,14 51 374 4,69
Emplois de jeune 1er dispositif 842 0,08 841 0,08 842 0,08
Dispositif ANGEM 6 547 0,61 5 820 0,52 7 108 0,65
L'ensemble des dispositifs aidés 166 803 15,57 166 266 14,96 170 568 15,56
Total 936 162 87,37 960 670 86,44 948 724 86,52
Prêt sur gages 17 815 1,66 14 331 1,29 14 962 1,37
Administrations 347 0,03 381 0,03 347 0,03
Crédits syndiqués 117 228 10,94 136 004 12,24 132 495 12,08
Dont :
AADL et LPP 88 098 106 553 100 330
Total 1 071 552 100 1 111 386 100 1 096 528 100
Dont :
Crédits par signature 128 352 133 890 112 367 10,25
Crédits directs 943 200 977 496 984 161 89,75

Source : Etabli sur la base des rapports de gestion 2019-2021

388
Les crédits directs constituent près de 90% du total des engagements. L'encours total des
crédits à la clientèle, au cours des trois exercices, est presque au même niveau.

Les seules entreprises privées (y compris de promotion immobilière) absorbent 53,42%


des crédits bancaires. La proportion des crédits octroyés aux dispositifs aidés par rapport
à l’ensemble des crédits octroyés par la banque est de 15,56%.

Le financement de grands projets consortiaux, en qualité de chef de file (05projets privés


pour un montant total de 14 681 millions de DA) ou de partenaire (14 projets dont 4
privés d’un montant global de 117 815 millions de DA), représente 12,08%.

Du fait de son activité de banque à réseau, à fort ancrage régional, ayant un portefeuille
de crédits commerciaux essentiellement constitué de clientèle privée, la banque est
exposée à des risques dont le principal est le risque de crédit. Malgré les difficultés
posées par la gestion de ce risque, le chiffre d’affaires, enregistré en 2021, est en grande
partie imputable aux opérations de financement des petites, moyennes et grandes
entreprises privées des secteurs productifs dans le domaine concurrentiel.

Les intérêts et autres produits gagnés sur les crédits représentent la source majeure des
produits de la banque, constituant l'essentiel du chiffre d'affaires, tel qu'indiqué en détail
dans le tableau qui suit :

Ventilation du chiffre d'affaires


par type de produit pour l'exercice 2021
En millions de DA
Montants des intérêts
Produits et autres produits %
perçus
Crédit d’exploitation 13 738 25,13
Crédit d’investissement 16 602 30,37
Promotion immobilière 6 099 11,15
Crédit immobilier 3 416 6,25
Dispositifs aidés 2 048 3,75
Caution et aval 801 1,46
Prêts sur gages 1 608 2,94
Commerce extérieur 966 1,78
Institution financière 207 0,38
Crédit consommation 170 0,31
Autres produits 9 007 16,48
Total 54 662 100
Source : Etabli sur la base des données du rapport de gestion de 2021

389
- Les encours de crédit accordés aux dispositifs aidés et aux entreprises privés
(y compris de promotion immobilière) affichent des taux élevés d’impayés

La structure des engagements et des impayés par type de clientèle et la part des impayés
par rapport aux engagements est restituée par le tableau suivant.

Tableau 2- Les impayés et encours bruts (hors prêt sur gages, administrations,
et crédits syndiqués)
En millions de DA
2019
2020 2021
Secteur Imp/ Imp/ Imp/
Encours Encours Encours
Impayés Encours Impayés Encours Impayés Encours
bruts bruts bruts
(%) (%) (%)
Entreprises
90 606 560 119 16,18 103 508 589 102 17,57 105 723 560 405 18,87
privées
Promotion 10,06
immobilière 2 735 27 183 3 939 24 812 15,88 4 958 25 281 19,61

Entreprises
7 869 115 661 6,80 8 835 114 330 7,73 10 896 127 106 8,57
publiques
Crédits aux
4 615 66 350 6,96 5 549 66 109 8,39 5 902 65 306 9,04
particuliers
Associations 34 46 73,91 31 51 60,78 31 58 53,44
Dispositifs
aidés 81 091 166 803 48,61 103 817 166 266 62,44 120 906 170 568 70,88

Total 186 950 936 162 19,97 225 679 960 670 23,49 248 416 948 724 26,18

Source : Etabli sur la base des rapports de gestion 2019-2021

La proportion des impayés, enregistrés en comptabilité, dans l'encours total brut des
crédits à la clientèle a poursuivi sa tendance à la hausse tout au long de la période
considérée, passant de 19,97% à la fin de 2019, à 23,49% en 2020 et 26,18% en 2021,
en raison d'une augmentation des créances non performantes.

L’examen du niveau des impayés par rapport aux engagements détenus sur les différents
types de clientèle au 31/12/2021 révèle que les entreprises publiques qui ont bénéficié
de 13,4% des crédits, ne sont à l’origine que de 4,4% des impayés. Le ratio
«impayés/engagements» spécifique aux entreprises publiques se trouve inférieur à
8,6%. Par leur relative faiblesse, les impayés du secteur public (10 896 millions de DA
à fin 2021) ne constituent pas une menace pour l'équilibre financier de la banque.

En revanche, la situation des engagements fait apparaître une hausse des créances
impayées sur les dispositifs aidés, passant de 81 Mrds de DA en 2019 à 104 Mrds de
DA en 2020, pour atteindre 121 Mrds de DA en 2021. Ces montants d’impayés
représentent respectivement 48,61%, 62,44% et 70,88% des encours correspondants,
c'est-à-dire que plus des deux tiers de l’encours est composé d’impayés. En fait, ils
constituent la majeure partie des impayés avec 48,67% du montant total des impayés de

390
la banque à fin 2021. En termes d'encours, les dispositifs aidés représentent près de 18%
du total des prêts de la banque.

Le taux d'impayés sur les encours des entreprises privées a connu une hausse régulière
passant de 16,18% en 2019 à 17,57% en 2020 et à 18,87% en 2022.

Les impayés des entreprises privées (y compris de promotion immobilière) représentent,


à fin 2021, 44,55% du total des crédits de la banque, les encours de crédit correspondants
constituent 61,73% du total des crédits de la banque.

La détérioration de la qualité du portefeuille des engagements relatif aux entreprises


privées a entrainé une accumulation des impayés et la formation d’un contentieux
complexe.

- Le classement des créances montre une forte proportion de créances compromises


dans les engagements de la clientèle privée

La finalité du classement des créances est de permettre à la banque d’avoir une parfaite
connaissance de son portefeuille d’engagement pour en assurer la maîtrise totale,
d’évaluer à leur juste valeur les risques crédits de chaque client et de constituer, pour les
créances non performantes, les provisions requises pour se préserver des pertes latentes
auxquelles elle est exposée.

Les encours du secteur privé et des particuliers représentent 77% du portefeuille


des crédits commerciaux à fin 2021, soit un montant total de 834 941 millions de DA.
Sur ce montant, seuls 495 482 millions de DA (59%) sont considérés comme sains, et
classés en conséquence comme créances courantes (C0). Les autres engagements, soit
339 459 millions de DA (41%), ont enregistré des incidents de paiement de différents
niveaux de gravité ayant motivé leur classement dans l’une des trois (03) catégories de
créances classées (C1, C2, C3), qui, ensemble, forment ce qu'il est convenu d'appeler
les "créances non performantes".

La proportion des créances classées dans l'encours total brut des crédits à la clientèle
privée a poursuivi sa hausse, passant de 34,8% à la fin de 2019, à 37,8% en 2020 et
40,7% en 2021. L’augmentation significative des crédits non performants est un indice
explicite de détérioration de la qualité de portefeuille.

Le tableau qui suit retrace le classement et le provisionnement des créances établi


suivant l’évaluation et l’appréciation propre à la banque.

391
Tableau 3-Classement des créances (crédits directs et crédits par signature bruts,
hors prêt sur gages)
En millions de DA
2019 2020 2021
Classement des E /privées E/publiques E/publiques E /privées E/publiques
Total E /privées et Total Total
créances et particu- et administ- et administ- et particu- et administ-
particu-liers
liers rations rations liers rations
Créances
529 264 221 622 750 886 520 964 240 562 761 526 495 482 226 249 721 731
courantes C0
Créances à
10 342
problèmes 59 055 69 397 53 447 10 142 63 589 53 503 15 883 69 386
potentiels C1
Créances très 3 380
51 715 55 095 38 076 3 424 41 500 31 437 3 436 34 873
risquées C2
Créances
171 177 5 020 176 197 225 231 5 210 230 441 254 519 5 514 260 033
compromises C3
Total crédits 811 211 240 364 1 051 575 837 718 259 338 1 097 056 834 941 251 082 1 086 023
Créances
C3/total des 21,10 2,09 16,76 26,89 2,01 21,01 30,48 2,20 23,94
crédits (%)
Total des
créances classées 281 947 18 742 300 689 316 754 18 776 335 530 339 459 24 833 364 292
(C1,C2,C3)
Provisions
85 708 2 435 88 143 99 388 2 392 101 780 110 672 2 241 112 913
constituées
Créances
classées /total 34,8 7,80 28,6 37,8 7,2 30,6 40,7 9,9 33,5
des crédits (%)
Provisions / total
10,6 1,01 8,4 11,9 0,9 9,3 13,3 0,9 10,4
des crédits (%)
Provisions / total
des créances 30,4 12,99 29,3 31,4 12,7 30,3 32,6 9,0 31,0
classées (%)

Source : Etabli sur la base des rapports de gestion 2019-2021

Les créances non performantes (classées) accumulées par le secteur privé représentent
93% de l'ensemble des créances classées s'élevant à 364 292 millions de DA et un stock
de provisions de 110 672 millions de DA (98% du total des provisions d'un montant de
112 913 millions de DA). Ces créances ont augmenté respectivement de 12,35% et
7,17% en 2020 et 2021.

Les créances compromises (classées en C3) du secteur privé dont le recouvrement est
considéré comme compromis et qui constituent des contentieux complexes
préjudiciables à la banque, ont atteint, à fin 2021, un montant de 254 519 millions de
DA (30,48% de l’ensemble des engagements sur le secteur privé).

Le taux de provisions des crédits à la clientèle privée, c’est-à-dire le rapport entre les
provisions et l'ensemble des crédits correspondants a augmenté sur la période 2019-
2021, passant de 10,6% à 13,3%, impacté par la dégradation de la situation du
portefeuille des crédits. Le ratio de couverture des créances classées par des provisions
a atteint 32,6% en 2021.

392
- Les taux de provisionnement des impayés de la clientèle publique et des dispositifs
aidés sont en baisse constante malgré les risques encourus

Le montant total des créances non performantes, qui est en croissance continue, s'est
élevé à 248 416 millions de DA en 2021, contre 186 950 millions de DA en 2019. En
effet, il a crû de 32,9% pendant la période considérée.

Le montant total de la provision constituée à ce titre s'élève à 112 913 millions de DA


en 2021, soit une augmentation de 28,10 % sur la période 2019-2021.

Les provisions progressent moins vite que le total des créances non performantes
(respectivement +28,10 % et +32,9%).

Compte tenu de l’augmentation de l'encours de créances non performantes brutes sur la


clientèle, le taux de couverture par des provisions est retombé de 47,15% fin 2019 à
45,10% fin 2020 et a très légèrement augmenté en 2021 (45,45%), bien que demeurant
en deçà du niveau de 2019.

Le tableau, ci-après, indique les taux de provisionnement par type de clientèle pour les
années 2019 à 2021.

