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PREVENTION DU SYNDROME DE LYSE

I. DEFINITION :

Le syndrome de lyse survient au cours des pathologies néoplasiques à forte masse


tumorale et à temps de doublement rapide, habituellement à taux de LDH
plasmatique très élevé, essentiellement les leucémies aiguës hyperleucocytaires ou
les lymphomes malins de type Burkitt ou lymphoblastique.

La mort cellulaire massive provoque l’entrée brutale dans le secteur extracellulaire de


métabolites intracellulaires entraînant un risque vital.
La destruction cellulaire avec catabolisme des acides nucléiques produit :
- une hyper uricémie
- une hyper phosphatémie
- une hyper kaliémie
Cette destruction peut être présente au diagnostic ou se déclencher à la mise en
route du traitement.
La précipitation intra-rénale de phosphate ou d’acide urique sous forme de cristaux
d’urates intratubulaires, peu solubles en milieu acide, peut-être à l’origine d’une
atteinte rénale. L’insuffisance rénale aiguë survient en général lors d’hyper uricémies
supérieures à 1500 µmol/l et est précédée par une oligoanurie.
L’hyper phosphatémie est très souvent décalée de 24 à 48h par rapport à l’apparition
de l’hyper uricémie. Elle entraîne une hypocalcémie rarement symptomatique et le
risque est celui de la néphropathie hyperphosphatémique caractérisée par le dépôt
massif de cristaux de phosphate de calcium dans les tubules rénaux exposant au
risque de néphrocalcinose. L’hyperkaliémie aggravée par l’acidose est la
conséquence de la lyse cellulaire et d’une éventuelle insuffisance rénale et impose
une surveillance étroite de l’ECG. L’ensemble des complications peut aboutir à une
insuffisance rénale terminale.
II. CLINIQUE :

Habituellement, l’examen clinique n’offre rien de particulier.


Il est important de tenir compte de la diurèse totale des derniers jours ou ses signes
indirects (prise de poids….).
Une voie veineuse fiable est indispensable.

III. PRISE EN CHARGE :

Deux mesures préventives essentielles sont à mettre en place :


- Echelonnement sur quelques jours de la chimiothérapie initiale. Il faut
être particulièrement prudent dans les LAL hyper leucocytaires et les
lymphomes de Burkitt ou lymphoblastique, car la corticothérapie seule
même à faible dose peut suffire à déclencher le processus de lyse.
- Hyper Hydratation indispensable dans toutes les hémopathies.

A. Mise en place de l’hyper hydratation

Pour tout enfant présentant une pathologie néoplasique à risque de syndrome de


lyse avant de débuter tout traitement il faut :
- Mise sous scope
- Poids initial
- Evaluation fonction cardiaque (ECG, Echo cœur et RP)
- Evaluation de la masse tumorale
- Evaluation de la fonction rénale et de l’équilibre ionique
- G5% = 3000 ml/m2/24h
+NaCl 20 % = 4 meq/kg/24h
+KCl 10 % = 2 meq/kg/24h en surveillant la kaliémie
- penser à rajouter dans le plan des 24 h poly vitamines et oligo-éléments au
3ème jour d’hyper hydratation
- poids tous les jours
- diurèse cumulée/4h et si < à 400 ml/m2/j : Furosémide LASILIX® 0.5
mg/kg IVD. L’administration de furosémide permet une diurèse provoquée
alcaline mais avec un risque de toxicité rénale non négligeable avec perte
de sodium, potassium et calcium.
- Ionogramme sanguin avec Ca2+, Po4- et Mg2+ et fonction rénale /12h puis
/24h.

B. Indication et modalités de l’alcalinisation

Indications :
- Acidose avec pH < 7.20 sur gazo veineuse
- Hyperkaliémie (cf prise en charge de l’hyperkaliémie)

Modalités :
Bina 8.4% 1 ml/kg sur 15min puis relais par hyperhydratation alcaline :
G5% = 2850 ml/m2/24h
+Bi Na à 8,4% = 160 ml/m2/24h
+NaCl 20 % = 0
+KCl 10 % = 0
soit un total de 3l/m2/24h

C. Prise en charge de l’hyper uricémie

On utilise systématiquement en préventif et curatif un uricolytique :


- Si Lymphome de Burkitt ou LA> 50 000GB : Rasburicase FASTURTEC®
1,5 ou 7,5 mg faire 0,2 mg/kg/jr x 1/jr IVL 30 min pendant 3 jours, doit
passer seul avec rinçage avant et après.
- Pour les autres et en relais du Rasburicase FASTURTEC® : Allopurinol
ZYLORIC® 20 mg/kg/j PO en 2 fois (max 400 mg par prise) après repas
(cp à 100,200 et 300 mg).

D. Prise en charge de l’hypocalcémie

On ne supplémente en calcium qu’en cas d’hypocalcémie importante.


Attention :
- Toxicité du calcium sur réseau veineux périphérique.
- Ne pas mélanger sur la même voie veineuse les solutés alcalins et
calciques car risque de précipitation.
- Ne pas compenser de façon intempestive la calcémie (risque de
néphrocalcinose).

E. Prise en charge de l’hyperkaliémie

1- Arrêter l’apport de K+.


2- Alcalinisation sur 15 min puis mise en place d’une hyperhydratation alcaline.
3- Si hyperkaliémie majeure non contrôlée par l’hyper hydratation alcaline et la
diurèse forcée au LASILIX® :
- KAYEXALATE® oral 1 g/kg/j en 3 prises en lavement ou PO.
- Si signes à l’ECG Gluconate de Calcium 10% (100mg/ml) 5 mg/kg de Ca
ou 0.5 ml/kg en IVL 15 min avant dialyse en urgence.

F. Critères d’hémodialyse

Si malgré les mesures préventives, une insuffisance rénale se développe, l’enfant


doit être hémodialysé. Les critères de dialyse sont :
- K+>6 mmol/l
- Phosphates>10mg/dl ou 3.2 mmol/l
- Hypocalcémie symptomatique
- Surcharge hydrique

REFERENCES :
Toutes les références peuvent être retrouvées dans les revues générales, seules les quelques
références indispensables seront citées :
1- BUZYN-VEIL A. Réanimation hématologique. Le livre de l’interne en hématologie : chapitre10 p
379-382. Médecine Sciences 1997. Flammarion.
2- BACKES C., GLUCKMAN E. et HAROUSSEAU J.L. Hémopathies sévères. Pédiatrie d’Urgence :
chapitre 112 p 442-448. Médecine Sciences 1993. Flammarion.
ème
3- HUSSON MC et all : Evaluation thérapeutique anticancéreux : utilisation pratique, 5 édition.
Dossier du Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament. Publication bimestrielle
2004,XXV, 4-5.
4- BERTRAND COIFFIER, ARNOLD ALTMAN, CHING-HON PUI, ANAS YOUNES, AND MITCHELL
S. CAIRO: Guidelines for the Management of Pediatric and Adult. Journal of Clinical Oncology,
volume 26, number 16, Juin 2008.

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