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Endommagement Et Rupture Des Matériaux
Endommagement Et Rupture Des Matériaux
ET RUPTURE
DE MATÉRIAUX
ENDOMMAGEMENTS
ET RUPTURE
DE MATÉRIAUX
Dominique François
École Centrale de Paris
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous
pays. La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part,
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à une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but
d'exemple et d'illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l'article 40). Cette
représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une
contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
Avant-propos ................................................................. IX
II D. FRANÇOIS
4 • Environnement et endommagement
1. La fragilisation par l’hydrogène ...................................... 87
1.1. Pénétration de l’hydrogène dans les métaux ................... 88
1.2. Diffusion de l’hydrogène ............................................ 93
1.3. Mécanismes de fragilisation par l’hydrogène ................... 94
1.4. Influence de divers paramètres sur la fragilisation
par l’hydrogène ...................................................... 99
1.5. Aspects fractographiques ........................................... 100
2. La corrosion sous contrainte .......................................... 102
2.1. Phénoménologie ....................................................... 102
2.2. Amorçage des fissures de corrosion sous contrainte .......... 105
2.3. Propagation des fissures en corrosion sous contrainte ....... 106
3. Fatigue-corrosion ......................................................... 111
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IV D. FRANÇOIS
7 • Endommagements et maintenance
1. Équilibre entre coût de maintenance et coût
des défaillances............................................................ 171
2. Contrôles non destructifs .............................................. 173
2.1. Ce qu’il importe de contrôler ........................................ 173
2.2. Examens visuels ...................................................... 174
2.3. Ressuage ............................................................... 174
2.4. Magnétoscopie......................................................... 175
2.5. Radiographie et gammagraphie ................................... 175
2.6. Ultrasons ............................................................... 176
2.7. Courants de Foucault ................................................ 178
2.8. Émission acoustique ................................................. 179
3. Un exemple de maintenance, celle des ouvrages d’art ........ 180
3.1. Un traitement déterministe ......................................... 180
3.2. Traitement fiabiliste.................................................. 181
July 5, 2004 Time: 20:52 Project: EDPS toc.tex
VI D. FRANÇOIS
9 • Conclusion
1. Conditions pour pouvoir parler d’une science
des endommagements ? ................................................ 197
2. Lois universelles .......................................................... 198
3. L’expérience est imprégnée de théorie............................. 200
4. Méthode scientifique .................................................... 200
5. But de la science des endommagements .......................... 203
VIII
July 4, 2004 Time: 14:34 Project: EDPS Introduction.tex
Avant-propos
X D. FRANÇOIS
base des progrès scientifiques sur les matériaux. Les approches qu’on a
développées sur les alliages métalliques ont été, et sont encore dans bien
des cas, transposées aux autres matériaux. C’est l’excuse que j’avance
pour les polyméristes et les céramistes frustrés. Tout particulièrement, les
composites auraient mérité d’être mieux traités. À ma décharge, ils sont
si divers qu’il est difficile de tirer des lois générales à leur sujet. La plupart
des exemples que j’utilise sont fournis par les aciers. Cela ne devrait pas
restreindre outre mesure le champ des applications, dans la mesure où
leurs propriétés se transposent aux autres alliages métalliques cubiques
centrés ou cubiques à faces centrées.
Le premier chapitre donne un panorama général sur les endommage-
ments des matériaux. Il se fonde sur la différence essentielle qui existe
entre les clivages et les glissements. Il traite d’abord des endommagements
instantanés, conduisant à la rupture brutale. Puis il examine les
endommagements qui se développent plus ou moins lentement et qui
aboutissent aux ruptures différées.
Le deuxième chapitre aborde la question essentielle des désordres et
des hétérogénéités qui jouent un rôle fondamental en ce qui concerne les
endommagements. Il est structuré par les divers types d’hétérogénéités
rencontrées : dislocations, lacunes, inclusions, joints de grains, cavités,
fibres.
Le troisième chapitre traite des matériaux poreux dans la mesure où ils
peuvent être considérés comme des matériaux endommagés. L’occasion
est donnée d’aborder la mécanique de l’endommagement qui a connu,
en France notamment, de nombreux développements récents, mais qui
suscite quelques réserves. Le comportement des matériaux plastiques
poreux a lui aussi fait l’objet de nombreux travaux dans les dernières
années. Ils ont beaucoup contribué à une modélisation efficace du
développement des endommagements par cavitation.
Le quatrième chapitre est consacré aux interactions de l’endom-
magement avec l’environnement. C’est un domaine qui fait appel tant
à la chimie qu’à la mécanique. Cette pluridisciplinarité nécessaire,
mais malaisée à réaliser, a certainement freiné pendant longtemps la
compréhension des phénomènes. Depuis quelques années, des progrès
certains ont été accomplis. Je me suis efforcé d’en tenir compte. En
tout cas, l’influence des environnements sur les endommagements est un
sujet de grande importance pratique et parfois trop négligé. Ce chapitre
commence par le problème de la fragilisation par l’hydrogène, que l’on
retrouve ensuite dans certains cas de corrosions sous contrainte. La
fatigue corrosion apporte de plus des aspects de synergie complexes.
Le cinquième chapitre cherche à montrer comment les besoins
industriels qui ont évolué au cours du XXe siècle ont nécessité des
développements dans le domaine des endommagements. L’exemple de la
July 4, 2004 Time: 14:34 Project: EDPS Introduction.tex
AVANT-PROPOS XI
transition fragile ductile des aciers est celui traité. On aurait pu en choisir
d’autres, mais celui-là est particulièrement parlant.
La prévision des évolutions des endommagements est de la plus haute
importance pour estimer la durée de vie des pièces et des structures
et pour éviter des défaillances prématurées. Elle fait l’objet du sixième
chapitre. Ce sont les endommagements par fatigue qui sont les plus
redoutés, car en fait les plus fréquents. Mais les endommagements
par fluage sont aussi à craindre. J’ai essayé de montrer comment la
connaissance des mécanismes aboutit à des modélisations bien fondées.
Le septième chapitre aborde un domaine nouveau, encore peu
développé : celui de la maintenance conditionnelle. Le problème est de
connaître la stratégie à adopter pour une maintenance aussi efficace que
possible en termes de coûts. Je n’y parle évidemment que des aspects liés
aux matériaux, laissant de côté tous les développements mathématiques
auxquels ce sujet donne lieu.
Le chapitre huit, malheureusement très court faute d’exemples, est
consacré à la guérison des endommagements, ce que sait si bien faire
le vivant. Les matériaux morts sont beaucoup plus rétifs, bien que,
quelques exemples très particuliers peuvent être donnés pour des verres,
des polymères et des céramiques. Il faudra de l’imagination pour fabriquer
des matériaux qui guérissent spontanément.
Dans la conclusion, je me suis aventuré dans le domaine de
l’épistémologie élémentaire. Prévenir les endommagements demande une
approche scientifique. Pour la pratiquer, avoir quelques notions méthod-
ologiques me semble utile. Je livre donc aux lecteurs quelques réflexions
plus ou moins popperéniennes appliquées aux endommagements. On en
tirera, j’espère, l’idée que des progrès valent encore la peine d’être réalisés.
Mon souhait est que le présent ouvrage puisse modestement y contribuer.
XII
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Notations
XIV D. FRANÇOIS
E : module d’Young
E e : énergie élastique emmagasinée
E eff : module d’Young effectif
E eq : déformation plastique appliquée équivalente
E f : module d’Young d’une fibre
E I : module d’Young d’une inclusion
e ij : déviateur des déformations
E ij : champ de déformation lointain
E m : module d’Young d’une matrice
E p : module d’écrouissage
E p : énergie d’adsorption
f : fraction volumique de fibres
f : fraction volumique de cavités ; porosité
F : force appliquée
f c : valeur critique de la porosité à partir de laquelle son augmentation
s’accélère
f f : porosité qui fait perdre au matériau toute résistance
f I : fraction volumique d’inclusions
F j : coefficient de surface de joint d’une cavité intergranulaire
F s : coefficient de surface totale d’une cavité intergranulaire
F v : coefficient de volume d’une cavité intergranulaire
g : exposant de la loi de Monkman-Grant
G : enthalpie libre
G : taux de libération d’énergie
G c : ténacité du matériau exprimé en termes d’énergie de rupture
H : demi-distance moyenne entre fibres
J : intégrale de Rice-Cherepanov ; taux de libération d’énergie en plasticité
k : facteur de forme d’une inclusion
k et σ1 : paramètres du modèle de Rousselier
k : constante de Boltzman
k : limite d’élasticité en cisaillement
k : module d’incompressibilité
K : facteur d’intensité de contrainte
K c : ténacité du matériau exprimé en terme de facteur d’intensité de contrainte
k I : module d’incompressibilité d’une inclusion
K I , K II , K III : facteurs d’intensité de contrainte en mode I, II et II respectivement
K ICSC : seuil de non fissuration en corrosion sous contrainte
k m : module d’incompressibilité d’une matrice
K max : valeur maximale du facteur d’intensité de contrainte au cours
d’un cycle
K T : facteur de concentration de contrainte
l : dimension d’un volume de matériau
L : demi-longueur d’une fibre
L : distance entre cavités
July 4, 2004 Time: 14:36 Project: EDPS notation.tex
NOTATIONS XV
XVI D. FRANÇOIS
NOTATIONS XVII
XVIII D. FRANÇOIS
1 Les endommagements
des matériaux
(1) Grain : élément d’un polycristal possédant une seule orientation cristallo-
graphique.
(2) Texture : distribution des orientations cristallographiques des divers grains
d’un polycristal.
(3) Élasticité : comportement mécanique tel qu’après relâchement des efforts, il
ne subsiste pas de déformation résiduelle.
(4) Plasticité : comportement mécanique tel qu’après relâchement des efforts, il
subsiste une déformation résiduelle indépendante du temps.
(5) Viscosité : comportement mécanique qui dépend du temps.
(6) Ductilité : au sens macroscopique, capacité d’un matériau à se déformer
plastiquement de façon relativement importante avant rupture ; au sens
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2 D. FRANÇOIS
4 D. FRANÇOIS
3. Clivages et glissements
3.1. Plans de clivage et plans de glissement
Si nous nous plaçons à l’échelle des atomes, nous sommes en mesure
d’aborder la classification des processus d’endommagement. À ce stade,
nous n’avons pas affaire à des endommagements proprement dit, mais à
des mécanismes qui seront ceux qui sont à la base de leur apparition. Le
plus simple est de considérer un cristal. Comme le révèle la diffraction
des rayons X, ou encore comme le montrent des images obtenues au
microscope électronique à haute résolution, les atomes y sont rangés de
façon régulière aux nœuds de réseaux cristallographiques (Fig. 1.1). Ils
appartiennent ainsi à des plans cristallographiques dont certains sont
écartés les uns des autres plus que tous les autres. Ces derniers sont
aussi les plans qui possèdent la plus forte densité d’atomes. À titre
d’exemple, dans de très nombreux métaux, les atomes, qui peuvent être
représentés par des billes, s’empilent de façon compacte sur des plans,
formant ainsi des rangées orientées à 60° les unes des autres (Fig. 1.2).
Ces plans denses s’empilent les uns sur les autres en se décalant pour
que les atomes du dessus viennent se caler entre ceux du dessous, dans
les positions Q ou R de la figure 1.2. On obtient de cette façon soit des
empilements de type PQRPQR (cubique à faces centrées), soit de type
PQPQPQ (hexagonal compact). Dans les deux cas, lorsque des efforts sont
appliqués sur le cristal, il peut se déformer par glissements de ces plans
les uns sur les autres.
Examinons toutefois le cas d’un cristal d’empilement PQPQPQ,
hexagonal compact, comme le zinc. Il n’est pas très difficile de fabriquer
un monocristal de zinc, c’est-à-dire un morceau dans lequel les plans en
question ont partout la même orientation. Cela peut se réaliser en faisant
fondre ce métal dans un creuset constitué d’un tube en pyrex placé dans
un four électrique tubulaire vertical (Fig. 1.3). On solidifie ensuite le métal
de façon dirigée en faisant lentement sortir le creuset du four. C’est la
méthode de Bridgman. On obtient de la sorte des monocristaux qui ont
crû à partir d’un germe unique formé au début de la solidification. Ces
monocristaux possèdent des orientations variées selon celle du germe
initial. Nous allons maintenant exercer un effort de traction sur ces
monocristaux de zinc.
July 6, 2004 Time: 20:55 Project: EDPS chapter1.tex
Fig. 1.1. Image d’un réseau d’atomes d’aluminium obtenue au microscope électronique
à haute résolution montrant leur arrangement régulier. Il s’agit d’un alliage contenant du
cuivre. On observe une rangée plus claire qui correspond à un rassemblement d’atomes
de cuivre sur un plan dense du réseau de l’aluminium, formant ainsi un amas de Guinier-
Preston. Cet amas a été cisaillé par le passage d’une dislocation. (Reproduit de Karlík M.,
Jouffrey B., Journal de Physique III, 6, 1996, pp. 825-829, avec l’autorisation des Éditions de
Physique ; et de Karlík M., Jouffrey B., Belliot S., Acta Materialia (formerly Acta Metallurgica
et Materiala), The Copper Content in Guinier-Preston (GP1) Zones in Al-1.84At.% Cu Alloy,
46, 1998, pp. 1817-1825, avec l’autorisation d’Elsevier.)
