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UNIVERSITE DE DSCHANG CENTRE REGIONAL

D’ENSEIGNEMENT SPECIALISE EN
FACULTE D’AGRONOMIE ET AGRICULTURE

DES SCIENCES AGRICOLES FORET-BOIS

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES


Présenté en vue d’obtention du Diplôme de

EN
Etudes d’Impacts Environnementaux (EIE)

PERCEPTIONS ET APPROCHES POUR


UNE MEILLEURE CONSERVATION
DES LIEUX SACRES EN PAYS
BAMILEKE:
LE CAS DE LA COMMUNE DE BANGANGTE

Présenté par :
NANA RICHARD
Maîtrise en Histoire, Option Economie
Onzième Promotion 2007-2008

Superviseurs académiques
Dr. ATHANASE BOPDA Encadreur technique
Maître de Recherche à l’Institut National JONAS KEMAJOU SYAPZE
de Cartographie de Yaoundé Spécialiste en Management des projets
Dr. TCHINDJANG MESMIN Directeur de l’O.P.E.D.
Coordonnateur de Filière EIE (CRESA FORET BOIS)
Chargé de cours à l’ UY I

Mai 2009
UNIVERSITE DE DSCHANG CENTRE REGIONAL
D’ENSEIGNEMENT SPECIALISE EN
FACULTE D’AGRONOMIE ET AGRICULTURE

des Sciences FORET-BOIS


Agricoles

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES


Présenté en vue d’obtention du Diplôme de

EN
Etudes d’Impacts Environnementaux (EIE)

PERCEPTIONS ET APPROCHES POUR


UNE MEILLEURE CONSERVATION
DES LIEUX SACRES EN PAYS
BAMILEKE:
LE CAS DE LA COMMUNE DE BANGANGTE

Présenté par :
NANA RICHARD
Maîtrise en Histoire, Option Economie
11ème Promotion 2007-2008

Devant le jury constitué de:

Président : Pr. MANJELI YACOUBA, Doyen de la Faculté des Sciences Agronomiques


(F.A.S.A) de l’Université de Dschang ;
Membre du jury : Dr. ABOSSOLO SAMUEL AIME, Chargé de cours à l’Université de Yaoundé I.

Rapporteur : Pr. BERNARD RIERA, Chercheur au CNRS et MNHN de Paris ;

Encadreur technique : M. KEMAJOU SYAPZE JONAS, Directeur de l’OPED.


MAI 2009
2
FICHE DE CERTIFICATION DE L’ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je soussigné, NANA RICHARD, atteste que le présent mémoire est le fruit des travaux que j’ai
effectués à l’OPED, sous l’encadrement de M. KEMAJOU SYAPZE JONAS, Directeur de ladite
institution, et la supervision de Dr. BOPDA ATHANASE, Maître de Recherches à l’Institut National
de Cartographie de Yaoundé et de Dr. TCHINDJANG MESMIN, Chargé de cours à l’Université de
Yaoundé I, cumulativement avec sa fonction de Coordonnateur de la filière Etudes d’Impacts
Environnementaux au CRESA FORET BOIS de Yaoundé.

Ce travail est authentique et n’a pas été antérieurement présenté pour l’acquisition de quelque
grade universitaire que ce soit.

Nom et signature de l’auteur

M. NANA RICHARD

Date ………………………

Visa de l’Encadreur technique Visa des Superviseurs académiques

M. KEMAJOU SYAPZE JONAS 1. Dr. BOPDA ATHANASE

Date ……………………… Date ………………………


2. Dr. TCHINDJANG MESMIN

3
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE

Le présent mémoire a été revu et corrigé conformément aux observations du jury.

Visa du Superviseur académique / Responsable de filière

Dr. TCHINDJANG MESMIN

Date ………………………………………………………………….

Visa du Coordonnateur du CRESA

Dr. FOUDA, née MOULENDE THERESE

Date …………………………………………………………………..

4
DEDICACE

CHARLOTTE et JONAS KEMAJOU SYAPZE.

5
AVANT - PROPOS

C’est au terme de quinze années d’exercice de la fonction d’enseignant des lycées et collèges que
nous intégrons en mars 2007 l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable
(OPED), une organisation de la société civile camerounaise créée en 1997 ayant pour mission de
susciter une plus grande prise de conscience des questions environnementales et favoriser l’émergence
des approches de développement centrées sur l’homme. Pour remplir cette mission, l’OPED s’est fixée
un certain nombre d’objectifs, notamment :

- Prendre des initiatives en matière de protection de l’environnement, de la foresterie


communautaires, de gestion durable, participative et transparente des ressources naturelles ;

- Mener des actions de lutte conte la pauvreté, de promotion du développement durable, de


développement institutionnel et de renforcement organisationnel des organisations de base ;

- Oeuvrer au renforcement des capacités, à la promotion et au développement intégral de


l’homme et de contribuer au développement de la culture de paix ;

- Sensibiliser et contribuer au développement des petits métiers et à la promotion des entreprises


et industries africaines respectueuses de l’environnement.

Ainsi, le fait que notre expérience professionnelle initiale (enseignant des lycées et collèges) ne cadre
pas parfaitement avec notre nouveau poste obligea la Direction de l’OPED à nous proposer un séjour
au CRESA FORET BOIS de Yaoundé afin de renforcer nos capacités de manière à lui être plus utile.

Braver le concours d’entrée au CRESA FORET BOIS de Yaoundé en Octobre 2007 ne fut pas pour
nous une fin en soi car il nous a fallu affronter bien d’autres épreuves par la suite :
D’abord concilier les charges professionnelles, certes quelque peu allégées par la tutelle, avec les
contraintes académiques au CRESA FORET BOIS ;
Ensuite, et pas la moindre, choisir comme sujet de stage (ou de mémoire) un thème qui puisse concilier
les exigences académiques et les attentes de l’organisation qui nous emploie. Ce principe est d’ailleurs
de règle pour les stagiaires qui sollicitent mener leurs travaux de recherche sous le couvert de l’OPED.
A titre d’illustration, depuis 2005 que notre organisation reçut mandat du Programme National du
Développement Participatif (PNDP) pour développer sous le financement du Japan Social
Development Fund (JSDF) un programme intégré de gestion durable des plantes médicinales dans une
quarantaine de communautés rurales des Régions du Sud et de l’Ouest Cameroun, presque tous les
sujets de mémoires des stagiaires de l’OPED tournent autour de ladite thématique :
 Ngomo Richard III stagiaire de la dixième promotion du CRESA FORET BOIS de Yaoundé
(Promotion précédant la nôtre) travailla sur « L’élaboration d’une base des données sur les plantes
médicinales au Cameroun» ;
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 NGUEKAM WAMBE Elie pour son mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes
Supérieures Spécialisées (D.E.S.S) en Sciences de l’Environnement au Département de Biologie et
Physiologie Végétales de l’Université de Yaoundé I s’exerça sur le thème « Contribution à l’étude
de l’effet des pratiques culturales sur la biodiversité des plantes médicinales dans la zone forestière
d’Ebolowa » ;etc.
Mais à partir de janvier 2008, à l’heure où nous étions appelés par l’administration du CRESA FORET
BOIS de Yaoundé à proposer outre le lieu (ou l’entreprise) mais aussi le thème du stage académique
devant boucler notre formation professionnelle, l’éxécution du projet sur les plantes médicinales par
l’OPED venait d’être suspendue pour des raisons indépendantes de sa volonté. Ne pouvant plus axer
comme nos collègues stagiaires notre thématique de recherche sur les plantes médicinales, nous avions
obligation de nous rabattre sur l’un des chantiers en cours dans notre organisation et notamment
« L’appui aux institutions de formation Forêt-Environnement du Cameroun » sous le mandat de
l’Ambassade de France au Gabon (Projet FORINFO), dossier que nous avions la responsabilité de
suivre depuis notre arrivée à l’OPED. Ainsi, la Direction de l’OPED au départ, aurait souhaité qu’en
marge de nos missions sur le terrain dans le cadre de la formation et du renforcement des capacités,
nous fixions notre thématique de recherche là-dessus. De manière spécifique, il se serait agi pour nous
d’étudier l’opérationnalisation de la Convention de Partenariat que l’OPED signa en 2006 avec le
CRESA FORET BOIS de Yaoundé sur l’éxécution des formations continues. Mais à deux reprises, nos
propositions de sujets de mémoire axés sur la formation ne reçurent pas l’assentiment de l’autorité
académique du CRESA FORET BOIS d’après qui aucune d’elles ne nous permettrait de valoriser la
formation ou les compétences reçues à son niveau.
C’est ainsi que nous en sommes venus à nous intéresser aux interactions entre la tradition et la
conservation des écosystèmes montagnards en pays Bamiléké. Cette troisième proposition fut
approuvée par toutes les parties prenantes, à notre grande satisfaction.
Cependant, pour nous Bamiléké qui sommes nés dans la diaspora et donc loin de la terre d’origine et de
la tradition de nos parents, s’attaquer à un tel sujet constituait un vériatable challenge, puisqu’il s’est
agit d’affronter les tabous, les dogmes, le sacré et bref un domaine réservé et très sensible comme celui
des lieux sacrés. « Qu’allez-vous chercher dans nos lieux sacrés ? certainement que vous voulez
profaner les esprits de nos ancêtres ! Pas question d’y entrer, de filmer ou tout simplement d’en
parler ; allez-vous-en, c’est notre domaine réservé… ». Voilà le genre de climat social auquel il a
fallu s’adapter dès notre descente sur le terrain dans la Commune de Bangangté, située à 240 km au
nord de la capitale Yaoundé (ONU-HABITAT, 2004).
Parallèlement à la crainte de voir notre démarche repoussée par un milieu social bamiléké encore
attaché à ses valeurs coutumières, nous avions une obssession qui nous poussait à aller de l’avant :
notre double appartenance à la classe privilégiée de notables bamilékés d’une part et au cercle encore

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restreint des environnementalistes professionnels issus de cette ethnie d’autre part nous assignait la
lourde responsabilité d’agir sur un terrain où très peu de chercheurs se sont aventurés.
Notre formation universitaire initiale en sciences humaines nous a été d’une très grande utilité dans ce
travail de recherche, sans oublier que les activités ménées antérieurement dans la zone d’étude
(Directeur de publication du journal NSI NTAGNI de l’Association des Elèves et Etudiants du
groupement Bangoulap de 1988 à 1992 ; Publication en 2004 de la Carte Touristique du Bangoulap à
l’occasion de l’intronisation de sa Majesté Yonkeu Jean comme nouveau chef de ce groupement ; etc.)
ont contribué de façon non négligéable à renforcer le capital de confiance du milieu social récepteur vis
à vis de notre projet de recherche.
Aussi, nous nous en voudrions de ne pas mentionner l’apport très salutaire Monsieur Mabaly Abénégo,
Sous-préfet de l’Arrondissement de Bangangté à travers son Message-porte N° 128 / MP / F36. 01 /
BRAG du 24 décembre 2008 à tous les chefs de groupements et dignitaires traditionnels de la
Commune de Bangangté les priant « d’accéder au questionnaire faisant l’objet de nos recherches ».
Bien que n’ayant pas un caractère coercitif, ce message du « Chef de terre » aura largement facilité
notre introduction auprès ces auxiliaires de l’administration et par ailleurs gardiens de ces lieux sacrés
faisant l’objet de nos investigations.
Enfin, le présent mémoire, qui est l’aboutissement de quatre mois de stage de fin d’étude effectué de
septembre 2008 à Janvier 2009, est loin d’être un chef-d’œuvre ; par conséquent nous restons ouvert à
toutes les critiques susceptibles de nous permettre de l’améliorer, aussi bien pour le bien de la science
que pour celui de la communauté qui va pouvoir tirer profit des multiples projets qui en découleront.

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REMERCIEMENTS

Au terme de notre formation au Centre Régional d’Enseignement Spécialisé en Agriculture


Forêt et Bois (CRESA FORET-BOIS), de novembre 2007 à août 2008 suivi du stage académique de
quatre mois à l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OPED), nous
voudrions remercier non sans profonde gratitude les autorités et personnes ci-après :

- Monsieur Jonas Kemajou Syapze, le Directeur de l’OPED, pour nous avoir encadré
techniquement au cours du stage pratique et surtout parrainé moralement, matériellement et
financièrement pendant toute ma formation ;

-Aux docteurs Mesmin Tchindjang, Coordonnateur de la Filière EIE du CRESA FORET


BOIS et Athanase Bopda qui, malgré leurs multiples sollicitations, ont accepté superviser ce travail,
partager avec nous leurs expériences afin que nous puissions le mener jusqu’à son terme;

- A l’ensemble du personnel enseignant, administratif et d’appoint du CRESA FORET BOIS


de Yaoundé, plus particulièrement la Coordonnatrice par intérim, Dr. Thérèse Moulende, épouse
Fouda, les professeurs Amos Foudjet, Martin Kuété, Bernard Riera et Lucien Ayissi, sans oublier
les docteurs Benoît Mougoué, Samuel Aimé Abossolo, Messieurs Patrice Bigombe Logo, Maurice
Tadjuidje, Zachée Tchanou, Francis Vincent Menga, Bernard Wenga Ntcheping, Jean François
Bizenga, Georges Saho, William Kamdem ; Madame Christine Anjembé, etc. pour les
enseignements dispensés et les nombreux conseils qu’ils nous ont prodigués.

-A papa Tchamba Tchana Martin et « Sob » Mbakop Roger, tous membres du Cercle de
Elites Bangoulap du quartier Madagascar (Douala) qui, contre vents et marées nous ont soutenu,
chacun à sa manière, pendant les moments difficiles de notre formation ; qu’ils reçoivent ici
l’expression de notre profonde reconnaissance.

- A nos trois enfants : Michelle Audrey, Richard Junior et Thierry Christian Nana qui,
pendant plusieurs mois d’absence, ont su demeurer dans la logique des bonnes performances scolaires,
évitant ainsi de nous stresser davantage malgré la distance ;

- A Monsieur Mabaly Abénégo, le Sous préfet de l’Arrondissement de Bangangté, qui grâce au


Message Porte N° 128 / MP / F36. 01 / BRAG du 24 décembre 2008 nous a introduit de façon officielle
auprès des chefs de groupements et dignitaires traditionnels de la Commune de Bangangté avec qui
nous avons dû travailler.

- Aux autorités administratives du Ndé, notamment Messieurs les Délégués départementaux du


MINFOF, du MINEP, du MINEPAT, du MINADER et le Personnel de la Mairie de Bangangté pour
leur disponibilité à nous recevoir ;

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- Les chefs de groupements et dignitaires traditionnels de la Commune de Bangangté pour
l’hospitalité et la disponibilité manifestées à notre égard ;

- A notre famille élargie et nos amis qui, par leurs encouragements et leur présence, nous ont
permis de braver toutes les vicissitudes et d’aller jusqu’au bout de cette formation : c’est le cas de Mme
Charlotte Kemajou Syapze, de papa Dieudonné Leuze ; du docteur Godefroy Tchoundjeu et de
Bienvenue Lonkeu à Yaoundé ; de « Sob » Mbuntcha né Noukui Berlain et Madame à Bangoulap,
de Yomi Honoré Aimé à Buéa, sans oublier Bernard, Huguette, Martine, Anne Marie,Clarisse
Line,et tous mes collègues de l’OPED.

- Enfin, à nos parents géniteurs, « Tafeun » Tchounkeu Hénock et Mbiangue Pauline, tous de
regrettée mémoire, pour tous les sacrifices qu’ils ont consentis pour que nous devenions ce que nous
sommes aujourd’hui.

10
TABLE DES MATIERES

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE .......................................... 4


DEDICACE ..................................................................................................................................................... 5
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................. 11
RESUME ....................................................................................................................................................... 15
ABSTRACT .................................................................................................................................................. 16
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES...................................................................................................... 17
INTRODUCTION GENERALE ......................................................................................................... 18
I- CONTEXTE DE L’ETUDE ...................................................................................................................... 18
II- PROBLEMATIQUE ................................................................................................................................. 19
III-OBJECTIFS ET HYPOTHESES ............................................................................................................. 20
III.1.OBJECTIFS....................................................................................................................................................... 20
III.1.1. OBJECTIF PRINCIPAL ........................................................................................................................... 20
III.1.2. OBJECTIFS SECONDAIRES................................................................................................................ 20
III.2 - HYPOTHESES ............................................................................................................................................... 21
III.2.1. HYPOTHESE PRINCIPALE ................................................................................................................... 21
III.2.2. LES HYPOTHESES SECONDAIRES .................................................................................................... 21
IV- IMPORTANCE DE L’ETUDE ............................................................................................................... 21
V-ETENDUE ET LIMITES DE L’ETUDE .................................................................................................. 22
V.1. Cadrage spatial .................................................................................................................................................. 22
V.2. Cadrage conceptuel ............................................................................................................................................ 22
VI-PLAN DU MEMOIRE ............................................................................................................................. 23
CHAPITRE PREMIER : REVUE DE LA LITTERATURE ET PRESENTATION DE LA ZONE
D’ETUDE ............................................................................................................................................ 24
I - REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................................................................. 24
I.1- L’ANALYSE DES CONCEPTS DE BASE ....................................................................................................... 24
I.1.1. Biodiversité. ................................................................................................................................................ 24
I.1.2. Ecologie. ...................................................................................................................................................... 25
I.1.3. Ecosystème. ................................................................................................................................................. 25
I.1.4. Environnement ............................................................................................................................................ 26
I.1.5. Conservation. ............................................................................................................................................... 27
I.1.6. Développement durable ............................................................................................................................... 27
I.1.7. Sylviculture écolo économique ................................................................................................................... 28
I.1.8. Ecotourisme. ................................................................................................................................................ 28
I.1.9. Audit environnemental ou diagnostic environnemental. ............................................................................. 28
I.1.10. L’impact environnemental ......................................................................................................................... 29
I.2. L’ANALYSE DOCUMENTAIRE...................................................................................................................... 30
I.2.1. Des lois et textes officiels qui influencent sur les lieux sacrés bamilékés. .................................................. 30
I.2.2. Des publications antérieures sur les lieux sacrés Bamiléké ......................................................................... 30
II - PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ......................................................................................... 33
II.1- DU CADRE GENERAL: LES PLATEAUX BAMILEKE ............................................................................... 33
II.1.1 – Aperçu du milieu physique ...................................................................................................................... 34
a- Le relief ........................................................................................................................................................ 34
b- Le climat ...................................................................................................................................................... 35
c- Les sols ........................................................................................................................................................ 35
II.1.2 – Une pression démographique variable dans l’espace ............................................................................... 36
II.2- DU CADRE RESTREINT: LA COMMUNE DE BANGANGTE ................................................................... 36
CHAPITRE DEUXIEME : MATERIEL ET METHODES .......................................................... 42
I - MATERIEL ET OUTILS UTILISES ....................................................................................................... 42

11
II- METHODES ........................................................................................................................................................ 43
II.1 : METHODE DE COLLECTE DES DONNEES DE TERRAIN ....................................................................... 43
II.1.1- Le Choix du site ......................................................................................................................................... 43
II.1.2 – La collecte des données secondaires ........................................................................................................ 43
II.1.3 – Méthode de collecte des données primaires ............................................................................................. 44
II.1.3- L’application des interviews semi structurées proprement dite ................................................................. 45

II.2 – EXPLOITATION DES DONNEES RECUEILLIES ..................................................................................... 46


II.2.1 – Méthode de diagnostic environnemental des lieux sacrés. ....................................................................... 47
a- Principe général d’appréciation de l’importance des impacts ...................................................................... 47
II.2.2- Cartographie de la zone d’étude ............................................................................................................... 48

CHAPITRE TROISIEME: RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS ......... 50


I - RESULTATS ............................................................................................................................................ 50
I.1. NOMBRE ET CARACTERISTIQUES DES PERSONNES RENCONTREES ET DES LIEUX SACRES
VISITES. ................................................................................................................................................................... 50
I.1.2- Pour les lieux sacrés visités. ........................................................................................................................ 50
a- Classification selon le site ........................................................................................................................... 50
b- Répartition par groupement ......................................................................................................................... 50
c- Répartition par catégories ............................................................................................................................ 51
I.1.3 – Pour les personnes rencontrées ........................................................................................................ 52
I.2- Diagnostic des lieux sacrés dans la Commune de Bangangté. ............................................................................ 53
I.2.1- 1er Cas pratique : L’impact de la voirie sur un lieu sacré. ........................................................................... 53
I.2.2- 2ème cas pratique : Cas de Ntagni à Bangoulap ............................................................................................ 55
I.2.3- Evaluation comparative des activités sources d’impacts (quantitative et qualitative). ................................ 58

