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Foie et grossesse
Y Bacq
Résumé. – Certaines hépatopathies gravidiques peuvent mettre en jeu le pronostic vital de la mère ou de
l’enfant. L’équipe obstétricale et les hépato-gastro-entérologues doivent connaître leur existence car une
conduite à tenir adaptée diminue le risque de survenue de complications fœtomaternelles. La survenue d’une
hépatopathie doit être facilement évoquée et confirmée rapidement par un dosage des transaminases. La
mise en évidence d’une hypertransaminasémie doit toujours être considérée comme pathologique.
L’hyperemesis gravidarum qui correspond aux vomissements incoercibles de la grossesse peut s’accompagner
de perturbations des tests hépatiques et parfois d’un ictère. La cholestase intrahépatique gravidique se
manifeste le plus souvent par un prurit dans la deuxième partie de la grossesse. L’efficacité de l’acide
ursodésoxycholique a été montrée, en particulier dans les formes sévères. La survenue de la cholestase rend la
grossesse à risque pour le fœtus. Une cholestase peut être liée à une infection bactérienne ou virale
intercurrente. Les principaux symptômes de la stéatose hépatique aiguë gravidique sont des nausées ou des
vomissements, des douleurs abdominales, ou un syndrome polyuropolydipsique au cours du troisième
trimestre. L’interruption de la grossesse en urgence est le principal traitement. Chez les femmes souffrant
d’hypertension artérielle gravidique, la survenue d’un syndrome « haemolysis-elevated liver enzyme-low
platelet count » (HELLP) est un élément de mauvais pronostic qui doit faire envisager l’interruption de la
grossesse. Tous les nouveau-nés dont la mère est porteuse de l’antigène HBs doivent être sérovaccinés dès la
naissance. Dans tous les cas, il faut vérifier la normalisation des tests hépatiques à distance de
l’accouchement.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Avant d’aborder ces différentes hépatopathies, il est utile de rappeler * : diminution ou augmentation par rapport aux valeurs observées chez des femmes non enceintes. ALAT : alanine
aminotransférases ; ASAT : aspartate aminotransférases ; GGT : gammaglutamyl transpeptidases.
quelques modifications physiologiques liées à la grossesse.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bacq Y. Foie et grossesse. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Hépatologie, 7-041-G-15, 2003, 7 p.
7-041-G-15 Foie et grossesse Hépatologie
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Hépatologie Foie et grossesse 7-041-G-15
¶ Physiopathologie
Prurit au cours de la grossesse
La cause exacte de la CIG est inconnue et l’origine de la maladie est
probablement multifactorielle [5]. Les deux principaux facteurs sont
génétiques et hormonaux. Les facteurs génétiques expliquent la
survenue de cas familiaux et l’incidence particulièrement élevée de
la CIG chez les Indiennes Araucanos au Chili. Par ailleurs, Transaminases (ALAT)
récemment, il a été rapporté une mutation du gène MDR3 (multidrug
resistance 3) chez plusieurs membres d’une même famille, atteints
d’une cholestase intrahépatique fibrogène familiale (progressive
familial intrahepatic cholestasis) ou d’une cholestase au cours de la
grossesse [28]. Dans cette famille, la mutation au niveau du gène ALAT < N ALAT > N
MDR3 a été trouvée à l’état homozygote chez une personne atteinte
de cholestase intrahépatique fibrogène familiale et à l’état
hétérozygote chez quatre femmes atteintes de cholestase
intrahépatique au cours de la grossesse. Selon les auteurs, la Dermatose prurigineuse de la grossesse cholestase
présence de cette mutation à l’état hétérozygote pourrait favoriser la
survenue d’une cholestase au cours de la grossesse. Une autre ou
mutation au niveau du gène MDR3 a été mise en évidence chez une cholestase débutante Enquête étiologique
malade atteinte de CIG mais sans histoire familiale de cholestase
intrahépatique fibrogène familiale [15] . Concernant les facteurs
hormonaux, le rôle des estrogènes était bien établi chez les malades • Consultation de dermatologie
atteintes de CIG [44], mais il a également été mis en évidence chez CIG Hépatopathie
ces malades des anomalies du métabolisme de la progestérone [45]. Il • Contrôle ultérieur des transaminases intercurrente
ou chronique
a également été montré qu’un traitement par la progestérone
• Dosage des acides biliaires sériques
naturelle (Utrogestant) prescrit durant la grossesse pour une menace
d’accouchement prématuré pouvait favoriser l’apparition d’une 1 Conduite à tenir devant un prurit au cours de la grossesse.
