Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
On sait en effet qu’un contrat est formé par la rencontre de deux volontés (au moins), c’est-à-
dire par la rencontre d’une offre et d’une acceptation par lesquelles les parties manifestent
leur volonté de s’engager (article 1113 du Code civil).
Les parties doivent également respecter certaines obligations pendant les pourparlers, à savoir
l’obligation d’information et l’obligation de confidentialité (II).
Enfin, même si l’on ne se trouve pas en phase contractuelle, il est cependant possible
d’engager la responsabilité de l’autre partie négociatrice, sous certaines conditions (III).
Cependant, ce principe de liberté est tempéré par les exigences de la bonne foi, qui
gouvernent les négociations. L’article 1104 du Code civil dispose en effet que les contrats
doivent être négociés de bonne foi.
La loi du 20 avril 2018 de ratification de l’ordonnance de 2016 portant réforme du droit des
contrats a consacré la jurisprudence Manoukian précitée en prévoyant à l’article 1112 alinéa 2
du Code civil qu’en cas de faute commise dans les négociations, la réparation du préjudice qui
en résulte ne peut avoir pour objet de compenser ni la perte des avantages attendus du contrat
non conclu, ni la perte de chance d’obtenir ces avantages. Cette disposition, de nature
interprétative, est applicable à tous les contrats conclus à compter du 1er octobre 2016.
En sus de l’impératif de bonne foi, ceux qui négocient sont également soumis à certaines
obligations dans le cadre de la phase précontractuelle.
Mais qu’est-ce qu’une information dont l’importance est déterminante pour le consentement
de l’autre partie ?
Mais pour que le devoir d’information s’applique, il faut que l’autre partie ignore
légitimement l’information en question, ou fasse légitimement confiance à son cocontractant
(article 1112-1 alinéa 1 du Code civil). On comprend donc que dans certains cas, l’ignorance
du contractant sera illégitime : cela vise les hypothèses où il doit lui-même se renseigner, sans
attendre que son cocontractant lui révèle des informations qu’il était coupable d’ignorer. Au
contraire, l’ignorance sera légitime lorsque le contractant avait de sérieuses difficultés pour
découvrir par lui-même l’information en question alors que l’autre partie y avait accès.
A noter que l’obligation d’information dans la phase précontractuelle est d’ordre public : les
parties ne peuvent ni limiter, ni exclure ce devoir (article 1112-1 alinéa 5 du Code civil).
Enfin, les sanctions d’un manquement à l’obligation précontractuelle d’information sont les
suivantes :
Dans le cadre des pourparlers, ceux qui négocient peuvent avoir accès à des informations
considérées comme confidentielles (en raison de leur caractère secret par exemple).
C’est pourquoi le principe est que ceux qui négocient ne peuvent pas utiliser ou divulguer
sans autorisation ces informations de nature confidentielle (article 1112-2 du Code civil).
La rupture des pourparlers est appréciée par les juges au regard des circonstances de la
rupture. La faute peut consister dans le fait de rompre subitement les pourparlers. En règle
générale, plus les pourparlers sont longs, plus le juge considérera que la rupture est brutale.
De plus, quand l’auteur de la rupture n’a pas de motif légitime pour y mettre un terme, le juge
aura là encore tendance à reconnaitre la rupture brutale des pourparlers. Enfin, quand l’auteur
de la rupture a fait croire à l’autre partie que le contrat serait bien conclu, est souvent
caractérisée la rupture abusive des négociations. Plus des frais importants ont été réalisés lors
des négociations, plus la rupture sera considérée fautive.
Eclairés par la technique du faisceau d’indices, les juges considéreront la durée et l’état
d’avancement des pourparlers pour retenir ou non la rupture brutale des pourparlers.
B) Préjudice réparable
Une faute pendant la phase des pourparlers peut par exemple consister en :
Ainsi, si le principe est la liberté de rompre les pourparlers, celui qui négocie engage
néanmoins sa responsabilité lorsque la rupture est abusive.
La réparation du préjudice, en cas de faute commise dans les pourparlers, est limitée à ce
que la victime aurait pu éviter si les pourparlers n’avaient pas été entrepris (exemples :
perte de temps ou d’argent en démarches inutiles, possibilité d’avoir raté une autre
négociation…).
Elle ne peut pas non plus avoir pour objet de compenser « la perte d’une chance de
réaliser les gains que permettait d’espérer la conclusion du contrat » (Cass. Com., 26 nov.
2003, Manoukian). Ainsi, la perte de chance, c’est-à-dire la privation d’une probabilité
raisonnable d’obtenir les gains espérés de la conclusion du contrat, ne constitue pas non plus
un préjudice indemnisable.