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Droit Penal Marocain
Droit Penal Marocain
Définition :
Droit pénal ou droit criminel bien que présentant des différences, le premier met
l’accent sur la peine tandis que le second met l’accent sur le crime. En dépit de
cette différence, ils sont utilisés indistinctement, voire d’une manière synonyme.
La société se défend contre les troubles à l’ordre et à la sécurité publics et l’Etat
organise une réponse spéciale au phénomène criminel, considéré dans son sens
large.
La principale fonction du droit pénal est une fonction répressive qui a pour objet
de réprimer les infractions (comportements interdits, atteintes à l’ordre et à la
sécurité publics). Elle a un caractère afflictif et illustre le blâme de la société.
Le droit pénal est un droit autonome reposant sur des textes spécifiques, mis en
œuvre par des juridiques répressives et les poursuites sont principalement par
l’intermédiaire du Ministère public.
Le droit pénal est un droit évolutif au gré de la politique pénale développée par
l’Etat. Le caractère évolutif concerne aussi bien l’incrimination que la sanction.
C’est ainsi que l’on assiste à des phénomènes de criminalisation ou de
décriminalisation/ de pénalisation ou de dépénalisation.
Branches du droit pénal :
On distingue :
Le droit pénal de fond composé du droit pénal général et du droit pénal spécial.
Le droit pénal général porte sur les règles abstraites communes aux infractions et
aux sanctions : légalité des délits et des peines ; tentatives ; faits justificatifs ;
etc.
Le droit pénal spécial étudie concrètement les infractions, leurs éléments
constitutifs, sanctions applicables (meurtre, vol, avortement, abus de confiance,
etc.)
Le droit pénal de forme est le droit de procédure pénale qui porte sur la
poursuite des infractions et des règles de mise en œuvre du dispositif
répressive (enquête, instruction, jugement, etc.)
Les principales idées qui ont marqué la matière pénale sont attribuées aux
classiques ; néoclassiques ; positivistes et écoles de défense sociale.
L’école classique :
Principalement l’ouvre des philosophes des lumières qui se sont insurgés contre
l’arbitraire, la cruauté et l’injustice du système répressif et dont le chef de fil est
César Béccaria qui dans son traité « Des délits et des peines » en 1764 a posé le
principe de la légalité des délits et des peines et lui a donné pour corolaire
l’égalité et en appelant à une répression respectueuse de la personne humaine en
(suppression de la torture, des châtiments corporels ainsi que de la peine de mort
considérée inutile).
L’école néoclassique :
La devise de l’école néoclassique présentée par Guizot, Rossi, Jouffroy et
Ortolan « punir pas pus qu’il n’est juste, pas plus qu’il n’est utile ».
Pour les néoclassiques, l’homme est libre et par conséquent engage sa
responsabilité quand il commet une infraction. Donc la sanction doit être en
fonction de la gravité de l’infraction et du degré de culpabilité de l’auteur.
Contrairement aux classiques, les néoclassiques préconisent l’individualisation
des sanctions.
L’école positiviste :
Développée essentiellement par Lombroso, Ferri et Garofalo. Contrairement aux
classiques et néoclassiques, les positivistes considèrent que l’homme n’est pas
libre mais peut avoir des dispositions au crime et peut être dangereux par nature.
Conséquences législatives :
Conséquences judiciaires :
Le juge ne peut pas infliger des sanctions autres que celles contenues dans le
texte d’incrimination, il ne peut pas prononcer des peines supplémentaires si
elles ne sont pas prévues par le texte (ex : emprisonnement et amende si cette
dernière n’est pas prévue ; publication de la décision de condamnation si elle
n’est pas prévue ou pour une durée supérieure à celle fixée par la loi qui est de
un mois « art 48 du CP ».
Le champ d’application de la loi pénale est limité dans le temps et dans l’espace.
Dans le temps, le principe de légalité des délits et des peines a pour corolaire, le
principe de non rétroactivité de la loi pénale pour le droit pénal de fond et de
l’application immédiate pour le droit pénal de forme.
Quant à l’application dans l’espace, elle est régie par le principe de territorialité.