II.2 – DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS. ................................................................................................. 59


II.2.1 – La sylviculture des eucalyptus. ................................................................................................................ 60
a- Plus de mal que du bien en pays Bamiléké .................................................................................................. 60
b – Une sylviculture écolo- économique comme alternative aux eucalyptus en pays Bamiléké. ................... 62
II.2.2 – Les feux de brousse. ................................................................................................................................. 65
II.2.2.1 – Une pratique illégale ........................................................................................................................ 65
II.2.2.2 – Mesures d’atténuation de l’impact des feux de brousse sur les lieux sacrés .................................. 66
II.2.3 – La pression agraire sur les lieux sacrés. ................................................................................................... 69
II.2.3.1 – Des techniques culturales inappropriées........................................................................................... 69
II.2.3.1 – Mesures de bonification à la pression agraire sur les lieux sacrés .................................................... 70
II.2.4 – La chasse .................................................................................................................................................. 70
II.2.4.1 – Facteurs de l’appauvrissement faunique des lieux sacrés. ................................................................ 70
I.2.4.2 – Mesures de bonification des méfaits de la chasse. ............................................................................ 71
II.2.5– Les autres activités sources d’impacts sur les lieux sacrés. ....................................................................... 72
II.2.5.1- Du non respect croissant des interdits autour des lieux sacrés, .......................................................... 72
II.2.5.2- Du discours du christianisme et l’influence de la modernité............................................................. 72
II.2.5.3- De la voirie et du bruit ....................................................................................................................... 72

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
I – OUVRAGES, ARTICLES ET RAPPORTS ........................................................................................................ 75
II - Conventions internationales, textes législatifs et règlementaires. ........................................................................ 78

ANNEXES
I - FICHE D’EVALUATION DES IMPACTS SUR LES LIEUX SACRES ........................................................... 80
II - LISTE ET COORDONNEES DES SITES VISITES .......................................................................................... 81
III - LISTE DES PERSONNES APPROCHEES OU INTERVIEWEES ................................................................. 84
IV- TRAMES D’INTERVIEWS SEMI STRUCTUREES........................................................................................ 86
IV.1 - TRAME D’INTERVIEW SEMI STRUCTUREE ADRESSEE AU AUTORITES ET DIGNITAIRES
TRADITIONNELS............................................................................................................................................... 86
IV.2: TRAME D’INTERVIEW SEMI STRUCTUREE ADRESSEE AUX AUTORITES ADMINISTRATIVES
IMPLIQUEES OU NON DANS LA GESTION DES LIEUX SACRES ................................................................. 90

12
V - CONCEPT NOTE DU PROJET « PRELIS » AUTOUR DES LIEUX SACRES DE LA COMMUNE DE
BANGANGTE (ANNEXE 5) ..................................................................................................................................... 92

A – INFORMATIONS GENERALES ................................................................................................................. 92


A.1- Intitule du projet ...................................................................................................................................... 92
A.2- Le promoteur du projet ............................................................................................................................ 92
A.3- Contexte, justification et problématique du projet ................................................................................... 92
A.4- Classification du projet ........................................................................................................................... 92
A.5- Etat de préparation du projet .................................................................................................................... 92
A.6- Bénéficiaires ou public cible .................................................................................................................... 93
A.7- Zone d’intervention du projet .................................................................................................................. 93
A.8- Objectifs du projet (Voir tableau du cadre logique ci-joint) .................................................................... 93
A.9- Description sommaire du projet ............................................................................................................... 93
B. FINANCEMENT ET GESTION DU PROJET ............................................................................................. 93
B.1- Coût total et état de financement du projet ............................................................................................. 93
B. 2- Mécanisme de suivi évaluation du projet ................................................................................................ 94
B. 3- PERENNISATION ET HYPOTHESES DU PROJET ........................................................................... 94
C- CALENDRIER ................................................................................................................................................. 94
C.1. DUREE DU PROJET ............................................................................................................................... 94
C.2. CHRONOGRAMME SUCCINCT .......................................................................................................... 95
C.3 -Cadre logique du projet « PRELIS »........................................................................................................ 96

13
LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Les grandes zones agro écologiques du Cameroun (IRAD, 2005) ..................................................... 19
Figure 2: «Ntagni», exemple d’écosystème savanicole sacré à Bangoulap ....................................................... 32
Figure 3: Les départements de la Région de l’Ouest Cameroun. ....................................................................... 34
Figure 4: Relief des hauts plateaux Bamiléké .................................................................................................... 35
Figure 5 : Densités de population en zone Bamiléké)………………………………………………………….. . 37
Figure 6: Les groupements de la Commune de Bangangté ......................................................................... 38
Figure 7: L’hydrographie de la Commune de Bangangté. ............................................................................ 39
Figure 8 : Paysan rencontré au champ à Nedjap (Bangangté) pour une brève interview semi structurée ......... 45
Figure 9 : Interview semi structurée de sa Majesté Nfeun Ntang-Mbang, Chef de 3ème dégré de Noumkouh -
Bahouok après la visite guidée de ses lieux sacrés ............................................................................................ 46
Figure 10: Lieux sacrés visités dans la Commune de Bangangté....................................................................... 48
Figure 15 : Route séparant en 2 blocs un lieu sacré à la Chefferie supérieure Bahouok .................................... 54
Figure 16: Ntagni, lieu sacré mythique de Bangoulap mi-désertique et inondé autrefois. ................................... 56
Figure 17: Répartition activités – sources d’impacts / types de lieu sacré dans la Commune de Bangangté. .... 58
Figures 33 et 34 : Divers usages du dracaena deistelliana ….. .......................................................................... 68
Figures 35 à 37 : Jatropha curcas dans les pépinières de la Fair Trade Fuel Cameroon Ltd de Kumbo ……...68
Figures 38 à 40 : Facteur et images de la miniaturisation des lieux sacrés ........................................................ 69
Figure 41: Baobab dépecé à des fins rituelles ou médicinales à Fatgo-Bangangté ……………………… 71
Figure 42 Schéma simplifié de l’interrelation entre la tradition et la conservation chez les Bamiléké…………… .71

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I: Exemple de fiche d’impacts de la voirie sur le lieu sacré ci-dessus .................................................. 54
Tableau II: Matrice des impacts (de Léopold) sur le lieu sacré de Ntagni ci-dessus. .......................................... 56
Tableau III: Matrice de Fecteau sur l’évaluation de l’importance des impacts sur Ntagni à Bangoulap ............. 57
Tableau IV: Evaluation quantitative et qualitative comparée des activités sources d’impacts sur les lieux sacrés de
la Commune de Bangangté. ............................................................................................................................... 58
Tableau VI : Liste et coordonnées GPS des lieux sacrés visités ....................................................................... 81
Tableau VIII : Chronogramme succinct du projet « PRELIS » ............................................................................ 95
Tableau IX : Cadre logique du projet « PRELIS » ............................................................................................... 96

14
RESUME

Si la grande diversité écologique du Cameroun lui confère à juste titre le slogan d’ « Afrique en
miniature », le problème majeur dont il fait face actuellement c’est la dégradation rapide de son
environnement (UE, 2004), en particulier des écosystèmes montagnards du plateau Bamiléké (Fomete
et Tchanou, 1998). D’où notre préoccupation de savoir ce que sont devenus les lieux sacrés, institution
traditionnelle qui jadis permettait au peuple Bamiléké de gérer durablement son environnement.
Sur la base d’interviews semi structurées, appliquées à 35 personnes ressources et des données
collectées dans un échantillon de 40 lieux sacrés de la Commune de Bangangté, un diagnostic
environnemental nous permet de relever comme principales activités sources d’impacts sur les lieux
sacrés : la sylviculture des eucalyptus, les feux de brousse, la pression agraire et le non respect des
interdits avec respectivement 32, 18, 16 et 15% de part de responsabilités dans la dégradation de ces
aires sacrées. Par ailleurs, le rituel culinaire coutumier Bamiléké, préparé essentiellement à base de
gibier, justifie en partie la pression sur la faune et nuit à la conservation.
Quelle que soit l’ampleur du fléau, dont la toile de fond est la pauvreté, on peut fort heureusement
envisager quelques mesures d’atténuation : sylviculture écolo économique (l’aiélé ou le Prunus
africana) contre la nuisance des eucalyptus ; haies végétales (Chromolaena odorata, Dracaena
deistelliana ou Jatropha curcas) de protection des lieux sacrés contre l’érosion et le feu de brousse ;
renforcement des capacités des paysans dans la gestion des terroirs, l’élevage des porcins et de la
volaille comme alternatives à la pression agraire et la pression sur le gibier respectivement; mais
surtout, promotion autour de ces lieux sacrés des services environnementaux additionnels tels que l’éco
tourisme et la production de l’hydro électricité à partir de micro centrales.
Certes, ces mesures, que nous pouvons intégrer dans un projet à plusieurs composantes, nécessitent
avant d’être mises en oeuvre, l’éclairage d’experts dans différents domaines afin de trouver les
meilleures options écolo économiques et bonifier les impacts à terme ; mais il est évident qu’elles
doivent pouvoir réduire la pauvreté des populations et favoriser une meilleure conservation de ces lieux
sacrés ; ce qui serait une contribution non négligeable en vue de l’atteinte de l’Objectif 7 du Millénaire
pour le Développement (OMD) d’après lequel il faudrait « intégrer les principes de développement
durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources
environnementales… ».
Mots clés : Lieux sacrés, miniaturisation, sylviculture écolo économique, éco tourisme, haies anti
érosives ou anti feu.

15
ABSTRACT
If because of its ecological diversity, Cameroon is considered as "Africa in miniature", the major
problem he faces now is the rapid degradation of its environment (EU, 2004), especially of mountain
ecosystems of the Bamileke plateau (Fomete and Tchanou, 1998). Hence our concern to know what
happened to the sacred places, traditional institution which once allowed the Bamileke people to
sustainably manage their environment.
Through semi-structured interviews applied to 35 persons , mainly traditional authorities, and data
collected on a sample of 40 sacred places, taking into account the typology (waterfalls, caves, forests,
savannahs, etc..) and spatial diversity (each of the 7 villages represented), an environmental diagnosis
identifies four main activities - sources of impacts on these sacred places: eucalyptus forest, bushfires,
land pressure and non-compliance with traditional customs with 32, 18, 16 and 15% share of
responsibilities in the degradation of these sacred areas respectively. Furthermore, the Bamiléké
customary ritual culinary based essentially on game, justified in part the pressure on wildlife and night
to conservation.

Whatever the extent of the scourge, whose background was poverty, we can fortunately consider some
mitigation: forestry ecological economic (the Aiel or prunus africana) against eucalyptus nuisance;
plant hedges (Chromolaena odorata , Dracaena deistelliana or Jatropha curcas) to protect sacred sites
against erosion and wildfire; capacity building of farmers in land management, rearing pigs and poultry
as an alternative to various forms of pressure on sacred places, but more importantly, promotion around
these sacred ecosystems of additional services such as eco tourism and the production of electricity
from micro hydro power plants.
Although these measures, which can be integrated into a project with several components, require,
before being implemented, lighting experts in various fields to determine the best choices for a
sustainable development, it is clear that they must be able to reduce poverty among people and
encourage better conservation of these sacred places, which would be a significant contribution to the
achievement of the 7th Millennium Goal, which recommends to "integrate the principles of sustainable
development into country policies and reverse loss of environmental resources ...».

Keywords: Sacred Places, , miniaturization, ecological economic forestry, ecological tourism, , anti
erosion hedges, anti fire hedges.

16
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ADEID Action pour un Développement Equitable Intégré et Durable


APADER Association pour la Promotion des Actions de Développement Endogènes
Rurales
BM : Banque Mondiale
CARPE Programme Régional de l’Afrique Centrale pour l’Environnement
CE : Commission Européenne
CEE Communauté Economique Européenne
CIPCRE Cercle International pour la Promotion de la Création
Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
CIRAD :
Développement
CNUED: Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement
CRESA: Centre Régional d'Enseignement Spécialisé en Agriculture Forêt-Bois
DESS : Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées
EIE : Etudes d'Impacts Environnementaux
FAO Food and Agriculture Organisation (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture)
FASA Faculté des Sciences Agronomiques
GPS : Système de Positionnement par Satellite
ICRAF : International Center for Research in Agroforestry
INS : Institut National de la Statistique
IRA : Institut de Recherche Agricole
IRAD: Institut de Recherche Agricole pour le Développement
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IUCN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
JSDF Japan Social Development Fund
MINADER : Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural
MINAGRI : Ministère de l'Agriculture (actuel MINADER)
MINEF : Ministère de l'Environnement et des Forêts (actuel MINFOF et MINEP)
MINEP : Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature
MINEPAT Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire
MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unies
OPED Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable
PFNL Produits Forestiers Non Ligneux
PNDP : Programme National de Développement Participatif
PNGE Plan National de Gestion de l’Environnement
PPTE : Pays Pauvres et Très Endettés
UNEP United Nations for Environment Program
UYI Université de Yaoundé I
WWF Wildlife Conservation Society
WCMC World Monitoring Conservation Centre.

17
INTRODUCTION GENERALE

I- CONTEXTE DE L’ETUDE
Situé au fond du Golfe de Guinée, entre 2° et 13° de latitude Nord et 8° et 16° de longitude Est, à la
charnière de l'Afrique occidentale et de l'Afrique centrale, le Cameroun (475 440 km2)est un pays
réputé pour sa très grande diversité :
L’on retrouve au Cameroun tous les types floristiques du continent évalués à 8.260 espèces végétales
au total (WCMC, 2003) dont 156 endémiques et 45 pour le seul Mont Cameroun. Cette couverture
végétale s’étend sur une superficie de 47.500.000 ha comprenant 22.000.000 ha de forêts tandis que
la steppe et la savane dans ses multiples aspects se partagent le reste.
De même, on estime à 250 (Fometé & Tchanou, 1998) le nombre d’espèces de mammifères (404
dont 14 endémiques selon WCMC, op.cit.), 542 le nombre d’espèces de poissons d’eaux douces et
saumâtres, 850 le nombre d’espèces d’oiseaux (mais 911 dont 7 endémiques selon WCMC, op.cit) et
à 330 le nombre d’espèces de reptiles dont 3 espèces de crocodiles. Ainsi, de par ses 2.500 espèces
de plantes, mammifères et oiseaux sur 10.000 km² de couverture du sol, le Cameroun détient le
nombre le plus élevé de plantes par unité de surface en Afrique Centrale (CE, 2004).
C’est la grande diversité d’habitats qu’on retrouve au Cameroun qui fait dire qu’il est « Une Afrique
en miniature » ; la carte agro écologique ci dessous (Figure 1) nous fournit quelques précisions: 90
% des écosystèmes africains y sont représentés, des écosystèmes forestiers (42% du territoire
national (selon la FAO, 1998) aux écosystèmes savanicoles, en passant par les écosystèmes
montagnards C’est sur ce dernier type que se focalisera notre étude.

Pour s’assurer d’une bonne gestion de ce patrimoine naturel, l’Etat camerounais a mis
progressivement en place un dispositif réglementaire et législatif comprenant entre autres :

 La Loi N° 96/12 du 5 août 1996 portant Loi-cadre pour la protection de l’environnement au


Cameroun ;
 Les lois et décisions sectorielles, c'est-à-dire celles ayant des dispositions spécifiques à
chaque composante de l'environnement telle que les forêts, la faune et la pêche (Loi N°
94/01 du 20 janvier 1994) ; l’eau (Loi n° 98/005 du 14 avril 1998 ; Décret n°2001 / 161
/ PM du 08 mai 2001); le pétrole (Loi n°99/013 du 22 Décembre 1999) ; les mines (Loi

18
du 16 Avril 2001) et surtout la Loi N° 2004 / 018 du 22 juillet 2004 transférant aux
communes des compétences dans le domaine de l'environnement et la gestion des
ressources naturelles (Art.16);

Figure 1 : Les grandes zones agro écologiques du Cameroun (IRAD, 2005)


II- PROBLEMATIQUE

19
D’après le Principe 3 de la Déclaration de Rio de Janeiro de 1992, « le droit au développement doit
être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à
l’environnement des générations présentes et futures ». Or au Cameroun, près de 2 millions
d'hectares de forêts furent perdus entre 1980 et 1995, soit environ un dixième de la forêt existant en
1980. Selon le Rapport des experts de la Commission Européenne établi en 2004 sur « Le Profil
Environnemental du Cameroun » (Contrat Cadre AMS / 451), le Cameroun possède l’un des taux de
déboisement annuel les plus élevés du bassin du Congo (0,9% l’an). De même, 60% des espèces
arbres sont menacées de disparition, tout comme plusieurs espèces d'animaux dont le rhinocéros noir
et le chimpanzé sont menacés d'extinction (Global Forest Watch).

Si tous les experts s'accordent à reconnaître que le profil environnemental du Cameroun de nos jours
n’est guère flatteur, il reste tout de même évident que le fléau de la dégradation de l’environnement
n’a pas la même ampleur d’une région écologique à l’autre. Ainsi, les hauts plateaux de l’ouest,
berceau du peuple Bamiléké ne sont pas moins affectés (Fometé & Tchanou, op. Cit), malgré son
fort attachement aux us et coutumes ancestraux largement favorables à la protection de
l’environnement (Mouafo et al, 2000). D’où notre préoccupation de savoir ce que sont devenus ces
lieux sacrés qui autrefois permettaient au peuple Bamiléké de conserver au fil des générations son
environnement tel quel ?

Ensuite, dès lors que nous aurions une idée du diagnostic environnemental desdits lieux sacrés,
quelles stratégies pourraient-on adopter pour appuyer ces mécanismes traditionnels de protection de
l’environnement à l'Ouest- Cameroun en général et dans la commune de Bangangté en particulier?
Telles sont les orientations majeures de notre travail de recherche.

III- OBJECTIFS ET HYPOTHESES


III.1 – OBJECTIFS
III.1.1. OBJECTIF PRINCIPAL

Elaborer des stratégies de gestion durable des lieux sacrés en pays bamiléké en général et dans la
commune de Bangangté en particulier.

III.1.2 – OBJECTIFS SPECIFIQUES

20
Il y en a deux :

 Evaluer l’état de la flore, de la faune, de l’eau, du sol, du sous-sol, de l’ambiance sonore et de


l’homme au sein et autour des lieux sacrés en pays Bamiléké en général et dans la Commune
de Bangangté en particulier;

 Proposer des stratégies pour renforcer leur gestion durable;

III.2 - HYPOTHESES

III.2.1. HYPOTHESE PRINCIPALE

A partir de ce diagnostic environnemental des lieux sacrés en pays Bamiléké en général et dans la
Commune de Bangangté en particulier, on peut envisager des stratégies pouvant renforcer leur
gestion durable.

III.2.2. LES HYPOTHESES SECONDAIRES

Les hypothèses secondaires admettent qu’:

 Il existe une détérioration importante des mécanismes ancestraux de protection de


l’environnement (lieux sacrés) dans la Commune de Bangangté en particulier et la région
bamiléké en général ;

 Un diagnostic environnemental des lieux sacrés pourrait permettre d’envisager des stratégies
pour une meilleure conservation ;

 Il est possible de développer autour de ces lieux sacrés des services additionnels tels que
l’écotourisme au profit de la communauté qui les entretient.

IV. IMPORTANCE DE L’ETUDE

Le présent travail de recherche revêt un enjeu majeur à plus d’un acteur :


 Pour la communauté internationale au premier rang de laquelle les Nations Unies, cette étude
est une contribution non négligeable à l’atteinte de l’Objectif 7 du millénaire pour le
développement et d’après lequel les Etats devraient « intégrer les principes de développement

21
durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des
ressources environnementales… » (ONU, 2003) ;
 Pour l’Etat camerounais, qui à la suite du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en juin 1992,
s’est engagé à renforcer, à travers son Plan National de Gestion de L’Environnement (PNGE)
publié en 1996, les mécanismes et actions permettant une protection efficace de l’environnement
et une gestion rationnelle des ressources pour un développement durable, cette étude arrive à
point nommé ;
 Pour l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OPED) qui en est
le commanditaire, cette étude lui donnera une bonne visibilité sur son projet de restauration et de
revalorisation des lieux sacrés de l’Ouest Cameroun longtemps resté en veilleuse ;
 Quant au peuple Bamiléké en général et la population de la Commune de Bangangté en
particulier qui entretiennent ces écosystèmes particuliers faisant l’objet de notre étude, leur
intérêt pour cette étude est double : leur fournir des stratégies pour une meilleure conservation de
ces lieux sacrés d’une part, et développer tout autour l’écotourisme qui va certainement leurs
procurer des devises substantielles et réduire autour d’eux le spectre de la pauvreté d’autre part.