Tableau 4- la couverture des impayés supportés par la banque, tels que retracés
dans ses livres comptables, par des provisions
En millions de DA
2019
2020 2021
Secteurs Provisions/ Provisions/
Provisions/Imp
Provisions Impayés Imp Provisions Impayés Imp Provisions Impayés
(%)
(%) (%)
Entreprises
51 237 90 606 56,55 56 730 103 508 54,81 64 809 105 723 61,30
privées

Promotion
1 518 2 735 55,50 2 162 3 939 54,89 2 489 4 958 50,20
immobilière

Entreprises
2 435 7 869 30,94 2 392 8 835 27,07 2 241 10 896 20,56
publiques
Crédits aux
4 321 4 615 93,63 4 781 5 549 86,16 5 846 5 902 99,05
particuliers
Associations - 34 - - 31 - - 31 -

Dispositifs
28 630 81 091 35,31 35 716 103 817 34,40 37 528 120 906 31,04
aidés

Total 88 141 186 950 47,15 101 781 225 679 45,10 112 913 248 416 45,45

Source : Etabli sur la base des rapports de gestion 2019-2021

393
Le taux de provisionnement pour pertes sur créances liées aux prêts aux entreprises
privées et à la promotion immobilière s'est établi respectivement à 61,30 % et 50,20%
pour l’année 2021, en hausse par rapport à l’année précédente.

Le rapport entre l'ensemble des provisions et l’impayé total des crédits à la clientèle
publique a poursuivi sa diminution passant de 30,94 % à la fin de 2019, à 27,07 % en
2020 et 20,56% en 2021. Les crédits accordés aux entreprises publiques constituent un
cas particulier pour lequel les règles imposant la constitution de provisions suffisantes
ne sont pas appliquées de façon cohérente.

Concernant les dispositifs aidés, le taux de provision n'est que de 31,04% à fin 2021, en
baisse par rapport aux années précédentes. Les taux de provisionnement appliqués à ces
crédits sont nettement réduits, du fait de la garantie d'indemnisation fournie par les
fonds de cautions mutuelle de garantie à hauteur de 70% des prêts consentis, sous
réserve que les conditions préalables édictées dans les conventions d'indemnisation et
de garantie aient été respectées.

1.2. Le nombre de dossiers traités par le Comité central de recouvrement et


les montants des créances correspondantes

Le traitement des créances impayées non performantes détenues sur la clientèle et le


retraitement des agios réservés (intérêts non perçus) consistent à favoriser la mise en
œuvre du dispositif de règlement amiable, qui constitue pour la banque un moyen
efficace d'amélioration du recouvrement et d'assainissement du portefeuille d'impayés,
avec les meilleures solutions en termes de maîtrise des risques. Les demandes de
traitement des créances présentant des impayés sont déposées par les débiteurs au niveau
des agences. Les directions régionales d’exploitation vérifient que les dossiers concernés
sont complets puis les transmettent à la direction de recouvrement des créances (DRC),
pour leur présentation au Comité central de recouvrement.

Le réaménagement des modalités de remboursement, notamment, par le


rééchelonnement, la prorogation d’échéance, le retraitement des agios, permet de
garantir au mieux les intérêts de toutes les parties concernées.

Le tableau, ci-après, illustre le cadre complet des activités de traitement des créances
impayées durant la période 2019-2021.

394
Tableau 5- Le nombre de dossiers et les montants d’impayés traités par le comité
de recouvrement des créances
Unité : Millions de DA
2019 2020 2021 Période 2019‐2021
Libellé des Nombre Montant
décisions Nombre Nombre Nombre
Montant Montant Montant moyen de moyen des
dossier dossier dossier
dossiers créances
Créances
transférées au
63 5 848 78 11 209 65 10 041 68,67 9 032,67
chapitre
contentieux
Dossiers de
créances 73 14 039 79 11 210 80 11 210 77,33 12 153
rééchelonnées
Dossiers de
retraitement des 94 112 59 70 83 73 78,67 85
agios
Dossiers Différés 14 568 39 / / / / /
Dossiers Divers
(prorogation, main 11 / 30 / 41 / 27,33 /
levée, etc.)
Total 255 20 567 285 22 489 269 21 324 269,67 21 460

Source : Etabli sur la base des rapports d’activité de la (DRC) 2019-2021

Le traitement des créances impayées, tant en nombre qu'en montant, n'a pratiquement
pas changé durant cette période. La banque est parvenue à traiter en moyenne 270
dossiers par an. Le montant moyen des créances se rapportant aux dossiers traités est de
21 460 millions de DA. Cela représente l'équivalent de moins de 10% de la moyenne
des créances impayées de la même période s’élevant à 220 258 millions de DA. Pour
les années 2020 et 2021, presque la moitié du montant total des créances afférentes aux
dossiers traités est transférée au contentieux. Le déclin de la qualité de ces créances
expose la banque à un risque de perte financière.

1.3. Les créances non performantes présentent un faible taux de


recouvrement

Les impayés supportés par la banque tels que retracés dans la comptabilité, sont
constitués principalement des montants inscrits aux chapitres "impayés aux
remboursements- IAR" et "créances douteuses et compromises - CTX ". Au cours de la
période considérée, le montant total de ces créances non performantes a augmenté
régulièrement, allant d'une hausse de 20,7% en 2019-2020, à une hausse de 10,1% en
2020-2021, ce qui représente une hausse globale de 32,9%. Ce montant, qui correspond
à la valeur comptable des créances échues et impayées, est passé de 186 860 millions de
DA en 2019 à 225 589 millions de DA en 2020, puis a sensiblement augmenté jusqu'à
248 325 millions de DA en 2021.

395
Sur la même période, le volume des créances recouvrées est passé de 25 164 millions
de DA en 2019 à 18 506 millions de DA en 2020, soit une baisse brutale de 26,5%, pour
tomber ensuite à 18 164 millions de DA en 2021, avec une légère diminution de 1,8%,
soit une baisse cumulée de 27,8% au cours de la période 2019-2021.

Au niveau du chapitre contentieux, les niveaux de recouvrement restent extrêmement


faibles, le taux de recouvrement ne dépassant pas 2,87% en 2021. Ces créances sont
comptabilisées comme créances devant faire l'objet d'un recours éventuel en justice.

La montée très forte des impayés est associée, entre autres, à l'échec, total ou partiel, des
actions entreprises en vue d'en assurer le recouvrement.

Le tableau, ci-après, présente une synthèse des données qui viennent d'être exposées.

Tableau 6- La situation de recouvrement des créances non performantes


(les créances impayées)
Unité : Millions DA
2019 2020 2021
Chapitres
Taux de Taux de Taux de
comptables Créances Recouv- Créances Recouv- Créances Recouv-
recouvrement recouvrement recouvrement
impayées rement impayées rement impayées rement
(%) (%) (%)
Créances
123 942 22 292 17,99 150 026 15 773 10,51 158 784 15 595 9,82
impayées IAR
Créances
douteuses
62 918 2 872 4,56 75 563 2 733 3,62 89 541 2 569 2,87
compromises-
CTX
Total 186 860 25 164 13,47 225 589 18 506 8,20 248 325 18 164 7,31

Source : Etabli sur la base des états financiers 2019-2021

2. Les conditions de recouvrement des créances non performantes

Le recouvrement de créances impayées nécessite la mise en place d’une organisation et


des mécanismes de fonctionnement adaptés, de procédures et de méthodes rigoureuses
d’analyse, de suivi et d’enregistrement comptable.

La gestion et le recouvrement des créances impayées, dans le cadre d'une procédure de


recouvrement à l'amiable ou, à défaut, par voie judiciaire, sont des activités complexes
exigeant une approche globale, coordonnée et intégrée, faisant intervenir de nombreuses
structures à différents niveaux de gestion et de contrôle (les directions centrales
compétentes en matière de recouvrement, les directions régionales d’exploitation, les
comités exécutifs et les groupes de travail spécialisés, ainsi que les services concernés
par l’activité de recouvrement au niveau des agences). Des problèmes, impactant les
activités de recouvrement et l'utilisation du système d'information, peuvent surgir dans

396
les cas où les attributions des différents services en charge de cette fonction ne sont pas
clairement définies.

Les intervenants agissent conformément à un cadre opérationnel concerté, régi par un


ensemble de procédures, de règles et de techniques qui forment le dispositif de
recouvrement des créances. Lorsqu'il est correctement appliqué, ce dispositif permet
d'obtenir d’un débiteur le paiement d’une créance due et exigible, en plus des intérêts de
retard convenus, le but étant de protéger au mieux les actifs de la banque, ses activités
ainsi que ses intérêts.

Cette gestion devrait aussi pouvoir s'appuyer sur un système intégré, performant et
moderne d'information comptable et statistique, fournissant aux responsables
opérationnels les données nécessaires pour prendre leurs décisions. Il est aussi important
de noter que la gestion et le recouvrement de ces créances est une ligne métier aussi
importante que les autres lignes métier de la banque (trésorerie et marché financier,
collecte des ressources, etc.).

2.1. L’absence d'une vision claire en matière de gestion du recouvrement


des impayés

Le recouvrement des créances est régi par une procédure de gestion dépassée et non
actualisée qui remonte à l’année 2009.

Au niveau central, les tâches et les responsabilités de la direction du recouvrement des


créances (DRC) ne sont pas suffisamment définies et formalisées. Dans ce cadre, il est
important de noter que les missions et l’organisation de cette direction sont définies dans
une procédure établie en 2010. Cette procédure est aujourd'hui largement dépassée dans
la mesure où elle ne correspond pas à la nouvelle organisation mise en place suite au
changement de mode d'administration et de gestion du recouvrement des créances.
L’organigramme défini dans cette procédure a été modifié à quatre reprises au cours de
ces dernières années (novembre 2016 à mars 2020).

Les procédures de fonctionnement de cette direction devraient être définies dans un


manuel de fonctions, mais qui n'est toujours pas établi.

La mise en place d'une nouvelle organisation opérationnelle s'est accompagnée d'une


refonte des procédures avec la mise en place, en mars 2017, d'un nouveau système
d’information.

397
Dès la fin de de l'année 2016, la réorganisation de la banque a donné lieu à la suppression
des directions régionales d’exploitation (DRE) qui sont remplacées par les pôles
opérationnels et les pôles commerciaux. Les comités de recouvrement des créances qui
existaient au sein des (DRE), sont tout simplement rendus inopérants et sans être
remplacés.

Les départements recouvrement et contentieux régionaux (DRCR) faisaient partie des


pôles opérationnels. En août 2018, ils étaient rattachés hiérarchiquement à la
(DRC)/direction générale adjointe (risques, contrôle et conformité). Les domaines de
compétence et les procédures de fonctionnement du département recouvrement et
contentieux régional n'ont pas été définis, comme le prévoit les dispositions fixant leur
organisation.

Cette réorganisation inachevée a été supplantée par une approche qui marque un retour
à l'ancienne organisation en vigueur avant septembre 2016. C'est ainsi qu'ont été créées,
en mars 2022, les directions régionales d’exploitation (DRE), au nombre de 18,
comprenant les départements recouvrement et juridique régionaux (DRJR), chargés du
recouvrement des créances en suspens, qui remplacent les départements recouvrement
et contentieux régionaux (DRCR). Les pôles opérationnels et les pôles commerciaux ont
été dissous.

Il est important de souligner que le rôle, les responsabilités et les pouvoirs des structures
régionales, en matière de décision de transfert à contentieux et de règlement amiable des
créances, n’ont pas été fixés depuis septembre 2016.

Cette situation a des répercussions sur les décisions et mesures prises par les directions
centrales en matière de recouvrement des créances, qui ne seront pas appliquées, par les
parties prenantes régionales, à défaut de textes clairs qui définissent les compétences et
fixent les systèmes de responsabilité au sein des directions régionales.

Tous ces éléments ont pour conséquence une hausse des impayés et des faiblesses dans
le traitement des créances à recouvrer.

Les entrevues et l'examen des documents révèlent que la gestion des recouvrements
présente encore beaucoup de faiblesses et de lacunes, notamment au niveau local et
régional. Il y a lieu de citer notamment :

- dans plusieurs dossiers, les pièces justificatives obligatoires, notamment les garanties
institutionnelles et les nantissements matériels, ne sont pas jointes aux dossiers de
contentieux ;

398
- en raison de l’absence de certains documents exigés par les organismes de garantie
et prévus par une note interne portant sur les pièces constitutives du dossier
d’indemnisation, plusieurs dossiers d’indemnisation sont rejetés par les services du
FGAR1 ;
- les sommes dues impayées à la date d'échéance ne sont pas souvent déclarées par les
agences aux organismes institutionnels (FGAR, CGCI, SGCI2) dans les délais légaux.

