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7-041-G-15

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 7-041-G-15

Foie et grossesse
Y Bacq

Résumé. – Certaines hépatopathies gravidiques peuvent mettre en jeu le pronostic vital de la mère ou de
l’enfant. L’équipe obstétricale et les hépato-gastro-entérologues doivent connaître leur existence car une
conduite à tenir adaptée diminue le risque de survenue de complications fœtomaternelles. La survenue d’une
hépatopathie doit être facilement évoquée et confirmée rapidement par un dosage des transaminases. La
mise en évidence d’une hypertransaminasémie doit toujours être considérée comme pathologique.
L’hyperemesis gravidarum qui correspond aux vomissements incoercibles de la grossesse peut s’accompagner
de perturbations des tests hépatiques et parfois d’un ictère. La cholestase intrahépatique gravidique se
manifeste le plus souvent par un prurit dans la deuxième partie de la grossesse. L’efficacité de l’acide
ursodésoxycholique a été montrée, en particulier dans les formes sévères. La survenue de la cholestase rend la
grossesse à risque pour le fœtus. Une cholestase peut être liée à une infection bactérienne ou virale
intercurrente. Les principaux symptômes de la stéatose hépatique aiguë gravidique sont des nausées ou des
vomissements, des douleurs abdominales, ou un syndrome polyuropolydipsique au cours du troisième
trimestre. L’interruption de la grossesse en urgence est le principal traitement. Chez les femmes souffrant
d’hypertension artérielle gravidique, la survenue d’un syndrome « haemolysis-elevated liver enzyme-low
platelet count » (HELLP) est un élément de mauvais pronostic qui doit faire envisager l’interruption de la
grossesse. Tous les nouveau-nés dont la mère est porteuse de l’antigène HBs doivent être sérovaccinés dès la
naissance. Dans tous les cas, il faut vérifier la normalisation des tests hépatiques à distance de
l’accouchement.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : hépatite, cholestase, grossesse, stéatose hépatique, hépatopathie.

Introduction Tableau I. – Interprétation des tests hépatiques au cours de la


grossesse.
Les hépatopathies observées au cours de la grossesse peuvent être
classées en trois groupes : Tests non modifiés par la grossesse
Transaminases (ALAT, ASAT)
– les hépatopathies gravidiques qui sont liées à la grossesse de Taux de prothrombine
manière spécifique ; Concentration sérique des acides biliaires totaux (à jeun)
– les hépatopathies aiguës intercurrentes qui surviennent de façon Tests modifiés par la grossesse*
Phosphatases alcalines (augmentation au troisième trimestre)
fortuite au cours de la grossesse ;
Bilirubinémie (diminution dès le premier trimestre)
– les hépatopathies chroniques qui peuvent être révélées par la GGT (diminution en fin de grossesse)
grossesse ou plus souvent diagnostiquées fortuitement au cours de Albuminémie (diminution dès le premier trimestre)
la grossesse. 5’nucléotidase (augmentation modérée)

Avant d’aborder ces différentes hépatopathies, il est utile de rappeler * : diminution ou augmentation par rapport aux valeurs observées chez des femmes non enceintes. ALAT : alanine
aminotransférases ; ASAT : aspartate aminotransférases ; GGT : gammaglutamyl transpeptidases.
quelques modifications physiologiques liées à la grossesse.

Les angiomes stellaires et l’érythrose palmaire qui apparaissent au


Foie et grossesse normale cours de la grossesse ne sont pas liés à une insuffisance
hépatocellulaire et disparaissent le plus souvent après
Des vomissements sont fréquents en début de grossesse et sont l’accouchement.
considérés comme physiologiques lorsqu’ils n’entraînent pas
La grossesse elle-même entraîne des modifications physiologiques
d’altération de l’état général ni d’anomalies biologiques. En
de certains tests hépatiques [8]. Ces modifications sont résumées dans
revanche, des vomissements ou des nausées doivent être considérés
le tableau I. L’activité sérique des phosphatases alcalines s’élève au
comme pathologiques lorsqu’ils débutent après le premier trimestre
troisième trimestre, principalement du fait du passage dans la
ou en cas d’anomalies biologiques associées [7].
circulation maternelle d’une isoenzyme d’origine placentaire mais
également du fait d’une hyperproduction de l’isoenzyme osseuse [7].
Les concentrations sériques des protides totaux et de l’albumine
Yannick Bacq : Praticien hospitalier, service d’hépato-gastro-entérologie, hôpital Trousseau, 37044 Tours
diminuent progressivement au cours de la grossesse du fait de
cedex, France. l’hémodilution. L’activité sérique de la gammaglutamyl

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bacq Y. Foie et grossesse. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Hépatologie, 7-041-G-15, 2003, 7 p.
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transpeptidase (GGT) diminue modérément en fin de grossesse. La


