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Chapitre 0 :

Calcul propositionnel, modes de


raisonnement mathématique
Lycée Kléber – notes du cours de Mme HELMER – MPSI3 –1999-2000
F.Hechner

Ce chapitre n’existait pas tel quel dans la réalité, la logique n’ayant pas à être abordée de manière
intrinsèque selon le programme de SUP. Les règles du calcul propositionnel découlent de la logique et
sont généralement pour la plupart intuitées. C’est aussi par la pratique que l’on acquiert l’intuition des
différents modes de raisonnement, ou ”comment trouver la méthode de démonstration qui va marcher”.
Ce chapitre nous avait été distribué sous forme de deux feuilles polycopiées, après quelques cours, pour
que nous puissions nous familiariser nous–même avec tout cela. Il faut donc le prendre comme un ”aide-
mémoire”. . .

I Calcul propositionnel
On appelle assertion ou quelquefois proposition toute affirmation dont on peut dire si elle est vraie ou
fausse. Vrai, faux sont les valeurs de vérité.
Par exemple A := [(2132049 − 1) est un nombre premier] est une assertion.
Une théorie mathématique est constituée au départ d’un petit nombre d’assertions déclarées vraies a
priori et appelées axiomes.
Les autres assertions de la théorie considérées comme vraies sont obtenues au terme de démonstrations
logiques et s’appellent théorèmes, lemmes, corollaires.

Pour ces démonstrations, on combine les assertions dont la valeur de vérité est déjà connue à l’aide de
lois précises : c’est le calcul propositionnel.
Soient P et Q deux assertions. On définit :
1. non P qui est une assertion dont la valeur de vérité est différente de celle de P . On la note aussi P .

P non P
V F
F V

1
2. La conjonction de P et Q : c’est une assertion qui est vraie lorsque P et Q le sont.
On la note P ∧ Q.

P Q P ∧Q
V V V
V F F
F V F
F F F
3. La disjonction de P et Q : c’est une assertion qui est vraie lorsque P ou Q est vraie.
Attention, le ”ou” est à prendre au sens large (P et Q peuvent êtres vraies toutes les deux) et
non pas au sens strict (en général on dit, pour le sens strict, ”ou bien”)
On la note P ∨ Q.

P Q P ∨Q
V V V
V F V
F V V
F F F
Remarque : On a non(P ∧ Q) = (non P ) ∨(non Q). En français, le contraire de ”j’ai cours ce matin
et cet après–midi” est ”je n’ai pas cours ce matin ou je n’ai pas cours cet après–midi” : ainsi, dire
que l’on n’a pas ”cours ce matin et cet après–midi” peut vouloir dire que l’on est libre le matin, ou
l’après–midi, ou les deux.
De même, non(P ∨ Q) = (non P ) ∧(non Q). Ainsi, le contraire de ”je suis libre demain matin ou
demain après–midi” est ”je suis pris toute la journée”. . .
4. L’implication : P =⇒ Q, que l’on énonce souvent ”si P est vraie, Q est vraie”. Elle signifie ”ou bien
P est fausse, ou bien Q est vraie”.
(P =⇒ Q) = ((non P ) ou Q).

P Q P =⇒ Q
V V V
V F F
F V V
F F V
Exemples :
a) Quelle que soit l’assertion P , P =⇒ P est vraie.
b) (0.5 est un nombre entier)=⇒(0.5 n’est pas un nombre entier) est vraie.
c) (2 est égal à 1)=⇒(3 est égal à 4) est vraie.

On utilise souvent les formes suivantes, qui ont la même signification :


P implique Q (est vraie).
Si P (est vraie), Q (est vraie).
P (vraie) est une condition suffisante (C.S) pour Q (vraie).
Pour que Q soit vraie, il suffit que P soit vraie.
Pour que P soit vraie, il faut que Q soit vraie.
Q (vraie) est une condition nécessaire (C.N) pour P (vraie).

L’implication est transitive : ((P =⇒ Q) et (Q =⇒ R)) =⇒(P =⇒ R).


5. L’équivalence logique : (P ⇐⇒ Q) = (P =⇒ Q et Q =⇒ P ).
On dit que P (vraie) est une condition nécessaire et suffisante (C.N.S) pour que Q (soit vraie).