En cas de prurit lié à une dermatose, l’activité sérique de l’alanine aminotransférase
CIG [6, 9].
(ALAT) et la concentration sérique des acides biliaires (mesurée à jeun) restent dans les
Les variations de la fréquence de la CIG au cours des saisons et des limites des valeurs normales établies en dehors de la grossesse et il existe des lésions cu-
années, observées dans les pays scandinaves et au Chili, suggèrent tanées spécifiques. Une consultation spécialisée de dermatologie est nécessaire. En cas
l’existence de facteurs exogènes. Ces facteurs exogènes pourraient de prurit lié à une cholestase, le plus souvent l’activité sérique de l’ALAT et/ou la
modifier l’expression clinique de la maladie chez des femmes concentration sérique des acides biliaires sont augmentées et il n’y a pas de lésion cu-
génétiquement prédisposées. Ainsi, il a été suggéré qu’un déficit tanée hormis les lésions de grattage. Ces deux tests peuvent être dans les limites de la
normale, en cas de prurit, à la phase initiale d’une cholestase intrahépatique gravidi-
d’apport en sélénium pourrait être un cofacteur de la CIG [42].
que (CIG). Il est donc utile de les contrôler au bout de 1 semaine. La mesure de la
¶ Diagnostic différentiel concentration sérique des acides biliaires n’est pas un test hépatique de routine et n’est
pas inscrite à la nomenclature des actes de biologie médicale. Ce test n’est donc pas rem-
Le diagnostic différentiel avec une hépatopathie cholestatique boursable. Pour aider au diagnostic, ce test peut être utilisé en deuxième intention, en
intercurrente est relativement facile. En l’absence d’ictère ou de particulier lorqu’il existe un prurit sans dermatose et que l’activité sérique de l’ALAT
fièvre, la cholestase est rarement liée à une pathologie lithiasique. est normale.
En effet, bien que la lithiase biliaire soit plus fréquente au cours de
la grossesse, elle se complique rarement. Une échographie du foie et ¶ Évolution
des voies biliaires doit être effectuée au moindre doute, en
particulier en cas de fièvre, de douleurs, ou d’ictère. Une cholestase La cholestase récidive fréquemment lors d’une grossesse ultérieure,
peut être uniquement liée à une infection urinaire et une véritable et plus rarement lors d’une contraception orale. En pratique, la CIG
CIG peut être aggravée par une infection urinaire. Une infection ne contre-indique pas une contraception orale progestative pure ou
urinaire doit donc être systématiquement dépistée et traitée. Une faiblement dosée en estrogènes, par exemple 20 ou 30 µg
primo-infection à cytomégalovirus (CMV) durant la grossesse peut d’éthinylestradiol. Il est préférable d’attendre la normalisation des
simuler une CIG, c’est-à-dire se manifester par un prurit et des tests hépatiques avant de débuter la contraception. Il faut prévenir
anomalies des tests hépatiques. Le diagnostic repose habituellement la patiente du risque de récidive et contrôler les tests hépatiques
sur la séroconversion anti-CMV. Cette séroconversion est plus facile après 3 à 6 mois de contraception.
