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Faculté des Sciences Appliquées

Département ArGEnCo
« Géoressources, Géotechnologies & Matériaux de Construction »
Géomécanique et Géologie de l'Ingénieur

GEOTECHNIQUE

Tome 1 : Mécanique des sols

Prof. Robert CHARLIER


Ces notes ont pour seule vocation d’être utilisées par les étudiants dans le cadre de leur cursus
au sein de l’Université de Liège. Aucun autre usage ni diffusion n’est autorisé, sous peine de
constituer une violation de la Loi du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur.
Tables des matières

Fascicule 1 : Introduction générale

1. INTRODUCTION
2. UTILITE DE LA GEOMECANIQUE
3. COMMENT ABORDER UN PROBLEME DE GEOMECANIQUE APPLIQUEE
4. NATURE, ORIGINE ET STRUCTURES DES MATERIAUX

Fascicule 2 : Milieux granulaires

1. DEFINITIONS
2. CARACTERISTIQUES DES GRAINS
3. CARACTERISTIQUES VOLUMIQUES D'UN MILIEU TRIPHASIQUE
4. CARACTERISTIQUES MASSIQUES D'UN MILIEU TRIPHASIQUE
5. GRANULOMETRIE
6. NOTIONS DE POROSITE (OU DE COMPACITE)
7. SURFACE SPECIFIQUE

Fascicule 3 : L'eau dans les sols

1. NOTIONS DE CONTRAINTE EFFECTIVE ET DE CONTRAINTE TOTALE


2. NOTION DE POTENTIEL HYDRAULIQUE ET DE GRADIENT HYDRAULIQUE
3. DETERMINATION DU COEFFICIENT DE PERMEABILITE
4. ECOULEMENT DANS LES SOLS
5. DETERMINATION DE LA PRESSION INTERSTITIELLE
6. ENTRAINEMENT DES PARTICULES D'EAU
7. CAPILLARITE
Fascicule 4 : Propriétés mécaniques

1. CONVENTION DE SIGNE DES CONTRAINTES – CERCLE DE MOHR


2. INTRODUCTION
3. COMPRESSION OEDOMETRIQUE
4. COMPRESSION TRIAXIAL
5. CISAILLEMENT DIRECT
6. PRESSIOMETRE (MENARD)
7. ESSAIS DE PENETRATION
8. ESSAIS DE CHARGEMENT SUPERFICIEL A LA PLAQUE

Fascicule 5 : Etat de contraintes dans les sols

1. RELATIONS ENTRE LES PRESSIONS LATERALES ET LES DEFORMATIONS


LATERALES DANS UN MASSIF DE SOL
2. THEORIE DE RANKINE (1860)

Fascicule 6 : Fondations superficielles

1. INTRODUCTION
2. CALCUL DE LA FORCE PORTANTE - METHODE CLASSIQUE
3. CALCUL DES TASSEMENTS - METHODE CLASSIQUE
4. METHODES BASEES SUR DES ESSAIS IN SITU
5. ASPECTS TECHNOLOGIQUES ET PROBLEMES DE MISE EN OEUVRE
6. CALCUL ORGANIQUE DES FONDATIONS DIRECTES
7. PATHOLOGIE - CAS REMARQUABLES - SYNTHESE

Fascicule 7 : Fondations profondes

1. INTRODUCTION
2. LES DIFFERENTS TYPES DE FONDATIONS PROFONDES
3. GENERALITES SUR LA FORCE PORTANTE D’UN PIEU
4. DETERMINATION DE LA FORCE LIMITE D’UN PIEU
5. CHARGE LIMITE D’UN GROUPE DE PIEUX
6. CHARGE ADMISSIBLE D’UN PIEU OU D’UN GROUPE DE PIEUX
7. PIEUX CHARGES DE FAÇON QUELCONQUE
8. PROJETS DE FONDATIONS PROFONDES
Fascicule 8 : Stabilité des pentes et des talus

1. INTRODUCTION
2. CLASSIFICATION DES MOUVEMENTS DE TERRAIN
3. DESCRIPTION DES PRINCIPAUX TYPES DE MOUVEMENTS
4. CALCUL DE LA STABILITE EN RUPTURE CIRCULAIRE
5. STABILITE EN RUPTURE PLANE
6. STABILITE EN RUPTURE NON CIRCULAIRE
7. CONFORTEMENT DES TALUS
8. CAUSES DE RUPTURE

Fascicule 9 : Ouvrages de soutènement

1. INTRODUCTION GENERALE
2. ACTIONS SUR LES OUVRAGES
3. LES OUVRAGES A GRAVITE
4. LES RIDEAUX DE PALPLANCHES

Fascicule 10 : Routes

1. ETUDE DU TRACE
2. DIMENSIONNEMENT DES STRUCTURES DE CHAUSSEES
3. ENROBES HYDROCARBONES ROUTIERS
4. BETONS ET AUTRES MATERIAUX ROUTIERS
5. COMPLEMENTS SUR LES ROUTES
GEOTECHNIQUE

Fascicule I

Introduction générale

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
FASCICULE 1

INTRODUCTION GENERALE

_____________________________________________________________________

TABLE DES MATIERES


1. INTRODUCTION ................................................................................................ 4
1.1. Présentation du cours ....................................................................................................................... 4

1.2. Normes, recommandations, cahiers des charges ..................................................................... 4

1.3. Unités et symboles ............................................................................................................................. 6

2. UTILITE DE LA GEOMECANIQUE .................................................................... 7


2.1. Stabilité des pentes naturelles et des talus ................................................................................. 7

2.2. Ouvrages de soutènement ............................................................................................................... 8

2.3. Fondations............................................................................................................................................ 9

2.4. Routes ................................................................................................................................................. 10

2.5. Les ouvrages en terre et en enrochements ............................................................................... 10

2.6. L'eau dans les sols ........................................................................................................................... 10

2.7. Terrains nécessitant une attention particulière ........................................................................ 11


2.7.1. Terrains vaseux ou tourbeux.................................................................................................... 11
2.7.2. Terrains gonflants ....................................................................................................................... 12
2.7.3. Terrains gélifs............................................................................................................................... 12
2.7.4. Sols dont la résistance diminue avec le temps ................................................................... 12
2.7.5. Sols dont la résistance diminue avec le remaniement ...................................................... 13

3. COMMENT ABORDER UN PROBLEME DE GEOMECANIQUE APPLIQUEE14


3.1. Définition du projet........................................................................................................................... 14

3.2. Reconnaissance préalable du site ............................................................................................... 14

3.3. Emission d'hypothèse de travail concernant les caractéristiques géotechniques du site


............................................................................................................................................................... 14

3.4. Définition des reconnaissances ................................................................................................... 15

3.5. Etablissement d’un modèle de travail du terrain...................................................................... 15

3.6. Etude de projets alternatifs ............................................................................................................ 15

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3.7. Etablissement du cahier des charges et des plans, du constructeur................................. 15

3.8. Suivi de l’exécution .......................................................................................................................... 15

3.9. Examen du comportement de la construction dans le temps .............................................. 15

4. NATURE, ORIGINE ET STRUCTURES DES MATERIAUX ............................ 16


4.1. Sols....................................................................................................................................................... 16
4.1.1. Origines .......................................................................................................................................... 16
4.1.2. Nature des sols ............................................................................................................................ 17
4.1.3. Structure des sols ....................................................................................................................... 21

4.2. Description générale d'un terrain ................................................................................................. 23

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Introduction générale 1—4

1. Introduction

1.1. Présentation du cours

Le cours de Géotechnique a pour but, d'une part, de permettre aux futurs ingénieurs
qui seront impliqués dans des travaux de génie civil de concevoir et de réaliser des ouvrages
d’infrastructures courants dans des sites de caractéristiques communes et, d'autre part, de leur
fournir les éléments nécessaires pour être à même de déceler les possibilités de problèmes
plus difficiles à résoudre dans des sites particuliers et nécessitant le recours à des
géomécaniciens spécialisés.
Pour concevoir convenablement les ouvrages d'infrastructures (fondations,
soutènements, voies de communication,...) ou s'assurer de la stabilité d'un talus, il est
primordial de comprendre le comportement des terrains.
Avant d'aborder l'étude des sols meubles, nous nous intéresserons d'abord plus
généralement aux propriétés des milieux granulaires (chapitre 2) utilisés en constructions du
génie civil, dont les sols font partie.
L'hydraulique des sols et des roches sera abordée dans le chapitre 3. Compte tenu des
effets néfastes que l'eau peut avoir sur la stabilité des terrains, il est fondamental de très bien
comprendre ses modes d'actions.
Le chapitre 4 traite des caractéristiques mécaniques des sols qui sont nécessaires pour
toute étude de stabilité des massifs de terrains sollicités par leur poids propre et
éventuellement par des efforts extérieurs.

L’état de contraintes dans les sols est analysé au chapitre 5. L’état au repos et les états
ultimes sont discutés.

1.2. Normes, recommandations, cahiers des charges

Dans ce cours, comme dans beaucoup d'autres enseignements du génie civil, il sera
souvent fait référence à des "Normes", à des "Recommandations" et à des "Cahiers généraux
des charges" ou "Cahier des charges type...".
Les "Normes" sont des documents nationaux ou internationaux qui standardisent les
produits et méthodes d'essais. Leur application est légale. En Belgique, c'est l'Institut Belge de
Normalisation, IBN qui édite les Normes belges, Belgische Normen, NBN. Lorsqu'il n'existe
pas de normes belges, il est généralement fait référence à des normes étrangères, notamment :
- les DIN (Deutches Institut für Normung) qui couvrent de très nombreux
produits et méthodes d'essais,
- les AFNOR (Association Française de Normalisation),

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Introduction générale 1—5

- les ASTM de l'"American Society for Testing and Materials" qui sont
probablement les plus complètes,
- les SNV (Schweizerische Normenvereinigung, Association Suisse de
Normalisation),
- les BS (British Standands),
- les normes ISO de l'"International Standardization Organization",
- et, plus récemment, les EURONORMES ou EUROCODES, encore peu
nombreuses.
Ces normes sont établies par des commissions regroupant des spécialistes, elles sont
ensuite soumises à une enquête publique, et finalement éditées.
Les "Recommandations" et "Codes de bonne pratique" émanent de sociétés
scientifiques ou de centres de recherches nationaux ou internationaux, ce sont des manuels de
bon usage mettant un peu d'ordre dans la diversité des méthodes et produits proposés. En
Belgique, les Centres de Recherches des associations professionnelles sont très actifs, par
exemple :
- le C.S.T.C. (Centre scientifique et technique de la construction),
- le C.R.R. (Centre de recherches routières),
- l'A.B.E.M. (Association belge pour l'étude et l'emploi des matériaux).

En France, il faut citer le L.C.P.C. (Laboratoire central des ponts et chaussées) et le


L.N.T.P.B. (Laboratoire national des travaux publics et du bâtiment); en Grande-Bretagne, le
R.R.E. (Road research establishment) et B.R.S. (Building research station); au Portugal, le
L.N.E.C. (Laboratorio nacional de engenharia civil); en Italie, l'I.S.M.E.S. (Instituto
sperimentale modelli e strutture); en Suisse, la S.I.A. (Société des ingénieurs et architectes) et
aux U.S.A., l'A.S.S.H.O. (American association of state highway officials).
Au niveau international, on peut énumérer avec leurs associations belges
correspondantes :
- la S.I.M.S.T.F.(Société internationale de mécanique des sols et des travaux de
fondations) et le G.B.M.S (Groupement belge de mécanique des sols et des
travaux de fondation);
- la S.I.M.R.(Société internationale de mécanique des roches) et l’A.I.G.I.
(Association internationale de géologie de l'ingénieur)et la SBGIMR. (Société
belge de géologie de l’ingénieur et de mécanique des roches);
- la C.C.E. (Commission des communautés européennes) édite des Eurocodes
en vue d'éliminer les entraves causées par les règles divergentes et de définir
des règles techniques communes. Citons l'Eurocode 1 : Règles communes
unifiées pour différents types de constructions et matériaux et l'Eurocode 7 :
Fondations.

Les "cahiers des charges" sont des documents contractuels entre le maître de l'ouvrage
et l'entrepreneur. En ce qui concerne ce cours, ce sont les "cahiers généraux des charges" ou

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Introduction générale 1—6

"cahiers des charges type..." du M.T.P. (Ministère des travaux publics), et du M.E.T
(Ministère wallon de l'équipement et des transports) qui sont les plus importants, car les
organismes publics et privés s'y réfèrent généralement dans les "cahiers spéciaux des charges"
qui sont spécifiques à chaque contrat d'entreprise.
Citons, à titre d'exemple :
- le "cahier des charges - type 150" de l'Administration des Routes du M.T.P.,
édition 1978 et le document correspondant de la Région Wallonne désigné par
"type 300";
- le "cahier général des charges pour travaux de construction privée" édité par
la Chambre des Architectes de Belgique.

1.3. Unités et symboles

Il sera fait usage, autant que possible, du système d'unités légales belges. Il comprend,
d'une part, les unités du Système International (S.I.) définies par la norme ISO 1000-1973 et,
d'autre part, les unités utilisées de manière habituelle en Belgique, elles font l'objet de la
norme NBN X 02-001.
Les grandeurs et symboles utilisés le plus couramment dans les sciences et la
technique sont, quant à eux, définis dans la norme NBN X02-002 conformément à la norme
ISO 31.
Les définitions et notations seront autant que possible conformes à la "Liste des
symboles, unités, définitions" publiée par la S.I.M.S.T.F. dans les comptes-rendus du 9ème
congrès international de mécanique des sols et des travaux de fondations, à Tokyo en 1977.

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Introduction générale 1—7

2. Utilité de la géomécanique

Avant d'aborder la mécanique des sols et des roches, il est utile de citer quelques
problèmes importants relevant de la géomécanique et qui se posent aux ingénieurs, ceci dans
le but de mettre en évidence les propriétés du matériau qu'il est nécessaire de déterminer pour
résoudre ces problèmes.

2.1. Stabilité des pentes naturelles et des talus

Exemples de massifs instables :


- colline de Cointe (rue H. Maus, aux Guillemins, rue Côte d'Or, à l'hôpital
du Petit Bourgogne, ...);
- campagne de Renory;
- mont Toc (barrage du Vajont hauteur = 265 m, rupture en 1963, environ
2000 morts).

Sollicitation principale : le poids propre.

Sollicitations additionnelles éventuelles :


- charges extérieures :
 verticales, (remblais, ...);
 inclinées (culées, ancrages, ouvrages de retenue);
- effet sismique : forces massiques de direction et amplitude variables;
- forces hydrostatiques et hydrodynamiques (poussée d'Archimède et
pression de courant).

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Introduction générale 1—8

Caractéristiques du terrain nécessaires à l'étude :


- poids volumique du sol (éventuellement déjaugé);
- résistance du terrain;

2.2. Ouvrages de soutènement

L'interaction d'un ouvrage de soutènement et du massif retenu est très complexe. Les
contraintes à l'interface dépendent en effet de nombreux facteurs dont les principaux sont :
 les lois de comportement du massif;
 le chemin des contraintes antérieures et de celles dues à l'ouvrage, qui dépend
principalement:
- du type de mur (surtout de sa raideur et de celle de sa fondation);
- du mode de construction;
 les sollicitations dues à la présence éventuelle d'eau.

La méconnaissance quasi inévitable d'un de ces facteurs conduit au fait qu'il n'est, le
plus généralement, pas possible de connaître la répartition réelle des contraintes existant sur
les faces des ouvrages de soutènement ou d'ailleurs de tout ouvrage enterré.
On peut se rendre compte de cette impossibilité en imaginant une paroi fictive dans un
terrain. Les contraintes sur cette paroi dépendent de "l’histoire" du massif, notamment de
surcharges éventuelles qu'il a dû supporter, elles ne peuvent être estimées que d'une façon
approximative. Remarquons, d'autre part, qu'elles ne peuvent pas être mesurées non plus,
l'introduction de tout instrument dans le massif perturbant inévitablement l'état de contrainte
que l'on veut précisément déterminer.

Si l'on veut excaver la partie A du


massif située d'un côté de la paroi fictive,
il faut remplacer celle-ci par une paroi
réelle.

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Introduction générale 1—9

Les déplacements et les déformations de cette dernière modifient l'état de contrainte du


massif B et, plus particulièrement, l'action sur la paroi. Celle-ci diminue lorsque le massif se
détend et croît lorsque le massif est comprimé. La rupture se produit, soit quand l'action des
terres sur la paroi atteint une valeur minimum qui correspond à l'éboulement des terres, soit
quand la butée de la paroi atteint la valeur de l'effort de refoulement du massif. Il se peut,
d'ailleurs, que les conditions soient telles que
certaines zones du massif soient détendues et que
d'autres soient recomprimées, comme par exemple
dans le cas d'une paroi simple (palplanches
métalliques) étançonnée rigidement.
La complexité du problème est telle que, par
manque de connaissance d'une loi satisfaisante de
comportement du sol et de l'évolution des conditions
aux limites lors de la construction, on doit se
contenter, presque toujours, de calculer les
contraintes correspondant à un état de rupture et non
à l'état de service.
Il est donc important de pouvoir déterminer
les caractéristiques de résistance des sols et la
cinématique de la rupture à défaut de pouvoir
considérer des modèles rhéologiques valables qui
permettraient de calculer les contraintes et
déplacements de l'ouvrage en service.

2.3. Fondations

Pour qu'une fondation soit satisfaisante, il faut que les déformations totales et
différentielles soient limitées à des valeurs admissibles pour la superstructure et que la
sécurité vis-à-vis de la rupture soit également suffisante, compte tenu de la dispersion
relativement grande et des variations parfois importantes des caractéristiques mécaniques du
terrain et compte tenu aussi de la sécurité habituellement prise en compte sur les valeurs des
charges.
Le sol étant généralement le matériau le moins résistant, le plus hétérogène et le plus
sensible aux conditions de l'environnement, il est une des causes les plus fréquentes de
dommages aux structures. Il y a donc lieu de porter une attention particulière à la
reconnaissance géotechnique des sites, à l'étude correcte des caractéristiques du sol et à
l'élaboration d'un projet en tenant compte des réalités et en se basant sur des méthodes ayant
fait leurs preuves.

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Introduction générale 1 — 10

Les lois de comportement des sols étant encore mal connues, il est habituel d'envisager
d'abord les calculs des charges admissibles des fondations imposées par les critères de rupture
et de contrôler le respect des critères de déformation.

2.4. Routes

Les sollicitations du sol de fondation sont répétées, des problèmes de fatigue peuvent
donc apparaître. Le comportement sous charges cycliques doit donc être étudié si l'on veut
aborder scientifiquement un projet de route.

2.5. Les ouvrages en terre et en enrochements

Quand le sol est utilisé comme matériau de construction, on peut plus aisément
contrôler ses propriétés en adoptant des méthodes de mises en œuvre adéquates.
La résistance et la rigidité d'un sol donné augmentant avec le degré d'enchevêtrement
des grains, c'est-à-dire avec sa compacité, l'importance d'un bon compactage apparaît
immédiatement. Il y a donc lieu de consacrer un chapitre de la mécanique des sols à ce
problème.

2.6. L'eau dans les sols

L'eau est quasi toujours "l'ennemi numéro un" du géotechnicien.


Elle a deux effets principaux sur la bonne tenue des terrains:
 le premier se manifeste par une variation éventuellement très grande des propriétés
mécaniques de résistance;
 le second est de nature purement hydraulique pour les terrains immergés et est souvent
séparé en deux :
- d'abord un effet hydrostatique (Poussée d'Archimède) qui réduit les
pressions de contact entre grains de sols et, en conséquence, la résistance au
frottement du terrain;
- ensuite, un effet hydrodynamique éventuel qui se traduit par un effort sur
les particules du terrain, dirigé suivant le sens d'écoulement de l'eau.
Un chapitre du cours devra donc être consacré à l'étude de ces effets de la seconde
classe qui peuvent être la cause d'instabilités, notamment d'érosions, régressives (renards) très
redoutées des ingénieurs parce que brutales et généralement incontrôlables.

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Le premier effet
sera considéré dans le
chapitre consacré à la
résistance des sols.

2.7. Terrains nécessitant une attention particulière

2.7.1. Terrains vaseux ou tourbeux

Ces sols de caractéristiques médiocres à cause de leur manque de consolidation et de


la présence de grandes quantités d'eau, et de matières organiques conduisent à des tassements
considérables même sous faibles charges.

Sur certains de ces sols alluvionnaires organiques récents, un remblai de terres


s'enfonce parfois presque complètement, le refoulement latéral du sol de fondation provoque
souvent des ruptures du remblai; les maisons très légères par exemple en bois doivent être
fondées sur pilotis ce qui n'évite pas qu'elles s'enfoncent lentement.
Une amélioration (consolidation) préalable à toute construction est souvent
indispensable.
Il faut, d'autre part, être attentif à ne pas rabattre la nappe, la surcharge provoquée par
la disparition de la poussée d'Archimède conduisant inévitablement à des tassements parfois
très importants et souvent même à grande distance du point de rabattement.

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Introduction générale 1 — 12

2.7.2. Terrains gonflants

Certaines argiles, principalement celles


contenant de la montmorillonite, gonflent par
Bâtiment adsorption d'eau quand elles ne sont pas
soumises à une compression suffisante et,
inversement, se contractent lors d'un
assèchement. Ce phénomène est très gênant
couche
pour les constructions légères ou les éléments
pieux gonflante
de construction peu pesants reposant sur ce type
de sols soumis à des variations de sa teneur en
eau. Il faut donc, dans le cas de sols gonflants,
déterminer les caractéristiques de gonflement et
couche stable prévoir des dispositifs tendant à éviter dans
toute la mesure du possible les variations de teneur en eau. On peut aussi isoler de la
construction elle-même la zone où des variations de volume se produisent.