V- ETENDUE ET LIMITES DE L’ETUDE


V.1. Cadrage spatial

Mener un travail de recherche sur le « sacré » ou du « tabou » semble être l’une des choses les
moins partagées surtout en pays bamiléké ; ce qui explique en partie le fait que la revue de littérature
sur notre thématique soit assez pauvre. Par ailleurs, notre étude s’appuie sur un espace territorial de
sept groupements seulement sur plusieurs centaines que compte le pays Bamiléké. Ainsi, bien que
les us et coutumes Bamiléké soient homogènes dans l’ensemble, il existe quand même des variantes
d’un sous groupe à l’autre ; si bien que les conclusions et recommandations qui en découlent
pourraient ne pas convenir ou s’appliquer partout de la même façon ; encore que même dans la zone
d’étude proprement dite. Nous nous sommes donc contentés malgré nous dans notre travail d’une
approche globale et non spécifique du sujet.
V.2. Cadrage conceptuel

L’étude que nous nous proposons de mener sur les lieux sacrés va se limiter essentiellement à la
flore, la faune et au biotope (sol, eau et ambiance sonore).

22
VI- PLAN DU MEMOIRE
Ce mémoire s’articule autour de trois axes majeurs donnant lieu chacun à un chapitre spécifique :
- La présentation de la revue de littérature sur notre thématique et de notre zone d’étude (Chapitre
premier);
- Le matériel et la méthodologie utilisés pour atteindre les objectifs mentionnés dans
l’introduction générale (Chapitre deuxième) ;
- La présentation des résultats de l’analyse des données collectées, la discussion et les
recommandations (Chapitre troisième).

23
CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE
ET PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE

Il importe dans ce premier chapitre de procéder à la présentation tour à tour de la revue de la


littérature et de notre zone d’étude.

I - REVUE DE LA LITTERATURE
Nous distinguerons l’analyse des concepts de base de l’analyse documentaire.

I.1- L’ANALYSE DES CONCEPTS DE BASE

Notre thématique de recherche s’appuie sur un certain nombre de concepts fondamentaux dont il
conviendrait d’en analyser le sens et surtout les interrelations. Il s’agit de :

I.1.1 Biodiversité.

Ce terme est passé dans le langage courant depuis le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en
1992. En effet, la biodiversité, au sens étymologique du mot, évoque la diversité du vivant, c'est-
à-dire tous les processus, les modes de vie ou les fonctions qui conduisent à maintenir un
organisme à l'état de vie (Anonyme, 2005). Cependant, la biodiversité distingue quelques
composantes hiérarchiques qui sont :

 D’abord la diversité biologique qui évoque la variabilité des organismes vivants de tout origine
y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins, aquatiques et les complexes
écologiques dont ils font partie (ONU, 1992) ;
 Ensuite, la diversité spécifique : les scientifiques évaluent le nombre d'espèces existant à
environ 13 millions (certaines sources avancent des chiffres variant entre 3 à 100 millions
d'espèces) ;
 Puis, la diversité génétique dépendant des chromosomes, des gènes et de l'ADN qui
déterminent le caractère unique de chaque individu à l'intérieur de chaque espèce ;
 En outre, la diversité fonctionnelle pour définir les fonctions clefs assurées par un groupe
d'espèces ;
 Enfin, la diversité éco systémique au regard de l’extrême variété des types d’habitats tels que
les déserts, les forêts, les zones humides, les montagnes, les lacs, les cours d'eau, les espaces
agricoles, etc. (IUCN, 2005).

24
C’est au travers de cette dernière composante que le concept de biodiversité s’accommode des
lieux sacrés Bamiléké, dont les études antérieures (Mouafo et als, 2000), en ne considérant que leur
aspect floristique (forêts sacrées), les réduisaient à la biocénose ; oubliant qu’ils sont avant tout des
cadres de vies; d’où le rapport étroit avec l’écologie.

I.1.2 - Ecologie.

Du point de vue étymologique, le mot écologie dérive de deux substantifs grecs à savoir ''Oikos'' et
qui signifie maison, et logos qui signifie science ou discours ; on en déduit alors que l’écologie, c’est
« la partie de la science qui concerne l'économie de la nature, l'étude de l'ensemble des relations des
organismes avec leur environnement physique et biologique'' (Haeckel, 1866).

Pour sa part, Félix Guattari considérait l'écologie comme une méthode pour comprendre la société,
transversalement à nos systèmes d'interprétation habituels, afin d'assurer la qualité des relations entre
l'homme et son environnement. Il distinguait trois manières de penser l'écologie dans la société:

 Ecologie sociale, traitant des rapports entre l'homme et son environnement (couple,
cité, travail) pour reconstituer des rapports sociaux plus denses.

 Ecologie mentale, caractérisant les rapports subjectifs entre l'homme et son corps, le
temps, pour lutter contre l'uniformisation et la dépersonnalisation (Dictionnaire de
l’Environnement, 2000).

 Ecologie appliquée à l'environnement.

Autant le concept d’écologie s’imprime dans notre thématique de recherche, autant il se rapproche
de celui de l’écosystème qui n’en est pas si loin.

I.1. 3- Ecosystème.

D’après la Loi n° 96 / 12 du 5 août 1996 portant Loi -Cadre relative à la gestion de


l’environnement au Cameroun (Article 4, alinéa « h »), un écosystème c’est un complexe

25
dynamique formé de communautés de plantes, d’animaux, de micro-organismes et de leur
environnement vivant qui, par leur interaction, forment une unité fonctionnelle. Autrement dit,
l’écosystème c’est l’association d'une communauté d'espèces vivantes et d'un environnement
physique qui fournit l'eau, l'air et les autres éléments dont elles ont besoin pour vivre (Dictionnaire
de l’Environnement, 2000).
Les écosystèmes sont très diversifiés, aussi bien en fonction de leurs tailles (d’une marre d’eau à la
biosphère), que du point vue écologique (écosystème marin, écosystème lacustre, écosystème
savanicole, écosystème forestier, écosystème montagnard, etc.). Toutefois. Quelle qu’en soit sa
nature, l’écosystème renferme trois éléments fondamentaux :
 Un milieu de vie stable appelé biotope ;

 Des êtres vivant qui forment la biocénose ;

 Toutes les relations qui peuvent exister et se développer à l'intérieur de ce système


biotope – biocénose.

Si chaque lieu sacré Bamiléké constitue un écosystème parfait parce que structuré en éléments inter
dynamiques, il caractérise tout de même un type d’environnement.

I.1. 4. Environnement

Il n'existe pas une définition unique du mot environnement, qui dérive de l’anglais
environment synonyme de milieu (Dictionnaire de l’Environnement, 2000) :
Selon la Loi n° 96 / 12 du 5 août 1996 portant Loi-Cadre relative à la gestion de l’environnement au
Cameroun (Article 4, alinéa « k »), l’environnement désigne l’ensemble des éléments naturels ou
artificiels et des équilibres bio-géochimiques auxquels ils participent, ainsi que des facteurs
économiques, sociaux et culturels qui favorisent l’existence, la transformation et le développement
du milieu, des organismes vivants et des activités humaines ;
Pour Tcheuwa (2006), le vocable environnement se définit comme étant l’ensemble des facteurs qui
influencent le milieu dans lequel l’homme vit ;
Plus explicite est la définition que donne le Dictionnaire de l’Environnement d’après laquelle
l’environnement c’est l'ensemble des conditions naturelles ou artificielles (physiques, chimiques et
biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants se développent
(dont l'homme, les espèces animales et végétales).

26
On peut retenir, de manière générale, que l’environnement c’est l’ensemble des éléments
naturels (biophysiques) et socioculturels du milieu (Madi, 2008). Autrement dit, la nature telle que
l’Homme a trouvée et / ou ce qu’il en a fait. Mais est-ce aussi facile pour l’Homme qui a moult
besoins à satisfaire de garder la nature telle qu’il l’a héritée ? D’où le fameux problème de la
conservation autour duquel tourne notre problématique de recherche.
I.1.5. Conservation.

D’ après le Dictionnaire sur l’Environnement (2000), le terme conservation désigne « la protection


et la gestion continues des ressources naturelles selon des principes qui en maximisent les avantages
socio-économiques et minimisent les impacts sur l'environnement sur le long terme ». Ainsi, la
conservation s'étend à la préservation, au maintien, à l'exploitation et au rétablissement durables, et à
l'amélioration de l'environnement naturel (IUCN, UNEP, WWF 1980).
Quoi qu’il en soit, l’Article 4 de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (1992)
distingue deux modes de conservation :
 La conservation « ex situ »: c’est à dire la conservation d’éléments constitutifs de la
diversité biologique en dehors de leur milieu naturel.
 La conservation « in situ »: c’est la conservation des écosystèmes et des habitats naturels et
le maintien et la reconstitution de populations viables d’espèces dans leur milieu naturel et,
dans le cas des espèces domestiques et cultivées, dans le milieu où se sont développés leurs
caractères distinctifs.
Quel que soit le mode de conservation approprié pour eux, le problème de fond est d’assurer
aux lieux sacrés Bamiléké leur devenir, en vue d’un développement durable des populations qui
les encadrent en particulier et du Cameroun en général.
I.1.6- Développement durable

Cette expression, créée en 1980 d'après l'anglais sustainable development, désigne une forme
de développement économique respectueux de l'environnement, du renouvellement des ressources et
de leur exploitation rationnelle, de manière à préserver les matières premières, mais également à
s'assurer d'un développement socialement équitable. Ce mode de développement répond aux besoins
du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins
(Brundtland, 1987). Ainsi, le développement durable, est une notion récente qui désigne des actions
visant à concilier trois mondes différents, celui de l’économie, celui de l’écologie et celui du social.

27
Depuis la conférence de Rio (1992) ce principe est reconnu comme un objectif par la communauté
internationale (Plan d’action 21).
Dès lors, toute activité humaine à entreprendre devrait concilier avant tout non seulement la
rentabilité économique, mais aussi les effets potentiels sur l’environnement ou la société. C’est de ce
principe qu’est né le concept de la sylviculture écolo économique.
I.1.7. Sylviculture écolo économique

Pour des besoins d’enrichissement ou de consommation courante, l’homme procède souvent à un


reboisement aveugle dont les méfaits sur l’environnement sont catastrophiques à terme. C’est le cas
des eucalyptus en pays Bamiléké. La sylviculture écolo économique, forme de reboisement qui
concilie la nécessité de la préservation de l’environnement et la rentabilité économique et sociale,
apparaît pour ainsi dire comme une solution à un tel désagrément. C’est un concept nouveau au
même titre que l’éco tourisme.

I.1.8. Ecotourisme.

L'Écotourisme est un nouveau mode de tourisme qui a une double vocation. L'Écotourisme possède
une valeur éducative et sensibilisatrice, mais génère aussi des revenus. Ainsi, tout en contribuant au
fonctionnement et au maintien de l'aire protégée, l'Écotourisme participe au développement de
l'économie locale, voire nationale (Dictionnaire de l’Environnement, 2000).
Les lieux sacrés Bamiléké pourraient certainement faire l’objet d’une telle activité novatrice,
protectrice de l’environnement et surtout lucrative pour les populations locales. Mais pour le savoir
seul un audit ou un diagnostic environnemental de ces écosystèmes pourrait nous le préciser.

I.1.9- Audit environnemental ou diagnostic environnemental.

Ces deux expressions se rapprochent étroitement l’une de l’autre par leurs définitions, au point où il
soit facile de les confondre :
En effet, l’audit environnemental désigne « un instrument de gestion comprenant une évaluation
systématique, documentée, périodique et objective de l’efficacité de l’organisation, du système de
gestion et des procédures destinées à la protection de l’environnement » (CEE, 1993) ; c’est
presque la même définition qui est reprise aussi bien par Pierre André (2003) que par la Loi n° 96

28
/ 12 du 5 août 1996 portant Loi-Cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun
(Article 4, alinéa « b »);

Par contre, le diagnostic environnemental c’est « la Réalisation d’un état des lieux global
d’évaluation des atteintes à l'environnement d’une entité industrielle en vue de définir des objectifs à
atteindre ». (Dictionnaire de l’Environnement, 2000).
Au regard de cette analyse lexicologique, on peut en déduire que l’audit dans son approche est plus
englobante et peut donc s’appliquer à toutes les activités touchant à l’environnement, tandis que le
diagnostic pour sa part semble confiné au secteur industriel.
 Toutefois, qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre cas, l’étude devrait pouvoir suivre la
totalité des étapes suivantes:
 Recueil de données sur les antécédents et sur le contexte actuel,
Constat des effets (valeurs prises par différents critères pertinents) ;
 Analyse des phénomènes (endogènes, exogènes) en relation avec les effets ;
 Analyse des risques encourus;
 Recommandation de voies d'amélioration, de traitement, ou de mesures d'urgence et
de prévention (Dictionnaire de l’Environnement, 2000).
Que l’on procède par l’audit ou par le diagnostic environnemental nous serions édifiés par rapport à
l’impact sur l’environnement des activités qui y ont été menées entre-temps.
I.1.10- L’impact environnemental

D’après le Dictionnaire de l’environnement (2000), l’impact environnemental, aussi appelé


incidence environnementale, c’est toute modification de l'environnement, négatif ou bénéfique,
résultant totalement ou partiellement des activités, produits ou services d'un organisme. En d’autres
termes, l’impact environnemental mesure les conséquences, à plus ou moins long terme et avec plus
ou moins d’ampleur, d’une action habituellement bien déterminée, sur l’état dynamique d’un
élément précis de l’environnement (Leduc et Raymond, 2000).
Quoi qu’il en soit, la notion d’impact comporte trois dimensions à savoir la grandeur,
l’importance et la signification :
 La grandeur d’un impact désigne le changement de la mesure d’une variable de
l’environnement dans lequel s’insère un projet ;

29
 L’importance d’un impact pour sa part constitue un jugement apporté par l’expert
sur l’importance des modifications anticipées qui tient compte du contexte d’insertion
spatial et temporel du projet ;
 Quant à la signification d’un impact, on entend par là la valeur, variable, qu’accorde
chacun des acteurs aux caractéristiques précédentes (André 2003).

I.2. L’ANALYSE DOCUMENTAIRE


I.2.1- Des lois et textes officiels qui concernent inplicitement les lieux sacrés bamilékés.

Bien que les lieux sacrés soient gérés selon les règles coutumières locales, il y a lieu de préciser
qu’un certain nombre de lois et textes officiels les régissent même de manière tacite ; notamment :
 La Loi n° 96 du 18 janvier 1996 portant Constitution de la République du Cameroun qui
dans son préambule souligne que « Toute personne a le droit à un environnement sain. La
protection de l’environnement est un devoir pour tous. L’Etat veille à la défense et la
promotion de l’environnement » ;
 La Loi n° 2004 / 018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.
Elle transfère à ces collectivités territoriales décentralisées des compétences en matière
d’élaboration des plans communaux pour l’environnement (Article 16).
 De la Loi n°96 / 12 du 05 août 1996 portant Loi -Cadre sur la gestion de
l’environnement au Cameroun, qui précise que « le sol, le sous-sol et les richesses qu’ils
contiennent, en tant que ressources limitées, renouvelables ou non, sont protégés contre
toutes formes de dégradation et gérés conjointement et de manière rationnelle par les
administrations compétentes » (Article 36).
 Du Décret N° 95 / 53 du 23 août 1995 fixant les modalités d’application du régime des
forêts, qui souligne à l’Article 13 que « La gestion des ressources génétiques forestières
relève des Administrations chargées des forêts, de la faune et de l’environnement, avec le
concours de la recherche scientifique ».

1.2.2- Des publications antérieures sur les lieux sacrés Bamiléké

30
Très peu de publications traitent directement ou exclusivement de l’impact de la tradition sur la
conservation en pays Bamiléké :
Dans un rapport publié sous l’égide du CIPCRE, Mouafo et al, (2000) s’intéressent spécifiquement
aux forêts sacrées Bamiléké, à partir d’une étude menée selon la méthode active de recherche et de
planification participative (MARPP) dans un échantillon de trois villages à savoir Bahouan dans le
Département des Hauts plateaux, Bamenyam et Bati dans le Département des Bamboutos. Le but
principal de l’étude était d’identifier les mesures de sauvegarde des forêts sacrées de la Région de
l’ouest en prenant en compte le savoir local. Ainsi, sur la base de l’identification des stratégies
ancestrales de création, des techniques locales de protection ou de suivi desdites forêts sacrées
malheureusement menacées, cette étude menée pendant une période de six mois et financée par le
CARPE à hauteur de 6,92 millions de francs CFA, débouche sur une conceptualisation des
stratégies de conservation qui non seulement tiennent compte de l’évolution de la société Bamiléké,
mais aussi pourraient être appliquées dans d’autres zones ayant les caractéristiques de l’ouest
Cameroun.
Un auteur anonyme fondant pour sa part son étude sur les interactions société Yemba- zones sacrées
et leurs effets sur la conservation des ressources naturelles, dans un cadre géographique restreint au
peuple Yemba des départements des Bamboutos et de la Menoua suit pratiquement la même
démarche méthodologique pour aboutir à la même recommandation : la nécessité de protéger les
forêts sacrées bamiléké par une sensibilisation accrue des populations d’une part, et la recherche des
solution au problème de carence de bois de chauffe pour les ménages (reboisement) d’autre part.
Dès lors que la protection de ces forêts sacrées en pays Bamiléké cadre parfaitement avec le principe
de la conservation de la biodiversité défendu tant au niveau national qu’international, Cette
interpellation donne à ces travaux de recherche antérieurs toute leur pertinence, même si les outils et
la méthodologie utilisés dans l’un comme l’autre cas ont des limites.
Mais, parce qu’elles se limitent uniquement à la composante « biocénose », ces études antérieures
ont une perception restrictive des milieux sacrés en pays Bamiléké qui sont avant tout des
écosystèmes au sens plein du terme. En effet, la composante « biotope » est un élément fondamental
de ces milieux sacrés du fait que leur évolution influence grandement celle de la « biocénose »,
détail que la quasi-totalité des publications antérieures n’ont pas pris en compte.

31
Bien plus, les lieux sacrés en pays Bamiléké intègrent aussi des espaces ouverts à l’exemple de
« Ntagni »1 à Bangoulap (Figure 2), des chutes comme « Ketsutse » à Bahouok et « Baba 1 » à
Bangoulap ; des grottes telles que « Loo Chiffeu » à Bangang-Fokam et « Mbeua Ngoum » à Mandja
(Bangangté) ou des cours d’eau « Kebouok-Ndui-Mveun » à Bangangté et « Nkoufi » à Bangoulap.
Or dans beaucoup de situations, ces milieux sacrés combinent plusieurs entités à savoir la chute, la
forêt et le cours d’eau en même temps ; c’est le cas de « Chiakoo » et de « Kockock » à Bangang-
Fokam : d’où l’intérêt d’une étude systémique du phénomène. Enfin voulons-nous à travers cette
étude « investiguer » sur la possibilité de développer des services additionnels à la conservation de
ces lieux sacrés tels que l’écotourisme et de l’énergie hydraulique qui pourrait profiter doublement à
la communauté. Telle est l’originalité de notre étude.

Figure 2: «Ntagni», exemple d’écosystème savanicole sacré à Bangoulap

11
D’après de nombreux témoignages concordants recueillis auprès des patriarches et dignitaires de Bangoulap, « Ntagni » s’est révélé au peuple
Bangoulap au fil des âges par ses nombreuses prouesses : A titre d’exemple : à la fin du XIXème siècle,lorsque les cavaliers Bamun voulurent
conquérir le peuple Bangoulap, les dieux de « Ntagni » sécrétèrent un brouillard mystérieux compromettant totalement la visibilité de l’envahisseur
exclusivement ; ce qui permit aux Bangoulap de venir à bout d’un ennemi pourtant militairement supérieur. La présence à Bangoulap d’un carrefour
dénommé « Ntam- mveu-moum » (littéralement= lieu où fut abattu le chef guerrier Bamun) rappelle cette épopée qui fit 1100 morts selon Mbeu
Mbabou Samuel, notable village Nfenga par Bangoulap. Interrogé sur la fiabilité de ce chiffre, le patriarche ajoute que l’armée Bamun avait un
système simple de décompte des victimes à chaque expédition : Avant la traversée du fleuve Noun, chaque guerrier déposait sa canne qu’il
reprenait au retour ; ainsi, le nombre de cannes restant équivalait au nombre de victimes.

