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Numération en cycle 1 et prévention

Parce que les activités sur fiches (non motivantes, artificielles et ne laissant pas toute la place
nécessaire à la manipulation) sont limitées en cycle 1 à l’accompagnement d’un jeu, à la nécessité d’une
trace écrite comme aide à la mémorisation, ce sont les situations vécues dans le quotidien de la classe
et les situations problèmes sous forme de jeux qui serviront de base à la découverte du monde des
mathématiques en cycle 1.
Ces aspects manipulatoire et ludique constituent les caractéristiques de l’action préventive mise
place par les enseignants afin d’éviter les difficultés de conceptualisation des nombres, voire les
situations plus profondes et ancrées d’échec, de manque de motivation et de sentiment d’incapacité.

La responsabilité, en matière de conceptualisation des nombres, des 5 premières années de la


scolarisation (y compris de la petite section en effet) est si importante que les enseignants de
maternelle et ceux de CP et CE1 gagneront à avoir une bonne connaissance mutuelle des contenus
et méthodes de l’autre cycle.

1. Diagnostic
Parce que l’observation de chacun des élèves en activité ainsi que les entretiens individuels menés
auprès d’eux en début puis en cours d’année, nous semblent primordiaux, nous vous proposons des
grilles qui pourraient vous faciliter la tâche. Celles-ci sont bien entendu perfectibles et adaptables.
Dans le cas d’enfants rencontrant des difficultés, on aura tout intérêt à utiliser la grille de l’année
précédente. Les résultats de ces grilles permettront à l’enseignant de visualiser rapidement les
groupes de soutien et d’entraînement qu’il devra organiser auprès de certains de ses élèves.
A noter que si le travail sur les postures (recherche, questionnement, autonomie intellectuelle,
travail en groupe, aller au-delà du perceptif…) n’est pas pris en compte au sein de ces outils
d’évaluation dans le souci de ne pas alourdir ces derniers, il n’en reste pas moins essentiel en
maternelle, autant que les notions mathématiques elles-mêmes.

Evaluation Petite Section de début d’année, à reprendre en cours d’année


Evaluation Moyenne section de septembre- octobre
Evaluation Moyenne section de troisième trimestre
Evaluation en Grande section de septembre- octobre
Evaluation de Grande section de troisième trimestre

2. Principe de programmation
La programmation des activités « mathématiques » en maternelle se fait sur la semaine et sur la
période à la fois. La progression est beaucoup moins linéaire qu’en élémentaire en raison de
l’important écart des compétences d’un enfant à l’autre dans ce domaine (sollicitations plus ou
moins fréquentes dans le cadre familial, importance d’écarts d’âge à quelques mois près, accent mis
trop précocement sur les automatismes plutôt que sur la compréhension et la conceptualisation...).
L’organisation en ateliers facilitera la différenciation nécessaire.
La numération doit être largement traitée à chaque période, mais si dans la semaine elle ne l’est
pas dans le cadre des ateliers organisés (en cas de projet important en langage par exemple), elle peut
l’être en regroupement de façon très dense et très intéressante à l’occasion de :
 petits jeux oraux,
 résolutions de problèmes,
 jeux connus joués ensemble avec verbalisation des stratégies,
 bilan sur les stratégies les plus efficaces, dictée à l’adulte des règles d’un jeu bien
connu…
 ou encore dans le cadre dans le cadre des coins jeux plus ou moins autonomes.
3. Aborder en PS
Certaines compétences seront simplement induites, observées régulièrement par les enfants pour être
progressivement intériorisées tout au long du cycle

