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C’est Marcel, auteur et narrateur, quis’exprime à la première personne.

Joseph Pagnol,
instituteur normaliend’origine marseillaise, férocement laïque, épouse la jolie couturière
nomméeAugustine en 1889. Ils vivent à Aubagne et très vite ont leur premier
enfant,Marcel. Trois ans plus tard ils déménagent à Saint-Loup, toujours aux alentoursde
Marseille. Augustine a l’habitude de déposer son fils dans la salle declasse de son mari
lorsqu’elle se rend au marché, jusqu’au jour où Josephcomprend que le petit Marcel sait
lire. Cette découverte fait la plus grandefierté du maître mais affole sa mère qui a peur
que « sa cervelleéclate ». Il ne remet donc plus les pieds dans une école jusqu’à l’â gede six
ans. Lorsqu’il y rentre, son institutrice affirme que Marcel est « douéd’une mémoire
surprenante, mais que [sa] maturité d’esprit [est] celle d’unenfant au berceau. »
Les années passent, Joseph gravit les échelonsavec succès, il devient « instituteur titulaire
à l’école du chemindes Chartreux, la plus grande école communale de Marseille »,et un petit
frère, gros et qui ne cesse d’engloutir tout ce qu’il trouve,intègre la famille.
À dix ans, Marcel est en avance comparé à sescamarades de classe. Ses moments préférés
sont le jeudi et le dimanche lorsquesa tante Rose l’emmène dans des parcs où il peut
observer les cyclistes quitombent souvent, et où il tente en vain de tuer les canards à l’aide
decailloux. Cependant, ce rituel change le jour où un riche monsieur est assissur l’exact
banc où Rose a l’habitude de tricoter : les deux adultes en pleineconversation ne semblent
pas faire attention plus que ça à Marcel qui jouitd’une liberté si rare, et l’homme à l’épaisse
moustache donne même quelquespièces à l’enfant. La tante Rose demande à Marcel de ne
révéler l’existence del’inconnu (qui n’est autre que le futur oncle Jules) à quiconque car il
est lepropriétaire du parc et en parler leur interdirait de pouvoir y revenir. Fierde partager
ce secret et de connaître un personnage si important, Marcel tientsa parole.
Les promenades se faisant de plus en plusfréquentes, Rose présente son nouveau mari,
Thomas, à sa famille. Celui-cidemande cependant qu’on l’appelle « l’oncle Jules », et les
enfantsapprécient ce « grand ami » originaire du Roussillon et quiroule les « r ». Et bien
qu’il aille à la messe, il s’entend avectout le monde. Il félicite aussi Marcel d’avoir si bien
gardé le secret et luiavoue qu’il n’a jamais été le propriétaire du parc public car il travaille à
lapréfecture. Cette révélation crée une déception chez l’enfant relativement aumonde des
adultes mais elle lui permet aussi de se déculpabiliser à chaque foisqu’il ment.
La grande étape de leur vie est ledéménagement dans un endroit plus grand que le
précédent. S’ensuit la naissanced’une petite sœur, que les deux garçons adoptent très vite,
puis la venue dupremier fils de la tante Rose et de l’oncle Jules. Ces évènements ne
fontqu’attiser la curiosité et la soif de découverte du monde des deux frères.
Un jour, Joseph annonce avec joie qu’ils vontpasser les grandes vacances tous les six dans
une villa louée à lacampagne : la Bastide-Neuve. Auparavant, ils doivent cependant se
procurerdes meubles, et c’est ainsi qu’ils se rendent chez le brocanteur, lieu adoré dupère
de famille et redouté de sa femme. En effet, « à cette époque, lesmicrobes étaient tout neufs
[…] et elle les imaginait comme de très petitstigres, prêts à nous dévorer par l’intérieur » ;
mais après leurrestauration, tout le monde admire les nouveaux achats.