32
II - PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
II.1- DU CADRE GENERAL: LES PLATEAUX BAMILEKE

Le cadre spatial général de notre étude c’est les plateaux bamilékés situés dans la plus petite des
régions du Cameroun. La carte de la Figure 3 ci dessous met à nu le paradoxe de la zone Bamiléké
qui, sur une superficie de 6205 km2 (Annuaire Statistique du Cameroun 2004)2, rassemble 7 des 8
départements de la Région de l’Ouest- Cameroun à savoir : Le Haut-Nkam, chef – lieu Bafang ; les
Hauts Plateaux, chef-lieu Baham; la Mifi, chef-lieu Bafoussam ; le Koung-Khi, chef-lieu Bandjoun ;
la Menoua, chef-lieu Dschang ; le Bamboutos, chef-lieu Mbouda ; et enfin le Ndé, chef-lieu
Bangangté. Le huitième département qui est le Noun, fief du peuple Bamoun, avec 7687 km2 de
superficie, est à lui seul plus vaste que les 7 autres suscités réunis. Ce morcellement
disproportionnel de la région de l’Ouest Cameroun trouve sa justification dans le fait que la zone
Bamiléké, dont la principale identité au Cameroun est le dynamisme économique et démographique
de ses ressortissants (Dongmo, 1981), est depuis la colonisation, l’objet de grands enjeux politico
géostratégiques3.

2
Fotsing (1994) estime plutôt à 6196 km2 la superficie de la zone Bamiléké.

3
Certaines langues estiment à ce sujet que la balkanisation de la zone Bamiléké, qui s’est accentuée pendant la décennie 1990-2000 avec la scission
de l’ancienne Mifi en 3 nouveaux départements avait un but essentiellement électoraliste.

33
Figure 3: Les départements de la Région de l’Ouest Cameroun.
I.1.1 – Aperçu du milieu physique

a- Le relief

La zone Bamiléké est un haut plateau d'environ 1450 m d'altitude moyenne. A travers la carte de la
Figure 4 ci dessous, nous constatons avec Fotsing (1993) qu’elle se décompose en trois unités
orographiques majeures qui se succèdent de 700 à 2740 m d'altitude : 30% de plaines plates de
moins de 1100m d’altitude en périphérie (Noun et Mbo) ; 70% de plateaux ayant entre 1100 et
1600m d’altitude et enfin 15% de massifs montagneux de plus de 1600m d’altitude et aux pentes
fortes.

34
LERELIEF DUPLATEAUBAMILEKE

MBOUDA
*

BAFOUSSAM
DSCHANG BA* NDJOUN
*
*BAHAM
*

Plus de 1800m.shp
*
BAFANG De1400 à 1800m
BANGANGTE 1000 à 1400m
*
Moins de 1000m
Chefs-lieux des départements
* N

W E
0 75 150 Km
S

Figure 4: Relief des hauts plateaux Bamiléké


b- Le climat

Le climat du plateau bamiléké est du type subéquatorial de mousson à dominance humide et


fraîche, à une saison des pluies de mi-mars à mi-novembre (Tsalefac, 1983). Les précipitations
annuelles sont partout supérieures à 1400 mm (Bafang: 1731mm; Bafoussam: 1796mm; Santchou:
1727mm; Dschang: 1919mm; Baranka: 2500mm et surtout Bangangté: 1457mm). Les pluies
diminuent grossièrement d'ouest en est mais aussi du sud au nord en fonction de l'altitude. Les
températures sont rafraîchies par l'altitude ; c’est le cas à Bafoussam où les maxima se situent entre
23 et 27°C (Fotsing, 1994).
c- Les sols

D’après Segalen (1967) et Champaud, (1973) cités par Dongmo (1981), les sols du pays bamiléké
se classent en trois groupes essentiels qui sont :

35
 Les sols ferrallitiques dérivés de basaltes, de grande épaisseur, sans cailloux et de forte teneur
en argile.
 Les sols peu évolués proviennent des roches volcaniques meubles basiques (cendres, lapillis),
sont très riches en matières organiques, azote et bases échangeables et très perméables.
 Les sols hydromorphes - sableux occupent les fonds marécageux. Ils sont relativement peu
fertiles mais la présence d'eau, la platitude et les teneurs élevées en matières organiques les
rendent très fertiles.

D'une manière générale, le milieu physique bamiléké présente un contraste important entre le secteur
nord (Bamboutos, Menoua, Mifi, Hauts - plateaux, Koung – khi) aux sols fertiles et le sud (Haut –
Nkam et Ndé) aux sols pauvres et à faible pluviosité (Dongmo, 1981). Bien évidemment ce contraste
naturel influence énormément sur l’occupation humaine.

II.1.2 – Une pression démographique variable dans l’espace

D’après Warnier (1984), la diversité et la densité linguistiques exceptionnelles des hauts plateaux ou
' « Grassfields » de l'Ouest Cameroun, les découvertes archéologiques les plus récentes et
l'ethnographie incitent à penser que cette région de l'Afrique a été peuplée de manière continue et
relativement dense depuis plusieurs millénaires. En effet, le plateau Bamiléké est une région de forte
pression démographique. Sa densité moyenne de 168 habitants /km2 (1987) n'a guère de signification
particulière. La carte de la Figure 5 ci-dessous nous renseigne sur cette distribution spatiale : les
densités sur basalte sont partout supérieures à 200 habitants /km2, et dans certains secteurs, elles
avoisinent ou dépassent 1000 hab/km2 En dehors de la zone basaltique, elles ne dépassent
qu'exceptionnellement 150 hab/km2 les plus faibles densités se trouvent dans les zones alluviales et
sur les massifs montagneux (Ducret, Fotsing, 1987).
II.2- DU CADRE RESTREINT: LA COMMUNE DE BANGANGTE

Avec une superficie de près de 500km2, la Commune de Bangangté, au regard de la carte de la


Figure 6 est inégalement morcelée à l’image de la Région de l’Ouest : elle regroupe 7 groupements
dont 6 de second degré à savoir Bangoulap (72 km2), Bangoua (63 km2), Bangang-Fokam (78
km2), Bahouoc (10 km2), Bamena (63km2), Batchingou (26km2) et un de premier degré, Bangangté
qui, à lui tout seul, couvre près les deux cinquième de l’espace communal (ONU-HABITAT, 2004).

36
DENSITES DE POPULATION EN ZONE BAMILEKE

MBO UDA
*

BAFOU SSAM
*
DSCH ANG BAND JO UN
*
*
BAHAM
*

Plus de 400 H/KM2


BAFANG De 2 50 à 400 . H/KM2
*
BANG ANG TE De 1 50 à 249 H/KM2
* De 7 5 à 149 H/KM2
De 3 0 à 74 H/KM2
Chefs-lieux de département

W E

0 75 150 K m
0

Figure 5 : Densités de population en zone Bamiléké (Fotsing, 1994)

Comme la zone Bamiléké en général, le relief de cette commune est formé de plateaux dominés au
nord par des montagnes telles que Batchingou (1650m) et Meneu (1575m) etc), tandis qu’au sud
s’étend une vaste dépression ou cuvette (Bazuindjong) de 1100m d’altitude moyenne.

Excepté dans les bas fonds où reposent des alluvions, les sols de la Commune de Bangangté
manquent de fertilité à cause de l’affleurement du socle ; la pluviosité est non seulement rare ,mais
irrégulière (Dongmo, 1981).

La végétation est constituée de savanes arbustives et de forêts galeries dans les plaines, de savanes
arborées dans les plateaux et herbacées dans les zones montagneuses (ONU-Habitat, 2004).

37
GROUPEMENTS DE LA COMMUNE DE BANGANGTE

BAN GANG-FOKA M

BAN GOUA

BAM E NA

BATCH INGOU BAN GANGTE

BAH OCK

BAN GOULAP Gpmt_Bangoulap


Gpmt Bahock
Gpmt_Bamena
Gpmt_Bangang - Fokam
Gpmt_Bangoua
Gpmt_Bangangté
Gpmt_Batchingou

W E
0 10 20 Km
S

Figure 6: Les groupements de la Commune de Bangangté

Le réseau hydrographique (Figure 7 ci-dessous) est moyennement dense et dominé par deux
affluents du fleuve Noun, le Ngam qui reçoit le Ndanda et surtout le Ndé au sud qui est alimenté par
de petit cours d’eau comme le Ndeub, le Nzeuh.

La population urbaine de Bangangté serait passée de 27 700 habitants en 1996 à plus de 30 000 en
2004 (ONU-Habitat, 2004), tandis que celle de la zone rurale connaît un exode massif des jeunes
pour les grandes villes telles que Douala et Yaoundé. Ce faible peuplement de la Commune de
Bangangté en particulier, à l’image de tout le département du Ndé en général tel que mis en évidence
par la carte de la Figure 5 ci-dessus, est la conséquence d’une forte hémorragie humaine dont
souffre la zone depuis l’époque coloniale. Trois arguments justifient l’exode massif des Bangangté
pour la diaspora :

38
COURS D'EAU COMMUNE DE BANGANGTE
Ko u pa

BAN GANG-FOKAM
No
Nk on g Nga m un

T im
wa
BAN GOUA

BAMENA
BATCH INGOU BAN GANGTE

BAH OCK
BAN GOULAP To n
ke
u u
e
d
N

Nou n
Cours d'eau
Ndé
Limites de groupements

W E
0 10 20 Km
S

Figure 7: L’hydrographie de la Commune de Bangangté.

D’abord, la colonisation : la zone de Bangangté, un peu plus tôt que le reste du plateau bamiléké, a
servi de réservoir de main d’œuvre aux Allemands pour les travaux forcés, dans les vastes
plantations de palmier à huile, d’hévéa ou de banane qu’ils créèrent dans la plaine côtière ou dans les
chantiers de construction des routes et des chemins de fer. D’après Dongmo (1981), le tout premier
détail archivistique signalant la fourniture des hommes aux Allemands par les Bamiléké est celui
relatif à l’expédition allemande conduite en 1903 par le lieutenant HUTTER et qui se heurta aux
armées des chefferies Bamena et Bazou : la paix ne fut obtenue que moyennant le paiement d’un
tribut de 30 paniers de maïs, 400 régimes de plantains, 80 chèvres, 3 bœufs et 700 porteurs. Ainsi,
les Bangangté, du moins par effet de proximité de la côte, furent les premiers sollicités pour
répondre massivement à l’appel du « ndjock messi » (déportations pour les travaux forcés).
L’existence à Douala d’un « quartier Bangangté » au cœur de la ville, comparée à la position
excentrique des poches de forte concentration des autres tribus bamiléké dans notre capitale

39
économique est une des preuves palpables de l’ancienneté et de la densité de la migration des
Bangangté pour la diapora.

Ensuite, la rébellion upéciste des années d’indépendances (1959-1965) connue sous le nom de
« maquis » et dont la zone de Bangangté était un des points chauds du plateau Bamiléké ; ce qui a
accentué le phénomène d’hémorragie des Bangangté pour la diaspora.

Enfin, les conditions naturelles moins favorables que partout ailleurs (précipitations faibles et
irrégulières, infertilité des sols en raison de l’affleurement du socle) ont obligé une bonne frange des
Bangangté à élire domicile dans des fronts pionniers tels que les sols volcaniques du Département du
Moungo dans la Région du Littoral.

Quant aux activités économiques, elles sont dominées par l’agriculture (cultures de rente, cultures
vivrières et maraîchères) qui depuis une décennie, a pris de l’aile grâce au projet de mise en valeur
de la vallée du Noun, à travers le « Projet Route du Noun », lequel a permis de créer deux villages
de plus de 500 pionniers (ONU-HABITAT, 2004).

Il y a aussi l’élevage dans ses deux aspects : l’élevage traditionnel pour répondre aux besoins
cultuels sans cesse accrus des populations qui recherchent en permanence du poulet local, des
chèvres ou du mouton selon le cas pour accomplir des rites divers, des bovins (élevés sur certaines
collines par les Bororos allogènes) et des porcins pour organiser les funérailles ; l’élevage moderne
de la volaille et des porcins pour sa part vise à compléter la production déficitaire du secteur
traditionnel.

Enfin, l’artisanat peu développé localement, reste limité à la transformation du bois d’œuvre en
ustensiles de cuisine (mortiers, pilons), de danses folkloriques (tambours, balafons, masques) ; à la
vannerie et à la fabrication des poteries.

En définitive, même si nous nous sommes limités dans ces 7 groupements traditionnels pour la
collecte des données de notre travail de recherche. Il reste évident que les problèmes à relever et les
solutions probables à envisager sont à quelques différences près valables pour le reste de la zone
bamiléké, car les mœurs et coutumes sont identiques d’une tribu à l’autre de ce grand groupe
ethnique.

40
41
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES

Dans ce chapitre, nous ferons tour à tour état du matériel et de la démarche méthodologique utilisés
pour parvenir aux résultats présentés et discutés au chapitre troisième.

I - MATERIEL ET OUTILS UTILISES

Pour la réalisation de cette étude, nous nous sommes servis du matériel et les outils suivants:

 Un GPS pour la navigation sur le terrain et la prise des coordonnées géographiques;

 Un appareil photo numérique pour les prises de vues ;

 Des cartes topographiques géo référencées (Géovic) et des cartes administratives du


Cameroun pour la réalisation des cartes de localisation de la zone d’étude ;

 Du matériel pour écrire ;

 D’un mètre ruban ;

 Du Lap-top (ordinateur portable) pour recueillir et traiter les données;

 D’une clé USB de capacité 2 Go;

 Des trames d’interviews semi structurées pour la collecte des données sur le terrain :

 L’une destinée aux dignitaires traditionnels responsables des lieux sacrés ;

 L’autre destinée aux cadres des administrations publiques dont les attributions
ont une influence directe ou indirecte sur la gestion de ces écosystèmes sacrés;

 Un guide d’entretien destiné à orienter les entretiens semi structurés avec chaque catégorie
de personnes à rencontrer ;

 Des fiches d’évaluation et de caractérisation des impacts ;

 La documentation existante touchant directement ou indirectement les lieux sacrés


bamiléké, notamment :

 Les textes législatifs et règlementaires ;

 Les publications antérieures (livres, revues, rapports, etc.)

42
 des logiciels Excel pour l’analyse statistique des données recueillies à l’aide de trames
d’interviews semi structurées des guides d’entretiens et des logiciels de cartographie
(Arcview GIS et Adobe Illustrator) pour la réalisation des cartes de localisation de la zone
d’étude ;

 Une machette pour ouvrir le passage dans les buissons là où c’est nécessaire;

II- METHODES
Dans ce paragraphe nous présentons tour à tour le déroulement des enquêtes sur le terrain, le
dépouillement et l’analyse des données.

II.1 : METHODE DE COLLECTE DES DONNEES DE TERRAIN


II.1.1- Le Choix du site

Notre choix porté sur la Commune de Bangangté tient compte des arguments suivants :
D’abord, parce que s’il a été prouvé que les plateaux Bamiléké sont un milieu naturel fragile en
général, c’est la partie méridionale et donc la zone de Bangangté qui s’affirme la plus vulnérable
(Dongmo, 1981) ; et le voyage d’étude qui nous a conduit dans la région en juillet 2008 nous a
permis de le constater. Ainsi, soucieux de contribuer à la recherche de solutions aux problèmes
environnementaux de cette région, nous avions logiquement le devoir de nous appesantir sur la zone
qui semble être la plus affectée, même si par pure coïncidence cette dernière se trouve être notre
unité administrative d’origine.
Ensuite, nous avons limité cette étude au cadre de la Commune tout simplement parce qu’elle
constitue l’unité territoriale d’aménagement au Cameroun, hormis la région qui se veut plus vaste.

II.1.2 – La collecte des données secondaires

Il s’agit des publications antérieures qui de manière directe ou indirecte nous ont apporté un
éclairage sur notre thématique. Nous les avons obtenues en visitant tour à tour les bibliothèques du
CRESA FORET BOIS, de l’Université de Yaoundé I, de l’OPED, de l’UICN et du CARPE à
Yaoundé. Mais nous avons pu exploiter une bonne quantité de celles-ci grâce au réseau Internet ou à
la franche collaboration de certains amis et collègues.
Quant aux textes législatifs et règlementaires que nous avons consultés, nous les avons obtenus, les
uns dans les services centraux des ministères basés à Yaoundé, les autres dans les délégations
départementales desdits ministères basées dans le Ndé.

43
II.1.3 – Méthode de collecte des données primaires

Au cours de notre descente sur le terrain, notre première préoccupation a consisté à rencontrer
toutes les personnes cibles afin de constituer avec elles un calendrier des interviews semi structurées
qui se sont étalées sur plus de trois mois, en raison de l’indisponibilité des uns, de la méfiance ou de
l’instabilité des autres.
C’est par les autorités administratives que nous avons amorcé le processus : D’abord Monsieur le
Sous Préfet de l’Arrondissement de Bangangté pour l’obtention d’un quitus officiel pour notre
travail de recherche; ensuite Messieurs les Délégués départementaux des ministères dont les activités
interfèrent avec la gestion des lieux sacrés, d’une manière directe ou indirecte, notamment le
MINADER, le MINFOF, le MINEP, le MINEPIA et le MINEPAT ; enfin le personnel de la Mairie
de Bangangté. Le nœud de cette première série d’interviews semi structurées était de ressortir les
compétences de chacune de ces administrations publiques en matière de gestion ou de contrôle des
lieux sacrés.
Afin d’obtenir des informations fiables reflétant largement le contexte sociologique, nous avons
tenu à rencontrer dans chaque groupement le Chef supérieur en personne plus ses notables les plus
huppés dans la maîtrise de la tradition ancestrale ; et dans bien des cas (Bahouok, Bangang-Fokam,
Bangoua, etc.) c’est sa Majesté qui nous a introduit auprès de ses collaborateurs à consulter. De
même, certains chefs supérieurs, étant donné leur jeunesse et donc de leurs limites dans la maîtrise
de l’objet de notre thématique ont délégué des pouvoirs à quelques uns de leurs notables maîtrisant
mieux le savoir traditionnel afin qu’ils agissent en leurs noms.
Enfin, pour ce qui est des paysans que nous avons rencontrés aux fins de savoir entre autres les
fondements de leurs choix agraires et les incidences sur les lieux sacrés, nous n’avons aucunement
eu besoin de prendre un rendez-vous à l'avance, encore moins de prévoir une interview semi
structurée spécifique pour eux ; nous avons préféré les surprendre à l’œuvre sans un critère
particulier de choix comme c’est le cas sur la Figure 8 ci-dessous.

44
Figure 8 : Paysan rencontré au champ à Nedjap (Bangangté) pour une brève interview semi structurée

II.1.3- L’application des interviews semi structurées proprement dite

S’agissant du volet pratique, que l’interview semi structurée se fasse sur rendez-vous ou non, nous la
commencions par une brève introduction de circonstance, consistant à préciser non seulement le
cadre de cette étude, mais surtout son bien fondé soit pour les personnes enquêtées, soit pour la
société toute entière4. Pour les interviews semi structurées réalisées au bureau ou au palais, nous
veillions à ce que notre interlocuteur s’identifie dès la première page du questionnaire et si possible y

4
Dans bien des cas, nous avons eu besoin de décliner notre rang social de « Tafeun »,(littéralement= père du roi), titre héréditaire attribué au grand
notable frère aîné du roi dans les monarchies locales du département du Ndé, Ainsi, le fait pour nous d’être non seulement originaire mais aussi un
pilier d’une des dynasties royales de la région (Nfeun Ntahi à Nfenga –Bangoulap) a persuadé ceux de nos interlocuteurs qui auraient eu l’intention
de nous cacher l’information soit en biaisant les réponses ou en refusant de nous faire visiter leurs lieux sacrés. Donc ces entretiens avec les
autorités et dignitaires traditionnels avaient plutôt l’allure d’un échange détendu entre « des collègues », facilité par une maîtrise parfaite de la
langue et des coutumes locales.

45
appose sa griffe ; par contre pour les descentes sur le terrain nous veillions à remplir les grilles
d’évaluation des impacts et à relever les points GPS des sites visités comme sur la Figure 9 ci-
dessous :

Figure 9 : Interview semi struturée de sa Majesté Nfeun Ntang-Mbang, Chef de 3ème dégré (Noumkouh - Bahouok) après la
visite guidée de ses lieux sacrés

II.2 – EXPLOITATION DES DONNEES RECUEILLIES

Nous avons procédé tout d’abord à un dépouillement manuel des données collectées avant de les
traiter lorsque dans le logiciel Microsoft Office Excel 2003, aux fins de :
 Faire le diagnostic environnemental actuel des lieux sacrés ;
 Proposer des mesures d’atténuations des impacts en vue d’une gestion durable des lieux
sacrés.