2.7.3. Terrains gélifs

Un sol en contact avec de l'eau et soumis à des températures inférieures à 0°C est
susceptible, si certaines autres conditions existent, de gonflements très importants (plus de
100 %). Il se forme des lentilles de glace qui, au dégel, sursaturent le sol, car le drainage est
empêché par la glace sous-jacente non encore fondue. Le terrain n'a alors pratiquement plus
aucune résistance. C'est un problème auquel il faut être très attentif pour les fondations,
notamment pour celles des routes. Les propriétés de perméabilité et de capillarité du sol sont
primordiales pour concevoir des fondations à l'abri de l'effet du gel.

2.7.4. Sols dont la résistance diminue avec le temps

Certaines argiles, comme celle de Londres, peuvent être le siège d'un phénomène
assimilable à un vieillissement sous contraintes qui se manifeste, notamment, par la rupture
différée de talus. C'est un comportement malaisé à prévoir en se basant sur des études de
laboratoire qui forcément sont trop courtes. Il y a donc lieu, en plus, de tenir compte de
l'expérience acquise pour les matériaux identiques ou très proches.

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Introduction générale 1 — 13

2.7.5. Sols dont la résistance diminue avec le remaniement

"Quick clays"

Une modification de la structure


de ces sols leur fait perdre leur
consistance et leur comportement se
rapproche de celui d'un liquide visqueux.
C'est notamment le cas des argiles
surconsolidées scandinaves et
canadiennes. Il s'agit de dépôts marins qui
ont été lavés par les eaux phréatiques qui ont dissout le sol résiduel des pores et modifié les
couches doubles des minéraux. Ceci conduit au fait que le matériau voit sa résistance initiale
diminuer et sa sensibilité au remaniement augmenter (la résistance du sol remanié peut être de
deux, voire même de trois ordres de grandeur plus petite que celle du sol vierge).
Les "quick clays" sont fréquemment la cause de glissements importants pouvant
emporter des constructions sur des centaines de mètres à des vitesses de quelques dizaines de
kilomètres par heure. Ils sont souvent déclenchés par des remaniements locaux ou des
entraînements hydrodynamiques de particules.
Les masses énormes des pentes susceptibles d'être instables dans les pays nordiques et
en conséquence les coûts prohibitifs des travaux de stabilisation posent des problèmes de
conscience grave aux responsables techniques et politiques de ces pays.

"Quick sands"

Lorsque des sables, généralement fins, sont dans un état lâche et sont sous eau, une
modification locale de leur structure peut provoquer une mise en suspension des grains. Le
comportement de ces matériaux appelés "sables mouvants" (quick sands) est alors celui d'un
liquide, toute portance disparaît ce qui conduit à l'enfoncement de toutes constructions et toute
surface libre tend vers l'horizontale. C'est le phénomène de liquéfaction.

"Cendres volantes"

Pour certains matériaux artificiels, tels que les cendres volantes provenant de la
combustion de charbons pauvres broyés finement, la mise en suspension peut avoir lieu aussi
dans l'air. Il en résulte un phénomène d'avalanche.
Pour maîtriser ces phénomènes souvent très graves, il faut étudier l'influence de la
porosité sur la résistance au cisaillement et réduire celle-ci sous une valeur critique.

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3. Comment aborder un problème de géomécanique


appliquée

Remarquons d'abord que le géomécanicien doit travailler avec des matériaux naturels
très hétérogènes et dont les propriétés sont aussi variables dans le temps en fonction de
nombreux facteurs.
Les caractéristiques des massifs sont, de plus, malaisées à déterminer à cause, d'une
part, de leur hétérogénéité et, d'autre part, de la difficulté même d'exécuter des essais
représentatifs des phénomènes réels. Si bien que la détermination des caractéristiques
physico-chimiques et mécaniques fait généralement partie intégrante de la solution du
problème géotechnique considéré.
Le schéma de la conduite à tenir est donné ci-après, il peut évidemment différer
légèrement d'un type de problème à un autre.

3.1. Définition du projet

 Définition du but.
 Délais des études et de la réalisation.
 Prévision du nombre, du type et de la localisation des différentes constructions.
 Prévisions de l'extension future du projet.
 Utilisations potentielles du projet.
 Sollicitations spéciales ou inhabituelles prévues.

3.2. Reconnaissance préalable du site

 Collecte des données existantes sur le site et aux environs.


 Visite du site et de ses environs.
 Reconnaissance géologique.

3.3. Emission d'hypothèse de travail concernant les


caractéristiques géotechniques du site

Ces hypothèses de travail sont émises compte tenu des points 3.1 et 3.2.

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3.4. Définition des reconnaissances

Cette reconnaissance, basée sur les hypothèses de travail du point 3.3, définira le
nombre, le type et la profondeur des essais in situ et des prélèvements pour examens en
laboratoire ainsi que le nombre et le type d'essais en laboratoire. Suivant les résultats des
essais en cours, le programme devrait idéalement pouvoir être adapté.

3.5. Etablissement d’un modèle de travail du terrain

La dispersion habituelle des résultats de la reconnaissance et des essais in situ nécessite


l'idéalisation des caractéristiques pour définir un modèle de calcul suffisamment simple,
permettant aussi de limiter le nombre d'essais en laboratoire.

3.6. Etude de projets alternatifs

Ces projets alternatifs sont établis pour mieux s'adapter aux conditions déterminées du
sous-sol. Choix du ou des projets à retenir.

3.7. Etablissement du cahier des charges et des plans,


du constructeur

3.8. Suivi de l’exécution

Ce suivi est particulièrement nécessaire pour l'établissement des fondations, notamment


pour l'approbation de leurs niveaux. L'étude du terrain doit se poursuivre au cours des travaux
de fondation, si les conditions rencontrées diffèrent des conditions prévues pour le modèle
établi, il y a lieu d'adapter le projet ou même de le modifier complètement.

3.9. Examen du comportement de la construction dans


le temps

Cette dernière phase est rarement exécutée, sauf en cas de dégradations majeures ou de
constructions très importantes de génie civil (barrages, grands ponts,...). Elle est pourtant
fondamentale pour l'estimation de la valeur de l'étude géotechnique et l'affinement des
méthodes utilisées ultérieurement.

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4. Nature, origine et structures des matériaux

4.1. Sols

La description des sols qui suit essaye de mettre en évidence les éléments qui
influencent les caractéristiques mécaniques considérées dans la suite de ce cours.

4.1.1. Origines

Les sols sont des résidus de l'altération des massifs rocheux en surface et qui n'ont pas
été relapidifiés comme les roches sédimentaires. Ce sont donc des corps formés de particules
solides non recimentées, c'est donc un granulat nommé souvent matériau meuble.
Le matériau altéré peut :
 être emporté par des vents, des ruissellements, des rivières, des glaciers, des courants
marins;
 et être redéposé ailleurs, ce sont les sols sédimentaires, les colluviums;
 ou être déplacé par glissements, fluages, chutes, éboulements,... ce sont les éluviums,
les éboulis de pentes,...

Au cours de ces mouvements et après la mise en place du sol, l'altération continue


souvent à dégrader les particules.
Parfois, les sols restent en place, ce sont les sols résiduels.
Les processus de transport, de dépôt et les modifications des conditions ultérieures
influencent fortement la structure du matériau et donc ses propriétés physiques et mécaniques.
La plupart des sols rencontrés par les constructeurs sont des sols transportés par l'eau.
Dans les hautes vallées et sur leurs flancs, les éluviums sont formés de matériaux de
toutes tailles, souvent assez instables. Les grains les plus fins sont lavés par les pluies et
emportés, les blocs sont disloqués par les agents atmosphériques, ils sont aussi entraînés par
les torrents puis par les rivières, d'autant plus loin qu'ils sont petits et qu'ils se roulent. Les
matériaux les plus fins se déposent dans les estuaires où la vitesse des courants a
suffisamment diminué et où la salinité de l'eau de mer fait floculer les matériaux colloïdaux. Il
apparaît donc un classement des matériaux, qui conduit à des propriétés très différentes de
l'amont où les matériaux sont grossiers, à l'aval d'un cours d'eau où les dépôts sont fins, très
poreux et saturés.
Les dépôts éoliens (par exemple, limon de Hesbaye) ont des caractéristiques très
différentes. Les matériaux les plus gros que le vent peut transporter sont les sables, qui se
déposent en premier lieu en formant des dunes de matériaux d'ailleurs classés. Les matériaux

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Introduction générale 1 — 17

plus fins peuvent être soulevés dans la haute atmosphère et transportés sur des centaines, voire
des milliers de kilomètres, puis déposés en massifs non stratifiés comme les formations
fluviales. Ces formations ne sont généralement pas saturées.
L'influence des glaciers, de l'époque des grandes glaciations, est encore très apparente
actuellement, non seulement par les vallées de forme typique en U, mais aussi par les
moraines importantes qui sont des sols souvent tout-venant et grossiers, sans éléments fins
s'ils ont été lessivés par les eaux de fonte. Une autre trace laissée par les glaciers qui
recouvraient des argiles est la grande compacité de celles-ci qui se manifeste par une grande
résistance se réduisant très fortement lors d'un remaniement.
Certains sols peuvent contenir également des résidus de végétaux, ce sont les sols
organiques (tourbes, vases,...).

4.1.2. Nature des sols

La composition minéralogique des sols dépend directement de celle de la roche mère.


L'altération peut cependant modifier cette composition (dissolution de certains sels par l'eau,
réaction avec le CO2, avec les acides organiques, échanges ioniques,...).
On pourrait croire que les caractéristiques physiques et mécaniques des sols dépendent
de leur nature d'une façon importante et qu'il serait donc possible de déduire le comportement
d'un sol à partir de la connaissance de sa minéralogie. En réalité, cela est une illusion car de
nombreux autres facteurs interviennent (porosité, structure, teneur en eau, vitesse de
sollicitation,...).
Cependant, pour les sols fins, certaines propriétés peuvent être prédites à partir de la
composition minéralogique qui peut alors être utile parce que plus facile à réaliser que les
essais géotechniques dont on peut ainsi réduire le nombre.
Les minéraux de loin les plus abondants dans les sols sont les silicates qui forment 90
% des sols mondiaux. Les autres composants sont, principalement, des carbonates, des
phosphates, des oxydes,... et aussi parfois des matières organiques.

4.1.2.1. Les matériaux non argileux

Ces matériaux sont généralement de plus grandes dimensions que les argiles. Ils ne
sont pas formés de plaquettes. La surface spécifique (rapport de volume à la surface d'un
grain) est suffisamment petite pour que les forces électrostatiques de surface soient
suffisamment faibles pour être négligeables vis-à-vis des forces massiques.
Les pressions considérées en mécanique des sols sont trop faibles pour que la
fracturation des particules soit importante De ce fait, les propriétés des matériaux non
argileux dépendent essentiellement de la forme, de la nature des particules et de

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Introduction générale 1 — 18

l'enchevêtrement de celles-ci, elles sont relativement peu affectées par leur nature et par la
présence d'eau.

4.1.2.2. Les argiles

Les particules d'argiles sont généralement très petites (< 2m). Elles sont composées
de silicates hydratés d'aluminium et partiellement
O--
de magnésium,... se présentant sous différentes (OH)-
Si++++
formes qui peuvent être classées en trois Al+++

principaux sous-groupes (kaolinites, illites et


montmorillonites). Ce sont des silicates
lamellaires ou phyllosilicates qui résultent de 4O--
4Si++
6O--
l'empilement de deux formes minéralogiques de
Si
base : les feuillets tétraédriques et les feuillets
octaédriques. Les premiers sont composés de Feuillet tétraédrique
6(OH)-
tétraèdres de SiO4, avec leur base dans un même 4Al+++
6(OH)-
plan, pointant leur sommet du même côté et G
formant un réseau plan d'anneaux hexagonaux.
Ces feuillets sont chargés négativement. Les Feuillet octaédrique (Gibbsite)

seconds sont composés d'octaèdres de Al(OH)6 (ou éventuellement de Mg(OH)6) formant


également un réseau d'anneaux hexagonaux. Ces feuillets de gibbsite (ou de brucite) sont
neutres électriquement. La disposition des atomes de ces deux différents feuillets est telle
qu'ils peuvent se superposer intimement, de relativement fortes liaisons les fixant.
La kaolinite est un empilement de feuillets doubles tétraédriques et octaédriques
d'épaisseur de 0,72 nm. Les liaisons sont dues à H+ (liaisons ioniques ou électrostatiques) et à
des valences secondaires, elles sont fermes. La kaolinite résulte d'une altération en climat
chaud et humide. Ses caractéristiques sont relativement peu influencées par l'eau.

KAOLINITE
Liaison
forte
Liaison
faible
0.72 nm

La montmorillonite est un empilement de feuillets triples composés d'un feuillet


octaédrique compris entre deux feuillets tétraédriques. L'Al+++ des couches octaédriques peut
être plus ou moins remplacé par du Mg++ ou du Fe+++; parfois aussi le Si++++ des couches
tétraédriques est remplacé par de l'Al+++ la liaison entre les différentes tricouches est très

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Introduction générale 1 — 19

faible et l'eau peut entrer entre les feuilles triples et causer ainsi un gonflement. Celui-ci peut
être très gênant pour les fondations et les supports d'ouvrages souterrains. La montmorillonite
provient de sédiments des régions semi-arides ou de l'altération marine de cendres
volcaniques. Elle est l'élément principal de la bentonite.

L'illite (mica) est formée des mêmes feuillets triples que la montmorillonite mais
solidarisés fermement par des valences secondaires et des ions K+. Certains Si++++ sont
remplacés, d'une manière générale, par des Al+++. L'illite n'est pas gonflante, contrairement à
la montmorillonite. Elle provient principalement de l'altération des sols des régions arides et
aussi tempérées. Elle a une sensibilité à l'eau intermédiaire entre celle de la kaolinite et de la
montmorillonite.
ILLITE
Si
G
Si
K+ K+ K+
Si
G
Si

Les grains d'argile sont constitués d'un empilement de phyllosilicates (ou silicates
lamellaires), souvent de plusieurs natures. A cause de la structure de ces phyllosilicates, les
grains ainsi formés sont de forme aplatie et leurs faces sont chargées négativement.
L'épaisseur des grains dépend de la grandeur des forces d'attraction entre feuillets.
Ainsi pour les montmorillonites, l'épaisseur n'est que de quelques feuillets (quelques nm).
Pour la kaolinite l'épaisseur est comprise entre 50 nm et 2 m. Pour l'illite elle est de quelque
300 nm.

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Introduction générale 1 — 20

Les diamètres des grains des différentes formes minéralogiques varient moins que leur
épaisseur. Pour la montmorillonite, ils sont compris entre 0,1 et 1 m et pour la kaolinite entre
0,3 et 4 m.
Les argiles sont, le plus habituellement, partiellement ou complètement saturées. Les
eaux interstitielles contiennent, d'autre part, le plus souvent des cations dissous qui peuvent
réagir avec les particules superficielles des grains d'argiles qui sont chargées négativement.
Les propriétés mécaniques dépendent, en conséquence, d'une manière importante de cette
interaction entre les particules solides et l'eau.
Les faces des plaquettes d'argiles, chargées négativement attirent et fixent plus moins
rigidement les anions présents dans l'eau, c'est le phénomène d'adsorption. Les molécules,
même d'eau, qui forment des dipôles, s'orientent et se fixent à la surface des grains. La
première couche est très dense (40 % en plus que l'eau libre) et formée de molécules bien
orientées; la deuxième est déjà moins polarisée à cause de la forme même des molécules d'eau
et de la présence de cations; à partir de la quatrième ou cinquième, la polarisation devient
faible. L'eau adsorbée a des propriétés proches de celles d'un solide à la surface du minéral et
sa viscosité diminue au fur et à mesure que l'on s'écarte du solide.

Les cations sont également attirés par les surfaces chargées négativement, mais sont
diffusés par leur énergie thermique, leur densité décroît de la surface vers la solution. C'est la
couche double diffuse.

Les propriétés mécaniques des argiles sont grandement influencées par la présence de
la couche d'eau adsorbée et de la couche double diffuse. Les cations de cette dernière peuvent
d'ailleurs être remplacés par d'autres et une modification des propriétés peut ainsi prendre
place.

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Introduction générale 1 — 21

4.1.3. Structure des sols

La structure d'un sol est définie d'abord par le mode de rangement des grains et aussi
par leurs interactions réciproques. Cette structure influence grandement les propriétés
physiques et mécaniques.

4.1.3.1. Sols non cohérents

Les sols non cohérents, parfois aussi appelés sols granulaires ou sols pulvérulents, sont
des matériaux pour lesquels l'effet des forces électriques de surface est nul ou négligeable; les
grains ne sont donc pas de nature argileuse, ils sont généralement plus ou moins sphériques ou
cubiques. Dans ce cas, le sol peut être considéré comme un empilement de grains dont le
déplacement relatif est empêché uniquement par les forces de frottement et de roulement
résultant des efforts volumiques, extérieurs ou capillaires.
La structure pour ces matériaux est principalement influencée par la forme des grains
et leur distribution en dimensions, la nature des grains est peu importante. Pour les matériaux
remaniés, l'énergie de compactage a aussi une certaine influence sur la structure.
La porosité dépend de la répartition des grains de dimensions différentes. Pour une
répartition optimale, la porosité peut se réduire à des valeurs minima d'environ 15 % comme
pour les matériaux à granulométrie discontinue. Pour arriver à une porosité aussi faible, il faut
le plus généralement corriger la granulométrie par adjonction de matériaux uniformes de
dimensions déterminées, ou parfois par retrait.

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Introduction générale 1 — 22

La forme des grains et leur état de surface jouent aussi un rôle dans la structure. C'est
ainsi que les variations de porosité d'un gravier ou d'un sable de rivière sont assez faibles, les
grains se déplaçant aisément les uns par rapport aux autres, tandis que pour des matériaux
concassés ou des sables anguleux, la difficulté de glissement des grains fait que la porosité à
l'état non tassé est faible comparée à celle de l'état serré obtenu par vibration, par exemple.
Lorsque le matériau est légèrement humide, il se forme des ménisques autour des
points de contact des grains, ce qui augmentent les efforts de contact et, par conséquence, le
frottement. La structure de tels matériaux, surtout lorsqu'ils sont fins, peut être poreuse et
assez instable quand les efforts capillaires disparaissent, soit par évaporation de l'eau, soit par
saturation du milieu (structure en nids d'abeilles).
Une structure poreuse peut aussi provenir du lessivage des éléments fins, la structure
est alors très poreuse et parfois instable (sol à structure écrasable). Elle est très dangereuse,
surtout sous eau, en effet quand les grains se déplacent, ils se séparent, et il se forme une
suspension, donc un milieu sans résistance.

4.1.3.2. Structure des argiles

Les forces de surface sont très importantes comparativement aux efforts massiques et
appliqués. Les forces d'attraction et de répulsion jouent donc un rôle prépondérant dans la
mise en place des plaquettes. Les forces de répulsion dépendent de la concentration en ions de
la solution. Si ces forces sont suffisantes, elles empêchent le contact des plaquettes, et la
structure est dispersée. C'est le cas de concentrations faibles. Dans le cas d'une forte
concentration en ions, des attractions se manifestent et la structure est dite floculée.

Structure argileuse dispersée Structure argileuse floculée

Les plaquettes peuvent être plus ou moins orientées, ce qui se produit principalement
lors d'une consolidation.
En plus des liaisons électriques, des cimentations des grains peuvent se produire et des
efforts capillaires en milieu non saturé peuvent créer des attractions importantes. Des amas de

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Introduction générale 1 — 23

plaquettes en suspension peuvent se former et


sédimenter en flocons; la structure finale présente
alors des vides entre les flocons (structures
floconneuses).

Un remaniement tend à orienter les particules


et à réduire en conséquence la résistance du sol.
Structure floconneuse (argile)

4.1.3.3. Structures argileuses

Des grains de limon ou de sable fin peuvent se


déposer en même temps que l'argile formant ainsi un
milieu à caractère argileux peu perturbé tant que les grains
non argileux ne forment pas une matrice de grains jointifs.

Structure limoneuse

4.1.3.4. Sols organiques

Les tourbes résultent de la décomposition anaérobie de végétaux; suivant l'état de


décomposition elles gardent plus ou moins la structure ligneuse originale très lâche
conduisant à des rigidités très faibles, d'où à des tassements très grands et à des évolutions
rapides des processus de transformation. Certains sables, limons et argiles peuvent aussi
contenir des matières organiques, déposées lors de la formation du massif ou postérieurement;
la structure des matériaux d'origine n'est généralement que peu modifiée par celles-ci.

4.2. Description générale d'un terrain

Un terrain peut être divisé, assez généralement, en deux zones, l'une superficielle située
au-dessus de la nappe phréatique, partiellement saturée et la seconde sous-jacente contenant la
nappe. Plusieurs nappes plus ou moins indépendantes peuvent d'ailleurs exister.
La zone sous la surface de la nappe ou surface phréatique, caractérisée par une pression
hydrostatique non nulle, est très proche de la saturation. Ce milieu peut être considéré comme
biphasique. La nappe est généralement en mouvement, et son niveau variable suivant les
modifications des conditions d'alimentation et de restitution ainsi que des conditions
anthropiques (pompages).

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Introduction générale 1 — 24

La zone supérieure est un milieu triphasique qui peut être divisé en 3 couches :

1) la frange capillaire, qui contient


de l'eau en dépression qui peut
remonter par succion d'eau de la
nappe ;
2) la zone intermédiaire dans
laquelle est retenue de l'eau
d'infiltration par tension
superficielle, capillarité,
adsorption, actions chimiques,...;
cette zone n'est pas affectée par
l'alimentation des végétaux;
3) la zone superficielle qui est
affectée par l'évapotranspiration et
contient de l'eau dite hygroscopique.

Les interstices non occupés par l'eau contiennent le plus souvent de l'air généralement
saturé en vapeur d'eau, toutefois d'autres gaz peuvent être présents. L'équilibre entre les
phases liquide et gazeuse est régi par les lois de la thermodynamique. C'est ainsi que les
variations de solubilité en fonction de la pression et de la température sont importantes en ce
qui concerne les changements de volume de la phase gazeuse.
La phase gazeuse peut aussi être formée de bulles emprisonnées dans la phase liquide,
sous forme d'une émulsion gazeuse ; la pression de gaz diffère évidemment alors de la
pression atmosphérique mais aussi de la pression hydrostatique. Ce gaz peut perturber
considérablement l'écoulement de la nappe par la présence de bulles accrochées au solide.

