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Résumé

Ce manuel volontairement compact rassemble les conseils de terrain destinés à tous les
intervenants d’un projet de construction.
Directrice d’un bureau d’études techniques spécialisé en BIM, l’auteur apporte aux questions de
base les réponses permettant de lever les freins à l’utilisation du BIM qui, déjà imposé à
certains échelons, est en voie de généralisation.

On sait que le Building Information Modeling recouvre un processus d’échange et d’application des
différentes informations qui définissent un bâtiment (existant ou en projet) à l’aide d’outils
technologiques, très récents pour la plupart, au nombre desquels le principal est la maquette
numérique. Il s’agit de créer une base de données collective dans laquelle les différents
professionnels engagés dans une opération de construction feront converger les informations
que chacun produit et qui doivent être exploitables par tous les autres. Au-delà de la production des
informations réside la question de la programmation de l’ensemble et de la coordination des
tâches, depuis la conception du bâtiment jusque dans sa gestion à long terme.

Sommaire
Passer au BIM : le premier pas Comprendre les bases – Outil ou processus? – BIM et maquette
numérique sont-ils synonymes ? – BIM et Expertise? – Niveaux de maturité du BIM – Pourquoi
passer au BIM ?
Modélisation en BIM Objets – Maquette métier et maquette globale – Outils – Logiciels de
modélisation – Échanges entre logiciels : interopérabilité et compatibilité
Qui est en charge du processus BIM ? Gérer un processus BIM – Adopter la méthodologie –
Définir le changement – Comprendre les besoins – Compétences du BIM manager
Renseigner la maquette Niveau de développement, de détail et d’information – Comment choisir les
LoD et LoI appropriés ? – Qui les choisit ?
Comment amorcer le processus le mieux adapté ? Bien choisir son premier projet – Identifier les
objectifs – Établir un cahier des charges – Créer un processus qualitatif – Les clés de la réussite
Le protocole BIM, outil de la gestion du BIM Caractéristiques d’un protocole BIM – Protocole
BIM de projet : les points essentiels à développer – Quelle est la valeur d’un protocole BIM ?
Connaître son patrimoine Les technologies disponibles et leur exploitation – DOE BIM
Annexe : Retours d’expérience – La maison individuelle – Comment le BIM contribue à améliorer
l’architecture – Comment le BIM contribue à approfondir la relation avec le client

Au coeur du système normatif français, européen et international, AFNOR Éditions est distributeur
officiel de normes. Éditeur de solutions d’information professionnelle normative et réglementaire,
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Biographie auteur
Membre fondateur de l’association BIM France qui promeut la mise en place par les pouvoirs
publics – État et Régions – d’un calendrier prévoyant l’adoption du BIM et de la maquette numérique
dans les marchés publics mettant en oeuvre des bâtiments neufs ou rénovés de plus de 2000 m2,
Annalisa De Maestri est ingénieur et architecte. Directrice générale de MBA Ingénierie/BET
Bianchi (adhérent de MediaConstruct), elle est engagée dans des programmes internationaux comme
le projet de l’aéroport de Santiago du Chili, l’aménagement de la future Samaritaine ou encore le
Sporting d’hiver et l’Anse du Portier, à Monaco. Elle enseigne par ailleurs à l’ESTP.

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Annalisa De Maestri

Premiers pas en BIM


L’essentiel en 100 pages
ÉDITIONS EYROLLES AFNOR ÉDITIONS
61, bd Saint-Germain 11, rue Francis-de-Pressensé
75240 Paris Cedex 05 93571 La Plaine Saint-Denis Cedex
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Mise en page : Christophe Picaud

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faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou
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propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français
d’exploitation du droit de copie (CFC) — 20, rue des Grands-Augustins — 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2017, ISBN 978-2-212-67372-2


© Afnor éditions, 2017, ISBN 978-2-12-465591-5
Table des matières

Avant-propos

Chapitre 1 | Passer au BIM : le premier pas


Comprendre les bases
Expertise vs BIM ?
Les niveaux de maturité du BIM
Pourquoi passer au BIM ?

Chapitre 2 | Modélisation en BIM


Les objets : modélisation paramétrique, contrainte et renseignée
La maquette métier et la maquette globale
Les outils
Échange entre logiciels : interopérabilité et compatibilité

Chapitre 3 | Qui a la charge du processus BIM ?


Gérer un processus BIM : le management du changement
Adopter la méthodologie
Définir le changement
Comprendre les besoins
Le management du processus
Les compétences du manager BIM

Chapitre 4 | Renseigner la maquette


Les dimensions du BIM
Niveaux de développement, de détail et d’information

Chapitre 5 | Comment amorcer le processus le plus adapté


Bien choisir son premier projet
Identifier les objectifs pour le BIM
Établir un cahier des charges BIM
Créer un processus qualitatif
Les clés de la réussite

Chapitre 6 | Le protocole BIM : l’outil de la gestion du BIM


Les caractéristiques d’un protocole BIM
Protocole BIM de projet, les points essentiels à développer
Quelle est la valeur d’un protocole BIM ?

Chapitre 7 | Connaître son patrimoine


Technologies à disposition
Exploitation des technologies
DOE BIM
Annexe | Retours d’expérience
La maison individuelle
Comment le BIM contribue à améliorer l’architecture
Comment le BIM contribue à approfondir la relation avec le client
« Il referme le cahier, il me le rend et il dit :
avant d’écrire un roman, il faut apprendre l’orthographe. »
Nathalie Sarraute, Enfance
Avant-propos
Pourquoi ce livre et comment le lire ?
En quelques années, le BIM a évolué de sujet de niche à sujet de masse : mais tout le monde ne
pratique pas encore le BIM. On trouve un « bimeur » à chaque coin de rue1, mais que signifie
vraiment être « bimeur » ?
Si, d’un côté, on voit apparaître sur le marché des rôles nouveaux et variés, de l’autre, peu sont ceux
qui peuvent d’ores et déjà en tirer profit aisément et affirmer sereinement pouvoir « bimer » leur
projet !
Alors, qui peut aujourd’hui profiter de cette évolution ? Existe-t-il un seuil minimal de projet pour
faire du BIM ?
Le BIM est-il adapté aux petits cabinets d’architecture et aux artisans ? Quels sont les premiers pas à
faire et les bons réflexes à avoir ?
Pour travailler en BIM, peut-on se contenter de maîtriser les logiciels de modélisation ou y a-t-il
d’autres outils à utiliser ?
Si l’on souhaite que la démarche BIM se démocratise dans les faits, il faut que toute la chaîne des
acteurs de la profession puisse y avoir accès, à l’échelle de son domaine d’intervention.
Ce livre a pour but d’aider les experts comme les novices à se rapprocher de la démarche BIM, pas
après pas, avec des bases simples qui permettent aux professionnels de l’immobilier, de la
construction et de la conception d’appréhender la globalité du sujet BIM.
Ce livre essaye donc de répondre à des questions « terre à terre », souvent sources d’inquiétudes et
freins pour le passage au BIM.
Dans l’air du temps
Le numérique est en train de transformer chaque aspect de notre vie quotidienne : les achats, la
scolarisation, notre approche des médias, la communication, etc. Ce changement de paradigme
technologique est en train de rebattre les cartes d’un secteur très traditionnel, l’obligeant à revoir ses
méthodologies, ses outils et ses pratiques courantes. Quel que soit l’objectif, « travailler dans son
coin » n’a jamais été très avantageux : avec le BIM, cela devient tout simplement impossible.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous poser la question de passer ou non au BIM : l’ère numérique
a déjà fait ce choix pour nous.
L’échelle des projets développés en BIM est très variée, de la maison individuelle à l’aéroport de
Santiago du Chili (700 000 m²) ou au métro de Dubaï.
Aujourd’hui, la France a déjà pu expérimenter dans plusieurs domaines différents les potentialités du
BIM, en allant jusqu’au Level III2 pour certains projets, avec la volonté de mettre en place la
meilleure pratique possible, profitable à tous les acteurs du bâtiment.
Au stade actuel du développement du BIM, on voit de plus en plus de projets grandir dans cette
démarche et s’organiser autour d’un processus numérique qui franchit à grands pas les quatrième,
cinquième et sixième3 dimensions.
Est-il déjà trop tard pour franchir le pas ?
Non, mais il faut se poser les bonnes questions.
Comment bien démarrer en BIM ? Quelles sont les aides possibles et les bonnes pratiques à
appliquer ? Quels rôles et responsabilités sont à intégrer dans ce processus ?

1 En juin 2016, le réseau social professionnel LinkedIn répertoriait 10 800 managers BIM, 5 747 coordinateurs BIM, 2 080 modeleurs
BIM.
2 Définition anglo-saxonne pour identifier l’intégration de la notion de gestion du patrimoine dans le BIM, voir « Les niveaux de maturité
du BIM » (chapitre 1).
3 Temps, économie, gestion.
CHAPITRE

1 Passer au BIM : le premier pas

Passer au BIM peut être dû à une circonstance particulière, comme la nécessité de répondre à des
appels d’offres en BIM, ou bien découler de la recherche d’optimisation et de qualité dans une
entreprise. En partant du principe que les technologies aident les professionnels tout au long de la
réalisation d’un projet, facilite l’organisation et conforte la stratégie de l’entreprise, on peut imaginer
qu’une nouveauté en partie basée sur les avancées numériques peut aller dans ce sens.
Il faudra donc retenir que le BIM se joue tout le temps à deux niveaux, celui du projet sur lequel on
l’applique (construction, rénovation, reconstitution du patrimoine existant, études de faisabilité, etc.),
mais également celui de l’entreprise, agence d’architecture, bureau d’études, gestionnaire de
patrimoine, etc. qui décide de le déployer. Un projet sera donc un bon point de démarrage pour une
introduction à la démarche BIM mais ne peut pas être le cas unique de réflexion pour la stratégie
d’une entreprise : il faudra donc toujours mener l’étude sur les deux fronts en parallèle.
Chaque nouveauté est accompagnée de sa terminologie, et, parfois, on se sent mieux à l’écart de
certaines conversations ! Interopérabilité ? Modélisation paramétrique renseignée ? IFC1 ? Data
management ?
Trouver des définitions sur Internet n’est pas compliqué, mais que se cache-t-il réellement derrière
les notions de base du BIM ?
Et, plus précisément : quelles notions de base faut-il avoir ?
Comprendre les bases
BIM : l’idée derrière l’acronyme
Plusieurs définitions du BIM (building information modeling : modélisation des informations du
bâtiment) existent. Le but de ce chapitre n’est pas d’en retenir une en particulier, mais de permettre à
chacun de comprendre les concepts qui l’accompagnent.
Les premières approches théoriques du BIM l’assimilaient principalement à une modélisation 3D ou
à un outil informatique. L’aspect technologique de ce processus est effectivement fondamental, mais il
n’est pas le seul à considérer : l’information, issue d’une donnée correcte et organisée, est le pivot du
système. La création de cette donnée requière une compétence spécifique pour être exploitable dans
le processus. Pour autant, le BIM ne se substitue pas aux métiers de la conception, de la construction
ou de l’immobilier : le BIM fait en sorte que chacun d’eux puisse évoluer vers une démarche
qualitative.
Pour résumer, le BIM combine :
– les compétences et les connaissances des professionnels ;
– une maquette 3D.
La maquette 3D – la maquette numérique – évolue avec le projet, nourrie d’informations organisées
et vérifiées au fur et à mesure par les acteurs de la filière.

a. Maquette BIM en LOD 200.


b. Maquette BIM en LOD 300.

Figure 1. Maquette BIM en LOD 200 (a) et LOD 300 (b) selon les lots.

Figure 2. Exemple d’objet BIM renseigné.


Un processus ou un outil ?
Le BIM désigne un processus d’échange et d’incrémentation d’informations d’un bâtiment (rénovation
ou nouvelle construction) autour de supports technologiques performants, dont la maquette numérique,
paramétrique et renseignée, est l’un des outils principaux.
Ce processus, s’il est bien organisé, permet de rassembler et de gérer un nombre croissant
d’informations autour d’un ouvrage afin de créer une base de données coordonnée et cohérente. On
imaginera sans peine que l’afflux d’une grande quantité d’informations produites par des
professionnels, même traitées par des outils performants, ne peut pas s’autogérer, mais nécessite
d’être coordonné et planifié. La composante managériale est donc très présente dans le processus afin
de garantir que son fonctionnement évolutif s’adapte continûment aux besoins du projet.
Pour résumer, le BIM requiert :
– des outils adaptés ;
– des professionnels compétents pour délivrer une information de qualité ;
– des processus et des flux d’échange performants ;
– une organisation de la masse d’information.
On en déduira que BIM (building information modeling) devrait plutôt s’écrire BIMMM : building
information model, modeling, management (modèle, modélisation, management des informations du
bâtiment).
Ici, modèle signifie la maquette numérique, les logiciels et les outils informatiques nécessaires à la
mise en forme de l’information. C’est le niveau de la création d’informations du BIM,
indépendamment de leurs dimensions2.
La modélisation (modeling) est le processus qui permet la création, la vérification et la validation
des informations dans le BIM.
Le management recouvre la planification, l’organisation, la direction et le contrôle du processus afin
qu’il atteigne ses objectifs. Le management BIM s’occupe de mettre en commun et de régulariser les
échanges entre intervenants.
Trois composantes sont fondamentales à la mise en œuvre du BIM : la connaissance du bâtiment, de
la ville et des infrastructures du projet à développer (informations), l’informatique (utilisée dans les
processus et les modélisations) et le management des informations produites et des personnes.

BIM et maquette numérique sont-ils synonymes ?


La maquette numérique est une représentation 3D du bâtiment (infrastructure, ville…). Elle peut être
également pluridimensionnelle, car elle a vocation à contenir l’ensemble des données nécessaires au
bâtiment, en fonction de l’état d’avancement de sa conception, de sa réalisation et/ou de son
exploitation. Les composants de base intégrant les informations se présentent sous forme d’« objets »
renseignés, auxquels peuvent être associées certaines caractéristiques telles que, pour des
composants techniques comme les portes, les gaines, les faux plafonds, etc., la référence, le modèle,
ses dimensions, ses caractéristiques thermiques ou énergétiques, sa durée de vie moyenne, sa
représentation géométrique (2D et 3D).
Figure 3. Maquette métier renseignée.

Le BIM étant un processus de gestion de l’évolution des données et la maquette numérique l’un des
outils principaux de création des données, les deux termes ne sont donc pas synonymes.
Expertise vs BIM ?
Quand une nouveauté arrive sur le marché, on se pose souvent la question de son utilité, de sa
pertinence et des changements qu’elle va apporter. Le processus BIM n’échappe pas à la règle et
plusieurs professionnels se demandent si leur métier et leur expertise ne vont pas disparaître au profit
de cette méthodologie de travail qui intègre de nouvelles technologies appliquées au bâtiment. En
effet, grâce au BIM, ne peut-on tout faire ?
On pourrait se passer des économistes, puisque les processus BIM automatisent la création de
tableaux de données pour les études de prix ; on pourrait supprimer les cellules d’OPC
(ordonnancement, pilotage et coordination), car les outils de 4D sont parfaitement intégrables à la
maquette BIM ; les cellules de synthèse d’exécution deviendraient caduques, car les outils permettant
de répertorier les conflits (mais non de les résoudre) existent… En allant par-là, on pourrait
également se passer des architectes, car à partir des données numériques associées au BIM, on peut
générer des formes sans qu’il soit nécessaire de concevoir…
C’est anticiper un peu vite ? Oui, mais c’est nécessaire pour bien faire la distinction entre
méthodologie et outils d’une part et métier et compétences techniques d’autre part.
La création d’un processus BIM qualitatif dépend de l’expertise des professionnels de l’immobilier
en conception, construction et exploitation : sans cette base saine, il ne peut pas être correctement
développé et mis en valeur. On ne fait pas du BIM pour faire du BIM, on utilise ses potentialités là
où les problématiques sont identifiées par les professionnels. Si on intègre une donnée erronée dans
le BIM, ce n’est pas une maquette qui dira que l’information de base est incorrecte, mais le processus
aidera à repérer rapidement le problème et à le traiter par anticipation. L’expertise des différents
professionnels du bâtiment ne va donc pas devenir inutile, mais elle devra être produite et partagée
de manière différente.
Ce qui change surtout avec le BIM, c’est le planning d’intervention de chaque professionnel, la façon
dont chacun exprime ses compétences. Les technologies de production d’information évoluent, mais
on aura toujours besoin de spécialistes et d’experts qui contribueront à la réussite d’un projet.
Le BIM est un processus qui englobe la maquette numérique ainsi que toutes les données d’un projet.
C’est l’un des engrenages (figure 4) qui rend possible le fonctionnement d’un projet. L’expertise des
acteurs, elle, agira sur la qualité du processus BIM.
Les niveaux de maturité du BIM
Le passage au BIM nécessite de procéder par étape : le processus doit d’abord devenir une
méthodologie de travail propre à chaque entreprise, avant d’être systématisé à chaque projet. Il y a
donc deux facettes : le BIM interne, qui permet à une entreprise de développer son socle et ses
méthodologies de travail BIM, sa compétitivité en la matière, et le BIM externe, qui relève du projet,
du partage avec les autres intervenants, de la mise en commun des données et de la recherche de
compromis entre les méthodologies des différents intervenants afin de rendre les livrables selon les
spécificités du projet.

Figure 4. Le BIM est l’un des engrenages de la vie du projet.

On peut alors parler de niveaux ou paliers de maturité, qui permettent de mieux comprendre le
parcours nécessaire pour évoluer en BIM.