6 D. FRANÇOIS
P P P P P P
Q Q Q Q Q
R R R R R
P P P P P P
Fig. 1.2. Empilement dense de billes formant des rangées à 60◦ les unes des autres. Les
emplacements des billes dans l’empilement des plans denses successifs sont désignés
par P, Q et R.
creuset
four
Fig. 1.3. Méthode de Bridgman pour fabriquer des monocristaux. Le creuset sort lentement
du four en descendant de façon qu’un germe unique se forme à la partie inférieure.
plan de base
8 D. FRANÇOIS
Fig. 1.6. Les quatre plans denses du réseau cubique à faces centrées.
(13) Les plans denses du réseau CFC sont des plans {111}. Soit [uvw] la direction
de l’axe de traction. Si θ est l’angle que fait cette direction avec la normale à l’un
des plans {111}, la contrainte normale sur ce plan vaut σ cos θ et la contrainte de
cisaillement
τ = σ cos θ sin θ.
Fig. 1.7. Schéma de formation d’une striction par glissements dans un monocristal de
cuivre.
10 D. FRANÇOIS
12 D. FRANÇOIS
Au Ag Cu Pt Ni Nb Ta V Fe Mo W Cr
µ/k 0,11 0,19 0,22 0,24 0,34 0,25 0,31 0,32 0,33 0,48 0,52 0,82
R CI 1,09 1,02 0,99 0,97 0,87 0,97 0,91 0,89 0,88 0,75 0,71 0,42
s − γj
2γ int γj
R CI = = 1,2 − · (1.1)
2γ cli
s 2γscli
Si ce rapport est inférieur à 1, la rupture intergranulaire est favorisée.
En 1953, Alan H. Cottrel a estimé que l’énergie de joint de grain
dépendait du module de cisaillement µ et de l’énergie de surface du
module d’incompressibilité k. R CI est alors fonction du rapport µ/k =
3(1 − 2ν)/2[1 + ν],ν étant le coefficient de Poisson.
Nous voyons sur le tableau 1.II que ce sont le molybdène, le
tungstène et le chrome qui présenteraient spontanément des ruptures
intergranulaires.
Le modèle de Rice et Thomson, un peu modifié comme l’a fait Rice
lui-même en faisant intervenir le rapport R CI , peut être appliqué au cas
de la fissuration intergranulaire. Il confirme que cette fissuration n’est
pas concevable pour les métaux cubiques à faces centrées, alors qu’elle
serait de règle pour les métaux cubiques centrés et hexagonaux, l’énergie
d’activation des boucles de dislocation augmentant dans le rapport 1/R CI .
Comme ce n’est pas ce qui est observé en général, il faut en conclure que la
ségrégation d’impuretés sur la surface et sur les joints peut complètement
modifier ce rapport. On explique d’ailleurs ainsi l’apparition de ruptures
intergranulaires dans tous les types de métaux, y compris les CFC,
lorsque les joints de grain ont été fragilisés par la migration d’impuretés,
notamment métalloïdiques, ou par celle de l’hydrogène.
(a) (b)
Fig. 1.8. (a) Clivages bloqués sur des joints de grains. (b) Clivages se propageant de grains
en grains jusqu’à rupture.
14 D. FRANÇOIS
Fig. 1.9. Fractographie d’un acier au carbone rompu par clivage. On observe des surfaces
de rupture très planes, correspondant à divers grains et des réseaux de rivières qui se
développent pour rattraper les désorientations entre grains voisins (cliché Djafari ECP).
16 D. FRANÇOIS
Fig. 1.12. Coupe de la partie strictionnée d’une éprouvette en acier faiblement allié. On
observe des cavités au sein de la partie strictionnée. Au centre elles se sont rejointes pour
former une fissure (avec l’autorisation d’Hermès Science).
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18 D. FRANÇOIS
Fig. 1.13. Fractographie montrant des cupules et les inclusions qui ont donné naissance
aux cavités de rupture ductile (acier faiblement allié).
Fig. 1.14. Schéma des trois stades de rupture ductile. (a) Naissance des cavités sur des
inclusions. En haut, l’inclusion a été clivée ; en bas, l’inclusion a été décollée. (b) Croissance
des cavités par déformation plastique de la matrice. (c) Coalescence des cavités. En haut
striction des ligaments internes ; en bas coalescence par cisaillement.
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(a)
(b)
Craquelures
Fig. 1.15. Craquelure provoquée par fluage de polyethylène haute densité (PEHT). Sur le
cliché du haut on observe les fibrilles qui pontent les lèvres de la craquelure. Le cliché du
haut a été obtenu après une attaque oxydante qui supprime les plus petites d’entre elles
(H. Ben Hadj Hamouda, thèse École nationale supérieure des mines de Paris 2000 ; figure
aimablement communiquée par R. Piques).
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20 D. FRANÇOIS
Fig. 1.16. Schéma des glissements successifs par fatigue. Formation (a) d’une marche,
(b) d’extrusions et (c) d’intrusions.
22 D. FRANÇOIS
σ2
σ3 σ1 σ2
σ3
Surface
Cercle de Mohr
Fissure de type A
σ2
σ1 σ2
Cercle de Mohr
σ3
Surface
Fissure de type B
24 D. FRANÇOIS
plus grandes prennent petit à petit le pas sur les autres, et finalement,
une seule fissure se propage.
Il ne faut pas négliger dans ces mécanismes de naissance des fissures
de fatigue le rôle que peuvent jouer les inclusions. De façon analogue à ce
qui se passe pour l’apparition des cavités d’endommagement ductile, les
inclusions sont des sites de concentration de contrainte. Les fissures de
fatigue prendront donc facilement naissance en surface à leur voisinage.
La présence des inclusions provoque dans certains cas, exceptionnels,
l’apparition de fissures au sein du matériau et non pas à sa surface : on
observe alors un aspect caractéristique de la surface de rupture appelé œil
de poisson (Fig. 1.21) ; il est dû au développement progressif de la fissure à
partir de l’inclusion. Ce type d’endommagement apparaît dans la fatigue
appelée gigacyclique, autrement dit de la fatigue à très faible niveau de
sollicitation cyclique entraînant la rupture au bout d’un nombre de cycles
de l’ordre du milliard. On l’observe également dans certains cas en fatigue
de roulement.
Ces fissures apparues à la surface de certains grains, pénétrant dans
le matériau, se heurtent à des obstacles, des barrières (Fig. 1.22). Ce sont
notamment les joints de grains, puisque les orientations des plans de
glissement ne sont pas les mêmes dans les grains voisins du plan où les
fissures ont pris naissance. Il existe d’autres barrières, comme les colonies
July 6, 2004 Time: 20:55 Project: EDPS chapter1.tex
Fig. 1.21. Naissance de fissure de fatigue sur une inclusion au sein d’une éprouvette
d’acier faiblement allié en fatigue gigacyclique, donnant un facies caractéristique en
œil de poisson. L’inclusion est constituée d’un oxyde mixte d’aluminium et de calcium.
(Y. Murakami, T. Nomoto et T. Ueda, Fatigue Fract. Engng. Mater. Struct., 22, 1999,
pp. 581-590, avec l’autorisation de Blackwell Science.)
Surface
Stade II
Stade I
Fig. 1.22. Schéma de propagation des fissures de fatigue. Fissures bloquées sur une
barrière constituée par un joint de grain. La plus longue fissure a franchi les joints de
grain et, après une propagation sous l’effet du cisaillement en stade I, elle prend petit à
petit une orientation perpendiculaire à la contrainte principale maximale et entre dans le
stade II de la propagation.
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26 D. FRANÇOIS
(19) Colonies perlitiques : la perlite dans les aciers est constituée de lamelles
alternées de ferrite, autrement dit de fer cubique centré contenant une faible
quantité de carbone dissous, et de carbure de fer appelé cémentite.
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Lignes de glissements
(c) Refermeture de la
(b) Ouverture de la fissure.
fissure. Formation d’une strie.
Avancée de la fissure.
Fig. 1.24. Fractographie montrant des stries de fatigue dans un acier au carbone (cliché
Djafari ECP).
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28 D. FRANÇOIS
Fig. 1.25. Faïençage de fatigue thermique dans un acier inoxydable austénitique (cliché
A. Fissolo CEA).
du rail. Assez rapidement, elles dévient dans une direction radiale. Puis,
plus tardivement, lorsqu’elles atteignent des profondeurs de 1,5 à 2 mm,
elles prennent une direction circonférentielle. Le branchement de ces
fissures vers la surface emporte un morceau de la bande de roulement
en produisant un écaillage.
L’échauffement superficiel résultant du frottement peut être
suffisamment intense pour provoquer une fissuration de fatigue
thermique. Les fissures naissant à la surface sont, dans ce cas,
perpendiculaires à la bande de roulement. Comme les précédentes, elles
dévient dans une direction circonférentielle et aboutissent en définitive
aux mêmes sortes de dégâts superficiels.
Les méplats sur les bandes de roulement se forment lors des
glissements de la roue sur le rail. La température atteinte peut être telle
que l’austénitisation(21) se produit. Comme ensuite le refroidissement par
l’intense conduction thermique vers le corps de la roue est violent, il se
forme de la martensite(22) fragile.
(21) Austénitisation : à 910 ◦ C, le fer pur, qui est cubique centré à basses
températures, phase appelée fer alpha ou ferrite, se transforme en austénite,
phase cubique à faces centrées appelée aussi fer gamma.
(22) Martensite : phase hors d’équilibre qui se forme lorsqu’un acier est trempé,
c’est-à-dire refroidi brutalement, depuis le domaine austénitique. La structure de
la martensite est quadratique centrée.
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30 D. FRANÇOIS
couche protectrice
surface fraîche
Fig. 1.26. Schéma de création d’une surface fraîche par débouché d’une ligne de
glissement à la surface.
July 6, 2004 Time: 20:55 Project: EDPS chapter1.tex
8. Endommagement de fluage
L’endommagement de fluage(23) apparaît à haute température, suffisante
pour que la vitesse de fluage sous effort constant (c’est-à-dire la vitesse
de déformation) ne diminue jamais au cours du temps. Cela distingue ce
type de fluage de celui qui peut exister à basse température, fluage loga-
rithmique dont la vitesse ne cesse de décroître au cours du temps. Pour
fixer les idées, cette température de fluage à haute température est, en
degrés Kelvin, supérieure à la moitié de la température absolue de fusion.
À ces hautes températures, les phénomènes de diffusion sont actifs.
Un matériau contient toujours une certaine proportion de positions
atomiques inoccupées, des lacunes. La concentration de lacunes à
l’équilibre est fonction exponentielle de la température. Par ailleurs, les
lacunes peuvent migrer, et ceci d’autant plus vite que la température est
élevée. Ainsi la diffusion prend-elle place.
Lorsque deux lacunes se rencontrent, elles peuvent former une
bilacune (Fig. 1.27) ; avec une troisième, une trilacune et finalement une
cavité. La formation des cavités est facilitée par l’existence d’une tension
hydrostatique(24) . (On comprend bien effectivement qu’au contraire une
pression hydrostatique tend à les faire disparaître.) Sous contrainte de
traction, il existe une contrainte hydrostatique, égale au tiers de celle-
ci. Dans les conditions de fluage, des cavités sont donc susceptibles de
germer, dans la mesure où l’énergie de leur surface est inférieure au travail
de la contrainte appliquée au matériau. Elles peuvent le faire beaucoup
32 D. FRANÇOIS
lacunes
cavité
trilacune bilacune
plus facilement sur les joints de grains. En effet, l’énergie de joint de grain
qui disparaît lors de l’apparition de la cavité contribue à augmenter le gain
d’énergie résultant de cette formation de cavité.
Les cavités qui ont germé sur les joints croissent par diffusion de
lacunes le long de ces derniers. Cette croissance intéresse essentiellement
les joints qui sont perpendiculaires à la contrainte principale maximale
(Fig. 1.28). Ces joints entièrement recouverts de cavités constituent autant
de fissures, d’où résulte un endommagement.
Cependant l’ouverture de ces fissures n’est possible que dans la
mesure où le matériau qui les entoure est capable de se déformer, et
donc que sa vitesse de fluage est suffisante. Suivant les cas, c’est donc
soit la vitesse de diffusion des lacunes le long des joints de grains soit la
vitesse de fluage qui contrôle le développement de l’endommagement de
fluage.
9. Combinaisons d’endommagements
La combinaison de sollicitations cycliques et d’un milieu agressif provoque
un endommagement de fatigue corrosion. Dans certains cas, il y a simple
superposition des deux phénomènes de fatigue et de corrosion sous
contrainte. Mais dans d’autres cas, des effets de synergie interviennent
July 6, 2004 Time: 20:55 Project: EDPS chapter1.tex
contrainte de traction
(b)
Fig. 1.28. Joints de grains endommagés par fluage. Schéma et micrographie d’un acier
inoxydable austénitique ayant subi un essai de fluage à 600 ◦ C (avec l’autorisation
d’Hermès Science).
July 6, 2004 Time: 20:55 Project: EDPS chapter1.tex
34 D. FRANÇOIS
10. Conclusion
Partant des deux mécanismes élémentaires de rupture des monocristaux,
le clivage et le glissement, nous avons pu bâtir une classification des
phénomènes d’endommagement (voir Tab. 1.IV). C’est un mécanisme
analogue au clivage qui est responsable de l’endommagement des
matériaux cimentaires. Ce sont les glissements qui provoquent les
endommagements de cavitation ductiles, les endommagements de fatigue
et ceux de corrosion sous tension, tous endommagements fort fréquents.