bilirubinémie diminue modérément dès le premier trimestre. Tableau III. – Principaux éléments du diagnostic d’une hépatopathie
au cours de la grossesse.
L’activité sérique de la 5’nucléotidase est normale ou modérément
augmentée. En revanche, d’autres tests hépatiques sont peu ou pas Interrogatoire : terme de la grossesse, antécédents (cholestase intrahépatique gravi-
modifiés par la grossesse. L’activité sérique des aminotransférases dique, prurit au cours d’une contraception orale), prises médicamenteuses, prurit,
douleurs abdominales, nausées-vomissements
(ou transaminases), en particulier de l’alanine aminotransférase
Examen clinique : température, pression artérielle, protéinurie, vésicules herpétiques
(ALAT) reste habituellement dans les limites des valeurs normales (peau et muqueuses), douleur à la palpation de l’hypocondre droit
établies en dehors de la grossesse. Une élévation de cette activité Examens biologiques : tests hépatiques de routine, créatininémie, uricémie, hémo-
chez une femme enceinte doit donc être considérée comme gramme avec plaquettes, TP (± facteur V), sérologies des hépatites virales (A, B, C) et
du cytomégalovirus, éventuellement mesure de la concentration sérique des acides
pathologique. Le taux de prothrombine (TP) qui est utilisé en routine biliaires totaux*
pour évaluer le pronostic des hépatopathies n’est pas diminué au Examen cytobactériologique des urines
cours de la grossesse normale. Échographie du foie et des voies biliaires
Au cours de la grossesse, il a été décrit des anomalies modérées du Contrôle des tests hépatiques à distance de l’accouchement
métabolisme des acides biliaires. Cependant, la concentration
* : la mesure de la concentration sérique des acides biliaires totaux n’est pas inscrite à la nomenclature des actes de
sérique des acides biliaires totaux, mesurée à jeun, n’est pas modifiée biologie médicale et n’est donc pas remboursable. TP : taux de prothrombine.
de manière significative durant la grossesse.
La concentration sérique du cholestérol total est normale ou
diminuée au premier trimestre puis augmente progressivement a été évaluée entre deux et sept cas pour 1 000 accouchements [19, 49].
jusqu’au troisième trimestre. Les concentrations sériques des La CIG est plus fréquente dans les pays scandinaves et surtout en
triglycérides et des phospholipides sont augmentées au deuxième et Bolivie et au Chili [5]. De manière générale, la CIG est plus fréquente
au troisième trimestre. En pratique, le dosage des lipides est en cas de grossesse gémellaire. La CIG se révèle en règle générale
rarement utile pendant la grossesse, sauf en cas de pancréatite aiguë. par un prurit. Le plus souvent, le prurit est généralisé mais
À l’examen échographique, les voies biliaires intra- et prédomine au niveau du tronc, de la paume des mains et de la
extrahépatiques ne sont pas modifiées au cours de la grossesse plante des pieds. Le prurit est un symptôme très désagréable pour
normale. La vidange vésiculaire est ralentie au cours de la grossesse la mère et entraîne fréquemment des troubles du sommeil. Il
et un résidu vésiculaire persiste après le repas et tout au long de la disparaît habituellement dans les heures ou les jours qui suivent
journée. Le volume vésiculaire augmente dès le premier trimestre. l’accouchement. Dans 10 % des cas environ, un ictère apparaît après
Un sludge vésiculaire est observé chez environ 30 % des femmes le prurit. L’examen clinique est normal en dehors des lésions
enceintes. Il disparaît le plus souvent dans l’année qui suit cutanées de grattage. L’activité sérique de l’ALAT est le plus souvent
l’accouchement. Il est inutile d’examiner systématiquement la augmentée et fréquemment supérieure à 10 fois la valeur supérieure
vésicule biliaire à l’occasion des échographies obstétricales de de la normale [6]. Ceci peut faire suspecter une hépatite virale aiguë
surveillance car une lithiase vésiculaire asymptomatique ne nécessite mais ce diagnostic est facilement éliminé par les sérologies