Le BIM niveau 0 ou « pré-BIM »


Les outils de travail sont de type 2D, papier ou numérique. C’est le niveau où se trouvent les cabinets
d’architecture, d’ingénierie ou des entreprises, maîtres d’ouvrages et gestionnaires, qui n’ont pas
encore franchi le pas vers les nouvelles technologies.

Le BIM niveau 1 ou « lonely BIM »


Ce niveau est parfois considéré comme n’étant pas pleinement du BIM mais un préliminaire. Il est
caractérisé par la coexistence de données 2D et 3D, mais il n’est pas encore question d’objets
renseignés ni de LoI (level of information) pour chaque objet. Les échanges n’en sont qu’aux
prémices, les maquettes n’étant partagées que partiellement et sans procédure réglementée de
création d’objets BIM, de suivi, vérification et approbation.
Chaque intervenant travaille en BIM mais en « solo », sans interactions directes et fluides avec les
autres partenaires autour de la maquette numérique.

Le BIM niveau 2
Souvent considéré comme le premier niveau de « vrai » BIM, c’est le stade où l’on voit apparaître
des échanges d’informations au moyen de maquettes numériques. Ce niveau implique nécessairement
leur manipulation par plusieurs intervenants. Cela ne signifie pas que tous les intervenants produisent
obligatoirement et exclusivement de la 3D, mais que chacun est capable d’être en relation avec le
processus BIM, indépendamment du type d’information produite (2D, 3D, document…). Le niveau 2
est exigé pour les projets publics en Grande-Bretagne depuis 2016, tandis qu’en France, il pourrait le
devenir à partir de 2017.
Atteindre ce niveau représente la grande étape à franchir pour les professionnels, car il matérialise
l’évolution des méthodes de travail, de collaboration et d’échange entre partenaires. Des maquettes
de plus en plus renseignées s’échangent tout au long de la vie du projet ou du bâtiment, s’il existe, ce
qui implique plus d’interactions et de dialogues, d’échanges préalables sur les méthodes et
techniques de production de l’information. (Aujourd’hui, cet aspect n’est pas clairement identifié
dans les projets qui ne sont pas menés en BIM, il est partiellement dilué dans d’autres
responsabilités.)

Le BIM niveau 3 : l’avenir proche


Considéré par beaucoup comme le seul BIM, le niveau 3 s’organise autour d’une maquette globale
localisée sur un serveur centralisé (physique ou virtuel), accessible à tous les intervenants et durant
toute la durée de vie d’un ouvrage grâce à l’utilisation de plusieurs formats d’importation et
d’exportation permettant de partager toutes les informations, indépendamment de l’outil qui les a
générées. Dans ce cas de figure, chaque « métier » est responsable d’une « brique » de la maquette,
qui, une fois consolidée avec les autres, constitue la maquette BIM de projet3. On peut alors parler
d’ingénierie concourante au sens propre.
Le BIM niveau 3, qui n’a été jusqu’ici testé que sur des grands projets et par une minorité de firmes
en Europe et à l’international, commence aujourd’hui à se démocratiser, permettant d’envisager une
application au marché global de la construction. En ce qui concerne les projets d’infrastructure,
l’usage du BIM niveau 3 ne fait que commencer…
Pour résumer, chaque niveau de BIM est caractérisé par des méthodes et des vecteurs d’échanges
différents. La collaboration étant un point fondamental dans le processus, une section spécifique de ce
livre lui est consacrée (voir « Le partage et la collaboration », chapitre 5).

Figure 5. Vue d’intérieur d’un projet en LOD 400, pour un projet de niveau 3.
Pourquoi passer au BIM ?
L’utilisation du BIM, peut, comme dans d’autres secteurs économiques, être un moyen de réduire les
coûts en rendant possible l’industrialisation des processus dans le bâtiment et une meilleure
cohérence dans l’organisation des données de projet mais également d’exploitation.
En conception et en réalisation, cela permet :
– de faciliter les échanges d’informations ;
– d’optimiser les temps de production documentaire (liaison 3D/2D) ;
– d’assurer un meilleur suivi et respect du programme ;
– d’obtenir plus de facilité dans l’analyse des visas numériques et le suivi des entreprises qui
travaillent ensemble sur le projet ;
– d’assurer la traçabilité des matériaux/matériels afin de suivre la mise en œuvre ;
– de respecter les normes et les réglementations du milieu de la construction ;
– de réduire les délais de réalisation grâce à une meilleure préparation du chantier en amont ;
– de réaliser le partage des données avec les entreprises ;
– etc.
En phase d’exploitation, les gains sont également importants. Le BIM permet notamment :
– de réduire les coûts de l’assurance construction ;
– de rendre l’exploitation plus performante grâce à l’utilisation directe des résultats d’études et de
calculs ;
– de réduire les coûts dus aux malfaçons.
On peut remarquer que les gains potentiels mentionnés ci-dessus touchent tous les acteurs d’un
projet ; plus le BIM est intégré et utilisé dans toute la chaîne des acteurs plus l’impact sera positif et
les gains importants. Prévoir l’enchaînement des tâches du processus BIM permet une réduction des
coûts de « transfert » des informations d’un professionnel à un autre. Par exemple, la maquette BIM
peut être utilisée pour des rendus comme pour des vidéos commerciales, à condition de définir en
amont la façon dont les intervenants échangeront leurs éléments. Ainsi, au lieu de recevoir une
maquette pour la vidéo non adaptable à son processus de travail, l’infographiste ne sera pas obligé
de ressaisir l’intégralité de la modélisation4.
Les gains du BIM sont visibles également dans le domaine environnemental : l’étude thermique et
l’analyse du cycle de vie du bâtiment en BIM font partie intégrante de cette réflexion.

1 Voir la partie « Interopérabilité » (chapitre 2).


2 2D (plans, coupes), 3D, 4D (temps), 5D (économie), 6D (gestion, maintenance…), documents écrits, images, etc.
3 Voir « La maquette métier et la maquette globale » (chapitre 2).
4 Une part d’adaptation restera toutefois nécessaire pour des applications comme la gestion du parcours de déplacement dans la vidéo,
les lumières, l’application des matériaux, etc.
CHAPITRE

2 Modélisation en BIM

La modélisation 3D n’est pas une nouveauté, elle fait partie de notre quotidien depuis des années :
films, jeux vidéo, réalité augmentée utilisent communément cette technologie.
Il en est de même pour les professionnels du bâtiment : les architectes l’utilisent depuis des années
pour leurs études géométriques et leurs rendus, de nombreuses entreprises de façades et de
charpentes métalliques l’utilisent pour l’automatisation de leurs productions.
Qu’est-ce qui change alors avec les maquettes BIM ?
Les objets : modélisation paramétrique, contrainte et renseignée
Les premiers logiciels de CAO1 utilisaient une géométrie explicite pour créer des entités graphiques.
Cette géométrie était définie selon des coordonnées. Une modification ou une évolution des données
était source d’erreurs, car elle impliquait des changements d’éléments en 2D sur des fichiers ou
documents séparés (par exemple, le déplacement d’un poteau impliquait la reprise de plans et de
coupes qui n’étaient pas liés entre eux).
Avec l’évolution technologique, un mur, qui, avant, était identifié par deux lignes avec au plus un
attribut de couleur, devient un objet reconnaissable en tant que mur : l’objet gagne en intelligence,
lisibilité et capacité de transformation. Avec la dernière évolution vers le paramétrique, il a été
possible de modéliser des objets intelligents dans l’espace des coordonnées x, y, z, mais également
de mettre ces éléments en relation entre eux.
C’est bien cette modélisation qui est à la base du BIM et qui est définie comme paramétrique. Cela
signifie que l’on peut modéliser et décrire des objets du bâtiment grâce à des relations entre des
éléments caractéristiques de l’objet même. On peut par exemple définir qu’une courbe évolue le long
d’un tracé prédéfini avec un angle variable : la spécification de toutes ces règles définit l’ensemble
des paramètres qui permettront la modélisation de l’objet. Ces relations internes à un objet peuvent
également s’appliquer à des objets de nature différente. À titre d’exemple, on pourrait imaginer de
modéliser un poteau structurel de dalle à dalle. Cette information que nous allons appliquer lors de la
modélisation représente la contrainte que nous appliquons à ce poteau par rapport à son
environnement. Grâce à ces caractéristiques, on peut facilement modifier la forme créée selon les
besoins en adaptant l’un des paramètres, ce qui nous évite de ressaisir toute la modélisation.
Ces objets BIM possèdent également d’autres caractéristiques qui ne sont pas forcément liées à la
géométrie de l’objet, mais plutôt à leur constitution : on parle de métadonnées et d’attributs. Il s’agit
de renseignements spécifiques qui aident à mieux définir un objet, par exemple par sa matière, sa
référence, ses caractéristiques structurelles ou thermiques, etc.

Figure 6. Différences entre objets 2D, 3D et BIM.


Figure 7. Maquette renseignée avec attributs pour la fabrication. © Tekla BIMsight.

Figure 8. Exemple de tableur des données extrait depuis une maquette BIM pour 5D et 6D.
La maquette métier et la maquette globale
Nous avons vu dans les chapitres précédents l’importance que prend la gestion des informations
autour d’une maquette numérique renseignée. On pourrait donc comprendre que tout projet BIM
gravite autour d’une seule et unique maquette numérique intégrant toute information souhaitée du
projet : ce n’est pas le cas. La dimension du projet, les besoins, les problématiques, l’organisation
contractuelle et d’autres facteurs encore aideront à déterminer la meilleure méthodologie de
constitution d’une ou plusieurs maquettes numériques. Nous devons donc parler plutôt d’un support
unique d’information, qui peut être constitué de la façon suivante :
– La maquette intégrée : maquette unique, en un seul fichier, regroupant dans sa constitution tous les
éléments du projet. La maquette intégrée peut être au format natif ou export. Un exemple de projet
en maquette intégrée au format natif peut être la maison individuelle (voir en annexe « La maison en
bois »). Au format export, on peut par contre avoir le cas de projet en DOE (dossier des ouvrages
exécutés) de dimensions diverses qui sont remises au client final pour l’exploitation. La maquette
intégrée export se présente en un seul fichier regroupant tous les fichiers export du projet.
– La maquette métier : maquette spécifique à un métier, discipline ou lot de construction. La
maquette métier est une partie de l’entité globale que constitue le projet (maquette structure,
maquette CET2, maquette architecturale…). L’organisation de ces maquettes et leur découpage
dépend le plus souvent des limites contractuelles de chaque intervenant.
– La maquette fédérée 3 : maquette globale de projet, regroupe à l’aide de liens informatiques
plusieurs maquettes métiers. C’est la maquette d’assemblage de projet (au format natif ou export).

a. Maquette métier structure.

b. Maquette métier fluides.


c. Maquette métier élément architecturaux.

Figure 9. Trois maquettes métier du CHU d’Ajaccio. © AART-Farah architectes.

Ces trois types de maquettes peuvent coexister pour un même projet lors des différentes phases de
son avancement. Certes, on pourra effectivement créer pour un bâtiment neuf une maquette intégrée
lors des phases d’esquisse et d’APS4, car on imagine bien que la majeure partie des informations sont
à ce stade élaborées par l’architecte. Mais pour les phases suivantes, il sera plus judicieux de
commencer à intégrer le travail des différents bureaux d’études : l’organisation en maquettes métier
réunies en une seule maquette fédérée s’impose5, pour des questions de responsabilités, poids de
fichiers et cohérence avec le projet.
La méthodologie d’organisation, découpage et assemblage de ces éléments dépend de beaucoup de
facteurs, il n’y a donc pas une seule et unique façon d’opérer, il faudra à chaque fois trouver celle qui
s’adapte le plus aux caractéristiques du projet et à l’obtention des résultats BIM attendus.
Les outils

Figure 10.

Les technologies et leurs performances sont l’un des points clés de la réussite, cependant, leur niveau
d’évolution ne représente pas un point de blocage pour la mise en œuvre d’un processus BIM. Pour
autant, nous ne pouvons pas nier que l’essence même de la maquette numérique repose sur la notion
d’objet 3D et, donc, que les technologies associées méritent d’être comprises dans leur globalité. Les
technologies associées au BIM doivent permettre une visualisation complète du projet par le biais de
simulations, du calcul des quantités ou de la détection des conflits (clashes), de l’extraction des
données, de la fabrication, de la visualisation à des fins commerciales, etc.
Une seule technologie, un seul et unique logiciel peut-il faire tout ça ? Et si la réponse est oui,
comment ?
Une autre question se pose également : celle de la dimension du projet. Est-il pertinent d’utiliser les
mêmes outils quelle que soit la taille du projet ? Quid de l’investissement nécessaire ?
Prenons l’exemple de ce projet de maison individuelle réalisé sous Sketchup 2016 (figure 11) :
comment peut-on savoir s’il s’agit d’un projet en BIM ?
Le choix du logiciel détermine-t-il le fait qu’on soit en BIM ou pas ?
Et qu’est-ce que l’on attend exactement d’un logiciel BIM ?
Figure 11. Projet en Sketchup d’une maison individuelle.

Les outils du BIM sont multiples et divers selon le type et le secteur d’activité. On peut les organiser
en catégories afin de mieux comprendre de quels outils chaque intervenant a besoin dans le
processus :
– outils de modélisations BIM, plus ou moins spécialisés selon le domaine d’utilisation (conception,
exécution, fabrication), nécessaires aux productions d’informations 3D et de métadonnées ;
– outils d’analyse et vérification, plus souvent appelés visionneuses (viewers), permettent des
actions diverses selon leur configuration : assembler les maquettes métier, analyser la production
(analyses de conflits et production de rapport de conflits), créer des tableaux de quantitatifs
(réalisable également dans les logiciels de modélisation BIM), etc. ;
– outils techniques spécifiques : programmation 4D (liaison maquette- planning), calcul thermique,
calcul structurel, coût, gestion du patrimoine, maintenance, GTB6, GTC, etc. ;
– plateformes BIM et serveur, pour l’organisation globale du processus et la traçabilité des
documents provenant du BIM, indépendamment de leur dimension et de leur format (.pdf, .dwg, .ifc,
.dxf, 2D, 3D, etc.).
La quantité d’outils nécessaires pour mettre en place un processus BIM peut varier de façon
importante selon les types de projet (dimensions, tâches à réaliser, utilisation des données de la part
du client, etc.).

Logiciels de modélisation en BIM


Cette catégorie de logiciels permet la création d’information en BIM, ce qui a contribué à créer une
confusion importante sur leur rôle. Si vous achetez un logiciel de modélisation, vous ne disposez pas
pour autant de tout ce qu’il faut pour faire du BIM, vous n’avez acquis que l’un des outils
nécessaires.
Posons-le clairement : un logiciel permettant une modélisation 3D paramétrique n’est pas un logiciel
BIM.
Mais un logiciel permettant une modélisation paramétrique qui intègre des métadonnées propres à
l’objet (matériau, références, fabricants, etc.) et qui permet d’exporter ces données vers d’autres
logiciels de production7 est un logiciel de modélisation en BIM (figures 12 et 13).
Selon cette définition, un logiciel d’utilisation aussi simple que Sketchup peut donc permettre de faire
du BIM, car on peut connaître d’un objet un certain nombre d’informations (en natif), et en diffuser
certaines vers d’autres logiciels (en export). Dans les images ci-dessus, on peut par exemple vérifier
les caractéristiques des matériaux, en attribuer, les modifier, mais également connaître le nom du
fabricant, la référence d’un modèle de meuble, etc.
Les logiciels de modélisation BIM sont divers et permettent, selon leur puissance, d’intégrer, de faire
évoluer, d’extraire des données de façons diverses. Digital Project et Sketchup Pro sont deux de ces
logiciels, mais le premier est destiné à un public expérimenté en modélisation, fabrication,
conception et maîtrise de formes complexes, tandis que le second est adapté à un public beaucoup
plus large et pas forcément expérimenté dans la modélisation 3D.
Selon les besoins, on choisira donc l’outil le plus adapté à la tâche à accomplir et à l’envergure du
projet.
Les outils de modélisation BIM ont beaucoup évolué ces dernières années pour mieux s’adapter aux
divers besoins du marché. On ne peut donc pas à ce stade exclure a priori l’un ou l’autre du champ
d’utilisation du BIM sous prétexte que certaines fonctionnalités ne sont pas encore intégrées.
Cependant, les managers BIM de projet pourront analyser les outils disponibles et conseiller les
intervenants à un projet sur les outils existants et leurs capacités.
Figure 12. Vue en plan étage RDC.

Figure 13. Données présentes dans un objet type chaise.

Outils de visualisation
Cette catégorie de logiciels naît du besoin de certains acteurs de la filière de visualiser le projet,
mais sans apprendre à modéliser ou à manipuler des outils de création 3D. C’est le cas de la maîtrise
d’ouvrage, des directeurs de projet ou de chantier, etc.
À la base, chaque outil de modélisation peut être utilisé comme une visionneuse (selon le type de
licence). Cependant, certains logiciels ont été créés dans le but de faciliter la visualisation et
l’analyse des maquettes BIM8.
Ces outils permettent :
– l’assemblage des maquettes métier pour créer la maquette globale de projet ; l’analyse des
modélisations : géométrique (visuellement et par prise de cotations) et qualitative (par analyse des
données) ;
– la coordination des études : vérification des interfaces de projet et création de rapports d’analyse ;
– l’analyse des quantitatifs : avec ces outils, il est possible d’exporter des tableaux récapitulatifs des
données de type coût, métrés, volumes ;
– les simulations 4D : liaison de la maquette avec le planning du projet.
a. Visualisation du projet.

b. Visualisation des informations projet.