à mettre en évidence si on dispose d’un sérum de référence prélevé
en début de grossesse (par exemple pour une sérologie de la ¶ Traitement
toxoplasmose) et conservé en sérothèque. Compte tenu du risque Le but du traitement médical de la CIG est d’améliorer la tolérance
fœtal lié au CMV, il nous paraît utile de demander du prurit et de diminuer la cholestase. La prise de 25 à 50 mg
systématiquement une sérologie anti-CMV chez les patientes d’hydroxyzine (Ataraxt) le soir améliore la tolérance du prurit. La
souffrant de CIG, en particulier s’il s’agit du premier épisode de cholestyramine, à la dose de 8 à 16 g/j, diminue l’absorption iléale
CIG. des sels biliaires et accroît leur excrétion fécale. Le traitement doit
Après l’accouchement, il est bien de vérifier la normalisation des être débuté à doses progressives et les prises réparties dans la
tests hépatiques. La persistance d’anomalies biologiques hépatiques journée. L’action sur le prurit et la cholestase est inconstante. Chez
3 mois après l’accouchement doit faire rechercher une hépatopathie les patientes ictériques ou traitées par la cholestyramine, il est utile
chronique. de prévenir la carence en vitamine K, par exemple par une injection
Au cours de la grossesse, le prurit a une bonne sensibilité pour faire intramusculaire de 10 mg de vitamine K une fois par semaine.
le diagnostic de cholestase mais n’est pas spécifique. Lorsqu’il existe L’acide ursodésoxycholique va probablement devenir le traitement
un prurit et que l’activité sérique de l’ALAT et la concentration de référence de la CIG. En effet, plusieurs études ont montré que ce
sérique des acides biliaires sont normales, l’avis d’un dermatologue médicament était efficace chez les patientes atteintes de CIG, en
est nécessaire (fig 1). En effet, certaines dermatoses prurigineuses de particulier dans les formes sévères [36, 38, 48]. Dans ces études cliniques,
la grossesse nécessitent un traitement spécifique [17]. En l’absence de il n’a pas été mis en évidence de toxicité de l’acide
dermatose, il faut poursuivre la surveillance des tests hépatiques, ursodésoxycholique pour l’enfant. En France, selon l’autorisation de
par exemple une fois par semaine, car au cours de la CIG, les mise sur le marché, l’acide ursodésoxycholique peut être prescrit
anomalies des tests hépatiques peuvent apparaître plusieurs durant la grossesse dans des indications précises et validées. Compte
semaines après le prurit [29]. tenu des données de la littérature, la CIG représente donc une
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Hépatologie Foie et grossesse 7-041-G-15
être rapidement envisagée. De manière générale, si la patiente est en hypertransaminasémie importante et éventuellement un ictère [32, 37].
travail et qu’il n’y a pas de signes de souffrance fœtale, L’ictère disparaît après la correction des troubles
l’accouchement peut être tenté par voie basse en surveillant hydroélectrolytiques et l’arrêt des vomissements. Il peut récidiver
soigneusement la mère et l’enfant. Lorsque la patiente n’est pas en lors d’une grossesse ultérieure avec hyperemesis gravidarum [32]. Des
travail, et que la maladie est peu sévère, c’est-à-dire sans trouble de cas d’encéphalopathie de Gayet-Wernicke secondaires à une carence
la coagulation, un déclenchement peut être tenté. En revanche, en vitamine B1 ont été observés. Le traitement de l’hyperemesis
lorsque la maladie est sévère, en particulier en cas de mort in utero, gravidarum comporte habituellement l’isolement, la correction des
et que la patiente n’est pas en travail, une césarienne en urgence est désordres hydroélectrolytiques, la nutrition parentérale comportant
habituellement indiquée. un apport de vitamine B 1 et éventuellement un traitement
Dans les formes sévères, les complications infectieuses et antiémétique par voie intraveineuse [ 4 6 ] . L’efficacité de la
hémorragiques qui sont actuellement la principale cause de méthylprednisolone a été montrée dans une étude [52].
mortalité doivent être prévenues. Les patientes ayant une
insuffisance hépatocellulaire sévère doivent être surveillées dans un
GROSSESSE INTRAHÉPATIQUE
service de soins intensifs avant et après l’accouchement. La glycémie
doit être surveillée et l’hypoglycémie traitée par une perfusion L’implantation extra-utérine d’une grossesse au niveau du foie est
continue de sérum glucosé. En cas de thrombopénie sévère, une exceptionnelle. Le diagnostic est fait grâce à l’échographie ou
transfusion de plaquettes peut être nécessaire avant l’accouchement. l’examen tomodensitométrique [22]. L’interruption de la grossesse par
laparotomie est recommandée en raison du risque de rupture.