 Les différentes configurations des mains (en évitant d’enfermer les enfants dans une
représentation classique, en leur montrant que l’on peut varier l’utilisation des doigts), du dé
classique
 La décomposition des nombres de 1 à 3 (savoir que dans 3 « il y a 1 et 1 et 1 » ou encore « 2
et 1 »), qui permet peut à peu de comprendre que compter consiste à ajouter 1 au nombre
précédent. La comptine orale jusqu’à 5 sera généralement connue en fin d’année, mais on
veillera à ne pas l’automatiser avant que l’enfant ne comprenne ce qu’est un nombre, qu’il
correspond à une quantité (information à ce sujet en réunion de parents de début d’année).
 La comparaison de petites collections (de 1 à 3) pareil, pas pareil, beaucoup, pas beaucoup
 L’association d’un objet avec sa photo ou son dessin (exemple : « jeu du panier et de la liste
des courses » sous forme de photos), ou un symbole (exemple : jeu des empreintes d’animaux
dans la plaque de terre glaise pour retrouver la bonne maison)
 La distribution qui permet des associations, des comparaisons
 Le principe de l’ordre stable et le principe de l’adéquation unique (ou bijection) : à un
élément pointé est associé un mot de la comptine numérique (compter très souvent devant eux en
pointant du doigt ce qui est compté et en interrompant le comptage).
 La conservation de la quantité par déplacement des objets
 La sériation, le rangement (de plus en plus grand)
 L’aspect cardinal des nombres (que le dernier mot correspond au nombre d’objet)
 Le principe d’abstraction : le fait que les éléments d’une collection soient hétérogènes ne
modifie pas le cardinal.
 Le tri (ils connaissent le critère) ex : les bleus d’un côté, les jaunes de l’autre. Tri de formes…

Mise en œuvre :
 L’accent sera encore davantage mis sur le plaisir en PS (même si celui-ci est essentiel dans
tous les niveaux), sur les jeux dans différents contextes, les jeux d’entraînement. Ces jeux
pourront être des jeux de société traditionnels ou fabriqués par l’enseignant (les nouvelles
règles seront plutôt présentées en petits groupes en PS).
 Encore davantage de livres à compter ou à décompter: à lire ou à fabriquer
 Encore davantage de comptines numériques et de jeux de doigts. Ces comptines peuvent
être intégrées dans un jeu entre deux parties ; elles présenteront l’avantage de baser le jeu sur
un thème leur donnant ainsi d’avantage de sens, elles faciliteront la concentration,
permettront aux enfants de parler, de se détendre entre deux parties, d’être plus motivés et
donc de jouer plus longtemps. Elles permettront l’organisation de jeux (faciles) en grand
groupe classe (exemple « la boîte à œufs », les jeux de pistes par équipes ayant pour thème
le personnage ou l’animal de la comptine en question, avec un dé géant…)

 En veillant simplement à l’hygiène, on profitera de la collation pour compter,


distribuer, partager (ces activités seront en effet plutôt réservées aux PS et MS dans la
mesure où les grands sont capables de se motiver pour des notions plus variées et un peu
plus abstraites).

 On utilisera déjà un calendrier éphéméride ainsi qu’une bande numérique affichée même
si l’écriture chiffrée n’est travaillée spécifiquement.
4. Travailler en MS
Reprendre ce qui est fait en petite section et …

 Comparer des petites collections jusqu’à 5 objets, puis au-delà,


 Insister sur le vocabulaire : différencier « numéro », « chiffre » et « nombre » : (en PS on
corrige simplement, à partir de la MS on explique).
 Utiliser le vocabulaire de comparaison des quantités qui s’affine : plus que , moins
(autant en compréhension)
 Mémorisation de façon plus explicite qu’en PS ; par exemple : donner un nombre différent
à 3 puis 4 puis 5…enfants, chanter une chanson, leur demander ensuite leur nombre
mémorisé.
 Jouer avec la comptine numérique jusqu’à 15 environ en fin d’année, à condition toujours
que le principe de numération soit bien compris par l’enfant.
 Enseigner progressivement la calligraphie des chiffres, selon la maturité grapho- motrice
des enfants.
 Montrer le principe de la conservation des quantités par modification du point de départ
du comptage

 Les algorithmes : Ils appartiennent au domaine de la logique et non de la numération à


proprement parlé mais auront un impact sur celle-ci par la compréhension de l’ ordre des
chiffres dans le nombre.