Figure 14. Exemples de visualisation avec Tekla BIMsight.


Outils d’analyse et de vérification
Il s’agit de tous ces outils propres aux métiers des bâtiments qui ne sont pas destinés aux
modélisations de projet et à la conception, mais à une analyse ou une étude technique spécifique.
Pour cela, il est possible, dans les grandes lignes, de départager ces outils en plusieurs grandes
catégories :
– les outils de calcul (thermique, structurel, feu…) ;
– les outils de fabrication, qui lient géométrie et production industrielle ;
– les outils de gestion (patrimoine, maintenance, GBT, GTC) ;
– les outils d’OPR9, de levée des réserves ;
– etc.
Ces outils ne sont donc pas conçus pour produire de l’information géométrique ou modéliser un
LoD10, mais servent à une utilisation technique des données incluses dans la maquette. Ils peuvent
aussi générer des données, mais très rarement de la géométrie (exemple : logiciels de fabrication).

Plateformes BIM et serveurs


Réunir les informations de plusieurs intervenants dans une zone unique de travail demande une
gestion des accès aux informations sécurisées et organisées.
La gestion se fait via des accès à des serveurs BIM11, organisé par lecture et écriture selon les
responsabilités de chaque intervenant. La responsabilité de cette gestion revient au manager BIM du
processus, responsable de la bonne accessibilité de chaque acteur du projet pour qu’il puisse
modifier et/ou consulter les informations qui lui sont nécessaires. La mise en place des serveurs BIM
est le plus souvent réalisée par un spécialiste en architecture informatique.
Ces serveurs peuvent être plus ou moins complets de fonctionnalités selon les besoins des
utilisateurs. Dans leur forme plus basique, ils permettent le travail collaboratif autour de la maquette
BIM, pour modéliser, assembler, partager et vérifier. Dans la forme plus complète et complexe, ces
tâches sont associées à une gestion électronique documentaire, des envois de mails pour informer de
leur mise à jour, des processus de validation avec bordereaux de suivi (générés automatiquement),
d’un viewer intégré dans la plateforme, etc.
Échange entre logiciels : interopérabilité et compatibilité
Closed BIM et open BIM
« L’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, dont les interfaces sont
intégralement connues, à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs, et ce sans
restriction d’accès ou de mise en œuvre. »
Appliqué au BIM, ce concept est défini comme « la capacité d’un système ou d’un produit à travailler
avec d’autres systèmes ou produits sans un effort particulier de la part de l’utilisateur »
(Mediaconstruct), ou encore comme « la capacité – entre deux logiciels ou systèmes – d’échanger
sans perte de données dans un format commun, standard ouvert, non propriétaire. Échanges entre
systèmes sans restriction d’accès ou de mise en œuvre » (BIM France). Chaque intervenant au
processus BIM, dans la limite du possible et dans la limite des possibilités des logiciels disponibles,
doit pouvoir travailler à partir des logiciels les plus adaptés à sa profession, sans devoir se résoudre
à un choix restrictif, au risque de ne pas pouvoir accéder à une partie du marché ou des appels
d’offres.
Le sujet est complexe et vaste, et les solutions nombreuses pour éviter la perte d’informations et
laisser la plus grande liberté aux intervenants au projet.
On remarque cependant le développement de deux axes de déploiement du BIM, l’open BIM et le
closed BIM.
L’open BIM reflète la vision d’un marché de logiciels hétéroclites provenant de nombreux éditeurs et
communicant entre eux en utilisant un format commun d’échange de fichiers : le format IFC (industry
foundation classes), combinant les données géométriques et les données alphanumériques.
Le closed BIM représente un univers intégré de logiciels utilisant tous un format commun de fichiers.
Ainsi, chaque logiciel peut lire et écrire ce format particulier, et les logiciels avec qui il
communiquera devront en faire autant.
L’open BIM est associé au concept d’interopérabilité et le closed BIM à celui de compatibilité entre
logiciels : c’est le cas de ceux fournis sous forme de « suite » et qui appartiennent à un même éditeur.
Ils ne demandent pas d’exportation pour que les informations passent de l’un à l’autre, par exemple
de Revit vers Robot (Autodesk).
Le marché actuel n’a pas statué à 100 % en faveur de l’un ou l’autre de ces deux principes. De fait, le
choix est laissé libre lors des réponses aux appels d’offres publics.
Ce qui est imposé, par contre, c’est le rendu des éléments du processus selon au moins deux formats,
le natif et l’IFC. Le premier dans le but de conserver la totalité des informations sans altérations (y
compris la paramétrisation des objets), le deuxième pour permettre une utilisation à large échelle des
informations. Cependant, de plus en plus de maîtres d’ouvrage ayant remarqué les défauts de l’IFC en
l’état actuel du marché demandent en plus les rendus des « datas BIM » sous des formes similaires au
format d’échange COBie, mais adaptés à leur propre usage.

IFC (Industry Foundation Classes)


L’IFC est un standard créé à la demande de l’IAI12 (International Alliance for Interoperability) afin
d’améliorer l’interopérabilité des applications utilisées par les différents professionnels du bâtiment.
Les données sont organisées sous forme de « classes d’objets » (les IFC), dans le but de les échanger
sans perte d’information.
C’est un format dérivé de la norme STEP (ISO 10303-11), qui a également pour but de favoriser
l’interopérabilité des logiciels dans le secteur de l’industrie du bâtiment. Il est gratuit et open
source13.
Pour que l’IFC soit efficace, il faut que les principales applications de CAO en BIM soient capables
d’importer et d’exporter au format IFC. Les logiciels compatibles avec le format IFC sont recensés
par Building Smart, qui, parallèlement, fait certifier l’usage de l’IFC pour garantir aux utilisateurs la
fiabilité des échanges14.
L’IFC est un modèle de données structurées :
– permettant de partager les informations liées à la construction et à la gestion de patrimoine ;
– entre diverses applications utilisées dans le domaine de la construction ;
– orienté objet ;
– de spécification neutre et ouverte, open source, non contrôlé par un éditeur particulier.
Ce format d’échange standard est utilisé dans le cadre d’un travail BIM et contient pour chaque objet
de la maquette :
– sa géométrie ;
– les caractéristiques qui lui sont rattachées ;
– les relations avec les autres objets de la maquette…
Son utilité réside dans la possibilité pour tous les acteurs d’un projet (maîtres d’ouvrage, architectes,
bureaux d’études…) d’intégrer dans un modèle général leurs informations (architecture, structure,
thermique, estimatif, etc.) en utilisant des logiciels compatibles IFC. Autre avantage considérable,
étant donné que l’IFC est libre de droits, il n’est pas nécessaire d’utiliser un logiciel en particulier :
la codification et l’interprétation sont possibles à partir de tout support compatible (Navisworks,
Solibri, BIM Vision, Tekla BIMsight, Archicad, Revit, Digital Project…).
Ce langage répartit les objets en fonction de classes qui leur sont associés. La maquette 3D d’un
ouvrage devient donc un ensemble hiérarchisé d’instances de classes du modèle IFC : par exemple,
une zone du projet en BIM-IFC contient un ou plusieurs bâtiments d’un ou plusieurs étages qui
intègrent une ou plusieurs pièces, couloirs, etc. On peut ensuite imaginer l’IFC comme une traduction
qui permet de lire un langage a, le transforme en un langage neutre, pour qu’il soit lu et compris par
quelqu’un qui parle un langage b.
Pour créer ce langage neutre, chaque objet doit être codifié dans le standard IFC, ce qui implique une
certaine durée de traduction.
Figure 15. Liste des logiciels certifiés ou en cours de certification dans la catégorie architecture. Source : Building Smart.

Dans le cadre d’une conception de la maquette numérique d’un projet en BIM dans un logiciel de
CAO BIM, chaque élément doit être structuré selon une arborescence qui appartient à l’une des
quatre catégories suivantes :
– les éléments spatiaux ;
– les systèmes constructifs ou éléments de construction ;
– les objets de contrôles ;
– l’environnement de modélisation.
a. Digital Project natif.

b. Revit natif.
c. Digital Project à IFC à Solibri.

d. Revit à IFC à Solibri.


e. Digital Project à IFC à BIM Vision.

f. Revit à IFC à BIM Vision.


g. Digital Project à IFC à Tekla BIM Sight.

h. Revit à IFC à Tekla BIM Sight.

Figure 16. Présentation d’un même élément dans deux formats natifs, Digital Project et Revit, et de ces mêmes éléments ouverts
dans trois logiciels de visualisation après export en IFC.

Exemple de classification IFC de système constructif


La classification pour une dalle et un poteau en IFC se présente selon les indications du tableau 1.
Tableau 1. Exemple de classification pour une dalle et un poteau en IFC.

CATÉGORIES D’OBJETS TRADUCTION IFC TYPES PROPRIÉTÉS EXTRAITES


Dalles IfcSlab type common / precast… niveau / épaisseur / périmètre /
surface / matériau (texte) /
volume
Poteaux IfcColumn type / porteur ou non porteur situation (ext.-int.) / niveau /
section / hauteur / volume /
matériaux (texte)

Si on ouvre un fichier IFC pour voir comment il est organisé, on retrouve les éléments des catégories
ci-dessus sous forme de texte.

Figure 17. Extrait de l’IFC de la modélisation exécutée en Revit. En jaune, mise en évidence des informations concernant la
dalle (slab). On a donc généré depuis Revit un « IfcSlab » qui contient les informations et propriétés que nous avons indiquées
à l’origine dans le fichier natif.

Ce qu’il faut retenir


Les IFC conduisent à une amélioration significative de l’interopérabilité qui va faciliter la
constitution et la mise à jour de systèmes d’information de patrimoine.
On ne fait pas de l’IFC parce que le fichier est « moins lourd » (ce qui d’ailleurs est très relatif par
rapport à d’autres formats d’exportation), on l’utilise parce qu’il combine géométrie et informations
dans un format open source.
L’exportation entre logiciels en IFC n’est pas encore parfaitement fonctionnelle, certaines pertes ou
altérations d’informations sont encore constatées. Mais cela n’a arrêté aucun projet BIM, les
managers BIM sont là pour pallier ces problèmes et proposer des formats d’exportation combinés ou
enchaînés, afin de trouver la solution adéquate.
Les maîtres d’ouvrage qui sont aussi gestionnaires ont tout intérêt à préconiser l’utilisation des IFC
en plus des formats natifs de modélisation15.

1 Conception assistée par ordinateur.


2 Corps d’état techniques.
3 Appelé aussi master model.
4 Avant-projet sommaire.
5 Il existe plusieurs façons de créer une maquette fédérée, soit en utilisant un logiciel compatible avec plusieurs corps de métier
différents, soit en utilisant un serveur de partage organisé.
6 GTB : gestion technique du bâtiment ; GTC : gestion technique centralisée.
7 Voir plus bas « Échange entre logiciels : interopérabilité et compatibilité » dans ce même chapitre.
8 On parle de visualisation, la modélisation ou la création de plans 2D n’est donc pas possible avec ces outils.
9 OPR : opérations préalables à la réception.
10 Level of detail, niveau de détail géométrique : voir « Renseigner la maquette » (chapitre 4).
11 Serveur informatique mis à la disposition d’un seul client/projet par un hébergeur. Il peut être administré par l’hébergeur ou via
Internet.
12 Cet organisme a depuis été renommé « Building Smart ». Son représentant en France est l’association Mediaconstruct.
13 Licence considérée comme libre.
14 Ces logiciels sont répertoriés par catégories sur le site de Building Smart à l’adresse suivante : http://www.buildingsmart-
tech.org/implementation/implementations.
15 Cela permet de faire des vérifications sur la production IFC en cas de doute sur l’exportation d’un logiciel à un autre.
CHAPITRE

3 Qui a la charge du processus BIM ?

Le processus BIM intervient pour apporter une nouvelle vision et organisation des échanges entre les
professionnels de la chaîne de l’immobilier. Le changement dans les habitudes de travail se construit
de façon organisée autour de l’ouvrage : on ne parle pas de hiérarchie, mais de flux d’échanges.
Les acteurs du projet évoluent donc avec les informations disponibles autour d’un point central de
renseignement : cet élément n’est pas seulement une modélisation 3D du bâtiment1, mais un
regroupement d’informations pluridimensionnelles organisées pour être incrémentées et partagées
dans le temps et selon les besoins des intervenants et les livrables attendus. Le BIM permet donc de
regrouper les échanges entre le maître d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, constructeurs, économistes,
ingénieurs, gestionnaires de patrimoine, etc. autour d’un référentiel unique d’information.
Ces mêmes concepts généraux s’appliquent aujourd’hui tant aux bâtiments existants qu’aux
constructions nouvelles, mais également aux infrastructures et territoires, avec les adaptations
nécessaires à l’échelle et aux problématiques du sujet traité.

Figure 18. Maquette de coordination des études, vérification des incohérences.


Gérer un processus BIM : le management du changement
À notre époque, tous les maillons de la conception, construction et exploitation doivent affronter le
défi du marché armés des technologies et processus les plus performants et innovants : les ingénieurs,
architectes, économistes, programmistes, constructeurs, maîtres d’ouvrage, etc. doivent savoir utiliser
de façon pluridisciplinaire tous les outils à leur disposition.
Les institutions publiques et privées ont répondu positivement aux appels des professionnels et ont
ainsi développé dans leur offre didactique des outils et formations adaptées à cette évolution du
marché de la construction, d’abord en intégrant à certaines formations des ateliers sur l’utilisation
des logiciels 3D et paramétriques, par la suite en proposant de véritables formations au BIM.
L’adoption du BIM dans toute la filière du bâtiment devrait modifier en profondeur les habitudes de
travail, mais, pour que cela soit efficace, une préparation des acteurs du secteur est nécessaire afin
que le BIM puisse apporter une réelle valeur ajoutée.
On assiste donc à un grand changement dans les méthodologies, les technologies et les relations entre
les partenaires d’un projet.
La gestion par le BIM (BIM management) représente une évolution dans la profession d’architecte
ou d’ingénieur. Il s’agit en effet de monter en compétence au niveau de la connaissance du processus
de conception, construction et gestion d’un ouvrage, et gestion d’équipes, mais également d’être bien
informé des évolutions technologiques afin de les combiner savamment pour qu’elles soient au
service du projet.
Effectivement, la condition essentielle pour que les avantages apportés par le BIM prennent de plus
en plus d’importance est que l’ensemble des acteurs du processus soit formé aux méthodes BIM, dans
le cadre de leur métier, en ayant à disposition les bons outils (technologique et managériaux). Pour
travailler efficacement, il sera impératif de maîtriser les aspects liés à la collaboration
pluridisciplinaire2. On peut parler de workflow3 pour décrire le processus et la méthode d’utilisation
du BIM.
Pour intégrer ce processus, il faudra donc bien appréhender :
– le changement : modifier les habitudes de travail des différents acteurs de projet ;
– l’investissement : investir dans les logiciels adaptés et dans les formations aux outils et aux
processus managériaux ;
– la gestion des données : créer une nouvelle fonction de gestionnaire de la base de données ;
– l’interopérabilité4 : comprendre les problématiques et les possibilités de solution liées à la
communication entre logiciels et entre professionnels avec des domaines de travail et de besoin
différents ;
– les rôles et les responsabilités : gérer des accès, des responsabilités, la propriété des données
produites et leur exploitation.
Les managers qui seront en charge du sujet BIM pour leur entité devront donc affronter le
management du changement, du point de vue technologique et humain.
Adopter la méthodologie
Le premier pas vers le changement est toujours le plus difficile à faire, et les doutes avant de se
lancer peuvent être multiples : nature de l’investissement, temps de retour sur investissement, choix
des logiciels et des collaborateurs, etc.
Avant tout, le passage au BIM doit être défini comme une stratégie d’entreprise, car il ne se base pas
seulement sur l’évolution des technologies, mais également sur l’implication des savoir-faire dans un
nouveau processus de management où les informations circulent de façon différente, plus rapide et
plus dense. Il faut par la suite choisir le meilleur projet pour entreprendre en BIM. Il n’y a pas une
« taille de projet optimale pour commencer » : idéalement, il faudrait pouvoir démarrer sur un projet
qui rentre dans le standard de l’entreprise (agence, bureau d’études, constructeur, maître d’ouvrage)
pour pouvoir réaliser un suivi constant des différences entre le processus classique et le processus
BIM. Cette approche permettra de mieux appréhender les logiciels et outils divers nécessaires à la
bonne mise en place de la démarche.
Définir le changement
L’expérience sur le terrain nous a appris à affronter le changement induit par le BIM, sous divers
aspects. Avant de se lancer dans l’action, il convient de prendre du recul pour analyser la situation et
choisir les moyens adaptés. Voici quelques conseils pour avancer dans la nouvelle direction d’une
stratégie BIM au sein d’une entité.

Construire la vision d’entreprise


Quelles sont les caractéristiques de la situation présente ? Quelle est la situation idéale envisageable
(en tenant compte des particularités de l’organisation et de sa stratégie) ? Comment l’atteindre ?
Cette étape est une sorte d’audit interne, qui permet de comprendre quelles situations seraient les plus
adaptées pour recevoir le BIM, dans quelle mesure ce nouveau processus pourrait apporter des
solutions à des problèmes récurrentes.