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GEOTECHNIQUE

Fascicule II

Milieux granulaires

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FASCICULE 2

MILIEUX GRANULAIRES

_____________________________________________________________________

Table des matières

1. DEFINITIONS ............................................................................................................. 4

2. CARACTERISTIQUES DES GRAINS ........................................................................ 6


2.1. Porosité des grains ou d'un matériau rocheux et teneur en eau absorbée par les
granulats.......................................................................................................................................................................... 6

2.2. Masse volumique des grains ...................................................................................................................... 6

3. CARACTERISTIQUES VOLUMIQUES D'UN MILIEU TRIPHASIQUE .................... 10

4. CARACTERISTIQUES MASSIQUES D'UN MILIEU TRIPHASIQUE ...................... 14


4.1. Remarque préliminaire ............................................................................................................................... 14

4.2. Définition des différentes masses........................................................................................................... 14

4.3. Masse volumique d’un milieu granulaire ou d’un sol ........................................................................ 15


4.3.1. Définition .................................................................................................................................................. 15
4.3.2. Mesure de M ............................................................................................................................................. 15
4.3.3. Mesure de V et calcul de ρ ................................................................................................................... 16
4.3.4. Mesures indirectes de ρ ....................................................................................................................... 18

4.4. Masse volumique d’un milieu granulaire ou d’un sol sec ρd ........................................................... 19

4.5. Etat de compacité ........................................................................................................................................ 20


4.5.1. Indice de densité..................................................................................................................................... 20
4.5.2. Densité relative DR.................................................................................................................................. 21
4.5.3. Degré de compaction DC....................................................................................................................... 21
4.5.4. Valeurs ...................................................................................................................................................... 21

4.6. Masse volumique d’un milieu granulaire ou d’un sol saturé ρsat .................................................... 21

4.7. Masse volumique du sol déjaugé ρ' ....................................................................................................... 22

4.8. Teneur en eau w ........................................................................................................................................... 23

4.9. Influence de w sur ρd lors d’un compactage - Essai Proctor ........................................................... 24

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4.9.1. Introduction.............................................................................................................................................. 24
4.9.2. Essais Proctor ......................................................................................................................................... 25
4.9.3. Effets du compactage ........................................................................................................................... 28
4.9.4. Influence de la teneur en eau et du mode de compactage .......................................................... 30

5. GRANULOMETRIE .................................................................................................. 32
5.1. Généralités .................................................................................................................................................... 32

5.2. Tamisage des sols....................................................................................................................................... 33

5.3. Sédimentométrie ou lévigation ................................................................................................................ 34

5.4. Courbes granulométriques des sols ...................................................................................................... 34


5.4.1. Définition .................................................................................................................................................. 34
5.4.2. Caractéristiques des courbes granulométriques........................................................................... 34

6. NOTIONS DE POROSITE (OU DE COMPACITE) ................................................... 37


6.1. Introduction ................................................................................................................................................... 37

6.2. Mélanges de granulats réels ..................................................................................................................... 38

6.3. Notion de granularité continue ................................................................................................................ 38

7. SURFACE SPECIFIQUE .......................................................................................... 39


7.1. Introduction ................................................................................................................................................... 39

7.2. Approche théorique .................................................................................................................................... 39

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Milieux granulaires 2—4

1. Définitions

Les milieux granulaires seront considérés, dans ce cours, dans le sens large de milieux
formés de grains qui sont en contact et qui ont des dimensions comprises entre le micromètre
et le mètre. Nous rejetterons les dénominations plus strictes :
- de milieux formés de granules (petits grains);
- de milieux pulvérulents dont les grains sont à l'état de poussière;
- de granulats définis parfois comme les constituants du béton (Larousse) ou encore
comme l'ensemble des pierres, passant au tamis de 125 mm (NBN B11-003).
Le terme agrégat est réservé à un assemblage de particules qui adhèrent entre elles en
formant un solide. C'est notamment le cas d'un sol fin dont l'assemblage des grains par des
forces de nature électrique est relativement stable. La dénomination agrégat est aussi parfois
utilisée dans le sens de granulat pour béton.

Les grains des milieux granulaires sont non soudés ou formés d'ensembles de
particules adhérentes. Entre les grains existent des interstices remplis généralement d'une
phase gazeuse et d'une phase liquide. Les milieux granulaires comportent donc trois phases
(milieux triphasiques).

Citons, à titre d'exemple :


- les sols meubles, en place ou en remblai,
- les empierrements et les enrochements,
- les granulats pour bétons hydrauliques ou hydrocarbonés,
- les bétons frais.

Les propriétés mécaniques dépendent principalement :


- des caractéristiques intrinsèques des grains, plus particulièrement de leurs :
- nature,
- forme,
- dimensions,
- résistance;
- du rangement, principalement de l'imbrication des grains;
- des fluides interstitiels.

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Milieux granulaires 2—5

La norme NBN B11-003 définit la terminologie suivante :

Pierre
Elément provenant de la fragmentation d'une roche naturelle ou artificielle cohérente (dans le sens géologique) et
non plastique.
Galet
Pierre à formes arrondies résultant de l'érosion naturelle des roches, refusée au tamis de 125 mm et dont la plus
petite dimension est supérieure à 80 mm.
Moellon
Pierre anguleuse obtenue par fragmentation manuelle ou mécanique, refusée au tamis de 125 mm et dont la plus
petite dimension est supérieure à 80 mm.
Granulat
Ensemble de pierres passant au tamis de 125 mm.
Gravier roulé
Granulat arrondi, d'origine alluvionnaire de dimensions comprises entre 2 et 125 mm.
Pierre concassée
Granulat provenant de la fragmentation mécanique de pierres, de dimensions comprises entre 2 et 125 mm.
Sable
Ensemble de grains pierreux de granulométrie suivante :
100 % passant à 6,3 mm,
>90 % passant à 4 mm,
>50 % passant à 2 mm,
<30 % passant à 80 m.

100%
passants (%)

50%

dimensions
0 0.08 2 4 6.3 (mm)

Poussier
Sable provenant exclusivement du concassage de pierres.
Laitier granulé
Sable provenant du refroidissement brusque par trempage du laitier de haut-fourneau.
Sable naturel
Provient de sablières.
Sable de rivière
Origine alluvionnaire.
Filler
Granulat passant à 80 m.

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Milieux granulaires 2—6

2. Caractéristiques des grains

Porosité des grains ou d'un matériau rocheux et teneur


en eau absorbée par les granulats

Par définition, la porosité est le rapport du volume des vides de l'élément rocheux au
volume apparent de celui-ci.
Cependant, il y a lieu de faire la distinction entre la porosité ouverte et la porosité
fermée. La première correspond à des vides en communication avec l'extérieur; la seconde à
des interstices qui ne sont pas en rapport avec l'extérieur, cette dernière ne peut être déduite
que par mesure dans un pycnomètre du volume après broyage complet de l'échantillon qui
met au jour les vides occlus. La porosité ouverte influence la perméabilité et la gélivité. La
porosité totale affecte la résistance et la déformabilité du matériau.
La porosité ouverte se détermine en saturant l'échantillon. Il est séché à l'étuve à 105°C,
pesé, désaéré sous un vide de 0,8 kPa, immergé dans de l'eau sous ce même vide, soumis à la
pression atmosphérique, séché superficiellement avec un linge humide et finalement repesé à
l'état saturé. Le volume d'eau absorbée rapporté au volume apparent de l'échantillon multiplié
par 100 donne la porosité ouverte exprimée en %. Le volume de l'échantillon se détermine par
mesures directes des dimensions des échantillons de forme géométrique simple ou par pesée
hydrostatique pour les échantillons de forme quelconque,

M M'
{2.1} V
w

avec M = masse de l’élément,


M’= masse apparente de l’élément plongé dans un liquide,
w = masse volumique du liquide.

La porosité ouverte peut aussi être obtenue à l'aide de porosimètres au mercure. On


force le métal à entrer dans les pores ouverts d'un échantillon immergé en appliquant une
pression, on mesure le volume absorbé en fonction de la pression. Ces mesures, plus rapides
que celles par saturation sous vide, permettent de déterminer une répartition des dimensions
de pores. Cependant, la précision est souvent moindre.

Masse volumique des grains

C'est le quotient de la masse des particules solides par leur volume. C'est donc une
caractéristique intrinsèque de la phase solide, parfois appelée de ce fait masse spécifique, qui

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Milieux granulaires 2—7

dans la pratique courante s'obtient toujours par détermination expérimentale. Par définition,
on a :

Ms
{2.2} s 
Vs

La mesure de s nécessite donc la détermination de Ms et de Vs. Le plus souvent, Vs est


obtenu par pesée de la quantité de liquide déplacé par une masse Ms de particules ou de
matériau broyés plutôt que directement par mesures géométriques. On utilise des pycnomètres
qui sont des récipients fermés par des couvercles percés d'un orifice permettant l'élimination
complète de l'air.

g
l
Vs = 1

s s

Pour les sols fins, les pycnomètres sont de petits ballons en verre fermés par des
bouchons rodés et percés d'un capillaire pour que le volume du pycnomètre fermé puisse être
considéré comme constant. On opère, en principe, comme suit :
- pesée du pycnomètre bouché et rempli d'eau à température conventionnelle : M1;
- pesée du pycnomètre rempli, à moitié environ, d'eau, et séché à l'extérieur : M2;
- introduction, à travers un entonnoir, du sol séché et broyé; pesée : M3;

L4
V=1

L1
L2
L2
s s
M1 M2 M3 M4

- élimination du gaz occlus soit :


- par ébullition dans le pycnomètre surmonté d'un tube évitant les projections de
sol,
- par mise sous vide;
- remplissage à l'eau désaérée du pycnomètre, mise à température constante
conventionnelle (par exemple : 20°C);
- fermeture du pycnomètre, essuyage extérieur et pesée : M4.

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Milieux granulaires 2—8

On obtient directement :

{2.3} Ms = M 3 - M2

Le volume déplacé par le sol peut être calculé si la masse volumique du liquide w est
connue. En effet, la masse d'eau Mw déplacée par le sol est la différence entre les masses d'eau
nécessaires à remplir les pycnomètres des pesées 2 et 3, c'est-à-dire :

{2.4} Mw = (M1 - M2) - (M4 - M3)

Le volume correspondant est :

Mw
{2.5} Vs 
w

Il apparaît donc que :

M3  M2
{2.6} s  w
M1  M 2  M 3  M 4

Les pesées s'effectuent au mg près et les deux mesures effectuées doivent correspondre
à 20 kg/m³ près.

Pour les matériaux contenant des éléments plus gros, on utilise un bocal avec un couvercle vissé, de forme conique.
Un trou à la base supérieure ( 6 mm) permet le remplissage complet et correct sans bulle d'air.

 = 6mm

On opère, en principe, comme pour les pycnomètres en verre, les pesées 2 et 3 étant cependant effectuées à sec. De
ce fait, les pesées 1 et 2 donnent le volume et la tare du pycnomètre; elles peuvent ne pas être répétées à chaque fois :

M3  MT
{2.7} s  w
M w  (M 4  M 3 )

avec Mv = masse d'eau contenue dans le pycnomètre rempli d'eau seule;


MT = tare = M2.

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Milieux granulaires 2—9

Pour obtenir un bon mouillage sans ébullition, ni mise sous vide, on peut utiliser des liquides à tension superficielle
faible, par exemple, des mélanges eau-méthanol. La mesure M4 doit évidemment être effectuée à une température
conventionnelle (par exemple : 20°C).

Des mesures plus rapides du volume déplacé peuvent être faites directement, mais avec nettement moins de
précision, à l'aide, par exemple, d'un ballon Lechatelier dont le col est gradué en volume. On procède comme suit :
- remplissage avec du liquide jusqu'à une graduation V0 sous le repère 0;
- versage d'une masse connue Ms de sol, rinçage du col avec un volume connu Vw de liquide; mesure du volume
V1 au-dessus du repère.
Il apparaît que le volume Vs de sol vaut :

{2.8} Vs = V0 + V1 - Vw
et la masse volumique des particules solides :

Ms Ms
{2.9} s  
Vs V0  V1  Vw

Les pesées s'effectuent au cg près et les deux mesures effectuées doivent correspondre à 20 kg/m³ près.

Les valeurs de s sont des moyennes entre les s des minéraux constituant le sol, dont
les principaux sont :
les argiles: 2650 à 3050 kg/m³,
le quartz : 2700 kg/m³,
la calcite : 2750 kg/m³,
la dolomie : 2850 kg/m³.

Le plus souvent, s = 2650 à 2750 kg/m³; il est évident que la présence de matières
organiques réduit cette valeur et que celle de minerais la fait croître.

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Milieux granulaires 2 — 10

3. Caractéristiques volumiques d'un milieu


triphasique*
Les caractéristiques volumiques des sols sont très importantes à connaître car leurs
propriétés mécaniques en dépendent fortement. Elles sont cependant malaisées, voire même
impossibles, à déterminer par mesures directes de volumes. En pratique, il est plus aisé et plus
précis de baser leurs déterminations sur des pesées qui sont des mesures beaucoup plus
exactes.
Il est aisé pour définir les caractéristiques volumiques d'un milieu triphasique de
considérer le schéma des phases condensées.
On définit le volume :
- total (ou apparent) de l'échantillon par : V (m³)
- des grains (ou de la phase solide) par : Vs (m³)
- du liquide interstitiel (souvent de l'eau) par : Vw (m³)
- du gaz (souvent de l'air) par : Va (m³)
- des vides interstitiels par : Vv (m³)
Si l'on se réfère aux volumes proportionnels (par rapport au volume total), on définit le
volume :
- total par V = 1;
- des grains par
Vs
{3.1} s
V
que l'on désigne parfois par le terme compacité;
- des vides interstitiels par
Vv Va  Vw 
{3.2} n 
V V
qui est la porosité;
- du liquide interstitiel par l
appelé aussi proportion en volume du liquide;
- du gaz (ou de l'air) par g
appelé aussi proportion en volume du gaz (ou de l'air).

*
La Société Internationale de Mécanique des Sols et des Travaux de Fondation (S.I.M.S.T.F.) recommande des
définitions et des notations pour les diverses grandeurs. Nous suivrons ces recommandations ainsi que les
impositions légales concernant les unités.

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Milieux granulaires 2 — 11

Remarque : La porosité ainsi définie ne tient pas compte de la porosité fermée des grains.
On a évidemment :

{3.3} s+g+l=1

{3.4} n=g+l

{3.5} s=1-n

Le volume des interstices peut aussi être défini par rapport au volume de la phase
solide, il est nommé alors indice des vides e.
On a :

n (l  g ) n Vv V
{3.6} e     v
s s (1  n) (V  Vv ) Vs

Le volume de la phase liquide est le plus souvent rapporté au volume des interstices,
c'est le degré de saturation Sr .
On a :
l Vw
{3.7} Sr  
n (Va Vw )

g
Vv = 1

g
g
V=1

l
Vs = 1 e

Sr

l
l

s s
s

A partir de ce degré de saturation, on peut définir l'état d'humidité d'un milieu, par
exemple pour les sols argileux on adopte la dénomination suivante :
sec

saturé

peu très
humide humide humide mouillé Sr
0 25 50 75 100 %

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Milieux granulaires 2 — 12

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Milieux granulaires 2 — 13

On représente parfois la composition volumique par un diagramme triangulaire.

1 0
l

s l

0 1
1 g 0
g
n
s l s l

n = Cte Sr= Cte


Sr
g g

A titre d'exemple, quelques sols caractéristiques sont représentés sur le diagramme


ternaire.

marne
sable dense silt
sec argile
s l
sable lâche
sec tourbe
saturée
tourbe argile de
sèche Mexico

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Milieux granulaires 2 — 14

4. Caractéristiques massiques d'un milieu


triphasique

Remarque préliminaire

Nous considérerons d'une manière préférentielle la masse M (exprimée en kg) plutôt


que le poids W (exprimé en N). Il est cependant évident que pour certaines applications dans
lesquelles interviennent des forces, il est plus facile de considérer le poids.

Définition des différentes masses

On définit la masse :
- de la phase (ou des particules) solide(s) par : Ms ;
- de la phase liquide (ou de l'eau interstitielle) par : Mw ;
- de la phase gazeuse (ou de l'air) M qui est assimilée très généralement à 0: Ma  0 ;
- de l'échantillon (masse totale) par M.

g _0
Ma ~
l Mw
M
s Ms

On a évidemment :

{4.1} M = Ms + Mw + Ma

{4.2} M  Ms + Mw

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Milieux granulaires 2 — 15

Masse volumique d’un milieu granulaire ou d’un sol

Définition

Par définition,  est le quotient de la masse totale M et du volume total (ou apparent)
V du milieu :

M Ms  Mw
{4.3}   (kg/m³ ou t/m³)
V Vs  Vw  Va

La caractéristique  est souvent affectée du qualificatif apparente pour bien la


distinguer de la masse volumique des grains s qui est désignée, elle, par réelle ou par
spécifique.
g Ma _
~0
n

Mw = w.n.Sr
V=1

l

Ms = s.(1-n)
1-n

C'est une grandeur qui dépend donc de la porosité n ou de l'état de compaction, de la


masse volumique des grains et du degré de saturation Sr.
En fonction de la masse volumique des grains s et de la masse volumique de l'eau w,
on peut écrire :

{4.4}   s .(1  n)  w.Sr .n (kg/m ou t/m)

avec s (1-n) = masse des grains rapportée au volume apparent, désignée dans la suite par
masse volumique du matériau sec d ;
w Sr n = masse de l'eau rapportée au volume apparent V.

Mesure de M

La mesure de M est très simple. Il faut cependant prendre les précautions nécessaires
pour éviter toute modification de la quantité d'eau lors des diverses manipulations (notamment
par évaporation). La pesée est donc à effectuer directement sinon le matériau doit être
conservé en l'isolant du milieu ambiant (paraffine ou sachet en plastique hermétiquement
clos).

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Milieux granulaires 2 — 16

Mesure de V et calcul de ρ

La mesure de V est plus délicate car la surface limite de l'échantillon définissant le


volume total ne peut être modifiée. Pour les sols cohérents, il n'y a généralement pas de
problème, mais pour les sols non cohérents ou compressibles, la manipulation de l'échantillon
devient difficile voire même souvent impossible. Il y a lieu de considérer une méthode
adaptée à chaque cas particulier.
Pour les échantillons cylindriques ou prismatiques de sol cohérent ferme, les mesures
géométriques directes sont simples.
Pour les sols cohérents fins, on fait pénétrer dans le matériau un anneau volumétrique.
On arase les deux bases. Pour que la mesure soit correcte, il faut que la procédure ne modifie
ni la porosité, ni le degré de saturation. Il faut donc :
- un anneau à paroi mince et lisse, muni d'une trousse coupante affûtée et un sol fin,
sinon un remaniement est inévitable de la périphérie et
- une manipulation délicate.

Pour des échantillons de sols cohérents, de forme quelconque qui ont une consistance
suffisante pour former une masse peu déformable, on procède par pesée hydrostatique.
L'échantillon est enrobé d'une couche étanche, par trempage dans la paraffine (son volume est
déterminé par la différence des pesées avant et après trempage et division par le poids
volumique de la paraffine). L'échantillon enrobé est suspendu à une balance hydrostatique, la
poussée d'Archimède conduit à :

{4.5} Mw = M 2 - M3

sans paraffiné immergé


paraffine M2 M3 = M2 - Mw
M1

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Milieux granulaires 2 — 17

En exprimant que le volume de l'échantillon nu est la différence des volumes de


l'échantillon paraffiné et de la paraffine, on obtient :

M1 M2  M3 M 2  M1
{4.6} V  
 w p

avec :  p = masse volumique de la paraffine. D’où :

M1

{4.7} M2  M3 M 2  M1

w p

Pour des sols peu ou non cohérents en place, on utilise la bouteille à sable ou, de
préférence, le densitomètre à membrane. Lors de la présence de gros éléments, on a recours à
la méthode du cadre.

La bouteille à sable s'utilise comme indiqué sur le schéma.

M0 M1 M2

Le principe est de déterminer le volume d'un trou que l'on creuse par remplissage à l'aide d'une masse de sable de
masse volumique connue. La précision de la mesure dépend directement de cette masse volumique, il faut donc prendre un
sable sec à grains de dimension uniforme dont la compacité est peu variable.

On obtient :

M
{4.8}  *  sable
2M 1  M 2  M 0

avec M = masse du matériau extrait du trou,


sable = masse volumique du sable utilisé.

Le densitomètre à membrane permet d'éliminer l'erreur sur sable en remplaçant celui-ci par de l'eau (ou un liquide
non gélif l'hiver). Pour éviter des fuites d'eau, l'appareil est fermé par une membrane très souple en caoutchouc. Le volume
déplacé par le piston est déterminé à partir des graduations directes de la tige du piston :

{4.9} V = V2 - V1

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Milieux granulaires 2 — 18

d'où:

M
{4.10} 
V2  V1

avec M = masse de sol retiré du trou creusé.

tige graduée
V1 V2
en volume
déplacé

piston
(  env. 150mm)

Pour les sols grossiers, il faut considérer des volumes plus importants. On a recours alors à la méthode du cadre :

M1

M2
M3
~ 500 mm

On fixe un cadre en cornières sur le terrain, on le remplit de sable, on arase et on mesure la quantité de sable M 1.
On creuse un trou, on pèse le matériau extrait (y compris le sable) M2.
On remplit de sable et on arase; on détermine la quantité de sable M3.

On obtient :

M 2  M1
{4.11}   sable
M 3  M1

Mesures indirectes de ρ

Pour tous les types de sols en place, on peut utiliser une mesure indirecte à l'aide d'un
densitomètre nucléaire ou  densimètre. Son principe est la mesure de l'absorption des rayons
 entre une source et un récepteur, absorption qui est d'autant plus forte que le sol est compact.
Le degré de corrélation doit cependant être établi pour chaque type de terrain de chaque site.
Les mesures sont rapides, ce qui est un grand avantage car la perturbation des chantiers est
très réduite.