aucun traitement. spécifiques. La concentration sérique des acides biliaires est
habituellement augmentée. Sa mesure peut être utile pour le
diagnostic lorsqu’il existe un prurit et que l’activité sérique des
Hépatopathies gravidiques transaminases est dans les limites de la normale, en particulier au
Il est actuellement bien établi qu’une conduite à tenir adaptée début de la maladie. Le prélèvement sanguin doit être effectué à
améliore le pronostic des hépatopathies gravidiques. La relative jeun car en période postprandiale, la concentration sérique des
rareté de ces hépatopathies spécifiques de la grossesse ne doit pas acides biliaires peut être modérément augmentée. Comme pour tout
les faire méconnaître. Les tests hépatiques, en particulier les examen biologique, l’anomalie doit être confirmée sur un deuxième
transaminases, ne font pas partie des examens obligatoires de prélèvement. La concentration sérique des acides biliaires et l’activité
surveillance de la grossesse. Les médecins et les sages-femmes sérique de l’ALAT diminuent rapidement après l’accouchement.
doivent donc penser à demander un dosage des transaminases Malgré la cholestase, l’activité sérique de la GGT reste normale ou
devant des symptômes ou des anomalies biologiques évoquant une est modérément augmentée. Les bilirubinémies totale et directe sont
hépatopathie (tableau II). Toute élévation de l’activité sérique des normales ou augmentées selon l’intensité de la cholestase. La
transaminases, en particulier de l’ALAT, doit être prise en numération plaquettaire est normale. Le TP est le plus souvent
considération et faire l’objet d’une enquête étiologique (tableau III). normal. Il peut être diminué lorsqu’il existe un ictère ou chez les
Le groupe des hépatopathies gravidiques comprend cinq maladies : patientes traitées par la cholestyramine. Dans ce cas, le taux du
la cholestase intrahépatique gravidique (CIG), la stéatose hépatique facteur V est normal et le TP se corrige quelques heures après
aiguë gravidique (SHAG), les lésions hépatiques de la prééclampsie, l’administration de vitamine K par voie parentérale. À l’examen
l’hyperemesis gravidarum et l’exceptionnelle grossesse échographique, les voies biliaires ne sont pas dilatées. La vésicule
intrahépatique. biliaire peut être lithiasique, ce d’autant que la fréquence de la CIG
est plus élevée chez les femmes atteintes d’une lithiase biliaire. Le
pronostic maternel est toujours favorable. L’hémorragie de la
CHOLESTASE INTRAHÉPATIQUE GRAVIDIQUE délivrance par hypovitaminose K doit être prévenue par
l’administration parentérale de vitamine K. En revanche, le pronostic
¶ Clinique
fœtal est plus réservé et la mortalité périnatale est augmentée. Les
La CIG survient durant le deuxième ou le troisième trimestre et principales complications sont la prématurité et la mort in utero
disparaît après l’accouchement [4]. La prévalence de la CIG en France brutale. Le taux de prématurité est de l’ordre de 20 à 40 % mais
varie largement selon les études. La prématurité est également
Tableau II. – Principales circonstances de diagnostic d’une hépatopa- augmentée du fait qu’il s’agit fréquemment de grossesses multiples.
thie gravidique. La mortalité in utero est d’environ 1 à 3 %. La CIG est donc une
grossesse à risque qui nécessite une surveillance régulière maternelle
Prurit (surtout s’il prédomine aux extrémités)
Nausées ou vomissements (surtout au troisième trimestre) (TP et tests hépatiques) et fœtale (enregistrement du rythme
Hypertension artérielle (surtout en cas de protéinurie associée) cardiaque fœtal). Bien qu’il ait été trouvé une relation entre la
Douleurs épigastriques ou de l’hypocondre droit concentration sérique des acides biliaires et les signes de souffrance
Polyuropolydipsie sans diabète sucré fœtale, l’utilité de la mesure de cette concentration pour l’évaluation
Ictère
du pronostic fœtal et la conduite à tenir obstétricale n’a pas été
Thrombopénie
démontrée.