46
II.2.1 – Méthode de diagnostic environnemental des lieux sacrés.

L’analyse d’impacts sur les lieux sacrés a consisté à identifier, décrire et à évaluer les
impacts sur les composantes des milieux naturel et humain à l’aide de grilles de caractérisation et
d’évaluation des impacts dont le modèle est en annexe.
Ainsi, nous avons tout d’abord élaboré le check-list des activités sources d’impacts et des
composantes du milieu affectés ; ensuite, nous inspirant d’ Hydro-Québec (1995), Fecteau (1997),
Leduc et Raymond (2000) d’après qui « la méthode d’évaluation la plus utilisée repose sur
l’identification des sources d’impact et sur cinq critères qui sont la nature de l’impact, la valeur de
la composante touchée par l’impact, l’intensité de la perturbation, ainsi que la durée et l’étendue de
l’impact », nous nous sommes servis de la matrice de Léopold pour ressortir les interrelations entre
les sources d’impact significatif et les composantes affectées de ces lieux sacrés au fil du temps. Il
s’agit de tableaux à deux axes montrant d’un côté les activités associées aux lieux sacrés, autrefois
et de nos jours, et de l’autre la composante affectée de ces écosystèmes sacrés. Les cellules de la
matrice ont servi à faire des estimations qualitatives ou quantitatives des impacts (voir annexes).

Quant à ’importance desdits impacts, elle a été appréciée à partir de la matrice de Fecteau qui
ressort la corrélation entre les impacts et leurs caractéristiques telles que: la nature, l’interaction, la
durée, l’étendue et l’intensité, l’occurrence, la réversibilité, la valeur et l’importance de l’impact
(Copie en annexes).
a- Principe général d’appréciation de l’importance des impacts

Nous avons établi une échelle d’appréciation tenant compte des critères suivants :
 Impact majeur: les répercussions sur le milieu sont très fortes et peuvent difficilement être
atténuées ;
 Impact moyen : les répercussions sur le milieu sont appréciables mais peuvent être atténuées
par des mesures spécifiques ;
 Impact mineur : les répercussions sur le milieu sont significatives mais localisées et exigent
ou non l’application de mesures d’atténuation ;
 Impact négligeable: les répercussions sur le milieu ne sont pas significatives ou sont
hypothétiques, sans conséquences notables et cette catégorie n’apparaît donc pas au résultats.

47
II.2.2- Cartographie de la zone d’étude

Nous nous sommes servis du logiciel de distribution spatiale Arc view GIS 3.2 pour traiter les
données GPS collectées lors des descentes sur le terrain , ce qui nous a permis d’avoir une carte de
localisation spatiale des principaux lieux sacrés de la Commune de Bangangté

(Carte 7 ci-dessous).

Figure 10: Lieux sacrés visités dans la Commune de Bangangté (page suivante)

48
LIEUX SACRES VISITES DANS LA COMMUNE DE BANGANGTE

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Commune de Bangangté

W E
1000000 0 1000000 2000000 Miles
S

49
CHAPITRE III: RESULTATS, DISCUSSION
ET RECOMMANDATIONS

Dans ce chapitre nous exposerons tour à tour les résultats de l’analyse des données récoltées sur
le terrain et conformément à la méthodologie présentée au chapitre précédent, la discussion sur ces
résultats et enfin des recommandations sous forme de mesures d’atténuation des impacts sur les lieux
sacrés à intégrer dans le Plan de gestion environnemental de la Commune de Bangangté.
I - RESULTATS
I.1. NOMBRE ET CARACTERISTIQUES DES PERSONNES RENCONTREES ET DES
LIEUX SACRES VISITES.
I.1.2- Pour les lieux sacrés visités.

Nous avons visité 40 lieux sacrés de la Commune de Bangangté répartis en 7 groupements (Voir liste
et coordonnées GPS et caractéristiques en annexes).
a- Classification selon le site

Nous avons constaté qu’à l’exception de quelques grottes et rochers tels que « Loo Chiffeue » à
Bangang Fokam, ces lieux sacrés sont situés dans leur quasi-totalité en zones humides, précisément
dans les bas fonds des collines. Les investigations que nous avons menées à ce sujet nous ont permis de
constater que l’eau est le centre d’intérêt de cette localisation des lieux sacrés en zones humides pour
deux raisons majeures :
La première est écologique : en effet, l’eau, dit-on, c’est la vie et l’Homme bamiléké intègre cela
dans son mode de vie; ainsi, les lieux sacrés par leur humidité constante pendant l’année, ont permis
aux Bamiléké de conserver au fil des ans des espèces floristiques et fauniques réfractaires à la chaleur
ambiante, ou alors qui n’auraient pas pu résister sur les versants de collines dont le sol est constamment
raviné par l’érosion.
La seconde est cultuelle : l’eau est sacrée chez le Bamiléké qui s’en sert pour effectuer presque tous les
rites en ces lieux sacrés. Ainsi, l’Homme Bamiléké d’antan aurait compris que localiser ces lieux
sacrés ailleurs qu’en zones humides serait se donner plus de peine pour transporter cette matière
première fondamentale pour ses rites à savoir l’eau.
b- Répartition par groupement

Il ne nous a pas été possible de récolter assez d’informations dans certains groupements tels que
Bamena et Batchingou en raison de l’instabilité ou de l’indisponibilité de leurs chefs qui par ailleurs ne

50
nous ont pas autorisé d’intervenir dans leur ressort territorial en leur absence ; ce qui explique cette
inégale répartition du nombre de sites visités par groupements.

Figure 11: Répartition des lieux sacrés visités Bangangté (8)


par groupement
BANGOULAP (14)

BAHOCK (6)
BAMENA
BATCHINGOU BANGANG
BANGOUA BANGANGTE
FOKAM (8)
BANGANG-
FOKAM BANGOUA (2)

BAHOCK BANGOULAP BAMENA (1)

BATCHINGOU (1)

Ce manquement était loin d’affecter négativement les résultats de notre démarche car nous avons pu le
combler par des recoupements de données récoltées indirectement tout autour de ces lieux cibles. Bien
évidemment dans les groupements où nous trouvions plus d’intérêts comme à Bangoulap , Bangang-
Fokam et Bangangté nous y passions plus de temps ; d’où leurs décomptes élevés (Figure 11).
c- Répartition par catégories

Par contre, la répartition des sites visités selon leur nature donne l’avantage aux forêts sacrées (55 %),
tandis que les autres types d’écosystèmes se trouvent dans des proportions très modestes (Figure 12 ci-
dessous).
Cette dis proportionnalité criarde confirme la place fondamentale de la forêt sacrée dans la civilisation
Bamiléké telle que nous l’ont réaffirmé les dignitaires rencontrés ou « approchés »5 : fonction cultuelle
ou spirituelle ; fonction de conservation (lieu de conservation et de régénération de la biodiversité),
fonction économique (récolte de certains produits non ligneux autorisée sous certaines conditions),
fonction stratégique (cachette des totems), etc.

5
L’expression « approchés » s’applique dans ce contexte aux rois Bamiléké pour qui il serait audacieux de prétendre rencontrer ;
« on se rapproche du roi et pas d’en face mais de travers en signe d’allégeance » ; venir d’en face ou prétendre le rencontrer est signe de lèse majesté.

51
Figure12: Repartition de l'échantillon par Chutes sacrées
type de lieu sacré

Forêts sacrées

10% 10% Grottes


15% sacrées

Ecosystèmes
10% sacrés mixtes
55%
Autres
(Réserves
forestières)

I.1.3 – Pour les personnes rencontrées

Pendant notre descente sur le terrain, nous avons rencontré en tout 35 personnes aux caractéristiques
diverses :
La part belle de l’échantillon des personnes rencontrées ou « approchées » revient évidemment
aux autorités traditionnelles qui sont responsables de ces lieux sacrés et parfois à titre exclusif (49%).
Mais étant donné que le droit traditionnel est subordonné au droit administratif, nous n’avons pas failli
de rencontrer en plus les autorités administratives et communales afin de nous enquérir des attributions
de leurs services en rapport avec la gestion desdits écosystèmes (24%) ; il en est de même du commun
des populations qui côtoient au quotidien ces lieux sacrés (24 % pareillement) et enfin la société civile
représentée sur place par quelques ONG telle que l’APADER (Figure 13 ci dessous).

Figure 13: Répartition des personnes Autorités


Consultées selon leurs fonctions traditionnelles

Autorités
administratives et
3% communales
24%
Populations
49% (Paysans,
24% chasseurs,etc)
Société civile
(ONG)

52
Aussi, par souci de faire valoir l’aspect genre dans notre démarche, nous avons veillé à intégrer
dans l’échantillon quelques femmes, notamment une noble (reine) et deux paysannes. Cette répartition
discriminatoire (Figure 14) reflète le statut de la femme Bamiléké quelque peu marginalisée par
rapport à la gestion des lieux sacrés. Exceptées les prêtresses appelées localement « megni si » qui sont
souvent sollicitées pour officier quelques rites en ces lieux, les femmes n’y ont pas compétence,
laquelle revient exclusivement aux Rois, aux rois vassaux ou aux patriarches de grandes lignées qui,
pour la plupart, sont en même temps de grands notables dans la communauté.

Figure 14:Répartition des personnes consultées selon le


genre

9%

Hommes
Femmes
91%

Enfin pour la liste détaillée des lieux sacrés visités et des personnes rencontrées, se référer aux
annexes.

I.2- Diagnostic des lieux sacrés dans la Commune de Bangangté.

Presque tous les témoignages concordent sur les transformations qu’ont subi la plus part des lieux
sacrés dans la Commune de Bangangté, au point où certains ont même perdu leur visage d’antan6. Les
fiches et les matrices d’impacts que nous avons réalisées sur quelques cas saillants nous livrent un
éventail de situations :

I.2.1- 1er Cas pratique : L’impact de la voirie sur un lieu sacré.

Nombreux sont les cas où nous avons vu la voirie séparer carrément un lieu sacré en plusieurs blocs,
comme ci-dessous à la sortie de la Chefferie supérieure Bahock pour Noumkou (Figure 15 ci-dessous).

6
D’après le patriarche Ndjasoub Mbabou Elie, notable Bangoulap que nous avons rencontré à son domicile de Douala, « Ntchong Mbeue »
(Littéralement= Lieu où fut enterré le chien) créé à la zone tampon en terme de Pacte de pacification entre les groupements Bangoulap et Bangangté et
qui autrefois était une forêt sacrée touffue a presque totalement disparue de nos jours sous la pression agraire ou foncière.

53
La fiche d’impacts de d’activité voirie sur la composante de l’environnement flore nous fournit les
renseignements suivants, à titre d’illustration :

Forêt
sacrée
divisée

Champs

Route

Figure 15 : Route séparant en 2 blocs un lieu sacré à la Chefferie supérieure Bahouok

Tableau I: Exemple de fiche d’impacts de la voirie sur le lieu sacré ci-dessus

Action source d’impact : Voirie


Composante de l’environnement affecté : Localisation du lieu sacré :
Couvert végétal Chefferie Supérieure Bahouok
Description qualitative ou quantitative de l’impact :
Destruction partielle et séparation et deux ensembles disjoints
GRANDEUR
DURÉE: Longue … X …… Moyenne…… … Courte…………………
Intensité : Forte ………… Moyenne……X…… Faible…………………
Etendue : Régionale ………… Locale………X…… Ponctuelle…………

54
IMPORTANCE Majeure………… Moyenne……X……… Mineure……………
Justification L’importance de Impact est moyenne car le couvert végétal détruit au
profit de la voirie peut être compensé par un reboisement aux
alentours.
SIGNIFICATION Forte ………… Moyenne……X……… Faible……………
Justification La superficie détruite par la route n’est pas très grande (5 à 6m de
large sur 30 m de long)
Mesures à joindre au Reboisement de compensation de la surface arrachée au lieu sacré;
PGES
Impact résiduel Majeur ……… Moyen……X…… Mineur…………………
Justification Parce que malgré le reboisement de compensation à effectuer, ce lieu
sacré restera toujours séparé en deux blocs disjoints.
Commentaire On aurait dû faire à ce que la voirie contourne le lieu sacré pour
éviter qu’elle ne le scinde en deux car même si le couvert végétal perdu
pour la circonstance peut être compensé par un reboisement, à
contrario, les impacts sur le sol, l’eau, la faune (y compris la pédo
faune) et l’ambiance sonore sont difficilement atténuables.

I.2.2- 2ème cas pratique : Cas de Ntagni à Bangoulap

Sur la ligne de crête qui au sud de la Commune de Bangangté culmine au mont Meneu à 1575m, se
trouve à près de 500m à vol d’oiseau en deçà de Meneu « Ntagni » qui, malgré le fait d’être le lieu
sacré le plus redouté et le plus mythique de l’histoire de Bangoulap, n’échappe pas à la tendance de la
dégradation. A la différence de la plupart de lieux sacrés dont la densité de la flore donne un caractère
sombre et lugubre au milieu, « Ntagni » a plutôt un écosystème savanicole de montagne (Figure 16 ci-

dessous). Certainement à cause de la présence des cuirasses, le sol par endroit n’abrite qu’une
végétation de mousses ou de lichens, ce qui renforce dans l’imagerie populaire, la sensation de son
caractère atypique ou sacré, laquelle est entretenue par un ensemble de mythes et de légendes.7.

7
Les témoignages concordants recueillis auprès des dignitaires font ressortir au fil du temps plusieurs cas de violation de l’intégrité environnementale
de « Ntagni » :

a. D’abord pendant la régence du Chef Fondja (1933-1950), le peuple Bangoulap se souleva contre le régent d’être complice de l’invasion de son
territoire y compris le périmètre sacré de « Ntagni » par les pasteurs Bororos. Celui –ci alla clamer son innocence auprès des dieux de
« Mbouodjoun » (voir annexe). « Ntagni » pour rendre justice envoya la foudre qui décima tout le chef tel bovin des Bororos qui libérèrent les lieux.

b. Ensuite jusqu’à l’époque coloniale, quiconque passait à « Ntagni » avait l’impression de marcher sur une immense dalle naturelle compte
tenu de l’échos sonore provenant du sous sol. Cette sensation a cessé de se produire depuis le jour qu’un Blanc (anonyme) s’est amené sur le lieu et
sous le regard naïf et même craintif des populations, a dut creuser le sol en profondeur pour y sortir un trésor avant de disparaître dans la nature. Le
lendemain au petit matin, se constitua, selon les mêmes témoignages, le plus long cortège de grenouilles jamais vécu, endossant chacune un
nouveau né, et qui partit des sommets de « Ntagni »où eut lieu cette excavation à la rivière « Nkoufi » située à quatre kilomètres à vol d’oiseau au
sud.Ce périple inhabituel de la grenouille, l’un des animaux sacrés de la région, fut considéré par les populations, comme une délocalisation des
dieux du site montagnard et savanicole de « Ntagni » pour la rivière « Nkoufi ».

55
Champs
d’eucalyptus

Piéton

Surface nue
(cuirasses
latéritiques

Piste ou
sentier
Figure 16: Ntagni, lieu sacré mythique de Bangoulap mi-désertique et inondé autrefois.

Tableau II: Matrice des impacts (de Léopold) sur le lieu sacré de Ntagni ci-dessus8.
Milieu Milieu biologique Milieu humain
physique
Composantes
affectées
sols / terres

Sécurité/santé
Végétation

faune
eau

Activités
Source d’impacts
Etat Medicine traditionnelle
originel Cueillette PFNL
sylviculture
Champs
Chasse
Etat actuel Infrastructures
Bruits
Collecte bois de Chauffe
Feux de brousse
Extraction minière

8
Ntagni outre l’excavation et sa mise en valeur à des fins agraires soulignées plus haut a été, d’après sa majesté Yonkeu Jean, Roi des Bangoulap,
l’objet d’un reboisement aveugle d’eucalyptus et de constructions anarchiques qui ont considérablement réduit sa superficie initiale ; bien plus
comment oublier de mentionner la colonisation de ces lieux par des pasteurs Borroros qui y vont paître leur bétail et se permettent même d’y
provoquer en saison sèche les feux de brousse pour renouveler le couvert végétal ? il en est des même de l’effet non négligeable de cette piste
(voirie) qui le traverse d’un bout à l’autre ?

56
A partir de la matrice de Fecteau qui ressort la corrélation entre les impacts et leurs caractéristiques
telles que: la nature, l’interaction, la durée, l’étendue et l’intensité, l’occurrence, la réversibilité et la
valeur, évaluons dans le Tableau 3 ci dessous l’importance de ces impacts sur ce lieu sacré.
Tableau III: Matrice de Fecteau concernant l’évaluation de l’importance des impacts sur le lieu sacré de Ntagni à Bangoulap.

Paramètres de caractérisation

Réversibilité
Occurrence
Eléments Activités Impacts Evaluation

Interaction

Etendue /

Intensité
du milieu sources Importance

Nature

Portée

Valeur
Durée
d’impacts absolue
Méd. Trad. Consommation + D Cr Lo My Ct R NON
Eau Sylviculture absorption - D Lg Lo F Ct Ir OUI Majeure
Voirie perturbation - D Lg Lo My Pr Ir NON
Physique

Sylviculture Acidification - D Lg Lo F Ct R OUI


Sols, Champs Épuisement - D Lg Lo F Ct R OUI
terres Voirie Destruction - D Lg Lo f Ct R OUI Majeure
Feux de br. Appauvrissement - D Cr Rg F Ct R OUI
Extr. Min. Destruction - D Cr Lo f Pr R NON
Méd. Trad. Epuisement - D Cr Lo My Ct R NON
Voirie Destruction - D Lg Lo My Pr R OUI
Flore Champs Destruction - D Lg Lo F Ct R OUI Majeure
Feux de br. Destruction - D Cr Lo F Ct R OUI
Biologique

Extr. Min. Destruction - D Cr Lo f Pr R NON


Chasse Appauvrissement - D Lg Rg F Ct Ir OUI
Feux de br. Destruction - D Lg Rg F Ct Ir OUI
Champs Perturbation - D Lg Rg F Pr R OUI Majeure
Faune Voirie Perturbation - D Lg Lo My Ct R NON
Bruit Perturbation - D Cr Rg F Pr R NON
Extr. Minièr Perturbation - In Cr Lo f Pr R NON
C. bois chf Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?
Sylviculture Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?
Santé Chasse Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?
Humain

/ Feux de br Nuisance - In Cr Rg F Pr R ? Moyenne


Sécu- Champs Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?
rité Voirie Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?
Bruit Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?
Extr. Minièr Nuisance - In Cr Rg F Pr R ?

LEGENDE :
Nature : (+) positif ; (-) négatif. Interaction : (D) Direct ; (In) indirect. Durée : (Cr) Courte ; (Lg)
Longue. Etendue : (Lo) Locale ; (Rg) Régionale. Intensité : (F) Forte ; (My) ; (f) Faible.
Occurrence :(Ct) Certaine ; (Pr) Probable. Réversibilité : (R) Réversible ; (Ir) irréversible.
Valeur : OUI ; NON ; ou ? (Non défini).

57
I.2.3- Evaluation comparative des activités sources d’impacts (quantitative et qualitative).

L’analyse des fiches d’impacts nous permet de relever que les principales activités sources d’impacts
qui ressortent dans le tableau précédent affectent différemment les types de lieux sacrés et pour des
fortunes diverses :
Tableau IV: Evaluation qualitative comparée des activités sources d’impacts sur les lieux sacrés de la Commune de
Bangangté.