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effectué chez une femme enceinte ayant des anomalies des tests deuxième injection vaccinale. Les injections ultérieures de vaccin
hépatiques. doivent être faites selon le schéma vaccinal recommandé, par
exemple au sixième mois dans le protocole à trois injections (0-1-
¶ Hépatopathies médicamenteuses 6 mois) ou au 12e mois dans le protocole à quatre injections (0-1-2-
12 mois) qui était classiquement utilisé pour ces nouveau-nés à haut
Bien que la fréquence des hépatopathies médicamenteuses soit risque. Lorsque le nouveau-né est correctement sérovacciné,
probablement faible au cours de la grossesse, il est indispensable de l’allaitement n’est pas contre-indiqué. Un contrôle de la sérologie
rechercher la prise de tous les médicaments et d’évaluer leur virale B peut être effectué chez l’enfant après l’âge de 1 an.
imputabilité dans la survenue de l’hépatopathie. De nombreux
médicaments sont potentiellement hépatotoxiques, par exemple la Le nouveau-né d’une mère infectée par le virus de l’hépatite delta
méthyldopa utilisée dans le traitement de l’hypertension artérielle doit recevoir la même protection sérovaccinale que pour le VHB.
gravidique [39] ou certaines phénothiazines parfois prescrites pour En cas de positivité de l’antigène HBs dans le sérum maternel, il
des vomissements [33]. faut rechercher les marqueurs du VHB (antigène HBs, anticorps anti-
HBs, anticorps anti-HBc) dans l’entourage, en particulier chez les
¶ Syndrome de Budd-Chiari partenaires sexuels et les enfants. Toutes les personnes qui ne sont
pas correctement immunisées doivent être rapidement vaccinées.
Des cas de syndrome de Budd-Chiari ont été observés durant le Les porteurs chroniques dépistés doivent être pris en charge. Le
post-partum [30] . La thrombose des veines sus-hépatiques se
statut de la mère par rapport au VHB doit être défini (hépatite aiguë,
manifeste par des douleurs abdominales, une ascite et une
hépatite chronique, ou portage asymptomatique de l’antigène HBs).
hépatomégalie. Le diagnostic repose sur l’échographie avec examen
Ceci nécessite que la mère soit examinée en consultation
doppler, et éventuellement la tomodensitométrie ou l’imagerie par
d’hépatologie. L’indication d’un traitement antiviral est discutée
résonance magnétique. Il faut rechercher systématiquement les
après l’accouchement.
autres causes de syndrome de Budd-Chiari, en particulier les
troubles de l’hémostase.
Hépatite chronique virale C
¶ Hépatopathies chroniques Le dépistage de l’infection par le VHC n’est pas systématique au
cours de la grossesse. Un test sérologique de dépistage peut être
Les jeunes femmes atteintes d’hépatites chroniques ont le plus proposé, comme en dehors de la grossesse, en cas de facteur de
souvent un désir de grossesse et sont parfois inquiètes du fait de
risque reconnu. La séropositivité anti-VHC est parfois mise en
leur méconnaissance sur le risque de la grossesse. En fait, la plupart
évidence par le lactarium. La CIG serait plus fréquente chez les
des femmes atteintes d’hépatopathies chroniques peu sévères, en
femmes infectées par le VHC [34]. Une sérologie anti-VHC doit donc
particulier virales, peuvent habituellement mener une grossesse à
être effectuée chez les femmes atteintes de CIG et de manière
terme sans risque particulier. En revanche, la survenue d’une
grossesse est rare chez les patientes atteintes d’une cirrhose sévère générale en cas d’hypertransaminasémie. En cas d’hépatite
en raison de la diminution de la fertilité. chronique virale C, l’activité sérique des aminotransférases diminue
et souvent se normalise durant la grossesse. Cependant, l’acide
Lorsque l’hépatopathie est connue avant la grossesse, une ribonucléique (ARN) du virus de l’hépatite C reste détectable dans
surveillance de l’hépatopathie doit être instituée, ce qui nécessite le sérum [12, 20]. Après l’accouchement, il est fréquent d’observer un
une collaboration entre l’équipe obstétricale et un hépatologue.