Le jour tant attendu venu, l’oncle Jules et latante Rose se rendent à la maison de vacances
en voiture ; quant à la famillePagnol, elle se voit obligée de demander les services d’un
paysan avec unecharrette afin de transporter l’ameublement. Tout le monde prend ensuite
letramway, marche neuf kilomètres avant de retrouver l’homme avec son â ne pour lafin du
trajet. Le voyage est éprouvant car il fait très chaud et tous doiventpousser la charrette
dans une cô te, mais Marcel tombe sous le charme du lieu endépit de tout cela : « Un
immense paysage en demi-cercle montait devantmoi jusqu’au ciel : de noires pinèdes,
séparées par des valons, allaient mourircomme des vagues au pied de trois sommets rocheux.
[…] Je sentis naître unamour qui devait durer toute ma vie. » Et quelle fierté dans l’œil
dupaysan qui dit qu’il est d’ici !
Ainsi commencent les « plus beauxjours de [sa] vie » : lui et son jeune frère, le petit Paul,
passentleur temps à jouer aux Indiens et à observer les insectes sans aucunesurveillance,
parmi la nouvelle flore et les parfums jusque-là inconnus. Cependant,la véritable surprise
est l’annonce de l’oncle Jules : il va les initier à lachasse. É tant le seul à connaître cette
activité, il leur explique lestechniques pour approcher le gibier sans faire de bruit, les
mouvements à adopter pour tirer avec plus de précision, etc. Il leur livre aussi une
ultimeinformation : la proie la plus rare et donc la plus appréciée est labartavelle, « la
perdrix royale, la plus royale des perdrix, car elleest énorme et rutilante. »
À partir de ce jour, les deux pères de famillene cessent de se préparer à  « l’Ouverture », de
répéter lesmouvements des chasseurs afin de les reproduire parfaitement, de s’entraîner
autir, et chacune des conversations autour de la table du repas est alimentée parles
incroyables récits de chasse de l’oncle. Cette frénésie constante ne cessepourtant
d’angoisser le petit Marcel car sa venue lors du jour J n’a pas étémentionnée une seule fois.
De plus, le nouveau statut de son père, d’habitudedétenteur de la connaissance, se
retrouvant tout à coup simple apprenti face à son beau-frère, renforce le malaise et
l’appréhension de l’enfant.
La veille du départ, il ose enfin aborder lesujet et se voit refuser de participer à
l’expédition. Mais face au désarroi dugarçon, les hommes changent d’avis et lui font
promettre de ne rien dire aupetit frère : « Il portera notre déjeuner, comme il l’a proposé,et
il nous suivra bien gentiment, à dix pas derrière les fusils. […] Il nefaudra pas en parler à Paul,
parce qu’il est trop petit. Il ne pourrait pasmarcher si loin. ». Toutefois, quand la maison
entière est couchée, Paulaffirme avoir tout entendu et informe son aîné que la chasse n’est
pas dansdeux jours comme l’ont soutenu les adultes, mais dès l’aube le lendemain.
Sesentant trahi par les adultes, reconnaissant envers son cadet, Marcel prendquand même
la décision de suivre les chasseurs, à leur insu.
Une fois levé, il s’habille et suit son oncleet son père, en restant à quelques mètres
derrière eux, pensant les rejoindrelors de la pause de midi. Même s’il doit garder ses
distances, le jeune garçonressent l’excitation du pisteur car il est constamment aux aguets
afin depouvoir diriger les animaux en direction de son père. Mais au bout de
quelquesheures, Marcel est bien obligé de se rendre à l’évidence : son père est unpiètre
chasseur, et il en ressent de la honte.
Perdu dans ses pensées, il s’égare et bienqu’il redoute le déshonneur il décide de faire
demi-tour. Il panique, marche,croit qu’il va se faire dévorer par un rapace, mange un peu
puis songe à passerla nuit dans un abri. Finalement, il se souvient des paroles de son
père :« Il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pourpersévérer », et
serésout à redescendre jusqu’au vallon. Tout à coup, des coups de feu se fontentendre et
Marcel reçoit deux bartavelles sur la tête. Il rejoint son pèreplein de fierté et son oncle
colérique, un brin jaloux. De retour à la villa,la famille entière est tellement heureuse que
personne ne pense à réprimanderle petit fugitif.
« Et dans mes petits poings sanglantsd’où pendaient quatre ailes dorées, je haussais vers le
ciel la gloire de monpère en face du soleil couchant. »

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