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Hépatologie Foie et grossesse 7-041-G-15

¶ Physiopathologie
Prurit au cours de la grossesse
La cause exacte de la CIG est inconnue et l’origine de la maladie est
probablement multifactorielle [5]. Les deux principaux facteurs sont
génétiques et hormonaux. Les facteurs génétiques expliquent la
survenue de cas familiaux et l’incidence particulièrement élevée de
la CIG chez les Indiennes Araucanos au Chili. Par ailleurs, Transaminases (ALAT)
récemment, il a été rapporté une mutation du gène MDR3 (multidrug
resistance 3) chez plusieurs membres d’une même famille, atteints
d’une cholestase intrahépatique fibrogène familiale (progressive
familial intrahepatic cholestasis) ou d’une cholestase au cours de la
grossesse [28]. Dans cette famille, la mutation au niveau du gène ALAT < N ALAT > N
MDR3 a été trouvée à l’état homozygote chez une personne atteinte
de cholestase intrahépatique fibrogène familiale et à l’état
hétérozygote chez quatre femmes atteintes de cholestase
intrahépatique au cours de la grossesse. Selon les auteurs, la Dermatose prurigineuse de la grossesse cholestase
présence de cette mutation à l’état hétérozygote pourrait favoriser la
survenue d’une cholestase au cours de la grossesse. Une autre ou
mutation au niveau du gène MDR3 a été mise en évidence chez une cholestase débutante Enquête étiologique
malade atteinte de CIG mais sans histoire familiale de cholestase
intrahépatique fibrogène familiale [15] . Concernant les facteurs
hormonaux, le rôle des estrogènes était bien établi chez les malades • Consultation de dermatologie
atteintes de CIG [44], mais il a également été mis en évidence chez CIG Hépatopathie
ces malades des anomalies du métabolisme de la progestérone [45]. Il • Contrôle ultérieur des transaminases intercurrente
ou chronique
a également été montré qu’un traitement par la progestérone
• Dosage des acides biliaires sériques
naturelle (Utrogestant) prescrit durant la grossesse pour une menace
d’accouchement prématuré pouvait favoriser l’apparition d’une 1 Conduite à tenir devant un prurit au cours de la grossesse.
En cas de prurit lié à une dermatose, l’activité sérique de l’alanine aminotransférase
CIG [6, 9].
(ALAT) et la concentration sérique des acides biliaires (mesurée à jeun) restent dans les
Les variations de la fréquence de la CIG au cours des saisons et des limites des valeurs normales établies en dehors de la grossesse et il existe des lésions cu-
années, observées dans les pays scandinaves et au Chili, suggèrent tanées spécifiques. Une consultation spécialisée de dermatologie est nécessaire. En cas
l’existence de facteurs exogènes. Ces facteurs exogènes pourraient de prurit lié à une cholestase, le plus souvent l’activité sérique de l’ALAT et/ou la
modifier l’expression clinique de la maladie chez des femmes concentration sérique des acides biliaires sont augmentées et il n’y a pas de lésion cu-
génétiquement prédisposées. Ainsi, il a été suggéré qu’un déficit tanée hormis les lésions de grattage. Ces deux tests peuvent être dans les limites de la
normale, en cas de prurit, à la phase initiale d’une cholestase intrahépatique gravidi-
d’apport en sélénium pourrait être un cofacteur de la CIG [42].
que (CIG). Il est donc utile de les contrôler au bout de 1 semaine. La mesure de la
¶ Diagnostic différentiel concentration sérique des acides biliaires n’est pas un test hépatique de routine et n’est
pas inscrite à la nomenclature des actes de biologie médicale. Ce test n’est donc pas rem-
Le diagnostic différentiel avec une hépatopathie cholestatique boursable. Pour aider au diagnostic, ce test peut être utilisé en deuxième intention, en
intercurrente est relativement facile. En l’absence d’ictère ou de particulier lorqu’il existe un prurit sans dermatose et que l’activité sérique de l’ALAT
fièvre, la cholestase est rarement liée à une pathologie lithiasique. est normale.
En effet, bien que la lithiase biliaire soit plus fréquente au cours de
la grossesse, elle se complique rarement. Une échographie du foie et ¶ Évolution
des voies biliaires doit être effectuée au moindre doute, en
particulier en cas de fièvre, de douleurs, ou d’ictère. Une cholestase La cholestase récidive fréquemment lors d’une grossesse ultérieure,
peut être uniquement liée à une infection urinaire et une véritable et plus rarement lors d’une contraception orale. En pratique, la CIG
CIG peut être aggravée par une infection urinaire. Une infection ne contre-indique pas une contraception orale progestative pure ou
urinaire doit donc être systématiquement dépistée et traitée. Une faiblement dosée en estrogènes, par exemple 20 ou 30 µg
primo-infection à cytomégalovirus (CMV) durant la grossesse peut d’éthinylestradiol. Il est préférable d’attendre la normalisation des
simuler une CIG, c’est-à-dire se manifester par un prurit et des tests hépatiques avant de débuter la contraception. Il faut prévenir
anomalies des tests hépatiques. Le diagnostic repose habituellement la patiente du risque de récidive et contrôler les tests hépatiques
sur la séroconversion anti-CMV. Cette séroconversion est plus facile après 3 à 6 mois de contraception.
à mettre en évidence si on dispose d’un sérum de référence prélevé
en début de grossesse (par exemple pour une sérologie de la ¶ Traitement
toxoplasmose) et conservé en sérothèque. Compte tenu du risque Le but du traitement médical de la CIG est d’améliorer la tolérance
fœtal lié au CMV, il nous paraît utile de demander du prurit et de diminuer la cholestase. La prise de 25 à 50 mg
systématiquement une sérologie anti-CMV chez les patientes d’hydroxyzine (Ataraxt) le soir améliore la tolérance du prurit. La
souffrant de CIG, en particulier s’il s’agit du premier épisode de cholestyramine, à la dose de 8 à 16 g/j, diminue l’absorption iléale
CIG. des sels biliaires et accroît leur excrétion fécale. Le traitement doit
Après l’accouchement, il est bien de vérifier la normalisation des être débuté à doses progressives et les prises réparties dans la
tests hépatiques. La persistance d’anomalies biologiques hépatiques journée. L’action sur le prurit et la cholestase est inconstante. Chez
3 mois après l’accouchement doit faire rechercher une hépatopathie les patientes ictériques ou traitées par la cholestyramine, il est utile
chronique. de prévenir la carence en vitamine K, par exemple par une injection
Au cours de la grossesse, le prurit a une bonne sensibilité pour faire intramusculaire de 10 mg de vitamine K une fois par semaine.
le diagnostic de cholestase mais n’est pas spécifique. Lorsqu’il existe L’acide ursodésoxycholique va probablement devenir le traitement
un prurit et que l’activité sérique de l’ALAT et la concentration de référence de la CIG. En effet, plusieurs études ont montré que ce
sérique des acides biliaires sont normales, l’avis d’un dermatologue médicament était efficace chez les patientes atteintes de CIG, en
est nécessaire (fig 1). En effet, certaines dermatoses prurigineuses de particulier dans les formes sévères [36, 38, 48]. Dans ces études cliniques,
la grossesse nécessitent un traitement spécifique [17]. En l’absence de il n’a pas été mis en évidence de toxicité de l’acide
dermatose, il faut poursuivre la surveillance des tests hépatiques, ursodésoxycholique pour l’enfant. En France, selon l’autorisation de
par exemple une fois par semaine, car au cours de la CIG, les mise sur le marché, l’acide ursodésoxycholique peut être prescrit
anomalies des tests hépatiques peuvent apparaître plusieurs durant la grossesse dans des indications précises et validées. Compte
semaines après le prurit [29]. tenu des données de la littérature, la CIG représente donc une