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Milieux granulaires 2 — 19

Masse volumique d’un milieu granulaire ou d’un sol sec


ρd

On parle parfois de PVS, c'est-à-dire de poids volumique sec d. La masse volumique
du matériau sec d est le quotient de la masse de la phase solide (ou du milieu granulaire
séché) Ms par le volume total (ou apparent) V:
 = (1-n).s + w.n.Sr

g
n
V=1

l
d= (1-n).s
1-n

Ms Ms
{4.12} d   (kg/m³ ou t/m³)
V Vs  Vw  Va

S'il n'y a pas de variation de volume lors du séchage, on a :

{4.13} d = s . (1-n)

n étant la porosité du milieu.


Habituellement, on considère d'ailleurs le volume du matériau humide.

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Milieux granulaires 2 — 20

Etat de compacité

Pour les sables et graviers, supposés secs, on définit souvent l'état de compacité par un
coefficient fixant cet état du matériau par rapport à une valeur minimum et à une valeur
maximum de d (ou de e). La valeur minimum de d (ou maximum de e) est obtenue par mise
en place par l'intermédiaire d'un entonnoir, en vue d’obtenir l’état le plus lâche possible. La
valeur maximum de d (ou minimum de e) est définie par un compactage énergique (si
possible à refus), pour obtenir l’état le plus dense possible.

Indice de densité

L'indice de densité ID vaut par définition :

emax  e
{4.14} ID  100 (%)
emax  emin

On peut aussi écrire :

 d max (  d   d min )
{4.15} ID  (%)
 d (  d max   d min )

La résistance des sables et graviers varie fortement en fonction de ID. A titre


d'exemple, citons :
Quelques dm
marteau de

Quelques cm
au marteau

au marteau
Enfoncement
d’une barre à

Aisé au
la main
béton  12

2.5 kg
Aisé à

Moyennement
dense
lâche

dense
dense
Très

lâche

Très
état

ID

e 0 15 35 65 85 100 %
emax emin d
min max

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Milieux granulaires 2 — 21

Densité relative DR

La densité relative DR est définie elle par :

 d   d min
{4.16} DR 
 d max   d min

Degré de compaction DC

Pour les remblais, on définit habituellement le degré de compaction DC :

d
{4.17} DC  100 (%)
 d max

d max est souvent déterminé à l'aide d'un essai de compactage Proctor.

Valeurs

Suivant la forme des grains, leur nature et l'état de compaction d varie de 1500 kg/m³ à 2100
kg/m³, le plus souvent elle est comprise entre 1600 et 1800 kg/m³.

Pour obtenir un remblai de qualités suffisantes, on impose une valeur minimum de DC,
par exemple 95 % en considérant d max obtenu à l'aide d'un essai Proctor modifié (cf. § 4.9).

Masse volumique d’un milieu granulaire ou d’un sol


saturé ρsat

C'est le quotient de la masse du milieu saturé Msat par le volume total (apparent) V :

M sat M sat
{4.18}  sat  
V Vs  Vv

Quand le milieu ne change pas de volume lors de la saturation ou de la dessiccation,


on a :

{4.19}  sat   d   w .n

{4.20}   s (1  n)   w .n

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Milieux granulaires 2 — 22

 w .(  s   d )
{4.21}  d 
s

Dans le cas d'argiles gonflantes ou de tourbes, par exemple, la porosité n ne peut plus
être considérée comme constante.
Les valeurs de sat sont comprises entre 1900 et 2300 kg/m³, souvent entre 2000 et 2100
kg/m³.

Masse volumique du sol déjaugé ρ'

' est la différence entre le poids volumique du sol et le poids volumique de l'eau, par
application du principe d'Archimède :

{4.22}  '    w

Il s'applique donc toujours aux sols sous la nappe aquifère qui sont en principe saturés.
Dans ce cas, en considérant les actions sur les deux phases séparément, on a :

sat  s .(1  n)  w.n

{4.23}  '  ( s  w ).(1  n) 

Effet Résultante
dans l'air sous eau d’Archimède ’
w.(1-n) w.n
s.(1-n) w.n
1-n n

(1-n).(s-w) 0
V=1

Si on considère le volume unitaire contenant les deux phases, il apparaît que :

{4.24}  '  sat  w 

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Milieux granulaires 2 — 23

Effet Résultante
dans l'air sous eau d’Archimède ’

V=1

sat-w
w.
sat
Les valeurs les plus courantes de ' sont donc d'environ 1000 à 1100 kg/m³.

Teneur en eau w

w est le rapport, multiplié par 100, de la masse de l'eau interstitielle Mw à la masse des
grains solides Ms. Elle s'exprime en %.

g
l
w Ms = 1

s
Mw s'obtient par différence des masses M de l'échantillon à l'humidité considérée et Md
= Ms de l'échantillon sec.

On a :

M  Ms
{4.25} w 100 (%)
Ms

Le plus souvent, la teneur en eau naturelle des sols fins est de quelques dizaines de
pour-cent, pour les sols sableux et graveleux, cette valeur est moindre, pour les sols tourbeux
elle peut être de 100 %, pour certaines argiles organiques non consolidées ou pour la
bentonite elle peut même valoir plus (quelques centaines de %).

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Milieux granulaires 2 — 24

Influence de w sur ρd lors d’un compactage - Essai


Proctor

Introduction

L'efficacité d'un compactage remblai dépend :


 du matériau (de sa nature, de sa granulométrie,...);
 de la teneur en eau;
 de l'énergie de compactage;
 du type de sollicitation (compactage dynamique, malaxage,...);
 du programme de compactage.
La compaction affecte également la résistance des milieux granulaires.
Les conditions de mise en place des sols cohérents (ou plastiques) sont plus strictes
que celles des sols sableux, graveleux ou rocheux, principalement en ce qui concerne les
conditions d'humidité.
L'influence de la teneur en eau sur l'état de compaction est déterminée classiquement
par un essai Proctor.
La variation de la masse volumique du matériau sec d en fonction de la teneur en eau
w pour un même compactage est représentée à la figure ci-dessous.
Pour un matériau sec, d est relativement faible. Quand w croît légèrement, les effets
capillaires sont importants et d diminue. Ensuite la quantité d'eau doit être suffisante pour
réduire la cohésion capillaire, d croît assez bien pour atteindre la valeur maximum dmax, pour
un w optimum. Passé cette valeur, la quantité importante d'eau nuit à l'efficacité du
compactage, le matériau se sature et la place disponible pour les grains diminue.

d

d,max

Wopt W

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Milieux granulaires 2 — 25

Essais Proctor

Habituellement, les caractéristiques optimales de compactage à faible profondeur sont


préalablement déterminées au laboratoire par les essais "Proctor", qui ont été mis au point par
l'ingénieur Ralph R. Proctor (1933).
Le but de cet essai est de déterminer la variation de la masse volumique du sol sec d
en fonction de la teneur en eau w d'un échantillon compacté en plusieurs couches dans un
cylindre au moyen d'une pilette (cf. ASTM D 698 et D 1557 et LCPC S.C.1-1966) en
respectant des conditions "standardisées" dont les principales1 sont reprises au tableau ci-
après.
C'est un essai conventionnel dont les résultats ne doivent pas être considérés comme
absolus, la meilleure étude restant la planche d'essai réalisée in situ avec les engins de chantier
prévus.
Les énergies des essais Proctor normaux sont relativement faibles et ne correspondent
plus aux puissants engins de compactage disponibles actuellement, d'où l'utilité des essais
Proctor modifiés.
Les résultats des essais sont reportés sur un diagramme de la masse volumique du
matériau sec d en fonction de la teneur en eau w (courbe Proctor). La masse volumique
maximum dmax et la teneur en eau correspondante (teneur en eau optimum wopt) sont
déterminées à partir de cette courbe Proctor.
La courbe descendante, relative à de fortes teneurs en eau, est asymptotique à la
courbe de saturation qui correspond donc au milieu biphasique solide-liquide. Son équation
peut être obtenue comme suit.

1
Les dimensions peuvent varier légèrement suivant les références

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Milieux granulaires 2 — 26

Proctor Proctor Proctor Proctor


normal modifié normal modifié
Moule "CBR" "CBR" "Proctor" "Proctor"
Diamètre (mm) 152.4 152.4 101.6 101.6
Volume (dm³) 127 127 117 117
Hauteur utile (mm) 2.316 2.316 0.948 0.948
Dame
Diamètre (mm) 50.8 50.8 50.8 50.8
Masse (kg) 2.49 4.54 2.49 4.54
Hauteur de chute (mm) 305 457 305 457
Nombre de chutes par couche 55 55 25 25
Nombre de couches 3 5 3 5
Energie (Nm ou J) 1229 5593 559 2544
Energie volumique (MJ/m³) 0.531 2.415 0.589 2.683

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Milieux granulaires 2 — 27

Par définition :

100.n. w
{4.26} wsat  …..(%)
(1  n)  s

d
s

Courbe
d,max de saturation

wopt w
20 40 60 80 (%)

avec n = porosité;
w = masse volumique de l’eau;
s = masse volumique des particules solides.
D’où :

wsat
s
{4.27} nsat  100 
wsat
s  w
100

D'autre part, la masse volumique du matériau sec d vaut :

{4.28} d  s .(1  nsat ) 

En remplaçant nsat dans 4.28 par sa valeur donnée dans 4.27, on obtient :

w
d  s 
{4.29} wsat
s  w
100

s

{4.30} wsat  s
1
100  w

La teneur en eau w d’une éprouvette est, soit déterminée à partir d’une prise d’essai
lors du compactage, soit à partir de tout le matériel contenu dans le moule. La masse
volumique du matériau sec d est calculée à partir de la masse volumique du matériau  et de
la teneur en eau w.

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Milieux granulaires 2 — 28

Effets du compactage

Sur la structure des sols argileux


Pour de faibles teneurs en eau, les forces d’attraction capillaire et électrique sont fortes
et le matériau garde sa structure floculée. Pour de fortes teneurs, le matériau peut acquérir une
structure dispersée, l’orientation des grains étant rendue possible. La compacité ne sera
cependant pas forte, le volume d’eau empêchant le rapprochement des plaquettes. Plus
l’énergie de compactage est importante, plus les particules ont tendance à s’orienter.

Sur la forme des courbes Proctor


La forme des courbes indique la plus ou moins grande sensibilité aux variations de la
teneur en eau. Les matériaux sableux (SM) ont des teneurs en eau optimum faibles et des
courbes plates, ils sont peu sensibles aux variations de la teneur en eau. Les matériaux
argileux (CL, CH) sont eux très sensibles, leurs courbes Proctor sont très pointues, ils ne
tolèrent que très peu d’erreur sur la teneur en eau.

d kg/m³
1900
m/s k

10 -6
1800 CL
10 -7
compactage
statique
1700 SM
10 -8 compactage par
CH pétrissage
1600 % wopt w
10 -9
5 10 15 20 w 15 17 19 21 23 25 %

m/s k
d kg/m³

10
-10 1700

5 -11
1600
Sr
=
10

-11
90
80

10
0%
%
%

w w
9 11 13 15 17 19 % 9 11 13 15 17 19 %

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Milieux granulaires 2 — 29

Sur la perméabilité
La perméabilité diminue généralement quand la teneur en eau de compactage
augmente pour des valeurs de w proches de wopt, puis augmente très légèrement pour de plus
grandes valeurs. Le mode de compactage influence aussi la perméabilité, un pétrissage
conduit à des valeurs plus faibles de k pour des teneurs en eau supérieures à la valeur
optimum.

Sur la compressibilité et l’aptitude au gonflement


A de faibles pressions, l’échantillon compacté à gauche de l’optimum est moins
déformable que celui compacté à droite, la structure floculée étant plus rigide que la structure
dispersée. A de fortes pressions, la structure floculée se modifie en une structure dispersée et
la déformation correspondante est grande ; la déformabilité d’un échantillon compacté à
gauche de l’optimum est donc supérieure à celle d’un échantillon compacté à droite.
Toutefois, pour de faibles compacités, la structure floculée peut être instable et conduire à une
grande variation brutale du volume. En ce qui concerne le gonflement, celui-ci est plus
important pour les échantillons compactés « secs » que pour ceux compactés « mouillés ».
Inversement, le retrait d’un sol compacté humide sera le plus grand.

MPa qc résistance à l'enfoncement


d'un cône d kg/m³

15
A 1700 A
Energie EA>EB>EC
10 B
1600 B
C
5
C
0
w w
1500
12 14 16 18 20 22 12 14 16 18 20 22 %

Sur la résistance non drainée à la teneur en eau de


compactage
L’augmentation de l’énergie de compactage conduit à des augmentations de résistance
à gauche de l’optimum, elle est quasi sans influence à droite. Pour une même masse
volumique et une même énergie de compactage, la résistance du matériau compacté à gauche
de l’optimum est toujours meilleure. Par exemple, la résistance au poinçonnement CBR chute
très fortement dès que l’optimum est dépassé (Cf. fasc.6 - § 11.5).Ceci est essentiel dans le
domaines des routes et des talus, digues,…

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Milieux granulaires 2 — 30

d kg/m³ CBR %

2070 CBR 100

Sr = 100 %

Proctor

1600
wopt w
8 %

Influence de la teneur en eau et du mode de compactage

Les effets de l'eau sont multiples, notamment :

- les phénomènes capillaires conduisent à une attraction des grains, d'autant plus
grande que le matériau est fin. Elle se manifeste par une cohésion apparente.
L'intensité de ces phénomènes varie avec le degré de saturation, elle est nulle pour
un milieu sec ou saturé et importante pour des faibles saturations.

- les phénomènes de surface des argiles provoquant des interactions de particules


qui donnent naissance à la cohésion.

- la faible perméabilité peut conduire à des surpressions d'eau.

- pour de grands degrés de saturation, l'eau absorbe en perte une part de l'énergie de
compactage.

- les phénomènes d'altération par l'eau conduisent à des modifications de l'état


physique, voire chimique, des milieux granulaires.

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Milieux granulaires 2 — 31

d
d max

w opt w

La variation de d, en fonction de la teneur en eau w pour une énergie de compactage


donnée, est schématisée à la figure. Outre la teneur en eau, la nature et la forme des grains
ainsi que la répartition granulométrique ont aussi une influence importante sur l'aptitude au
compactage. Le mode et l'énergie de compactage sont aussi prépondérants.

Leurs choix sont basés sur les principes suivants :

- une charge statique (p. ex. un remblai) est peu efficace dans les milieux à grand
frottement entre grains, car celui-ci augmente avec la charge et l'équilibre de
frottement ne peut donc être vaincu par les charges appliquées. Les terrains
cohérents, qui ont des frottements internes faibles, consolident par expulsion d'eau;
une charge statique conduit à une déformation si elle est appliquée suffisamment
longtemps pour que cette eau puisse s'échapper (processus qui peut durer
longtemps, généralement des mois, voire des années).

- une charge vibrante (p. ex. rouleau ou plaque vibrante) conduit à des variations
d'efforts normaux et tangentiels entre particules. Dans les milieux à grand
frottement, la résistance au glissement entre grains peut être réduite suffisamment
pour que les actions tangentielles provoquent des déplacements et, en
conséquence, un compactage quand le milieu reste globalement comprimé
éventuellement uniquement sous son poids propre. Le compactage par vibration est
donc efficace dans ces milieux (sables, graviers, béton, ...). Dans les matériaux
cohérents, la diminution de l'effort normal entre grains ne conduit pas à une
réduction de la résistance au déplacement tangentiel, le frottement étant
négligeable et la cohésion forte et indépendante de la vibration. Ce mode de
compactage n'est donc pas adapté à ce dernier type de matériau.

- une charge dynamique (p. ex. impact d'une masse tombant en chute libre)
correspond à une forte densité d'énergie qui est relativement mal absorbée par les

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Milieux granulaires 2 — 32

matériaux granulaires pulvérulents lâches. Il est cependant préférable à la méthode


vibratoire quand le compactage doit être plus profond. Dans les sols cohérents
lâches sous la nappe, le compactage (dit aussi consolidation) dynamique est
efficace quand le matériau ne contient pas trop d'éléments très fins et n'est pas
complètement saturé (ce qui est souvent le cas). Il se produit lors du choc des
surpressions importantes sous la charge, qui conduisent à des fissurations par
expulsion de l'air occlus, fissurations qui forment des conduits privilégiés qui
permettent à l'eau interstitielle de s'échapper et au sol de consolider sous l'effet des
contraintes internes créées par l'impact.

- un pétrissage (p. ex. rouleau à pieds de mouton) est le moyen habituellement le


mieux adapté au compactage des sols cohérents; un déplacement de particules
(plaquettes) est provoqué par un malaxage sous pression qui conduit à un
réarrangement plus compact des grains. Ce procédé est inefficace pour les sols non
cohérents qui n'ont pas l'aptitude de conserver leur structure quand ils ne sont plus
comprimés lors du refoulement.

5. Granulométrie

5.1. Généralités

Les matériaux granulaires sont formés de particules de grosseurs différentes. Pour


définir géométriquement un tel milieu, on classe les grains en catégorie de dimensions peu
différentes et on détermine la quantité de matériau de chaque classe.
Cette dernière quantité généralement exprimée en masse est appelée refus partiel.
Le plus souvent, on définit la masse de grains de dimensions inférieures à une
dimension courante d par la teneur du passant ou de dimensions supérieures par refus
cumulés.
Très généralement, ces masses sont exprimées en pour cent de la masse totale du
matériau.
Cette classification granulométrique est un élément très important de l'étude des sols et
des matériaux pierreux utilisée en construction. Elle permet de prévoir des caractéristiques des
matériaux. En effet, la granulométrie est corrélée à certaines propriétés chimiques, physiques,
biologiques et mécaniques. Les gros grains d'un sol (sables et graviers) forment le squelette
résistant et déterminent les propriétés mécaniques. Les éléments fins (argiles) de grandes
surfaces spécifiques déterminent les propriétés chimiques et physico-chimiques. La
granulométrie est corrélée à la résistance et à la déformation d'un sol et, par conséquent, ses

Géotechnique – RC-FC 2015-2016


Milieux granulaires 2 — 33

aptitudes à supporter une fondation, à solliciter un soutènement... Elle détermine également


les caractéristiques de circulation d'eau.
Certaines classes ont été définies pour dénommer les sols, à titre d'exemple, citons les
classifications internationale et belge.
Belge
Classifications

sables grossiers

enrochements
Internationale

sables fins
colloïdes

cailloux
graviers
limons
argiles

dimensions
0.0002

0.0020

0.0200

0.2000

20.000

200.00
0.0600

2.0000
(mm)

La séparation en classe se fait par tamisage pour les éléments de dimensions supérieures
à 74 (ou 80 m) et par sédimentation (ou lévigation) pour les éléments inférieurs à environ 1
mm (ou 2,38 mm). Les résultats sont reportés sur des diagrammes (courbes
granulométriques) semi-logarithmiques pour les sols dont les grains ont des dimensions
souvent très différentes et sur des diagrammes linéaires pour les graviers et pierrailles qui sont
plus uniformes.

5.2. Tamisage des sols

En mécanique des sols, les analyses granulométriques s'effectuent à l'aide de tamis


(toiles, treillis ou plaques perforées à mailles carrées).

La série de tamis utilisée comprend 11 tamis de mailles en progression géométrique de raison 2. Le plus grand a une
maille de 3" (soit 76,2 mm), le plus petit une maille de 74 m. Les 11 tamis sont superposés par ordre de dimensions, sur un
fond plein. L'échantillon séché est déversé sur la série qui est ensuite agitée en tous sens. La séparation des éléments
inférieurs à 2,38 mm est faite sous eau; après séchage, le tamisage est terminé à sec manuellement.

Les refus sont pesés en les cumulant successivement pour éviter des sommations
d'erreurs. Le diamètre caractéristique du plus petit grain de classe considérée est
conventionnellement assimilé à la dimension de la maille du tamis.

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Milieux granulaires 2 — 34

5.3. Sédimentométrie ou lévigation

La séparation des particules solides de dimensions différentes est basée sur le fait que la
vitesse de chute d'une particule dans un milieu visqueux est d'autant plus grande que ses
dimensions ou sa masse sont grandes. La vitesse de sédimentation d'un grain se stabilise
quand la résistance à l'avancement (croissante avec la vitesse) devient égale à l'effort
d'entraînement qui est son poids déjaugé, ceci se produit après quelques secondes.

5.4. Courbes granulométriques des sols

5.4.1. Définition

Les résultats des analyses sont reportés sur des courbes granulométriques, les
diamètres des grains sont indiqués en abscisses suivant une échelle logarithmique et en
ordonnées sont reportés suivant une échelle arithmétique :
- soit les refus partiels, en % de la masse totale de l'échantillon sous forme d'un
histogramme (dont la somme des ordonnées vaut évidemment 100 %);
- soit les passants (ou leurs compléments les refus cumulés), en %, sous forme d'une
courbe (intégrale des refus partiels).

% % refus cumulés
refus partiels

100 0
100
- passants
- tamisats
-<d

50 50
50

log d 100 log d


0 mm 0 dmax mm

5.4.2. Caractéristiques des courbes granulométriques

Le diamètre maximum dmax est défini assez précisément tandis que le diamètre
minimum est quasi toujours inconnu.
La courbe granulométrique des passants (ou des grains de diamètre inférieur, ou de
tamisat) n'est jamais décroissante, elle peut présenter des paliers correspondant à des lacunes
granulométriques.

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Milieux granulaires 2 — 35

La courbe granulométrique ne peut être tracée à partir des méthodes géotechniques


courantes pour des grains inférieurs à environ 2 m (à cause des mouvements browniens), il
faut alors avoir recours à des observations microscopiques.
Les courbes granulométriques obtenues par tamisage et par lévigation ne se raccordent
pas parfaitement à cause des traitements différents des échantillons et des définitions
différentes des dimensions.
Une courbe redressée correspond à une granulométrie uniforme (ou serrée), une
courbe aplatie à une granulométrie non uniforme (ou étendue).
Passants

Passants
% %
granulo.
lacune

log d
log d 0 0.074 mm
0.297
1.190
0
%
Passants

100
granulo.
uniforme
ou serrée granulo. très
peu uniforme
ou étalée
log d
0 mm

On caractérise l'étendue granulométrique par le coefficient d'uniformité Cu défini par :

{5.1} Cu = d60/d10,

d60 et d10 étant les diamètres à 60 et 10 %, c'est-à-dire les diamètres correspondant à un passant de 60 et 10 %.