phénomène de rebond sur l’activité sérique de l’ALAT. Dans une
Certains traitements médicamenteux ne doivent pas être
étude récente, il a été suggéré que la grossesse aggravait les lésions
interrompus durant la grossesse en raison du risque de rechute lié à
histologiques liées au VHC [18]. Cependant, à long terme, la grossesse
l’arrêt du traitement. C’est le cas par exemple d’un traitement
ne semble pas avoir d’effets néfastes sur l’histoire naturelle de
immunosuppresseur prescrit pour une hépatite chronique auto-
immune [24] ou de la D-pénicillamine utilisée comme chélateur du l’infection à VHC [14]. Par ailleurs, ces jeunes femmes peuvent
cuivre dans la maladie de Wilson [56]. Il faut se méfier en particulier bénéficier d’un traitement antiviral après la grossesse. De manière
de la rechute ou d’une exacerbation d’une hépatite auto-immune générale, la grossesse n’est donc pas déconseillée chez les jeunes
durant les mois qui suivent l’accouchement [ 2 4 ] . D’autres femmes atteintes d’hépatite chronique virale C. Il faut informer la
médicaments comme par exemple la ribavirine sont formellement mère sur le risque de transmission mère-enfant. Dans les études
contre-indiqués durant la grossesse. Dans le cas de la ribavirine, il récentes, chez des mères séronégatives pour le virus de
faut clairement informer la malade sur la nécessité d’une l’immunodéficience humaine (VIH), ce risque de transmission du
contraception efficace pendant toute la durée du traitement et VHC variait de 0 à 10 % [12, 21]. Ce risque paraît plus élevé chez les
pendant les 4 mois qui suivent l’arrêt du traitement. mères co-infectées par le VIH. Il n’y a pas de risque de transmission
L’hépatopathie chronique est parfois découverte de manière fortuite lorsque l’ARN du VHC recherché par polymerase chain reaction (PCR)
au cours de la grossesse. C’est surtout le cas des hépatites virales est absent du sérum. Le rôle de l’allaitement dans la transmission
chroniques. mère-enfant du VHC n’a pas été démontré et actuellement,
l’allaitement n’est pas contre-indiqué [16]. L’infection par le VHC peut
Hépatite chronique virale B être mise en évidence chez l’enfant par la recherche de l’ARN du
VHC par PCR à l’âge de 3 mois, ou par la persistance d’une
En France, le dépistage de l’antigène HBs est obligatoire au sixième sérologie positive après l’âge de 18 mois. En pratique, actuellement
mois de grossesse. Cette recherche doit être effectuée chez toutes les nous proposons habituellement à la mère d’attendre l’âge de 18 mois
femmes enceintes, y compris celles qui ont été vaccinées contre le pour faire faire la prise de sang à son enfant. Si la sérologie anti-
virus de l’hépatite B. Afin de prévenir la transmission périnatale, il VHC est encore positive, l’infection par le VHC doit être confirmée
faut sérovacciner, dès la naissance, tous les nouveau-nés dont la par la recherche de l’ARN du VHC par PCR. Le sérum doit être
mère est porteuse de l’antigène HBs quel que soit le niveau de la
stocké de manière à pouvoir effectuer la PCR sur le même
réplication virale du VHB. Dès la naissance, il doit être effectué au
prélèvement. Si la sérologie est négative, on peut considérer que
nouveau-né une injection intramusculaire de gammaglobulines
l’enfant n’est pas infecté par le VHC.
spécifiques anti-HBs (par exemple 200 UI). La première injection
vaccinale doit être effectuée également dès la naissance en Des femmes ayant eu une transplantation hépatique peuvent mener
intramusculaire mais dans un site différent de l’injection de une grossesse à terme. La grossesse doit être surveillée étroitement
gammaglobulines. Une deuxième injection de gammaglobulines est en collaboration avec le centre de transplantation. La fréquence de
habituellement effectuée à l’âge de 1 mois en même temps que la survenue d’une hypertension artérielle est accrue [2, 58].
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