Selon les procédures internes en vigueur, les agences doivent enclencher les actions
nécessaires dès la phase initiale d'un incident de paiement. C’est ce moyen qui permet à
la banque de recouvrer le plus facilement et de façon la moins coûteuse ses créances.
Les mesures de recouvrement exigées par les procédures internes, avant le transfert des
dossiers au contentieux, ne sont pas dûment appliquées par toutes les agences. Celles-
ci ne sont pas suffisamment impliquées dans le processus de recouvrement. Les
conditions requises pour le lancement du processus de recouvrement, dès qu'un incident
de paiement se produit, ne sont donc pas remplies.

2.2. Le système d’information peu ou mal maîtrisé

Le plan stratégique3 prévoit que le nouveau système d’information devrait améliorer


l’efficience du recouvrement/contentieux. Il considère que les difficultés de
recouvrement figurent parmi les menaces importantes qui pèsent sur l’atteinte des
objectifs. D'où la nécessité de concevoir des méthodes de recouvrement plus efficaces.
La BDL s’est dotée, depuis mars 2017, d'un système d'information informatisé
et intégré : une base de données centrale avec des modules logiciels (Core Banking), qui
permet le traitement en temps réel de tous les types d'opérations bancaires. Il couvre
l’ensemble des fonctions permettant de gérer la banque. Elle s'est aussi dotée d'un
logiciel puissant d’analyse de données et d’aide à la décision qui permet l'accès à la base
de données centrale, il fournit aussi des fonctionnalités d'extraction des données au
moyen de requêtes.

En matière de gestion financière et comptable, le plan comptable réglementaire est


implémenté dans le système informatique. La documentation et les instructions
d'utilisation associées, qui constituent le référentiel comptable de la banque, ne sont
toutefois pas encore disponibles à fin novembre 2022. Cependant, un projet de
référentiel comptable est en cours d'élaboration pour fournir la documentation
appropriée (plan comptable, fiches descriptives de comptes, les procédures comptables,

1
FGAR : Fonds de garantie des crédits aux PME
2
- CGCI : Caisse de garantie des crédits d’investissement
- SGCI : Société de garantie du crédit immobilier
3
Le plan stratégique 2016-2020 (février 2016) établi par un cabinet spécialisé.

399
les schémas comptables, les procédures de valorisation comptables, etc.). Ce projet vise
à permettre à la Banque de se conformer aux exigences règlementaires1.

La migration vers le nouveau système d’information a créé de nombreuses difficultés


qui ne sont pas encore entièrement résolues.

Ainsi, en raison des difficultés liées au système informatique, la DRC n’est pas en
mesure d'utiliser les données comptables générées par la base de données aux fins de
maximiser le recouvrement des créances. Elle ne peut pas procéder, pour des raisons
pratiques, à l’extraction via le système des états de recouvrement mensuels.
Actuellement, seuls les états mensuels des impayés sont extraits de la base de données
à partir du logiciel. La direction s'est donc vue contrainte de réclamer périodiquement
la communication des reporting des impayés aux (DRE).

Selon la direction des systèmes d’information, les fichiers compte-rendu de traitement


des impayés sont déposés sur le serveur de partage au quotidien, de même que les états
de recouvrement et d’impayés qui se trouvent sur le menu du système d’information. De
nombreuses autres informations sur les impayés et les recouvrements sont disponibles
sur ce logiciel. Cependant, il arrive parfois qu’une table du système d'information ne
fonctionne pas et telle autre renferme des informations erronées.

Étant donné les difficultés rencontrées lors de l'utilisation de la base de données, la DRC
n'a pas réussi à se servir des moyens que lui offre le système d’information, qui permet
d'optimaliser la gestion du portefeuille des créances impayées dans le cadre d'un suivi
en temps réel mis en place par la banque.

Le volet recouvrement des créances n'est pas bien organisé, ni suffisamment intégré au
système d’information. La direction de recouvrement des créances (DRC) ne dispose
pas de toutes les données nécessaires dont elle a besoin, pour réaliser ses tâches et
exercer ses fonctions.

La saisie et la vérification des données de crédit dans le système d'information présentent


également des lacunes. Souvent, la nature du prêt est saisie de façon erronée. Par
exemple, des crédits immobiliers saisis comme des crédits à la consommation ou des
crédits aux particuliers saisis comme des crédits aux petites et moyennes entreprises.
Les procédures et les normes pour la saisie, la correction et la vérification des données
ne sont pas mises en place. Cette situation ne permet pas un recouvrement efficient et
efficace des créances qui font l'objet d'une démarche de recouvrement.

1
Le décret exécutif n°09-110-art 07 du 07 avril 2009, fixant les conditions et modalités de la tenue de la
comptabilité au moyen des systèmes informatiques, et le Règlement de la Banque d’Algérie n°11-08 du 28
novembre 2011 relatif au contrôle interne des banques et établissements financiers – art.06 et 33.

400
Dans tous les cas, malgré l'implantation d'un système d'information moderne
informatisé, la banque ne s'est pas encore dotée d'une application métiers spécialisée
dans le recouvrement des créances et la gestion du contentieux.

La mise en place d’un nouveau système d’information et de nouvelles pratiques


opérationnelles implique une démarche complète de projet et ne peut être réduite à la
simple installation d’un progiciel, qui devrait, en principe, intervenir après la mise en
place d'une organisation rigoureuse et efficace, et ce, à tous les niveaux de gestion de la
banque. Une telle démarche permettrait de détecter et de corriger en amont les faiblesses
éventuelles, bien avant l'informatisation.

2.3. Les risques financiers et les défis prudentiels sont de plus en plus
difficiles à maîtriser

Les mesures prises par la Banque d’Algérie, en vue d’améliorer l'accès au financement
et au crédit pour les entreprises touchées par les conséquences économiques et
financières négatives de la pandémie liée à la COVID-19, ont eu des retombées positives
sur les résultats et la situation financière de la BDL, sous la forme d'un relatif allègement
des provisions et d’un assouplissement des exigences en fonds propres.

Le retraitement des crédits en faveur des entreprises, dont l'activité est impactée par la
crise sanitaire (prorogation d’échéances ou des différés, maintien de la bonification, etc),
a porté sur 2 293 dossiers, en 2021, pour un montant de 191 Mrds de DA et sur 1 661
dossiers d’un montant global de 203 Mrds de DA en 2020.

401
Encadré 2

Les mesures d'assouplissement du crédit liées à la pandémie de la Covid-19

Les mesures dérogatoires temporaires concernant les règles prudentielles ont été
introduites, conformément aux instructions émises par la Banque d’Algérie, pour la
première fois le 1er mars 2020 pour une période s'étendant jusqu’au 30 septembre
2020. Par la suite, elles ont été prorogées à plusieurs reprises jusqu'au 31 mars 2022.

Le coefficient de liquidité est ramené de 100 % à 60 %, le coefficient de solvabilité de


9,5% ne sera pas rehaussé par le coussin de sécurité des fonds propres (+2,5%).

L’allégement du provisionnement des créances reportées ou rééchelonnées au titre


des mesures conjoncturelles, prises par les autorités publiques ou la Banque d’Algérie,
pour aider les entreprises à faire face aux conséquences de la crise sanitaire liée à la
Covid-19.

Une baisse importante du taux de la réserve obligatoire, en plusieurs étapes, pour


atteindre, 2% en février 2021.

Le coefficient de solvabilité s'est amélioré, avec un taux de 10,93%, contre 10,46%


l'année précédente, mais demeure bien en deçà de la norme de 12% requise par les règles
prudentielles.

Par ailleurs, le coefficient de liquidité qui n'était que de 49% en 2019 est passé à 90%
en 2020, avant de remonter à 122% en 2021, alors que la norme prudentielle est fixée à
100%. L’amélioration du ratio de liquidité du dernier exercice est due, dans une large
mesure, au rachat de créances non performantes du secteur public par le Trésor, la quote-
part revenant à la banque est de 55,9 Mrds de DA.

Au bilan, le total de l'actif s'est élevé à 1 348 Mrds de DA au 31 décembre 2021, en


hausse de 236 Mrds de DA par rapport à fin 2019, en raison notamment de
l’augmentation des actifs financiers1, qui représentaient 3,1% de l’actif en 2020 et 18,9%
en 2021 (multiplié par plus de 6,7 fois en une année).

Le résultat net a augmenté de 53% en 2020 et à nouveau de 54% en 2021, soit une
progression cumulée de 135% depuis 2019, sous l'effet de reprises de provisions en

1
Les trois postes de l’actif qui ont augmenté sensiblement en 2021 :
Actifs financiers détenus à des fins de transactions, actifs financiers disponibles à la vente et actifs financiers
détenus jusqu’à l’échéance. C’est un portefeuille de titres de placement qui devrait rapporter à la banque des
recettes supplémentaires.

402
2020, comme en 2021, qui ont généré une forte baisse des dotations nettes aux
provisions (-34,7%). La progression est remarquable mais le résultat net de 2021, dont
la valeur s'élève 3,9 Mrds de DA, apparaît relativement modeste comparé au produit net
bancaire de 33,7 Mrds de DA.

Les dotations nettes aux provisions pour pertes sur créances ont enregistré une baisse
notable, s'établissant à 11 678 millions DA en 2021 contre 15 692 millions DA en 2020
et 17 882 millions DA en 2019.

Des mesures exceptionnelles et conjoncturelles favorables, d’assouplissement de


certaines mesures prudentielles et d’aides aux entreprises, le relatif allègement des
provisions pour créances classées, ainsi que l'opération de rachat des crédits syndiqués
par le Trésor Public, ont certes contribué à cette sensible amélioration des résultats
financiers des exercices 2020 et 2021, mais les faiblesses structurelles internes
pourraient être amplifiées du fait, à la fois, de la fin de ces mesures temporaires et de
l'impact négatif de l'aggravation des créances classées nécessitant un provisionnement
significatif, qui constitue une lourde charge pour banque.

Compte tenu de la situation financière relativement tendue de la banque, celle-ci a pris


l'option de ne pas distribuer de dividendes sur les exercices 2019, 2020 et 2021, de
conserver en réserve une part importante du résultat net et d’affecter le reste à la
résorption du report à nouveau négatif. Ceci permettra de consolider les fonds propres
de la banque et de préserver ses liquidités.

Recommandation

En vue d'assurer une gestion efficace des recouvrements et de réduire le volume des
créances impayées, la banque est invitée à développer davantage le métier de
recouvrement des créances, à travers notamment :

- Le renforcement de l’organisation et des procédures internes en matière de gestion et


de suivi des créances impayées ;
- L’accélération de l'automatisation des tâches et des pratiques de recouvrement des
créances.

403
Réponse du Directeur Général
de la Banque de Développement Local

La note d’insertion a été établie par vos services dans le cadre d’une évaluation quantitative et
qualitative du processus de recouvrement des créances au niveau de notre banque, sous
différents angles, organisationnel, système d’information et procédural, en dressant une
situation chiffrée arrêtée au 31 décembre 2021, sur le niveau des engagements atteint ventilé
par secteur d’activité ainsi que les impayés enregistrés et les dotations en provision allouées.
Cette évaluation a permis de relever des insuffisances pour lesquelles nous apportons les
explications nécessaires, ainsi que les actions d’amélioration engagées par la banque à l’effet
d’y remédier.

Aussi, afin de structurer notre réponse, les points cités ci-après seront détaillés de manière
explicite dans la présente synthèse.

1. Situation des impayés et les dotations en provision


2. Les créances non performantes présentant un faible taux de recouvrement
3. Les conditions de recouvrement des créances non performantes
4. Les axes d’amélioration du processus de recouvrement des créances non performantes au
niveau de la BDL, et le plan d’action à réaliser.