Types de lieux sacrés Chutes Grottes Forêts Ecosystèmes Totaux % (part de

Activités sacrées sacrées sacrées sacrés chaque source


d’impact s)
Source d’impacts mixtes
01 Sylviculture des 60 05 30 35 130 32,5
eucalyptus
02 Champs (cultures) 10 25 20 20 75 18,75
03 Chasse 10 25 10 15 60 15,00
04 Feux de brousse 05 25 25 15 70 17,50
05 Non respect des 15 20 15 15 65 16,25
interdits et autres
Totaux 100 100 100 100 400 100

Ces données statistiques, provenant des estimations que nous avons faites au terme des enquêtes
menées sur le terrain, traduisent graphiquement les réalités suivantes :
Figure 17: Répartition des activités – sources d’impacts par types de lieu sacré dans la Commune de Bangangté.
Chutes sacrées Grottes sacrées Forêts sacrées Ecosystèmes mixtes
sacrés

15 35
5 15 30
5 10 25 25
25
10 20
60 20 25 10 20
15
15 15

LEGENDE :

Sylviculture des eucalyptus Chasse


Champs (cultures) Non respect des interdits et autres
Feux de brousse

58
De cette analyse sectorielle des impacts nous en déduisons le résultat global suivant :
Sylviculture des
Figure 18 :Part de chaque activité source d'impacts sur les lieux
Eucalyptus
sacrés de la Commune de Bangangté

Champs (cultures)

16%
32% Chasse

18%
Feux de brousse
15% 19%

Non respect des


interdits et autres

En définitive, si les lieux sacrés en pays Bamiléké en général et dans la Commune de Bangangté en
particulier, qui dans l’imagerie locale constituent la demeure des esprits ancestraux, sont de nos
jours sérieusement affectés au point où plane beaucoup de scepticisme quant à leur avenir, le doigt
accusateur revient à l’homme qui, de plus en plus insensible aux valeurs sacrées, les phagocyte du
jour au lendemain par le biais de ses multiples activités : la sylviculture des eucalyptus, 32% de
part de responsabilité ; contre 18% pour les feux de brousse, 16% pour l’agriculture, 15% pour la
chasse et 19% pour les autres causes réunies, au premier rang desquelles le non respect des interdits
autour de ces lieux sacrés.
Mais, comment envisager le contraire lorsqu’on sait que ces activités nocives vis-à-vis des lieux
sacrés sont paradoxalement vitales pour les populations qui les pratiquent ?

II.2 – DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS.

On ne peut revaloriser les lieux sacrés à l’ouest sans passer par des alternatives aux principaux
fléaux qui les minent et que nous venons d’identifier plus haut. Ces fléaux, dont l’interaction
développe au fil du temps chez le Bamiléké la baisse de la sensibilité vis-à-vis des valeurs sacrées,
sont dans l’ordre d’importance:

59
II.2.1 – La sylviculture des eucalyptus.

a- Plus de mal que du bien en pays Bamiléké

La sylviculture des eucalyptus en pays Bamiléké (Figure 19) demeure depuis belle lurette un sujet
bien controversé comme le prouve le flot des publications qu’elle a alimentées jusqu’au jour
d’aujourd’hui. A titre d’illustrations: Del Moral et Muller (1970), cités par Wassmer (1984) et Fries,
(1985), relèvent que l’eucalyptus secrète par le biais de ses racines des terpènes et autres substances
chimiques qui empêcheraient aux végétaux inférieurs de pouvoir s’épanouir sous son emprise, avis
partagé par Njoukam (1989), Poore et al. (1985, 1987) et Pouomogne (1983). Bien plus, Tsayem
(1996) ajoute que les eucalyptus seraient, ne fusse-ce qu’en partie, responsables de l’assèchement des
rivières et des sources dans certains bassins versants du pays Bamiléké où ces boisements, bien que
contribuant parfois au maintien de la moiteur du milieu, entraîneraient une baisse des disponibilités en
eau.

Figure 19 : Champ d’eucalyptus à Nedjap par Bangangté

Pourtant, avec la chute des cours du café sur les marchés mondiaux dès la fin des années 80, plusieurs
paysans Bamiléké, de plus en plus désintéressés par la caféiculture (Courade, 1994), se sont

60
progressivement rabattus sur le culture des eucalyptus, vivement recherchés pour la production des
poteaux électriques et téléphoniques (Tchawa, P. et Tsayem, D., 2002) du bois de chauffage et du bois
d’’œuvre (Figures 20 à 22).

Figures 20 à 22: Différentes vertus de l’eucalyptus à Bangangté :


 Usine de traitement des poteaux à Noumkouh (Bahouok),
 Bois de chauffe et bois d’œuvre à Boungou (Bangoulap)

Mais alors, comment concilier l’enjeu socio économique des eucalyptus en milieu paysan bamiléké
avec l’enjeu environnemental (Mhah Dekolla, G., 1990) ?
Tchawa, P. et Tsayem, D. (2002), en recherchant les liens que pouvait avoir la disposition spatiale des
boisements d’eucalyptus et les problèmes environnementaux en pays Bamiléké, sont arrivés au constat
global selon lequel dans certaines situations, l’eucalyptus, en raison des prélèvements sélectifs qu’il
exerce sur certains éléments minéraux nécessaires aux cultures, a des effets négatifs sur les sols. A ce
titre, l’association des eucalyptus aux cultures vivrières, conduite sans règles d’occupation spatiale
strictes, pourrait compromettre la production et le rendement des cultures vivrières. Ce constat est
identique à celui de Kemajou (2008) : « L’eucalyptus consomme en moyenne chaque jour 300 litres
d’eau, phénomène qui appauvrit sérieusement la nappe phréatique, tue le sol et rend le milieu
inhabitable aux animaux ; certains oiseaux, les rats et quelques insectes évitent de s’y rapprocher de
peur d’être empoisonnés par l’eucalyptus » (Figure 23).
Ainsi, d’après le recoupement des informations recueillies sur place et d’ailleurs confirmées par sa
Majesté Yonkeu Jean, Roi des Bangoulap, « Ntagni » autrefois était occupé par une source
permanente qui aurait tari après l’ excavation de ce lieu par un colon anonyme. Or c’est pratiquement
à partir de cette même période coloniale que les populations ont planté anarchiquement des eucalyptus
tout autour de ce lieu sacré. Il est donc probable, si l’on considère l’analyse de Nasser Kemajou ci
dessus, que le tarissement de « Ntagni » ne soit pas dû à son excavation comme l’estiment les

61
populations, mais plutôt aux champs d’eucalyptus plantés le long de son périmètre ces cinq dernières
décennies, et qui ont déshydraté la nappe d’eau souterraine initiale.

D’où la nécessité de trouver une alternative à l’eucalyptus si nous tenons à préserver l’environnement
en général et les lieux sacrés en particulier en pays bamiléké.

Figure 23 : Source de Mati à Famtchouet - Bangoulap.

Cette source était jadis une chute bien bruyante compte tenu
de son débit important. Il n’est plus qu’un filet d’eau où se
distraient les enfants du fait de la déshydratation de sa vallée
par le champ d’eucalyptus plantés en amont.

Raphia, indicateur d’humidité

Petit filet d’eau

b – Une sylviculture écolo- économique comme alternative aux eucalyptus en pays Bamiléké.

Depuis qu’on s’est rendu à l’évidence des effets pervers des eucalyptus sur l’environnement à l’Ouest
Cameroun, des chercheurs ont commencé explorer d’autres espèces ligneuses qui pourraient
valablement se substituer à l’eucalyptus globulus ou gommier bleu. Notre attention particulière porte
sur deux espèces sylvicoles ayant toutes des vertus scientifiquement prouvées: l’aiélé et le Pygeum
africanum ou Prunus africana.

b.1. L’aiélé
L’aiélé est une espèce ligneuse qui pousse en savane humide camerounaise et offre un double
avantage : la production fruitière et ligneuse.
Bien connu des populations locales pour son fruit noir l’Aiélé peut atteindre 25 mètres de haut pour
1,5 mètre de diamètre et est généralement bien formé Son fût reste droit et cylindrique (Figure 24 et
25). Il dispose à sa base d’un léger empattement. Composé de 8 à 15 paires de folioles, le feuillage est

62
caduc. Petit, de forme elliptique et de couleur violacée à maturité, le fruit renferme une graine très
épaisse à trois loges ((Figure 26).
Les travaux de domestication da l’aiélé sur les hauts plateaux de l’Ouest Cameroun entrepris par
l’IRAD en 1987 se sont avérés concluants : taux de germination au bout de 3 mois 95% ; taux de
croissance, de floraison et de production de 84% après 10 ans (Njoukam, 2002).

Figures 24 à 26 : Tronc, feuillage et fruit de l’ aiélé localement appelé fruit noir.

b.2 – Le Pygeum africanum ou Prunus africana


Arbre indigène de bois d’œuvre bien connu des populations locales, le Prunus africana se distingue en
outre par ses vertus médicinales : les extraits d’écorces servent au traitement de la prostate, affection
touchant à plus de 60% d’hommes aux Etats Unis et en Europe (FAO, 2000).
Depuis une décennie environ l’ICRAF a engagé un programme de recherche sur la multiplication
végétative de cette espèce qui va certainement être bientôt intégré dans les systèmes agricoles des
hauts plateaux de l’Ouest Cameroun (Tchoundjeu, 1996).Ce faisant, le Prunus africana deviendra
pour ces populations Bamiléké une source de revenus supplémentaire qui, à la différence de
l’eucalyptus, concilie la rentabilité économique, les vertus thérapeutiques et le respect des normes
environnementales ( Figures 27 et 28 ci-dessous).

63
Figure 27 et 28 : Tronc et feuilles du Prunus africana.

b.3 – Proposition de stratégie de mise en œuvre de cette réforme sylvicole

L’aiélé et le Pygeum africanum ou Prunus africana, deux espèces ligneuses bien connues à l’Ouest
Cameroun et dont l’intérêt écolo économique a été scientifiquement attesté, associées ou non à
d’autres variétés locales protectrices de l’environnement, pourraient bien inspirer les promoteurs de
projets sylvicoles dans la Commune de Bangangté ; citons pour exemples:
 Sa Majesté Njimoluh Seidou, le Chef Supérieur de Bangangté, dont le projet de reboisement a
la chefferie supérieure n’a connu qu’un succès mitigé, certainement parce qu’une étude de
faisabilité n’avait pas précédé cette bonne initiative ;
 Sa Majesté Yonkeu Jean Marie, le Chef Supérieur Bangoulap, qui envisage un vaste projet de
reboisement autour du périmètre du lieu sacré de Ntagni ;
Quant aux stratégies opérationnelles pour mener jusqu’au bout cette réforme sylvicole dans la
Commune de Bangangté, nous proposons trois actions successives auprès des populations :
 La sensibilisation des populations sur les enjeux de la réforme sylvicole;
 Le lancement par commune avec l’appui des instituts de recherches agro forestières tels que
l’ICRAF et l’IRAD, des ONG telles que l’OPED et l’ APADER, d’un vaste programme de
mise en pépinière des espèces lignites de substitution aux eucalyptus ;
 L’institution d’une taxe communale sur l’eucalyptus applicable au bout de la première année
de sensibilisation au processus (marge de temps nécessaire pour la production quantitative
de jeunes plants d’aiélé ou de Prunus africana par le service en charge au niveau de la
Commune).
Dès l’entrée en vigueur de cette taxe communale, applicable annuellement et par pied d’eucalyptus
pour les arbres de plus 15 cm de diamètre et par champ d’eucalyptus pour les arbustes et les jeunes
plants, chaque contribuable recevra pour autant de pieds d’eucalyptus imposés, autant de jeunes plants

64
d’aiélé ou de Prunus africana. Les fonds communaux liés à la taxe sur l’eucalyptus couvriront les
charges de leur recouvrement, et surtout à la production et à la distribution des plants de substitution
aux eucalyptus. A force de dépenser d’années en années pour maintenir cet arbre, bon nombre de
personnes vont se résoudre à l’abattre purement et simplement et ainsi au bout d’une dizaine d’années
on verra disparaître ces eucalyptus au profit de l’aiélé ou de Prunus africana.
II.2.2 – Les feux de brousse.

L’analyse des données collectées sur le terrain nous a révélé que les feux de brousse (Figure 29 ci-
dessous) ont 18% de part de responsabilité et occupent le second rang parmi les activités - sources de
dégradation des écosystèmes sacrés de la Commune de Bangangté.

II.2.2.1 – Une pratique illégale

Ces feux de brousse sont parfois le fait des fumeurs qui de manière inconsciente abandonnent au
passage le mégot de cigarette allumé à partir duquel jaillit le feu qui par la suite embrase la broussaille.
Mais le plus souvent, nous ont confié les paysans, ces feux tardifs sont provoqués expressément par
des pasteurs Bororos afin de précipiter la régénération du couvert végétal pour leur bétail.

.
Figure 29 : Feux de brousse sur la colline de Bouh-Tanga à Bangoulap.

65
Au banc des accusés on cite enfin les chasseurs de fortune qui pour un rat ou un porc épic mettent sur la
broussaille asséchée du feu qui finit généralement par embraser toute une montagne.
Pourtant, l’Article 6 du DECRET N° 95-53-PM DU 23 AOUT 1995 fixant les Modalités d’Application
du Régime des Forêts stipule que « tout feu tardif est interdit » (Al.1), mais précise quand même plus
loin que « Nonobstant l’autorisation de l’autorité administrative (…), toute personne ayant allumé un
feu doit rester sur les lieux jusqu’à ce que le feu soit complètement éteint. Elle doit, en outre, prendre
toute disposition afin d’éviter que ledit feu ne se propage au-delà du terrain concerné » (Al.4) ; ce qui
n’est malheureusement pas le cas dans la pratique courante à Bangangté où, partant du sommet des
collines herbeuses asséchées, le feu progresse dans les vallées où il décime mêmes les lieux sacrés
dépourvus d’une ceinture de sécurité, et appartenant généralement à des familles dont les membres ne
résident pas au village.

II.2.2.2 – Mesures d’atténuation de l’impact des feux de brousse sur les lieux sacrés

Deux principales mesures peuvent permettre de limiter les méfaits des feux de brousse sur les lieux
sacrés.
a- Le couloir anti feu.

Les populations autrefois avaient l’habitude au début de chaque saison sèche de défricher un couloir
de sécurité de 3 à 5m de large autour des champs d’eucalyptus et des lieux sacrés pour palier avec
efficacité aux feux de brousse ; mais avec l’évolution du temps et de la sensibilité à la chose cultuelle,
certains semblent se soucier de protéger beaucoup plus les champs d’eucalyptus économiquement
rentables que de prendre soin de leurs lieux sacrés ; d’autres, allés faire fortune sous d’autres cieux,
n’ont pas le temps ou les moyens de revenir tous les ans défricher le pourtour de leurs lieux sacrés
abandonnés par conséquent aux feux de brousse. D’où la nécessité de trouver des stratégies moins
contraignantes et moins coûteuses.

b -La ceinture végétale de sécurité

La ceinture végétale de sécurité qui pourrait protéger les lieux sacrés contre leur destruction par les
feux de brousse se fonde sur l’une des trois espèces suivantes aux fortunes diverses : Le Chromolaena
odorata, le Dracaena deistelliana et la Jatropha curcas.

66
b.1- Le Chromolaena odorata. D’après l'une des principales conclusions d'une étude menée dans
le cadre du programme Ecofit (Ecosystèmes forestiers intertropicaux) que coordonne l'IRD,
Chromolaena odorata (Figures 30 à 32) qui a comme vertu de protéger la forêt des feux de
brousse et de concourir à son avancée (Youta-Happi, 1998), pourrait être une des solutions aux
attaques des lieux sacrés par les feux de brousse.

Figures 30 , 31 et 32 : Chromolaena odorata

Certes, Chromolaena odorata (Photos 30 à 32) ne bénéficie pas toujours d'une bonne réputation :
tantôt elle est qualifiée de "peste végétale" par les agronomes et les écologues du monde
intertropical, tantôt elle est surnommée "Bokassa Grass" par les populations locales en
Centrafrique, ou alors "Sekou Touré" en Afrique de l'Ouest, "arracheur de champs" ou
"putschiste" dans la région du Centre, et enfin « Ndogmo » à l’Ouest Cameroun ; mais ces
sobriquets ne sont que des témoignages à la fois de sa résistance, de sa forte capacité de
dissémination, de sa croissance rapide et de son caractère envahissant (Youta-Happi, 1998). Ainsi,
sous réserve que des études supplémentaires soient menées pour évaluer son impact réel sur les
différentes composantes de l’environnement, une ceinture de quelques mètres de large de
Chromolaena odorata autour des lieux sacrés pourrait certainement constituer une barrière
sécuritaire, surtout pour cette catégorie de personnes résidant en dehors de leurs villages d’origine
et qui ont besoin de retrouver intact cet héritage cultuel ancestral chaque fois qu’ils y vont pour des
cérémonies.

b.2- Le Dracaena deistelliana.

Communément appelé « arbre de paix », le Dracaena deistelliana est très sollicité localement pour
sa fonction rituelle ; cependant, certaines personnes s’en servent pour aménager une haie anti
érosive autour de leur domaine. Aussi, Dracaena deistelliana garde ses feuilles vertes même en

67
saison sèche et ne nuit pas aux cultures auxquelles il peut être associé dans les champs. Autant
d’arguments qui plaident pour que l’on puisse l’utiliser comme barrière anti feux de brousse autour
des lieux sacrés (Figures 33 et 34).

Figures 33 et 34 : Plant de dracaena deistelliana (à gauche) et (ici à droite, juste derrière ces grands notables qui nous
accompagnent) il sert de haie à l’entrée du lieu sacré principal de la Chefferie supérieure de Bangang –Fokam.

b.3 - La Jatropha curcas.

Plante actuellement très sollicitée dans le monde pour la production du biocarburant, Jatropha curcas
est en cours de promotion sur les hauts plateaux Bamileke grâce à la La Société Fair Trade Fuel
Cameroon Ltd qui depuis sa création en 2007 a établi des pépinières (Figure 37) de plus de 600 000
plants et acquit près de 5000 ha à Ndze par Kumbo et 2000 ha à Mbonsho dans le Donga Mantchum
(Dame, 2007).
Figures 35 à 37 : Jatropha curcas dans les pépinières de la Fair Trade Fuel Cameroon Ltd de
Kumbo (Dame, 2007)

68
Elle garde son feuillage vert même en saison sèche (Figures 35 et 36) et pourrait elle aussi constituer,
non seulement un écran anti feux de brousse autour des lieux sacrés comme le Dracaena deistelliana,
mais aussi une source de revenus pour les populations qui vont devoir vendre à la Société Fair Trade
Fuel Cameroon Ltd ses grains pour la production des biocarburants. Une telle initiative cadrerait
parfaitement avec la conclusion d’un rapport conjoint de l'Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Département du développement international du Royaume-
Uni et d’après laquelle les bioénergies peuvent jouer un rôle significatif dans le développement rural
des pays pauvres, lorsqu'elles sont produites sur une petite échelle par des communautés locales, et
sans toutefois mettre en péril la sécurité alimentaire ou l’environnement (FAO, 2009).

II.2.3 – La pression agraire sur les lieux sacrés.

II.2.3.1 – Des techniques culturales inappropriées

A cause de l’affleurement du socle, les sols dans le département du Ndé sont en général pauvres
(Dongmo, 1981). Bien plus, sur les versants abrupts, beaucoup de paysans par ignorance disposent les
billons dans le sens de la pente (Figure 38 ci-dessous), d’où une intense activité d'érosion qui lessive
les hauteurs au profit des bas fonds qui abritent la plupart de lieux sacrés. Ainsi, face à l’infertilité
progressive des versants, ces paysans, au prix de quelques offrandes aux ancêtres, sont tentés de
grignoter les abords des lieux sacrés qui accueillent l’humus et ainsi d’années en années, de
générations en générations les lieux sacrés se miniaturisent (Figures 39 et 40).

Figures 38 à 40 : Facteur et images de la miniaturisation des lieux sacrés

A gauche, billons parallèles à la pente à Netah (Bangangté) ; à droite, images de la miniaturisation des lieux sacrés dans l’enceinte de
la Chefferie supérieure de Bangang - Fokam

69
II.2.3.1 – Mesures de bonification à la pression agraire sur les lieux sacrés

Pour mettre à la pression agraire sur les lieux sacrés, deux mesures nous semblent opportunes en
association de celles proposées pour palier aux méfaits de la sylviculture des eucalyptus et des feux de
brousse. Il s’agit :
 De la sensibilisation et du renforcement des capacités paysannes dans la gestion durable des
terroirs (techniques de restauration de la fertilité des sols) ;
 Du développement des alternatives à l’usage agraire des lieux sacrés (mise en œuvre de projets
de revalorisation de ces lieux sacrés dont le concept note est joint en annexes).
II.2.4 – La chasse et la cueillette

Autrefois, les lieux sacrés avaient un potentiel faunique et floristiques important comprenant des
« espèces protégées ou interdites » telles que le lion et la panthère, considérés comme totems des rois ;
la vipère (redoutée pour son poison), la tortue (du fait de sa rareté et de son utilité rituelle) et les
espèces courantes (antilopes, singes, hyène, boa, hérisson, porc-épic, mangouste, écureuils, rats,
lièvres, etc. Mais pour des raisons diverses, ce patrimoine faunique a disparu au point de se réduire
aujourd’hui à quelques mammifères, rongeurs, grimpeurs et reptiles et une flore de plus en plus
limitée.
II.2.4.1 – Facteurs de l’appauvrissement faunique des lieux sacrés.