Cerner la nature du changement


Faut-il effectuer un virage immédiat vers le BIM ? Existe-t-il des zones de négociation, de
discussion, de compromis ? Pouvons-nous avancer par étapes ? Quel est le degré d’urgence de mise
en place de la nouvelle méthodologie ? Méthodologie et technologie doivent-elles être déployées en
même temps ? Quel impact sur le travail en cours ?

Identifier le périmètre et l’amplitude de la démarche


Quels sont les services concernés par la démarche BIM ? Tous ? Le processus s’applique-t-il de la
même façon dans chaque service ? Tous les collaborateurs du périmètre fonctionnel en question sont-
ils impactés ? La chaîne subit-elle des modifications majeures ou mineures ?
L’approche et les moyens dédiés selon les situations sont divers, on ne peut pas imaginer déployer un
processus BIM pour une PME avec les mêmes moyens et technologies que pour un grand groupe.
Suivant la même logique, nous n’appliquerons pas le même processus pour un cabinet d’architecte ou
un cabinet d’ingénieurs structure, car leurs besoins sont différents.

Choisir la méthode la plus adaptée


La mise en place d’un processus BIM ne peut se faire selon une recette magique et une méthodologie
unique et reproductible à l’identique pour tous. Il faut donc définir si la méthode doit être
incrémentale – avec une mise place progressive – ou bien plus « révolutionnaire » – avec un
changement radical. La notion d’investissement entre également en jeu et sa temporalisation doit être
savamment étudiée.
Cette décision se prend selon l’urgence de la situation, la capacité d’adaptation de l’organisation et
l’ampleur du changement.

Identifier les risques


Chaque changement révèle partisans et opposants, quelle que soit l’entité où il se produit. Il faudra
s’appuyer sur les partisans et les convertis pour faire avancer les choses avec enthousiasme, mais il
faudra surtout convaincre les plus sceptiques d’adhérer au changement. Pour anticiper les menaces
susceptibles de perturber le déploiement du projet, il faut être capable d’anticiper sur un bon nombre
de questions :
– La culture de l’entreprise est-elle ouverte au changement ?
– Quels sont les freins qui pourraient former un goulet d’étranglement ?
– Qui gagnera ou perdra quelque chose dans le changement ?
– Quels sujets méritent clarification pour rassurer les équipes ?
Les changements que le BIM implique peuvent sembler insurmontables aux non-initiés, car ils
interviennent sur plusieurs plans en même temps : managérial, technologique, organisationnel et
méthodologique. Les retours d’expérience montrent aujourd’hui que la pratique du BIM permet de
démystifier rapidement ces peurs à condition que le travail préparatoire ait été correctement mené.
Comprendre les besoins
Pour établir un protocole d’échange contenant les meilleures solutions BIM qui permettent de placer
le projet au centre des relations entre chaque acteur du processus, il est nécessaire d’avoir un
procédé commun de partage entre les intervenants, qui explicite également l’enchaînement des
communications autour du projet. Il faut donc définir une charte et une méthodologie précises pour
chaque échange d’information : qui doit rendre quelle pièce graphique ? dans quel délai ? sous quel
format ? quand est-elle créée ? qui est responsable de la vérification ?
Les applications BIM permettent à tous les intervenants de la filière du bâtiment et de l’infrastructure
de trouver le meilleur moyen de retirer un bénéfice de la mise en place de cette méthodologie de
travail collaboratif. Cependant, tout faire ne signifie pas bien faire. Le BIM demande organisation et
identification d’objectifs précis pour que son application soit performante. Il ne faut pas faire du
BIM pour faire du BIM, ce n’est pas un effet de mode qui perdure dans le métier depuis quelques
années, mais plutôt une évolution par rapport à des besoins et des objectifs qui trouvent une réponse
dans l’exploitation du BIM.
Chaque phase de projet, d’exécution et d’exploitation d’un bâtiment a ses caractéristiques. Les
professionnels de la filière, grâce à leur expertise, doivent identifier les problématiques et les
besoins principaux afin que les applications du processus BIM puissent répondre au mieux aux
problématiques soulevées.
Le processus BIM est tout aussi efficace pour les phases de conception que pour les phases
d’exécution. Cependant, sa mise en application ne se fait pas de la même façon dans les deux cas. Il
faut tenir compte que si, d’un côté, ce qui est demandé est une liberté d’évolution et d’étude sans être
trop bridé dans le système hyper-figé de la conception, d’un autre côté, afin de pouvoir optimiser les
coûts de construction et le planning, la phase d’exécution demande plus de rigueur et de stabilité.
Pour ces deux besoins, la réponse en BIM n’est pas la même en termes d’outils d’étude et de
modélisation, de processus d’échange et de validation, ainsi que d’organisation des maquettes pour
construire la maquette fédérée.
Le management du processus
Manager BIM et coordinateur BIM
Quand on parle de processus, on parle d’organisation, d’échange, de flux de travail, de vérification,
de coordination et donc de management, management des informations et management humain. Le
processus BIM ne fait pas exception. Dès le démarrage d’un projet, les décisions à prendre afin que
l’organisation du processus BIM soit la plus avantageuse possible pour le projet sont multiples.
Le rôle de manager du processus est tenu par un manager BIM.
Qui est le manager d’un processus BIM ? Quel est son profil ? Quelles sont ses responsabilités ?
Nous avons déjà vu que la notion de BIM = maquette 3D est très réductrice, voire erronée. Dans le
même esprit, nous ne pouvons pas définir un manager BIM comme étant un bon modélisateur 3D. Ce
qui semble être le plus pertinent en fonction du rôle qui lui est attribué est de le définir comme le
responsable du processus BIM. Il s’agit donc d’un professionnel du bâtiment, qui maîtrise un ou
plusieurs logiciels de modélisation et d’intégration de données et qui possède une expérience dans le
management de projets et d’équipes d’intervenants avec des besoins et attentes divers.
Le rôle du manager BIM n’est pas celui de « décideur » du projet, il a plutôt un rôle de
« facilitateur » de la mise en place du processus BIM pour l’ensemble des intervenants.
Qu’il s’agisse d’un ingénieur ou d’un architecte, le manager BIM doit absolument avoir une vision
globale du projet et des phases d’étude, de construction et de gestion d’un bâtiment. Ce manager est
donc le responsable du bon fonctionnement du processus dans sa globalité, mais il n’est pas expert
dans toutes les étapes de la construction ni dans tous les logiciels métier du marché. Il doit être
néanmoins capable de comprendre tous les besoins des projets et fédérer tous les intervenants autour
des solutions choisies : c’est donc le BIM leader.
L’étendue du rôle du manager BIM dépend du type de projet, de sa dimension, des contrats, etc. Ce
qui est récurrent, par contre, est que chaque entité participant à un projet met à disposition un
coordinateur BIM, qui devient alors l’interface BIM entre l’équipe et le manager BIM de projet.
Pour chaque projet, nous avons donc un ou plusieurs coordinateurs BIM qui sont les responsables des
différentes maquettes métier.
Un coordinateur BIM est souvent l’expert BIM d’une entreprise ou d’un bureau d’études, qui connaît
les processus et les besoins de son équipe dans le métier qu’il exerce. Il est le responsable de la
maquette métier5 que son entité produit pour un projet. Il est en relation directe avec le manager BIM
afin que l’intégration des éléments dans la maquette fédérée se fasse selon les besoins du projet en
suivant les règles établies entre les partenaires.
Le manager BIM et le coordinateur BIM ont donc des compétences de management à deux niveaux
différents de responsabilité.
Dans les équipes BIM, on retrouve également un modeleur BIM, spécialiste de la modélisation à
l’aide d’un outil spécifique. C’est à lui que revient la charge de créer les éléments BIM du processus.
Un modeleur BIM est spécialiste dans la modélisation du sujet qu’il développe. La modélisation en
BIM demande une rigueur dans l’utilisation des logiciels pour créer l’information, mais également
des compétences dans le métier pour que la modélisation ne soit pas seulement une image 3D mais
une pièce cataloguée d’un grand puzzle qui compose le projet et qui évolue avec lui.
Le rôle du manager BIM et des différents intervenants peuvent être différents selon les étapes du
projet, sa typologie et sa complexité. Il est tout à fait possible, voire conseillé, pour un grand projet
d’avoir un manager BIM AMO6, qui interagit avec le manager BIM de la maîtrise d’œuvre pour les
phases de conception. Le même schéma peut se reproduire en exécution avec un manager BIM
entreprises, qui coordonne la production BIM des différents corps de métier et qui interagit
directement avec le manager BIM AMO ou celui de la maîtrise d’œuvre afin de vérifier si les
demandes du client sont bien respectées.
Pour des projets de taille petite ou moyenne, il est possible que le manager BIM corresponde
également au coordinateur BIM d’une entité. Le coordinateur BIM et le modeleur BIM peuvent donc
être des ingénieurs ou des architectes qui acquièrent une nouvelle expertise au sein de leurs équipes
respectives.

Figure 19. Un exemple d’organisation et les rôles dans un processus BIM. © MBA Ingénierie.

Ce qui est certain, c’est que le manager BIM et ses équipes sont toujours au service du projet et
doivent s’assurer que le processus BIM se déroule sans entraves.

Dimensionner son équipe BIM


Selon la taille du projet, le nombre d’intervenants, les besoins en termes de logiciels, contrôles,
livrables, l’équipe de management BIM sera dimensionnée de façon acceptable par rapport à
l’économie du projet et aux attentes7. Pour une maison individuelle, par mutualisation des tâches,
l’architecte sera également le manager BIM. Pour des projets de grande envergure, il est par contre
probable qu’une équipe de management BIM soit spécifiquement dédiée au développement de
processus (elle peut être intégrée à la maîtrise d’œuvre, externe aux équipes de maîtrise d’œuvre,
rattachée à la maîtrise d’ouvrage, etc.).
Étant donné que le manager BIM est aujourd’hui identifié comme un rôle et non comme une
profession, il faut pour chaque projet étudier au préalable son juste positionnement et son intégration
dans le processus.
Les compétences du manager BIM
Nous avons vu dans le point précédent qu’un manager BIM est l’organisateur et le gestionnaire du
processus. Il possède des compétences spécifiques afin que son rôle s’accomplisse avec l’amplitude
nécessaire et doit donc :
– Assurer le leadership : il doit fédérer les intervenants au projet autour d’une organisation
coordonnée. Dans cette phase de transition, il devra également vaincre les résistances culturelles
du passage au BIM. Il devra en particulier comprendre les besoins des acteurs du projet selon les
phases et caractéristiques de projet.
– Communiquer : il doit pouvoir le faire habilement à tous les niveaux de l’entreprise ou du projet.
– Avoir de l’expérience dans les domaines de la construction (conception, construction, gestion).
– Avoir de l’expérience dans la gestion et l’optimisation des flux de travail.
– Être pédagogue : le manager BIM conseille les intervenants au projet sur les bonnes pratiques.
– Avoir une grande capacité d’adaptation : le processus BIM dépend de beaucoup de facteurs
divers et il doit évoluer en fonction de l’avancement du projet. Cela demande une grande capacité
de réaction et d’adaptation pour fournir des solutions selon les besoins et leur temporalité.
– Être à l’aise dans le travail d’équipe : le partage et la collaboration sont les fondamentaux du
BIM, le manager BIM doit donner l’exemple. Son rôle de facilitateur demande à plus forte raison
de pouvoir rassembler les équipes BIM autour de la procédure établie.
Le manager BIM et le coordinateur BIM ont donc comme rôle principal l’accompagnement de leurs
équipes à la mutation liée au BIM et la responsabilité du bon fonctionnement du projet grâce à une
bonne utilisation des potentialités offerte par le processus.

1 Les architectes, mais également les fabricants (par exemple les charpentiers ou les façadiers), utilisent déjà les technologies 3D au
quotidien. Si le BIM était réduit à une modélisation, il n’y aurait aucune grande évolution dans le métier, seulement une intégration
technologique.
2 Cet aspect est décrit dans « Les compétences du manager BIM » (chapitre 3).
3 Le flux de travail.
4 Voir « Échange entre logiciels : interopérabilité et compatibilité » (chapitre 1).
5 Voir définition au chapitre 2, « La maquette métier et la maquette globale ».
6 Assistant à maîtrise d’ouvrage.
7 Voir en annexe le retour d’expérience de l’architecte Christopher Devals pour un projet de maison individuelle.
CHAPITRE

4 Renseigner la maquette

Une maquette BIM ne contient pas la notion d’échelle de dessin comme en 2D et chaque objet BIM
est modélisé à l’échelle 1. Comment comparer avec les plans 2D classiques ? Le fait que les objets
sont à l’échelle 1 implique-t-il que toute modélisation doive se faire avec un maximum de détails
graphiques dès les phases de conception ?
Le concept de LOD1 permet de répondre à ces interrogations et mieux comprendre comment faire
évoluer une maquette BIM dans le temps et selon les besoins du projet.
Les dimensions du BIM
En évoquant les logiciels BIM et leurs caractéristiques, nous avons commencé à voir que la
modélisation en BIM ne dépend pas que de sa géométrie, mais également des informations qu’elle
intègre ou qu’elle permet de créer. La dimension de la modélisation est définie comme 3D, celle des
plans, coupes et détails comme 2D, mais celles-ci ne sont pas les seules dimensions du BIM.
2D : C’est la dimension des documents graphiques (plans, coupes, détails) qui servent aux
validations contractuelles, même si on travaille en 3D. Ces éléments sont encore la base contractuelle
de validation pour la plupart des projets en BIM, cependant, ils doivent obligatoirement être extraits
de la maquette numérique afin que la concordance soit la meilleure possible.
3D : Les trois dimensions géométriques x, y, z, qui facilitent la compréhension des problématiques
d’interface et d’organisation du projet.
4D : La donnée du temps vient se greffer sur la 3D pour permettre de voir et analyser l’évolution
d’un projet dans l’espace et dans le temps, en reliant la modélisation à des plannings spécifiques.
5D : La donnée du coût vient elle aussi s’ajouter à la 3D. Elle peut d’ailleurs exister dans une
maquette BIM indépendamment de la dimension temporelle. Cependant, reliée à la 3D et à la 4D, elle
trouve une application dans, par exemple, l’analyse des coûts de construction à un instant t ou
l’obtention d’un aperçu de la situation financière durant la vie de l’ouvrage construit.
6D : Traite de tout ce qui concerne le développement durable d’un bâtiment.
7D : C’est la dimension de la gestion, maintenance et intégration des informations du cycle de vie du
bâtiment en exploitation. Cette dimension définit tout ce qui concerne le facility management2, le
property management3 et l’asset management4.
Concrètement, la 2D et la 3D permettent la création de la géométrie à laquelle on associe les
données, la 4D (figure 20), la 5D et la 6D sont représentées par les données qu’on intègre dans le
processus et dans les objets BIM.
Niveaux de développement, de détail et d’information
Afin de pouvoir organiser les données dans le processus et créer les données nécessaires en fonction
de l’évolution du projet, définir la dimension à traiter5 et utiliser l’information, les objets du
processus BIM sont définis selon leur niveau de développement (LOD, level of developement). Le
LOD est une échelle de définition des données du point de vue de la géométrie et de l’information.

Figure 20. 4D, liaison planning et modélisation, projet pavillons des Boulingrins, Monaco.

Le LOD est parfois interprété comme un niveau de détail graphique plutôt qu’un niveau
d’information. Mais quand on sait comment les objets BIM sont créés et évoluent (voir au chapitre 2,
« Les objets »), on se rend compte que les définir seulement à partir de l’évolution graphique et de
détail de leur géométrie serait réducteur voire erroné. Les deux concepts sont complémentaires dans
le LOD :
– le niveau de détail (LoD, level of detail) mesure essentiellement la quantité de détails graphiques
inclus dans l’élément modélisé ;
– le niveau d’information (LoI, level of information) concerne les données techniques, références,
planning, etc. correspondant au contenu non visible géométriquement et donc aux « attributs » ou
« données » associés aux maquettes et à leur structuration.
Le niveau de développement (LOD) indique donc à la fois l’évolution géométrique (LoD) de
l’objet BIM mais également la quantité d’informations associée (LoI).
On peut donc dire que :
LOD = LoD + LoI
Ces niveaux sont généralement définis lors des étapes clés du projet, au cours desquelles ont lieu les
échanges d’information, ce qui permet au manager BIM et aux divers intervenants de veiller à ce que
les informations du projet soient conformes à leurs exigences et leur permettent de passer à l’étape de
construction suivante.
Étant donné la variété et la complexité des projets, le niveau de développement n’est pas
nécessairement le même pour tous les objets de la maquette fédérée. Il peut également varier selon
que l’on parle d’un bâtiment ou d’un projet urbain. L’utilisation des LOD relativement à chaque objet
implique une redéfinition partielle ou complète pour chaque nouveau projet en raison de toutes les
différentes configurations possibles. Le LOD intègre en effet plusieurs éléments de la description
d’un système d’objet ou d’un bâtiment 3D explicitement ou implicitement (complexité géométrique +
dimension + apparence + attributs + sémantiques).
Il n’existe pas aujourd’hui de définition normalisée pour la France, et, en général, dans tous les pays
ce sujet est, de par sa complexité, en pleine évolution. Nous pouvons néanmoins nous baser sur deux
documents : le PAS 1192-26 et l’AIA G202-2013.
Le PAS 1192-2 donne une définition assez complète du LOD en détaillant chaque phase de projet, de
la conception à la maintenance.
Tableau 2. Les niveaux de développement (LOD) selon la convention britannique (PAS 1192-2).