Parfois on considère une définition un peu différente de Cu :

{5.2} Cu’ = d85/d15.


La définition de Cu est illogique car sa valeur augmente avec l'étendue granulométrique; les puristes
considèrent parfois le degré d'uniformité U qui est défini par l'inverse de Cu et qui lui augmente évidemment
avec le caractère d'uniformité.

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Milieux granulaires 2 — 36

semi étalée
très serrée
granulométrie

étalée
serrée
1 2.5 5 20 C'u = d85/d15

La grosseur du matériau est définie par :


- le diamètre maximum dmax,
- ou plus souvent par le diamètre moyen (ou plutôt médian) c'est-à-dire d50,
- ou aussi fréquemment par le diamètre effectif d10.

%
Passants

100

60

10 log d
0
dmoyen
deffectif

dmax
d10
d60

La courbure de la courbe granulométrique est caractérisée par le coefficient de courbure Cc :

{5.3} Cc = (d30)²/(d60*d10) ,
qui est compris entre 1 et 3 pour les sols à bonne composition granulométrique.

La granulométrie d'un échantillon ne représente pas exactement celle d'un massif de


sol, qui est hétérogène. Sa composition est mieux représentée par un fuseau granulométrique
(que l'on peut même préciser par des courbes de fréquences, la courbe moyenne,..).

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Milieux granulaires 2 — 37

6. Notions de porosité (ou de compacité)

6.1. Introduction

Les notions de porosité n (volume des vides intergranulaires rapporté au volume


apparent) et de compacité s (s = 1-n) sont fondamentales pour l'étude des propriétés
mécaniques des milieux granulaires tels que les sols, les bétons frais, les bétons
hydrocarbonés. En effet, la résistance est une fonction croissante de la compacité et la
déformabilité une fonction décroissante. Il y a donc généralement lieu de rechercher un
mélange très compact si l'on vise une résistance élevée. Par contre, la perméabilité augmente
avec la porosité et la recherche d'un bon drainage conduit donc notamment à une faible
compacité.
d

60°

60°

0.5
d.2 /3

La compacité dépend de 3 facteurs principaux : la forme des grains, la distribution


granulométrique et le compactage.
Une étude géométrique indique que la porosité d'un rangement régulier de sphères de
même diamètre varie entre 0,26 et 0,48. Elle peut être légèrement supérieure pour un milieu
non rangé.
Pour un mélange binaire (deux tailles de sphères), la porosité correspondant à un
rangement primaire régulier varie de 0,27 ou 0,29 pour une maille cubique à 0,210 pour une
maille rhomboédrique. Il y correspond pour des matériaux de masse volumique des grains
s=2650 kg/m3, des masses volumique  variant de 1390 kg/m3 pour n = 0,48 à 2100 kg/m3
pour n = 0,21.
L'importance du type de rangement est prépondérante pour les rangements de sphères
de même diamètre. La diminution de la porosité n par introduction de sphères secondaires est
d'environ 0,2 pour les rangements cubiques et 0,05 pour les rangements rhomboédriques, soit
respectivement des accroissements de masses volumiques de 530 et 130 kg/m3.

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Milieux granulaires 2 — 38

6.2. Mélanges de granulats réels

Dans la réalité, les grains d'un milieu granulaire sont tous différents en forme et en
grosseur. L'approche théorique du paragraphe précédent et ses conclusions pour les matériaux
réels sont en essence acceptables et ce d'autant mieux que la forme et l'état de surface se
rapprochent de sphères lisses.
Le rangement régulier des grains d'un granulat est impossible car, d'une part les gros
grains sont écartés par les plus petits et, d'autre part les conditions aux limites perturbent
l'organisation près des parois.
La porosité n :
- varie en fonction du rangement et de la compaction générale entre 0,3 et 0,5;
- est grande quand la répartition granulométrique est mauvaise, c'est-à-dire quand
l'écart entre les dimensions des grains des diverses catégories est insuffisant et que
la quantité des petits grains est très grande;
- est grande quand la quantité de petits grains est insuffisante pour remplir les vides
des plus gros grains.

6.3. Notion de granularité continue

Les granularités discontinues, telles qu'elles sont considérées lors du raisonnement


précédent, ne sont pas les seules à être aptes à conduire à des porosités faibles. Des
granularités continues peuvent aussi, en pratique, fournir de bons résultats, l'emploi de tels
matériaux est tentant car ils sont nettement les plus fréquents dans la nature.
Il est important d'attirer l'attention sur le fait qu'un matériau tout venant, pour être
valable, doit répondre à certains critères et que la probabilité d'y satisfaire est d'autant plus
faible que ces critères sont stricts. Il faut le plus souvent corriger la granulométrie par
adjonction ou par retrait de matériaux de certaines classes.
On définit généralement des courbes ou des fuseaux granulométriques idéaux aussi bien
pour les granulats pour béton que pour les sols à compacter.

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Milieux granulaires 2 — 39

7. Surface spécifique

7.1. Introduction

La surface spécifique est la surface des grains d'une masse (ou d'un volume) unitaire.
Cette notion est importante pour le calcul des quantités de matériaux nécessaires à l'enrobage
d'un milieux granulaire (pellicule d'eau et de laitance de ciment pour les bétons hydrauliques,
pellicule de bitume ou de goudron pour les enrobés hydrocarbonés, pouvoir absorbant de
poudres,...). Elle est également importante dans l’étude des barrières d’étanchéité, qui ont
notamment pour mission de fixer à la surface de leur grains les polluants susceptibles de les
traverser. Pour les poudres, cette notion est souvent fondamentale et malheureusement plus
difficile à quantifier correctement, la forme des grains étant plus complexe que pour les
matériaux grossiers.

7.2. Approche théorique

Pour un milieu formé de grains sphériques de même diamètre d, la surface spécifique Ss


(rapportée à l'unité de masse d'échantillon) vaut :

d ²
Ss 
{7.1}  sd ³
6
6
{7.2} 
sd

avec s = masse volumique des grains,


d = diamètre des grains.

Pour des grains cubiques :

6a ²
{7.3} Ss 
s a³
6
{7.4} 
sa

avec a = longueur du côté du cube.

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Milieux granulaires 2 — 40

Pour des grains prismatiques droits à base carrée :

2c ²  4cb
{7.5} Ss 
 s c ²b
2c  4b
{7.6} 
 s cb

avec c = côté de la base,


h = hauteur.
Pour des grains de même poids unitaire sa³, il vient pour :
la sphère : d = 1,24 a Ss = 4,836/sa
le cube : Ss = 6/sa
le prisme droit :
c =10 b = 2,15 a (plaquette) Ss = 11,14/sa
c =100 b = 4,64 a (plaquette fine) Ss = 43,95/sa
c = 0,1 b = 0,464 a (aiguille) Ss = 9,05/sa
c = 0,01 b = 0,215 a (aiguille fine) Ss = 20,26/sa

Il apparaît donc clairement que la surface spécifique des plaquettes est nettement
supérieure à celle des aiguilles qui elle-même est largement plus grande que celle des grains
sphériques ou cubiques.
Toutes les formules précédentes montrent que Ss est inversement proportionnel à une
dimension caractéristique du matériau.

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GEOTECHNIQUE

Fascicule III

L’eau dans les sols

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FASCICULE 3

L'EAU DANS LES SOLS

__________________________________________________________________________________________

Table des matières


1. NOTIONS DE CONTRAINTE EFFECTIVE ET DE CONTRAINTE TOTALE .... 4
1.1. Remarque préliminaire ......................................................................................................................... 4
1.2. Terrains saturés meubles .................................................................................................................... 4
1.3. Massifs partiellement saturés ............................................................................................................. 6
1.4. Sols secs .................................................................................................................................................. 7

2. NOTION DE POTENTIEL HYDRAULIQUE ET DE GRADIENT


HYDRAULIQUE ......................................................................................................... 8

3. DETERMINATION DU COEFFICIENT DE PERMEABILITE ............................ 9


3.1. Généralités ............................................................................................................................................... 9
3.2. Mesure du coefficient de perméabilité en laboratoire ................................................................ 12
3.2.1. Perméamètres à charge constante (sols grossiers) ................................................................... 12
3.2.2. Perméamètres à charge variable (sols fins) .................................................................................. 13
3.3. Mesure du coefficient de perméabilité in situ ............................................................................... 14
3.3.1. Essais de pompage (sols) .......................................................................................................... 14

4. ECOULEMENT DANS LES SOLS .................................................................. 15


4.1. Equations des lignes équipotentielles et des lignes de courant ............................................. 15
4.2. Figures de courant ............................................................................................................................... 18

5. DETERMINATION DE LA PRESSION INTERSTITIELLE .............................. 21


5.1. Introduction ........................................................................................................................................... 21
5.2. Calcul de u à partir d'une figure de courant .................................................................................. 21
5.3. Mesure de u ........................................................................................................................................... 21

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6. ENTRAINEMENT DES PARTICULES D'EAU ................................................ 23
6.1. Effort d’entraînement des particules............................................................................................... 23
6.2. Phénomènes de soulèvement et d’érosion interne ..................................................................... 24
6.3. Filtres....................................................................................................................................................... 27

7. CAPILLARITE ................................................................................................. 29

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L'eau dans les sols 3— 4

1. Notions de contrainte effective et de contrainte


totale

1.1. Remarque préliminaire

La notion de contrainte σ se conçoit aisément dans le cas théorique d'un corps continu
pour lequel le passage à la limite du rapport entre l'effort F agissant sur une surface et l'aire A
de celle-ci ne pose pas de problème particulier :

F
{1.1} σ = lim A  0
A

Dans des milieux discontinus, tels que les massifs de sol, ce passage à la limite conduit
à des champs de contraintes éminemment variables et même discontinus. Ces champs sont
d'ailleurs en pratique impossibles à déterminer, compte tenu de la complexité de la géométrie
et de la méconnaissance des conditions de contact.
En pratique, on considère des limites de A suffisamment grandes pour obtenir un
champ de contraintes moyennes. Par cette hypothèse, la théorie des milieux continus est
d’application.

Convention de signe : en mécanique des sols, on considère que la contrainte est


positive en compression.

1.2. Terrains saturés meubles


Soit un échantillon de terrain constitué de particules de sol, complètement saturé,
soumis à un effort uniaxial F. Les contraintes se répartissent entre le squelette solide et l’eau,
comme dans un assemblage de barre en compression. Mais ici, le sol et l’eau sont intimement
mélangés.
F

1 1

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
L'eau dans les sols 3— 5

La pression de l'eau interstitielle u agit tout autour des blocs ou des grains, les contacts
étant quasi ponctuels, elle comprime donc hydrostatiquement, avec une intensité u, la phase
solide.

Toute section normale (1,1) d'aire A est donc soumise, par le fait de la présence d'eau
sous pression u, à une contrainte normale uniforme u = u et donc à un effort :

{1.2} Fw = u.A

D’autre part, les grains transmettent par l'intermédiaire de leurs points de contact un
effort :

{1.3} F' = F - A.u

Cet effort F' induit une contrainte moyenne ' telle que :

F'
{1.4}  '
A

La contrainte ' est qualifiée d'effective; elle résulte donc des efforts transmis de grains
à grains, de blocs à blocs. Il est important de remarquer que, quand ' devient nulle, les efforts
de contact disparaissent et que quand ' devient négative, les grains ont tendance à se séparer.
Ils ne peuvent rester en contact que dans la mesure où la cohésion est suffisante. Dans les
sables, il y a immédiatement mise en suspension des grains et donc liquéfaction du milieu.
Dans les terrains qui sont des milieux formés de grains ou de blocs, la contrainte
F
normale totale   peut s'écrire :
A
{1.5}  = ’ + u

Les contraintes tangentielles  ne sont évidemment pas affectées par la pression


interstitielle u qui n'a pas de composante tangentielle.

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
L'eau dans les sols 3— 6

La distinction entre contraintes effectives et contraintes totales est fondamentale en ce


qui concerne :

- la résistance des terrains, en effet leur résistance au cisaillement dépend des forces
de frottement entre éléments qui sont en relation directe avec les efforts de contact
entre les grains, c'est-à-dire avec la contrainte effective ';

- les déformations des terrains sont principalement dues à des déformations des
points de contact ou à des déplacements entre éléments, car la déformation par
compression hydrostatique des minéraux et de l'eau est négligeable. C'est donc
aussi les contraintes effectives ' qui provoquent les déformations et plus
particulièrement les tassements des terrains.

1.3. Massifs partiellement saturés


Quand l'air est réparti sous forme de bulles dans le liquide, la distinction des
contraintes  et ' se fait comme dans le cas d'un sol saturé.

g 
Coupe Aa 1
"1,1"
1 1
Al l
A
=Sr
As s

1 Sr
Pour de plus faibles teneurs en eau, il se forme des ménisques autour des contacts
solides et les pressions d'eau et d'air interstitiels diffèrent. Dans ce cas, on peut définir une
pression interstitielle équivalente u* :

{1.6} u* (Aa + Aw) = uaAa + uwAw

{1.7} = ua (Aa + Aw) - uaAw + uwAw

{1.8} = ua (Aa + Aw) - (ua - uw) Aw

{1.9} u* = ua - (ua - uw) Aw /(Aa + Aw)

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
L'eau dans les sols 3— 7

{1.10} u* = ua - Sr (ua - uw)

où la succion est définie par

{1.11} s = ua - uw

En remplaçant dans 1.5 u par u* :

{1.12} ' =  - ua + Sr (ua - uw)

En réalité, la répartition des contraintes en fonction de la saturation est un peu


différente et correspondrait plutôt, selon Bishop, à l'équation suivante :

{1.13} ' =  - ua +  (ua - uw)

où  est un coefficient qui n'est pas une fonction linéaire de Sr (cf. figure). Cette relation a été
elle même remise en question notamment par Alonso et Gens. En effet, elle ne permet pas de
représenter correctement les phénomènes de gonflement et d’effondrement observés dans des
argiles gonflantes, telles que celles que l’on utilise pour élaborer des barrières d’étanchéité.

Remarques

- Dans les sols argileux, il faudrait en toute rigueur tenir compte des effets de
répulsion et d'attraction d'origine électrique.
- La différence des pressions dans l'air et dans l'eau provient du rayon de courbure
des bulles et des ménisques, de la tension superficielle de l'eau, de l’équilibre de la
pression de vapeur d’eau, et aussi des caractéristiques de solubilité de l'air dans
l'eau qui sont notamment variables avec la pression,...

1.4. Sols secs


La formule 1.13 s'écrit :

{1.14}  ' =  - ua

Le plus souvent, l'air a une pression négligeable; cependant, dans certains phénomènes
transitoires des pressions peuvent apparaître et réduire considérablement ', il peut alors se
produire des avalanches.

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
L'eau dans les sols 3— 8

2. Notion de potentiel hydraulique et de gradient


hydraulique

Il est utile de rappeler quelques notions de base d'hydraulique et de définir les


notations habituellement utilisées en géomécanique.
D'abord, la notion d'énergie potentielle hydraulique , souvent appelée simplement
potentiel hydraulique, est habituellement définie par le concept de charge hydraulique h, qui
transforme les différentes composantes de l'énergie potentielle en hauteurs d'eau équivalentes
(par rapport à une cote de référence choisie) :

h
u
u u
v
u
0 niveau de référence
x
z

u v2
{2.1} h  z  
w 2g

avec z = profondeur du point considéré par rapport au niveau de référence choisi,


u = pression de l'eau,
w = poids volumique de l'eau,
v = vitesse globale de l'écoulement,
g = accélération gravifique.
Le plus souvent, en géotechnique, les écoulements sont lents et le terme d'énergie de
vitesse est négligeable. L'équation 2.1 se réduit ainsi à :

u
{2.2} h  z 
w

La représentation de h se fait à l'aide des surfaces ou des lignes équipotentielles, c'est-


à-dire des lieux de h constant.

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
L'eau dans les sols 3— 9

Le gradient i du potentiel hydraulique vaut :

{2.3} i = grad h

h h h
C'est un vecteur de composantes (ix = , iy = , iz = ).
x y z
Il est dirigé orthogonalement aux équipotentielles et il a pour valeur la variation
relative de h suivant cette direction, c'est-à-dire la perte de charge maximum par unité de
longueur. Le gradient i peut évidemment être mesuré par la plus grande pente de la surface
équipotentielle.

3. Détermination du coefficient de perméabilité


3.1. Généralités
Nous considérerons ici le cas des écoulements dans les sols saturés.
Dans un tube de section globale A, à un débit q, correspond la vitesse conventionnelle:

q
{3.1} v
A

h
ha
section a
hb
L

hb
section A
ha
0 niveau de référence

Darcy1 a remarqué que dans les sables aquifères :

{3.2} v = - k.i


Il serait plus correct de dénommer i : « gradient de la charge hydraulique h » ou « gradient du potentiel
hydraulique exprimé en hauteur de charge ».
1
Henri Darcy, Les fontaines publiques de Dijon (1856)
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L'eau dans les sols 3— 10

Le coefficient k est dénommé le coefficient de perméabilité; il a la dimension d'une


vitesse, le gradient hydraulique i étant adimensionnel et valant :

{3.3} i gradh hb ha


L

La loi de Darcy est la mieux applicable aux sables pour lesquels le régime est
laminaire et les forces de surface négligeables. Pour les graviers, l'écoulement peut être
turbulent pour des gradients suffisants, la loi de Darcy n'est alors plus applicable. Pour les
argiles, le régime est toujours laminaire, mais les formes des particules et les effets électriques
de surface peuvent perturber le phénomène d'écoulement.
En se basant sur la loi de Poiseuille, relative aux écoulements dans les conduites
cylindriques, Kozeny-Carman ont établi :

Cfw n3
{3.4} k (m/s)
T 2 Sv2 1  n2

avec Cf = coefficient de forme des tubes d'écoulement réels souvent proche de 0,4;
T = tortuosité du tube d'écoulement, c'est-à-dire le rapport entre la longueur réelle des
lignes de courant à la longueur en ligne droite, habituellement proche de 2;
Sv = surface mouillée par volume unitaire de particules, c'est-à-dire la surface
spécifique (m²/m³ = 1/m);
n = porosité;
 = viscosité dynamique (Pa.s).

0.5 n

Cette formule montre que k :


- est inversément proportionnel à Sv2, c'est-à-dire proportionnel au carré de la
dimension des grains (pour des rangements homothétiques);
- augmente avec la porosité n (cf. figure);
- est inversément proportionnel à la viscosité ;
- augmente avec la température t à cause principalement de la diminution de ;

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L'eau dans les sols 3— 11

Par le fait même de la mise en place des sols par sédimentation et de leur consolidation
ultérieure, la structure n'est pas isotrope, surtout dans le cas des matériaux argileux formés de
plaquettes qui se déposent préférentiellement à plat; il en résulte que k est généralement plus
grand dans la direction des couches que dans la direction transversale.
On définit parfois le coefficient de perméabilité intrinsèque k' du milieu poreux en
éliminant les paramètres w et  caractéristiques du fluide; d'après 3.5, il vient :


{3.5} k'k (m²)
w

Les valeurs habituelles de k sont reprises au tableau ci-dessous.

10-12 10-10 10 -8 10 -6 10 -4 10 -2 10 0 m/s


pratiquement très faible faible bonne très
imperméable perméabilité perméabilité perméabilité perméable k
argiles argiles sables graviers fins graviers moyens
non fissurées faiblement très fins sables propres et gros
matériaux fissurées sables mélanges
rocheux, massif limons limoneux graviers-sables
à faible porosité compacts limons peu massifs discontinus à
matériaux compacts discontinuités...
rocheux à argiles très ... fermées ... ouvertes ... très
forte porosité fissurées ouvertes
granites altérés
schistes, grès
discontinuités
rocheuses à
remplissage
argileux
drainage... ... impossible ... difficile ... lent ... aisé rabattement
impossible
perméamètres à charge constante
perméamètres à charge variable
pressioperméamètre Ménard
essais Lugeon
essais Lefranc
par cv à l'oedomètre

Remarque :

Pour les matériaux à très faibles perméabilités (k = 10-8 m/s), le trajet parcouru par une
particule d'eau en un an (31,5.106 s) est donc pour i = 1 de 31,5.106.10-8 = 0,315 m. Pour k =
10-10 m/s, la distance vaudrait 3,1 mm.

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3.2. Mesure du coefficient de perméabilité en


laboratoire
3.2.1. Perméamètres à charge constante (sols grossiers)

ha

hb
Q
hb
n
o

section
ill
L

nt

A
ha
éc

ha

niveau de référence

L'échantillon cylindrique est placé ou fabriqué dans un cylindre métallique (souvent


un moule Proctor rendu étanche - cf. fascicule II § 4.9) ou en matière plastique. Il est limité à
ses bases par deux treillis ou deux filtres très perméables (pierres poreuses, gravier, bronze
fritté,...). L'alimentation se fait à l'aide d'un bac à niveau constant, l'évacuation du trop plein se
fait par déversement. Les hauteurs de charge amont ha et aval hb sont mesurées par des tubes
piézométriques.
La vitesse d'écoulement au travers de l'échantillon est déterminée à partir de la
quantité d'eau Q récoltée pendant un temps t :

Q
{3.6} v
A t

Le gradient hydraulique est donné par {3.3}. En remplaçant v et i dans {3.2}, il vient :

QL
k
A  ha  hb  t
{3.7}

Plusieurs précautions doivent être prises pour réduire les erreurs de mesure,
notamment :
- le régime permanent doit être établi;
- les pertes de charge au dehors de l'échantillon doivent être négligeables;

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- les chemins préférentiels le long de la paroi doivent être évités par l'interposition
d'un matériau imperméable (par ex. graisse);
- l'eau d'alimentation doit être désaérée et déminéralisée;
- les vitesses doivent être limitées pour que le régime soit laminaire;
- la charge hydraulique doit être suffisamment faible pour éviter l'entraînement des
particules de sols.

