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Journal d'agriculture tropicale et

de botanique appliquée

A propos des Corydalis utiles


Jacques Barrau

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Barrau Jacques. A propos des Corydalis utiles. In: Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 21, n°4-6,
Avril-mai-juin 1974. p. 163;

https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1974_num_21_4_3163

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Corydalis

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II est intéressant de remarquer l'opposition zijinlyanhusuo que l'on retrouve dans la


nomenclature scientifique des plantes chinoises; ainsi, une flore récente (1) cite trente-et-
une espèces et variétés de Corydalis: les cinq, ayant des tubercules, ont des noms formés
par dérivation de yanhusuo, les autres se répartissant entre des dérivés de zijin et de
huangjin.
Le caractère jin qui apparaît dans les textes anciens a été identifié au Ranunculus
sceleratus L. (2). Dès lors, zijin {Corydalis edulis Maxim.) signifierait « Ranunculus
sceleratus violet » et huangjin {Corydalis pallida (Thunb.) Pers.) signifierait «
Ranunculus sceleratus jaune ».

A PROPOS DES CORYDALIS UTILES


Par Jacques BARRAU

Le genre Corydalis Vent., qu'on classe aussi parmi les Fumariacées [Cf. par exemple,
J.C. Uphof, 1968, Dictionary of useful plants, J. Cramer, p. 154] et que d'ailleurs, en
français « savant », on nomme « fumeterres bulbeuses », comprend plusieurs espèces
utiles. Certaines sont des plantes alimentaires de cueillette, par exemple C. ambigua
Cham, et Schlecht. dont les tubercules sont consommés par les Aïnous du Japon
septentrional ou encore le C. bulbosa D.C. utilisé de la même façon par les Kalmouks.
D'autres, à l'instar du C. edulis Maxim., sont médicinales; c'est le cas du C. govaniana
Wild., de la région hymalayenne, utilisé en médecine indienne comme tonique,
antipériodique, diurétique, etc. Des Corydalis furent couramment utilisés en Europe à
des fins alimentaires, tels le C. bulbosa D.C. cité plus haut à propos des Kalmouks,
du C. pumila Koch., du C. tuberosa D.C... Dans son Histoire de V alimentation végétale
(1932, Payot, pp. 174-175), A. Maurizio donne quelques renseignements à leur égard
tout en notant que, avant l'introduction de la pomme de terre en Europe, ils y jouèrent
un rôle vivrier appréciable. E. Rolland (1967, Flore populaire ou histoire naturelle des
plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore, G.P. Maisonneuve et
Larose, t. 1, pp. 200-202) a relevé quelques noms vernaculaires des Corydalis dans la
campagne française et il ne manque pas d'intérêt: «crête de coq» en Anjou, «bec
d'oie », « ivrogne » et « damotte » dans le Doubs, « soupe en vin », « poulette »,
«pain sans vin» en pays messin... On notera au passage la fréquente association
volatile/ Corydalis dans les noms vernaculaires; c'est ainsi qu'en dialectes germaniques
bavarois et suisses (cf. Rolland, op. cit.), les Corydalis à fleurs rouges sont «coq» et
ceux à fleurs blanches « poule », ou encore, en petit russien, « petits coqs ». Comment
enfin ne pas citer ce propos de Dodonaeus que rapporte Rolland (op. cit.) et qui
attribuait aux Corydalis la propriété d'empêcher la croissance des cheveux, d'où
l'antique utilisation de leur suc comme dépilatoire.
La large distribution eurasiatique des Corydalis aussi bien que la diversité et l'ancien*
neté de leurs usages et que leur importance vivrière passée justifieraient sans doute
que ces plantes retiennent, plus qu'elles ne l'ont fait jusqu'à présent, l'attention des
ethnobotanistes.

(1) Zhongguo kexueyuan zhiwuyanjiusuo. Zhongguo gaodengzhiwu tujian. Kexue chu-


banshe: Pékin 1972, 2 vol., 1157 p., 1312 p.
(2) Lu Wenyu. Shi caomu jinsbi. Wanyechubanshe : Kongkong (s. date), 152 p.

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