Toutefois, les principes de non rétroactivité, d’application immédiate et de
territorialité connaissent des exceptions.
1/ Application de la loi pénale dans le temps
L’application de la loi pénale de fond dans le temps est encadrée par les
principes de non rétroactivité de la loi pénale nouvelle présentant un facteur de
sévérité et la rétroactivité de la loi pénale la plus douce (art 6 CP).
La non rétroactivité de la loi nouvelle plus sévère ne s’applique qu'aux
infractions commises après son entrée en vigueur.
Ainsi, « nul ne peut être condamné pour qui selon la loi en vigueur au temps où
il a été commis, ne constituait pas une infraction (art 4 CP).
L’application rétroactive des lois plus douces ne concernent pas les lois
temporaires qui continuent à régir les infractions commises pendant la durée de
leur application même quand elles ne sont plus en vigueur (art 7 CP).
L’élément légal signifie que les faits délictueux doivent correspondre à une
infraction préalablement définie par un texte porté à la connaissance du public.
(Voir supra Principe de la légalité des délits et des peines).
L’élément légal correspond à la qualification pénale des faits qui doit être
appréciée au moment de l’action.
Lorsqu’une infraction a définitivement été jugée, le principe non bis in idem
empêche l’exercice de nouvelles poursuites contre la personne même sous une
autre qualification.
La personne ayant projeté de commettre une infraction est allée jusqu’au bout de
son projet. L’extériorisation de la pensée criminelle peut être soit une action, soit
une abstention. (art 110 CP)
S’il s’agit d’une action, c’est une infraction de commission. En cas d’abstention,
il s’agit d’une infraction d’omission.
Le désistement doit être volontaire quels que soient la raison ou le mobil. S’il
intervient par des éléments extérieurs à la volonté de l’auteur, il n’est pas
considéré volontaire (gardiens, vigiles, passants, etc.).
Le désistement doit intervenir avant la consommation de l’infraction, dans le cas
contraire, il s’agit d’un repentir actif.
La majorité pénale fixée à 18 ans grégoriens révolus (art 140), les moins de 18
ans bénéficient d’un régime spécifique. Les moins de 12 ans sont irresponsables
pour défaut de discernement (art 138 CP) ; entre 12 et 18 ans l’enfant est
considéré partiellement irresponsable en raison d’une insuffisance de
discernement (art 139 CP).
Seules les mesures prévues au livre III du code de procédure pénale leur sont
applicables.
1.2 La volonté libre
L’élément moral dans les infractions non intentionnelles consiste en une faute
qualifiée d’imprudence ou de négligence. Les infractions d’imprudence tendent
à se multiplier de plus en plus.
L’imprudence peut prendre trois formes : l’imprudence consciente,
l’imprudence inconsciente et le non respect des règlements.
Les infractions d’imprudence bénéficient d’une moindre sévérité car ne
supposent pas une intention criminelle. Les délits commis par imprudence sont
exceptionnellement dans les cas prévus par la loi (art 133 CP).
Les faits justificatifs sont des conditions objectives qui justifient l’infraction et
désarment la réaction de la société (sanction).
L’établissement d’un fait justificatif au niveau de l’instruction par un non-lieu et
au niveau du jugement par un acquittement.
Certaines infractions sont justifiées quand elles sont ordonnées par la loi
(violation du secret médical) conjointement ou distinctement de l’autorité
légitime. Le premier paragraphe de l’article 124 CP stipule qu’il n’y a ni crime,
ni délit, ni contravention lorsque le fait était ordonné par la loi et commandé par
l’autorité légitime.
Pour que la légitime défense soit admise en tant que fait justificatif, certaines
conditions relatives à l’agression et à la défense doivent être réunies.
L’acte d’agression doit générer un danger réel contre la personne ou les biens de
l’auteur ou d’un tiers. L’agression doit être injuste et actuelle.