1. Situation des impayées et les dotations en provision

Suivant la note en question (tableau 6), le volume global des créances non performantes de la
banque en 2021, s’élevé à 248 milliards de DA dont 158 milliards en IAR, ces derniers
représentent l’ensemble des créances impayés y compris les impayées en attente de paiement
dont le délai de séjour ne dépasse pas les 90 jours, les impayés dans le délai de séjour en IAR
est inférieur à 90 jours s’élèvent à un montant de 15 milliards de DA soit un taux de 10% de
l’ensemble des impayés en IAR, a noter que le délais 90 jours est un délai réglementaire pour
considérer la créance comme impayés en attente de recouvrement.

Le classement dans la catégorie « Créances compromises C3 » intervient dans deux cas de


figure : soit que les clients concernés ont fait l’objet de transfert à contentieux, soit que l’âge
de leurs impayés oblige la Banque à les considérer comme étant des créances compromises, en
application du règlement BA n°14/03 du 16 février 2014.

404
Cette catégorie de créances classées est principalement composée des clients qui ont bénéficié
des crédits accordés dans le cadre des dispositifs aidés (ANADE, CNAC, ANGEM) avec un
montant de 120,9 Milliards de DA, suivis par les PME Privées avec un montant de
112 Milliards de DA au 31 décembre 2021.

Par ailleurs, les taux de provisionnement des impayés de la clientèle publique et des dispositifs
aidés sont en baisse constante malgré les risques encourus, situation justifiée par ce qui suit :

Dispositifs aidés

Le taux de provisionnement des impayés de la clientèle s’inscrivant dans le cadre des dispositifs
aidés est en baisse malgré les risques encourus en raison de la non constitution de provisions
additionnelles. Cela est motivé par la signature avec l’ANADE, d’une convention relative au
rééchelonnement des créances du dispositif ANSEJ d’une part, ainsi que des mesures
d’allègement relatives à la pandémie (dispositif COVID 19) d’une autre part. (Il en est de même
pour les créances ANGEM et CNAC et ce en perspective de l’intégration de ces dispositifs au
niveau de l’ANADE).

Aussi, cette décision a été prise tenant compte des termes de l’instruction de Monsieur le
Premier ministre portant « gel temporaire des procédures judiciaires à l’encontre des
dispositifs aidés.

Les impayés liés à ce type de créances représentent 56% des créances non performantes.

Entreprises publiques

Concernant le taux de provisionnement des entreprises du secteur public, la baisse observée


entre 2019 et 2021 s’explique par la décision de la Banque de ne pas classer et provisionner
les créances détenues sur des entreprises publiques. En effet, cette décision était justifiée par
le fait que ces dernières sont garanties de fait par l’Etat (risque souverain).

Par ailleurs, il est à préciser qu’un effort de provisionnement a été effectué en 2022, puisque le
classement des entreprises du secteur public a donné lieu à la constitution d’une provision
additionnelle, amenant le stock des provisions pour cette nature de clientèle à 4,4 Milliards de
DA au 31 décembre 2022 contre 2,24 Milliards de DA au 31 décembre 2021.

Ceci étant, il est à préciser que le classement de cette catégorie de clientèle a été opérée pour
les entreprises ne s’inscrivant pas dans un des deux cas de figure suivants :

405
- Entreprises ayant bénéficié auparavant des mesures d’assainissement décidées par les
pouvoirs publics (Décisions CPE) ;
- Entreprises appartenant aux différentes filiales du groupe DIVINDUS et ce, dans l’attente de
la centralisation des traitements à opérer à ces dernières, notamment à l’issue des accords et/ou
protocoles devant découler des saisines des sociétés mères et éventuellement du ministère de
tutelle.

En conséquence, les dotations nettes aux provisions pour pertes sur créances ont enregistré une
baisse notable, s’établissant à 11,678 millions de DA en 2021 contre 15,692 millions de DA en
2020 et 17,882 millions de DA en 2019 :

Cette situation trouve principalement son explication dans les points suivants :

- L’application des mesures exceptionnelles d’allègement de certaines dispositions


prudentielles applicables aux banques et établissements financiers, objet de l’instruction BA
n°05/2020 du 06 avril 2020 et dont les termes sont restés en vigueur jusqu’au 31 mars 2022 ;
- La non constitution de provisions additionnelles pour la clientèle s’inscrivant dans le cadre
des dispositifs aidés, comme déjà expliqué plus haut est dû à l’application de l’instruction de
Monsieur le Premier ministre portant « gel temporaire des procédures judiciaires à l’encontre
des promoteurs concernés d’une part, et vu la signature avec l’ANADE d’une convention
relative au rééchelonnement des créances de ce dispositif d’une autre part ;
- L’importance des garanties données en couverture des crédits accordés à des clients,
neutralisant ainsi le risque encouru sur ces derniers en termes de provisions à constituer
(clients enregistrant des impayés et dont les créances sont classées, mais disposant de garanties
couvrant largement les engagements).

2. Les créances non performantes présentant un faible taux de


recouvrement

L’évolution des impayés de la banque est une résultante du niveau des crédits accordés. Durant
ces dernières années, il est relevé un accroissement annuel des impayés provoqués
essentiellement par ce qui suit :

 Conjoncture économique défavorable ;


 La pandémie Covid 19 ;
 Augmentation des prix des produits et matières premières, situation qui a impacté
directement l’avancement des projets, la continuité de l’activité, suspension de cette dernière
et faiblesse ou absence de nouveaux projets ;
 Suspension d’importation de certains intrants décidée par les pouvoirs publics ;

406
 Retard de mobilisation et/ou de remobilisation de crédits (crédits d’exploitation,
rééchelonnement autorisé par la Banque) ;
 L’importance des impayés relatifs aux dispositifs aidés (ANSEJ, ANGEM et CNAC),
accentuée par le gel des poursuites judiciaires décidé par les pouvoirs publics depuis 2019.

En dépit de l’augmentation des impayés, conséquence de la conjoncture de la période 2019-


2021, relative à certains critères exogènes, des efforts louables ont été déployés par la banque
notamment par les équipes chargées du recouvrement, qui ont été concrétisés par un niveau de
recouvrement de 25 milliards de DA au cours de l’exercices 2022, sans tenir compte des
recouvrements des impayés de moins de 90 jours, contre 18,1 milliards de DA enregistrés
durant l’exercice 2021.

En outre, cette performance a été maintenue, au cours du 1ier semestre 2023 par le recouvrement
de plus 10,45 milliards de DA soit un taux de 45% de l’objectif annuel fixé par la banque à
18 milliards de DA.

3. Les conditions de recouvrement des créances non performantes

Nous tenons à préciser que malgré les différentes insuffisances et lacunes relevées par la note
d’insertion sur le plan organisationnel, procédural ainsi que les outils alloués pour le
recouvrement des créance non performantes, il y a lieu de noter que des évolutions et des
changements majeurs ont été réalisés par la banque depuis 2017 pour sa modernisation, et ce
par l’implémentation d’un système d’information intégré et une refonte dans l’organisation.

En effet l’acquisition d’un « Core banking » et la création de nouveaux métiers et fonctions ;


tels que les chargés de recouvrement au niveau régional et central ont fortement contribué à la
prise en charge des dossiers de recouvrement.

Aussi, ces évolutions ont permis aux différents intervenants dans le processus de recouvrement
d’assurer un suivi permanent des dossiers, depuis le premier incident d’impayé jusqu’à
éventuel transfert au contentieux pour un recouvrement forcé.

Selon ladite note, les insuffisances relevées sont dues à l’absence d’une vision claire de
gestion de recouvrement des impayés

La banque a toujours placé le recouvrement comme une priorité absolue, raison pour laquelle
des objectifs en matière de recouvrement sont inscrits et fixés annuellement par la direction
générale en charge des différentes structures concernées et dont les réalisations sont suivies et
évaluées de manière permanente, ceci pour apporter les redressements nécessaires au moment
opportun et maintenir une démarche dynamique.

407
Toutefois, la banque a été confrontée à différentes contraintes durant les cinq derniers exercices
et ce depuis mars 2017, ayant compliqué la réalisation des objectifs en matière de recouvrement
de créances non performantes, et qui peuvent être résumées suivant les 03 périodes citées
ci-après :

- Période 2017-2019 : l’acquisition par la banque d’un Core banking avec la mise en place
d’une nouvelle organisation, ayant nécessité beaucoup d’efforts à l’effet d’assurer leur
implémentation. La stabilisation du système d’information exigeait la fiabilisation des données
et l’amélioration du paramétrage afin qu’ils répondent entre-autre aux nouveaux besoins de la
direction de recouvrement des créances et d’autres dans le processus recouvrement.

- Période 2020-mars 2022 (la période COVID) les mesures d’astreintes ont été appliquées
pour le personnel de la banque ainsi que des mesures d’allègement imposées par la Banque
d’Algérie aux banques en faveur des clients en difficultés, n’étant pas sans incidence pour la
réalisation des objectifs en matière de recouvrement.

- En mars 2022 et après avoir constaté des insuffisances dans la prise en charge de certains
traitements de processus au niveau régional, des réajustements ont été opérés dans
l’organisation et ce, par le fusionnement des structures régionales telles que le pôle
commercial, le pôle opérationnel et le département recouvrement régional sous l’égide d’une
direction régionale d’exploitation (DRE).

Cette nouvelle réorganisation s’inscrit dans l’objectif d’améliorer l’efficacité et l’efficience des
traitements et de la prise en charge de tous les volets, entre autres ceux relatifs au recouvrement
des créances, avec une meilleure cohésion entre lesdits intervenants régionaux.

Suite à cette réorganisation, les comités de recouvrement régionaux ont été réhabilités au
niveau des DREs suivant la note DBC n°11/2022, en leur attribuant le traitement des dossiers
de recouvrement, de rééchelonnement et le pouvoir de transfert au contentieux, dans la limite
des délégations des crédits traités par ces derniers.

Enfin et à l’effet, de conforter la ligne métier de recouvrement la direction de recouvrement des


créances a été rattachée à la direction générale adjointe Back Office au lieu et place de la
direction générale adjointe /risque contrôle conformité suivant la décision PDG n°16/2020.

En outre, en sa qualité de structure opérationnelle la DRC a été chargée, du traitement, de


l’exécution et de la supervision du processus « recouvrement » assujetti à des contrôles,
permanents et périodiques au même titre que les autres structures opérationnelles de la banque
dont l’organisation est définie dans la décision PDG n°288/2018 et les missions et les
attributions prévues dans la procédure de gestion n°03/2010 restent inchangées.

408
Néanmoins, un manuel de fonction qui tiendrait compte de ces changements organisationnels
est en cours d'élaboration au niveau de la structure concernée.

En ce qui concerne la procédure de gestion 22/2009 traitant le processus de recouvrement des


créances (phase précontentieuse) considéré dépassée selon votre rapport.

Nous vous informons que cette procédure constitue un référentiel de base toujours d’actualité,
complétée par la circulaire n°07/2018 traitant le recouvrement des créances impayées sur
crédits d’investissement (entreprises), toutefois, cette dernière nécessite une mise à jour par
rapport aux différents changements organisationnel et traitement opérationnel.

Maitrise du système d’information, est une tâche permanente et une préoccupation majeure
inscrite dans les priorités des objectifs de la banque pour l’ensemble des utilisateurs métiers
ainsi que pour les ingénieurs en informatique chargés de l’administration du système
d’information qui travaillent, pour la montée en compétence et de maitrise des aspects
techniques et fonctionnels.

La maitrise du SI est réalisée graduellement à travers des formations régulières assurées pour
les intervenants dans le processus recouvrement et l’assistance du support de l’éditeur du
système d’information pour la prise en charge des anomalies, l’optimisation et les
modifications du paramétrage.

Ces formations portent sur le traitement à opérer sur le SI ainsi que sur le métier de
recouvrement (l’entretient avec le client, constitution du dossier de recouvrement traitement des
demandes de la clientèle pour le rééchelonnement, constitution des dossiers demande
indemnisation pour les garantie institutionnelle, constitution des dossiers de transfert aux
contentieux, etc).