Trois compétences sont visées :


 la découverte de la règle : c'est pourquoi au départ, on guidera les moyens et
les grands: l’enseignant dit « tu mets un bleu, un rouge, un bleu, un rouge" puis on dit
seulement "tu mets un bleu, un rouge et puis tu continues", ou bien "et tu
recommences" puis encore plus difficile : le maître dit seulement "tu
continues le collier en suivant la même règle", ou " Peux- tu dire comment
on a fait le collier ?"
 La concentration pour mener la suite jusqu'au bout sans se tromper
 Tirer des conséquences pour mener à bien d'autres projets

Dans un premier temps un algorithme binaire "bleu, vert, bleu, vert..." mais en modifiant le plus
possible les situations: couleurs, formes, rythmes de frappés dans les mains ou tout autre geste,
objets, bruits...qu'ils réinvestissent l'algorithme simple en fait. Puis, situation/problème où ils
vont (en petit groupe) en trouver d'autres, plus complexes.
5. Travailler en GS
Reprendre ce qui est fait en moyenne section et …

 La notion de réversibilité (ex : avec une bande numérique, le maître tire deux 2 cartons/
nombres : le « 5 » et le « 2 ». Il pose son pion sur le « 5 » puis ajoute « 2 », pose donc son
pion sur le 7. Il recommence en tirant d’abord le « 2 » puis le « 5 »).

 Insister sur la notion d’inclusion déjà vue dès la petite section par la décomposition des
nombres : que « 2 » est inclus dans « 4 » par exemple (important plus tard pour la
soustraction) cf. « Jeu de la marchande »

 Le vocabulaire : Si en MS on corrige et on explique, en GS on pose en plus des petits


problèmes oraux du type : « où rencontre-t-on des numéros ? », « 568, c’est un nombre à
combien de chiffres ? » (en écrivant 568 au tableau), « Il existe combien de nombres à 1
chiffre ? (10), Il existe combien de chiffres ? (10), « Il existe combien de nombres ? »
(infini)

 La comptine orale jusqu’à 30 ou plus suivant les enfants.

 L’écriture chiffrée de tous les chiffres et de quelques nombres suivant les enfants.

 Algorithmes : Même chose au départ qu’en MS (algorithmes simples mais dans différents
contextes, puis recherch,e puis complexifier encore leurs trouvailles, en
allant du plus simple au plus complexe, toujours dans différents contextes).
Puis, faire corriger la suite de l'un par un autre ou bien faire commencer par l'un une suite
qu'il donnera à l'autre qui poursuivra

Exemple de mise en œuvre spécifique à la GS :


 Organiser des tournois inter classes, avec notation des résultats

 Participer au rallye maths GS départemental pour favoriser la recherche de groupe et


l’échange de stratégies.

 Faire dicter à l’adulte une règle de jeu (envisageable en MS également) permet de mettre
de l’ordre, de prendre du recul. A cette occasion parfois, le jeu est complexifié, des solutions
sont trouvées, des stratégies pour ne pas rester coincés par exemple, cf : «jeu « fermez les
boîtes » : plaques de 1 à 9 à retourner en lançant deux dé, le jeu ne finit plus si on ne décide
pas d’additionner deux cartes.

 Utiliser des jeux basés sur le tableau de Pythagore qui facilite l’observation progressive
des régularités de l’écriture des nombres et ainsi le principe de l’ordre des chiffres dans les
nombres

 Participer à un grand projet mathématique avec le CP, tel que « Les 100 jours d’école »
par exemple
Bibliographie

« Document d’accompagnement des programmes. Mathématiques Ecole primaire » SCEREN


CNDP, 2005

« Aider les élèves en difficulté en mathématiques CP/CE1 », Tome 1 (numération, résolution de


problèmes, géométrie dans l’espace) de Catherine BERDONNEAU Editions Hachette Education 2006

« Découvrir le monde avec les mathématiques, situations pour la petite et la moyenne section »
Dominique VALENTIN, Editions Hatier 2004

« Découvrir le monde avec les mathématiques, situations pour la grande section » Dominique
VALENTIBN, Editions Hatier 2005

« Premiers pas vers les maths, les chemins de la réussite à l’école maternelle » Rémi BRISSIAUD
Editions Retz, 2007

« Apprentissages numériques et résolutions de problèmes en grande Section » Roland CHARNAY


et collectif, INRP Editions Hatier Ermel 2005

« Apprentissages numériques et résolution de problèmes CP », Roland CHARNAY et collectif


INRP Editions Hatier Ermel 2005

« Jeux de dés et numération » de Nicolas KRZYWANSKI Bordas, 2007 (80 fiches)

« Jeux de cartes et numération » de Nicolas KRZYWANSKI Bordas, 2004

« Jeux de société, apprentissage numérique en maternelle » de Madeleine CORBENOIX Editions


Bordas 2003

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