CLASSIFICATION UK PHASE GRAPHISME INFORMATION


LOD 1 Dossier initial Maquette ou ensemble graphique des
informations existantes
LOD 2 Concours Diagrammes, volumétries, symboles Nomenclature générale
2D, représentation d’éléments
génériques
LOD 3 APS, APD Définition des objets Renseignements basiques permettant la
sélection des produits et leur
identification
LOD 4 PRO, DCE Représentation 3D des objets détaillée Ajout de renseignements spécifiques
selon les spécifiques du cahier des sur l’allocation des espaces,
charges (la maquette rendue aux fonctionnement, accès et entretien
entreprises pour répondre à l’appel (informations génériques)
d’offre correspond au CCTP)
LOD 5 Exécution Les objets génériques sont remplacés à Les informations génériques sont
fur et mesure de l’évolution de la phase remplacées par les informations
par les objets fabricants fabricants
LOD 6 DOE La modélisation correspond Toutes les informations nécessaires
géométriquement au « tel que sont incluses dans les documents
construit » d’export, y compris la maintenance, les
dossiers de mise en service, la santé et
les exigences de sécurité, et ainsi de
suite
LOD 7 Maintenance et gestion Aucun ajout au niveau graphique Exploitation des données de la
maquette et leur réorganisation et mise
à jour si nécessaire

L’American Institute of Architects (AIA) a publié un cadre pour les LOD pour l’AIA Document
G202-2013, Project Building Information Modeling Protocol Form. Le LOD fait référence au
« niveau de développement » requis pour décrire un objet de la maquette. Le terme « niveau de
développement » est utilisé plutôt que « niveau de détail », car il est tout à fait possible qu’un
élément très détaillé puisse en fait être générique sur le plan des informations contenues en raison de
l’état d’avancement de sa conception. L’AIA suggère que le cadre LOD prenne en considération le
fait que les différents éléments du projet se développeront à des rythmes différents : ce qui
caractérise un produit livrable BIM est la qualité et la fiabilité des informations qui y sont contenues.
Cette information est transmise par les objets et leurs attributs dans la maquette, sous forme
géométrique et non géométrique.
Tableau 3. Les niveaux de développement (LOD) selon la convention américaine (AIA G202-2013).

CLASSIFICATION US PHASE GRAPHISME INFORMATION


LOD 100 Concours Diagrammes, volumétries, symboles Nomenclature générale
2D, représentation d’éléments
génériques
LOD 200 APS, APD Définition des objets Renseignements basiques permettant la
sélection des produits et leur
identification

LOD 300 PRO, DCE Représentation 3D des objets détaillée Ajout de renseignements spécifiques
selon les spécifiques du cahier des sur l’allocation des espaces, le
charges (la maquette rendue aux fonctionnement, l’accès et l’entretien
entreprises pour répondre à l’appel (informations génériques)
d’offre correspond au CCTP)
LOD 400 Exécution-DOE Les objets génériques sont remplacés à Les informations génériques sont
fur et mesure de l’évolution de la phase remplacées par les informations
par les objets fabricants fabricants
LOD 500 Maintenance et gestion Aucun ajout de détail graphique Toutes les informations nécessaires
sont incluses dans les documents
d’export, y compris la maintenance, les
dossiers de mise en service, la santé et
les exigences de sécurité, et ainsi de
suite. Les données pour l’exploitation
sont toutes à disposition de l’utilisateur
et leur réorganisation et mise à jour est
possible si nécessaire

La classification anglaise et la classification américaine sont donc facilement comparables, comme


on peut le voir dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4. Comparaison entre convention britannique (UK) et convention américaine (US).

CONVENTION UK = PAS 1192-2 CONVENTION US = AIA G202-2013


LOD 1 --–
LOD 2 LOD 100
LOD 3 LOD 200
LOD 4 LOD 300
LOD 5-6 LOD 400
LOD 7 LOD 500

Comment choisir les LoD et LoI appropriés ?


Les LOD, indépendamment de la classification de référence, impliquent plusieurs points critiques qui
déterminent leur choix. Nous en avons listé certains ci-dessous :
– L’évolution du projet : la demande en LoD et LoI doit être compatible avec la connaissance du
projet et son évolution à une phase déterminée.
– L’utilisation des données selon la phase : sur deux projets distincts, mais similaires, pour la même
phase de projet on pourrait choisir d’exploiter dans un cas les données pour le suivi de l’évolution
économique du projet et dans l’autre cas estimer cette analyse inutile pour la phase en question.
– La complexité du projet : en phase de finalisation de conception, il est d’usage de demander un
niveau de développement LOD 300. Pour cette même phase, il serait possible localement de
demander un niveau de développement supérieur dans une « zone noble » ou dans une zone à haute
complexité technique.
– La demande du client.
– Les besoins des différents intervenants au projet pour le développement de leurs études ou
développements en fabrication.
Le choix du LOD approprié est donc fortement impacté par les conditions du projet et son évolution.
Par exemple, si l’on considère un projet en exécution, il est tout à fait possible que toutes les
entreprises ne se soient pas désignées en même temps. Pour plus de clarté, nous avons résumé les
étapes dans le schéma ci-dessous, en prenant comme hypothèse que le LOD final demandé soit le
LOD 400.
Tableau 5. Exemple d’évolution de LOD pour un projet en exécution.

TEMPS ENTREPRISES
X Y
T0 Désignation
T1 Modélisation LOD 300 Désignation
T2 Modélisation LOD 400 Modélisation LOD 300
T3 DOE Modélisation LOD 400
T4 - DOE

Cela signifie que le LOD peut ne pas être le même pour tous les intervenants au projet à un instant t
donné. Cependant, pour des questions de simplicité de gestion, il est possible que pour un même
projet on demande de façon générale d’atteindre un certain niveau de développement par étape, en
établissant une règle unique pour tous : si cela simplifie initialement certains échanges ainsi que
certains aspects contractuels, il ne s’agit pas forcément de la solution la plus rentable, car elle ne
prend pas en compte toutes les spécificités du projet.
Une attention particulière devra donc être apportée dans les phases de transition afin de vérifier
l’ensemble des données LoD et LoI et leur cohérence du point de vue contractuel et des besoins du
projet.

Qui choisit les LoD et les LoI ?


Le ou les managers BIM sont chargés de la définition des LOD dans un processus BIM. Cela ne
signifie pas qu’ils décident du niveau de développement à atteindre, mais qu’ils explicitent pour les
intervenants au projet ce que cela signifie par type d’objet.
Lors de la rédaction du cahier des charges, c’est le maître d’ouvrage qui rédige ses besoins et
attentes en termes de niveau de développement pour les maquettes BIM et pour le rendu des
livrables. Il est donc facilement compréhensible que les premières indications et décisions en termes
de LOD soient imposées par le client. Pour une finalisation de PRO-DCE ou pour un rendu de DOE,
nous obtiendrons les renseignements nécessaires auprès du maître d’ouvrage, mais que se passe-t-il
entre ces deux macrophases ? Qui décide des phases intermédiaires de développement ?
L’un des fondamentaux d’un processus BIM de qualité est que chaque intervenant au projet puisse
diffuser ses informations correctement, mais également bénéficier des données transmises par les
autres intervenants : le processus doit donc tenir compte dans une certaine mesure des
caractéristiques des différents acteurs. Si cela n’est pas compris, le processus peut devenir trop
contraignant pour certains partenaires, les inciter à revenir à des méthodologies différentes en
s’excluant du processus BIM et, du coup, mettre en péril le bon déroulement du projet. Lors du
démarrage de chaque phase BIM, il est d’usage pour les managers et coordinateurs BIM de se réunir
afin d’exposer les besoins et problématiques BIM à leurs équipes. À titre d’exemple, une équipe
pourrait demander de modéliser les éléments avec un niveau de détail supérieur aux attentes du client
pour des besoins d’étude, d’automatisation, de vérification, etc. Cela ne signifie pas que tous les
autres intervenants doivent rejoindre ce niveau de détail supérieur pour que le processus fonctionne,
mais le manager BIM de la phase devra indiquer à l’ensemble des intervenants si cela est possible et
dans quelle mesure (par exemple, risque de surcharger graphiquement la maquette).
C’est donc aux coordinateurs BIM que revient le rôle de conseiller leurs équipes sur le niveau de
détail à atteindre pour une phase. Le manager BIM de projet veillera à la compatibilité des
demandes, dans le respect du but à atteindre et des livrables à produire. Si l’on considère une
hypothèse de projet en conception-réalisation avec un manager BIM et plusieurs coordinateurs BIM,
un par regroupement d’équipes.
Le choix du manager BIM ne sera pas de pénaliser une équipe en l’obligeant à produire un LoD
supérieur, surtout si cela ne fait pas partie des livrables contractuels. Par contre, il veillera à ce que
le LoD supérieur demandé (dans l’exemple ci-dessus) par le coordinateur BIM 2 soit lisible et
compatible avec les spécifiques de projet (y compris le matériel informatique).
Tableau 6. Exemple de choix de LOD dans un projet.
Il en est de même pour le rendu DOE dans l’exemple : le client demande un LoD 300 alors que deux
équipes sur trois souhaiteraient donner un niveau de détail supérieur. Si le client accepte, le manager
BIM laissera ces intervenants produire les éléments selon le LoD qu’ils proposent. En cas de refus, il
est possible qu’ils soient obligés à revenir à un niveau de détail inférieur.
Étant donné qu’il n’y pas de normalisation exacte à suivre au sujet du LOD, il est conseillé de rédiger
pour chaque projet un descriptif sous forme de tableau décrivant les attendus géométriques et
d’informations pour chaque étape du projet. Ce tableau devrait contenir :
– le lot : structure, façade, VRD, route, etc. ;
– la typologie : exemple dans la famille structure, poteau béton ;
– le LoD géométrique par phase : exemple LOD 300 pour le PRO, LoD 300 pour le DOE ;
– le LoI des attributs en renseignements par phase : LoI 500 pour le DOE ;
– l’image de descriptif par phase (facultatif).
Sur la figure 21, page suivante, on trouve quelques images représentatives de l’évolution du niveau
de détails graphiques pour une façade vitrée.
Ce sujet est loin d’être anodin, car, outre le manque de normes le concernant, il implique d’avoir une
réflexion à 360° sur toutes les utilisations possibles des LOD pendant une même phase de projet, afin
que le plus grand nombre d’intervenants soit satisfait du choix effectué. Est-il nécessaire que, pour la
conception, une dalle béton soit en LoD 300 tout comme une façade vitrée ? Un LoD 200 pour la
dalle ne serait-il pas suffisant ? Sur plusieurs projets actuellement en cours d’exécution, la réflexion
sur les LoD a été faite dans ce sens ; de ce fait, pour une même phase, on peut avoir des objets en
LoD 300 et en LoD 200 qui coexistent et évoluent dans la même maquette.
Les LOD qui sont indiqués dans la figure 21 ne reprennent pas une règle absolue. Par contre, ces
images donnent une idée du niveau de développement à un temps donné dans l’évolution du projet.
Figure 21. Exemple de LoD pour une charpente métallique et une façade vitrée selon les phases du projet.

1 Level of development (niveau de développement).


2 C’est la gestion et la réalisation intégrées d’un ensemble cohérent de services supports liés à l’immobilier, pour le compte d’une
organisation, dans le cadre d’un engagement qui précise les niveaux de performance à atteindre. Le facility management immobilier
est acteur dynamique du développement de la performance du cœur de métier de l’organisation.
3 Ensemble des services pratiques permettant d’administrer et de valoriser un patrimoine immobilier sur la durée (gérance, syndic,
gestion technique, gestion des travaux…).
4 Gestion d’un portefeuille immobilier et des investissements réalisés. Gestion stratégique.
5 Voir paragraphe précédent.
6 Le texte intégral (en anglais) est disponible gratuitement à l’adresse http://shop.bsigroup.com/forms/PASs/PAS-1192-2/.
CHAPITRE

5 Comment amorcer le processus le plus adapté


Bien choisir son premier projet
La mise en place d’un processus BIM se joue à deux niveaux : celui du projet et celui interne à son
entreprise1. Chaque bureau d’études, architecte, concepteur aura à l’intérieur de son établissement
son propre protocole BIM d’échange et de création de données BIM, qui devra être étudié de façon à
posséder la souplesse nécessaire pour qu’il s’adapte à celui du projet, qui intègre les besoins et
devoirs de chaque concepteur. Il y a des étapes fondamentales à réaliser, et choisir un premier projet
pour tester les hypothèses formulées et les choix effectués est primordial : commencer avec un projet
connu ou de petite taille (par rapport aux habitudes de l’entreprise) permettra de tester le processus
dans les conditions réelles et d’apporter rapidement les corrections nécessaires à la démarche2.
Les premiers projets réalisés avec le BIM rencontreront certaines lenteurs dans leur réalisation et se
heurteront aux réticences dues aux changements d’habitudes imposés par la démarche. Le manager
BIM aura un rôle clé dans ce sens, et l’on comprend mieux alors l’ampleur de la tâche qui lui est
attribuée en interne. Le choix du projet s’accompagne également du choix du référent pour
l’appliquer. Voilà pourquoi, une fois de plus, on ne peut pas laisser ce sujet dans les mains d’un « très
bon modélisateur », mais plutôt d’un manager, compétent et expérimenté dans sa profession, et formé
au BIM.
Identifier les objectifs pour le BIM
Lors du démarrage d’un projet (nouvelle construction ou rénovation), le processus BIM doit se
traduire par une application directe de son organisation en interaction avec les spécificités du
contexte. D’un côté, il faut respecter les attentes de la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage en termes de
qualité et prise en compte du marché ; de l’autre, il faut intégrer les besoins de coordination et
gestion des informations des acteurs avec des besoins et problématiques qui se situent à des échelles
différentes. En exécution, il peut être utilisé pour l’évolution des études d’exécution, les fabrications
et la gestion du chantier, la 4D et la 5D intervenant en amont et durant tout le processus. Quand le
projet est finalisé, ou pour un parc immobilier existant, les utilisations et les besoins peuvent être
multiples, de la gestion d’occupation des salles louées au recensement de mobiliers, à la gestion de
la maintenance et des connexions GTB et GTC.
Avec le BIM, on peut certainement tout faire, mais on peut surtout se tromper si la direction prise
n’est pas claire. Pour que les managers BIM puissent mettre en œuvre le processus le plus
performant, les technologies adaptées dans le calendrier du projet, ils ont besoin de comprendre le
but recherché dans la mise en place du BIM. Il y a d’un côté la demande du client, mais de l’autre il y
a également les besoins des acteurs du processus, phase par phase.
Établir un cahier des charges BIM
Les possibilités de méthodologies, flux de travail et combinaisons d’outils pour un processus sont
extrêmement variées. Il y en au minimum autant que d’intervenants à un projet. Il faut donc un point de
départ solide et clair pour le déploiement de la démarche. C’est lors de la rédaction du programme
technique détaillé d’un projet en BIM que la maîtrise d’ouvrage devra être capable d’expliciter ses
attentes, car elle a réalisé en amont sa propre étude visant à comprendre les informations qui lui sont
nécessaires pour l’exploitation et la maintenance. Cette connaissance est fondamentale, car elle
détermine les objectifs du BIM pour le maître d’ouvrage, mais aide également à la mise en place de
la stratégie de projet. Les objectifs spécifiés doivent être clairs et quantifiables tout au long du
processus, du montage d’opération à la déconstruction de l’ouvrage. Le maître d’ouvrage fera rédiger
un document descriptif par son manager BIM : ce document pourra être interne à la maîtrise
d’ouvrage et à son organisation. Nous rappelons à ce sujet que tenir ce rôle demande un niveau de
formation et une compétence solide en BIM3.
L’autre outil fondamental au déploiement de la démarche en BIM est le cahier des charges BIM que
le maître d’ouvrage devra fournir pour les consultations. Cela est valable pour tout type de
consultation : conception, exécution, recensement du patrimoine en BIM pour la gestion et
maintenance, etc. Ce document peut être formalisé de manière indépendante ou selon les pratiques de
la maîtrise d’ouvrage, intégré dans les contrats ou dans le CCTP de la consultation. L’organisation de
ce document se fera autour d’au moins trois thèmes fondamentaux :
– les objectifs : comment la maîtrise d’ouvrage utilisera-t-elle les livrables du processus BIM ? pour
de la GMAO4 ? de la GTC ? le recensement du patrimoine construit ? etc.) ;
– les formats d’import/export admis et leur organisation : important pour l’exploitation des
données, car elles peuvent varier selon l’outil choisi dans ce but ;
– les rôles et responsabilités en BIM (relation prestataire-commanditaire) : les spécifiques de
nommage, la nomenclature et l’organisation de la maquette attendus pour les livrables (cela ne
signifie pas que le maître d’ouvrage s’immisce dans la méthodologie déployée par les prestataires
pour parvenir à ce but).
Le protocole BIM sera donc la réponse technique des équipes qui répondent à la consultation du
maître d’ouvrage.
Créer un processus qualitatif
En réponse au cahier des charges du maître d’ouvrage, les équipes de conception devront s’organiser
afin de permettre le développement correct du projet, selon les critères du BIM.
La proposition de cette organisation revient au manager BIM, qui travaillera de concert avec les
acteurs du processus afin d’organiser le flux de travail le plus performant possible en vue de
permettre, à la fois, de développer le projet selon la volonté du client, mais également à chacun de
retirer du processus le plus grand bénéfice possible, sans devoir remettre en question l’ensemble de
ses méthodologies de travail propres à son métier.
Les données sont créées à partir d’un support unique d’informations 3D : la maquette BIM. Cet objet
est au cœur des liens entre les informations et les intervenants, qui s’organisent de façon coordonnée
grâce à des processus et des technologies adaptées.