Aussi, d’autres outils informatiques, administrés par la DSI ont été mis à la disposition de la
DRC, qui leur permet, d’exploiter les bases de données produites par le système d’information,
et disposer ainsi de toutes les informations, de gestion et comptable, en relation avec les
impayés des clients et leur recouvrement.

Ces informations sont aussi partagées avec les opérateurs concernés au niveau régional et
local permettant ainsi l’exécution des actions nécessaires, dans un ordre de priorité fixé par la
DRC dans le cadre de la réalisation des objectifs notifiés par la direction générale.

409
4. Les axes d’amélioration du processus de recouvrement des créances
non performantes au niveau de la BDL, et le plan d’action à réaliser

Dans la cadre de la stratégie de recouvrement des créances non performantes, les


recommandations notifiées par votre instance dans la note d’insertion, sont inscrites comme
étant une priorité absolue permettant, ainsi d’améliorer davantage la situation financière et
préserver les actifs de la banque.

Pour la concrétisation de ce plan stratégique, des actions sont déjà entamées, que nous
récapitulons dans les points suivants :

- Un impact positif sur le recouvrement est attendu après la mise en place des anciennes
directions régionales d’exploitation, et le retour à l’ancienne organisation de la banque, dans
la mesure où elle remet en bonne place le recouvrement au niveau de nos agences, qu’elles sont
dotées de juristes ;
- Lancement des opérations de télé recouvrement, recours au CALL CENTER de la banque
pour mettre à contribution le savoir-faire communicationnel de ces équipes en vue
d’entreprendre les actions de recouvrement directes ;
- Une convention de prélèvement automatique CCP, sur les comptes CCP des clients
bénéficiaires des crédits aux particuliers est en cours de négociation avec le CCP, qui aura à
faire des balayages mensuels des comptes CCP concernés et à créditer la banque à partir des
salaires reçus.

D’autres actions ont été transcrites suivant un plan de réalisation à court terme et d’autres à
long terme avec des échéances arrêtées par la direction générale, et qui vous sera communiqué
dans les meilleurs délais :

- Valider le manuel de fonction de la direction de recouvrement des créances ;


- Elaborer un recueil de procédures dédié aux traitements du processus recouvrement (mise à
jour des procédures existantes) traitant l’ensemble des aspects liés aux conditions de traitement
des dossiers de recouvrement (les délais de traitement des dossiers, saisine de la clientèle,
recouvrement à l’amiable, rééchelonnement, respect des conformités, transfert au contentieux,
etc) avec les différents intervenants, agence, direction régionale d’exploitation et la DRC ;
- Assurer des formations permanentes pour le personnel concerné par le recouvrement, à l’effet
d’assurer une meilleure efficacité dans la prise en charge des dossiers et dans les délais
impartis ;
- Renforcer la filière de recouvrement par un personnel qualifié et formé au niveau local et
central ;
- Allouer des moyens logistiques et matériels supplémentaires permettant d’assurer l’atteinte
des objectifs ;

410
- Reconsidérer à la hausse les objectifs de réalisation en matière de recouvrement fixés
annuellement par la banque, pour la filière de recouvrement en fonction des moyens alloués ;
- Développer des outils informatiques d’appoint, qui permettent le suivi des démarches
procédurales engagées auprès de la clientèle permettant ainsi, une supervision dynamique des
dossiers de recouvrement et une interaction avec les intervenants ;
- Accorder une attention particulière au dossier de recouvrement transmis au contentieux à
l’effet de prévenir et anticiper sur les nouveaux dossiers de crédit traités par la banque.

Considérant avoir apporté les éléments de réponses et les éclaircissements nécessaires tous en
restant attentif à vos recommandations et orientations pour l’amélioration continue des
traitements au niveau de notre banque.

411
QUATRIEME PARTIE

LES MOYENS FINANCIERS,


LES RESSOURCES HUMAINES
ET LES ACTIVITES INTERNATIONALES
DE LA COUR DES COMPTES

412
13. LES MOYENS FINANCIERS, LES RESSOURCES
HUMAINES ET LES ACTIVITES INTERNATIONALES
DE LA COUR DES COMPTES

La Cour des comptes, en conformité avec ses valeurs institutionnelles et normes


internationales de contrôle de l’organisation internationale des institutions supérieures
de contrôle des finances publiques (INTOSAI), rend compte dans cette partie du rapport
annuel pour 2023, de l’utilisation de ses moyens budgétaires et de ses ressources
humaines ainsi que de ses activités en matière de coopération internationale et régionale,
durant l’année 2021, notamment les échanges d’expériences avec les institutions
supérieures de contrôle (ISC) homologues dans les différents domaines de contrôle.

1. Les crédits budgétaires

Les crédits alloués à la Cour des comptes, au titre du budget de fonctionnement


pour l’exercice 2021, ont atteint 1,249 Mrd DA, soit une augmentation de l’ordre de
66,855 millions DA (5,42%) par rapport aux crédits de 2020.

Ces crédits sont destinés à hauteur de 86,30% aux dépenses du personnel et de 13,70 %
aux autres dépenses de fonctionnement des services.

Les consommations ont atteint, au 31 décembre 2021, un montant de 929,193 millions


DA, soit un taux d’exécution des crédits de 74,38 %.

Budget de fonctionnement de l’exercice 2021


Unité : DA
Taux de
Crédits Crédits
Section Reliquat consommation
alloués consommés
(%)
Dépenses de personnel 1 121 738 000 827 918 260,08 293 819 739,92 73,81
Dépenses de fonctionnement
127 506 000 101 275 161,19 26 230 838,81 79,43
des services
Total 1 249 244 000 929 193 421,27 320 050 578,73 74,38

413
2. Les ressources humaines

2.1. Effectifs de la Cour des comptes

Les effectifs en service au sein de la Cour des comptes représentent, au 31 décembre


2021 un total de 407 employés, comprenant 204 magistrats, 14 vérificateurs financiers,
46 pour le corps du greffe et 121 au titre du personnel d’encadrement administratif et de
soutien. Les magistrats en position de détachement dans les administrations et
institutions publiques sont au nombre de 10.

Il ressort de ce qui précède que les effectifs (magistrats et personnels de soutien) de la


Cour des comptes ont connu une légère évolution par rapport à l’année 2020.

En effet, compte tenu des besoins pressants en matière de renforcement qualitatif et


quantitatif des personnels de contrôle, la Cour des comptes a pu organiser des opérations
de recrutement après accord du Premier ministre.

414
Répartition des effectifs par catégorie socio-professionnelle

Catégorie Nombre

Président 1
Vice-Président 1
Censeur général 1
Président de chambres 18
Rapporteurs généraux 3
Présidents de section 15
Censeurs 5
Sous total 44
1er groupe 0
ème
Magistrats de la 2 groupe 1
hors hiérarchie 3ème groupe 3
4ème groupe 11
Personnels de contrôle Premier conseiller 10
1er grade
Conseiller 17
Auditeur principal 20
ème ère
2 grade Auditeur 1 classe 23
ème
Auditeur 2 classe 76
Vérificateurs financiers 14
Sous total 175
Greffiers 27
Personnel du greffe Secrétaire greffier principal 3
Secrétaire greffier 16
Sous total 46
Secrétaire général 1
Chef de cabinet 0
Directeur d’études 2
1
Directeur de l’administration et des moyens

Directeur de département des études et du traitement de 1


Personnel d’encadrement
l’information
et de soutien administratif
1
Directeur de département des techniques d’analyse et de
contrôle

Sous-directeur 12
Chef d’études 3

Agents de soutien administratif 121

Sous total 142

Total général 407

415
Répartition des effectifs des chambres nationales et territoriales

Chambre Chambres Chambres


CDBF*
Fonction nationales territoriales
Présidents de chambre 8 9 1
Présidents de section 7 8 0
Magistrats 87 73 2
Vérificateurs financiers 8 4 0
Greffiers 25 19 1
Personnels de soutien 12 50 1
Total 147 163 5
* Chambre de discipline budgétaire et financière

Répartition des effectifs des chambres nationales

Chambre 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème 7ème 8ème


Fonction chambre chambre chambre chambre chambre chambre chambre chambre
Présidents de
chambre 1 1 1 1 1 1 1 1
Présidents de
section 1 1 1 1 0 1 1 1
Magistrats 11 10 13 13 10 12 7 11
Vérificateurs
financiers 1 1 0 3 2 0 1 2
Greffiers 2 2 2 2 2 2 2 2
Personnel de
soutien 1 2 1 2 2 1 1 2
Total 17 17 18 22 17 17 13 19

Répartition des effectifs par chambres territoriales

CT
Chambre CT CT CT CT CT CT CT CT
Tizi
Fonction Alger Oran Constantine Annaba Ouargla Bechar Blida Tlemcen
Ouzou
Présidents de
chambre 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Présidents de
section 1 1 0 1 1 1 1 1 1
Magistrats
7 8 7 11 6 8 6 10 10
Vérificateurs
financiers 2 0 0 0 0 1 0 0 1
Greffiers
2 2 2 2 2 3 2 2 2
Personnel de
soutien 1 7 6 6 7 5 6 5 7

Total 14 19 16 21 17 19 16 19 22

416
Répartition des effectifs du Censorat Général
Fonction Nombre
Censeur général 1
Censeurs 5
Magistrats 1
Personnel de soutien 3
Total 10

Répartition des effectifs du bureau des Rapporteurs Généraux


Fonction Nombre
Rapporteurs généraux 3
Personnel de soutien 4
Total 7

Répartition des effectifs du Greffe

Fonction Nombre
Greffe central (1)

- Greffier principal 1
- Greffier divisionnaire 2
- Greffier 5
- Secrétaire greffier principal 1
- Secrétaire greffier 2
Sous total (1) 11
Greffe de chambres (2)

- Greffier divisionnaire 4
- Greffier 15
- Secrétaire greffier principal 2
- Secrétaire greffier 14
Sous total (2) 35
Total (1) + (2) 46

417
Autres positions administratives des Magistrats de la Cour des comptes

Position Effectif
En service au sein de la Cour des comptes 7
Détachés auprès d’une autre administration 10
publique
En disponibilité 2
Total 19

2.2. Formation et perfectionnement

Les actions de formation réalisées par la Cour des comptes en 2021, s’inscrivent
dans le cadre de la mise en œuvre de son plan stratégique de formation (2017-
2021) et du mémorandum d’entente signé avec la Cour des comptes des Pays-Bas
(2016-2021). La Cour des comptes a également participé aux différents
séminaires de formation et de perfectionnement, organisés par les institutions
nationales, les établissements spécialisés de formation, les organisations
professionnelles internationales et les institutions supérieures de contrôle
homologues. Ces actions de formation et de perfectionnement ont bénéficié à un
total de 282 personnes comprenant des magistrats, des vérificateurs financiers,
des informaticiens et des employés administratifs. Elles englobent les formations
effectuées à distance (par visioconférence) sur le plan international (147
bénéficiaires) et celles réalisées en Algérie (135 bénéficiaires), et ce, pour une
durée totale de 632 jours, ce qui équivaut à un total de 10 636 jour/homme de
formation. Ces actions peuvent être déclinées comme suit :

- Sessions de formation au sein d’établissements nationaux spécialisés

Dans le cadre de la mise en œuvre de ses différentes stratégies et soucieuse de


promouvoir davantage ses capacités professionnelles et techniques, la Cour des
comptes a réalisé, au sein des différents établissements nationaux de formation,
17 sessions de formation au profit des magistrats, des vérificateurs financiers, des
techniciens en informatique et du personnel administratif. Ces formations, visent
à renforcer, développer et perfectionner les compétences dans le domaine du
contrôle ainsi qu’à l’échelle administrative et technique.