L’endommagement des polymères provient de mécanismes analogues aux
glissements des matériaux cristallins, le déplacement des molécules les
En posant :
2−ν
U0 =
8(1 − ν)
36 D. FRANÇOIS
γs
Um = 2 cos Ψ sin Φ
µb
1/2
2,092 γs Φ
Us = sin Φ cos Φ cos
(1 − ν) 1/2 µb 2
la condition d’activation est donnée par :
dU act er
= 0 = U 0 log + U m + U sr 1/2 (1.5)
dr ξ0
Finalement, cette condition est portée sur un graphe en coordonnées
réduites :
U act
u act =
(2 − ν) 2 β2 3
µb
8(1 − ν) β
16(1 − ν) γs
S=
5β(2 − ν) µb
paramétré par :
16β
R0 = ξ0 .
5(2 − ν)β2
Dans ces expressions :
1 Φ
= cos Ψ sin Φ cos
β 2
1
= cos Ψ sin Φ.
β
Pratiquement,
U act
u act ≈
µb 3
γs
S≈
µb
R 0 ≈ ξ0 .
Dans le cas de la fissuration intergranulaire il faut multiplier u act et R 0
par R CI .
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
2 Les endommagements,
le désordre
et les hétérogénéités
38 D. FRANÇOIS
2,5
1,5
0,5
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
-0,5
-1
-1,5
-2
-2,5
U /2γ s 10 σ/E
40 D. FRANÇOIS
Fig. 2.2. Un glissement localisé dans un grain peut créer une forte surcontrainte dans ses
voisins. (À gauche, le grain est désolidarisé de ses voisins et glisse librement ; à droite, il
provoque un effet de coin sur les grains voisins.)
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
42 D. FRANÇOIS
dislocation
Fig. 2.3. Schéma d’une dislocation. Un demi-plan d’atomes supplémentaire a été introduit.
5. Les inclusions
5.1. Les inclusions sources de clivages ou de cavités
Une forme de désordre qui joue un rôle essentiel dans la création
d’endommagements est constitué par les inclusions. Ainsi que nous
l’avons déjà indiqué, les inclusions non métalliques dans les alliages ne
se déforment pas plastiquement et constituent donc des points durs,
sièges de concentrations de contraintes. C’est ainsi que des microfissures
sont susceptibles de naître soit dans les inclusions elles-mêmes soit
aux interfaces. Dans la suite de ce chapitre nous allons examiner
essentiellement des mécanismes d’endommagement conduisant à la
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
44 D. FRANÇOIS
plan de glissement
dislocation
émoussement
Fig. 2.5. Schéma du modèle de Rice et Thomson. Une dislocation est émise à partir de
l’extrémité d’un clivage. Ceci émousse la fissure comme le montre la coupe figurant en bas.
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
46 D. FRANÇOIS
dislocations fictives
représentant la fissure
dans l’inclusion
empilement de dislocations
2c
48 D. FRANÇOIS
50 D. FRANÇOIS
K2
G= (2.5)
E
√
K I = σ πa. (2.6)
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
52 D. FRANÇOIS
54 D. FRANÇOIS
(2) Bainite : constituant hors d’équilibre des aciers qui est constitué d’un mélange
de ferrite et de cémentite (carbure de fer).
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
(c)
56 D. FRANÇOIS
8. Les fibres
Les matériaux renforcés par des fibres possèdent des structures variées.
La fraction volumique de fibres, leur diamètre, leur longueur, leur
résistance à la rupture et celle de la matrice, la ductilité des deux
composants constituent autant de caractéristiques qui peuvent jouer sur
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
58 D. FRANÇOIS
(a)
-1
0 1 2
longueur de la fibre
σf / σ m
τf / σm
(b)
σf /σm
τf /σm
0 1 2 x/2L
Fig. 2.9. Distribution de la contrainte de cisaillement () à la surface d’une fibre dans
un composite et de la contrainte de traction () dans la fibre (a) en élasticité (b) après
plastification de la matrice. On a pris comme hypothèse que le module d’Young de la fibre
était le double de celui de la matrice, que le rapport de sa longueur à son diamètre valait
10, et que le rapport de la distance entre fibres à leur diamètre valait 10.
autant que possible la transmission aux fibres des fissures ainsi créées.
Des interfaces suffisamment faibles procurent des déviations des fissures
le long des fibres. Il s’ensuit que les composites de cette sorte doivent être
soigneusement conçus et élaborés. Les fluctuations de fraction volumique
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
Fig. 2.10. Surface de rupture d’un composite polymérique renforcé par des fibres de verre
montrant un déchaussement là où la fraction volumique de fibres est plus petite et au
contraire une rupture des fibres là où elle est plus forte.
9. Conclusion
Dans les divers exemples que nous avons examinés le désordre local
dans un matériau ordonné, l’ordre local dans un matériau désordonné,
créent des concentrations de contrainte locales qui, en atteignant
dans ces zones la contrainte théorique de rupture, provoquent des
endommagements. Diverses échelles sont concernées : celle des lacunes,
celle des dislocations et de leurs cellules, celle de leurs empilements, celle
donc des grains, celle des inclusions et de leurs amas, celle des fibres
dans les composites. La loi de Weibull permet de prévoir la probabilité
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
60 D. FRANÇOIS
A. Annexes
A.1. Contrainte théorique de rupture
Pour estimer l’ordre de grandeur de la contrainte théorique de rupture σ0
il faut faire une hypothèse sur la variation de la contrainte en fonction de
la distance interatomique a. La plus simple consiste à supposer qu’elle
est sinusoïdale :
2π
σ = σ0 sin (a − a 0 ) (2.7)
λ
λ étant une longueur d’onde inconnue.
Pour a − a 0 petit on peut écrire :
2π a − a0
σ = σ0 (a − a 0) = E · (2.8)
λ a0
D’autre part, le travail de séparation du cristal en deux parties étant égal
à 2γS :
a0 +λ/2
2π λ
2γS = σ0 sin (a − a 0) da = σ0 · (2.9)
a0 λ π
en posant :
1
f (σ) = log . (2.13)
1 − P 0(σ)
∆V
1 − P R = Π[1 − P R(σ)] = exp −Σ f (σ) (2.14)
V0
Loi de Weibull
La loi de Weibull suppose que :
m
σ − σ0
f (σ) = . (2.16)
σu
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
62 D. FRANÇOIS
1+ν
α=
3(1 − ν)
2(4 − 5ν)
β= (2.18)
15(1 − ν)
εIkk = αεLkk
Le tableau 2.I donne des valeurs du tenseur d’Eshelby dans des cas
extrêmes.
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
64 D. FRANÇOIS
kI
σmI = Σm
αk I + (1 − α)k m
µI
s Iij = S ij (2.22)
βµI + (1 − β)µm
k m et µm étant respectivement le module d’incompressibilité et le module
de cisaillement de la matrice, et k I et µI ceux de l’inclusion.
Dans le cas où la contrainte appliquée est une contrainte uniaxiale de
traction Σ, si les coefficients de Poisson de l’inclusion et de la matrice sont
identiques, ces expressions se réduisent à :
σI 1 10
= (1 − ν)
+ (2.23)
Σ 1 − 2ν 7 − 5ν
1 +ν +2 2(4 − 5ν) +
m m
où m est le rapport du module d’Young de l’inclusion à celui de la matrice.
Cette expression est celle du facteur de concentration de contrainte de
l’inclusion. C’est une fonction croissante de m qui devient supérieure à 1
pour une valeur critique de ce rapport.
Dans ce dernier cas, dans la matrice la contrainte décroît lorsqu’on
s’éloigne de l’inclusion selon l’expression :
3 5
σm 1 c 27 c
= 3 + [5(1 − 2νm)Q − K Iσ + 1] + Q . (2.24)
Σ 2 2r 2 2r
Dans cette expression :
1 −m
Q=
7 − 5ν + 2(4 − 5ν)m
3(1 − ν)
K Iσ = (2.25)
1 − 2ν
1 +ν +2
m
à condition que les coefficients de Poisson soient les mêmes dans
l’inclusion et dans la matrice. (Sinon il faudrait prendre pour m le rapport
des modules de cisaillement.)
1
σmI = Σm
(1 − f )[1 + α(m − 1)] + f Im
I
1
s Iij = S ij . (2.26)
(1 − f )[1 + β(m − 1)] + f Im
I
k m −1
= 1 +fI
k M
(1 − f )[1 + α(m − 1)] + f Im
I
µ m −1
= 1 +fI · (2.27)
µM (1 − f I)[1 + β(m − 1)] + f Im
Extension à la plasticité
Le modèle d’Eshelby, valable en élasticité linéaire, a été étendu au cas
d’une matrice plastique par Berveiller et Zaoui. Ils ont considéré que
la matrice se comportait alors comme un matériau élastique de module
d’Young égal à la pente d’écrouissage E p et de coefficient de Poisson égal
à 1/2. Ceci conduit à l’expression de la contrainte dans l’inclusion :
−1
σijp = Σij + E p(S ijkl − δij δkl)E kl . (2.28)
σ = Σm + 23 Σeq + kE pE eq (2.29)
E pE eq = Σeq − R e . (2.30)
July 5, 2004 Time: 16:52 Project: EDPS chapter2.tex
66 D. FRANÇOIS
Tableau 2.II. Facteur de forme k dans divers cas pour un chargement axisymétrique (s est
le rapport de la dimension axiale à la dimension radiale).
Cas k k
Inclusion aiguille (s > 1) s =7
2 1 1 + 2s 2
Direction longitudinale (A) −1 4,66
3 3 2 log (2s − 1) − 1
1 1 1 + 2s 2
Direction transverse (B) +1 1,83
2 9 2 log (2s − 1) − 1
Inclusion sphérique 1
Inclusion disque (s < 1) s = 1/7
2 4
Direction de la face (C) −1 1,31
3 3πs
2 10
Direction du coté (D) −1 4,28
3 3πs
ΣR + k(Σeq − R e) = σd (2.31)
par :
ω
Σr 1 1 n−1 1
+ = (1 + x 2) 2 dx + (2.33)
Σz − Σ r 3 0 3
3
· ·
avec ω = V/ 3E 2V. Dans cette expression V est le volume de la cavité et
E z la déformation axiale globale.
Dans le cas où le solide est sans consolidation avec n = 0, l’intégration
de l’expression précédente donne le taux de croissance de la cavité en
fonction du taux de déformation radiale et du taux de triaxialité des
contraintes :
·
V Σr
= 3sh 3 . (2.34)
· Σz − Σ r
E zV
·
R · 3 Σm · 3 Σm
= αχE eq exp χ − βχE eq exp − χ (2.35)
R 2 Σeq 2 Σeq
Modèle de Gurson
L’équation de la surface d’écoulement d’un solide plastique sans
consolidation, de porosité f, est donnée par :
Σeq
2
3 Σm
Ψ(Σ) = 2 + 2fch − (1 + f 2) = 0. (2.36)
σ0 2 σ0
68 D. FRANÇOIS
dσzf
πR 2 + 2πRτ f = 0. (2.40)
dz
70
July 6, 2004 Time: 20:49 Project: EDPS chapter3.tex
3 Endommagement
et matériaux poreux
72 D. FRANÇOIS
d’endommagement est égale à 1 s’il est total, c’est à dire si S eff = 0. Nous
posons donc :
S eff
D =1− · (3.1)
S
F S σ
σeff = =σ = · (3.2)
S eff S eff 1 −D
0 ε
Fig. 3.1. Détermination du module effectif d’un matériau endommagé. Des déchargements
partiels au cours de l’essai de traction permettent en mesurant la pente de déterminer le
module effectif.
D%
20
15
10
0
0 1 2 3 ε%
78 µm
29 µm
5 µm
74 D. FRANÇOIS
σ MPa
0
0 1 2 ε.104
d d
d l
si
Gc s i = Y cDl 3 . (3.7)
1
July 6, 2004 Time: 20:49 Project: EDPS chapter3.tex
76 D. FRANÇOIS
D= si. (3.9)
l2 1
78 D. FRANÇOIS
(1) Le vecteur contrainte t i qui agit sur une facette de normale n i dans un
solide, possède une composante normale et une composante de cisaillement
dans le plan de la facette. Il est fonction des 6 composantes du tenseur des
contraintes, qui sont les composantes σij des contraintes qui agissent sur les trois
facettes perpendiculaires aux axes de coordonnées. (Si i = j la composante est une
contrainte normale, alors que si i = j il s’agit d’une composante de cisaillement.
La permutation de i et j ne modifie pas la composante en question.)
t i = σijn j (avec la convention d’Einstein sur la sommation des indices répétés).
July 6, 2004 Time: 20:49 Project: EDPS chapter3.tex
· ∂ϕ
D= · (3.21)
∂Y
· ε· , on trouve tout simplement D· = ε/
Ainsi par exemple, si ϕ = Y ε/ · ε· , cas
0 0
particulier de l’évolution que nous avions postulée ci-dessus.