Il s’agit tout d’abord des activités anthropiques telles que la chasse, la voirie, les bruits, etc.), liées à
un relâchement dans le respect des interdits ;
Il s’agit aussi et surtout des us et coutumes Bamiléké qui intègrent une forte demande de protéines
animales. L’évocation de quelques contraintes coutumières en est une parfaite illustration:
Offrande à l’aïeule : un met de plantain bien huilé accompagné du gibier (le hérisson, le singe ou la
silure par défaut) ; le produit de l’élevage étant proscrit ;
Offrande à l’aïeul : un canari de viande de chèvre, d’antilope ou de biche ;
Nécessaire pour funérailles : queues de cheval, gibier en abondance, hormis l es produits vivriers
courrant et du vin de palme ;
Emblèmes royaux : peaux de panthère, de lion, de léopard ou de chat tigre ; queues de cheval, cornes
de buffle ou de taureau ; etc
Equipements des danses folkloriques : peaux, cornes ou crânes des bêtes sauvages, plumes
d’oiseaux rares, piquants du porc-épic, etc

70
Repas initiatique pour les aspirant à la notabilité : (bol garni de toute sorte de gibier).
Ainsi, la civilisation Bamiléké intègre en son sein un système complexe de rites qui exigent une forte
consommation des protéines animales ; d’où la forte pression exercée sur la faune, comme d’ailleurs
sur la flore, car pendant ces rites, on associe du gibier à
Une importante quantité d’écorces et de feuilles récoltées
essentiellement en ces lieux humides ; l’image de ce
baobab au pied dénudé à Fatgo (Bangangté) nous donne
une idée de l’ampleur du fléau (Figure 41).

Figure 41 : Baobab dépecé à des fins rituelles ou médicinales à


Fatgo (Bangangté)

C’est là le revers de la tradition Bamiléké sur son écosystème qu’elle est sensée protéger, et que
nous pouvons illustrer par le schéma ci-dessous :
Figure 42: Schéma simplifié de l’interrelation entre la tradition et la conservation chez les Bamiléké

TRADITION
TRADITION
(US ET COUTUMES
Soutient, mais aussi nuit à la… CONSERVATION
“faunivore” et « florivore »

Alimente et contribue à pérenniser la


Us et coutumes Lieux sacrés
(
I.2.4.2 – Mesures de bonification des méfaits de la chasse et de la cueillette.

Si à elle seule la chasse tient 15% de part de responsabilité dans la dégradation des lieux sacrés dans la
Commune de Bangangté au regard des résultats de notre étude, cela se justifie essentiellement par la
pauvreté et le besoin accru des populations en protéines animales qui engendrent un relâchement dans
le respect des interdits et une baisse de la sensibilité à l’égard de la chose cultuelle. Pour remédier à
tous ces impacts, deux actions nécessitent d’être menées en sus de celles éditées plus haut pour les
mêmes cibles :
 La moralisation des comportements des populations (vaste campagne de sensibilisation) ;
 La formation et l’accompagnement des populations dans des activités pastorales plus
génératrices de revenus pour compenser l’abandon de la chasse au gibier dans les lieux sacrés,

71
d’une part, et d’autre part pour répondre à la demande sans cesse croissante des populations en
protéines animales .
II.2.5– Les autres activités sources d’impacts sur les lieux sacrés.

Il s’agit par ordre de priorité :

II.2.5.1- Du non respect croissant des interdits sur les lieux sacrés,

Ce phénomène est dû, soit à l’exode massif des populations pour la diaspora, avec pour effet
l’aliénation culturelle pendant la migration de retour ; soit à l’introduction de l’économie de marché en
remplacement de l’économie traditionnelle qui était fondée sur des valeurs morales telles que la
solidarité, la prise en compte de la valeur humaine et surtout la protection de l’environnement.
Djomgang (2001) rappelle à ce sujet que certains arbres ont souvent été savamment sélectionnés et
maintenus ou même replantés d'après leurs fonctions, leur importance et leurs attraits pour la
population :
 fonction récréative : le baobab arbre très grand, au fût droit, cylindrique et aux puissants
contreforts servait d’abri et de cadre idéal pour tenir les palabres ;
 fonction de représentation : l’arbre sacré était le symbole de la royauté, le principal indicateur
de la Chefferie bamiléké ;
 Fonction de marquage foncier ; auquel cas il matérialisait la limite entre des parcelles.
Ces fonctions, stratégies de conservation et formes d'utilisation, sont de plus en plus ignorées, et
reculent au gré de l'économie de marché qui modèle un nouvel homme acculturé, cupide, pervers et
très peu respectueux de la nature.

II.2.5.2- Du discours du christianisme et l’influence de la modernité

D’après l’auteur anonyme (Op.cit.), le discours du christianisme et l’influence de la modernité


contribuent à démystifier le monde de l’invisible, fondement même du respect des lieux sacrés.

II.2.5.3- De la voirie et du bruit

Dans la Commune de Bangangté, nous avons recensé pas mal de routes qui divisent les lieux sacrés
(Figure 15), cette situation amplifie l’ambiance sonore (le bruit) qui perturbe la faune en ces lieux
sacrés. Ces griefs témoignent une fois de plus de la baisse de la sensibilité des populations vis-à-vis du
sacré. D’où la nécessité d’une sensibilisation des populations au sujet des stratégies de protection et
de gestion durable de ces lieux sacrés.

72
CONCLUSION

Notre préoccupation au départ était de savoir ce que sont devenus les lieux sacrés en pays Bamiléké en
général et dans la Commune de Bangangté en particulier.
A l’aide d’interviews semi structurées, administrées à 35 personnes ressources, pour la plupart
responsables desdits patrimoines naturels protégés, et des données récoltées sur un échantillon de 40
lieux sacrés de toutes catégories (chutes, grottes, forêts, savanes, etc.) et répartis à travers tous les 7
groupements de la commune, un diagnostic environnemental relève cinq principales activités - sources
d’impacts ou de menaces sur ces lieux sacrés : la sylviculture des eucalyptus, les feux de brousse, la
pression agraire et le non respect des interdits, avec respectivement 32, 18, 16 et 15% de part de
responsabilités dans la dégradation de ces aires sacrées.
Mais, autant la tradition en pays Bamiléké plaide largement pour la gestion durable de son
environnement, autant elle contribue inconsciemment à sa dégradation, à travers son code coutumier
instituant des rites qui exigent une forte consommation des protéines animales et justifie la forte
pression exercée sur la faune.
Aussi grave que soit le malaise, dont la toile de fond est la pauvreté, on peut fort heureusement
envisager quelques mesures d’atténuation : sylviculture écolo économique (l’aiélé ou le prunus
africana) contre la nuisance des eucalyptus ; haies végétales (Chromolaena odorata, Dracaena
deistelliana ou Jatropha curcas) de protection des lieux sacrés contre l’érosion et le feu de brousse ;
renforcement des capacités des paysans dans la gestion des terroirs, l’élevage des porcins et de la
volaille comme alternatives à la pression agraire et la pression sur le gibier respectivement; mais aussi,
promotion autour de ces lieux sacrés des services additionnels tels que l’éco tourisme et la production
de l’hydro électricité à partir de micro centrales.
Certes, ces mesures, pour le moins qu’on puisse les intégrer dans un projet à plusieurs composantes,
(le cas du Projet « PRELIS » joint en annexe), nécessitent avant d’être mises en oeuvre, l’éclairage
d’experts de différents domaines afin d’en réduire les impacts à terme ; mais il est évident qu’elles
doivent pouvoir réduire la pauvreté des populations et favoriser une meilleure conservation de ces
lieux sacrés
Bien plus, en dehors de cet éclairage attendu des experts sur les choix spécifiques à faire à différents
niveaux de la mise en œuvre du projet, il y a la part active que doivent prendre les populations
bénéficiaires, avant, pendant tout comme après sa mise en œuvre; il y a aussi le rôle de facilitation ou

73
d’accompagnement que doit jouer la société civile (l’OPED, le commanditaire de l’étude en
particulier), il y a enfin l’impulsion décisive des bailleurs de fonds sans laquelle le rêve ne saurait se
réaliser.
Telles sont les prix à payer à différents niveaux de l’échelle sociale pour préserver, pour la génération
actuelle et la postérité, les services environnementaux que nous procure l’existence des lieux sacrés en
pays Bamiléké en général et dans la Commune de Bangangté en particulier. C’est un challenge qui
nous interpelle en tant qu’une contribution non négligeable en vue de l’atteinte de l’Objectif 7 du
Millénaire d’après lequel il faudrait « intégrer les principes de développement durable dans les
politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources
environnementales… ».

74
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

I – OUVRAGES, ARTICLES ET RAPPORTS

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 La Loi n° 2004 / 018 du 22 juillet 2004 transférant aux communes des compétences dans le
domaine de l'environnement et la gestion des ressources naturelles ;
 La Loi n°96 / 12 du 05 août 1996 portant Loi -Cadre sur la gestion de l’environnement au
Cameroun,
 La Loi N° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, la faune et la pêche ;
 La Loi n° 98/005 du 14 avril 1998 fixant le régime de l’eau;
 La Loi du 16 Avril 2001 fixant le régime des mines ;
 La Loi n° 98/015 du 14 Juillet 1998 fixant le régime des établissements dangereux, insalubres
ou incommodes ;
 Décret N° 95 / 53 du 23 août 1995 fixant les modalités d’application du régime des forêts,
 Décret n°2001 / 161 / PM du 08 mai 2001 fixant les modalités d’application du régime de
l’eau ;

79
ANNEXES

I - FICHE D’EVALUATION DES IMPACTS SUR LES LIEUX SACRES


(Commune de Bangangté)
(Tableau V:Fiche d’évaluation des impacts sur les lieux sacrés)

Action source d’impact :


Composante de l’environnement affecté : Localisation du Lieu sacré

Description qualitative ou quantitative de l’impact :

GRANDEUR Longue ………… Moyenne…………… Courte…………………


Durée :
Intensité : Forte ………… Moyenne…………… Faible…………………
Etendue : Régionale ………… Locale…………… Ponctuelle…………………
Majeure………… Moyenne…… ……… Mineure…………………
IMPORTANCE
Justification

Forte ………… Moyenne…………… Faible……………


SIGNIFICATION
Justification
)

Mesures à joindre au PGES

Impact résiduel Majeur ………… Moyen………… Mineur…………………


Justification

Commentaire

80
II - LISTE ET COORDONNEES DES SITES VISITES (ANNEXE II)
TABLEAU VI : Liste et coordonnées GPS des lieux sacrés visités
N° Dénominations Catégories Coordonnées GPS Responsables Groupements Potentialités
Latitudes (N) Longitudes Altitudes Ou offertes
(Eo) (m) guides
01 Bois Sacré Chefferie Forêt/Bois sacré 05,14276° 10,54292° 1322 Sa Majesté Chef Bangangté Conservation et
Supérieure Bangangté Supérieur écotourisme
02 Chefferie 3ème dégré 05,11842° 10,51521° 1339 Sa Majesté Nfeun Ntang- Fatgo Conservation et
03 Nfeun Ntang-Mba Forêts / Bois sacrés 05,12070° 10,51443° 1293 Mba (Bangangté) écotourisme
04 (de Fatgo) 05,12109° 10,51472° 1296 (de Fatgo)
05 Mbeua Ngoum Grotte / / / Sa Majesté Nfeu Leun Mandja /Bgté Conservation et
écotourisme
06 Diang-Kat-Ntse Cours d’au / Forêt / / / Sa Majesté Nfeu Leun Mandja /Bgté Conservation et
sacrée écotourisme
07 Boun Kap Forêt sacrée / / / / / Conservation et
écotourisme
08 Boiserie Nyat Njifendji Bois / forêt 05,15415° 10,52577° 1361 Patriarche Nyat Njifendji Bangangté Conservation
09 Boiserie Collège Bois / forêt 05,14747° 10,51487° 1348 Eglise Protestante du Bangangté Conservation
Thomas Noutong Cameroun
10 Forêt/Bois sacré Conservation
11 Mbeua-Beuh Stèles sacrées 05,09636° 10,52360°
(Ancienne Chefferie écotourisme
Supérieure /
Famtchouet)
12 Mbouondjun Forêt/Bois sacré 05,09578° 10,52219° Sa Majesté Chef Conservation et
(Ancienne Chefferie Supérieur Bangoulap écotourisme
Supérieure
Famtchouet)
13 Nkouh-fi (Nzui-Ndjong) Cours d’eau sacré / / / Bangoulap /
14 Chefferie supérieure Lieu sacré 05,11392° 10,53809° 1306 Conservation et
Madoum écotourisme
15 Baba1 Forêt / Cours d’eau / 05,10579° 10,51470° 1342 Patriarche Ndjamba-nia Hydro-électricité et
chute sacré écotourisme
16 Espace ouvert / 05,08699° 10,51301° 1457 Grands dignitaires Conservation,
17 Ntagni source sacrée 05,08682° 10,51358° 1451 fondateurs du groupement pèlerinage et
18 05,08631° 10,51353° 1457 Bangoulap écotourisme
19 Ntchong-Mbeue Forêt/ lieu sacré / / / Sa Majesté Chef Conservation
Supérieur Bangoulap
20 Makamgnia Forêt/Bois sacré / / / Patriarche Ndjambeu Conservation et
Wandja du écotourisme
Village Mekong
21 Saah-Bebong Forêt/ lieu sacré / / / Majesté chef de 3ème Conservation et
degré village écotourisme
Banzuindjong
22 Mbeua Nfeun Ntahi Forêt sacrée 05,08936° 10,53809° 1456 Sa Majesté Conservation et
Nfeun Ntahi écotourisme
23 Mbeua Ndjambeu Forêt sacrée 05,09554° 10,51492° 1404 Patriarche Ndjambeu Conservation et
Tanga Tanga écotourisme
24 Lô Tok-Nsi Source souterraine / / / Majesté Nfeun Ntankou, Conservation et
sacrée chef de 3ème degré village écotourisme
Noufam
25 Bois des Dumas Réserve forestière 05,08149° 10,52981° 1475 Famille Dumas Conservation
26 Forêt sacrée 05,11171° 10,49085° 1416 Sa Majesté le Chef Conservation et
Mbeua Mveuh Supérieur Bahouok écotourisme
27 Forêt sacrée 05,11149° 10,49177° 1414 Conservation et
écotourisme
28 Forêt sacrée 05,11156° 10,49255° 1412 Conservation et
écotourisme
29 Ncha-Nkwaa Forêt sacrée 05,12532° 10,48881° 1403 Sa Majesté Nfeun Ntang- Bahouok Conservation et
Mbang, Chef 3ème degré écotourisme
30 Mbeua Nfeun Ntang- Forêt sacrée 05,12979° 10,49754° 1324 village Nsiffeue / Conservation et
Mbang (Nsiffeue) Noumkouh écotourisme
31 Ketsutse Chute /3Forêtsacrée / / / Sa Majesté le Chef Hydro-électricité et
Supérieur Bahouok écotourisme
32 Mbeua Mveuh 1 co faciès / stèles 05,24799° 10,51659° 1427
Sacrées Sa Majesté le Chef
33 Mbeua Mveuh 2 Forêt sacrée 05,24827° 10,51547° 1426 Supérieur Bangang- Bangang- Conservation et
34 Mbeua Mveuh 3 Forêt sacrée 05,24735° 10,51564° 1429 Fokam Fokam écotourisme
35 Mbeua Mveuh 4 Forêt sacrée 05,24765° 10,51585° 1432
36 Mbeua Mbeue 5 Forêt sacrée / / /
37 Looh Chiffeue Grotte sacrée 05,25004° 10,52031° 1425 Hydro-électricité et
écotourisme
38 Chiakoo Forêt / Chute sacrée 05,24901° 10,50625° 1406 Hydro-électricité et
écotourisme
39 Kockock Forêt / Chute sacrée 05,24666° 10,51129° 1417
40 Ndieutah Réserve forestière / / / Etat / Communauté Conservation
villageoise
82
41 Mbeua Mveuh 1 Forêt sacrée 05,20627° 10,48048° 1360 Sa Majesté le Chef Bangoua Conservation et
42 Mbeua Mveuh 2 Forêt sacrée 05,20617° 10,48006° 1360 Supérieur Bangoua écotourisme
43 Tombié Grotte / / / / Bamena Conservation et
écotourisme
44
45 Batchingou

83
III - LISTE DES PERSONNES APPROCHEES OU INTERVIEWEES (ANNEXE III , TABLEAU VII: liste des personnes interviewées)

N NOMS OU TITRES Age FONCTIONS VILLAGES / RESIDENCES


° s GROUPEMENTS
D’ORIGINE
01 Sa Majesté Yonkeu Jean 45 Chef Supérieur Bangoulap Bangoulap Bangoulap
02 Ndjambeu Mbakop , né Petbia Moïse 45 Notable Bangoulap
03 Mbeu Mbabou Samuel 78 Notable Fenga / Bangoulap Bangoulap
04 Nsoub Mbeuntcha, né Noukui Berlain 45 Notable Bangoulap
05 Mbeu Tinzoua 55 Notable et prêtre officiant des rites dans les Bangoulap
lieux sacrés
06 Ndjasoub Mbabou Elie 68 Notable Bouh-Chut / Bangoulap Douala
07 M Ngantcha Jacob 75 Patriarche Fenga / Bangoulap Douala
08 M. Ngako Simplice 35 Paysan / vigneron Kopnda / Bangoulap Bangoulap
09 Epse Mbeu Mbabou 65 Cultivatrice Fenga / Bangoulap Bangoulap
10 Sa Majesté le Chef Supérieur Bangang-Fokam 75 Chef Supérieur Bangang-Fokam
12 Sah-Feugang, né Kwamo Samuel 75 Grand Notable
13 Feukwang, né Ngouopo Jean 73 Grand Notable
14 Soup-Sekam, né Tounkab Jean 75 Grand Notable Bangang-Fokam Bangang-Fokam
15 Feukwang, né Njiejip Marcous 78 Grand Notable
16 Nekam Thérèse 77 cultivatrice
17 Sa Majesté Kemajou 57 Chef Supérieur Bahouok
17 Sa Majesté Nfeun Ntang-Mbang 78 Chef 3ème degré Nsiffeuh / Noumkouh
18 Reine Nfeun Ntang-Mbang 55 Cultivatrice Noumkouh / Bahouok
19 Tichou 40 Notable Bahouok
20 Annonyme 60 Scieur de Bois
21 Sa Majesté Njimoluh Seidou 65 Chef Supérieur Bangangté Bangangté Bangangté
22 Menkam 75 Secrétaire Permanent Chefferie Supérieure Bangangté
Bangangté
23 Menkam Ndjatchoutchoua 75 Grand notable Babou / Bangangté Bangangté
24 M. Yimga Dagobert 52 Prince Bangangté Mandja / Bangangté Douala
25 M. Tognia Dorigobert 70 Chasseur Bazuindjong Bangaoulap
26 S. E. M. Mabally N. Abenégo / Sous-Préfet de Bangangté / Bangangté
27 M. Joumessi Paul / Délégué Dépt. MINEP Ndé / Bangangté
28 / / Délégué Dépt. MINADER Ndé / Bangangté
84
29 M. Youmbi Antoine Marie / Délégué Dépt. MINFOF Ndé / Bangangté
30 / / Délégué Dépt. MINEPAT Ndé / Bangangté
31 M. Tchatchoua / 4ème Adjoint au Maire de Bangangté / Bangangté
32 / / Secrétaire Général Mairie Bangangté / Bangangté
33 / / Chef service municipal d’Hygiène, Salubrité & / Bangangté
Environnement
34 / / Secrétaire ONG APADER / Bangangté
35 M. Nde Jean Daniel / Cadre de développement au CIPCRE / Bafoussam

85
IV- TRAMES D’INTERVIEWS SEMI STRUCTUREES (ANNEXES 4)

IV.1 - QUESTIONNAIRE ADRESSE AU AUTORITES ET DIGNITAIRES TRADITIONNELS

A- PREAMBULE
Bonjour ;
Dans le cadre du stage académique marquant la fin de notre formation au CRESA FORET BOIS de
Yaoundé comme expert en étude d’impacts environnementaux, nous avons choisi de nous intéresser
aux inter actions entre la tradition (ou les us et coutumes) et la conservation des

écosystèmes montagnards chez les Bamileke en général et dans la Commune de


Bangangté en particulier. A ce titre, nous souhaiterions tirer profit de vos connaissances sur le sujet
et vous rassurons que vos réponses sont confidentielles.
B– CARACTERISTIQUES DU REPONDANT (OU DE L’ENQUETE)
1-NOM…………………………………………………………..VILLAGE/GPMT…………………..
2-TITRE OU ATTRIBUT :……………………………………………………………………………
3-SEXE (9) Masculin Féminin
4- TRANCHE D’AGE (1) Moins de 20 ans Entre 20 – 59 ans 60 ans et +
5- NIVEAU D’ETUDE (1) : Primaire Secondaire Universitaire
6- Depuis quand vivez-vous dans ce village/ groupement ?
- de 20 ans Entre 20 et 40 ans 40ans et +

C- EVALUATION DES MECANISMES DE CONSERVATION ET DE LA PRESSION SUR


LA FLORE
1- Connaissez-vous dans le village / groupement des sites à haute valeur de conservation (lieux sacrés) ?
OUI NON
2- Si oui, veuillez compléter le tableau ci joint.
3- Qui a institué ces lieux sacrés ?....................................................................................................................
Pourquoi ?.......................................................................................................................... ……………………
…………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………..
4 Qui peut accéder à ces lieux sacrés ?
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………..
5-Quels sont les activités interdites en ces lieux sacrés ?
…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
6- Quels risques encourt quiconque violerait ces interdits ?........................................................................
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
7- Existe –t-il des espèces végétales protégées par des interdits quelconques au village ? (1)
Oui Non
Si oui, citez-les en précisant pour chacune l’objet (ou la raison) de l’interdiction :
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
………………………………
8-Respecte – t-on encore les interdits qui protègent de l’exploitation ces espèces végétales ? (1)
Oui Non
8.1-Sinon ,Citez –en des exemples :
…………………………………………………………….........................................................................
.....................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................
........................
8..2- Quels sont les principales raisons de la violation de ces
interdits ?..................................................................
..............................................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................................
..............................................................................................................................................................................
.................
9- Les forêts sacrées ont –elles subi des modifications au fil du temps ? (1)
Oui Non
9.1- Si oui, lesquelles ?………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
9.2- Quelles sont les facteurs de ce changement ?...................................................................
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………

87
.....................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................
............
9.3- Quelles sont selon vous les séquelles de ces violations sur l’environnement ou la société?
………………….…………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………

9.4- Quelles mesures préconiseriez-vous pour palier à ces désagréments?