418
Ces actions de formation sont reprises dans le tableau ci-dessous :

Durée Nombre de Nombre en


Etablissement de formation Thème
en jours participants jour /homme
Institut Algérien des hautes
Système comptable financier 22 15 330
études financières
Formation spécialisée pour
Ecole nationale
l’accès au grade de 120 43 5 160
d’administration
vérificateur financier
Université d’Alger 1
Formation en langue anglaise
(Centre d’enseignement 120 17 2 040
(niveau intermediate)
intensif des langues)
Université d’Alger 1
Formation en langue anglaise
(Centre d’enseignement 120 20 2 400
(niveau pre-intermediate)
intensif des langues)
Centre des techniques de Perfectionnement en
l’information et de la informatique : JAVASCRIPT 05 02 10
communication, Alger (ReactJs-NodeJs-VueJS)
Centre des techniques de Perfectionnement en
l’information et de la informatique : SQL server 05 04 20
communication, Alger business intelligent
Centre des techniques de Perfectionnement en
l’information et de la informatique : CISCO CCNP 05 04 20
communication, Alger (switching and routing)
Centre des techniques de Perfectionnement en
l’information et de la informatique : virtualisation 05 03 15
communication, Alger des serveurs
Perfectionnement en
Centre des techniques de informatique : Administration
l’information et de la avancée de Microsoft 05 06 30
communication, Alger Exchange 2016 et gestion des
incidents
Centre des techniques de
Maintenance et installation
l’information et de la 05 03 15
des serveurs
communication, Alger
Société UMAITEK, Alger Formation Sophos XG 05 03 15
Formation CISCO CCNP
Société IT TALENT, Alger 05 04 20
(switching and routing)
Formation préalable à la
Institut national spécialisé de
promotion au grade de
formation professionnelle, 24 01 24
secrétaire principale de
Alger
direction
Formation préalable à la
Université de la formation
promotion au grade 36 01 36
continue, Alger
d’assistant administrateur
Ecole nationale de
management et de Gestion des ressources
03 02 06
l’administration de la santé, humaines
Alger
Ecole nationale de
management et de Comptabilité publique et
04 02 08
l’administration de la santé, gestion financière
Alger
Ecole nationale de
management et de
Marchés publics 03 02 06
l’administration de la santé,
Alger
Total général 492 132 10 155

419
- Actions de formations dans le cadre de la coopération avec l’INTOSAI et l’IDI

Ces actions de formation ont été organisées à distance, par le Comité de surveillance sur
les questions émergentes de l’Organisation internationale des institutions supérieures de
contrôle des finances publiques (INTOSAI) et l’Initiative de développement de
l’INTOSAI (IDI), en collaboration avec l’Organisation des nations unies (ONU), les
Institutions supérieures de contrôle des pays membres (ISC), le Centre international
d’audit environnemental et de développement durable (ICED) et l’International Budget
Partnership (IBP).

L’objectif recherché, à travers ces actions de formation, reste le renforcement des


capacités des professionnels de contrôle et l’échange d’expérience et des meilleures
pratiques d’audit.

Ces actions sont reprises dans le tableau ci-après :

420
Organisateur de la Nombre Nombre de Nombre en
Thème
formation de jours participants jour/homme
INTOSAI/Groupe de L’audit sur l’économie circulaire, le
travail sur l’audit financement international du climat 03 02 06
environnemental et le transport durable
INTOSAI/WGEA/ISC de
L’audit sur la biodiversité 03 02 06
l’Inde/ ICED
Faire progresser le leadership des
IDI/ONU/IBP femmes dans le domaine des 01 05 05
finances publiques
Assurer un contrôle extérieur
indépendant sur la mise en œuvre
des objectifs de développement
INTOSAI/ISC de Russie 03 07 21
durable et réagir efficacement aux
opportunités apportées par les
avancées technologiques
Rôle des ISC dans le renforcement
de la confiance du citoyen dans le
INTOSAI/ONU 03 05 15
contexte de la réponse à la
pandémie de la COVID-19
INTOSAI/Groupe de
Rôle des ISC en matière
travail sur l’évaluation des
d’évaluation des programmes et 02 01 02
programmes et politiques
politiques publics
publics
Partage des expériences en matière
IDI/ISC de France et
d’évaluation des programmes et 01 04 04
Madagascar
politiques publics
INTOSAI/Groupe de
travail pour l’audit des L’audit des technologies de
technologies de l’information à l’ère de l’industrie 01 02 02
l’information/ISC 4.0 : opportunités et défis
d’Indonésie
INTOSAI/Groupe de
Rôle des auditeurs dans le cadre du
travail sur l’audit 01 02 02
défi climatique mondial
environnemental
L’impact des audits des ISC - Suivi
IDI* 01 06 06
solide des recommandations
IDI Egalité des genres au sein des ISC 01 02 02
les modèles d’audit sur la mise en
IDI œuvre des objectifs de 01 01 01
développement durable
Modules de formation dans le cadre
du contrôle coopératif de la
IDI transparence, la responsabilité et 11 05 55
l’inclusion dans l’utilisation des
fonds d’urgence pour la COVID-19
Conférences spécifiques dans le
cadre du contrôle coopératif de la
IDI transparence, la responsabilité et 03 05 15
l’inclusion dans l’utilisation des
fonds d’urgence pour la COVID-19
Modules de formation dans le cadre
du contrôle coopératif des systèmes
IDI 15 05 75
nationaux de santé publique,
résilients et solides, lié à l’ODD n°3
Total général 50 54 217
* Initiative de développement de l’INTOSAI

421
- Actions de formation dans le cadre de la coopération avec l’ARABOSAI

Ces actions de formation ont été organisées à distance, par l’Organisation arabe des
institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ARABOSAI), en
collaboration avec les Institutions supérieures de contrôle des pays membres, ainsi
qu’avec l’Organisation africaine des institutions supérieures de contrôle des finances
publiques (AFROSAI), et l’Organisation asiatique des institutions supérieures de
contrôle des finances publiques (ASOSAI).

L’objectif recherché à travers ces actions de formation, reste le renforcement des


capacités professionnelles et techniques du personnel de contrôle et l’échange
d’expériences et des meilleures pratiques d’audit.

422
Ces actions sont reprises dans le tableau ci-après :

Organisateur de la Nombre Nombre de Nombre en


Thème
formation de jours participants jour/homme
Les méga données et leur impact
ISC du Soudan/ ARABOSAI 05 02 10
sur les rapports de contrôle
Les indicateurs et normes de
contrôle de la mise en œuvre des
ISC d’Egypte/ ARABOSAI objectifs de développement 04 02 08
durable d’un point de vue
environnemental
L’application des normes de
contrôle de conformité dans le
ISC d’Oman/ ARABOSAI 03 02 06
domaine de l’audit des marchés
publics
L’évaluation du recouvrement
ARABOSAI des recettes provenant du secteur 05 03 15
des industries extractives
Les expériences des ISC membres
ARABOSAI/AFROSAI en matière de documentation des 02 02 04
travaux de contrôle
ISC du Bahrain/ARABOSAI Le contrôle de la dette publique 05 02 10
ISC d’Arabie Saoudite/
L’audit de performance 03 02 06
ARABOSAI
ISC d’Irak/ARABOSAI L’auto-évaluation de l’intégrité 03 01 03
L’audit des parties bénéficiant du
ISC d’Algérie/ARABOSAI 04 02 08
soutien financier de l’État
ISC d’Arabie Saoudite/ Le rôle des ISC en matière d’audit
03 03 09
ARABOSAI dans le cadre des catastrophes
L’analyse et l’évaluation du
ISC du Qatar/ARABOSAI 03 02 06
compte général de l’État
L’amélioration du processus
ASOSAI/ARABOSAI 03 02 06
d’audit pour un audit plus efficace
Le contrôle qualité des travaux
ISC d’Egypte/ARABOSAI 04 02 08
d’audit
La comptabilité d’exercice basée
ISC du Koweit/ARABOSAI 04 03 12
sur les normes IPSAS

Total général 51 30 111

- Actions de formation dans le cadre de la mise en œuvre du mémorandum


d’entente conclu avec l’ISC des Pays-Bas

Poursuivant la mise en œuvre du mémorandum d’entente conclu entre les deux ISC en
2016, pour une période de cinq (5 ans), la Cour des comptes a organisé conjointement
avec son homologue des Pays-Bas, sept (7) sessions de formation à distance visant le
renforcement des capacités professionnelles et techniques des magistrats et vérificateurs

423
financiers en matière d’audit de performance, notamment dans le cadre de la mise en
œuvre des objectifs de développement durable et d’audit des systèmes d’information.

Ces actions sont reprises dans le tableau ci-après :

Organisateur de Nombre Nombre de Nombre en


Thème
la formation de jours participants jour/homme

ISC Algérienne/ Evaluation des politiques publiques


de santé- programme national de 01 03 03
ISC Néerlandaise périnatalité « ODD 3 »

ISC Algérienne/ Audit de performance –tri,


recyclage et valorisation des 01 04 04
ISC Néerlandaise déchets ménagers et assimilés

ISC Algérienne/ L’audit parallèle de l’ODD 3 :


Communication et relations avec 03 02 06
ISC Néerlandaise les parties prenantes

ISC Algérienne/
L’audit des systèmes d’information 02 04 08
ISC Néerlandaise

ISC Algérienne/ Les techniques d’analyse


02 10 20
ISC Néerlandaise quantitatives

ISC Algérienne/
Les techniques d’audit à distance 01 10 10
ISC Néerlandaise

ISC Algérienne/
La présentation des rapports 01 10 10
ISC Néerlandaise

Total général 11 43 59

- Autres actions de formation

Sur les plans national et international, la Cour des comptes a également participé à divers
séminaires et formations, réalisés en présentiel ou à distance. Ces formations ont été
organisées par l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, le Conseil
national économique, social et environnemental, en sus de la Banque mondiale, la
Fédération panafricaine des comptables, le Programme de soutien à l’amélioration des
institutions publiques et des systèmes de gestion (SIGMA) et l’Ecole nationale
d’administration publique du Canada.

424
Ces actions sont reprises dans le tableau ci-après :

Nombre Nombre de Nombre en


Organisateur Thème
de jours participants jour/homme

Organe national de
Formation sur la bonne
prévention et de lutte 03 01 03
gouvernance
contre la corruption

Organe national de Formation sur l’évaluation des


prévention et de lutte politiques publiques et la lutte 03 01 03
contre la corruption contre la corruption

Conseil national
Séminaire sur les politiques
économique, social et 01 01 01
environnementales
environnemental

Séminaire sur l’utilisation des


technologies de l’information par
Banque mondiale les ISC à l’échelle mondiale pour 01 02 02
des audits plus efficaces et plus
efficients

Séminaire sur la gestion de la


Fédération panafricaine valeur publique : responsabilité et
01 03 03
des comptables transparence pendant et après la
pandémie de la COVID-19

Programme de soutien à
l’amélioration des
Formation sur la certification des
institutions publiques et 04 13 52
comptes de l’État
des systèmes de gestion
(SIGMA)

Ecole nationale Programme international de


d’administration formation sur l’évaluation du 15 02 30
publique -Canada développement « TAQYEEM »

Total 28 23 94

3. Enrichissement du fonds documentaire

Pour enrichir et diversifier son fonds documentaire, la Cour des comptes, comme chaque
année, a procédé au titre de l’année 2021 à l’acquisition de 162 titres d’ouvrages en
plusieurs exemplaires (83 titres d’ouvrages en langue nationale, 78 en langue française,
et un (01) titre en langue anglaise).

Les titres d’ouvrages acquis couvrent en particulier les domaines de l’audit et du


contrôle interne, du contrôle de gestion, de l’analyse financière, du développement
durable, de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, ainsi que l’économie,
les finances publiques, le droit, la comptabilité et la gestion.

425
4. Activités de coopération internationale

Au plan international, la Cour des comptes joue un rôle actif dans l’Organisation
internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques
(INTOSAI), l’Organisation africaine des institutions supérieures de contrôle des
finances publiques (AFROSAI) et l’Organisation arabe des institutions supérieures de
contrôle des finances publiques (ARABOSAI). La Cour des comptes est membre des
comités directeurs de ces organisations.