80 D. FRANÇOIS
σ2
surface dӎcoulement
axe hydrostatique
σ1
σ3 plan Π
σ2
σij
0
dεijp
σ3 σ1
Fig. 3.6. Critères de Tresca et de Von Mises. Est représentée la coupe de la surface
d’écoulement par le plan Π, lui-même perpendiculaire à l’axe hydrostatique. Le vecteur
d’accroissement de déformation plastique est normal à la surface d’écoulement au point
représentatif de l’état des contraintes.
engendre une diminution de volume alors que c’est le contraire pour une
tension hydrostatique. Sinon, la surface d’écoulement est encore convexe,
et la normalité de l’écoulement respectée ; sa symétrie résulte de l’isotropie
du matériau ; mais les limites d’élasticité en traction et en compression
ne sont plus égales.
Gurson a proposé un critère de plasticité pour un matériau plastique
poreux sans consolidation. Si la contrainte hydrostatique est Σm et la
contrainte équivalente Σeq , et σ0 la contrainte d’écoulement, l’équation de
la surface d’écoulement est donnée par :
Σeq2
3 Σm
Ψ(Σ) = 2 + 2fch − (1 + f 2) = 0 3.22 (et 2.36)
σ0 2 σ0
82 D. FRANÇOIS
0,8
0,6
0,4
0,2
0 3,5
0 1 2 3
taux de triaxialité des contraintes
f=0
f = 0,01
f = 0,05
f = 0,1
Fig. 3.7. Critère de Gurson pour diverses fractions volumiques de porosité (f ). La contrainte
équivalente rapportée à la contrainte d’écoulement figure en ordonnées en fonction de la
contrainte hydrostatique rapportée à la contrainte d’écoulement en abscisses.
produit pour :
Σm 2 1
= log . (3.23)
σ0 3 f
(4) En un point d’un solide déformé, la déformation est caractérisée par les
six composantes εij du tenseur des déformation. Elles représentent selon les
July 6, 2004 Time: 20:49 Project: EDPS chapter3.tex
avec :
f f < fc
f =
*
si (3.25)
f c + (1/q 1 − f c)( f − f c)/( f f − f c) f ≥ fc
· ·
f E peq
= (∂Ψ/∂Σm). (3.26)
1 −f ∂Ψ/∂Σeq
84 D. FRANÇOIS
C’est-à-dire :
· q 1q 2 R p ·p q 2 Σm
f crois = f (1 − f )E eqsh . (3.27)
2 Σeq 2R p
3. Conclusion
L’évolution du module d’Young d’un matériau poreux permet de définir
un paramètre d’endommagement D. Celui-ci affecte la contrainte qui
intervient dans la loi de comportement du matériau. La mécanique
de l’endommagement est l’équivalent, à l’échelle macroscopique d’un
matériau endommagé, de la mécanique de la rupture d’une microfissure.
Le passage d’une échelle à l’autre n’est toutefois pas convenable. Les
modèles de Gurson, généralisation de ceux établis pour une cavité isolée,
et sa modification par Tveergard et Needleman, ainsi que le modèle de
July 6, 2004 Time: 20:49 Project: EDPS chapter3.tex
A. Annexes
A.1. Module d’élasticité d’un matériau élastique linéaire
isotrope contenant des fissures en forme de piécette
Soit un élément de volume l × l × l, d’un matériau élastique isotrope de
module d’Young E et de coefficient de Poisson ν, contenant une fissure
en forme de piécette de rayon a et soumis à une contrainte de traction
homogène σ.
Le taux de libération d’énergie G est donné dans ce cas par sa relation
avec K I d’une part et par la formule de la complaisance d’autre part :
1 − ν2 2 4 1 − ν2 2
G= KI = σ a
E π E
1 ∂C
G= (σl 2) 2 (3.30)
2 ∂πa 2
E
E eff = · (3.31)
1 + 16(1 − ν2)a 3 /3l 3
· ·
V f
= · (3.32)
V 1 −f
July 6, 2004 Time: 20:49 Project: EDPS chapter3.tex
86 D. FRANÇOIS
4 Environnement
et endommagement
88 D. FRANÇOIS
90 D. FRANÇOIS
Energie potentielle
oxyde métal
interface
Ediff
2H+M
endothermique
EA ENA ∆E
Distance
H2+M Ediff
Ep
Ec
∆E
exothermique
Solubilité de l’hydrogène
La pénétration de l’hydrogène dans les métaux est donc fonction de nom-
breux facteurs. L’activité de l’hydrogène en est l’un des plus important :
pression partielle en phase gazeuse, fugacité thermodynamique en phase
liquide. En général, ce facteur intervient par sa racine carrée selon la loi
July 4, 2004 Time: 14:11 Project: EDPS chapter4.tex
92 D. FRANÇOIS
cm3/100 g
log s
Solubilité
ppm poids
1,5
25
20 1 10
liquide 5
15 0,5
10 0 1
Feγ
0,5
5 -0,5
Feδ
Feα
0 -1
500 1000 1500 C 1 1,5 2 2,5 3 1000/T K
94 D. FRANÇOIS
96 D. FRANÇOIS
Fig. 4.4. Propagation par sauts d’une fissure de fragilisation par l’hydrogène dans un alliage
fer-silicium. La décoration des dislocations, présentes dans les zones plastifiées en tête des
fissures, permet de visualiser les positions successives du front de la fissure. (A.S.Tetelman
et W.D. Robertson, Acta. Met., 11, 1963, p. 415.)
July 4, 2004 Time: 14:11 Project: EDPS chapter4.tex
98 D. FRANÇOIS
Effets métallurgiques
L’hydrogène peut former des hydrures avec un certain nombre de métaux.
Ce sont le niobium, le vanadium et le tantale, le zirconium et le titane ainsi
que les alliages de ces métaux. En général, ces hydrures sont fragiles et
de leur rupture résulte un endommagement du matériau. La formation
des hydrures est favorisée dans les zones de forte tension hydrostatique,
là où également se rassemble l’hydrogène dissous. Les zones plastifiées
en tête de fissure sont donc particulièrement visées.
De nature très différente est l’action de l’hydrogène dissous sur la
stabilité de l’austénite. Il joue sur le point M S (3) et favorise la formation de
martensite. La fragilité de cette phase réduit donc la ductilité, mais, d’un
autre coté, la formation de martensite d’écrouissage(4) , accompagnée d’une
augmentation de volume, joue sur les contraintes locales en diminuant les
contraintes hydrostatiques ce qui a un effet inverse.
100 D. FRANÇOIS
% RA
80
60
40
20
0
0 200 400 600 800 C
non chargé
après 5h de chargement
Fig. 4.6. Réduction de ductilité due à la fragilisation (RA) par l’hydrogène après des
traitements à diverses températures d’un acier au titane.
Signalons enfin qu’il existe des effets de synergie de diffusion vers les
joints de grain entre l’hydrogène et certains éléments comme le phosphore,
l’antimoine et l’étain.
Fig. 4.8. Facies de rupture mixte à cupules et intergranulaire d’un acier martensitique 17-4
PH fragilisé par chargement cathodique (cliché F. El Hilali, ECP).
July 4, 2004 Time: 14:11 Project: EDPS chapter4.tex
102 D. FRANÇOIS
Fig. 4.9. Facies de rupture à cupules avec des fissures secondaires d’un acier
martensitique 17-4 PH fragilisé par chargement cathodique (cliché F. El Hilali, ECP).
Mais elles sont, dans bien des cas, dues à l’oxydation ultérieure à la
rupture des surfaces des fissures.
104 D. FRANÇOIS
Fig. 4.10. Fissure ramifiée de corrosion sous contrainte d’un acier inoxydable austénitique
304 dans un milieu chloruré (N.A. Nielsen, J. Mater., 5, Déc. 1970).
106 D. FRANÇOIS
da/dt m/s
a
da/dt m/s
10-5
10-5
10-6
10-6
10-7
b 10-7
10-8
10-8
10-9
10-9
10-10
10-11 10-10
c
10-12 10-11
0 20 40 60 80 100 K MPam1/2 600 800 1000 1200 1400 1600 Rp0,2 MPa
Fig. 4.11. Vitesse de propagation des fissures en corrosion sous contrainte da/dt en
fonction du facteur d’intensité de contrainte K I . Il s’agit d’aciers faiblement alliés de limites
d’élasticité différentes dans de l’eau à 100 ◦C : (a) R p0,2 = 1700 MPa ; (b) R p0,2 = 1220 MPa ;
(c) R p0,2 = 760 MPa (d’après M.O. Speidel, Application of Fracture Mechanics to Materials
and Structures, Martinus Nijhoff Pub., 1984).
Fig. 4.12. Vitesse de propagation des fissures au palier de corrosion sous contrainte
d’aciers dans de l’eau désaérée à 100 ◦C en fonction de la limite d’élasticité R p0,2 .
Tous les résultats sont inclus dans la bande dispersion correspondant à un facteur 10.
R.N. Parkins, Br. Corrosion J., 14, 1979.
Mécanismes de propagation
Le milieu corrosif à l’extrémité de la fissure est différent du milieu
extérieur, car les échanges, nous venons de le voir, y sont limités. La
détermination expérimentale des conditions qui règnent à cette extrémité
est délicate. Néanmoins, les conclusions suivantes ont pu être dégagées
en condition de corrosion libre. La concentration en oxygène est très
faible. Dans ces conditions, pour les aciers ferritiques, c’est l’hydrolyse
des ions ferreux qui est prépondérante et le milieu à l’extrémité de la
fissure est neutre ou très légèrement basique. Au contraire, pour les aciers
July 4, 2004 Time: 14:11 Project: EDPS chapter4.tex
108 D. FRANÇOIS
Densité de
charge électrique
d’oxydation
da/dt cm/s
10-4
10-5
formation de 10-6
la couche d’oxyde
10-7
Fig. 4.15
110 D. FRANÇOIS
Fig. 4.17. Rivières d’orientation moyenne {100}, formées de deux séries de facettes
secondaires {111} en corrosion sous contrainte de laiton 70Cu-30Zn (J.I. Dickson, S.Q. Li
et J.P. Baïlon, Corrosion sous contrainte, les Éditions de Physique, 1992).
3. Fatigue-corrosion
La fatigue-corrosion s’apparente à la corrosion sous contrainte. Elle
fait intervenir les mêmes mécanismes. Mais la variation cyclique
des contraintes introduit des modifications dans les processus de
plastification. Il s’ensuit des interactions avec les couches passivées qui
peuvent être différentes, ainsi que des perturbations affectant le transport
de l’hydrogène dans les zones plastifiées.
Une première approche consiste à tout simplement considérer que
la fatigue-corrosion est la superposition de la fatigue pure, en l’absence
de milieu corrosif, et de corrosion sous contrainte. On peut alors écrire
l’augmentation de la longueur a de la fissure par cycle de la façon
suivante:
da da da
= + . (4.3)
dN dN F dN CSC
112 D. FRANÇOIS
f2
log∆ K log∆K
4. Conclusion
La revue succincte des effets de l’environnement sur les
phénomènes d’endommagement nous montre un domaine complexe, où
les interactions sont nombreuses et variées : interactions entre divers
milieux corrosifs et divers métaux, ou même des matériaux comme le
verre ; entre processus électrochimiques et surfaces ; entre couches
protectrices et plastification ; entre dislocations, inclusions, interfaces
et hydrogène pour n’en citer que quelques-unes. Il est alors difficile de
dégager des lois générales. Nous nous sommes efforcés de le faire, mais
il importe de garder à l’esprit que chaque cas particulier peut présenter
des spécificités. Nous sommes là dans un domaine où les prévisions ne
sont pas faciles et où la prévention des endommagements est délicate.
July 4, 2004 Time: 14:11 Project: EDPS chapter4.tex
114
July 4, 2004 Time: 14:13 Project: EDPS chapter5.tex
5 Endommagement
et besoins industriels
116 D. FRANÇOIS
∆σ
MPa
350
300
250
200
10 4 10 5 10 6 10 7 10 8 N
Fig. 5.1. Courbe de Wöhler donnant la durée de vie en fatigue en fonction de l’amplitude
des contraintes cycliques pour un acier doux.
2. Développements de la maîtrise
de la rupture fragile
2.1. L’essai Charpy
Les études sur la rupture fragile, caractérisée par son aspect brutal et
l’absence de déformation plastique importante préalable, commencent
véritablement à la fin du XIXe siècle, en raison notamment de préoccupa-
tions liées à de nombreuses explosions de chaudières. Très dangereuses,
elles étaient responsables non seulement de dégâts matériels mais aussi
de morts d’hommes. Les ingénieurs savaient à cette époque que les en-
tailles dans les pièces étaient le siège de concentrations de contraintes, et
que celles-ci pouvaient donc être à l’origine de ruptures. Ils se rendaient
aussi compte, comme chacun d’entre nous, que les sollicitations par chocs
aggravaient les choses. Roland à Roncevaux voulant détruire Durandal,
sa vaillante épée, la cogne contre un rocher. Mais les ingénieurs de la fin
du XIXe , au vu du caractère brutal des explosions, manquaient de données
sur l’influence réelle de ce facteur dynamique. Ils ont alors imaginé des
essais dans lesquels on faisait tomber une masse sur une éprouvette
afin de la rompre. Il s’agissait d’essais par tout ou rien : l’éprouvette se
rompait ou ne se rompait pas. Les résultats restaient donc très qualitatifs.
Un progrès décisif fut accompli par l’introduction du mouton-pendule
(Fig. 5.2). En effet, celui-ci permettait de mesurer l’énergie absorbée par
la rupture de l’éprouvette. Il suffisait de mesurer la différence entre
la hauteur du pendule avant sa chute et celle à la quelle il remontait
après avoir cassé l’éprouvette. Ainsi fut introduite la notion de résilience
mesurée par l’énergie absorbée dans l’essai de rupture au mouton-
pendule. Une faible résilience correspond évidemment à une grande
fragilité.