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indication de traitement par l’acide ursodésoxycholique, tout au


moins dans les formes sévères, par exemple lorsque la cholestase
débute avant la 34e semaine d’aménorrhée ou lorsqu’il existe un
antécédent de mort fœtale in utero. Dans les formes moins sévères,
il faut tenir compte du délai d’action de l’acide ursodésoxycholique,
délai qui est de l’ordre de 1 ou 2 semaines. Ainsi, dans l’état actuel
des connaissances, il est probablement inutile de débuter le
traitement en fin de grossesse, par exemple après la 36e semaine
d’aménorrhée ou si un déclenchement est envisagé dans les jours
qui suivent. En effet, afin de diminuer la fréquence de la mort in
utero brutale qui survient le plus souvent en fin de grossesse, il est
habituellement recommandé de déclencher l’accouchement avant le
terme théorique [23]. Ainsi, Rioseco et al proposent de déclencher
systématiquement l’accouchement à la 38e semaine d’aménorrhée en
l’absence d’ictère, et à la 36e semaine d’aménorrhée si la maturité
pulmonaire est atteinte, en cas d’ictère ou lorsque la bilirubinémie
totale est supérieure à 30 µmol/L [47]. Il faut souligner que cette
attitude de déclenchement systématique a été proposée avant
l’utilisation de l’acide ursodésoxycholique. De manière générale, les 2 Examen histologique du foie chez une femme atteinte d’une stéatose hépatique
déclenchements systématiques avant l’obtention de la maturité aiguë gravidique : la stéatose microvacuolaire laisse le noyau au centre de l’hépatocyte.
pulmonaire ne sont habituellement pas justifiés. L’acide
Dans ces cas, la biopsie hépatique est utile mais il nous semble
ursodésoxycholique peut être prescrit à la dose de 1 g/j répartie en
préférable de la faire après l’accouchement. Il faut respecter les
deux prises. Récemment, une posologie plus élevée (20-25 mg/kg/j)
contre-indications habituelles de la biopsie hépatique, et en cas de
a été proposée, ce qui permettrait de diminuer le délai d’action [36].
troubles de l’hémostase, la biopsie hépatique peut être effectuée par
Quelle que soit la date du début du traitement, l’acide
voie transveineuse dans un centre qui a une bonne expérience de
ursodésoxycholique est prescrit jusqu’à la fin de la grossesse. Le
cet examen. La principale caractéristique histologique est la stéatose
traitement est arrêté au moment de l’accouchement afin que la mère
microvacuolaire laissant le noyau en place au centre de l’hépatocyte
puisse allaiter son enfant. La CIG n’est pas une contre-indication à
(fig 2). De rares foyers de nécrose hépatocytaire peuvent être trouvés
l’allaitement maternel.
mais il n’y a jamais de nécrose massive comme cela est observé dans
Le bénéfice de l’acide ursodésoxycholique n’a pas été démontré dans les hépatites fulminantes [50]. La stéatose disparaît rapidement après
les affections cholestatiques intercurrentes observées au cours de la l’accouchement. Une coloration spécifique des graisses ou une étude
grossesse, en particulier celles d’origine infectieuse. ultrastructurale peuvent être utiles lorsque la stéatose est minime [3].
Il faut prévoir le fixateur adéquat au moment du prélèvement.
STÉATOSE HÉPATIQUE AIGUË GRAVIDIQUE
¶ Évolution
¶ Clinique
Avant 1970, la SHAG était considérée comme une maladie le plus
La SHAG est une maladie rare et potentiellement mortelle du
souvent mortelle pour la mère et l’enfant. En effet, la mortalité
troisième trimestre dont le pronostic a été radicalement transformé
maternelle était très élevée, de l’ordre de 90 % pour les cas publiés.
par l’accouchement précoce [3]. À Los Angeles et à Santiago du Chili,
Le pronostic a été transformé par l’accouchement précoce [10] .
la prévalence a été évaluée à un cas pour 6 659 et 15 900 grossesses
Actuellement, le pronostic maternel est habituellement bon à
respectivement [11, 43]. En France, la prévalence n’est pas connue mais
condition qu’il n’y ait pas de retard au diagnostic. Le pronostic fœtal
il est évident que la SHAG est beaucoup plus rare que la CIG. Cette
est également amélioré par l’accouchement précoce.
rareté ne doit pas faire méconnaître le diagnostic qui doit être
facilement évoqué au cours du troisième trimestre. La SHAG peut La SHAG peut récidiver lors des grossesses ultérieures. Les patientes
survenir chez une patiente ayant déjà eu plusieurs grossesses qui ont eu une SHAG doivent être informées du risque de récidive
normales. Les symptômes initiaux les plus fréquents sont des et surveillées régulièrement, à la fois sur le plan clinique et
nausées ou des vomissements, des douleurs abdominales, en biologique (tests hépatiques et numération plaquettaire), au cours
particulier épigastriques, ou une polyuropolydipsie. L’ictère qui était du troisième trimestre [3].
autrefois quasi constant peut actuellement être absent dans des
¶ Physiopathologie
formes diagnostiquées précocement. Une hypertension artérielle ou
une protéinurie sont fréquentes. En l’absence de traitement, la La cause exacte de la SHAG n’est pas connue. Des cas de stéatose
maladie peut évoluer vers une encéphalopathie hépatique. L’activité aiguë durant le grossesse associés à un déficit en long-chain
sérique des aminotransférases est habituellement augmentée de 3-hydroxyacyl CoA dehydrogenase, une enzyme de la bêtaoxydation
façon modérée. La bilirubinémie est presque toujours augmentée. mitochondriale des acides gras, ont été rapportés [26, 54, 57]. Dans ces
Dans les formes sévères, le TP et le taux du facteur V et la cas, le plus souvent, le fœtus était à l’état homozygote pour le déficit
fibrinogénémie sont diminués et il peut exister une hypoglycémie. et les deux parents hétérozygotes. Ainsi, un déficit de la bêta-
Une thrombopénie est fréquente, associée ou non à d’autres signes oxydation chez le fœtus peut entraîner une stéatose aiguë chez la
de coagulopathie de consommation. La thrombopénie peut révéler mère en fin de grossesse. Ces anomalies génétiques n’ont pas été
la maladie. Une insuffisance rénale, le plus souvent fonctionnelle, et retrouvées dans une série de malades examinées en France [35]. Par
une hyperuricémie sont également fréquentes. ailleurs, au cours de la SHAG, le pronostic des enfants nés vivants
L’échographie retrouve inconstamment un foie hyperéchogène. est bon. Ceci suggère qu’il existe plusieurs entités dont l’expression
L’examen tomodensitométrique du foie peut être utile pour le clinique est voisine mais dont la cause pourrait être différente. En
diagnostic de stéatose en montrant une densité hépatique égale ou pratique, en cas de stéatose aiguë durant la grossesse, le dépistage
inférieure à celle de la rate. Dans ce cas, il est utile de refaire un de la principale mutation (G1528C) par les techniques de biologie
examen tomodensitométrique quelques jours après l’accouchement, moléculaire est recommandé chez l’enfant et les deux parents, et les
puis à distance de l’accouchement, par exemple 3 mois, à titre de enfants doivent être surveillés dès la naissance [27].
comparaison. Comme pour les stéatoses macrovacuolaires d’origine
¶ Traitement
nutritionnelle, la stéatose microvacuolaire liée à la grossesse est
souvent hétérogène [3]. Dans certains cas, les examens d’imagerie ne L’évacuation utérine précoce est le principal traitement de la SHAG
permettent pas de confirmer le diagnostic [11]. et dès que le diagnostic est fait, l’interruption de la grossesse doit