Figure 22. À gauche, l’organisation des échanges dans un processus classique ; à droite, l’organisation des échanges en BIM.

Nous assistons donc à un changement d’organisation des flux d’échange entre intervenants : on passe
d’un schéma d’échange d’informations, où plusieurs éléments évoluent en parallèle durant la vie du
projet (image de gauche), à un principe collaboratif autour d’un élément central et fédérateur qui
évolue avec le projet (image de droite).
Dans ce nouveau schéma collaboratif interviennent donc de nouvelles figures d’experts BIM avec des
rôles et caractéristiques distincts. Pour rappel, voici ce qui était décrit au chapitre 3 (voir « Le
management du processus ») : le manager BIM, le coordinateur BIM, le modeleur BIM…
L’organisation autour du processus est donc un premier gage de qualité qui rend possible les
vérifications à plusieurs niveaux des éléments produits. Elles porteront sur la qualité de l’objet
modélisé, pour les modeleurs BIM (autocontrôle) et pour les coordinateurs BIM, qui veilleront à ce
que leur équipe respecte les bonnes pratiques et assure la fiabilité des livrables.
Le manager BIM sera responsable du dernier niveau de contrôle, en particulier pour les livrables. Il
veille tout particulièrement à ce que l’ensemble des données soit organisé avec cohérence et qualité.
Pour cela, avant envoi au client, les maquettes BIM subissent un processus d’analyse et de
vérification suivant plusieurs critères :
– vérification 3D et conformité 2D, du natif et de l’assemblage des exports5 ;
– vérification du respect des procédures et du planning de modélisation et production BIM ;
– contrôle visuel : vérifier qu’il ne subsiste pas d’objet, de composant ou de modèle parasite et
veiller au respect des intentions de conception ;
– contrôle des renseignements techniques (y compris LOD, graphique et attributs) : le respect des
normes géométriques et celui de la conception dans les règles de l’art est vérifié à l’aide de
documents indiquant les implantations en plan, en long, les données 2D classiques décrivant les
objets de la maquette ;
– contrôle des conflits : il s’agit là de répertorier les problématiques de projet et non d’y apporter
une solution technique ; les managers BIM sont peu nombreux sur le marché actuel à avoir cette
double compétence.
D’autres contrôles spécifiques s’ajouteront lors des évaluations des maquettes BIM, mais cela restera
à chaque fois strictement lié aux besoins et singularités des divers projets et contrats signés en BIM.
Les clés de la réussite
Un processus collaboratif performant ne peut pas donner les meilleurs résultats si tous les
intervenants de la filière n’ont pas un niveau de compétences équivalent en BIM.
La formation au BIM est donc une condition sine qua non, sinon, le développement correct et
efficace du BIM dans les professions du bâtiment est impossible. À cela s’ajoutent d’autres points
fondamentaux résumés ci-dessous :
– la coopération : changement de mentalité, s’ouvrir à la collaboration ;
– le management : le management BIM, un leadership au service du projet ;
– l’application : appliquer et analyser le BIM à chaque étape en intégrant l’expertise métier ;
– la définition de la stratégie d’entreprise : le BIM n’est pas un processus de projet, il est, au sens
large, un processus pour le secteur bâtiment et infrastructure, indépendamment de l’échelle de
projet. Il doit donc être mis en place en interne pour améliorer la productivité et la qualité de
chaque équipe et adapté en interface projet afin de mettre à disposition de tous les éléments
développés.
Il n’y a aucun doute que le bon management de projet est un facteur critique de succès. C’est-à-dire
qu’un projet ne peut pas être exécuté sans management de projet, qu’il soit formel ou informel. Nous
avons tous besoin d’un minimum d’ordre pour organiser et exécuter un projet. Le management de
projet aide à poser un cadre, fournissant structure et direction.
Il n’existe pas de recette unique pour créer un processus BIM unique qui s’adapterait à tous les
projets : plusieurs flux de travail peuvent être mis en place par le manager du processus pour prendre
en compte les besoins et les exigences du client, l’interopérabilité entre les logiciels, les différentes
phases du projet et aussi le niveau de maîtrise du BIM des différents intervenants.
En intégrant la notion de BIM à un projet, il est donc évident que le management de projet doit tenir
compte de cette nouvelle variable, ainsi que des figures professionnelles spécialisées nécessaires au
fonctionnement d’un processus BIM. Ce dernier n’est pas uniquement une technologie, mais, en raison
de – ou grâce à – cette technologie, il est nécessaire de s’adapter à un processus global d’échange, de
partage d’information et de création de données. Il faut donc un garant du fonctionnement de ce
processus, qui soit également un leader impartial au service du projet en BIM.

Impartialité dans le processus BIM


Le processus BIM demande une coordination et un suivi continu de l’évolution des données tout au
long de la vie du projet. La puissance et la performance des technologies et plateformes mises en
place pour le BIM sont telles qu’elles demandent un déploiement et une mise en œuvre qui prenne en
compte les différences et les besoins de chaque intervenant. Dans ce sens, le management BIM doit
être impartial et avantager à tout moment la bonne évolution du projet et non les intérêts d’un ou de
plusieurs intervenants au processus.

Le partage et la collaboration
L’un des avantages majeurs de l’utilisation du BIM est le passage des échanges et interactions du
mode séquentiel au mode intégré. Il autorise les acteurs d’un même projet à accéder en même temps
aux différentes sources d’informations utiles à la réalisation du projet.
Avec des outils de partage adéquats, les professionnels ne devraient plus avoir à travailler de
manière complètement isolée. Les solutions BIM les plus avancées proposent un espace d’échange
d’informations en ligne avec une gestion des droits d’accès individuels (en écriture et en lecture) afin
d’optimiser la confidentialité des documents et la gestion et la traçabilité des échanges.

1 Voir « Quelle est la valeur du protocole BIM ? » (chapitre 6).


2 Idéalement, il faudrait pouvoir pour un même projet tester en parallèle la méthode traditionnelle et la méthode BIM, ce qui permettrait
une analyse comparative au plus près de la réalité.
3 Une formation ou un accompagnement seront donc nécessaires lors d’une première mission.
4 GMAO : gestion de maintenance assistée par ordinateur.
5 Chaque intervenant produisant de la donnée BIM reste responsable de la qualité et de la justesse de l’information technique produite.
CHAPITRE

6 Le protocole BIM : l’outil de la gestion du BIM

L’organisation du processus BIM fait en sorte que chaque intervenant puisse échanger avec le bon
destinataire les bonnes informations dans le temps requis, mais également que toutes les informations
circulent à l’intérieur du processus de façon plus fluide et accessible à tous, au moment le plus
opportun. Le projet est repositionné au cœur des relations entre partenaires de projet. La
communication et l’échange prennent par conséquent une place prépondérante dans l’organisation.
On doit à tout moment savoir qui doit rendre quel élément, quand et sous quelle forme. Comment la
vérification est-elle faite ? Quels éléments sont contrôlés, par qui ?
Le protocole BIM est l’outil qui permet de répondre à ces questions : rédigé sur la base du cahier des
charges du client1, afin d’y amener la réponse la plus adéquate, il développe point par point toutes les
spécificités du processus en liaison avec les caractéristiques du projet et les spécificités
contractuelles. Pour cela, il est important d’impliquer un gestionnaire de l’information BIM dès la
planification du projet.
Les caractéristiques d’un protocole BIM
Le descriptif du rayon d’action de chaque intervenant dans le BIM est exposé dans le protocole BIM
de projet, rédigé par le manager BIM de projet. Il s’agit d’un document légal qui doit être attaché aux
contrats des entreprises, des concepteurs et de tous les professionnels impliqués dans un projet de
construction ou rénovation (bâtiment, ville ou infrastructure). Dans ce document, on trouve :
– le but à atteindre en BIM (pourquoi ?) ;
– l’identification des maquettes BIM du bâtiment, qui doivent être produites par les membres de
l’équipe du projet (qui et quoi ?) ;
– les caractéristiques des maquettes, qui doivent être produites par les membres de l’équipe projet
(comment ?) ;
– la temporalité de production (quand ?) ;
– les obligations spécifiques, les engagements ainsi que les limitations associées à l’utilisation des
maquettes métier ou de la maquette globale.
Le protocole BIM définit donc l’ensemble des droits, devoirs et règles de chaque intervenant par
rapport à la production des données BIM. Appliqué à un projet spécifique, c’est donc un document
vivant et évolutif qui sera continuellement développé et affiné durant tout le cycle de vie du projet.
Protocole BIM de projet, les points essentiels à développer
Toutes les parties impliquées dans l’utilisation, la production ou la livraison de maquettes pour un
projet sont tenues d’avoir un protocole BIM annexé à leurs contrats.
Cette obligation fait en sorte que les productions de tous les intervenants suivent des normes
communes ou adoptent des moyens de travail adaptés aux requêtes décrites dans le protocole. Cela
permet aussi que toutes les parties comprennent clairement quels sont leurs droits d’utilisation en
accédant à une maquette ou à une partie de celle-ci.
C’est dans cette optique que les principes suivants doivent être obligatoirement explicités dans un
protocole BIM :

Les caractéristiques de projet


Chaque protocole est unique et spécifique au projet auquel il fait référence. Si certains points sont
reproductibles, ils demandent parfois des adaptations assez significatives.

L’objectif ou les objectifs


Le protocole doit permettre la production d’informations sur le bâtiment selon la demande du maître
d’ouvrage. Il faut donc que cela soit clairement explicité dans le cahier des charges BIM.
Les objectifs qu’on peut fixer à l’avance en BIM sont multiples. Certains sont réalisables à partir
d’une configuration de maquette unique, d’autres demandent une adaptation : à titre d’exemple, on ne
modélise pas de la même façon une maquette qui doit être exploitée pour des calculs thermiques et
une maquette pour réaliser des métrés : la première doit être « étanche », la deuxième est organisée
non par volumes de calculs mais par objets ou typologies d’objets.
Figure 23. Identification des problématiques de projet.

Il n’y a pas d’objectifs incompatibles, mais, étant donné la diversité des métiers du secteur, il est tout
à fait compréhensible que certains d’entre eux demandent des adaptations ponctuelles pour leur mise
en œuvre.
Figure 24. Calcul structurel en BIM – connexion maquette structure et maquette calculs en BIM.

Les outils
La multitude d’outils à disposition pour un projet BIM2, leur interaction et leur fonctionnement ne
peuvent pas être sous-estimés dans le processus BIM. Si l’on pense que le passage d’un logiciel
d’une version à la suivante peut amener à des infaisabilités de procédures qui étaient parfaitement
viables avec les versions précédentes, on comprend rapidement l’importance de noter pour chaque
utilisation le type et la version des logiciels utilisés pour une tâche déterminée. Les outils ne peuvent
pas être changés au gré des envies de chacun, seul le manager BIM de projet pourra indiquer si un
intervenant peut changer de version de licence ou pas quand le projet a déjà démarré. L’une des
premières tâches des managers BIM est en effet de vérifier la compatibilité et l’interopérabilité des
outils. De cette vérification naissent des procédures de modélisation et d’échanges de données qui, en
cas de modification de la version d’un logiciel, peuvent être remises en cause. Selon les
caractéristiques et les besoins de chaque intervenant, le manager BIM veillera à accorder ou à
refuser cette modification dans l’intérêt du projet.
Tableau 7. Exemple de tableau descriptif des logiciels pour un projet en BIM.
Les rôles en BIM et l’organigramme
Selon l’ampleur du projet et la complexité des contrats, les rôles et les obligations des différents
intervenants en BIM peuvent être assez différents.
Il ne faut pas se limiter à désigner qui est le manager BIM, qui est le coordinateur BIM, etc., mais il
faut également décrire leur sphère d’action. Le manager BIM est-il responsable exclusivement du
processus BIM pour une ou plusieurs phases – gestion de maquette et de processus – ou est-il
également responsable de l’OPC ? Dans le premier cas, le manager BIM a la charge de toute la
création et la mise en œuvre du processus jusqu’à l’analyse de conflits (clashes), mais non la
coordination des études ou la synthèse d’exécution. Dans le deuxième cas, en plus des tâches
précédemment décrites, il a la charge du planning de projet en BIM.

Flux de travail et échanges


Comment peut-on accorder notre confiance à une donnée et s’assurer de sa qualité et de sa fiabilité
tout au long de la vie d’un projet ou d’un bâtiment ? La fiabilité et la qualité3 d’une donnée produite
dépendent des valeurs de conformité avec laquelle cette information a été produite. À chaque instant t
dans un processus de création de l’information il est possible de vérifier la conformité des
informations produites : dans le BIM, cette vérification est faite par des outils semi-automatiques
(par exemple : Solibri Model Checker, Tekla BIMsight, Navisworks).
Ces informations peuvent être de quatre types :
– identification du responsable et du créateur, de la date de création ou de mise à jour ;
– cohérence, donc connaissance de la fiabilité des hypothèses utilisées, cohérence avec le reste des
données, en particulier avec son environnement proche et ses interfaces, en définissant les liens
vers les détections de conflits relatifs à la donnée ;
– conformité avec les règlements utilisés, avec le protocole de modélisation du projet, avec un
viewer sachant contrôler l’application du protocole de modélisation, avec les spécificités du projet
(règles ou indications contractuelles spécifiques), avec les exigences et les besoins du donneur
d’ordre en définissant des critères mesurables ;
– intégrité de la donnée (pas de dégradation, volontaire ou involontaire).
Cette vérification peut se faire et peut être utile seulement si plusieurs étapes du processus sont
respectées en amont.
Les données proviennent d’un support unique d’informations 3D, la maquette BIM, à partir de
laquelle les liaisons entre les autres informations et entre les intervenants sont coordonnées et gérées.
C’est ici que le fonctionnement du processus BIM est décrit : BPMN4, schémas, diagramme de Gantt5,
descriptif des interactions entre partenaires tout au long du processus, etc. Étape par étape, toutes les
actions sont répertoriées et organisées selon les besoins de projet.

Figure 25. Exemple de BPMN.

Chartes de modélisation
La maquette numérique ainsi que tous les documents qui peuvent en dériver doivent suivre des règles
d’organisation et de modélisation assez précises : un grand avantage du processus est que, de par le
partage des informations, chaque intervenant peut créer ses documents à partir des renseignements de
la maquette directement à partir de son propre modèle en étant sûr que ces renseignements sont justes.
Cela est bien sûr possible si le processus a été organisé dans ce sens. Un autre avantage du partage
est la possibilité d’homogénéiser plus facilement les rendus graphiques 2D ou 3D, grâce au partage
des chartes graphiques ou à la création de chartes projet ou client (de plus en plus de maîtres
d’ouvrage possèdent des chartes graphiques BIM, avec des attendus spécifiques, car cela facilite
l’exploitation des donnés et leur lisibilité).
Cette unité passe tout d’abord pour une unicité de point de référence ou point d’insertion de la
maquette BIM (en coordonnée relatives ou absolues – une matrice de conversion sera suffisante), des
bonnes pratiques de modélisation (exemple : ne pas laisser dans la maquette des éléments en
doublons) et l’organisation des renseignements par LOD et par phase.
Le manager BIM et les coordinateurs BIM contrôleront en fonction de leur domaine de compétence
que ces normes soient respectées à tout moment afin que la qualité de l’information transmise soit
préservée.
Un protocole de modélisation pour une entité – cabinet d’architecte, entreprise etc. – sera spécifique
à la méthodologie de modélisation (comment modéliser une porte avec un outil ou un autre, etc.).
Mais le même protocole appliqué à un projet ne traite pas de la modélisation dans un logiciel
spécifique, mais de la façon dont les éléments 3D renseignés doivent être organisés dans la maquette
globale du projet. On y trouvera donc des indications sur la qualité de l’objet modélisé en termes de
visualisation surfacique (figure 26), de rugosité et de garantie de cette qualité tout autant dans le
fichier natif que dans le fichier exporté.
Dans cette charte, on traite également de code couleur des éléments 3D (en natif et dans les logiciels
de visualisation). Imaginons par exemple devoir analyser cette dalle et vérifier la conformité des
éléments renseignés (figure 27).

Figure 26. Un exemple de surface non conforme aux protocoles BIM de modélisation et visualisation. Le fichier exporté
présente des défauts surfaciques non acceptables pour l’analyse du projet.
Figure 27. La même dalle importée dans un logiciel de visualisation sans aucun post-traitement apparaît avec des poutres en
blanc alors qu’en natif elles sont en gris.

Dans le fichier natif et dans le fichier exporté, les poutres métalliques apparaissent de couleurs
différentes. Si cela ne semble pas revêtir une grande importance pour le cas ci-dessus, qu’en serait-il
pour une coordination technique ? Le code couleur dans le viewer d’analyse est-il toujours
secondaire ou devient-il important pour une compréhension rapide et efficace des éléments à
analyser ?

Figure 28. Maquette 3D des corps d’état techniques, local technique.