Le mérite de Georges Charpy fut d’étudier de manière systématique
l’influence de divers paramètres sur les résultats de tels essais. Il put ainsi
en réduire la dispersion. Il comprit l’influence néfaste des stries d’usinage
et mit au point l’entaille en trou de serrure (Fig. 5.3) obtenue en perçant
un trou, ce qui crée des stries dirigées de telle sorte qu’elle sont sans effet
sur la rupture de l’éprouvette, et en le reliant à la surface par un trait de
scie. Ainsi fut introduit en 1901 l’essai appelé aujourd’hui essai Charpy,
toujours largement employé dans le monde entier.
July 4, 2004 Time: 14:13 Project: EDPS chapter5.tex
118 D. FRANÇOIS
Fig. 5.2. Le mouton-pendule conçu par Georges Charpy pour la mesure de la ténacité.
Fig. 5.3. Entaille en trou de serrure fait en sorte que les stries d’usinage sont parallèles à
la direction de la contrainte principale maximale.
120 D. FRANÇOIS
en tôles rivées où les fissures seraient restées limitées à une seule tôle.
Les contraintes résiduelles dues au soudage étaient essentielles dans le
déclenchement du phénomène. Ces accidents catastrophiques ont incité
les laboratoires de la marine américaine à d’importantes investigations
sur l’influence de la température et de la microstructure des aciers sur
leur résilience.
σ/E
A%
clivages cupules
σf / E
Rp / E
A%
0 TNDT FATT T K
DBTT
122 D. FRANÇOIS
σ/E
Rp (dε/dt)1
σ f /E
0
NDT1 NDT 2
T K
Effet d’entaille
Considérons maintenant une éprouvette cylindrique comportant une
entaille circulaire (Fig. 5.6). Nous pouvons comprendre pourquoi au sein
de cette entaille, la contrainte moyenne augmente beaucoup. En effet,
comme la déformation plastique se fait à volume constant, un petit
élément de volume situé sur l’axe de l’entaille, s’allongeant dans le sens
de l’axe, doit diminuer de diamètre. Si cette diminution peut se faire
sans problème dans une éprouvette de section constante, il n’en est
plus de même au sein d’une éprouvette entaillée dans la mesure où,
de part et d’autre de l’entaille, il existe des parties qui ne diminuent
pas de diamètre. Il apparaît donc des contraintes de traction dans les
directions radiales. Pour que la déformation plastique puisse continuer,
il est nécessaire que la différence entre la contrainte axiale et ces
contraintes radiales reste égale à la contrainte d’écoulement du matériau.
Nous voyons donc que la contrainte axiale augmente par rapport à ce
qu’elle serait dans une éprouvette lisse, dans la mesure où les contraintes
radiales de traction apparaissent. La contrainte moyenne augmente dans
les mêmes proportions : le taux de triaxialité des contraintes, rapport de
allongement
σr
R
2a
Fig. 5.6. Création d’un fort taux de triaxialité des contraintes dans une éprouvette circulaire
entaillée. La contraction radiale d’un petit élément de volume situé sur l’axe de l’éprouvette
en raison de l’allongement axial crée des contraintes radiales de traction.
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124 D. FRANÇOIS
σ/E
éprouvette lisse
éprouvette entaillée
σf
0
NDT lisse
T K
NDT enraillée
KV (J) %
250 100
200 80
taux de cristalinité
150 60
100 40
énergie absorbée
50 20
0
-80 -60 -40 -20 0 20 C
126 D. FRANÇOIS
Des essais similaires ont été réalisés sur des tôles sollicitées par un
explosif : l’essai de bombement à l’explosif (explosion bulge test). Suivant
que la tôle se rompait ou présentait un bombement après l’essai, elle se
trouvait en dessous ou au-dessus de la NDT.
Le confinement maximal de la déformation plastique n’est pas atteint
dans une entaille usinée, aussi aiguë soit-elle, mais en tête d’une
fissure. Il faudrait donc, pour jouer la sécurité, effectuer des essais
sur des éprouvettes comportant des fissures, obtenues, par exemple,
par fatigue. On entre alors dans le domaine de la mécanique de la
rupture, qui viendra plus tardivement. Néanmoins, l’essai Robertson était
à l’époque le plus sévère de tous. Il consistait à provoquer, à partir
d’une zone fragilisée, la propagation d’une fissure dans une tôle sous
tension soumise à un gradient de température. La fissure se propageant
vers des régions de plus en plus chaudes, finissait par s’arrêter. On
pouvait ainsi déterminer la température d’arrêt de fissure. On combinait
les effets dynamiques et ceux de confinement maximal. Il est dommage
que cet essai ne soit plus guère pratiqué, en raison évidemment de sa
lourdeur.
En dépit d’efforts de Pellini pour donner un caractère prédictif à ces
divers essais selon le niveau des contraintes, la température et l’épaisseur
des tôles rencontrés en construction, ils restent assez qualitatifs. Ils
donnent néanmoins, grâce au diagramme de Pellini (Fig. 5.10), des
indications précieuses sur l’écart que l’on peut admettre entre la
température minimale de service et la NDT.
Il nous faut maintenant voir comment il est possible, en jouant sur la
composition et la microstructure des aciers, de réduire la température de
transition fragile-ductile.
128 D. FRANÇOIS
σF/Rp FTP
petite fissure
1,00
FTE
taille de fissure
croissante courbe d’arrêt de fissure
0,75
CAT
0,50
0,25
130 D. FRANÇOIS
chargement
x2
θ
x1
132 D. FRANÇOIS
x2 x2
σ
τ
τ max
(a)
x1 x3 0 σ33 σ11 σ22 σ
x3
cisaillement à 45
bloc rigide
τ
τ max.
(b) k
σ 11 σ 33 σ22 σ n
début de plastification
propagation généralisée
Fig. 5.12. Zone plastifiée en tête de fissure (a) en contrainte plane ; (b) en déformation
plane. On a figuré aussi les cercles de Mohr pour les contraintes dans la zone plastifiée
dans le plan qui prolonge la fissure ; ils mettent en évidence la forte triaxialité des contraintes
en déformation plane.
O
CTOD
CTOD
d
a
134 D. FRANÇOIS
x2
u
n
0 x1
∂u
Fig. 5.15. Définition de l’intégrale de Rice-Cherepanov : J = Γ
(W dx 2 − t i ∂x i ds).
1
136 D. FRANÇOIS
Force
16
Fm
Fiu
12 Fgy
Fa
4
0
0 2 4 6 8 Déplacement mm
3. Conclusion
Nous avons vu que les progrès accomplis dans la connaissance et la
maîtrise des endommagements avaient été fortement induits par les
exigences des développements industriels et des risques qui y étaient
associés. Néanmoins, une enquête menée il y quelques années en Europe,
venant compléter une enquête analogue faite aux États-Unis, a montré
que le coût des ruptures était encore aujourd’hui de l’ordre de 4 %
du PIB. Il se produit encore un nombre considérables de défaillances
qui pourraient être évitées. Elles peuvent être attribuées d’une part à
des déficiences dans les connaissances et nul doute que des recherches
supplémentaires sont à même d’en faire disparaître certaines. Mais,
d’autre part, un bon nombre d’accidents pourrait être supprimé par
de meilleures prises en compte des phénomènes d’endommagement au
moment de la conception des appareils et par une maintenance plus
rigoureuse. C’est de nos jours la pression du développement durable,
terme nouveau et à la mode, mais qui recouvre des préoccupations
July 4, 2004 Time: 14:13 Project: EDPS chapter5.tex
qui ne sont pas seulement d’aujourd’hui, et qui doit être incitatif pour
une meilleure maîtrise des endommagements. Nous verrons dans le
chapitre 7 comment elle peut intervenir pour une bonne planification de
la maintenance.
A. Annexes
A.1. Calcul des champs de contraintes et de déformations
dans la section d’une éprouvette cylindrique entaillée,
d’après Bridgman (Fig. 5.17)
Soit une éprouvette cylindrique entaillée de rayon minimal a et dont
l’entaille possède un rayon de courbure R soumise à un effort de traction.
L’hypothèse faite par Bridgman est que les déformations radiales et
tangentielles dans la section minimale sont homogènes et égales. De plus
les isostatiques sont supposées être des cercles. Les contraintes dans la
section minimale, lorsqu’elle est entièrement plastifiée, sont alors données
en fonction de la distance r à l’axe de l’éprouvette par les expressions :
a2 − r2
σrr = σθθ = σeq log 1 + (5.1)
2aR
a2 − r2
σzz = σeq 1 + log 1 + . (5.2)
2aR
2,5
Contraintes réduites
1,5
0,5
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2
Rayon réduit
Fig. 5.17. Variation des contraintes dans une éprouvette cylindrique entaillée d’après
Bridgman.
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138 D. FRANÇOIS
(6) Densité de dislocations : longueur totale des lignes de dislocation par unité de
volume.
July 4, 2004 Time: 14:13 Project: EDPS chapter5.tex
π/2 ∞ m+1
v 0 1−m
= τ̃ m+1 dθ (Eγs) 2
ρDb r 2 dr. (5.11)
α −π/2 b v c τ0m
140
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
142 D. FRANÇOIS
2. La fatigue
2.1. Approche globale
144 D. FRANÇOIS
Sollicitation
2
3
4
5
6
7
Temps
(J. Goodman en 1914) permet de rendre compte de cet effet (Fig. 6.2).
On y porte la contrainte maximale et la contrainte minimale à la limite
d’endurance en fonction de la contrainte moyenne. On suppose qu’elles
décrivent des droites qui se rejoignent évidemment à la charge de rupture.
L’écart entre les deux représente la limite d’endurance.
Lorsque l’état des contraintes n’est pas uniaxial le problème se pose
de savoir quelle contrainte équivalente adopter pour se replacer sur
la courbe de Wöhler (ou sur le diagramme de Goodman). On adopte
souvent la contrainte équivalente de Von Mises. L’amorçage des fissures
de fatigue résultant de glissements, il vaudrait peut-être mieux prendre
celle de Tresca. En fait, ce n’est pas d’une importance majeure en raison
∆σ
Rm
limite d’endurance
limite d’endurance
en flexion rotative
0 Rm σ moyen
-1 0 1 Rapport R
146 D. FRANÇOIS
des incertitudes pesant sur les processus eux-mêmes : nous avons vu,
par exemple, que des sollicitations hors phase modifiaient totalement
la structure des dislocations engendrées par la fatigue et conduisent
effectivement à d’importantes réductions de la durée de vie. Il existe divers
critères empiriques incorporant amplitude de contrainte équivalente et
contrainte hydrostatique. Nous verrons plus loin l’application d’un tel
critère, celui de Ky Dang Van (mis au point à l’École polytechnique en
1999).
Lorsque l’amplitude des contraintes augmente au-delà d’un certain
niveau, la déformation dépasse la limite d’élasticité macroscopique et
la durée de vie diminue beaucoup : on entre dans le domaine de la
fatigue plastique oligocyclique. On travaille alors plutôt à amplitude de
déformation constante. La durée de vie est donnée par la courbe de
Manson-Coffin (Fig. 6.3) (S.S. Manson en 1953 et L.F. Coffin en 1959). Elle
est portée sur un graphe bilogarithmique. Elle comporte deux branches,
l’une correspondant à la partie plastique de l’amplitude de déformation et
l’autre à la partie élastique. Cette dernière correspond à la loi de Basquin.
On constate que la durée de vie est, de façon approximative, inversement
proportionnelle à la racine carrée de l’amplitude de déformation plastique.
Très grossièrement, un essai de traction peut être assimilé à un essai
log∆ε p
100/(100-Z)
0,1
loi de Manson-Coffin
-0,6
0,01
loi de Basquin
0,001
-0,12
R m −0,12
∆ε = D(4N) −0,6 + 3,5 N . (6.1)
E
∆σ∆ε
= K 2T (6.2)
∆σnom ∆εnom
148 D. FRANÇOIS
log(da/dN)
mm/cycle
10-2
10-3
10-4
10-5
10-6
10 100 log∆ K
MPam-1/2
Fig. 6.4. Loi de Paris donnant la vitesse de propagation d’une fissure de fatigue en fonction
de l’amplitude de variation du facteur d’intensité de contrainte.
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Effet du rapport R
Selon le rapport R de la contrainte minimale à la contrainte maximale,
la droite de Paris est plus ou moins décalée : la vitesse de propagation
est d’autant plus grande que le rapport R est élevé. De même, le seuil
est abaissé lorsque le rapport R augmente. Nous avons vu que, du
fait de la rugosité de la surface de la fissure en raison de déviations
locales, l’ouverture de la fissure est provoquée non pas par ∆K I mais
par une valeur effective plus faible ∆K Ieff tenant compte des effets de
refermeture (Chap. 2, Sect. 6.7). D’autres phénomènes contribuent à ces
effets. En premier lieu, la refermeture de la fissure crée des contraintes de
compression dans la zone plastifiée en tête de fissure. Il faut les vaincre
avant de pouvoir réouvrir la fissure. En second lieu, des couches d’oxydes
peuvent se former sur les surfaces de la fissure empêchant sa refermeture.