3.2.2. Perméamètres à charge variable (sols fins)


Lorsque la perméabilité est faible, on mesure la quantité d'eau de percolation par la
variation de niveau dans le tube amont calibré et non plus par empotement, le perméamètre
(souvent une cellule oedométrique, ce qui permet de considérer l'influence d'une charge
appliquée - cf. fascicule IV) est dit alors à charge variable. Après mise en régime, on mesure
les charges h1 et h2 au temps t1 et t2.
Si à un instant intermédiaire t, la perte de charge vaut h. Au cours de l'accroissement
de temps dt suivant, la charge diminue de |dh|. Pendant dt, la vitesse vaut, d'après {3.6}:

{3.8} v a.dh
A.dt

et le gradient i  h L

tinit
t1

t dh
t + dt effort
h1
t2 h
h2

échantillon
L

section
a
section
A

d'où d'après {3.2} :

{3.9} k  a.dh L
A.dt h

En intégrant entre les temps t1 et t2, il vient :

kA t2 dt  h2  dh
aL t1 h1 h
{3.10}

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ou encore :

k aL ln h1
{3.11}
A(t2 t1) h2

Il faut prendre les mêmes précautions que pour les perméamètres à charge constante.

3.3. Mesure du coefficient de perméabilité in situ

3.3.1. Essais de pompage (sols)

piézomètres q

niveau initial
attue
pe r ab
la nap
lib re de
ace
surf

k z1
z2

pompe

x2
k =0 x1

Le coefficient de perméabilité peut également se mesurer in situ, le plus souvent par


pompage dans un puits (cf. cours d'hydraulique appliquée).
Suivant les conditions géométriques et géotechniques, le rabattement de la nappe
varie.
Soit le cas simple d'un terrain horizontal, perméable, homogène, comprenant une
nappe phréatique et reposant sur un sol horizontal imperméable. Le pompage dans un puits
provoque un rabattement de nappe qui se stabilise. Celui-ci est souvent déterminé en faisant
des hypothèses simplificatrices (rayon d'influence, écoulement plan, mesure du rabattement
uniquement dans le puits,...).

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4. Ecoulement dans les sols

Après avoir décrit le moteur de l’écoulement et les observations expérimentales


menant à la loi de Darcy et à la mesure du coefficient de perméabilité, nous élaborons dans ce
paragraphe les équations permettant de modéliser des écoulements quelconques dans un
milieu poreux.

4.1. Equations des lignes équipotentielles et des


lignes de courant
Dans les sols fins, l'écoulement est généralement du type laminaire. Il prend place
dans les vides interstitiels. Cependant, on considère les vitesses globales en rapportant le débit
à la section totale.
Dans ce cours non spécialisé, nous nous limiterons à la théorie des écoulements plans.
Soit un volume élémentaire de sol V = dx.dz.1. Le volume d'eau Vw correspondant
vaut:

{4.1} Vw V. e .Sr V.n.Sr


(1e)

ou

{4.2} Vw = Vs.e.Sr
avec Vs= volume du solide dans le volume élémentaire V,
e = indice des vides,
Sr = degré de saturation.

Pendant l'accroissement de temps dt, la variation du volume d'eau vaut, si l'on


remarque que Vs est constant :

 e S  V  e S 
{4.3} dVw  Vs  S r  e r dt   Sr  e r dt
 t t  1  e  t t 

Cette variation dVw est égale à la différence entre la quantité d'eau qui entre et celle
qui sort du volume dx.dy.1, c'est-à-dire :

 v v 
{4.4} dVw   x dx.dz  z dz.dx .1.dt
 x z 

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V= dx.dz.1
e

Vw
l

Sr

Vs
s

1
x
y dx
z vz
1
vx + dvx . dx
dx
dz

vx

vz + dvz . dz
vy = 0 dz
dvy = 0

En égalant {4.3} et {4.4}, on obtient l'équation de base de l'écoulement plan en milieu


poreux tenant compte des variations du degré de saturation et de l'indice des vides (ou de la
porosité). Dans le cas d'un régime laminaire, l'équation de Darcy

{4.5} v = - k.i

{4.6} = - k grad h

permet d'écrire :

{4.7} kx
 2h
x2
 k z
z 2 1e t

 2h 1 e Sr
 S r e
t

Si la perméabilité est isotrope :

{4.8}
1e t

k2h 1 Sr e e Sr
t

²h désignant le Laplacien de h.
Dans le cas d'un milieu saturé

{4.9} Sr 0
t

et incompressible :
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{4.10} e 0
t

l'équation {4.8} devient :

{4.11} k2h0

La solution de ce Laplacien qui respecte les conditions aux limites, fournit le champ
de la charge hydraulique (ou du potentiel). Celui-ci est le plus souvent défini par les lignes
d'égale charge (ou équipotentielles).
Le champ des vitesses d'écoulement s'obtient en se basant sur l'équation de Darcy
(valable en régime laminaire) :

{4.5} v = - k.i

avec v = vitesse globale,


k = coefficient de perméabilité (isotrope),
i = grad h = gradient de la charge hydraulique;
et sur l’équation {4.11}. D'après {4.5}, les vecteurs vitesses caractérisant les lignes de courant
sont dirigés suivant le grad h, c'est-à-dire normalement aux lignes équipotentielles. Les lignes
de courant et les courbes équipotentielles forment donc un réseau orthogonal en milieu de
perméabilité isotrope.

La résolution analytique de ces équations aux dérivées partielles n’est possible que
pour quelques cas simples. En général, une résolution approchée est obtenue par des méthodes
numériques. Parmi celles-ci, les méthodes des différences finies et des éléments finis sont les
plus courantes et les plus performantes. Leur exposé sort du cadre de ce cours.

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L'eau dans les sols 3— 18

4.2. Figures de courant


La résolution du problème aux dérivées partielles permet notamment de procéder aux
tracé des lignes équipotentielles et des lignes de courant. Ces figures sont une illustration
particulièrement claire du mode d’écoulement autour d’un ouvrage, comme en témoignent les
figures qui suivent.
Dans le cas des écoulements noyés ou à surfaces libres horizontales, les conditions aux
limites sont bien définies, c'est notamment le cas d'un barrage ou d'un rideau de palplanches
qui est ancré dans une couche perméable reposant sur un substratum imperméable.
Les potentiels à la surface du terrain à l'amont et à l'aval sont connus. Si ces surfaces
sont noyées, le potentiel correspond au niveau d'eau; si elles sont à l'air, il correspond pour
chaque point à son élévation z.
Les surfaces imperméables imposent un mouvement d'eau parallèle à celles-ci, elles
sont donc des lignes de courant.
Les modèles devant être limités, il faut choisir leurs limites telles que l'écoulement ne
soit pratiquement pas perturbé, c'est-à-dire telles que les débits à travers ces surfaces soient
négligeables. Ces surfaces limites sont considérés être des lignes de courant.
Dans le cas d'un écoulement avec une surface libre, la forme de celle-ci n'est pas
définie a priori. Elle doit être déterminée en respectant les conditions limites suivantes :
- c'est une ligne de courant,
- c'est une surface phréatique, la pression u y est donc nulle et le potentiel h
correspond directement à z, les équipotentielles dans le massif doivent donc à leur
intersection avec la surface libre satisfaire cette condition.
L'émergence de la surface libre dans une digue homogène sans drain, se fait dans le
talus aval, en principe tangentiellement. Entre cette émergence et la surface de l'eau libre au
pied du talus, les lignes de courant émergent avec un angle variant de 0 à la surface libre de la
nappe, à 90° à la surface de l'eau à l'aval de la digue. Le potentiel est linéairement variable
suivant le talus. Sous le niveau de l'eau à l'aval, le potentiel est constant sur le pied du talus, et
les lignes de courant y sont normales.

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L'eau dans les sols 3— 19

 = Cte

h = Cte

k=0

k=0

k=0

 = Cte

h = Cte

k=0
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L'eau dans les sols 3— 20

ligne de saturation (ls)

k=0

Dans le cas d'un drain sous le pied, les lignes de courant sont rabattues et elles arrivent
dans ce drain verticalement. Au talus amont, les lignes de courant pénètrent orthogonalement,
ce talus étant une ligne équipotentielle. Toutefois, dans le cas d'un talus en surplomb (reposant
sur un matériau extrêmement perméable), la surface libre ne peut remonter, car cela
correspondrait à une augmentation du potentiel dans le sens du courant.

émergence
k1 ls vertical
e drain
(k>>k)1
k1
k>>k1

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L'eau dans les sols 3— 21

5. Détermination de la pression interstitielle


5.1. Introduction
La pression interstitielle u peut être déduite directement de la charge hydraulique h car
la profondeur z est triviale à déterminer :

{5.1} u = w h + w z

5.2. Calcul de u à partir d'une figure de courant


Quand les conditions aux limites sont connues avec précision ou quand il s'agit d'une
prévision, on détermine d'abord le réseau des équipotentielles (cf. § 3.1 et 3.2) et puis on
applique la formule {5.1}.

5.3. Mesure de u

tube
piézomètre

remplissage

bouchon
(bentonite)
crépine
sable

La plupart du temps, la complexité du problème conduit à la nécessité de déterminer


expérimentalement u à l'aide de dispositifs appelés piézomètres qui mesurent en fait la hauteur
de charge h en un point d'une nappe. Une telle mesure est aussi très recommandable pour
contrôler l'exactitude des calculs et pour déceler tout comportement anormal notamment dans
les talus, les barrages,...
Deux types de piézomètres sont généralement distingués :
- les piézomètres ouverts,
- les piézomètres fermés (ou à volume constant).

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L'eau dans les sols 3— 22

Les piézomètres ouverts sont des tubes crépinés, c'est-à-dire percés de trous circulaires
ou de fentes, à la cote prévue pour les mesures. Une section du forage y est limitée par des
bouchons imperméables évitant les mouvements verticaux préférentiels d'eau dans le forage.
La hauteur de charge au-dessus du niveau de mesure correspond directement à la pression
interstitielle.
Il est important de veiller à ne pas réduire la perméabilité du terrain autour du forage,
notamment par l'emploi d'une boue.
En terrain peu perméable, le temps de réponse d'un piézomètre ouvert est long (des
semaines, voire des mois); ce type d'appareil n'est donc pas utilisable dans ce cas.
Les piézomètres rigides dits aussi à "volume constant" sont conçus dans le but de
réduire considérablement le temps de réponse. La pression est lue directement au niveau
considéré par des capteurs rigides englobés dans le terrain ne nécessitant que des variations de
volumes très faibles. La crépine est constituée d'un tube, d'une pointe ou d'un disque poreux
(céramique). Le plus souvent, la pression est lue à l'aide d'un dispositif à air ou à corde
vibrante.

électroaimant
corde
air
membrane en vibrante
caoutchouc
pierre
pierre poreuse
u poreuse u

En laboratoire, le principe de mesure de u est le même.

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L'eau dans les sols 3— 23

6. Entraînement des particules d'eau


6.1. Effort d’entraînement des particules

Les particules solides dans une nappe en mouvement s'opposent à celui-ci; elles ont
tendance à être entraînées dans le sens du courant. L'effort correspondant d’entraînement est
aussi appelé poussée ou pression d'écoulement ou force de filtration ou encore pression de
courant.
Soit un volume élémentaire apparent (dx.dz.1) de sol dans une nappe en mouvement
plan dont nous considérons une tranche d'épaisseur unitaire. Les équations d’équilibre
s’écrivent :

 x   zx 0
{6.1} x z
 zx   z  0
x z

où  est le poids volumique total du sol. Nous allons transformer ces équations en faisant
intervenir les contraintes effectives qui s’exercent sur les grains de sol. En utilisant le postulat
de Terzaghi et la définition de la charge hydraulique :

{6.2}  'u

{6.3} h u  z
w

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il vient :

{6.4} u wh z 

{6.5}  x   x'  w h
x x x

Les équations d’équilibre s’écrivent alors :

 x '  zx h
 w 0
x z x
{6.6}
 zx  z ' h
 w     w   0
x z z

Il en résulte que le squelette de sol est soumis aux forces volumiques suivantes :
 Des forces de pesanteur, de composantes : 0 ;    w 
Il s’agit donc du vecteur poids volumique déjaugé.
h h
 Des forces d’écoulement de composante :  w ; w   wi
x z
Ces forces volumiques sont analogues aux forces de pesanteur.
Lorsque la vitesse d’écoulement est verticale et ascendante, les forces d’écoulement
s’opposent directement aux forces de pesanteur. Si la résultante de ces deux forces est dirigée
vers le haut, les grains de sol sont entraînés par l’eau : on dit alors qu’il y a un phénomène de
renard.

6.2. Phénomènes de soulèvement et d’érosion interne

Lorsque les pressions interstitielles u deviennent égales aux contraintes totales , les
contraintes effectives ' s'annulent et le terrain a tendance à devenir instable.

soulèvement de fond de fouille


u

Un cas typique est le fond d'une fouille dans un sol peu perméable reposant sur une
couche plus perméable contenant une nappe en charge.

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L'eau dans les sols 3— 25

phénomène de boulance

Dans les terrains plus perméables, l'eau peut percoler jusqu'en surface et former
finalement un cratère déversant de l'eau chargée en sol qui sédimente en cône. Dans ce cas, le
sol n'a plus aucune portance. Cela peut aussi être le cas à l'aval des ouvrages de retenue
hydraulique, de blindage de fouille sous la nappe phréatique ou de batardeaux.
Les figures de courant tracées en 4.2 font apparaître à l'aval d'un rideau de palplanches
ou d'un barrage un écoulement vertical dirigé vers le haut. Un volume élémentaire de sol est
donc soumis, d'une part, à une force d’entraînement d'intensité i.w, dirigée dans le sens du
courant, c'est-à-dire dans ce cas vers le haut et d'autre part, à son poids déjaugé d'intensité ( -
w). Dès que :

  w
{6.7} i icr
w

-i.w.dxdydz
dy dx
dz

équipotentielles
( - w).dxdydz
lignes de courant

c'est-à-dire dès que le gradient dépasse le gradient critique icr, la résultante des efforts est
dirigée vers le haut et le sol est entraîné, s'il n'est pas cohérent.
Dans les sols argileux, l’entraînement ne se produit que quand la résultante dépasse la
résistance à la traction qui est liée directement à la cohésion.
Dans le cas du barrage en terre, l'endroit critique est à l'émergence des lignes de
courant dans le talus aval. L'action combinée de i.w dirigé vers l'extérieur et de la
sursaturation produite par la concentration des lignes de courant conduit inévitablement à
l'instabilité de la digue par érosion régressive.

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L'eau dans les sols 3— 26

h h
D C
E
D C G H
D
D
A D/2 B
F
A D/2 B

D'après Terzaghi, le soulèvement dans les cas schématisés ne se produit généralement


que si l'instabilité a lieu sur une largeur D/2, D étant la profondeur d'instabilité. L'effort de
soulèvement du aux forces de filtration est calculé à partir de la moyenne des charges aux
niveaux AB et CD. Le gradient moyen i peut être estimé :

{6.8} 
i  hA hB  hC hD 1
2 2 AD

L'effort de soulèvement correspondant de ABCD vaut donc, d'après {6.7} :

{6.9} F  i. w .V

V étant le volume du prisme de base ABCD et d'épaisseur unitaire.


Le poids déjaugé du prisme est :

{6.10} W = ( - w) V

Le gradient moyen critique icr , c'est-à-dire à l'équilibre strict, est obtenu par la
condition:

{6.11} F=W

d’où

  w
{6.12} icr 
w

Généralement, on adopte un coefficient de sécurité F, au moins égal à 3 :

{6.13} SF  icr
i

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L'eau dans les sols 3— 27

Une érosion interne peut aussi se produire quand les particules fines dans la masse du
sol sont entraînées par l'écoulement d'eau. Ces particules peuvent se redéposer puis être
entraînées à nouveau après un certain temps. Il se produit ainsi des zones de perméabilités
différentes favorables à la poursuite du phénomène. Lorsque les particules sont éliminées à la
surface, aux endroits de forts gradients, le phénomène est régressif et accéléré par le fait que
grad h augmente lorsque la longueur du chemin de parcours diminue. Il se forme un conduit
appelé "renard". Les terrains les plus susceptibles sont les sables fins; les sols cohérents, par
le fait que les grains adhérent, sont moins dangereux. Certaines argiles à structure dispersée
sont cependant érodables. Pour déclencher le phénomène, il faut un conduit initial, même de
petit diamètre, tel que la trace laissée par une radicelle. La susceptibilité à l'érosion est
déterminée par un essai de perméabilité à l'eau contenant les mêmes sols qu'en place, sur
échantillon percé d'un trou d'aiguille (Pin hole test).
Les gradients d’entraînement de particules sont généralement supérieurs à 10, par
sécurité, ils sont limités à 3 ou 4 pour les sols non cohérents et confinés. Dans les argiles, ces
gradients peuvent atteindre 50 et sont rarement dangereux.

6.3. Filtres

Pour éviter l’entraînement de particules à l'émergence de l'eau, il faut placer des


protections qui répondent aux deux conditions suivantes :

- elles doivent être très perméables vis-à-vis du sol, mais pas trop, pour y créer une
perte de charge atténuant celle à la sortie du sol et de dimensions telles que les plus
fines particules du sol ne puissent pénétrer le drain;

- elles doivent appliquer une contrainte effective suffisante pour éviter le


soulèvement éventuel.
palplanches

ballast
drain
filtre

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L'eau dans les sols 3— 28

Un filtre est habituellement réalisé par superposition de couches de granulométrie


croissante. Terzaghi a établi que, pour chaque matériau en contact, il fallait respecter les
conditions :

d15 filtre
5
d85 sol
d15 filtre
{6.14} 4  20 à 40
d15 sol
d50 filtre
 25
d50 sol

dn étant le diamètre des grains correspondant à n % de passants. Des règles plus


précises existent notamment pour les barrages. Actuellement, le développement très rapide
des géotextiles (Bidim,...) a permis de simplifier fortement la conception des dispositifs de
drainage par l'interposition directe d'un feutre entre le sol et le drain.

% passants
100

85

sol à
protéger
50 fuseau
du filtre

15
dimensions
0 d15sol d50sol d85sol 4 d15sol 5 d85sol 20 d15sol 25 d50sol
.

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L'eau dans les sols 3— 29

7. Capillarité
On assimile souvent les interstices des sols à des tubes capillaires verticaux pour
calculer les hauteurs d'ascension capillaires.

D'après la loi de Jurin, la tension superficielle Ts agit le long de la limite commune


entre les trois phases (liquide, solide, gazeuse) et produit l'aspiration de l'eau. Le niveau se
stabilise à hc quand l'effort résultant de Ts est égal au poids d'eau aspirée, c'est-à-dire quand :

{7.1} hc  2Ts cos


r w

En remplaçant les paramètres par leurs valeurs courantes, par exemple T = 73,5
mN/m, il vient, le ménisque étant tangent dans le cas d'un contact eau, verre propre, air :

15.106
{7.2} hc  (m)
r

c'est-à-dire, pour r = 1 µm hc = 15 m;
r = 1 mm hc = 15 mm.
Dans les sols, les interstices sont de forme très irrégulière et la hauteur d'ascension
capillaire est, par ce fait, mal définie. En effet, si nous considérons un tube à section variable,
l'eau se stabilise à des niveaux différents suivant les conditions d'essais (notamment le sens de
la variation relative des niveaux d'eau et les conditions d'alimentation).

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L'eau dans les sols 3— 30

D'après Terzaghi et Peck, pour les sols, la hauteur maximum d'ascension capillaire
vaudrait :

C
{7.3} hc ,max  (m)
e.d10

avec C = constante qui dépend de la forme des grains et des impuretés superficielles et qui
est comprise entre 10-5 et 5.10-5 m²);
e = indice des vides;
d10 = diamètre à 10 % de passant (m).
Il se forme donc au-dessus du niveau phréatique (défini par une pression u nulle) une
zone dans laquelle le degré de saturation Sr diminue de bas en haut.
A un même niveau, Sr est modifié par les conditions d'alimentation, d'évaporation ou
d'évapotranspiration. En effet, si nous considérons un tube rempli de limon ou de sable et dont
le pied est posé dans un baquet d'eau, Sr n'est pas défini de manière univoque.
Dans le cas d'une saturation initiale complète, l'eau se draine et la courbe de Sr en
fonction de la cote h au-dessus du niveau phréatique se stabilise conformément à la courbe
"sat". Au-dessus de la hauteur d'ascension capillaire maximum hc,b, l'eau n'est plus en
communication continue avec la nappe et l'humidité est constante s'il n’y a pas d'évaporation.
Sous hc,a le sol reste saturé.

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L'eau dans les sols 3— 31

Cotes
hc

hc,b

"sa
t"
hc,d état initial
saturé

" d"
état hc,a
initial sec
hc,c
niveau
phréatique Sr
0 100 %

Dans le cas d'un sol initialement sec, la courbe (Sr, h) désignée par "d" est caractérisée
par une ascension capillaire et une saturation moindres. L'eau ne peut remonter que jusqu'à
hc,d appelée au sens strict hauteur d'ascension capillaire. Il n'existe généralement plus de zone
saturée, mais seulement une zone à saturation maximum définie par la hauteur d'ascension
capillaire minimum hc,c.
En réalité, la situation sera proche de la courbe "sat" quand la nappe est alimentée
par gravité ou quand la nappe descend. Elle sera proche de la courbe "d" quand la nappe
remonte ou quand une évaporation se produit.
La dépression dans l'eau dépend uniquement de h et non de l'état de saturation.
Hauteurs d'ascension capillaire approximatives :

hc,d (m) hc,a (m)

Gravillon 0,05 0,06


Gravier sableux 0,30 0,20
Gravier limoneux 1,00 0,70
Sable fin 1,60 1,10
Limon 4,00 2,00
Argile quelques dizaines de m

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L'eau dans les sols 3— 32

En plus de la dépression capillaire de l'eau, il peut exister des dépressions osmotiques,


d'adsorption,... On définit souvent l'ensemble comme étant la succion. Dans le cas exposé ci-
dessus, la succion est égale à la différence des pressions d’air et d’eau :

sua uw

Dans cette expression, la pression d’air est généralement négligée devant la pression
d’eau. On exprime également souvent la grandeur de la succion par son logarithme :

{7.4} pF log10 u
w

avec u/ w = dépression exprimée en mm de "hauteur" de charge;


ou par

{7.5} pF 3log10 u
w

quand u/w est exprimée en m.

w %

50
arg
ile
l im

30
on

sa
ble

10
log succion
0.001 0.1 10 1000 MPa

Des courbes de succion en fonction de w, pour trois sols types, sont données. Ces
courbes présentent des hystérésis pour les mêmes raisons que celles qui conduisent à une
relation (hc, Sr) non univoque.