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II Modes de raisonnement
Il s’agit de montrer qu’une assertion B est vraie.
1. Le syllogisme : Si A est vraie et si (A =⇒ B) est vraie, B est vraie :

A B A =⇒ B
V
○ V V

V
○ F F
F V V
F F V
C’est la forme la plus courante de démonstration.
2. La contraposition : On veut montrer que (A =⇒ B) est vraie.
Pour cela, on montre que (non B=⇒ non A) est vraie.
En effet, (non B⇒ non A)=(non(non B) ou non A)= (B ou non A)=(A⇒ B).

Exemple : Soit n un entier naturel. Montrons que (n2 pair)=⇒(n pair).


Supposons n impair. il existe p entier naturel tel que n = 2p + 1. Alors n2 = 2(2p2 + 2p) + 1, donc
n2 est impair.
3. Le raisonnement par l’absurde : on veut montrer que B est vraie.
On sait qu’une assertion A est vraie. On montre alors l’implication (non B =⇒non A).
Si non B est vraie, alors non A est vraie, et on aboutit à ”l’absurdité” : A et non(A) sont toutes
deux vraies, ce qui est contradictoire en calcul propositionnel, donc non B est fausse, et B est vraie.

Exemple : Démonstration classique de ”l’ensemble des nombres premiers est infini”, voir au chapitre
(??).
4. La disjonction des cas : On veut montrer que B est vraie. Soit A une assertion. On montre que
(A =⇒ B) et (non A =⇒ B) sont toutes les deux vraies. Alors B est vraie :

A B A =⇒ B non A=⇒ B (A=⇒B) et (non A=⇒ B)


V V V V V
V F F V F
F V V V V
F F V F F

√ √ √
Exemple : A := ”( 2) 2 est rationnel”, B :=”il existe u réel non rationnel tel que u 2 est rationnel”.

Si A est vraie, u = 2 permet de montrer que B est vraie.
√ √ √ √
Si non A est vraie, u = ( 2) 2 est irrationnel, or u 2 = ( 2)2 = 2 est rationnel, donc B est vraie.

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III Prédicats
Un prédicat est une affirmation qui porte sur un élément variable d’un ensemble E.

Par exemple : E := R, P (x) := ”le réel x est positif”.


Ou encore E := N2 , P (a, b) := ”(a, b) vérifie a + b = 5”. P (2, 3) est vraie et P (3, 4) est fausse. P est donc
une application de N2 dans {V, F }.

Si P est vraie pour tout x de E, on écrit (∀x ∈ E)P (x).


S’il existe un x de E (au moins) pour lequel P (x) est vraie, on écrit (∃x ∈ E)P (x).

La négation des ces assertions s’obtient de la façon suivante :


non((∀x ∈ E)P (x)) = (∃x ∈ E)(non P (x)). En français, on peut retenir que le contraire de ”tous les
chats sont gris” est ”il existe un chat qui n’est pas gris”, et non pas ”aucun chat n’est gris”.
De même, non((∃x ∈ E)P (x)) = (∀x ∈ E)(non P (x)).
On peut être amené à utiliser la négation de propositions plus compliquées. La démarche à suivre est
illustrée dans ”l’exemple” :

non((∀x ∈ E)P (x) =⇒ Q(x)) = non((∀x ∈ E)non(P (x) ou Q(x)))


= (∃x ∈ E)(non(nonP (x)) et non Q(x))
= (∃x ∈ E)(P (x) et non Q(x))

Par exemple, la définition de l’injectivité et de la surjectivité forment des prédicats, voir chapitre (??).

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Exercices
Exercice 1 : Quelles sont les valeurs de vérité des propositions suivantes ?
1. π vaut 4 et la somme des angles d’un triangle vaut 180◦ .
2. π vaut 3.14. . . implique que la somme des angles d’un triangle vaut 180◦ .
3. π vaut 4 implique que la somme des angles d’un triangle vaut 182◦ .
4. Il n’est pas vrai qu’un nombre entier impair ne puisse pas être divisible par 6.
5. Si 2 est plus grand que 3, alors l’eau bout à 100◦.
6. Si 6 est plus petit que 7 alors 7 est plus petit que 6.
7. Si 7 est plus petit que 6 alors 6 est plus petit que 7.
8. 84 est divisible par 7 implique que 121 est divisible par 11.
9. Si 531617 + 1 est divisible par 7, alors 531617 + 1 est plus grand que 7.
10. La décimale de π qui porte le numéro 10400 est 3 implique que si ce n’est pas 3, alors c’est 3.