La vitesse de fissuration devrait être fonction uniquement de ∆K Ieff . La
détermination de ce paramètre est délicate. Elle se fait couramment à
partir des enregistrements de la force appliquée à l’éprouvette en fonction
de l’ouverture de la fissure. Ces enregistrements montrent une rupture de
pente au moment de l’ouverture effective de la fissure. La droite de Paris
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
150 D. FRANÇOIS
intrinsèque est obtenue pour des rapports R élevés (0,8 souvent), car alors
la valeur minimale de K I est supérieure au seuil d’ouverture et donc ∆K Ieff
est égal à ∆K I . Cette notion de facteur d’intensité de contrainte effectif n’est
malheureusement de peu d’utilité pour la prévision des propagations dans
la mesure où nous ne disposons pas de loi donnant ce facteur.
Effet de surcharge
Si, au cours d’un essai sous amplitude de contrainte constante, on exerce
une surcharge, c’est-à-dire un cycle d’amplitude plus importante, on
observe ensuite une diminution de la vitesse de fissuration et même
un arrêt. Cet arrêt peut être définitif si la surcharge est suffisante. Ce
phénomène provient des contraintes de compression qui apparaissent
au moment de la décharge. La surcharge crée une zone plastifiée de plus
grande dimension que celle de la zone plastifiée résultant du cyclage
précédent réalisé sous amplitude plus faible. Conjointement la zone où
s’établissent des contraintes de compression est elle aussi plus grande.
La fissure ralentit fortement en traversant cette zone, et elle s’arrête
même si les contraintes de compression sont suffisamment fortes. Des
chargements comportant des surcharges périodiques provoquent donc
d’importantes perturbations par rapport à la loi de Paris.
logda /dN
m/cycle
10-6
10-7
10-8
10-9
10-10
Fig. 6.5. Régime de propagation intrinsèque sous vide de stade II pour des fissures de
grande longueur (aciers, alliages d’aluminium et de titane). (D’après J. Petit, G. Henaff et
C. Sarrazin-Baudoux, Engineering against Fatigue, Balkema, 1999.)
Prévision de la propagation
La loi de Paris permet de prévoir par intégration l’évolution de la dimension
de la fissure et, connaissant la ténacité et donc la longueur critique
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152 D. FRANÇOIS
log∆σ limite
d’endurance
-1/2
loga
154 D. FRANÇOIS
∆τ limite d’endurance
en torsion
limite d’endurance
en traction-compression
0
∆σ m
trajet de chargement
Fig. 6.7. Critère de Dang Van permettant l’analyse à la fatigue dans le cas de chargements
complexes. La limite d’endurance est portée sur un graphe où l’amplitude du cisaillement
figure en ordonnées et l’amplitude de la contrainte moyenne en abscisses. Le trajet de
chargement doit rester en deçà de la limite d’endurance pour éviter l’amorçage des fissures
de fatigue.
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156 D. FRANÇOIS
donc les faibles énergies de faute d’empilement qui gênent les glissements
déviés, ainsi que les précipités cohérents cisaillables. Cette dernière
considération explique pourquoi un revenu au-delà du pic de dureté des
alliages d’aluminium est un remède connu à la corrosion sous tension.
Dans certains cas, nous aurons recours à la protection cathodique, qui,
en portant la pièce à un potentiel négatif combat la dissolution anodique.
ε dε/dt
h-1
0,03
0,02 10-5
0,01
158 D. FRANÇOIS
C étant une constante. Il s’ensuit qu’il faut que g soit égal à k(m + 1)/m.
La loi de Monkman-Grant est bien utile pour prévoir la durée de
vie en fluage. Nous pouvons chercher comment elle peut se relier aux
mécanismes d’endommagements en fluage et pour cela examiner d’abord
la naissance des cavités, puis leur croissance et enfin l’ouverture des
fissures créées dans certains joints de grain.
apparaît (le calcul est donné en annexe A.2). Le premier terme étant
proportionnel au cube du rayon de la cavité et le second à son carré,
il existe un rayon critique et une énergie d’activation. Le phénomène est
thermoactivé et le taux d’apparition des cavités est fonction exponentielle
de la température. L’énergie d’activation est fonction du rapport entre
l’énergie de surface, énergie qui est dépensée lorsqu’une cavité apparaît
sur un joint de grain, et l’énergie de joint de grain, énergie qui disparaît.
Cette dernière dépend de la ségrégation des impuretés dans les joints de
grain qui peut donc fortement augmenter le taux de naissance des cavités.
Par ailleurs, l’énergie d’activation est inversement proportionnelle au carré
de la contrainte. Il y faut inclure la pression à l’intérieur de la cavité. Or,
celle-ci peut devenir très grande par exemple par accumulation d’hélium
lors du fluage sous irradiation. C’est un autre facteur qui augmente le
taux de naissance des cavités.
Pour que les cavités apparaissent, il est nécessaire que des lacunes
viennent s’y rassembler par diffusion. Celle-ci se fait le long des joints
de grain et c’est le coefficient de diffusion intergranulaire qui intervient.
Cependant les ordres de grandeur trouvés sont loin d’être toujours
suffisants et il est indispensable de faire intervenir des concentrations
de contraintes pour obtenir des taux de naissance raisonnables. Les
mécanismes les plus vraisemblables pour obtenir ces concentrations de
contrainte sont ceux qui résultent de la présence d’inclusions dans les
joints, bloquant les glissements intergranulaires qui interviennent aux
températures considérées (Fig. 6.9).
amorce de cavité
Fig. 6.9. Schéma montrant comment des inclusions dans les joints peuvent favoriser la
naissance des cavités de fluage en raison du glissement le long du joint.
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
160 D. FRANÇOIS
σn
flux de lacunes
joint de grain
cavité de rayon R
σn
R
2r
Fig. 6.11. Modification du modèle de Hull et Rimmer tenant compte de la forme lenticulaire
des cavités de fluage (cos Ψ = γj /2γ0 ).
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
162 D. FRANÇOIS
Tableau 6.I. Lois de croissance de la surface Aj des joints de grain recouverte de cavités,
pour les divers régimes d’endommagement par fluage.
Régime
Loi d’endommagement
d’endommagement
1 dAj
Déformation viscoplastique = C ε·
Aj dt
3/2
1 32 F j D j δj Ω
dAj
Diffusionnel cavités à l’équilibre = √ σ
F(Aj) dt 3 π F v kT L3
D j δj 1 − Aj 1 − 2 F j /π(R c /L)(1 − Aj)/ Aj
∆= <1 F(Aj) =
D s δs A Q(Aj)
j
dA 3/2
F j D j δj Ω
Couplage diffusion/viscoplasticité j ∼ 32
Aj = √ σ
cavités à l’équilibre dt 3 π F v kT L3
dA 3/2
4 F j αd ·
j
Aj = √ ε pour dε/dt petit
dt 3 π Fv L
Fluage de la matrice
dAj
3/2
64 F j D j δj Ω
AjQ(Aj) = √ σ pour dε/dt grand
dt 3 π F v kT L3
avec R c = 2γs /σ et Q(Aj) = ln Aj + Aj(1 − Aj /4) − 3/4
Ψ est l’angle de raccordement à l’équilibre de la surface de la cavité et du joint de grain tel que
cos Ψ = γj /2γs .
γs est l’énergie de surface, γj l’énergie de joint de grain, D j et D s les coefficients de diffusion dans les
joints de grain et sur la surface respectivement, δj et δs les épaisseurs conventionnelles des chemins
de diffusion dans les joints de grain et sur la surface respectivement (Fig. 6.11).
R étant le rayon de courbure de la surface de la cavité à l’équilibre et V son volume,
π L2 V 2π
Fj = Aj = π sin 2 Ψ et F v = = (1 − cos Ψ) 2(2 + cos Ψ).
4 R2 R3 3
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
164 D. FRANÇOIS
σ/µ
plasticité recristallisation
10-2 dynamique
10-3
fluage par les dislocations
10-2
10-4
-6
10-10 10-8 10
10-6
0 0,2 0,3 0,4 0,8 T/TF
Fig. 6.12. Carte d’Ashby des déformations en fluage de l’aluminium avec une taille de grain
de 10 µm. La contrainte rapportée au module de cisaillement est portée en ordonnées
en fonction de la température absolue rapportée à la température absolue de fusion
en abscisses. Les lignes d’isovaleurs de la vitesse de déformation sont figurées. (D’après
H.J. Frost et M.F. Ashby, Deformation Mechanism Maps, Pergamon, 1982.)
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
des conditions de service. Celles-ci peuvent être telles que l’on se trouve
dans un régime d’endommagement différent, au quel cas l’extrapolation
n’a pas de sens.
zone plastifiée
zone relaxée
166 D. FRANÇOIS
logt
fluage
diffusion
KI, C*
C*
Ch*
KI J
élastique plastique
logσref
Ceci suppose que la rupture n’intervient pas trop tôt, ce qui est la
caractéristique d’un comportement ductile. Le paramètre déterminant les
déformations n’est plus alors K (ou J). Il faut dans ce cas en utiliser
un autre pour caractériser la vitesse de fissuration. On se tourne vers
le paramètre C ∗ de Riedel (H. Riedel en 1980) et Rice. Ce paramètre est
défini de façon analogue à J, mais en remplaçant l’énergie dissipée par la
puissance dissipée.
Le paramètre C ∗ est défini en supposant un régime stationnaire de
fluage secondaire (la vitesse de fluage est constante). Dans le stade
primaire, on utilise un paramètre C t , ou C h , qui varie à tout instant au
cours du temps.
La figure 6.14 montre les domaines dans lesquels dominent les divers
paramètres qui caractérisent la vitesse de fissuration en fluage.
Pour que toutes ces analyses soient valables, il convient que la vitesse
de fissuration soit suffisamment lente pour ne perturber qu’une faible
étendue de la zone sous la dominance des précédents paramètres.
5. Interactions fatigue-fluage
L’endommagement de fluage, se traduisant par une détérioration
progressive des joints de grain, modifie les propriétés mécaniques des
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
Endommagement
en déformation
1,5
1
sommation linéaire
0,5
168 D. FRANÇOIS
6. Conclusion
La prévision de la durée de vie est réalisable à partir de lois qui sont
plus ou moins bien établies. Les difficultés résident dans le nombre
de paramètres qui entrent en jeu : chargements, température, environ-
nement, microstructure des matériaux, traitements de surface, et
d’autres encore. De ce fait, les lois générales sont trop imprécises ; il est
nécessaire d’établir des lois particulières pour les diverses circonstances
rencontrées en pratique. Les extrapolations à partir des essais réalisés
en laboratoire demandent de prendre quelques précautions, par
exemple pour s’assurer que l’on ne va pas changer de processus d’endo-
mmagement. C’est la propagation des fissures de fatigue qui peut
être le mieux appréhendée. Leur amorçage est déjà plus difficile à
traiter. En fluage, les mécanismes diffèrent suivant la température et la
contrainte. Il conviendrait aussi de tenir compte dans le domaine des
hautes températures des effets de l’environnement qui sont loin d’être
négligeables et dont nous n’avons pas parlé. En corrosion sous contrainte,
le mieux est de se mettre à l’abri du phénomène, en choisissant bien
le matériau en fonction du milieu agressif, en utilisant la protection
cathodique ou des revêtements de surface anticorrosion.
A. Annexes
A.1. Prévision de la durée d’amorçage d’une fissure
de fatigue au voisinage d’un trou
Soit une pièce comportant un trou. On sait que le facteur de concentration
de contrainte K T bord du trou cylindrique vaut 3. Si une plastification
locale au bord du trou se produit, l’approximation de Neuber (H. Neuber
en 1961) (Equ. 6.2) permet d’écrire :
∆σnom
2
∆ε∆σ = 9 · (6.14)
E
July 4, 2004 Time: 14:15 Project: EDPS chapter6.tex
σ = σ 0 εn . (6.15)
4
∆G = 4πR 2 γs + ∆E e − πR 3 σm (6.18)
3
4 3(1 − 2ν) 2
∆E e = α πR 3 σm . (6.19)
3 E
170 D. FRANÇOIS
On pose :
S = l’aire de la surface de la cavité = F SR 2 ;
S j = l’aire du joint de grain intercepté par la cavité = F jR 2 ;
V = le volume de la cavité = F VR 3 .
On modifie alors l’équation 6.17 en conséquence.
Sur un joint plan :
F S = 4π(1 − cos Ψ)
F j = π sin 2 Ψ
(6.22)
2π
FV = (1 − cos Ψ) (2 + cos Ψ)
2
3
R ∗ est toujours donné par la même expression, mais ∆G ∗ vaut
3
8π γs
3 2
(1 − cos Ψ) 2(2 + cos Ψ).
σn
∆G ∗ diminuent avec l’angle Ψ ou lorsque la contrainte normale sur
le joint augmente. On voit que le taux de germination des cavités sera
fortement influencé par la pression dans la cavité ou par la ségrégation
d’impuretés sur le joint.
July 4, 2004 Time: 14:17 Project: EDPS chapter7.tex
7 Endommagements
et maintenance
172 D. FRANÇOIS
174 D. FRANÇOIS
2c
2a
2c
c’est le petit axe des fissures elliptiques ou semi-elliptiques qui doit être
apprécié en premier lieu, car c’est lui qui intervient dans l’expression
du facteur d’intensité de contrainte maximal le long du front (Fig. 7.1).
Les fissures réelles peuvent être assimilées à de telles fissures idéalisées.