Charte de nomenclature et nommage des éléments


L’organisation des éléments dans le BIM est un point clé dans l’exploitation rapide et efficace des
données en BIM.
Cette organisation passe par deux définitions : celle des nomenclatures des fichiers dès la maquette et
celle des nommages des objets BIM.
De la nomenclature dépendent les liens entre fichiers et maquettes métier pour créer une maquette
globale de projet. La nomenclature dépend de la typologie du projet, de son organisation, de sa
dimension6, du nombre d’intervenants et de leurs limites contractuelles.
Exemple de nomenclature :
NOMdePROJET_​DISCIPLINE_​INTERVENANT_​ZONE_​NIVEAU_​TYPE DE FICHIER_​
VERSION
La nomenclature permet de repérer facilement les fichiers stockés dans les serveurs BIM et de les
assembler selon le besoin.
Le nommage des fichiers trouve son utilité notamment lors des extractions de données depuis la
maquette. Chaque objet du projet est catalogué par typologie et lieu, le nommage permet d’identifier
certaines caractéristiques assez rapidement et, par exemple, de regrouper les résultats d’éléments
éparpillés sur plusieurs fichiers du même projet en un seul document.
Pour un mur de béton, on pourrait avoir le nommage suivant :
PROJET_​DISCIPLINE_​FAMILLE_​MATERIAUX_​DESCRIPTIF à XBX_​STR_​POTEAU_​
BETONXYZ_​20x20

Fabrication
Lors des phases de fabrication, il faudra prévoir dans les objets la possibilité pour le fabricant
d’intégrer son propre codage (interface machine) en plus du nommage spécifique au projet, afin que
la compatibilité avec ses outils de production soit maintenue. Il serait impensable pour un fabricant
de changer tous ses référencements internes à chaque changement de client ou de projet.
Quelle est la valeur d’un protocole BIM ?
Le protocole BIM a en soit un double aspect : juridique et organisationnel. Il permet de définir le
cadre dans lequel les intervenants au projet agissent en BIM, mais il explique également « comment »
cette interaction a lieu, avec quels moyens et selon quelles méthodologies.
L’encadrement contractuel d’un projet en BIM peut être établi avec des options diverses. La
rédaction d’un « protocole BIM » peut :
– soit intégrer au sein du contrat principal les aspects qui concernent le BIM (indépendamment du
protocole lui-même) ;
– soit prévoir un contrat spécifiquement consacré aux thèmes du BIM.
Bien qu’aujourd’hui aucune norme ni texte national ne soit consacré spécifiquement au BIM, rien
n’empêche juridiquement sa pratique, car elle est compatible avec le cadre actuel (loi MOP et Code
de la propriété intellectuelle). C’est pour cela que, lors de la rédaction du protocole, il est d’usage
de déterminer les points suivants :
– la propriété intellectuelle : déterminer la titularité des droits ainsi que leur gestion ;
– l’accès, l’utilisation et le stockage des données ;
– les obligations des parties : leur rôle, mais également celui d’autres intervenants, en particulier en
cas de sous-traitance ;
– la responsabilité des intervenants en cas d’accès, modification, manipulation de la maquette.
Le protocole, comme vu au chapitre 5, est avant tout un outil qui aide à la mise en œuvre du
processus BIM sous ses aspects techniques, relationnels et organisationnels. Cela est vrai tant au
niveau du projet (pour lequel le protocole sera commun à tous les intervenants d’une même phase)
qu’à l’intérieur d’une équipe. En effet, chaque bureau d’études ou entreprise doit, afin de démarrer en
BIM, préparer sa propre stratégie dans ce sens, sa méthodologie, et doit également investir dans un
ensemble d’outils qui correspondent à son métier et à ses besoins. L’aboutissement de ces choix est
répercuté dans un protocole interne à l’entreprise, qui devient la référence des « bonnes pratiques »
de communication, modélisation et échanges entre collègues et qui doit avoir assez « d’élasticité et
de malléabilité » pour permettre des adaptations lorsqu’un projet le demande.

1 Qui décrit les attendus BIM du client.


2 Voir « Logiciels de modélisation en BIM » (chapitre 2).
3 La qualité d’une information reste cependant directement liée à la compétence de chaque intervenant dans le processus.
4 Le business process model and notation est un modèle de processus métier et une notation graphique standardisée pour modéliser le
savoir-faire d’une organisation.
5 Le diagramme de Gantt est l’un des outils utilisés pour représenter visuellement l’état d’avancement des différentes tâches qui
constituent un projet.
6 Plus un projet est important, plus on découpe les maquettes métier en sous-maquettes, par spécificités, afin de ne pas bloquer le travail
en modélisation ou visualisation pour des questions de poids de fichiers.
CHAPITRE

7 Connaître son patrimoine


Technologies à disposition
Peut-on commencer un processus BIM à partir d’un patrimoine existant ? Comment faire ?
Le processus BIM, comme déjà indiqué, s’applique à tout type de bâtiment ou infrastructure, ainsi
qu’à tout type de projet, mais il faudra par contre adapter les méthodes et les outils en fonction.
Dans le cas d’un patrimoine existant, diverses méthodologies sont possibles pour commencer un
projet en BIM. Parmi les plus répandues, il y a la modélisation du bâtiment en 3D à partir des
renseignements 2D, qu’on agrémente d’informations techniques au fur et mesure des osculations et
des rénovations. On peut aussi modéliser à partir d’un nuage de points et l’incrémenter de la même
façon. Si besoin, il sera également possible de mêler les deux méthodologies.
Les images ci-dessous montrent trois étapes de la prise d’informations appliquée à deux cas de figure
différents :
– dans le premier cas, il s’agit de reconstituer les données d’un bâtiment existant pour avoir une base
de référence géométriquement juste pour les travaux de rénovation ;
– dans le deuxième cas, il s’agit d’utiliser un nuage de points pour le DOE 3D BIM de l’ouvrage
(plancher béton et structure métallique).
Dans les deux cas, les trois étapes de création de l’information sont :
– l’établissement d’un dossier photo du site existant (préparation pour analyse) ;
– la production d’un nuage de points issus d’un scan 3D (figure 29) ;
– la reconstitution en BIM (figure 30).

Figure 29. En haut de gauche à droite : relevé laser, visualisation sur tablette sur site, reconstitution en BIM ; en bas : nuage de
points.
Les techniques pour obtenir ces informations sont diverses, on peut parler de photogrammétrie 3D et
de relevé par scanner laser qui permettent de capturer des millions de points (nuage de points1) d’un
objet réel ou d’un environnement réel. Le scanner exécute un balayage de l’environnement et
reproduit un nuage (figure 31) à intégrer dans les logiciels de modélisation pour commencer la
reconstitution BIM de l’ouvrage. Le scan 3D fournit en effet une quantité importante de points dans
les trois dimensions, avec une précision jusqu’à ± 2 mm. Ces données sont fiables et permettent des
utilisations diverses : de la simple reconstitution de la géométrie et de la volumétrie du patrimoine à
l’analyse de pathologies visibles et leur suivi dans le temps.

Figure 30. Projet A9B, reconstitution de la dalle existante pour vérification des données d’entrée avant démarrage du projet de
construction.

Selon les conditions dans lesquelles le bâtiment se trouve au moment de la prise du nuage de points
(bâtiment curé ou pas), l’information pourra présenter des lacunes, mais il est important de récupérer
et d’ordonner ces données et de le recueillir dans une maquette qui facilitera la conception et le
chantier ou la gestion du bâtiment.
Figure 31. Visualisation de l’ouvrage reconstitué en BIM.

Une modélisation en BIM n’est pas une reconstitution surfacique de l’ouvrage à partir d’un nuage de
points, mais une organisation complète des données à partir du relevé. Il faudra donc avoir bien
étudié la démarche et la stratégie de reconstitution du patrimoine avec un manager BIM avant de
confier la mission de scan 3D aux géomètres et de transmettre le nuage à des modélisateurs et à un
manager BIM expert dans le domaine et dans la compréhension du besoin (surtout si les éléments
doivent être directement exploitées pour une gestion de patrimoine et de maintenance et non pour un
projet de rénovation).
Le scanner laisse la place aujourd’hui à l’utilisation de drones dans des cas spécifiques tels que :
problème de recul par rapport à la prise de points, scan de villes ou d’infrastructures, etc. Le système
est basé sur une technique de photogrammétrie qui permet de déterminer les dimensions et les
volumes des objets à partir de photos en perspective.
La législation française ne permet pas d’utiliser des drones en toute liberté : il faudra bien vérifier en
amont que toutes les autorisations soient disponibles pour survoler un bâtiment.
Exploitation des technologies
L’utilisation d’un nuage de points permet de constituer une base de données géométriques exactes du
bâtiment construit, et dans ce sens il peut également être exploité pour vérifier la concordance des
éléments tels qu’ils sont construits par rapport à un référentiel théorique 3D. Ces données feront
partie du recueil d’informations constituant la « carte vitale du bâtiment ». Cette démarche peut être
étendue également au territoire (à l’échelle de la ville par exemple, voir l’exemple de Monaco ci-
après). Les maquettes constituées selon les critères des processus BIM contiennent les informations
techniques, géométriques et économiques qui évoluent dans le temps (le temps de projet, de
construction ou de vie du bâtiment).
On peut par exemple utiliser un scan laser pour constituer un nuage de points afin de connaître les
caractéristiques géométriques et l’état de dégradation d’un bâtiment ancien. À partir de ces données,
il est possible de reconstituer une première maquette numérique en BIM (partielle) afin d’établir un
catalogue par éléments et de définir par la suite les besoins en rénovation – possibilité de faire des
métrés précis et de suivre l’évolution du programme de rénovation, techniquement et
économiquement – et en maintenance.

Figure 32. Samaritaine, Paris. Reconstitution 3D de la façade à partir d’un nuage de points. PETIT – Vinci. © MBA Ingénierie.
Figure 33. Reconstitution des éléments de façade, organisation de la maquette BIM pour la commande des pièces et le suivi des
travaux. © MBA Ingénierie.

Cette application du nuage de points peut être élargie au territoire : c’est le cas par exemple de la
ville de Monaco, qui, depuis 2010 (avec la création de la maquette numérique de la ville), impose un
rendu en maquette numérique pour le dépôt du permis de construire (selon principes décrits par la
DPUM2 de Monaco).
Figure 34. Maquette du Sporting d’hiver pour le dépôt du permis de construire. Images © SBM intégrées dans la maquette
territoriale de la ville de Monaco, selon indications DPUM.

Ces informations territoriales et celles de l’ouvrage permettent d’avoir une vision claire et précise de
l’environnement dans lequel le bâtiment évolue dans le temps, mais également de rentrer dans les
détails d’une gestion patrimoniale optimisée.
DOE BIM
La source principale de renseignements pour un maître d’ouvrage après la réalisation de travaux
(construction nouvelle ou rénovation) est le DOE3. Ce dossier est remis par les entreprises au maître
d’ouvrage et devient la source d’information pour la gestion du patrimoine. Actuellement, ce dossier
est envoyé sous forme papier (ou numérique 2D) et demande un travail important d’archivage et
d’organisation pour le maître d’ouvrage afin qu’il soit exploitable. Pour ces raisons, les gestionnaires
de patrimoine ont cherché des solutions techniques et technologiques de plus en plus adaptées à leurs
besoins afin de mieux exploiter cette information. L’utilisation de ces technologies demande en tout
cas un travail en amont de recensement de l’information patrimoniale et d’intégration des données
(DOE, etc.). Par la suite, il faut être en mesure de faire évoluer ces renseignements tout au long de la
vie de l’ouvrage.
En l’absence de BIM, dans le meilleur des cas, le travail a pu se faire à partir de fichiers au format
DWG. Il y a donc eu un travail préparatoire assez important en amont de l’utilisation des données :
vérification du fichier, nettoyage puis organisation des calques selon la charte graphique,
récupération puis organisation des données DWG, PDF, papier, etc., et, par la suite, organisation de
l’affectation des pièces, des liens entre informations sur les équipements, de la codification des
nomenclatures, etc.
C’est dans la simplification de ces tâches qu’on peut intégrer la normalisation et l’organisation
permise par le processus BIM. Le DOE numérique 3D est une base de données organisées et
complètes des informations nécessaires à une gestion du patrimoine4. Grâce à une organisation
adaptée et structurée, les livrables du processus BIM faciliteront la recherche documentaire
(bordereaux, fiches produits, plans…).
Figure 35. Dans l’image une modélisation en LoD 200 avec des renseignements en LoI 500 destinée à la GMAO.

Cette organisation pose les bases pour le DUEM5 et l’exploitation des données dans les logiciels de
GMAO BIM, qui permettent de relier les informations de la maquette BIM aux plateformes de la
maîtrise d’ouvrage.
Ces données serviront également dans le cadre du « carnet numérique du logement » qui est le
« dispositif partagé accélérateur de la transition énergétique et numérique du bâtiment6 » : Depuis les
DOE BIM, on pourra récupérer les données nécessaires à ce carnet et les mettre à la disposition des
utilisateurs grâce à des outils adaptés. Le but étant d’« apporter aux ménages les informations
nécessaires à la bonne utilisation et au bon entretien de leur logement » et de permettre « d’aider les
ménages dans leur démarche de rénovation énergétique7 ». L’utilisation et la mise en place de ce
carnet est prévue par la loi dès 2017, d’abord pour tous les logements neufs, qui peuvent profiter
aisément des premiers processus BIM déployés en numérique afin de récupérer les données
nécessaires à cette utilisation.
Les données DOE BIM ont des applications très diverses (GMAO, GTB, GTC, carnet numérique,
utilisation commerciale, etc.), mais il ne faut pas oublier que le principe selon lequel leurs usages
futurs peuvent être anticipés (en construisant ces données pour le DOE) est toujours valable, ce qui
aide à optimiser les tâches et les prestations sur l’ensemble du processus BIM. Par exemple, adapter
une maquette BIM à une utilisation commerciale peut être très onéreux si on ne prévoit pas la
possibilité de cette utilisation finale : il faut que l’infographiste puisse récupérer des surfaces
exploitables, dans un format adapté, qu’il puisse retrouver facilement les renseignements sur les
matériaux à intégrer dans son travail de rendu, etc.
Tout ne peut pas être anticipé, certes, mais, une fois de plus, l’importance d’une réflexion en amont du
projet prend tout son sens. Ne commencez pas un projet en BIM parce qu’il le faut, commencez un
projet en BIM dans l’objectif de résoudre des problématiques, d’optimiser et de rendre vos livrables
plus qualitatifs.

1 Le poids des fichiers constitués de nuages de points pouvant facilement atteindre plusieurs gigabits, il faudra prévoir un stockage
adapté.
2 Direction de la prospective, de l’urbanisme et de la mobilité : la ville décrit les principes de rendu de modélisation afin de récupérer les
informations qui leur sont nécessaires à l’approbation des permis de construire et à la connaissance de leur territoire et patrimoine bâti.
3 DOE : dossier des ouvrages exécutés.
4 Cela est possible seulement si un travail est fait en amont pour définir les besoins, les nomenclatures, l’organisation des données de la
part du maître d’ouvrage qui, à l’aide du cahier des charges, définit les spécifiques BIM du DOE.
5 DUEM : dossier d’utilisation, d’exploitation et de maintenance.
6 Plan bâtiment durable, Rénovation des logements : du diagnostic à l’usage. Inventons ensemble la carte vitale du logement !,
rapport final, résumé exécutif.
7 Ibid.
ANNEXE

Retours d’expérience

Les petites PME et les petits cabinets d’architecture semblent a priori exclus de cette révolution vers
le BIM à cause des investissements que la mise en place d’une telle démarche peut demander. Ce
serait vrai si l’on imagine que l’investissement et le besoin en BIM sont les mêmes pour une maison
individuelle que pour un bâtiment de bureaux de 100 000 m². Bien entendu, tel n’est pas le cas.
Si la mise en place du processus pour de grands projets peut demander des équipes dimensionnées
dans ce but, avec une organisation en rapport (voir « Créer un processus qualitatif », chapitre 5), que
se passe-t-il pour des projets à budget plus modeste ? Doit-on pour autant renoncer au BIM ?
La maison individuelle
Nous savons aujourd’hui que la dotation logicielle des agences d’architecture est constituée à la base
de logiciels de rendu graphique et d’autres plus techniques comme Autocad. Beaucoup utilisent
également Sketch up, qui a été intégré chez Trimble et est aujourd’hui capable de lire de l’IFC.
L’utilisation est limitée, mais Schetch up, par exemple, s’est révélé être un bon outil de transfert
d’information entre les logiciels de modélisation et les logiciels de thermique (Archiwizard, par
exemple).
Les premiers retours d’expérience de ces agences nous confirment qu’à l’échelle de petits projets, un
processus simplifié et adapté, dans lequel le chef d’orchestre du processus BIM est l’architecte,
amène à des résultats positifs.
Comme indiqué dans les exemples suivants, tout le processus BIM est géré et organisé par
l’architecte, de la conception au rendu DOE pour le maître d’ouvrage.

Conception
L’architecte en conception s’occupe donc :
– de modéliser la maquette ;
– de rendre la maquette visible et disponible pour les ingénieurs et partenaires ;
– de diffuser plans et tableurs pour les calculs à partir de la maquette BIM ;
– d’intégrer les résultats des calculs des ingénieurs dans le processus ;
– de préparer la maquette pour la fournir aux entreprises en complément du CCTP texte et des
documents 2D1.

Exécution
L’architecte en exécution s’occupe donc :
– de modéliser la maquette pour les entreprises2 ;
– de rendre la maquette visible et disponible pour les entreprises et partenaires ;
– de diffuser plans et tableurs pour les calculs, quantitatifs et métrés à partir de la maquette BIM ;
– d’intégrer les résultats des entreprises dans le processus ;
– d’analyser les éléments BIM pour visa/avis ;
– de suivre l’évolution du chantier.
L’expérience ci-dessous de l’architecte Christopher Devals nous explique dans le détail comment ces
relations évoluent le long du projet.

La maison en bois en BIM


Projet de Christopher Devals, Studio In/Out.