Exercice 2 : Pour tous réels x et y, on note P (x, y) la proposition ”x + y 2 = 0”. Dire si les propositions
suivantes sont vraies ou fausses :
1. (∀x ∈ R)(∀y ∈ R)P (x, y)
2. (∀x ∈ R)(∃y ∈ R)P (x, y)
3. (∃x ∈ R)(∀y ∈ R)P (x, y)
4. (∀y ∈ R)(∃x ∈ R)P (x, y)
5. (∃x ∈ R)(∃y ∈ R)P (x, y)

Exercice 3 : Soit f une application de R dans R. Ecrire l’énoncé ”f est croissante” en n’utilisant que
des signes logiques et le signe ≤. De même, écrire l’énoncé ”f n’est pas croissante”.

Exercice 4 : Soit f une application de R dans R. Que signifient les énoncés :


1. ∃y ∈ R, ∀x ∈ R, f (x) = y.
2. ∀x ∈ R, ∃y ∈ R, f (x) = y.

Exercice 5 : On considère la proposition


0) si les hirondelles se rassemblent, elles commencent leur migration.
Parmi les propositions suivantes, dites lesquelles sont équivalentes à 0), lesquelles sont en contradiction
avec 0), lesquelles sont sa réciproque, lesquelles sa négation.
1) Si les hirondelles ne commencent pas leur migration, alors elles ne se rassemblent pas.
2) Il suffit que les hirondelles se rassemblent pour qu’elles commencent leur migration.
3) Les hirondelles se rassemblent si elles commencent leur migration.
4) Les hirondelles commencent leur migration.
5) Les hirondelles se rassemblent et elles ne commencent pas leur migration.
6) Il suffit que les hirondelles commencent leur migration pour qu’elles se rassemblent.
7) Il est nécessaire que les hirondelles se rassemblent pour qu’elles commencent leur migration.
8) Si les hirondelles ne se rassemblent pas, alors elles ne commencent pas leur migration.
9) Les hirondelles ne se rassemblent pas ou elles commencent leur migration.
10) Il faut que les hirondelles se rassemblent pour qu’elles commencent leur migration.
11) Après le rassemblement des hirondelles, c’est l’hiver.
12) Les hirondelles se rassemblent

Exercice 6 : Les assertions suivantes sont-elles vraies ou fausses ?

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1. x ≤ 2 =⇒ x ≤ 3.
2. x ≤ 2 =⇒ x < 2.
3. x < 2 =⇒ x ≤ 2.
4. x < 2 =⇒ x2 < 4.
5. x2 < 4 =⇒ x < 2.

Exercices 7 :
1) Soient P et Q deux propositions. Rappeler la définition de P =⇒ Q.
Donner la négation et la contraposée de P =⇒ Q.
Application : donner la négation et la contraposée de :
a) Si tu échoues à tes examens, tu ne partiras pas en vacances.
b) Si une fonction est dérivable, elle est continue.
c) Si un naturel est pair, il est divisible par 4.

2) ”Si je ne peins pas mon portail en fer, il va rouiller”.


Peut-on en déduire que si je le peins, il ne rouillera pas ?

3) Lors d’élections, un candidat énonce : ” si vous votez pour mon adversaire, les impôts vont augmenter”.
Cela présente-t-il un intérêt pour le contribuable de voter pour ce candidat ?

4) La Française des Jeux a pour slogan ”100% des gagnants ont tenté leur chance”. Que veut-elle faire
entendre ? Les perdants peuvent-ils se plaindre ?

Exercice 8 : Montrer que [P et (P =⇒ Q)]=⇒ Q est une tautologie.

Exercice 9 : Etant donné deux propositions P et Q, on définit la proposition (P ni Q) qui équivaut à


(P et Q). Exprimer, à l’aide du seul symbole ni les propositions P , P et Q, P ou Q, P =⇒ Q.

Exercice 10 : Trouver l’ensemble des triplets (x, y, z) vérifiant le système :



 (x − 1)(y − 2)(z − 3) = 0
(x − 2)(y − 3)(z − 1) = 0
(x − 3)(y − 1)(z − 2) = 0

Exercice 11 : Démontrer ou infirmer les quatre propositions suivantes :


1) 3 divise 4n − 1 =⇒ 3 divise 4n+1 − 1.
2) 3 divise 4n + 1 =⇒ 3 divise 4n+1 + 1.
3) 3 divise 4n − 1.
4) 3 divise 4n + 1.