La légitime défense est présumée dans deux situations, celles prévues par l’art
125 CP, à savoir :
- de l’homicide commis, les blessures faites ou les coups portés en
repoussant pendant la nuit, l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou
entrée d’une maison ou d’un appartement habité ou de leurs dépendance ;
Toutefois, il faut souligner que cette présomption n’est pas irréfragable dans la
mesure où elle peut être cassée par une preuve contraire.
Pour qu’il y ait complicité aux termes de l’art 129 CP, il faut que la personne ait
participé à la conduite répréhensible de l’auteur, que cette participation ait pris
la forme prévue par la loi et qu’elle soit faite de manière intentionnelle.
Le complice d’un crime ou d’un délit se voit appliquer les mêmes peines
encourues par l’auteur de l’infraction.
Les éléments subjectifs entraînant une atténuation ou une aggravation n’ont
d’effet qu’à l’égard de la personne concernée.
Par contre, les circonstances réelles liées à l’infraction liées à l’infraction ayant
pour effet l’atténuation, l’aggravation de la peine se répercutent sur le complice.
Troisième partie : La réaction sociale
Le droit pénal prévoit à l’encontre des peines ayant commis des infractions une
sanction. Cette sanction est qualifiée de réaction de la société contre l’atteinte à
l’ordre et à la sécurité.
La réaction sociale prend généralement la forme d’une peine et éventuellement
la forme d’une mesure de sûreté.
La sanction pénale est également régie par le principe de la légalité des délits et
des peines.
Les peines et les mesures de sûreté sont de nature différente. Elles touchent
différents droits et libertés et se voient atténuées ou aggravées en fonctions des
circonstances personnelles ou réelles propres à l’infraction.
Les peines peuvent faire l’objet de différents classements : elles sont principales,
accessoires, alternatives ou complémentaires.
On distingue les peines encourues, celles prononcées et celles exécutées.
La peine principale est celle nécessairement attachée à une infraction. Les peines
accessoires sont des peines qui découlent automatiquement de la condamnation
(ex : pertes des pensions servies par l’Etat en cas de réclusion perpétuelle).
Les peines alternatives sont des peines de substitution à des peines principales.
Elles visent à améliorer l’amendement de la victime (travail d’intérêt général,
stage de citoyenneté, etc)
Les peines complémentaires peuvent s’ajouter aux peines principales et sont
prévues par le texte réprimant l’infraction (ex la confiscation, interdiction de se
rendre dans un lieu déterminé, etc).
Le code pénal distingue les peines principales criminelles art 16 CP (la mort, la
réclusion perpétuelle ; la réclusion à temps pour une durée de cinq à trente ans ;
la résidence forcée et la dégradation civique) ; délictuelles art 17 CP
(emprisonnement de un mois à cinq ans sauf cas de récidive ou autres cas prévus
par la loi et amendes de plus de 1200 dh) et contraventionnelle art 18 CP
(détention de moins d’un mois et l’amende de 30 à 1200 dh).
Les mesures de sûreté datant de la fin du 19 ème siècle d’origine positiviste sont
tournées vers l’avenir et ont pour rôle la prévention du crime en luttant contre
les facteurs suscitant ce phénomène. Les mesures de sûreté n’ont pas de
coloration morale.
Les mesures de sûreté sont soumises à un régime spéciale : celles appliquées et
celles en vigueur au moment du jugement et non de la commission de
l’infraction. Elles ne prennent généralement fin qu’avec la fin de l’état
dangereux de la personne. Elles ne sont en principe prononcées qu’après
commission de l’infraction, sauf exception (mineurs en situation difficile).
Les meures de sûreté réelles consistent en : la confiscation des objets ayant un
rapport avec l’infraction ou des objets nuisibles ou dangereux, ou dans la
possession est illicite ainsi que la fermeture de l’établissement qui a servi à
commettre l’infraction. (art 62 CP).
Section 2 : Facteurs d’atténuation et d’aggravation
Les causes d’extinction, d’exemption de la peine retenues par le droit pénal (art
49 CP) sont : la mort du condamné ; l’amnistie ; l’abrogation de la loi pénale ; la
grâce ; la prescription ; le sursis à l’exécution de la condamnation ; la liberté
conditionnelle et la transaction quand elle prévue par la loi.