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Hépatologie Foie et grossesse 7-041-G-15

être rapidement envisagée. De manière générale, si la patiente est en hypertransaminasémie importante et éventuellement un ictère [32, 37].
travail et qu’il n’y a pas de signes de souffrance fœtale, L’ictère disparaît après la correction des troubles
l’accouchement peut être tenté par voie basse en surveillant hydroélectrolytiques et l’arrêt des vomissements. Il peut récidiver
soigneusement la mère et l’enfant. Lorsque la patiente n’est pas en lors d’une grossesse ultérieure avec hyperemesis gravidarum [32]. Des
travail, et que la maladie est peu sévère, c’est-à-dire sans trouble de cas d’encéphalopathie de Gayet-Wernicke secondaires à une carence
la coagulation, un déclenchement peut être tenté. En revanche, en vitamine B1 ont été observés. Le traitement de l’hyperemesis
lorsque la maladie est sévère, en particulier en cas de mort in utero, gravidarum comporte habituellement l’isolement, la correction des
et que la patiente n’est pas en travail, une césarienne en urgence est désordres hydroélectrolytiques, la nutrition parentérale comportant
habituellement indiquée. un apport de vitamine B 1 et éventuellement un traitement
Dans les formes sévères, les complications infectieuses et antiémétique par voie intraveineuse [ 4 6 ] . L’efficacité de la
hémorragiques qui sont actuellement la principale cause de méthylprednisolone a été montrée dans une étude [52].
mortalité doivent être prévenues. Les patientes ayant une
insuffisance hépatocellulaire sévère doivent être surveillées dans un
GROSSESSE INTRAHÉPATIQUE
service de soins intensifs avant et après l’accouchement. La glycémie
doit être surveillée et l’hypoglycémie traitée par une perfusion L’implantation extra-utérine d’une grossesse au niveau du foie est
continue de sérum glucosé. En cas de thrombopénie sévère, une exceptionnelle. Le diagnostic est fait grâce à l’échographie ou
transfusion de plaquettes peut être nécessaire avant l’accouchement. l’examen tomodensitométrique [22]. L’interruption de la grossesse par
laparotomie est recommandée en raison du risque de rupture.

LÉSIONS HÉPATIQUES DE LA PRÉÉCLAMPSIE


HÉPATOPATHIES INTERCURRENTES
La prééclampsie est une maladie multisystémique du troisième
trimestre, atteignant en particulier le système nerveux central, le rein Toutes les hépatopathies aiguës peuvent survenir de façon fortuite
et le foie. Par définition, les deux principaux signes sont pendant la grossesse.
l’hypertension artérielle et la protéinurie. La prééclampsie
compliquerait environ 1 à 10 % des grossesses. Elle est plus ¶ Lithiase biliaire
fréquente chez les nullipares et ne récidive donc pas
La lithiase biliaire est plus fréquente pendant la grossesse mais est
systématiquement lors des grossesses ultérieures. Les lésions
rarement symptomatique [40]. De petits calculs vésiculaires apparus
hépatiques de la prééclampsie sont secondaires à des dépôts
pendant la grossesse peuvent disparaître dans les mois qui suivent
intravasculaires de fibrine situés principalement au niveau des
l’accouchement. Une cholécystite aiguë peut être révélée par des
sinusoïdes périportales. Ces lésions sont constituées de foyers de
douleurs de l’hypocondre droit. Son diagnostic est facilité par
nécrose hépatocytaire, d’infarctus et d’hémorragies intrahépatiques.
l’échographie. Le traitement médical comprenant une
Leur répartition dans le foie est hétérogène [51]. Elles peuvent évoluer
antibiothérapie permet habituellement d’attendre le terme pour
vers la formation d’un hématome intrahépatique, le plus souvent
effectuer la cholécystectomie, en particulier au cours du troisième
sous-capsulaire, et au niveau du lobe droit. La rupture de cet
trimestre. En cas de nécessité, une cholécystectomie par cœlioscopie
hématome est la principale complication de cette atteinte hépatique
peut être envisagée au deuxième trimestre [55]. Le pronostic de la
et est le plus souvent due à un retard au diagnostic. Le diagnostic
pancréatite aiguë biliaire est lié à la précocité du diagnostic. Le
peut être difficile lorsque l’hypertension artérielle est modérée. Des
traitement médical est toujours indiqué comme en dehors de la
douleurs épigastriques typiquement en barre ou de l’hypocondre
grossesse. L’indication d’un traitement endoscopique ou chirurgical
droit peuvent être révélatrices. L’ictère est rare à l’inverse de ce qui
doit être posée au cas par cas et dépend des antécédents, du terme
est observé dans la SHAG. Le diagnostic de l’hématome
et de la réponse au traitement médical [40].
intrahépatique repose habituellement sur l’échographie ou l’examen
tomodensitométrique du foie. Le traitement repose sur le traitement
¶ Hépatites virales
médical de la prééclampsie associé le plus souvent à l’évacuation
utérine. Les infarctus hépatiques et les hématomes non rompus Le diagnostic d’une hépatite virale aiguë au cours de la grossesse
guérissent habituellement sans séquelles. Le traitement de la rupture repose sur les mêmes arguments cliniques, épidémiologiques et
d’un hématome associe la correction du choc hémorragique, sérologiques qu’en dehors de la grossesse. Le pronostic maternel est
l’évacuation utérine en urgence et la laparotomie. L’hémostase de peu ou non modifié par la grossesse en cas d’hépatite A, B, ou C. En
l’hémorragie hépatique peut nécessiter une exérèse hépatique ou revanche, en cas d’hépatite E, le risque d’hépatite fulminante est
une ligature artérielle. beaucoup plus élevé durant le troisième trimestre de la grossesse [25].
Le syndrome hemolysis-elevated liver enzymes-low platelet count En France, l’hépatite E peut s’observer chez des patientes ayant
(HELLP) est un élément de mauvais pronostic chez les patientes voyagé récemment dans une zone d’endémie ou ayant été en contact
atteintes d’une prééclampsie. Sa présence justifie le transfert de la avec des personnes revenant d’une zone d’endémie.
patiente dans une unité spécialisée afin de faire face aux différentes En cas d’hépatite virale B, le principal risque est la transmission
complications fœtomaternelles. L’extraction fœtale doit être, sauf cas périnatale du virus de l’hépatite B (VHB) qui doit être prévenue par
particulier, rapidement envisagée [13, 53]. la sérovaccination du nouveau-né.
Le diagnostic différentiel entre une SHAG et une prééclampsie avec L’hépatite herpétique, due à herpes simplex virus, est rare mais
atteinte hépatique ou un syndrome HELLP peut être difficile. En sévère au cours de la grossesse. Un traitement par aciclovir doit être
pratique, le point important est d’interrompre rapidement la débuté précocement [31]. Son diagnostic doit être évoqué devant une
grossesse. fièvre, une hypertransaminasémie importante, une leucopénie, et
surtout la présence de vésicules sur la peau ou les muqueuses
génitales.
HYPEREMESIS GRAVIDARUM
Une hypertransaminasémie peut être liée à une primo-infection à
L’hyperemesis gravidarum correspond aux vomissements cytomégalovirus durant la grossesse. Le pronostic est surtout lié à
gravidiques incoercibles du premier trimestre. Ces vomissements l’atteinte fœtale.
entraînent un amaigrissement et des troubles électrolytiques qui
motivent le plus souvent une hospitalisation. La prévalence de ¶ Infection urinaire
l’hyperemesis gravidarum est de 0,3 à 1 % des grossesses. La cause
exacte de cette affection n’est pas connue et l’origine semble Une infection urinaire même non fébrile peut entraîner une
multifactorielle [1]. On observe fréquemment au cours de cette cholestase transitoire ou aggraver une CIG [41] . Un examen
affection des anomalies des tests hépatiques avec parfois une cytobactériologique des urines doit donc être systématiquement