Les principales activités de coopération internationale menées en 2021 par la Cour des
comptes, au plan bilatéral et multilatéral, sont déclinées comme suit :

 Conférence sur le dialogue des dirigeants et des parties prenantes des ISC

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 19 janvier
2021, à distance, à la conférence sur « le dialogue des dirigeants et des parties prenantes
des ISC», organisée par l’Initiative de développement de l’INTOSAI (IDI) et
l’ARABOSAI.

Cette conférence a été consacrée à la présentation de l’initiative conjointe de l’IDI et


l’ARBOSAI, relative au contrôle de la transparence, la responsabilité et l’inclusion
dans l’utilisation des fonds d’urgence affectés à la crise de la COVID-19, ainsi que
l’échange d’expériences et de leçons apprises des ISC sur le contrôle de ces fonds, et les
points de vue des parties prenantes sur ce sujet.

 Réunions du Conseil des vérificateurs externes de l’Union africaine

Le Président de la Cour des comptes, Président du Conseil des vérificateurs externes de


l’Union africaine (UA), a présidé le 9 février 2021, une réunion à distance dudit Conseil.
Au cours de cette réunion, ont été examinés et adoptés les états financiers de l’exercice
2019 de la Commission de l’Union africaine et ceux de six (6) organes de ladite Union
: le Parlement africain, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
(NEPAD), la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la Commission
africaine des droits de l’homme et des peuples, le Bureau de la Commission anti-
corruption et le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP).

Le Président de la Cour des comptes a présidé également, le 17 mars 2021, une réunion
à distance du Conseil des vérificateurs externes, consacrée à la présentation des rapports
d’audit devant le sous-comité d’audit du Comité des représentants permanents de
l’Union africaine (COREP), en charge des questions relatives à l’audit.

426
 Réunions du groupe de travail chargé de l’élaboration du plan stratégique de
l’ARABOSAI

Sous les auspices de l’ARABOSAI et sous la supervision de la Présidente du Comité du


plan stratégique de l’ARABOSAI, relevant de l’Office fédéral du contrôle financier de
la République d’Iraq, une délégation de la Cour des comptes a participé, les 3 et 10 mars
2021, aux travaux des réunions du groupe de travail chargé de l’élaboration du plan
stratégique 2023-2028 de l’ARABOSAI.

Ces réunions ont été consacrées à la présentation d’une proposition de méthodologie


d’élaboration du prochain plan stratégique de l’Organisation arabe, ainsi qu’à la
discussion et l’approbation du projet initial de la méthodologie d’élaboration du plan
stratégique 2023-2028.

 Forum arabe pour le développement durable

Une délégation de la Cour des comptes a participé durant trois jours, du 29 au 31 mars
2021, aux travaux du Forum arabe pour le développement durable pour 2021, organisé
à distance par la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO)
aux Nations Unies, en collaboration avec la Ligue des États arabes, sous le slogan
« Accélérer l’action vers le plan 2030 – post COVID-19 – ».

Le Forum arabe a constitué une occasion pour examiner le processus de développement


durable avec une vision perspicace, discuter des moyens efficaces pour faire face à la
pandémie, et d’évaluer l’efficacité des plans et politiques de développement dans le
présent et l’avenir.

 Première conférence internationale scientifique et pratique de l’INTOSAI

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé par
visioconférence, les 21 et 22 avril 2021, aux activités de la première conférence
internationale scientifique et pratique de l’INTOSAI.

En plus des séances plénières portant sur « l’audit du secteur public et l’évolution des
pratiques de gouvernance pendant et après les situations d’urgence », et
« l’enseignement à distance : une situation nouvelle ou une solution temporaire ? », la
conférence a été consacrée à la discussion de différents thèmes sur « l’audit de
prestations de santé et de la protection sociale : nouveaux outils pour la communauté de
l’INTOSAI », « les achats publics et les innovations en matière d’audit : de nouvelles
solutions à d’anciens problèmes », et « l’exhaustivité : un objectif d’audit ou une norme

427
d’audit ? », « l’audit stratégique », « l’analyse des données dans le travail des ISC »,
« l’ouverture des ISC et l’audit de mise en œuvre des ODD ».

 Réunion de préparation du projet de jumelage portant sur la certification des


comptes de l’État

Dans le cadre du programme « Facilité d’Appui aux Priorités de Partenariat (FAPP) »,


et en vue de préparer le futur jumelage entre la Cour des comptes et une ISC homologue
d’un État membre de l’Union européenne (UE), portant sur la certification des comptes
de l’État, une réunion s’est tenue au siège de la Cour des comptes au mois d’avril 2021.
Cette réunion a regroupé une délégation de la Cour des comptes présidée par le
Secrétaire général, avec le coordinateur national du Programme FAPP, le gestionnaire
du programme FAPP, et le gestionnaire du projet de jumelage à la Délégation de l’UE.

 13e réunion du comité de planification stratégique de l’ARABOSAI

Une délégation de la Cour des comptes a participé le 7 juin 2021 aux travaux de la 13 e
réunion du comité de planification stratégique d’ARABOSAI, organisée par le
Secrétariat général de l’Organisation arabe en coordination avec la présidente dudit
comité, relavant de l’Office fédéral du contrôle financier de la République d’Iraq.

Cette réunion a été consacrée à l’évaluation des résultats de la mise en œuvre des plans
des structures de l’ARABOSAI de l’année 2020 et l’étude des plans opérationnels de
l’année 2021.

 25e Symposium Nations Unies – INTOSAI

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, du 28 au


30 juin 2021, aux travaux du 25e Symposium à distance Nations Unies – INTOSAI
portant sur le thème « le travail pendant et après la pandémie : s’appuyer sur l’expertise
des ISC pour construire des institutions efficaces et des sociétés durables».

 Réunion des dirigeants des ISC et des parties prenantes sur le contrôle
coopératif des systèmes nationaux de santé publique, résilients et solides

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 1er juillet
2021, à une réunion à distance des dirigeants des ISC et des parties prenantes portant
sur « le contrôle coopératif des systèmes nationaux de santé publique, résilients et
solides – la cible 3.d des ODD », organisée par l’IDI et l’ARABOSAI.

428
 3e réunion du groupe de travail chargé de la révision des statuts de l’AFROSAI

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 1er juillet
2021, à la 3e réunion à distance du groupe de travail chargé de la révision des statuts de
l’AFROSAI, en sa qualité de membre dudit groupe.

La réunion a été consacrée à la présentation et la discussion du projet des statuts de


l’AFROSAI.

 Réunion du groupe de travail chargé de l’élaboration du plan stratégique de


l’AFROSAI 2022-2026

Le Rapporteur général chargé du rapport annuel a participé, le 2 juillet 2021, à distance


à une réunion du groupe de travail chargé de l’élaboration du plan stratégique 2022-
2026 de l’AFROSAI, en sa qualité de membre dudit groupe. Cette réunion a été
consacrée à la présentation et la discussion du projet de la première version dudit plan
stratégique.

 62e réunion du Conseil exécutif de l’ARABOSAI

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, les 5 et 6
juillet 2021, aux travaux de la 62e réunion du Conseil exécutif de l’ARABOSI, tenue à
distance. Cette réunion a été consacrée à la discussion du programme et des activités des
structures de l’ARABOSAI, notamment des commissions techniques et du Secrétariat
général.

Un mémorandum d’entente a été signé en marge de la réunion entre l’ARABOSAI et la


Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).

 56e réunion du Comité directeur de l’AFROSAI

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 7 juillet
2021, aux travaux de la 56e réunion du Comité directeur de l’AFROSAI, tenue par
visioconférence. Au cours de cette réunion ont été étudiés, notamment le projet des
statuts de l’AFROSAI et le projet du plan stratégique 2021-2026 de l’Organisation.

 Réunions de l’Assemblée générale de l’AFROSAI

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, les 8 et 9
juillet 2021, aux réunions de l’Assemblée générale de l’AFROSAI, tenues par
visioconférence.

429
L’Assemblée générale a débattu un certain nombre de thèmes, notamment la
présentation et l’approbation du projet de plan stratégique 2022-2026 de l’AFROSAI,
l’approbation des rapports des commissions techniques et du groupe de travail sur la
vérification environnementale, du comité de rédaction de la revue de l’AFROSAI, ainsi
que des sous-groupes des pays arabophones, anglophones et francophones.

 3e et 4e réunion du groupe de travail chargé de l’élaboration du plan stratégique


2023-2028 de l’ARABOSAI

Une délégation de la Cour des comptes a participé le 11 août 2021 à la 3e réunion du


groupe de travail chargé de l’élaboration du plan stratégique 2023-2028 de
l’ARABOSAI, organisée par le Secrétariat général de l’Organisation en coordination
avec la présidente du comité de planification stratégique, relevant de l’Office fédéral du
contrôle financier de la République d’Iraq.

Cette réunion a été consacrée à la discussion des deux projets de questionnaires interne
et externe liés à ce plan stratégique.
La délégation a participé également le 8 septembre 2021 aux travaux de la 4e réunion du
groupe de travail, qui a été consacrée à la discussion de la répartition des travaux entre
les membres du Comité du plan stratégique.

 Conférence sur l’évaluation des résultats de l’enquête mondiale sur les ISC de
l’année 2020

Une délégation de la Cour des comptes a participé le 16 septembre 2021 à une


conférence à distance sur « l’évaluation des résultats de l’enquête mondiale sur les ISC
de l’année 2020 ». Cette enquête mondiale est organisée par l’IDI tous les trois ans
depuis 2010.
Au cours de cette conférence, il a été procédé au lancement et à la présentation du
rapport contenant les résultats de l’enquête mondiale qui a concerné 178 ISC, dont la
Cour des comptes Algérienne, qui a renseigné le questionnaire relatif à l’enquête en
décembre 2020.

 Réunion de consultation avec le FMI

Conformément aux dispositions de l’article IV des statuts du Fonds monétaire


international (FMI), et dans le cadre des consultations entre l’Algérie et ce dernier, une
délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 23 septembre
2021, à une réunion de consultation, tenue par visioconférence, avec une délégation
d’experts du FMI en présence de deux cadres de la Banque d’Algérie.

430
La réunion a porté sur deux axes principaux liés au fonctionnement de la Cour des
comptes et aux activités de contrôle qu’elle exerce, ainsi qu’aux priorités de l’institution
en termes d’amélioration de la gestion des finances publiques.

Pa railleurs, la réunion a abordé l’un des principes les plus importants sur lequel reposent
les travaux de la Cour des comptes, qui est le principe de l’indépendance. À ce titre, le
Président de la Cour des comptes a souligné que la nouvelle Constitution a consacré ce
principe conformément aux normes internationales.

 Réunion de présentation des travaux analytiques réalisés par le FMI sur la


gouvernance

Conformément aux dispositions de l’article IV des statuts du FMI, et dans le cadre des
consultations entre l’Algérie et ce dernier, une délégation présidée par le Président de la
Cour des comptes a participé, le 30 septembre 2021, à une réunion par visioconférence
avec des experts du FMI, à laquelle ont assisté les représentants des institutions
concernées par la gouvernance, ayant participé aux consultations.

La réunion a été consacrée à la présentation des travaux analytiques sur la gouvernance


en Algérie.

 14e réunion du Comité directeur de l’INTOSAI - Donateurs

Une délégation de la Cour des comptes a participé aux travaux de la 14e réunion du
Comité directeur de l’INTOSAI - Donateurs, qui a eu lieu les 20, 21, 22, 24 et 27
septembre 2021.
Cette réunion a abordé plusieurs thèmes, notamment la création d’un environnement
pour le développement des capacités des ISC dans les pays fragiles, et l’amélioration du
soutien apporté aux ISC sur la base des résultats du rapport de l’enquête mondiale de
l’année 2020.

 Clôture du programme de coopération bilatérale SHARAKA

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 30


septembre 2021, aux travaux de clôture du programme de coopération bilatérale
SHARAKA entre la Cour des comptes et l’ISC des Pays-Bas.