Cette exigence complique passablement les contrôles non destructifs
nécessaires. Nous n’aborderons ici que les méthodes les plus courantes.
2.3. Ressuage
C’est la technique du ressuage qui procure les meilleures conditions
d’observation visuelle. La surface est mouillée par un produit coloré
en rouge, de faible tension superficielle, de sorte qu’il est susceptible
July 4, 2004 Time: 14:17 Project: EDPS chapter7.tex
2.4. Magnétoscopie
La technique, qui s’apparente d’une certaine façon au ressuage, consiste à
détecter les anomalies de champ magnétique provoquées par les défauts.
La pièce est soumise à un champ magnétique et l’imagerie est obtenue par
des produits indicateurs répandus à la surface. Par rapport au ressuage,
l’avantage de la magnétoscopie est d’être capable de révéler des défauts
proches de la surface mais n’y débouchant pas ou insuffisamment ouverts
pour que les liquides y pénètrent. Elle ne peut pas non plus donner
d’indication sur la profondeur des défauts. On estime, comme pour le
ressuage, à 1,5 mm sa sensibilité.
176 D. FRANÇOIS
2.6. Ultrasons
Le principe de la détection des défauts par ultrasons repose avant tout sur
la réflexion des faisceaux par les discontinuités. Celle-ci n’a lieu que si les
défauts ont une taille au moins égale à la longueur d’onde. Les ultrasons
employés ont des fréquences de 10 à 20 MHz, soit des longueurs d’onde
de 0,58 et 0,29 mm respectivement. Des réflexions seront donc obtenues
pour des défauts de l’ordre de 0,3 mm. Les ultrasons sont injectés dans la
pièce à contrôler à l’aide d’un transducteur piézoélectrique. La réception
des faisceaux réfléchis peut se faire à l’aide d’un deuxième transducteur
ou du premier. Dans ce cas, il faut que l’impulsion ultrasonore soit de
durée inférieure au temps de parcours des ondes.
Les ondes ultrasonores sont de deux types : des ondes longitudinales,
la vibration ayant lieu dans le sens de la propagation, et des ondes
transversales, la vibration a lieu perpendiculairement. Il est nécessaire
que les transducteurs soient en liaison très étroite avec la surface des
pièces pour assurer une bonne pénétration des ondes. Cela est plus
délicat pour les ondes transversales que pour les ondes longitudinales.
On interpose en général une graisse entre la surface des transducteurs et
celle de la pièce. Une autre technique consiste à immerger la pièce dans
un liquide qui transmet les ultrasons ; de l’eau suffit. Dans ce cas ne se
propagent que des ondes longitudinales.
En donnant au transducteur une forme convenable, on peut générer
des ondes plus ou moins sphériques et créer des faisceaux focalisés.
Lorsque le faisceau traverse l’épaisseur d’une plaque perpendiculaire-
ment à sa surface, il est réfléchi par la surface opposée à celle où les
ultrasons sont injectés (Fig. 7.2). Si le signal émis est une impulsion,
le transducteur fonctionnant en émetteur puis en récepteur recevra une
impulsion réfléchie au bout d’un temps correspondant au double de la
durée du parcours pour traverser la plaque. Des réflexions multiples se
produisent, de sorte que les échos successifs, d’amplitude décroissante
en raison de l’absorption, sont tous séparés de cette même durée. Si
maintenant un défaut se trouve quelque part au sein de la plaque, il
réfléchira les ultrasons en donnant une impulsion arrivant avant l’écho
de fond. Si le défaut est de taille suffisante, il peut complètement réfléchir
le faisceau et occulter cet écho de fond. On peut déterminer à quelle dis-
tance de la surface se trouve le défaut en question par la mesure du temps
de parcours. La détermination de la taille du défaut ainsi détecté peut se
faire en réalisant un balayage de la surface par le transducteur. Lorsque
le faisceau vient intercepter la frontière du défaut, il est réfléchi partielle-
ment et ceci d’autant moins qu’il s’écarte davantage de ce dernier. On
voit que la résolution ainsi que la précision de la mesure de la dimension
des défauts est directement liée à la taille de la section du faisceau.
July 4, 2004 Time: 14:17 Project: EDPS chapter7.tex
écho de fond
Transducteur Temps
2B/c
écho de défaut
défaut écho de fond
Temps
Transducteur 2d/c
d
Fig. 7.2. Réflexion des ultrasons par la surface et par un défaut. Écho de fond et écho
de défaut.
Ceci montre l’intérêt des faisceaux focalisés. Nous remarquons que c’est la
surface projetée sur un plan perpendiculaire au faisceau qui est mesurée.
Nous sommes maintenant confrontés au problème de détection des
fissures perpendiculaires à la surface de la plaque, invisibles si le faisceau
est perpendiculaire à cette dernière. Il peut être résolu en utilisant des
transducteurs injectant un faisceau incliné par rapport à la surface de la
plaque (Fig. 7.3). Nous remarquons que dans ces conditions il ne reçoit
aucune réflexion. Il faut maintenant utiliser un transducteur récepteur
convenablement placé pour recevoir l’écho de fond.
July 4, 2004 Time: 14:17 Project: EDPS chapter7.tex
178 D. FRANÇOIS
défaut
Transducteur Transducteur
émetteur récepteur
Dans des pièces de forme plus compliquée que celle d’une plaque, il
peut être difficile de recueillir un écho de fond. Le contrôle repose alors
entièrement sur les échos en provenance du défaut. Or, ils ne sont captés
que si leur orientation est convenable par rapport aux transducteurs. Le
risque est grand qu’un certain nombre de défauts restent invisibles.
Toutefois, les défauts ne font pas que réfléchir les ultrasons ; ils les
diffractent aussi. Les bords de fissure réémettent des ondes. Celles-ci
génèrent des échos qui peuvent permettre la détection d’une fissure en
position de non réflexion ; mais ces échos sont analogues à ceux que
donneraient un très petit défaut en position de réflexion. Nous sommes
alors trompés et nous ne savons pas que nous avons en réalité affaire à
la diffraction par le bord d’une grande fissure. Nous risquons bien de ne
pas donner l’alarme.
Les ultrasons constituent cependant la méthode la mieux adaptée pour
la détection des fissures et pour la détermination de leurs dimensions.
Mais leur résolution est telle qu’il ne faut pas espérer descendre en
dessous de tailles de l’ordre du millimètre. De plus, la probabilité de
détection de fissures de dimensions supérieures est loin d’être de cent
pour cent.
180 D. FRANÇOIS
3. Un exemple de maintenance,
celle des ouvrages d’art
Le Laboratoire Central des Ponts et Chaussée est évidemment préoccupé
des problèmes que pose la maintenance des ouvrages d’art. Conscient
des questions que pose l’équilibre entre les coûts des inspections et des
réparations et celui des possibles défaillances, il s’attache à analyser
au mieux l’organisation de la maintenance. Il a notamment étudié celle
des ouvrages métalliques soudés, en faisant porter son attention tout
particulièrement sur l’endommagement par fatigue. Je me réfère ici à la
thèse de Mladen Lukic (1999).
loga
mm
100
ar
10
ad
a0 = 2 mm
a0 = 1 mm
1
104 2.104 4.104 105 log N
Nd Nr
Fig. 7.4. Évolution de la dimension a d’une fissure qui se propage par fatigue et nombre
de cycles N d pour atteindre la limite de détection du contrôle non destructif et N r pour
atteindre la taille critique.
182 D. FRANÇOIS
10 a0 = a(R6) P
a0 = b
8 a0 = b/2 0,04
6 0,03
4 0,02
2 0,01
0
0 20 40 60 80 Temps 0 20 40 60 80 Temps
années années
0.9
0.8
Probabilité de défaillance, Pf
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5
Indice de fiabilité,
184 D. FRANÇOIS
P β
Sans inspection
µ(a d ) = 0,2 mm
0,04 µ(a d ) = 0,5 mm 5
µ(a d ) = 1,0 mm
µ(a d ) = 2,0 mm
0,03 4
µ(a d ) = 5,0 mm
0,02 3
0,01 2
0 1
0 20 40 60 80 Temps 0 20 40 60 80 Temps
années années
β
P
5
0,08
4
0,06
3
0,04
2
0,02
1
0
0 20 40 60 80 Temps
années 0
Sans inspection
µ(ad ) = 0,2 mm -1
µ(ad ) = 0,5 mm
µ(ad ) = 1,0 mm
µ(ad ) = 2,0 mm -2
0 20 40 60 80 Temps
µ(ad ) = 5,0 mm années
Fig. 7.8. Requalification à 35 ans. Modification de l’indice de fiabilité pour un contrôle qui
détecte une fissure mais n’en détermine pas les dimensions et pour un coefficient de
variation des contrôles de 30 %. µad représente la valeur moyenne du seuil de détection.
(D’après M. Lukic, thèse ENPC, 1999.)
P
5
0,08
4
0,06
3
0,04
2
0,02
1
0
0 20 40 60 80 Temps
années 0
Sans inspection
µ(a d ) = 0,2 mm
-1
µ(a d ) = 0,5 mm
µ(a d ) = 1,0 mm
µ(a d ) = 2,0 mm -2
0 20 40 60 80 Temps
µ(a d ) = 5,0 mm années
Fig. 7.9. Requalification à 35 ans. Modification de l’indice de fiabilité pour un contrôle qui
détecte une fissure et en détermine les dimensions et pour un coefficient de variation
des contrôles de 30 %. µad représente la valeur moyenne du seuil de détection. (D’après
M. Lukic, thèse ENPC, 1999.)
July 4, 2004 Time: 14:17 Project: EDPS chapter7.tex
186 D. FRANÇOIS
P β
Sans inspection
µ(ad ) = 0,2 mm
0,04 µ(ad ) = 0,5 mm 5
µ(ad ) = 1,0 mm
0,03 µ(ad ) = 2,0 mm 4
µ(ad ) = 5,0 mm
0,02 3
0,01 2
0 1
0 20 40 60 80 Temps 0 20 40 60 80 Temps
années années
β
P
5
0,08
4
0,06
3
0,04
2
0,02
1
0
0 20 40 60 80 Temps
années 0
Sans inspection
µ(a d ) = 0,2 mm
-1
µ(a d ) = 0,5 mm
µ(a d ) = 1,0 mm
-2
µ(a d ) = 2,0 mm 0 20 40 60 80 Temps
µ(a d ) = 5,0 mm années
P β
0,08 5
0,06 4
0,04 3
0,02 2
0
0 20 40 60 80 Temps 1
années
Sans inspection 0
µ(a d ) = 0,2 mm
µ(a d ) = 0,5 mm -1
µ(a d ) = 1,0 mm
µ(a d ) = 2,0 mm -2
0 20 40 60 80 Temps
µ(a d ) = 5,0 mm années
188 D. FRANÇOIS
%C
1,2
ad mm
1 5
0,8 4
0,6 3
0,4 2
0,2 1
0 0
0 1 2 3 4 5 ad mm 0 10 20 30 40
Instant de première inspection (années)
Fig. 7.13. Coût total minimal en pourcentage du coût de l’ouvrage neuf et instant de
première inspection (calculé uniquement à partir de 10 ans, d’où l’intervalle sur la courbe)
en fonction du seuil de détection du contrôle non destructif a d . (D’après M. Lukic, thèse
ENPC, 1999.)
8 Guérison
des endommagements
190 D. FRANÇOIS
Vitesse de propagation
m/s
723 K
10-2
c 573 K
a b
10-4 473 K
10-6
d
10-8
A
10-10
0 2 4 6 8 G (J/m2)
Fig. 8.1. Effet du taux de libération d’énergie (G) sur la vitesse de propagation à l’ambiante
de fissures dans un verre de soude-chaux-silice. La courbe A représente les résultats
obtenus sur fissure vierge. a, b, c, représentent les résultats obtenus après refermeture
et un séjour de, respectivement, 5 minutes, 24 heures et 30 jours à l’ambiante ; d ceux
obtenus après un traitement à 393 K ; les points cerclés sont les résultats obtenus après
un traitement aux températures indiquées. (D’après B. Stavrinidis et D.G. Holloway, Phys.
Chem. of Glasses, 24, 1983, pp. 19-25.)
192 D. FRANÇOIS
KIi
MPa m1/2
KIi d’origine
1
0,5
0,4
a b c d
0,3
0,2
e
0,1
0,1 1 10 100 1000
Temps (minutes)
194 D. FRANÇOIS
Fig. 8.3. Coupe longitudinale d’un composite à matrice céramique renforcée par des fibres
de carbone (CMC). La matrice multicouche est constituée d’empilements de carbone
pyrolytique dopé au bore, de carbure de bore B4 C, de carbone pyrolytique dopé au bore
et de carbure de silicium. Le composite a été rompu à 700 ◦C. On observe les multiples
déflection des fissures et les zones de guérison (healing zones) obtenues par formation
d’un composé fusible (figure aimablement communiquée par R. Naslain, laboratoire des
composites thermostructuraux CNRS UMR47).
196 D. FRANÇOIS
9 Conclusion
198 D. FRANÇOIS
2. Lois universelles
Nous pouvons bien sûr alors parler d’une science de l’endommagement.