5
7-041-G-15 Foie et grossesse Hépatologie

effectué chez une femme enceinte ayant des anomalies des tests deuxième injection vaccinale. Les injections ultérieures de vaccin
hépatiques. doivent être faites selon le schéma vaccinal recommandé, par
exemple au sixième mois dans le protocole à trois injections (0-1-
¶ Hépatopathies médicamenteuses 6 mois) ou au 12e mois dans le protocole à quatre injections (0-1-2-
12 mois) qui était classiquement utilisé pour ces nouveau-nés à haut
Bien que la fréquence des hépatopathies médicamenteuses soit risque. Lorsque le nouveau-né est correctement sérovacciné,
probablement faible au cours de la grossesse, il est indispensable de l’allaitement n’est pas contre-indiqué. Un contrôle de la sérologie
rechercher la prise de tous les médicaments et d’évaluer leur virale B peut être effectué chez l’enfant après l’âge de 1 an.
imputabilité dans la survenue de l’hépatopathie. De nombreux
médicaments sont potentiellement hépatotoxiques, par exemple la Le nouveau-né d’une mère infectée par le virus de l’hépatite delta
méthyldopa utilisée dans le traitement de l’hypertension artérielle doit recevoir la même protection sérovaccinale que pour le VHB.
gravidique [39] ou certaines phénothiazines parfois prescrites pour En cas de positivité de l’antigène HBs dans le sérum maternel, il
des vomissements [33]. faut rechercher les marqueurs du VHB (antigène HBs, anticorps anti-
HBs, anticorps anti-HBc) dans l’entourage, en particulier chez les
¶ Syndrome de Budd-Chiari partenaires sexuels et les enfants. Toutes les personnes qui ne sont
pas correctement immunisées doivent être rapidement vaccinées.
Des cas de syndrome de Budd-Chiari ont été observés durant le Les porteurs chroniques dépistés doivent être pris en charge. Le
post-partum [30] . La thrombose des veines sus-hépatiques se
statut de la mère par rapport au VHB doit être défini (hépatite aiguë,
manifeste par des douleurs abdominales, une ascite et une
hépatite chronique, ou portage asymptomatique de l’antigène HBs).
hépatomégalie. Le diagnostic repose sur l’échographie avec examen
Ceci nécessite que la mère soit examinée en consultation
doppler, et éventuellement la tomodensitométrie ou l’imagerie par
d’hépatologie. L’indication d’un traitement antiviral est discutée
résonance magnétique. Il faut rechercher systématiquement les
après l’accouchement.
autres causes de syndrome de Budd-Chiari, en particulier les
troubles de l’hémostase.
Hépatite chronique virale C
¶ Hépatopathies chroniques Le dépistage de l’infection par le VHC n’est pas systématique au
cours de la grossesse. Un test sérologique de dépistage peut être
Les jeunes femmes atteintes d’hépatites chroniques ont le plus proposé, comme en dehors de la grossesse, en cas de facteur de
souvent un désir de grossesse et sont parfois inquiètes du fait de
risque reconnu. La séropositivité anti-VHC est parfois mise en
leur méconnaissance sur le risque de la grossesse. En fait, la plupart
évidence par le lactarium. La CIG serait plus fréquente chez les
des femmes atteintes d’hépatopathies chroniques peu sévères, en
femmes infectées par le VHC [34]. Une sérologie anti-VHC doit donc
particulier virales, peuvent habituellement mener une grossesse à
être effectuée chez les femmes atteintes de CIG et de manière
terme sans risque particulier. En revanche, la survenue d’une
grossesse est rare chez les patientes atteintes d’une cirrhose sévère générale en cas d’hypertransaminasémie. En cas d’hépatite
en raison de la diminution de la fertilité. chronique virale C, l’activité sérique des aminotransférases diminue
et souvent se normalise durant la grossesse. Cependant, l’acide
Lorsque l’hépatopathie est connue avant la grossesse, une ribonucléique (ARN) du virus de l’hépatite C reste détectable dans
surveillance de l’hépatopathie doit être instituée, ce qui nécessite le sérum [12, 20]. Après l’accouchement, il est fréquent d’observer un
une collaboration entre l’équipe obstétricale et un hépatologue.
phénomène de rebond sur l’activité sérique de l’ALAT. Dans une
Certains traitements médicamenteux ne doivent pas être
étude récente, il a été suggéré que la grossesse aggravait les lésions
interrompus durant la grossesse en raison du risque de rechute lié à