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GEOTECHNIQUE

Fascicule IV

Propriétés mécaniques

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FASCICULE 4

PROPRIETES MECANIQUES

__________________________________________________________________________________________

Tables de matières

1. CONVENTION DE SIGNE DES CONTRAINTES – CERCLE DE MOHR ......... 4

2. INTRODUCTION ............................................................................................... 5

3. COMPRESSION OEDOMETRIQUE ................................................................. 6


3.1. Description ............................................................................................................................................... 6
3.2. Coefficients de déformation déterminés à l'oedomètre ............................................................... 8
3.3. Mise en équation du diagramme oedométrique idéalisé ........................................................... 12
3.4. Théorie de la consolidation de Terzaghi ........................................................................................ 15
3.5. Dilatations et pressions de gonflement.......................................................................................... 22
3.6. Consolidation secondaire .................................................................................................................. 23

4. COMPRESSION TRIAXIALE .......................................................................... 24


4.1. Introduction ........................................................................................................................................... 24
4.2. Description ............................................................................................................................................. 24
4.3. Types d'essais ...................................................................................................................................... 26
4.4. Réalisation ............................................................................................................................................. 27
4.5. Interprétation ......................................................................................................................................... 28
4.6. Comportements à la rupture des sols ............................................................................................ 30
4.6.1. Modèle de Mohr-Coulomb .......................................................................................................... 30
4.6.2. Cas des sols granulaires ou à frottement interne – sables et graviers.......................... 32
4.6.3. Cas des sols cohérents – argiles ............................................................................................. 34

5. CISAILLEMENT DIRECT ................................................................................ 36

6. PRESSIOMETRE (MENARD) ......................................................................... 39

7. ESSAIS DE PENETRATION ........................................................................... 45


7.1. Essai de pénétration au cône – CPT ............................................................................................... 45
7.1.1. Généralités ..................................................................................................................................... 45
7.1.2. Description ..................................................................................................................................... 45
7.1.3. Interprétation ................................................................................................................................. 47
7.1.4. Possibilités, avantages, inconvénients .................................................................................. 53

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7.2. Pénétromètre dynamique ................................................................................................................... 53
7.2.1. Généralités ..................................................................................................................................... 53
7.2.2. Essais DPA et DPB ...................................................................................................................... 54
7.2.3. Autres essais au pénétromètre dynamique........................................................................... 56

8. ESSAIS DE CHARGEMENT SUPERFICIEL A LA PLAQUE ......................... 57

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Propriétés mécaniques 4— 4

1. Convention de signe des contraintes – Cercle de


Mohr

 Les composantes normales sont considérées positives en compression.

 Par convention, on a:
{1.1} 1 >  2 >  3

 L'angle  entre la facette principale AB sur laquelle agit 1 et une facette quelconque
BC est défini par  qui est compté depuis AB vers BC, positivement dans le sens anti-
horlogique (trigonométrique).

 L'état de contraintes en tout point peut être défini à partir des contraintes principales
grâce à:
1   3 1   3
{1.2}   cos 2
2 2

1   3
{1.3}  sin 2
2

Suite au choix du sens positif de , les composantes tangentielles de la contrainte sont


donc positives lorsqu'elles tendent à faire tourner la facette autour d'un point P intérieur au
triangle ABC dans le sens anti-horlogique.

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
Propriétés mécaniques 4— 5

2. Introduction
Les lois de comportement des géomatériaux sont variées; elles dépendent de nombreux
facteurs dont les principaux sont :
- leur nature minéralogique,
- leurs états de lapidification et d'altération,
- leur teneur en eau,
- leurs structure et texture,
- leurs antécédents géologiques,
- leurs conditions aux limites.

Divers essais permettent l'établissement de lois de comportement mais toujours dans


des conditions particulières. Le choix des essais à considérer se fait en fonction des problèmes
à résoudre et des possibilités de réalisation. Pour expliquer ces lois, certaines théories ont été
établies. Dans ce cours de base, nous n'aborderons que les théories et essais principaux.
Les caractéristiques mécaniques dépendent fortement de l'altération, du remaniement,
de la décompression du matériau dus aux manipulations préalables à l'essai; il y a lieu de
s'efforcer de réduire au minimum possible les perturbations du terrain ou de l'échantillon
prélevé ainsi que de l'éprouvette qui en est retirée. De telles éprouvettes sont dites "non
remaniées" ou "intactes". En réalité, on n'atteint pas cette idéalisation surtout près des parois
où il y a forcément remaniement et détente. Des précautions particulières doivent être
également prises pour éviter, de nouveau dans la mesure du possible, toute variation de l'état
d'humidité.

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Propriétés mécaniques 4— 6

3. Compression oedométrique

3.1. Description

L'essai oedométrique est un essai de compression de sol avec champ de déformation


uniaxial (soit à déformations latérales empêchées), aussi appelé essai de compression
confinée ou encore essai de consolidation.

Il s'agit d'un essai de compression d'une éprouvette cylindrique de faible hauteur,


maintenue latéralement dans un anneau rigide et drainée haut et bas par des bases poreuses.
La déformation axiale stabilisée (verticale) relative qui s'écrit :

H f  Hi H
{3.1} 1   a   
Hi Hi

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Propriétés mécaniques 4— 7

est égale à la déformation volumique relative v, les déformations transversales étant nulles :

{3.2} 2 = 3 = 0

Le rapport des contraintes effectives sur les facettes verticales 'l = '3 et sur les
facettes horizontales 'a = '1, est une évaluation du coefficient de pression des terres au
repos K0:

 l '  3'  K0
{3.3}
 a'  1'

’3

K0

0
’1

La rupture du sol ne peut être obtenue par cisaillement et la déformation principale est
due à la compressibilité du matériau résultant d'écrasements aux points de contact et des
glissements des grains avec réarrangement de ceux-ci. Cet essai est fréquemment réalisé car il
est simple et correspond à de nombreux cas pratiques où les déformations latérales peuvent
être supposées nulles.
Pour obtenir un état de contrainte aussi uniforme que possible, il faut réduire l'effet
perturbateur principal qui est le frottement latéral. C'est une des raisons pour lesquelles le
rapport de la hauteur Hi au diamètre D est faible et souvent compris entre 1/4 et 1/3.
L'échantillon non remanié est quasi toujours essayé sous eau, car d'une part c'est le
plus souvent le cas des sols fins déformables et d'autre part c'est aussi le cas le plus
défavorable aux points de vue de la déformabilité et de la vitesse du phénomène. Pour
permettre le drainage, l'échantillon est placé entre deux pierres poreuses maintenues à une
même pression d'eau le plus souvent quasi nulle.


La pression des terres au repos est celle s'exerçant sur une facette verticale dans un massif
correspondant à un déplacement nul de cette facette. Cette notion sera développée au chapitre 5.


D’où le nom d’oedomètre
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Propriétés mécaniques 4— 8

Pour étudier le comportement dans le temps, les contraintes sont appliquées par
paliers successifs de charge et éventuellement de décharge, maintenus jusqu'à obtenir une
vitesse de déformation négligeable.
Comme ce sont les sols fins qui sont le plus susceptibles de grandes déformations, les
oedomètres ont souvent quelques dizaines de centimètres carrés. Les sols grossiers ne peuvent
d'ailleurs normalement pas être transférés non remaniés dans un oedomètre.

3.2. Coefficients de déformation déterminés à


l'oedomètre
L’essai est réalisé par paliers de charge successifs. Pour chaque accroissement de
charge v , la courbe de déformation H est tracée en fonction du logarithme du temps ln t, et
parfois de la racine carrée du temps t . La courbe (H, ln t) définit bien le phénomène pour
des grandes valeurs de t et la courbe (H, t) pour les petites valeurs pour lesquelles ln t est
trop fortement négatif.
Sur ces courbes, trois comportements différents apparaissent :
- le premier est un phénomène qui donne naissance à une déformation instantanée,
- le deuxième est régi par l'évacuation de l'eau présente dans les pores du sol, c'est la
consolidation hydrodynamique ou primaire,
- le troisième est une déformation de fluage semblable à celle observée pour les
bétons ou aciers, elle est dénommée consolidation secondaire.

On définit la limite théorique entre les deux comportements par l'intersection de la


tangente au point d'inflexion de la loi de consolidation primaire et de l'asymptote à la courbe
de fluage. La déformation maximum conventionnelle de consolidation primaire correspond à
ce point d'intersection. Elle est ensuite reportée dans un diagramme en fonction de la
contrainte axiale correspondante. Cette courbe (’v, v) représente la consolidation primaire.
Elle n'est pas linéaire et le comportement n'est pas réversible. Il comporte, en
première approximation, une composante élastique et une composante plastique. Il apparaît
donc que le module de déformation d'un échantillon dépend de la valeur de la contrainte et
du chemin antérieur des contraintes.

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Propriétés mécaniques 4— 9

H
Hi
consolidation consolidation
H0 Hi = hauteur initiale.
primaire secondaire
H-H
i 0 = tassement élastique

(immédiat, instantané).

H0 = hauteur au début de la
consolidation primaire.

X H100 = hauteur en fin de


consolidation primaire
(ou début de la
consolidation
secondaire).

X= point d’inflexion.

Y X TY = consolidation
H100
T primaire idéalisée.
Z
ln t TZ = Consolidation
secondaire idéalisée.

0.5 1 1.5
’v
Mpa

Sable
5

10
Argile

15

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Propriétés mécaniques 4— 10

On définit le coefficient de compressibilité mv. C'est le quotient de la variation relative


du volume par la variation correspondante de la contrainte effective normale :

d vol
{3.4} mv  ……[en (kPa)-1]
d a'

ou
dH
{3.5} mv  ……[en (kPa)-1]
H d a'

ou

{3.6} mv  1 de ……[en (kPa)-1]


1e d v' '

Le module oedométrique Eoed est l'inverse de mv :

{3.7} Eoed  1 ……[en (kPa)]


mv

Les tableaux qui suivent donnent, à titre indicatif, quelques ordres de grandeur de Eoed
en MPa.
Sols non cohérents Etat
Lâche Moyen Dense
Graviers sableux 30  80 80  100 100  200
Sables 10  30 30  50 50  80
Sables limoneux 8  12 12  20 20  30

Sols cohérents Etat


Mou Ferme Dur Très dur
Sables argileux SC 58 815 1520 2040
Limons ML 36 610 1015 1530
Argiles à faible plasticité CL 25 58 812 1220
Argiles à forte plasticité CH 1.54 47 712 1230

Sols organiques
Limons organiques OL 0.55
Argiles organiques OH 0.54
Tourbes PT 0.12

A titre de comparaison, Eoedbéton  40 GPa; Eoedacier  260 GPa. Les sols sont donc de
200 à 400.000 fois plus déformables que le béton.

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Propriétés mécaniques 4— 11

La caractérisation d'un matériau par des coefficients variables est assez incommode,
c'est pourquoi on se réfère le plus souvent au diagramme (ln 'v, v) ou (log 'v, e), appelés
courbes oedométriques, et qui sont "linéarisables". Le diagramme précédent prend l’allure
suivante :

e
20 50 70 100 200 500 700 1000 ’v 20 50 70 100 200 500 700 1000 ’v
0 1.3
k Pa k Pa
A ’p ’p
B 1.2
ei A
5
B
1.1

10
1
D
D
C 0.9
15 C

0.8

20 E
E
0.7

 (%)

Le plus généralement, le diagramme de e en fonction de log 'v peut être idéalisé


comme suit :
- lors d'une montée en charge, il est assimilable à deux droites (AB et BC) (qui, en
réalité, se raccordent par une courbe plus ou moins étendue);
- lors d'une réduction des contraintes, le diagramme est linéaire (CD) quasi parallèle
à la droite AB du début de mise en charge;
- lors d'une remontée en charge, le comportement est pratiquement réversible
jusqu'en C puis suit de nouveau la droite du sol vierge BC.

Ce comportement est similaire au comportement élastoplastique classique d’un acier,


tel qu’on l’observe lors d’un essai de traction par exemple. Les droites AB, CD et DC
correspondent à un comportement élastique, tandis que la droite BC correspond au
développement simultané de déformation plastiques (irréversibles) et élastiques.
Il apparaît que le matériau a la mémoire des charges antérieures par le fait qu'il
conserve certains effets de la compression (réduction de la porosité) qui le rendent moins
déformable sous des charges inférieures aux charges antérieures. La courbe de première mise
en charge BE est appelée pour cette raison droite vierge.

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Propriétés mécaniques 4— 12

Il est en conséquence logique d'admettre que la courbe AB correspond à une remise en


charge. L'échantillon avait été soumis antérieurement (et parfois très anciennement, par
exemple lors de la période glacière) à une contrainte 'p, appelée pression de
préconsolidation. Si le terrain n'a jamais été surchargé, cette contrainte correspond au poids
du sol qui est nommée contrainte effective verticale initiale 'v0, le sol est alors dit
normalement consolidé. Lorsque 'p > 'v0, il est dit surconsolidé, tandis que 'p < 'v0
indique qu'il s'agit d'un sol récent non encore (normalement) consolidé c'est-à-dire
partiellement consolidé1. Il faut alors être particulièrement prudent quant à ses déformations
qui ne sont pas encore stabilisées naturellement et quant aux possibilités de consolidation lors
des essais de mesure de la résistance qui serait dans ce cas surestimée.
Le remaniement de l'échantillon adoucit le raccord entre les droites AB et BE jusqu'à
ne plus permettre de définir directement leur intersection. Cette observation montre la
nécessité de prendre toutes les précautions pour éviter le remaniement des échantillons depuis
avant le prélèvement jusqu'au début de l'essai oedométrique.

ln ’v
’p

B
In situ

“non” rem anié

peu rem anié

c om plètem ent rem anié

v

3.3. Mise en équation du diagramme oedométrique


idéalisé

La droite vierge BE (élastoplastique) a pour équation :

{3.8} e = e* - Cc log 'v

avec e* = une constante (ordonnée à l'origine),


Cc = la constante caractérisant l'inclinaison de la droite vierge et appelée indice de
compression (il est sans dimension).

1
la différence entre 'p et 'v0 correspond alors à une surpression d’eau non encore dissipée – cf. §3.4
Géotechnique – RC - FC 2015-2016
Propriétés mécaniques 4— 13

Les courbes de remise en charge ou de déchargement AB ou DC (élastique) ont pour


équation:

{3.9} e = e** - Cs log ’v

avec e** = une constante,


Cs = l'indice de gonflement (également sans dimension). L’indice s indique le swelling
(=gonflement en anglais).

En pratique, on a toujours affaire à des variations de contraintes, si bien que les


constantes e* et e** sont sans importance et que les équations {3.8} et {3.9} s'écrivent
habituellement, en élastoplasticité :

{3.10} de Cc d v'  Cc d v'


ln10  v' 2.3  v'

ou

{3.11} eCc.log  v' v'


 v'

et en élasticité :

{3.12} de Cs d v'  Cs d v'


ln10  v' 2.3  v'

ou

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Propriétés mécaniques 4— 14

{3.13} eCs.log  v' v'


 v'

Il est souvent plus commode pour calculer les tassements et gonflements de considérer
directement les dilatations v (= vol) plutôt que les indices des vides e. Dans le diagramme (
 v , ln ’v), le comportement est aussi "linéarisable" même si en toute rigueur cela est
contradictoire avec la linéarisation du diagramme en (e, log ’v).
Pour une compression vierge, on définit, en Belgique, la "constante" de compression
C par l'équation :

{3.14}  v  v*  1 .ln v'


C

et la "constante" de gonflement A par l'équation :

{3.15} v v** 1 .ln v'


A

Les constantes A et C sont adimensionnelles.


En pratique, ces équations s'utilisent sous les formes :

{3.16} dv  1 d v'


C  v'

ou

{3.17} v  H  1 .ln  v' v'


Hi C  v'

et

{3.18} dv  1 d v'


A  v'

ou

{3.19} v  H  1 .ln  v' v'


Hi A  v'

Il existe évidemment des relations entre C et Cc et entre A et Cs ; en effet :

de
{3.20} d v  
1 e

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
Propriétés mécaniques 4— 15

En remplaçant, dans {3.16}, dv par sa valeur de {3.20}, il vient :

{3.21} dv  de  1 d v'


1e C  v'

puis en remplaçant dans {3.10}, on obtient :

2.31e
{3.22} Cc 
C

avec e correspondant à l'état initial. De même,

2.31e
{3.23} Cs 
A

Remarque : cela prouve bien la remarque précédente d'impossibilité mathématique de


linéarité simultanée des diagrammes (v, ln ’v) et (e, log ’v) puisqu'il n'y a pas
proportionnalité entre Cc et 1/C, l'indice des vides variant en cours de compression.

Les valeurs courantes de Cc, Cs et de C sont reprises ci-après:

Sols Cc Cs C
Sables 0.10.01 50300
Limons 2050
Argiles 0.80.17 1020
Montmorillonites 2.61 0.50.01
Tourbes >2 310

L'indice de gonflement Cs est une fraction de l'indice de compression Cc , pour les


sables elle vaut environ 1/10 et pour les argiles environ 1/3.

3.4. Théorie de la consolidation de Terzaghi

La théorie de la consolidation hydrodynamique a été établie par Terzaghi :


 pour expliquer le comportement dans le temps d'un échantillon saturé placé dans un
oedomètre et soumis à un accroissement de pression 
 pour permettre de déterminer l'évolution du tassement sous une construction.

Soit dans un oedomètre, une éprouvette de sol fin saturé et consolidé sous une
contrainte effective verticale v'. Soit u la pression interstitielle éventuelle stabilisée. Compte

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Propriétés mécaniques 4— 16

tenu de la faible épaisseur de l'éprouvette les contraintes totales peuvent être supposées
constantes sur toute la hauteur.
A l'instant t0 un accroissement de surcharge totale v est appliqué. Cet accroissement
v est habituellement choisi égal à la charge déjà supportée par l'échantillon. Les
contractions volumiques des phases solide et liquide sont négligeables sous les faibles
contraintes considérées en mécanique des sols. La déformation de l'éprouvette ne peut donc se
produire que par évacuation d'eau lors d'un réarrangement des grains et par des
compressions locales aux points de contact. Une image de ce processus est donnée par un
amortisseur élémentaire, composé d’un ressort et d’un piston muni d’un petit orifice.

La surcharge est d’abord supportée intégralement par l’eau, de rigidité quasi infinie.
Ensuite, sous l’action de la surpression, l’eau s’échappe, la pression diminue et la charge est
progressivement transférée au ressort.
Transposons ces concepts en mécanique des sols. A l'instant t0, compte tenu de la
faible perméabilité du sol, aucune particule d'eau n'a pu s'échapper et les grains de sols n'ont
pu se déplacer. Ceci conduit à un accroissement u de la pression interstitielle égal à v.
Donc, pour t = t0 :

{3.24} u (t0, zj) = v

et

{3.25} ’v (t0, zj) = 0

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Propriétés mécaniques 4— 17

Au cours du temps, l'eau s'échappe par les deux bases drainantes et l'excès de la
pression interstitielle u diminue en fonction de t. L'évolution de u est schématisée par
l'évolution des isochrones des pressions pour différents instants t depuis t0 jusque t. A
l'instant t =ti et à la profondeur z = zj, on a :

{3.26} 0 < u (ti, zj) < v

et

{3.27} ’v (ti, zj) = v - u (ti, zj)

Après un temps infini, t = t , toute la pression interstitielle est dissipée et :

{3.28} u (t, zj) = 0

et

{3.29} ’v (t, zj) = v .

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
Propriétés mécaniques 4— 18

v A D
’v (ti , zi )
O A D E
zi B C
E U ti = A D
H B C
ti
z
B C
A l'instant ti, le pourcentage de déformation de la couche élémentaire d'épaisseur dzj
peut être calculé si la loi de déformation du sol est connue. En adoptant, en suivant Terzaghi,
une loi linéaire définie par un coefficient de compressibilité mv uniforme sur l’échantillon
pour une étape donnée, ce qui peut être admis si les v sont relativement petits, le
pourcentage de déformation U(ti, zj) – en un point et un instant – est égal au rapport :

i  v ' t i , z j   v  u t i , z j 
U t i , z j    
   v ' t  , z j 
{3.30}
 v

A ce même instant ti, le pourcentage de la déformation de tout l'échantillon, appelé


degré de consolidation U, vaut :

 v uti, z j 
U ti 
H
{3.31} dz
0  v

La variation d'épaisseur H (t) à l'instant t = ti vaut :

{3.32} H (ti) = U(ti).H (t)

Si mv est le coefficient de compressibilité de l'éprouvette on a :

{3.33} H (t) = H.mv.v

d'où

{3.34} H (ti) = U(ti).H.mv.v

mv est déterminé à partir de la courbe oedométrique entre les charges ’v et ’v + ’v,
habituellement égal à 2’v .