Quels seraient pour cette science des énoncés universels ? Il se trouve
que Karl Popper, dans un exposé beaucoup plus général (La logique de
la découverte scientifique), donne l’exemple suivant : un fil s’est rompu
parce qu’il a été soumis à une charge de deux livres alors qu’il résiste à
une charge d’une livre ( je pourrais évidemment transcrire en unités S.I.,
mais je préfère rester proche du texte de Popper). Cette analyse causale de
la rupture du fil repose sur une loi universelle ainsi énoncée : « Chaque
fois qu’un fil est soumis à une charge excédant celle qui caractérise sa
résistance, il se rompt. » Par ailleurs il y a deux énoncés singuliers,
énoncés donc qui n’ont une application que dans un domaine limité de
l’espace et du temps : « La charge caractéristique de la résistance du fil
est une livre » et « La charge à laquelle le fil a été soumis était de deux
livres. » Comme nous y reviendrons plus loin, nonobstant les objections
faites à la falsification comme critère de démarcation, elle demeure en un
sens plus fructueuse que la validation. Peut-on imaginer une expérience
de falsification de la loi universelle exprimée comme ci-dessus ? Il faudrait
découvrir un matériau incassable ! Mais Karl Popper explique qu’elle
pourrait être remplacée par deux énoncés universels : « Pour tout fil
de structure et de section données (du 2024 T4 de 0,1 mm de diamètre
par exemple) il existe une charge caractéristique telle que le fil se rompt
si on le soumet à une charge excédant cette valeur » et « Pour tout fil
ayant la structure et la section en question la charge caractéristique
vaut moins de deux livres. » La falsification de la deuxième loi est plus
July 4, 2004 Time: 14:21 Project: EDPS chapter9.tex
200 D. FRANÇOIS
4. Méthode scientifique
Je vais paraphraser un passage de Karl Popper tiré de La connaissance
objective dans lequel il montre comment la science apporte des
explications à partir de l’exemple d’un rat mort. Je remplacerai son
rat empoisonné par une canalisation rompue. Nous voilà donc devant
July 4, 2004 Time: 14:21 Project: EDPS chapter9.tex
202 D. FRANÇOIS
Ceci est évidemment crucial pour une science de l’ingénieur comme l’est
la science de l’endommagement. Dans ces cas, le schéma que nous venons
d’examiner fonctionne en sens inverse. Les prévisions prennent la place
de l’explicandum et nous partons de lois universelles et de conditions
initiales plus ou moins bien connues. Comme les lois universelles
comportent un certain degré de flou, même une loi aussi quantitative
que la loi de Paris comporte des incertitudes ; comme les conditions
initiales, déjà insuffisamment déterminées à l’origine, peuvent évoluer
dans le temps, les prévisions sont évidemment entachées d’incertitudes.
C’est une des tâches de la science de l’endommagement d’aboutir à des
prévisions de plus en plus sûres, par exemple d’évaluer des durées de vie
des pièces et des ouvrages aussi fiables que possible.
En matière d’applications, la science de l’endommagement intervient
dans le choix de matériaux plus résistants, aptes à répondre aux
exigences du service. Elle détermine la façon dont il faut calculer les
pièces. Elle met en garde contre de mauvaises pratiques en fabrication.
Elle donne des indications sur les contrôles à mettre en œuvre et sur
les opérations de maintenance à effectuer. Dans ces diverses situations,
l’explicandum est constitué par le cahier des charges. L’équipement ou
l’ouvrage visés doivent répondre à certaines exigences. Les ingénieurs
s’appuient pour les satisfaire sur des lois universelles, sur des règles de
l’art et des codes de constructions, pour trouver les conditions initiales,
c’est-à-dire les conceptions de pièces et les procédés de fabrication, les
méthodes de contrôle.
Les scientifiques et les ingénieurs sont confrontés à des problèmes qu’il
leur faut résoudre. Pour le faire ils partent d’hypothèses. Ils soumettent
ensuite celles-ci à des tests. Les résultats engendrent de nouveaux
problèmes et nous aboutissons au schéma poppérien : P 1 → TT → EE →
P 2 , où P signifie problème, TT théorie à l’essai (tentative theory) et EE
élimination de l’erreur. Ce que nous avons vu de la maîtrise progressive de
la rupture fragile est un bon exemple du fonctionnement de ce schéma. Il
devrait être toujours présent à l’esprit des chercheurs qui soumettent des
projets de recherche ou des articles : bien poser le problème, expliciter
les hypothèses de travail, exposer la méthodologie mise en œuvre pour
les tester. Les procédures de test consistent à dériver de l’hypothèse,
de l’explicans, une prédiction, un explicandum, et à la comparer à une
situation réelle, observable.
Nous voulons par exemple déterminer la loi de propagation d’une
fissure de fatigue en utilisant une éprouvette DCB (Double Cantilever
Beam, éprouvette comportant deux bras sollicités à leur extrémité)
soumise à une variation de charge d’amplitude constante. Utilisant la loi
de Paris, nous prédisons donc que la vitesse de propagation va décroître
puisque nous savons que, dans cette éprouvette, le facteur d’intensité
July 4, 2004 Time: 14:21 Project: EDPS chapter9.tex
204 D. FRANÇOIS
A Annexe. Éléments
de mécanique de la rupture
en élasticité linéaire
206 D. FRANÇOIS
Mode I
Mode II
Mode III
1 r θ 3θ
uθ = K I −(2κ + 1) sin + sin
4µ 2π 2 2
θ 3θ
− K II (2κ + 1) cos − 3 cos + 0(r). (A.3)
2 2
u1 K II r sin(θ/2)[κ + 1 + 2 cos 2(θ/2)]
= + 0(r)
u2 2µ 2π − cos(θ/2)[κ − 1 − 2 sin 2(θ/2)]
(A.6)
σ − sin(θ/2)[2 + cos(θ/2) cos(3θ/2)]
11
K II
σ22 = sin(θ/2) cos(θ/2) cos(3θ/2) + 0(r).
σ12 2πr cos(θ/2)[1 − sin(θ/2)] sin (3θ/2)
On vérifie bien que sur les lèvres de la fissure pour θ = +/−π, seul le
déplacement u 2 est différent de zéro en mode I et seul le déplacement
u 1 en mode II.
À partir des expressions précédentes, il est aisé de calculer les
contraintes principales et notamment sa valeur maximale et la direction
correspondante. De même peut-on calculer la direction pour laquelle la
contrainte normale sur une facette passant par le front est maximale ainsi
July 4, 2004 Time: 14:23 Project: EDPS annex10.tex
208 D. FRANÇOIS
que la valeur de cette dernière. Ces calculs sont utiles pour prévoir la
direction de la propagation de la fissure, surtout en mode II et a fortiori
en mode mixte.
On trouve pour la contrainte principale maximale en mode I :
KI θ θ
σI = cos 1 + sin . (A.7)
2πr 2 2
Sa
valeur maximale se trouve dans une direction θ = π/3 où elle vaut :
3 3K I /4 2πr. Par ailleurs :
KI θ θ
σθθ = cos 1 + sin 2 (A.8)
2πr 2 2
dont la valeur maximale 4 2K I /3 3 2πr se trouve pour un angle θ tel
que cos θ = 1/3.
En mode II :
K II 3 θ
σθθ = sin θ cos (A.9)
2πr 2 2
dont la valeur maximale vaut 2 3K II /3 2πr pour un angle θ tel que
cos θ = 1/3.
Pour un matériau anisotrope les facteurs d’intensité de contrainte
peuvent être trouvés dans l’annexe D de The Sress Analysis Hanbook
de Hiroshi Tada, Paul C. Paris et George R. Irwin (Del Research Co.,
Hellertown, Penn., 1973).
Fig. A.2. Principe de superposition : une pièce fissurée chargée (a) peut être représentée
par la superposition de la pièce chargée non fissurée (b) et de la pièce fissurée non chargée
(c), mais pour laquelle des forces réparties égales aux contraintes qui existaient dans la
pièce non fissurée sont appliquées sur les lèvres de la fissure. Le facteur d’intensité de
contrainte est le même pour ce dernier cas et pour la pièce fissurée chargée.
1/2
P a +b
KI = √ . (A.10)
πa a −b
210 D. FRANÇOIS
P
2a
Fig. A.3. Fissure soumise à deux charges ponctuelles P par unité d’épaisseur.
avec
a 2
k2 = 1 − (A.17)
b
K I est maximal au sommet du petit axe et vaut :
√
σ πa
(K I) max = · (A.18)
E(k)
Si a = b la fissure est circulaire (penny shaped c’est-à-dire en forme de
sou ou de rondelle) et :
2 √
KI = σ πa. (A.19)
π
212 D. FRANÇOIS
surface A
Fig. A.4. Pièce fissurée soumise à une charge P dont le point d’application se déplace
de v.
dU T + 2γS dA = 0. (A.21)
Posons :
dU T
G=− (A.22)
dA
G = 2γS . (A.23)
1 ∂C
G= P2 . (A.24)
2 ∂A
σ22
KI /(2πx1)1/2
u2
x1
O O’
da
214 D. FRANÇOIS
auxiliaire procuré par une charge ponctuelle F appliquée sur les lèvres de
la fissure au point où l’on souhaite connaître l’ouverture, a F est la distance
qui sépare ce point de l’origine et a c celle qui sépare l’extrémité de la fissure
de l’origine.
Il existe des solutions pour les charges ponctuelles dans un certain
nombre de configurations, ce qui permet des calculs assez aisés. Par
exemple si l’on cherche l’ouverture du centre d’une fissure de longueur
2a dans une grande plaque soumise à une contrainte de traction σ, on a
d’après les formules A.11 et A.13:
+a
2σ 4σa
∆F = da = · (A.29)
E −a E
1
W= σij εij . (A.32)
2
216 D. FRANÇOIS
D’autre part :
σ2 = R p . (A.37)
On pourrait en conclure que la dimension de la zone plastifiée R est
donnée par :
1 KI 2
R= . (A.38)
2π R p
Cependant il n’en est rien, car le fait de tronquer la distribution de la
contrainte σ2 prévue par la mécanique de la rupture en élasticité linéaire,
rompt l’équilibre. Il importe de récupérer la force perdue, représentée par
July 4, 2004 Time: 14:23 Project: EDPS annex10.tex
218 D. FRANÇOIS
ry
Rp
x
ry R
0
Fig. A.6. Modèle d’Irwin pour estimer la dimension de la zone plastifiée en contrainte plane.
l’aire hachurée sur la figure A.6. L’hypothèse formulée par Irwin est que
la singularité élastique est translatée vers la droite de r Y , la correction
d’Irwin. Autrement dit, la fissure se comporte comme une fissure élastique
fictive de longueur a + r Y . Pour calculer cette quantité il suffit d’égaler les
aires hachurées sur la figure A.6 en faisant l’hypothèse que la matériau
est plastique parfait sans consolidation :
R
KI 1 K 2I
r YR p = − R p dx 1 =
0
2πx 1 2π R p
(A.39)
2
1 KI
rY = = R
2π Rp
Écartement de fissure
Ce même modèle permet de calculer l’écartement de fissure δ (CTOD, crack
tip opening displacement) en utilisant la formule A.39 :
4 K 2I 4 G
δ = 2u 2(r = r Y, θ = π) = = · (A.43)
π ER p π Rp
Le modèle d’Irwin correspond à un modèle analytique exact en mode III.
Modèle de Dugdale-Barrenblatt
On imagine une fissure fictive englobant complètement la zone plastifiée,
mais refermée à son extrémité par des forces réparties égales à la
contrainte d’écoulement R p sur une longueur R. Ceci représente bien une
fissure et sa zone plastifiée pour un matériau sans consolidation pour
lequel la hauteur de la zone plastifiée est petite. On calcule le facteur K I
de la fissure provoquée par les forces appliquées d’une part et par les
forces de refermeture d’autre part. On écrit que ce facteur d’intensité
de contrainte est nul puisqu’à l’extrémité de la zone plastifiée il n’y a
pas de singularité élastique. On détermine ainsi R en partant de la
formule A.12 :
R
2R p
KI − dx = 0
0
2πx
(A.44)
2
π KI
R= .
8 Rp
Cette dimension n’est pas très différente de celle trouvée avec le modèle
d’Irwin (formule A.40).
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220 D. FRANÇOIS
K 2I G
δ= = · (A.45)
ER p Rp
Influence de la contrainte T
Les formules A.5 représentent la partie principale des contraintes à
l’extrémité de la fissure. Si l’on cherche le second terme de leur
développement en puissances de r, on trouve qu’il existe une contrainte
σ11 constante appelée contrainte T. Cette contrainte modifie la contrainte
équivalente de Von Mises et a donc une influence sur l’étendue de la
zone plastifiée. Ontrouve qu’elle est réduite d’un facteur 3/4 pour un
rapport T/R p = −1/ 3. Au contraire elle tend vers l’infini si ce rapport tend
vers 1.
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222 D. FRANÇOIS
x2
σ 22 = (2+π)k
0 x
σ 11 = π k
Fig. A.7. Lignes de glissement en tête d’une fissure en déformation plane ; champ de
Prandtl.
∂u r
=0
∂r
(A.51)
1 ∂u θ
+ ur = 0
r ∂θ
soit :
u r = f (θ)
(A.52)
u θ = g(r) − f (θ).
On en déduit le cisaillement :
1 ∂u r ∂u θ u θ f (θ) + f (θ) d g(r)
γrθ = + − = +r . (A.53)
r ∂r ∂r r r dr r
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224 D. FRANÇOIS
226 D. FRANÇOIS
Index
228 D. FRANÇOIS
INDEX 229
230 D. FRANÇOIS
INDEX 231
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