………………….………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………
C-EVALUATION DES MECANISMES DE CONSERVATION ET DE LA PRESSION SUR LA
FAUNE
1-Existe –t- il des animaux sacrées ou protégés dans votre village ? (1) Oui Non
1.1-Si oui Citez-les (par catégories s’il en existe):
………..…………………………………………………………………………………………………
….………………………………………………………………………………………............................
.....................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................
...............................................................................................................
1.2-Qui a institué cette
protection?...................................................................................................................
1.3- Qui est habileté à les
consommer ?...........................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
………..
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………
1.4- Pourquoi cette exclusivité? (1)
Souci de préserver l’espèce Egoïme du groupe social dominant
Méfaits sur la santé des non initiés Cause inconnue
2-Quels sont les autres us et coutumes qui favorisent de la conservation des ressources fauniques ?
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………

88
……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………
3. Les interdits sur certains animaux dits sacrés continuent-ils à être respectés des populations ?
Oui Non
3.1.Sinon, pour quelles raisons ?
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
3.2.- Quelles sont selon vous les séquelles de ces violations sur l’environnement ou la société?
………………….………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………
……………………………

NOUS VOUS REMERCIONS POUR VOTRE DISPONIBILILE


ET VOTRE FRANCHE COLLABORATION

89
TRAME D’INTERVIEW SEMI STRUCTUREE ADRESSEE AUX AUTORITES
ADMINISTRATIVES IMPLIQUEES OU NON DANS LA GESTION DES LIEUX SACRES

A- PREAMBULE
Bonjour ;
Dans le cadre du stage académique marquant la fin de notre formation au CRESA FORET BOIS de
Yaoundé comme expert en étude d’impacts environnementaux, nous avons choisi de nous intéresser
aux inter actions entre la tradition (ou les us et coutumes) et la conservation des

écosystèmes montagnards chez les Bamileke en général et dans la Commune de


Bangangté en particulier. A ce titre, nous souhaiterions tirer profit de vos connaissances sur le sujet
et vous rassurons que vos réponses sont confidentielles.

A– CARACTERISTIQUES DU REPONDANT (OU DE L’ENQUETE)

1-Mme / M……………………………………………………………………………………………………

2- Qualification :………………………………………………………………………………. ………….

3- Qualité/ Fonction :……………………………………………………………………………………….

4- Depuis quand êtes-vous en poste dans la Commune de Bangangté ?


- de 2ans Entre 2 et 5 ans 5ans et +

B- CONNAISSANCE DES LIEUX SACRES : ETAT DES LIEUX.

1- Connaissez-vous dans la Commune de Bangangté des lieux sacrés?


OUI NON
2- Si oui, complétez le tableau ci- contre.
3- Quelles sont les compétences de votre administration en matière de gestion de ces lieux sacrés (1)?
.......................................................................................................................... ………………………………...
……………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………….........................
.......................................................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………
..…………………………………………………………………………………………………………………

NOUS VOUS REMERCIONS POUR VOTRE DISPONIBILILE


ET VOTRE FRANCHE COLLABORATION

(1) Adjoindre si possible une copie de l’Arrêté ou de la circulaire qui les précise

90
Complétez le tableau ci –après au sujet des lieux sacrés:

N° Dénomination et Types Super- Usages Accessibles à Problèmes inhérents à Solutions endogènes


localisation des lieux sacrés ficies … la conservation (3) envisagées
(ha)
01

02

03

04

05

06

07

08

09

10
V - CONCEPT NOTE DU PROJET « PRELIS » AUTOUR DES LIEUX
SACRES DE LA COMMUNE DE BANGANGTE (ANNEXE 5)

A – INFORMATIONS GENERALES

A.1- Intitule du projet

Projet « PRELIS » : Projet de Restauration et de Revalorisation des Lieux Sacrés (dans la Commune de
Bangangté).

A.2- Le promoteur du projet :


Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OPED)
Personne ressources à contacter : Jonas KEMAJOU SYAPZE, Directeur de l’OPED B.P. 12 675
Yaoundé – Cameroun;
Tel: +237 7760 23 83 / +237 2200 35 06; e-mail: oped_cam@yahoo.fr

A.3- Contexte, justification et problématique du projet

D’après le Principe 3 de la Déclaration de Rio de Janeiro de 1992, « le droit au développement doit


être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à
l’environnement des générations présentes et futures ».Or le Cameroun, qui possède le taux de
déboisement annuel le plus élevé parmi tous les pays du bassin du Congo (Contrat Cadre AMS / 451),
souffre en plus d’un chômage chronique (14,4% des actifs), et d’une pauvreté ambiante affectant
40,2% de la population totale ; le milieu rural étant le plus touché. Pour y faire face, le Gouvernement
camerounais s'inspirant des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) a élaboré le Document
de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP) à travers lequel il entend mener une double action : la
gestion durable des ressources naturelles, la lutte contre le chômage, la pauvreté et l’exode rural. Mais si
l’institution chez les Bamileke en général et dans la Commune de Bangangté en particulier des
écosystèmes dits sacrés adhère parfaitement à la politique de l’Etat camerounais en matière de création
des aires protégées, il reste le chômage, la pauvreté et l’exode massif des jeunes vers les centres urbains
comme défi majeur à relever dans la Commune de Bangangté. Le Projet « PRELIS » s’inscrit donc dans
le souci de concilier la politique de conservation et de gestion durable de la biodiversité et celle de la lutte
contre le chômage, la pauvreté et l’exode rural dans cette collectivité territoriale décentralisée.

A.4- Classification du projet

Le projet « PRELIS » traite spécifiquement des actions suivantes :


 Mise en œuvre d’une approche de gestion intégrée des lieux sacrés qui concilie la nécessité de la
conservation et la dynamique évolutionnaire de la société Bamileke;
 La lutte contre le chômage, la pauvreté et l’exode rural et le déficit énergétique des populations
autour des lieux sacrés de la Commune de Bangangté;

A.5- Etat de préparation du projet

En 2006, l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OPED) est choisie par le
Programme National de Développement Participatif (PNDP) pour accompagner 4 3 communautés
villageoises du Sud et de l’Ouest Cameroun dans la gestion durable des plantes médicinales (financement
World Bank et Japan Social Development Fund). Cette intervention permit à l’OPED de constater à
juste titre comment il est possible de concilier dans le contexte social Bamiléké la conservation de la
biodiversité et la lutte contre le chômage, la pauvreté et l’exode rural par le renforcement des capacités
paysannes dans la gestion durable du terroir, l’élevage intensif de la volaille et des porcins, l’exploitation à

92
des fins éco touristiques et hydro électriques de certains de ces lieux sacrés.
En 2008, pour avoir une bonne lisibilité sur cette question, l’OPED oriente le sujet de stage de fin de
formation en étude d’impacts environnementaux au CRESA FORET BOIS de Yaoundé de l’un de ses
cadres sur la thématique « Tradition et conservation des écosystèmes montagnards en pays
Bamiléké : cas de la Commune de Bangangté » ; lequel aboutit à un résultat favorable. Ainsi, à
l’occasion du Séminaire- atelier international sur le thème « Changements climatiques, technologies et
énergies renouvelables : Crise de l’eau d’énergie et d’alimentation », qui s’est tenu du 10 au 12 mars
2009 à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé et sous l’initiative de l’ADEID, l’OPED a
fait former l’un de ses agents dans le montage et l’installation de micros centrales hydro électriques, en
préparation à la mise en œuvre prochaine du projet « PRELIS ».
Le projet « PRELIS» part donc d’une analyse diagnostic qui a permis d’identifier les axes clés de
l’amélioration de la gestion pérenne de nos lieux sacrés de manière à ce qu’elle puisse concilier la
conservation, la lutte contre le chômage, la pauvreté, l’exode rurale et le déficit énergétique des
populations riveraines qui les entretiennent.

A.6- Bénéficiaires ou public cible

 Les bénéficiaires directs du projet « PRELIS» sont :


 Les jeunes qui vont abandonner la chasse et renoncer à l’exode rural au profit des activités
stables et plus génératrices de revenus telles que l’élevage intensif de la volaille et des porcins, la
fabrication et la vente d’objets d’arc à proposer aux touristes de passage, etc.
 Les officiants des cultes ancestraux (« megni-nsi », patriarches, autorités traditionnelles, etc.) dont
les services environnementaux et éco touristiques seront payés en devises ;
 Les paysans qui vont acquérir du savoir faire en gestion durable du terroir, développer des
activités additionnelles de compensation à la pression sur les lieux sacrés, vendre leurs production aux
visiteurs et accroître sensiblement leurs revenus ;
 Les bénéficiaires indirects du projet sont les visiteurs des lieux sacrés restaurés et réaménagés
de la Commune de Bangangté qui vont s’offrir des services environnementaux et s’approvisionner
directement auprès des producteurs locaux.

A.7- Zone d’intervention du projet

Le projet « PECOLIS» a pour zone cible les sept groupements de la Commune de Bangangté à savoir :
Bangangté, Bangoulap, Bahok, Batchingou, Bangoua, Bangang-Fokam et Bamena. Toutefois il pourrait
s’étendre au reste du pays Bamileke par la suite.

A.8- Objectifs du projet (Voir tableau du cadre logique ci-joint)

A.9- Description sommaire du projet

Le projet « PRELIS » est un projet de restauration et de revalorisation des lieux sacrés dans la Commune
de Bangangté. L’objectif final étant de concilier la conservation de la biodiversité et la lutte contre la
pauvreté, le chômage, l’exode rural et le déficit énergétique des populations qui en ont la charge dans
cette collectivité territoriale décentralisée.

B. FINANCEMENT ET GESTION DU PROJET

B.1- Coût total et état de financement du projet : (A définir ultérieurement après l’évaluation
financière exhaustive des actions à mener

93
Contribution propre du promoteur / facilitateur (En nature et en espèces) : (A définir ultérieurement).
Contribution des populations bénéficiaires (En nature): Fourniture des matériaux locaux de construction,
main d’œuvre ; etc.
Financement recherché auprès du bailleur de fonds: (A définir ultérieurement).

B. 2- Mécanisme de suivi évaluation du projet

En tant que promoteur / facilitateur du projet, l’OPED fournira des rapports d’activités afin d’informer le
bailleur de fonds de l’état d’avancement du projet. Les rapports d’activités auront une périodicité
bimensuelle pour un meilleur suivi de l’exécution du projet. L’approche suivante est envisagée pour les
évaluations du projet:
- Un rapport tous les deux mois décrivant l’état d’avancement du projet.
- Un rapport narratif et financier de fin du projet assorti.
- Une évaluation de fin de projet menée conjointement avec le bailleur de fonds.

B. 3- PERENNISATION ET HYPOTHESES DU PROJET

Tel que conçu, le projet « PRELIS» intègre un certain nombre de dispositions susceptibles de garantir la
pérennité des actions à entreprendre au-delà du cycle de cette initiative. Ces dispositions de
pérennisation englobent :
- La formation des paysans qui est quasi irréversible et constitue un facteur de perpétuation, étant
donné que le savoir faire acquis sera transmis d’une personne à l’autre et de génération en génération.
- Le suivi accompagnement des personnes formées dans leurs activités pendant et même au delà
de la durée du projet.

C- CALENDRIER

C.1. DUREE DU PROJET


Le projet « PRELIS» va s’étaler sur une durée de six mois. La date de démarrage relevant de la
diligence de la direction de l’OPED.

94
C.2. CHRONOGRAMME SUCCINCT
Tableau VIII : Chronogramme succinct du projet « PRELIS »
N Activités à mener PERIODE DE REALISATION
°°° 1er Mois 2ème Mois 3ème Mois 4ème Mois 5ème Mois 6ème Mois
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4

1 Contacts administratifs,
pédagogiques et techniques
2 Tournée de sensibilisation
et préparation des parties
prenantes au démarrage du
projet dans toute les 7
chefferies supérieures
3 Achat du matériel
didactique, Choix et
aménagement du lieu des
formations (ferme école)
4 Elaboration des modules
et des kids de formation
5 Sélection des 100 paysans
à former dans toutes les
chefferies supérieures
6 Formations
6.1- Gestion durable du
terroir
6.1.1- Aspect théorique
6.1.2- cas pratique (maïs et
soja)
6.2 – Elevage
6.2.1- Aspect théorique
6.2.2- cas pratique (volaille
et porcins)
7 Restauration et
aménagement des lieux
sacrés
7.1- choix des sites à
restaurer et aménager
7.2- Délimitation des
espaces à reboiser
7.3- Collecte et repiquage
des plants
7.4 – Collecte du matériel
de décoration des sites pour
l’éco tourisme
7.5- Aménagement dans les
lieux sacrés sélectionnés
des infrastructures éco
touristiques
8 Installation des micros
centrales hydro électriques
8.1- Achat du matériel et
choix des sites
8.2- Etudes d’impacts
environnementaux
sommaires de ces
aménagements
8.3- Aménagement des
barrages réservoirs
8.4- Chantier d’installation
des turbines
8.5- Travaux de
branchement en vue de
l’inauguration
9 Mise en place du Comité et
des cellules de gestion

95
9.1- Appui à l’élaboration du
statut règlement intérieur du
Comité et des cellules de
gestion du projet
9.2- Dépôt du statut
règlement intérieur pour
légalisation
9.3- Retrait du statut
règlement intérieur légalisé
9.4- Diffusion du code
électoral et lancement de la
campagne électorale dans
les cellules
9.5- Elections dans les
cellules
9.6- Diffusion code électoral
et lancement de la
campagne électorale pour
les membres du comité de
gestion
9.7- Elections des membres
du comité de gestion
9.8- Atelier de formation des
élus des cellules et du
comité à la gestion et
maintenance des
infrastructures
9.9- cérémonie d’installation
officielle desdites équipes
dans leurs fonctions,
passage des documents,
des clés et fin du projet

C.3 -Cadre logique du projet « PRELIS »


Tableau IX : cadre logique du projet « PRELI »S

96
Indicators objectivement
Cadre Logique d’intervention Sources de verification Hypotheses
verifiable

- Au moins 10 lieux sacrés sont


Des lieux sacrés sont restaurés et des
restaurés ; volonté de chaque partie prenante de
Objectif actions de lutte contre le chômage, la Rapports techniques des travaux
- De nouvelles sources de revenus tenir ses engagements pendant et même
spécifique pauvreté et l’exode rural dans la d’aménagement
autour des lieux sacrés créées pour au-delà du cycle du projet
Commune de Bangangté menées
les populations

1. 100 paysans répartis dans les 7


groupements de la commune sont 03 modules de formation mis en
Synopsis des modules, Rapports et Volonté des paysans formés de mettre
formés en matière d’activités œuvre sur la gestion durable des
Attestations de formation en pratique la formation reçue
génératrices de revenus et de terres et d’AGR
gestion durable des terres
2. 10 lieux sacrés sont restaurés Des barrières de sécurité anti
Rapports techniques des travaux
érosives et anti feux sont aménagés
d’aménagement
autour de 10 lieux sacrés
3. 02 micro centrales hydro électriques Factures de consommation
Résultats Production à l’échelle locale de Les conditions naturelles ne changent
et 08 infrastructures touristiques d’électricité non fournie par AES-
intermédiaires l’hydro électricité ; infrastructures pas profondément et les populations ont
sont aménagées sur des sites SONEL et tickets d’accès aux sites
touristiques aménagées la volonté de pérenniser ce projet
restaurés touristiques disponibles
4. Mise en place d’un comité central Des responsables de suivi du projet
Statut règlement intérieur et Procès-
de gestion du projet avec une cellule sont élus tant au niveau central (inter Les lois et règlements de la République
verbaux de l’élection des membres de
de suivi dans chaque chefferie chefferies supérieures) que local l’autorisent
ces comités légalisés
supérieure (intra chefferie supérieure)
1.1. mener des contacts administratifs,
Détails administratifs, pédagogiques
pédagogique et techniques Pièces légalisées
et techniques réglés
1.2. Concevoir les modules de
formation :
a) Pour la gestion durable des Des modules de formation sont
terres ; disponibles sur la gestion durable des
Activités b) Pour la fabrication de la terres, la fabrication de la Synopsis des modules de formation Volonté des populations
provende ; provende et l’élevage de la volaille et
c) Pour l’élevage de la volaille et des porcins
des porcins

1.3. Former 100 paysans sur la gestion Les capacités théoriques et pratiques
durable des terres, la fabrication de la de 100 paysans renforcées en gestion Rapports de formation
provende et l’élevage de la volaille et durable des terres, fabrication de la

97
des porcins (théorie et pratique) provende et en élevage de la volaille
et des porcins
2. Aménager une barrière végétale anti 10 lieux sacrés sont sécurisés contre
Les conditions climatiques et
érosive et anti feu de brousse autour de l’érosion et le feu par des barrières Rapport des travaux
pédologiques sont favorables
10 lieux sacrés végétales
3- Installer : Le débit des cours d’eau qui alimentent
a- O2 micros centrales hydro
a) O2 micro centrales hydro lesdits micros centrales ne change pas
électriques sont installées sur des
électriques sur des chutes sacrées (à fortement ;
chutes sacrées ; Rapport des travaux d ‘aménagement
déterminer) ; Les populations adhèrent à promouvoir
08 lieux sacrés sont dotés des
b) Des infrastructures touristiques l’écotourisme autour de leurs lieux
infrastructures touristiques.
dans 08 lieux sacrés (à déterminer) sacrés
4- Mettre en place un comité central de
Un comité central de coordination
coordination du projet ayant une cellule
du projet ayant une cellule de suivi
de suivi au niveau de chaque chefferie
au niveau de chaque chefferie
supérieure:
supérieure est mis en place:
a) Elaborer le Statut règlement
a) Le Statut règlement intérieur de
intérieur de fonctionnement de ces
fonctionnement de ces structures
structures et les légaliser ;
élaboré et légalisé ;
b) Organiser les élections des Procès-verbaux des élections et des
b) Les membres du comité et des
membres du comité et des cellules installations. Volonté et disponibilité des populations
cellules de gestion du projet élus et
de gestion du projet et les installer Rapport de formation
installés dans leurs fonctions;
dans leurs fonctions ;
c) Les membres du comité et des
c) Former les membres du comité et
cellules de gestion du projet
des cellules de gestion du projet
formés dans la maintenance des
dans la maintenance des
infrastructures et l’entretien du
infrastructures et l’entretien du
réseau
réseau

98

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