Ce programme s’est étalé sur cinq (5) ans depuis 2016, et visait à renforcer les capacités
de la Cour des comptes dans les domaines de l’audit de performance et l’audit des
systèmes d’information. Cette journée de clôture a été consacrée à une présentation des

431
progrès et des résultats obtenus de ce programme, ainsi que les perspectives de
coopération.

 Réunion de haut niveau dans le cadre des travaux de clôture du programme de


coopération internationale SHARAKA

Une délégation présidée par le Président de la Cour des comptes a participé, le 28


octobre 2021, à une réunion à distance de haut niveau dans le cadre des travaux de
clôture du programme de coopération internationale SHARAKA 2016-2021, entre les
ISC des Pays-Bas et des pays arabes concernés.
La réunion a porté notamment sur les axes relatifs aux résultats du programme
SHARAKA 2016-2021, à la gestion de la communication et des relations avec les
parties prenantes, aux résultats de l’évaluation du programme par l’entité chargée de
l’évaluation externe, aux expériences des ISC participantes au programme, ainsi que
l’annonce du programme international de coopération SHARAKA 2 pour la période
2022-2026.

 75e réunion du Comité directeur de l’INTOSAI

Une délégation de la Cour des comptes présidée par le Président de la Cour des comptes
a participé à la 75e réunion à distance du Comité directeur de l’INTOSAI, tenue le 23
novembre 2021.

 Réunions de préparation du projet de programme de coopération avec le Corps


des volontaires des services financiers
Afin de concrétiser la coopération avec le Corps des volontaires des services financiers
(FSVC), une délégation de la Cour des comptes présidée par le Secrétaire général a tenu
des réunions à distance les 29 avril, 29 juin, 29 septembre et 17 novembre 2021 avec le
Directeur du Bureau régional et les représentants de du FSVC, consacrées à la
préparation du projet dudit programme de coopération au profit de la Cour des comptes,
et à la discussion de ses principaux axes.

Le projet du programme qui s’étale sur 18 mois à partir d’octobre 2021, vise à renforcer
les capacités de la Cour des comptes, et porte sur plusieurs axes : la formation aux
meilleures pratiques internationales d’audit de performance et d’évaluation des
politiques publiques, aux normes comptables internationales du secteur public (IPSAS),
à l’audit des systèmes d’information, ainsi que le renforcement des capacités en matière
de communication stratégique et opérationnelle.

Pour rappel, FSVC a été choisi par l’Ambassade des États-Unis en Algérie pour mettre
en œuvre ce programme de coopération, financé par le Département d’État américain.

432
Rappel des recommandations
formulées au titre du rapport annuel 2023
N° Intitulé de la note d’insertion N° Recommandation
- Instaurer un système de supervision rigoureux et
01 permanent par le groupe de tous les contrats d’étude
Le programme de et de travaux en cours de réalisation ;
réhabilitation et de - Clarifier et assainir la situation juridique,
modernisation des structures comptable et financière des hôtels Cirta et Panoramic
02
touristiques relevant du groupe relevant de l’EGT-EST en collaboration avec les
01
public hôtellerie, tourisme et autorités publiques concernées et la société SIH ;
thermalisme « GROUPE - Réfléchir à d’autres voies juridiques et
HTT » économiques spécifiques à la gestion publique,
03 notamment celles offertes par les ressources du
partenariat public-privé.

- Mettre en place un plan de développement de la


production fourragère adossé à un plan de
mobilisation des ressources hydriques comme
04
mesures préalables pour une maitrise de l’élevage
bovin et ovin ;

- Revoir les termes et les conditions des interventions


Le programme portant des autorités publiques dans la filière des viandes
restructuration, développement 05 rouges à même de se réapproprier les instruments
et régulation du marché de la permettant la régulation du marché des viandes
02
filière des viandes rouges rouges, notamment à travers :
(2010-2022)
 l’encadrement et l’organisation du marché ;
 la mise en place d’un système d’information
statistiques fiable ;
 la réactivation du rôle de l’autorité vétérinaire dans
le domaine du contrôle sanitaire des abattoirs ;
 le renforcement des mécanismes de contrôle de la
perception de la taxe sanitaire sur les viandes (taxe
d’abattage).
- Exhorter les services déconcentrés de l’Etat à
l’effet de procéder à l’achèvement des projets
06
d’équipement qui connaissent des retards
considérables ;
- Prendre des mesures en vue d’assurer une
exploitation optimale des établissements de milieu
07
La réalisation et l’exploitation ouvert, conformément à leur mission relative à la
des établissements de milieu réinsertion des détenus dans la vie sociale ;
03
ouvert (EMO) - Renforcer la coordination entre les services de la
direction générale de l’administration pénitentiaire
et de la rééducation (DGAPR) et l’office national des
travaux éducatifs et de l’apprentissage (ONTEA), en
08
mettant en place les instruments d’encadrement et de
contrôle des activités des établissements de milieu
ouvert (EMO).

433
N° Intitulé de la note d’insertion N° Recommandation
Compte tenu des constations ci-dessus évoquées et
en perspective de la généralisation de ce mode de
gestion à l’ensemble des EPS, en application des
dispositions de la nouvelle loi sur la santé, la Cour
L’évaluation de des comptes recommande ce qui suit :
l’expérimentation de la
nouvelle gestion hospitalière : 09 - L’adoption du statut type régissant les
Cas des établissements établissements publics de santé tel que prévu par la
04 loi n°18-11 du 02 juillet 2018 relative à la santé ;
hospitaliers de Ain
Temouchent, Ain Turk (Oran) - L’accompagnement par la tutelle, en vue d’un suivi
et Ain Azel (Setif) efficace de la mise en œuvre de la nouvelle gestion
10
hospitalière pour surmonter les difficultés
rencontrées ;
- La mise en conformité de la gestion des
11 établissements hospitaliers avec les dispositions de
la nouvelle loi sur la santé.
- Le ministre de l’intérieur, des collectivités locales
et de l’aménagement du territoire est invité à réitérer
l’attention des Walis sur l’obligation de réaliser des
études approfondies avant le lancement des projets,
12
La réalisation d’une ceinture afin de déterminer leur faisabilité et réduire, par la
verte reliant les deux villes de même, les risques et les incertitudes ainsi que les
05 Ouargla et Touggourt conséquences ruineuses liées à la réalisation des
(1ère tranche) projets de cette envergure ;
- Les autorités de la wilaya de Ouargla sont
appelées à prendre les mesures adéquates en vue
13 d’une exploitation des réseaux et équipements
d’irrigation restants du projet.

- Les parties prenantes au transport scolaire sont


appelées à intensifier leurs efforts pour mettre à
La gestion du transport niveau l’offre de transport scolaire disponible et la
06 14
scolaire par les communes rendre plus conforme au cadre normatif prescrit par
la règlementation en vigueur.

- Instaurer une coordination entre la wilaya et ses


15 communes en matière de suivi de leurs affaires
litigieuses ;
- Exhorter les responsables locaux à mettre un terme
L’exécution des décisions de
16 aux décisions impromptues préjudiciables aux
justice portant condamnations
07 budgets locaux ;
pécuniaires des collectivités
locales - Le ministère de l’intérieur, des collectivités locales
et de l’aménagement du territoire est invité à
17 instruire les collectivités locales à l’effet de procéder
à l’assainissement des avances à régulariser relatives
aux débits d’office.

434
N° Intitulé de la note d’insertion N° Recommandation
La promotion du sport n’a pas encore trouvé sa place
comme l’une des missions des communes. A cet
effet, la Cour des comptes recommande :
18
- La réappropriation du rôle de la commune en
matière de valorisation des infrastructures sportives
La gestion des infrastructures et d’encadrement de la pratique sportive ;
sportives et la promotion des
- L’activation du conseil communal des sports au
sports dans les communes
sein des communes avec une prise en charge
relevant des wilayas de
08 19 effective de ses attributions en tant qu’outil de
Tlemcen, Tiaret, Sidi Bel-
gestion des infrastructures sportives et de promotion
Abbes, Naama et Ain
des activités sportives ;
Temouchent
- Le renforcement des infrastructures sportives en
encadrement nécessaire tout en envisageant la
contribution financière des usagers aux frais de leur
20 fonctionnement, par la création de droits liés à
l’accès et/ou à l’utilisation des infrastructures
sportives.

Une gestion bien maitrisée du patrimoine communal


productif de revenus nécessite une révision complète
du mode de gestion suivi, actuellement, par la
commune de Maghnia. A cet effet, la Cour des
comptes recommande ce qui suit :

- Prendre les mesures urgentes en vue de régulariser


21
la situation juridique et financière du patrimoine
productif de revenu, tout en veillant à la mise en
place des outils de gestion nécessaires ;
- Rendre plus effectif, le rôle des structures
administratives concernées dans la gestion du
patrimoine immobilier, de manière à améliorer la
La gestion du patrimoine 22
circulation de l’information et mettre en place un
immobilier productif de système de veille permettant le suivi permanent des
09 revenus, dans la commune de biens et de leurs occupants ;
Maghnia (wilaya de Tlemcen)
- Promouvoir des relations ordonnateur – comptable,
fondées sur la coordination et l’échange de
23 l’information, en vue d’un suivi rigoureux des
locataires et d’une activation des diligences de
recouvrement des loyers ;
- Procéder à l’actualisation des loyers des biens
communaux en tenant compte des prix du marché et
24
en privilégiant le recours aux procédures
d’adjudication à chaque fois que nécessaire ;
- Prendre les mesures en vue d’une régularisation de
la situation des locaux cédés à l’association sportive
25 ou exploités par des indus occupants, tout en
réactivant les mesures prises à l’encontre des
locataires défaillants.

435
N° Intitulé de la note d’insertion N° Recommandation
En sus des recommandations formulées
précédemment en matière d’organisation et de
procédures de gestion des moyens de production et
des ressources humaines visant la maitrise du coût
du manuel scolaire ainsi que concernant la
limitation du bénéfice de la gratuité du manuel
scolaire aux enfants scolarisés effectivement
nécessiteux afin d’alléger la contribution de l’Etat, le
ministère de l’éducation nationale est invité à
renforcer son dispositif de supervision et de contrôle
sur les activités de l’ONPS. Dans ce cadre, il est
appelé à élaborer des cahiers de charges annuels
L’office national des comportant des clauses précisant notamment :
10
publications scolaires (ONPS)
26 - La liste des activités et prestations faisant partie de
la sujétion de service public assurées par l’office et
ouvrant droit à une compensation financière ;
- Les modalités de suivi et de contrôle de ces
27 activités ;
- Les procédures de détermination et d’approbation
des prix de revient et des prix de vente des manuels
28 scolaires afin d’arrêter objectivement le montant de
la contribution de l’Etat ;
- Les conditions techniques et économiques de la
29 sous-traitance des activités de production du manuel
scolaire.
A la lumière des constatations, ci-dessus, relevées la
Cour des comptes recommande de consolider le rôle
de l’ANURB en tant qu’outil principal de l’Etat en
matière d’élaboration et de suivi des plans
d’aménagement urbain et comme pôle d’excellence
dans les études et l’assistance technique de l’Etat et
des collectivités locales dans le domaine de
l’urbanisme. A ce titre, il est impératif de :

L'agence nationale de 30 - Définir de façon rigoureuse et claire ses missions


11 l’urbanisme (ANURB) stratégiques et ses relations avec les organes qui lui
sont rattachés ;
- Doter l’Agence en personnel qualifié à même
d’accomplir pleinement ses missions de sujétions de
31 service public ;

- Parachever le système d’information


géographique en urbanisme (SIG) comme outil
32 stratégique d'aide à la prise de décision dans le
domaine de l’urbanisme et de l’aménagement du
territoire.
En vue d'assurer une gestion efficace des
recouvrements et de réduire le volume des créances
impayées, la banque est invitée à développer
Le recouvrement de créances davantage le métier de recouvrement des créances, à
non performantes par la travers notamment :
12 Banque de Développement
Local (BDL) 33 - Le renforcement de l’organisation et des
procédures internes en matière de gestion et de suivi
des créances impayées ;
- L’accélération de l'automatisation des tâches et des
34 pratiques de recouvrement des créances.

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