Introduction
Le « Studio In/Out » est une jeune agence d’architecture créée en 2013 par Christopher Devals, après
plusieurs années passées dans des agences de renom.
Figure 36. Vue de l’intérieur. © Studio In/Out.

Il a été très influencé, durant ses études, notamment par les réalisations de Peter Zumthor, Santiago
Calatrava, Mario Botta, Alvar Aalto, ou les écrits de Christopher Alexander, objets de son mémoire
d’architecte, et plus récemment par les innovations de Glenn Murcutt, par exemple. Il a intégré ces
visions théoriques à une approche pratique de l’architecture du quotidien, sans a priori dogmatique,
en privilégiant le bien-être des habitants et en minimisant les contraintes et les coûts.
Son expérience d’architecte de conception et d’exécution pendant six ans au sein de la Fondation
Louis-Vuitton, dans le cadre du projet de Frank O’Gehry, lui a permis de découvrir les multiples
possibilités de la maquette numérique au service de la créativité.
Ce chantier a été un laboratoire d’idées et d’expérimentations à la pointe de la technologie pour
répondre aux besoins du client et de l’architecte Frank O’Gehry. Dès le début du projet, le maître
d’ouvrage a voulu associer le savoir-faire de l’entreprise générale Vinci à l’expertise de l’entreprise
Petit, qui s’est fortement impliquée dans le développement de la maquette numérique.
Cette conjonction de compétences a permis de mettre en place de nombreuses procédures de travail
autour du BIM, procédures que le Studio In/Out a adapté pour répondre aux besoins de ses propres
clients.

Le projet
Figure 37. Vue de l’extérieur. © Studio In/Out.

À la suite d’une commande reçue d’un promoteur pour la construction d’une maison de 140 m² à
Paris au fond d’une parcelle difficile d’accès, le Studio In/Out lui a proposé d’utiliser et de créer des
outils de communication à l’aide de la maquette numérique pour négocier avec la mairie, les
acquéreurs, les bureaux d’études et les entreprises.
Ce chantier a été pilote pour le Studio In/Out : il a permis de développer un écosystème fédérant tous
les intervenants autour du BIM et de proposer une architecture de qualité, tout en générant un gain de
temps apprécié du client.
En fond de parcelle, la zone à bâtir se trouvait enclavée à l’ouest par un bâtiment R+1, à l’est par un
R+4, au nord par un jardin avec immeuble, et au sud par un R+5 donnant sur la future maison.
La solution d’une construction en bois est apparue comme une évidence au vu des contraintes
d’accès, réglementaires et thermiques.
Dans cette configuration, il était essentiel de proposer une architecture largement vitrée, tout en
préservant l’intimité des occupants.
Le rythme « faussement » aléatoire dans les trois directions de la façade principale côté sud a été
calé grâce à la maquette numérique et à des logiciels de calcul d’ensoleillement pour assurer à ses
futurs occupants le meilleur compromis soleil-intimité.
Le bois en façade est mis en valeur sur la séquence d’entrée, ainsi que sur les garde-corps et le bow-
window grâce à une partie plus neutre en Alucobond laqué blanc.
L’autre avantage, hormis l’aspect écologique évident de l’utilisation du bois, était la possibilité
d’industrialiser numériquement, en symbiose avec les entreprises, tous les éléments de charpente
avec la maquette numérique, et ce, tout en maîtrisant les coûts (état quantitatif précis au fur et à
mesure des travaux par le biais d’un fichier Excel relié au modèle).
Dans son activité, le studio est en relation, du point de vue de l’utilisation du BIM, avec deux grands
types d’entreprises : celles qui peuvent exploiter au maximum la 3D comme les charpentiers, les
menuisiers spécialisés dans les extérieurs… et celles qui travaillent de façon artisanale comme les
plâtriers, les couvreurs…
L’apport du BIM n’est pas le même pour ces diverses entreprises, mais toutes profitent
d’informations qu’elles peuvent exploiter au mieux de leurs capacités.

Outils et méthodologie de la maquette numérique


L’utilisation du BIM dans le projet confié au Studio In/Out se décline en cinq catégories :
– phase de faisabilité,
– outils de communication avec le client,
– phase de conception,
– phase d’optimisation,
– phase d’exécution.

Phase de faisabilité
Au commencement, pour vérifier la constructibilité de la parcelle, une maquette numérique
volumique a été construite dans son environnement immédiat. Un script avec pour base de données le
PLU de la Ville de Paris a été élaboré et les règles ont été matérialisées graphiquement.
Un fichier Excel a été créé avec des ratios de construction, puis a été connecté aux données de
volume pour déterminer, en temps réel, une estimation du coût du bâtiment.
Le modèle 3D étant paramétrable, le studio a pu aisément modifier certains éléments du bâtiment afin
que les éléments fixes soient mis à jour automatiquement, ce qui a permis de communiquer au client
une enveloppe budgétaire précise.
À partir de cette première analyse, le client a pu élaborer un business plan fiable et évaluer la
pertinence de l’opération.
Ainsi, cette première étape a permis de s’assurer de la constructibilité de la maison et de confirmer
l’intérêt économique du projet.

Outils de communication avec le client


Une fois l’opération immobilière validée, le projet architectural se poursuit jusqu’à la phase ultime
de commercialisation.
Pour répondre aux besoins du client, le studio a créé une fiche de commercialisation au format PDF.
Cette dernière inclut des données de surfaces, des données thermiques, d’ensoleillement, et un
modèle en PDF 3D découlant de la maquette 3D.
Le client, ayant apprécié l’étendue des perspectives de la maquette numérique, a décidé de proposer
à ses acheteurs potentiels une vision du projet utilisant la réalité augmentée. Celle-ci permet de
naviguer de l’extérieur vers l’intérieur et offre une immersion totale dans le bâtiment.
Tous ces éléments sont accessibles, via le « Cloud », à n’importe quel moment et sur tout support
(smartphone, ordinateur, tablette numérique…).

Phase de conception
Lors de la phase de conception, pour déterminer la géométrie optimale de la façade afin d’obtenir un
ensoleillement maximum, notre modèle 3D évolutif et paramétrable a été « liaisonné » avec un
logiciel de calcul d’ensoleillement.
Plusieurs aller-retour ont été nécessaires pour déterminer l’orientation optimale des baies (15°) afin
de maximiser l’apport de lumière dans le bâtiment. Étant donné que le logiciel permet de faire varier
les paramètres, toutes les modifications sur une partie du modèle se répercutent automatiquement sur
l’ensemble de la maquette numérique.
Bien entendu, grâce au fichier Excel « liaisonné », nous avons eu, en temps réel, un estimatif du coût
de ces modifications et de l’ensemble.

Figure 38. © Studio In/Out.


Figure 39. Contrôle du budget. © Studio In/Out.

Grâce à ce processus, qui permet d’appréhender et de contrôler tous les facteurs lumineux agissant
sur l’édifice, nous avons pu offrir aux futurs occupants une architecture plus agréable ; dit de manière
plus simple, cela nous a permis d’apporter le plus de lumière possible dans les pièces de vie.
Le design des façades a alors été créé en partant de la qualité de vie souhaitée à l’intérieur du
bâtiment en mettant le mode de vie des occupants au cœur de l’architecture.
C’est un des exemples pour illustrer que la maquette numérique permet de créer de la forme grâce au
fond.
À chaque étape de la conception, une maquette numérique figée en PDF 3D est stockée dans le
« Cloud », accessible à tous les intervenants avec un jeu de plans extraits du modèle.
Le travail au sein de la maîtrise d’œuvre se fait autour d’un modèle évolutif appelé « modèle PRO »
d’où sont extraites la géométrie et les données du projet.
À titre d’exemple, dans les échanges avec l’ingénieur structure, le filaire seul a été envoyé avec un
fichier Excel incorporant les informations suivantes : nom de chaque élément, section, nature de
l’élément, protection feu, charges… Une fois incorporé dans son logiciel de calcul, l’ingénieur
structure peut à tout moment vérifier les conséquences des modifications structurelles en se référant
au modèle général régulièrement mis à jour.
Dès lors, l’ingénieur structure ne travaille plus de manière isolée, en déconnexion avec les autres
lots ; il peut intégrer l’environnement du projet chaque fois qu’il souhaite modifier certains éléments.
Une fois le modèle structurel validé, l’ingénieur structure exporte le filaire et le fichier Excel ; notre
studio les répercute dans le modèle PRO et renseigne chaque élément du modèle avec les données
fournies.
Les plans sont ensuite extraits du modèle mis à jour afin que l’ingénieur structure puisse les dessiner.
Une première synthèse est établie automatiquement.
Puis, à des endroits très spécifiques signalés par l’ingénieur ou l’architecte, un repérage visuel est
placé dans la maquette numérique, des plans de détails avec tous les éléments du projet sont extraits,
le bureau d’étude structure peut alors dessiner ses propres éléments techniques en tenant compte des
lots spécifiques, tels les plâtres, les gaines techniques, la façade…
Cette étape permettra ensuite une synthèse du projet qui facilitera la phase d’exécution.
Cette démarche est identique avec les autres intervenants, notamment pour calculer l’ensoleillement
ou l’état thermique du projet.
À une particularité près, la modélisation de la façade de la maison dans ce modèle d’étude a été
conçue paramétrable. Ainsi, en fonction des résultats obtenus avec le logiciel Ecotect, une
optimisation de l’inclinaison, de la dimension des baies en conformité avec les règles d’urbanisme
est générée automatiquement, et ce, afin que la lumière éclaire de façon optimale les pièces
intérieures.

Figure 40. Vérification orientation/ensoleillement. © Studio In/Out.

Le gain de temps et la qualité de rendu des premières esquisses sont très significatifs et chacun peut
se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire le projet architectural au service des futurs habitants.

Phase d’optimisation
Si l’optimisation géométrique des façades obtenue grâce au logiciel d’ensoleillement couplé au
logiciel de modélisation paramétrable est le cœur du projet technique, elle est intimement liée à
l’optimisation économique du projet pour chaque acteur.
Vers la fin de la phase d’étude, une fois l’architecture plus ou moins figée, le studio s’est consacré
aux différents « packages » techniques devant servir à la désignation des entreprises.
La façade principale ayant des fenêtres et des épaisseurs de châssis toutes différentes, il a fallu
dissocier les châssis vitrés du parement en métal blanc laqué. Les huisseries ont été normalisées à
une dimension unique, et l’habillage en Alucobond, qui reprend le rythme aléatoire de la façade,
bénéficie d’un pliage s’adaptant aux formes architecturales de la façade.
Chaque tôle est dessinée en 3D puis développée en 2D pour vérifier sa faisabilité et sa facilité
d’exécution.
Ce travail préparatoire, réalisé en amont dans la phase de conception, permet d’obtenir un chiffrage
plus réaliste lors de l’appel d’offres ainsi qu’une base fiable, afin que l’entreprise concernée puisse,
de son côté, et compte tenu de son savoir-faire, entreprendre sa propre démarche d’optimisation.

Phase d’exécution
Les entreprises dessinent avec leur logiciel interne les plans d’exécution à partir du modèle PRO ;
elles intègrent également les données extraites du modèle PRO à l’aide d’un fichier Excel remis avec
le dossier d’appel d’offres, ce qui leur permet de renseigner très rapidement leur modèle tout en
minimisant les erreurs.
Durant les études d’exécution, les entreprises transmettent au studio leur 3D pour intégration à la
maquette numérique EXE afin de réaliser une synthèse en 3D et en 2D (figure 41).
La validation de chaque corps d’état se fait en comparant les plans d’exécution avec la maquette PRO
et EXE.
Après validation, l’entreprise de charpente envoie à ses fournisseurs les informations pour une
découpe numérique de la charpente en bois.

Coût prévisionnel et final


Grâce à ces différents processus, l’enveloppe budgétaire de cette opération de rénovation est
conforme aux prévisions. Pour ce projet de 140 m2, le montant total des travaux de 350 000 € fait
ressortir un prix au m2 de 2 500 €.
Comment le BIM contribue à améliorer l’architecture
Le BIM permet à de petites agences comme le Studio In/Out d’utiliser des outils de haute technicité.
Il rend possible la conception et la réalisation de projets très créatifs qui non seulement auraient été
difficiles à concrétiser sans une palette d’outils reliés entre eux, mais aussi seraient restés cantonnés
aux grands projets.

Figure 41. Documents 2D extraits directement depuis la maquette. © Studio In/Out.

Il influe positivement sur le choix des matériaux, la qualité environnementale de la construction,


l’ergonomie des aménagements… c’est toute la chaîne, de la conception à la réalisation, qui s’en
trouve améliorée.
Il réduit les incertitudes architecturales et leur faisabilité, levant ainsi les éventuelles préventions
inhérentes à l’innovation. Le BIM augmente la palette des offres architecturales et techniques qui
peuvent être proposées aux clients ; de ce fait, son utilisation ne peut qu’encourager à plus de
diversité architecturale tout en améliorant la prise en compte de la compatibilité et de l’harmonie
avec l’environnement. À terme, cette nouvelle liberté pourra exercer une influence bénéfique sur
l’évolution des contraintes esthétiques et techniques de la réglementation, en introduisant plus de
souplesse et de diversité dans les choix autorisés.
En optimisant les coûts, le BIM peut rendre possibles des projets jusque-là réservés à des budgets
plus importants. Ainsi, il participe à une plus grande personnalisation des offres souhaitée par les
clients, à la condition de leur donner l’assurance d’un haut degré de professionnalisme et une
meilleure adaptation à leurs souhaits et à leurs besoins. Par voie de conséquence, la qualité
architecturale des constructions nouvelles ou des rénovations importantes ne peut que monter en
gamme à coût maîtrisé.

Figure 42. Processus. © Studio In/Out.


Comment le BIM contribue à approfondir la relation avec le
client
Un des objectifs du Studio In/Out, très attaché au dialogue avec les clients et à leur information
constante, est de créer des passerelles performantes pour faciliter la communication entre tous les
acteurs d’un projet, ce qui permet de se concentrer sur le projet architectural au service des
utilisateurs.
Le gain de temps, la fiabilité des informations transmises, ainsi que les outils créés en périphérie de
la maquette numérique a permis de fluidifier les échanges avec tous les intervenants (maîtrise
d’ouvrage, maîtrise d’œuvre, les divers corps de métier…).
Au départ, le client pourrait ne voir dans la maquette numérique qu’un « jouet » pour architecte, mais
rapidement il se rend compte que c’est un outil de travail efficace qui peut l’aider à mieux
appréhender son budget, à renforcer la communication avec ses prospects et avec la maîtrise
d’œuvre. Il s’implique davantage dans le processus de conception : dans le projet exposé ci-dessus,
c’est le client lui-même qui décida de mettre en place la réalité augmentée au moyen de tablettes
numériques pour sa communication commerciale.
Le travail de l’architecte est plus que jamais focalisé dans une seule et même direction : le projet.
Les incompréhensions et les problèmes de collaboration traditionnels entre intervenants en sont
amoindris, car la maquette numérique visualise en permanence le chantier et le projet et offre en
permanence la vision de l’objectif final. Le client ne peut qu’en être rassuré ; il sait, en outre, que
toutes ses interrogations trouveront une réponse immédiate et que ses suggestions pourront faire
l’objet d’un dialogue sur des bases concrètes, rationnelles et « palpables ».
« Les vraies réussites sont celles que l’on partage »
Ce slogan d’un des grands opérateurs du métier est en pleine convergence avec l’esprit de la
maquette numérique dans le cadre du BIM.

1 Selon la demande, il fournit une maquette exportée ou en natif.


2 Contrat de sous-traitance en modélisation : l’architecte ne prend pas de responsabilités techniques à la place des entreprises. Parfois,
cette prestation est demandée à l’architecte par le maître d’ouvrage.
Chez le même éditeur

Olivier Celnik & Éric Lebègue (dir.), BIM et maquette numérique pour l’architecture, le bâtiment
et la construction, préface de Bertrand Delcambre, 2e éd., 2016, 768 pages, coédition
Eyrolles/CSTB
Karen Kensek, Manuel BIM. Théorie et applications, préface de Bertrand Delcambre, 2015, 256
pages
Éric Lebègue & José Antonio Cuba Segura, Conduire un projet de construction à l’aide du BIM,
2015, 80 pages, coédition Eyrolles/CSTB
Anne-Marie Bellenger & Amélie Blandin, Le BIM sous l’angle du droit : pratiques contractuelles
et responsabilités, 2016, 128 pages, coédition Eyrolles/CSTB
Serge K. Levan, Management et collaboration BIM, 2016, 208 pages
Jonathan Renou & Stevens Chemise, Revit pour le BIM : Initiation générale et perfectionnement
structure, 3e éd., 2017, 520 pages
Julie Guézo & Pierre Navarra, Revit Architecture : développement de projet et bonnes pratiques,
2016, 448 pages
Olivier Lehmann, Sandro Varano & Jean-Paul Wetzel, SketchUp pour les architectes, 2014, 246
pages
Matthieu Dupont de Dinechin, Blender pour l’architecture : conception, rendu, animation et
impression 3D de scènes architecturales, deuxième édition, 2016, 336 pages
Éric Dupin, Le LEAN appliqué à la construction : comment optimiser la gestion de projet et
réduire coûts et délais dans le bâtiment, 2014, 160 pages
José Antonio Cuba Segura, BIM et maîtrise d’ouvrage, 2017, 80 pages, coédition Eyrolles/CSTB
Brad Hardin & Dave McCool, Le BIM appliqué au management du projet de construction.
Méthode, flux de travaux et outils, 2017, 380 pages, coédition Eyrolles/Afnor éditions
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