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Henri Wallon (1879-1962) est issu d’une famille
engagée politiquement. Il est le petit-fils d’Henri Wallon (1812-
1904), député, ministre, sénateur et « père de la 3ème
République ». A la fin de la seconde guerre mondiale, en 1944, il
se retrouve, à son tour, ministre de l’éducation dans le
gouvernement provisoire présidé par Charles De Gaulle, puis
sera ensuite élu député.
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avons déjà là un grand principe de la pensée wallonienne qui
fonctionnera toujours d’une manière couplée.
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Neuropsychiatre et psychanalyste, il succédera à Henri Wallon au collège de France. Il est,
bien que psychanalyste, le disciple et le continuateur de l’œuvre d’Henri Wallon. 6
dans le modèle émotionnel maternel. Et vers la fin de la
première année, le stade émotionnel se modifie
progressivement : le tonus s’efface pour permettre à l’activité
clonique de prendre le dessus et l’apparition de la marche en est
le signe majeur.
CENTRIPETE
CENTRIPETE
TONUS POSTURAL
CLONUS MUSCULAIRE
Sensibilités extéroceptives
Déplacements du corps et
Des objets (locomotion et
Préhension)
5. Stade de
3. Stade du l’Adolescence
Personnalisme
1. Stade
T Impulsif
et Emotionnel
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Le premier couple opératoire est la tautologie (A=A). Si l’on
demande à l’enfant ce qu’est la pluie, il répondra : la pluie c’est de la
pluie.
Puis le couple dépasse la tautologie (A=A) par, la pluie c’est du vent,
par exemple, (A=B). Enfin le dépassement du couple est la série,
etc.
Et les mécanismes d’identification de la conscience évoluent et le
groupes (les copains) sont investis : la vie sociale est à son apogée.
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entropie) nécessaires à la construction de l’affectivité, de la
personne, de l’intelligence et de la sociabilité. Il semble toutefois
que Henri Wallon soit plus intéressé par les aspects relevant de la
fonction « tonico-posturale » que ceux relevant du « clonico-
cinétique » : en effet trois stades sont consacrés aux prémices de
la conscience de soi (émotionnel), à son apparition
(personnalisme) et à son achèvement (adolescence) alors que
deux seulement semblent nécessaires à la formation de
l’intelligence et de la sociabilité.
3. l’image spéculaire
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En face de lui, c’est-à-dire dans le miroir, il voit une image
(visuelle = extéroceptive) qui relève donc de l’activité « clonico-
cinétique ». Si Henri Wallon a raison, l’enfant va d’abord voir dans
le miroir en face de lui un autre enfant différent de lui-même
(La conscience de l’autre précède la conscience de soi). Comment
va-t-il progressivement s’approprier cette image pour la faire
sienne ?
Vingt sept mois sont nécessaires pour qu’il comprenne que cette
image visuelle est bien la sienne. Autrement dit l’appropriation de
l’image spéculaire (qui passe par la conscience somatique de lui-
même consubstantielle de celle de l’autre) lui permet de prendre
conscience psychologiquement de lui et entrer ainsi dans le stade
du personnalisme (conscience objective de soi).
L’appropriation de l’image spéculaire se fait par une succession
d’étapes qui suivent les stades du développement.
A trois mois les réactions du nourrisson devant le miroir sont
indiscutablement des réactions sociales. L’image est donc bien
celle d’un autre.
A huit mois apparaît le retournement. Le dispositif est le
suivant : un adulte se tient derrière le bébé en restant silencieux.
L’enfant voit dans le miroir deux choses : un autre bébé (son
image) et un adulte. Puis l’adulte fait du bruit : le bébé se retourne
vers la source sonore et voit l’adulte. Et dans le miroir, l’adulte ne
sera plus qu’une image. Dès que l’enfant verra par la suite quelque
chose dans le miroir (une personne, un objet, etc.), il se retournera
systématiquement. Il y a généralisation du processus en même
temps qu’il y a un décalage (un conflit, donc un déséquilibre). En
effet l’image de l’enfant reste toujours celle d’un autre enfant alors
que celle de l’adulte n’est qu’une image renvoyant à un autre.
Vers douze mois nous assistons à une première expérimentation
active : l’enfant se déplace vers le miroir, joue avec l’autre qui s’y
trouve et ne réussissant pas à le toucher et l’attraper va voir
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derrière le miroir.
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la traduction d’un énorme progrès : il est devenu capable de réunir
les informations d’origine toniques et cloniques. Autrement dit, il se
sert maintenant de la vision pour ajuster sa motricité, et comme
l’image est inversée par rapport à l’hémi plan, il cafouille. C’est
comme si nous adultes nous nous servions des informations
visuelles pour nous raser ou nous maquiller. La vision n’est plus
que le support des informations kinesthésiques.
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La cryptophasie gémellaire est une notion développée par René Zazzo. Yves Lebrun,
cryptophasie gémellaire et retard de langage chez les jumeaux, Enfance, 1982, 35/3, pages 101
à 108. (La cryptophasie peut apparaître exceptionnellement chez des couples très fusionnels : il
s’agit alors d’idioglossie ou de langues dites indépendantes).
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Tous les primates ne se reconnaissent pas dans le miroir : le gorille, par exemple, et Koko
semble bien être une exception. Les bonobos, les chimpanzés, les ourangs-outans réussissent
l’expérience de l’image spéculaire (Eugene Linden, Ces singes qui parlent, Paris, Seuil,
1979).L’éléphant d’Asie se reconnaît lui aussi dans le miroir (Self-recognition in an Asian
elephant by Joshua M. Plotnik, Frans B. M. de Waal and Diana Reiss, PNAS published online
Oct 30, 2006) ainsi que les raies manta (Journal of ethology, May 2016, Volume
34, Issue 2, pp 167–174, Ari Csilla. & D’Agostino Dominic “Contingency checking and self-
directed behaviors in giant manta rays: Do elasmobranchs have self-awareness?”). Les chiens
et les chats ne semblent pas réussir l’épreuve du miroir, par contre la pie, le choucas et le
corbeau se reconnaissent parfaitement. 14
ENFANT MIROIR
Modèle Image
La reconnaissance (appropriation)
se fait quand les sensations
intéroceptives (tonus) et
proprioceptives (clonus) convergent
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Œuvres choisies d’Henri Wallon
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Hommages à Henri Wallon
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