histologiques liées au VHC [18]. Cependant, à long terme, la grossesse
l’arrêt du traitement. C’est le cas par exemple d’un traitement
ne semble pas avoir d’effets néfastes sur l’histoire naturelle de
immunosuppresseur prescrit pour une hépatite chronique auto-
immune [24] ou de la D-pénicillamine utilisée comme chélateur du l’infection à VHC [14]. Par ailleurs, ces jeunes femmes peuvent
cuivre dans la maladie de Wilson [56]. Il faut se méfier en particulier bénéficier d’un traitement antiviral après la grossesse. De manière
de la rechute ou d’une exacerbation d’une hépatite auto-immune générale, la grossesse n’est donc pas déconseillée chez les jeunes
durant les mois qui suivent l’accouchement [ 2 4 ] . D’autres femmes atteintes d’hépatite chronique virale C. Il faut informer la
médicaments comme par exemple la ribavirine sont formellement mère sur le risque de transmission mère-enfant. Dans les études
contre-indiqués durant la grossesse. Dans le cas de la ribavirine, il récentes, chez des mères séronégatives pour le virus de
faut clairement informer la malade sur la nécessité d’une l’immunodéficience humaine (VIH), ce risque de transmission du
contraception efficace pendant toute la durée du traitement et VHC variait de 0 à 10 % [12, 21]. Ce risque paraît plus élevé chez les
pendant les 4 mois qui suivent l’arrêt du traitement. mères co-infectées par le VIH. Il n’y a pas de risque de transmission
L’hépatopathie chronique est parfois découverte de manière fortuite lorsque l’ARN du VHC recherché par polymerase chain reaction (PCR)
au cours de la grossesse. C’est surtout le cas des hépatites virales est absent du sérum. Le rôle de l’allaitement dans la transmission
chroniques. mère-enfant du VHC n’a pas été démontré et actuellement,
l’allaitement n’est pas contre-indiqué [16]. L’infection par le VHC peut
Hépatite chronique virale B être mise en évidence chez l’enfant par la recherche de l’ARN du
VHC par PCR à l’âge de 3 mois, ou par la persistance d’une
En France, le dépistage de l’antigène HBs est obligatoire au sixième sérologie positive après l’âge de 18 mois. En pratique, actuellement
mois de grossesse. Cette recherche doit être effectuée chez toutes les nous proposons habituellement à la mère d’attendre l’âge de 18 mois
femmes enceintes, y compris celles qui ont été vaccinées contre le pour faire faire la prise de sang à son enfant. Si la sérologie anti-
virus de l’hépatite B. Afin de prévenir la transmission périnatale, il VHC est encore positive, l’infection par le VHC doit être confirmée
faut sérovacciner, dès la naissance, tous les nouveau-nés dont la par la recherche de l’ARN du VHC par PCR. Le sérum doit être
mère est porteuse de l’antigène HBs quel que soit le niveau de la
stocké de manière à pouvoir effectuer la PCR sur le même
réplication virale du VHB. Dès la naissance, il doit être effectué au
prélèvement. Si la sérologie est négative, on peut considérer que
nouveau-né une injection intramusculaire de gammaglobulines
l’enfant n’est pas infecté par le VHC.
spécifiques anti-HBs (par exemple 200 UI). La première injection
vaccinale doit être effectuée également dès la naissance en Des femmes ayant eu une transplantation hépatique peuvent mener
intramusculaire mais dans un site différent de l’injection de une grossesse à terme. La grossesse doit être surveillée étroitement
gammaglobulines. Une deuxième injection de gammaglobulines est en collaboration avec le centre de transplantation. La fréquence de
habituellement effectuée à l’âge de 1 mois en même temps que la survenue d’une hypertension artérielle est accrue [2, 58].

6
Hépatologie Foie et grossesse 7-041-G-15

Conclusion obstétricale et un hépatologue. Localement, cette collaboration régulière


permet à chacun de se faire une expérience clinique de ces hépatopathies
qui sont à la frontière de plusieurs spécialités. De manière plus
La prise en charge des femmes enceintes souffrant d’hépatopathies générale, cette collaboration est utile pour progresser dans la
bénéficie le plus souvent d’une collaboration régulière entre l’équipe connaissance de la physiopathologie et du traitement de ces maladies.

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