Exercice 12 : Dans R2 , on définit les relations R1 : |x + y| ≤ 1, R2 : |x − y| ≤ 1, et R3 : |x| ≤ 1.


Représenter graphiquement la partie de R2 pour laquelle la relation [R1 et nonR2 ] ⇐⇒ R3 est vraie.

Exercice 13 : D désigne l’ensemble des droites du plan, D1 et D2 sont deux éléments de D tels que
D1 k D2 . Traduire les propositions suivantes en français usuel et dire si elles sont vraies ou fausses :
1) ∀i ∈ {1; 2}, ∀D ∈ D, D k Di .
2) ∃i ∈ {1; 2}, ∃D ∈ D, D k Di .
3) ∃i ∈ {1; 2}, ∀D ∈ D, D k Di .
4) ∀i ∈ {1; 2}, ∃D ∈ D, D k Di .
5) ∀D ∈ D, ∃i ∈ {1; 2}, D k Di .
6) ∃D ∈ D, ∀i ∈ {1; 2}, D k Di .

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Exercice 14 : À trois objets A, B, C, on associe une et une seule des propriétés p, q et r. Déterminer
la propriété vérifiée par chacun des trois objets sachant que :
”A vérifie p” entraı̂ne ”B vérifie q”.
”A vérifie q” entraı̂ne ”B vérifie r”.
”B vérifie non p” entraı̂ne ”C vérifie q”.
”C vérifie r” entraı̂ne ”A vérifie q”.

Exercice 15 : Parmi les deux propositions suivantes, dire laquelle est la plus avantageuse :
1) Pour obtenir son DEUG, il faut avoir une moyenne supérieure à 10/20.
2) Pour obtenir son DEUG, il suffit d’avoir une moyenne supérieure à 10/20.

Exercice 16 : Examiner la vérité de la proposition suivante, ainsi que de toutes celles que l’on peut
obtenir en permutant l’ordre des quantificateurs :

∃x ∈ R∗ ∀y ∈ R∗ ∀z ∈ R∗ z = xy.

Exercice 17 : Ecrire la négation des propositions suivantes :


1) Il existe un groupe de TD dans lequel tous les étudiants ont le permis de conduire.
2) Il existe un groupe de TD dans lequel tous les étudiants ont eu au bac au moins une note supérieure
à 12.
3) Il existe une ville dont tous les habitants ont au moins un parent qui à chaque élection, s’il fait beau,
ne va pas voter.
4) ∃l ∈ R tel que ∀ > 0 ∃A > 0 tel que x > A =⇒ |f (x) − l| ≤ .

Exercice 18 :
1)Ecrire la négation de la propriété ∀x, P (x) =⇒ Q(x).
Comment démontre-t-on qu’une implication est fausse ?
2) Démontrer que l’énoncé ”∀x ∈ R, x < 3 =⇒ x2 < 9” est faux.

Exercice 19 : Ecrire, à l’aide de quantificateurs, les propositions suivantes et leur négation :


1) Aucun entier n’est supérieur à tous les autres.
2) Tout réel possède une racine carrée.

Exercice 20 : Traduire les énoncés suivants en français. Ecrire leur négation en termes mathématiques.
Sont-ils vrais ou faux ?
1) ∀m ∈ N, m ≥ 0.
2) ∃n ∈ N, 15 > n.
3) ∀m ∈ N, ∃n ∈ N, m > n.
4) ∃n ∈ N, ∀m ∈ N, m > n.
5) ∃n ∈ N, ∃m ∈ N, m > n.
6) ∀n ∈ N, ∀m ∈ N, m + n > 2.

Exercice 21 :
1) Enoncer avec des quantificateurs la propriété ”la fonction f est paire ou impaire”.
2) Enoncer la négation de cette propriété.
3) Comment démontre-t-on qu’une fonction n’est ni paire, ni impaire ?

Exercice 22 : Que pensez-vous des démonstrations suivantes :


1) ”3×6 ne divise pas 20. Donc 3 ne divise pas 20 et 6 ne divise pas 20.”
2) ”(x − 1)(x − 2) 6= 0 ⇐⇒ x 6= 2, x 6= 1. Or x ne peut-être égal à la fois à 1 et à 2, donc pour tout réel
x, (x − 2)(x − 1) 6= 0.”

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