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Propriétés mécaniques 4— 19

Il reste à déterminer U(ti); c'est-à-dire u(ti, zj), ce qui doit se faire à partir des
équations d'écoulement. L'écoulement est uniquement vertical et le milieu est saturé (Sr=1), si
bien que l'équation de continuité se simplifie comme suit :

 2h  1 e  v
{3.34} k  . 
z 2
1  e t t

Or :

hz  u u
(ch. 3)
{2.2} w

donc

 2h 1  2u
{3.35} 
z 2  w z 2

La variation par rapport au temps de la déformation relative v de l'élément d'épaisseur


dz, c'est-à-dire :

{3.36} d v  de
1e

est provoquée par la variation d v de la contrainte effective et vaut :

{3.37} d v mv d v'

ou encore, compte tenu de :

{3.38} v = ’v + u = constante

en éliminant la déformation v entre {3.36} et {3.37} :

{3.39} 1 e mv u


1e t t

L'équation {3.34} s'écrit donc, compte tenu de {3.35} et {3.39} :

k  u  u
2
{3.40}
mv w z 2 t

On définit le coefficient de consolidation (verticale):

{3.41} cv  k (m²/s)
mv w

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Propriétés mécaniques 4— 20

qui est assez peu variable et peut être pratiquement considéré constant pour des variations de
contraintes suffisamment petites pour que le rapport de mv et de kz, qui varient dans le même
sens, puisse être assimilé à une constante. Généralement, lors des essais oedométriques, on
choisit le rapport   égal à 1.

L'équation {3.40} devient alors :

 2u u
{3.42} cv 
z 2 t

et peut alors être considérée à coefficients constants. Elle peut de ce fait être intégrée plus
généralement, en éliminant ce coefficient par un changement de coordonnées dans le but de
rendre le problème adimensionnel.
On définit :
 la profondeur relative:

{3.43} Z z
Hw

Hw étant la plus grande distance de parcours d'une particule d'eau, dans ce cas Hw =
H/2, le plan médian de l'échantillon n'étant pas soumis à écoulement;
 le facteur temps ou durée de consolidation :

cvt k .t k .Eoed .t  w .H w2
{3.44} Tv    ou t  .Tv
H w2 mv . w .H w2  w .H w2 k .Eoed

L'équation de la consolidation peut notamment être résolue par série de Taylor. Sa


résolution fournit par exemple les isochrones des pressions interstitielles induites u(ti, zj)
rapportée à l'accroissement de contraintes v qui sont données à la figure dans le cas d'un
drainage de l'éprouvette par les deux bases.
Le degré de consolidation U peut donc être calculé en introduisant les solutions de
3.42 dans 3.31. Compte tenu du changement de coordonnées, on obtient que U est une
fonction uniquement de Tv.
D’autre part, vu que le plan médian d'une éprouvette drainée par les deux bases n'est
pas soumis à écoulement, celle-ci peut être considérée comme la superposition de deux demi-
éprouvettes drainées par une seule base. La fonction U(Tv) est donc valable aussi bien pour
les échantillons drainés par les deux faces que par une seule.

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Propriétés mécaniques 4— 21

Dans le cas de distributions initiales des pressions d’eau non homogènes dans
l’échantillon, la fonction U(Tv) est également donnée à la figure pour cinq valeurs de
mu1 .
u2

U (z,i t)i
’v (z,j t)i  u (z,j t)i
v v

0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1

U (z,j t)i

zj

Tv = oo

0.2 0.5 0.8


0.4 0.7
0.1
0.3 0.6 0.9

Tv = 0.05

Tv = 0

Le coefficient de consolidation cv verticale et en conséquence la perméabilité peuvent


se déduire de la courbe de consolidation tracée expérimentalement en y faisant coïncider la
courbe théorique U(Tv). Plus simplement, on peut considérer la coïncidence en un point assez
éloigné non seulement de l'origine, où le mouvement est non permanent et où les lectures sont
les moins précises, mais aussi de la fin de la consolidation hydrodynamique qui est perturbée
par le début de la consolidation secondaire. On choisit le plus souvent U = 50 % ce qui
correspond à Tv  0,2.

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Propriétés mécaniques 4— 22

3.5. Dilatations et pressions de gonflement

Le phénomène de consolidation peut être perturbé lorsque le sol n'est pas saturé en
place et qu'il contient des minéraux gonflants. En effet, dans ce cas, au moment de sa mise
sous eau dans l'oedomètre, il est susceptible de se dilater. On peut :
- soit le laisser gonfler et mesurer la dilatation de gonflement (g - i) sous une
charge donnée i. Le gonflement est évidemment maximum sous les plus faibles
charges. Pour des charges élevées, on observe un tassement. La pression neutre n
correspond à une variation de volume nulle lors de l'humidification;
- soit empêcher ce gonflement en maintenant i constante, et en mesurant la pression
de gonflement g.

Ces pressions de gonflement peuvent atteindre la pression neutre n ; elles valent, par
exemple, pour :
- l'argile de Londres : de 0,2 à 1 MPa,
- l'argile noire à coton (Black cotton soil) : 0,3 MPa

Ce sont les montmorillonites et plus particulièrement celles à ions Na+ qui sont
gonflantes (jusqu'à 1000 % de déformation). Les gonflements in situ peuvent atteindre

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Propriétés mécaniques 4— 23

plusieurs dizaines de pour-cent. Quand le degré de saturation de ces sols diminue, ils
présentent des retraits importants.
Le caractère gonflant peut être suspecté à partir des résultats d'essais de classification; en
effet, il apparaît que, pour un matériau donné, l’indice de plasticité des limites d’Atterberg IP
est proportionnel au pourcentage de grains inférieurs à 2 µm et que le coefficient de
proportionnalité est d'autant plus grand que le matériau est gonflant.

3.6. Consolidation secondaire

La consolidation dite secondaire correspond au fluage de l’échantillon. Ce fluage est un


phénomène très lent par rapport à la consolidation primaire. La différenciation des deux
phénomènes est d'autant meilleure que la distance maximum de drainage Hw est faible, car la
consolidation primaire est alors relativement plus rapide, la consolidation secondaire étant,
elle, indépendante de Hw.
La consolidation secondaire est souvent caractérisée par le taux de consolidation
secondaire C qui représente la pente de la courbe de fluage (, ln t) :

{3.45} C  
logt

log t
t 10 t

C
1
v

Habituellement, C vaut pour les :


 argiles normalement consolidées : de 0,005 à 0,02
 sols très plastiques, sols organiques : 0,03
 argiles préconsolidées avec une préconsolidation > 2 * contrainte naturelle : 0,001

Ce coefficient C croît avec les contraintes.

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Propriétés mécaniques 4— 24

4. Compression triaxiale

4.1. Introduction

Dans les massifs, les compressions ne sont généralement pas uniaxiales car le terrain
environnant s'oppose à la déformation transversale. Il naît ou il existe préalablement une
contrainte latérale.
En laboratoire, on simule cette contrainte en appliquant une pression de fluide sur la
surface cylindrique d'une éprouvette soumise à compression.
Classiquement, cet essai est dit de compression triaxiale ou de cisaillement triaxial ou
tout simplement essai triaxial.
Il s'agit en fait d'un essai de compression triaxiale particulier, axisymétrique, pour
lequel 2 = 3. Les essais avec 2  3 sont très malaisés à réaliser; ils sont nommés, pour
éviter la confusion, essai de compression triaxiale vraie ou essai de compression multiaxiale,
ils sont exécutés sur des éprouvettes cubiques ou cylindriques creuses.
Les essais de compression triaxiale sont couramment utilisés pour tracer les courbes
intrinsèques, et définir ainsi les caractéristiques de résistance des sols et des matériaux
rocheux.

4.2. Description

L'éprouvette cylindrique est placée entre deux disques poreux (rarement entre des
disques pleins) et entourée d'une membrane très souple en latex. L'ensemble est déposé dans
une enceinte cylindrique étanche. La base de l'enceinte est percée de plusieurs conduits
permettant d'appliquer la pression de confinement 3 ou de consolidation isotrope ’c, de
mesurer la pression interstitielle aux deux bases, de drainer et de saturer l'éprouvette. Le
couvercle contient un piston axial qui permet de pousser sur la base supérieure de l'éprouvette
en plaçant l'ensemble dans une presse. La contrainte axiale 1 est égale à la somme de la
pression de confinement 3, car elle agit également sur les bases, et du déviateur (1 - 3)
produit par l'effort appliqué F. La pression de confinement 3 peut être préréglée et maintenue
constante à des valeurs souvent inférieures à 1 MPa.
Les disques des bases doivent être très perméables pour permettre la saturation de
l'éprouvette ou la dissipation des pressions interstitielles. De plus, les pressions interstitielles
dans ces disques doivent pouvoir être mesurées à volume constant (pas de drainage) ou dans
le cas d'un drainage avec dissipation complète des pressions interstitielles, le volume échangé
avec l'extérieur doit pouvoir être également mesuré.

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Propriétés mécaniques 4— 25

Pour se placer dans les conditions les plus défavorables, mais aussi dans des
conditions bien définies et aisément reproductibles, l'éprouvette est généralement saturée.

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Propriétés mécaniques 4— 26

4.3. Types d'essais

Avant le début de l'application de l'effort de cisaillement F, l'éprouvette peut être non


consolidée (NC ou U) ou consolidée (C).
Dans le premier cas (essai non consolidé NC), dès que la pression de confinement est
appliquée, le cisaillement est commencé.
Dans le second cas, le plus courant, (essai C), une pression de confinement est d’abord
appliquée. On laisse se dissiper les surpressions interstitielles engendrées, comme lors des
paliers de charge de l’essai oedométrique. Le cisaillement n'est effectué qu'après dissipation
totale des pressions interstitielles. Le volume d'eau expulsé et le tassement sont mesurés.
Lors du cisaillement, on peut maintenir :
 soit la pression interstitielle constante (égale à la pression initiale imposée, nulle ou
égale à une valeur appelée contre-pression2). En choisissant une vitesse de
cisaillement suffisamment lente en en entourant, si nécessaire, l'éprouvette de drains,
le drainage se fait sous très faible gradient. L'essai est alors dit drainé (D) et les
variations de volume d'eau sont mesurées;
 soit le volume d'eau interstitielle constant, l'essai est alors dit non drainé (ND ou U) ;
la pression interstitielle est alors généralement mesurée. Dans ce cas, l'essai peut être
plus rapide. Les mouvements d'eau, étant localisés principalement dans la zone de
rupture, sont petits. Il faut, lors de la mesure de u, éviter tout mouvement d'eau vers
l'extérieur en utilisant des capteurs de pressions aussi rigides que possible.

La combinaison de ces possibilités conduit à trois types d'essais :


1. essais consolidés drainés, désignés par (C, D) ;
2. essais consolidés non drainés, désignés par (C, ND) ou par (C, U);
3. essais non consolidés non drainés, désignés par (NC, ND) ou par (U, U) ou encore
par Q (quick).

La quatrième possibilité (NC, D) n'est pas bien définie, car l'éprouvette se consolide
plus ou moins lors du cisaillement lent et, de ce fait, son état de consolidation évolue d'une
manière inconnue.

2
La contre-pression a principalement pour effet de contribuer à assurer une bonne saturation de l’échantillon.
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Propriétés mécaniques 4— 27

Le type d'essais sera choisi pour répondre au mieux aux conditions réelles :

état de consolidation
- échantillons non consolidés pour des remblais nouveaux;
- échantillons consolidés sous les contraintes correspondantes à la profondeur pour
l'étude de la stabilité d'un massif dans les conditions naturelles ou après
déchargement;
- échantillons consolidés sous contraintes réelles pour l'étude de la stabilité d'un
massif après consolidation;
- échantillons consolidés sous pression latérale d'essai si conditions non définies.

état de drainage en cours d'essai


- essais drainés (ou à défaut non drainés avec mesure de la pression interstitielle)
pour des calculs de stabilité à long terme sur les matériaux peu perméables et dans
tous les cas pour les matériaux perméables;
- essais non drainés pour les calculs à court terme en contraintes totales pour des
matériaux très peu perméables et saturés ou essais non drainés avec mesure de u
pour les calculs à court terme en contraintes effectives si les u in situ sont connus.

4.4. Réalisation

Les détails de réalisation ne peuvent être considérés dans le cadre de ce cours


élémentaire.
Pour les essais consolidés, la courbe de consolidation sous contraintes hydrostatiques
c ou plus rarement sous contraintes principales ’c1 et ’c2 = ’c3 différentes, est tout à fait
semblable à une courbe de consolidation oedométrique. Le volume d'eau expulsé Vw est
mesuré. La consolidation est poursuivie jusqu'à la fin de la consolidation primaire.
Lors du cisaillement, l'éprouvette est comprimée à une vitesse d’écrasement ou de
déformation constante, et la pression latérale 3 (de confinement) est maintenue constante.
L'effort de compression, et si possible la variation de volume d'eau de l'éprouvette drainée ou
la variation de la pression interstitielle u, sont relevés en fonction du déplacement du piston.
L'effort est augmenté, soit jusqu'à l'obtention d'une rupture franche qui peut être
aisément observée pour un matériau à caractère fragile avec formation d'un plan de
glissement, soit jusqu'à 15 ou 20 % de raccourcissement lors de la déformation de l'éprouvette
en tonneau pour les sols plastiques. La contrainte principale maximum 1 (ou le déviateur 1 -
3) est calculé(e) en tenant compte des variations de section de l'éprouvette.

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Propriétés mécaniques 4— 28

4.5. Interprétation
Le déviateur des contraintes à la rupture (1 - 3)f se calcule à partir de la valeur de
l'effort appliqué par le piston à l'éprouvette et de l'aire de sa section droite A f. Il faut
tenir compte de la variation de diamètre au cours de la compression. On peut soit mesurer
directement le diamètre, soit le calculer quand l'échantillon est saturé en supposant que la
section moyenne est le rapport du volume de l'éprouvette à sa hauteur.
Pour des sols non plastiques, la rupture est définie sans équivoque : le pic du déviateur
est bien marqué. Il est suivi d’une chute rapide des contraintes.
Pour les sols purement plastiques (1 - 3)f est également bien défini : le déviateur
atteint un plateau.
Pour des sols plastiques avec radoucissement, on peut définir (1 - 3)f = (1 - 3)max
[ou (1 - 3)pic] et le déviateur correspondant à la résistance résiduelle (1 - 3)R.
Pour les sols plastiques avec raidissement, (1 - 3) continue à croître même pour de
grandes valeurs de . On suppose que la rupture est atteinte pour un  conventionnel, par
exemple de 20 %.

log t
f



f

 




max
f

R

 20 % 

Parfois, on adopte comme critère de rupture (’1/’3)max. Les valeurs de ’1f à la


rupture sont généralement peu différentes de celles obtenues par le critère du déviateur
maximum.
La distinction entre les contraintes normales totales  et effectives ' ne peut se faire
en toute rigueur que si on mesure la pression interstitielle u.

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Propriétés mécaniques 4— 29

La courbe intrinsèque est l'enveloppe des cercles de Mohr à la rupture. Un essai


conventionnel est réalisé avec trois ou quatre éprouvettes sollicitées à des contraintes de
confinement différentes. Le tracé de la courbe intrinsèque est alors aisé à partir d'essais à 3 ou
4 pressions latérales différentes.
La pression interstitielle étant isotrope, le déviateur des contraintes est le même en
contraintes totales et en contraintes effectives :
(’1 - ’3) = [(1 - u) - (3 - u)]
{4.1}
= (1 - 3)

La pression interstitielle n'ayant pas de composante tangentielle :

{4.2} ' = 


 

Le cercle en contraintes effectives s'obtient donc simplement en translatant le cercle en


contrainte totale de la valeur de u vers l'origine des axes quand u > 0 et dans le sens inverse
quand u < 0.

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Propriétés mécaniques 4— 30

4.6. Comportements à la rupture des sols

4.6.1. Modèle de Mohr-Coulomb

Pour un matériau vierge et pour de grandes plages de contraintes de confinement, la


courbe intrinsèque de Mohr a une allure parabolique.

Pour les contraintes habituelles dans les travaux de génie civil (souvent inférieures à 1
MPa), pour une plage de contraintes d’étendue relativement limitée, la courbe est quasi
linéaire, son équation s'écrit :

{4.3} f = c' + ’ tg ’

ou

{4.4} f = cu +  tg u

C'est le critère de rupture de Coulomb ; en réalité il est symétrique par rapport à l'axe
des ’,  et il faudrait écrire:

{4.5} f = c' + ’ tg ’

et

{4.6} f = cu +  tg u

 

f  c ’  ’ tg ’ f  c u   tg  u
’ u
c’ cu

’ 
 
cu

(u), ’
( ’ 

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Propriétés mécaniques 4— 31

Les caractéristiques de résistance sont définies par les ordonnées à l'origine, nommées
cohésion effective c’ ou cohésion apparente cu et par les pentes caractérisées par l'angle de
frottement interne effectif ’ ou l'angle de frottement apparent u.
Les terrains non cohérents (sans cohésion ou non cohésifs) sont caractérisés par des
droites intrinsèques passant par l'origine (c’ = cu = 0).
Les sols purement cohérents (ou cohésifs) sont définis par une courbe intrinsèque
horizontale (’= u = 0) d'ordonnée cu qui est nommée dans le cas d'un sol saturé et non
drainé, cohésion non drainée.
On peut également représenter les résultats de l’essai dans le plan p’-q, avec la
contrainte moyenne p''12'3 et le déviateur q'1'3

Le critère de rupture de Mohr – Coulomb suppose que la rupture se produit par


glissement sur les deux facettes pour lesquelles le cercle de Mohr est tangent aux droites
' u
intrinsèques. Les directions de rupture dr font des angles de     ou     par rapport à
 4 2 4 2
la direction de la facette principale sur laquelle agit ’1.


dr



 -’ 
‘ R  2
C ’
‘   -’
2

   ’)]
 

’
    
dr

Pour un matériau purement cohérent les directions de rupture sont donc inclinées de
/4 sur les directions principales.
Pour que ce critère soit valable quand il y a du frottement, il faut que la contrainte
normale ’ (ou ) soit positive (c'est-à-dire une compression) sinon ce frottement n'est pas
possible.

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Propriétés mécaniques 4— 32

Les caractéristiques en contraintes effectives ’ et c' sont pratiquement indépendantes


du type de cisaillement, ce sont donc les caractéristiques qui doivent être considérées comme
intrinsèques. Les caractéristiques en contraintes totales dépendent de l'évolution de la pression
interstitielle et donc du type d'essai; elles sont une combinaison des caractéristiques
intrinsèques du squelette du sol et de l'eau interstitielle. Elles ne devraient donc être utilisées
que lorsqu'elles sont les seules données connues ou dans certains cas particuliers.

Les concepts de cohésion et d'angle de frottement sont des notions définies


théoriquement pour représenter l'équation de la courbe intrinsèque du sol assimilée à la
droite ; considérer c' et ’ comme des caractéristiques mécaniques dissociables n'a pas de
fondements réels, il est plus logique de considérer la notion globale de résistance au
cisaillement f.

4.6.2. Cas des sols granulaires ou à frottement interne –


sables et graviers

Pour les sables et les graviers, la résistance au cisaillement a deux origines


principales:
- la résistance au frottement des grains sur les grains (due à la friction et aussi au
roulement);
- la résistance due à l'enchevêtrement.
Pour les sables lâches, c'est la résistance de frottement qui est prépondérante tandis
que pour les sables compacts, l'effet de l'enchevêtrement peut ne plus être négligeable, ce qui
conduit à des résistances au cisaillement importantes, avec parfois une cohésion apparente.
Pour de faibles porosités (et donc de grandes densités), le diagramme contraintes
déformations présente un maximum f pour se stabiliser à une valeur résiduelle R, valeur qui
correspond à la valeur maximum d'un sable lâche.
Les variations de volume correspondant à ces différentes porosités sont des
contractions pour des sables lâches, même soumis à des compressions faibles et des
dilatations suivies d'une faible réduction de volume pour des sables compacts même fortement
comprimés.

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
Propriétés mécaniques 4— 33

 
f f
Sable dense
R R
Sable Sable
dense lâche
Sable lâc he

Déformation de cisaillement

V e1 e c rit e2
V
Sable dense

Déformation de cisaillement

Sable lâc he

A titre indicatif, les valeurs habituelles des angles de frottement ’f et ’R des
matériaux non cohérents correspondant respectivement aux résistances maximum (de pic) et
résiduelle sont données au tableau (en degrés).

’f ’f ’R


État moyennement État dense
dense
Silts 28° à 32° 30° à 34° 26° à 30°
Sables uniformes fins ou moyens 30° à 34° 32° à 36° 26° à 30°
Sables fins à granularité étalée 34° à 40° 38° à 46° 30° à 34°
Sables gros ou graviers 36° à 42° 40° à 48° 32° à 36°

L'indice des vides critique d'un sable soumis à une compression latérale de
confinement 3 donnée, est défini comme étant l'indice des vides correspondant à la variation
de volume nulle pour de grands déplacements (à condition que l'évolution de cette variation
de volume ne soit jamais une contraction).
En saturation partielle, pour de faibles teneurs en eau, les forces capillaires
engendrent des tensions superficielles, et des pressions de contact entre grains et donnent
naissance ainsi à une cohésion (qu'il faudrait nommer de type capillaire). Pour des sables
contenant des éléments fins, cette cohésion peut atteindre de quelques dizaines à plusieurs
centaines de kPa. Cette cohésion capillaire disparaît quand la teneur en eau se rapproche de
zéro et quand le sable se sature. C’est une des raisons pour lesquelles les essais triaxiaux sont
généralement réalisées sur des échantillons saturés le plus parfaitement possible.
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Propriétés mécaniques 4— 34

En ce qui concerne l'angle de frottement interne ’, la différence entre les valeurs à
l'état sec et à l'état saturé n'est que de 1 ou 2°. La perte de résistance d'un sable due à l'eau,
sous les mêmes contraintes effectives, est donc très faible. L’eau ne joue donc nullement le
rôle d’un lubrifiant !
Lors d'un cisaillement de sable saturé non drainé, la pression interstitielle u évolue
différemment suivant l'état de porosité initiale. Pour un sable dense, le sable a tendance à
dilater. La condition non drainée et la grande raideur de l’eau empêche cette déformation. Il
en résulte que u diminue, d'autant plus que n est faible. Pour un sable lâche, la tendance est
une contraction. Comme l’essai est non-drainé, cette tendance est contrecarrée par l’eau et u
augmente. Au schéma ci-dessous, l'influence des variations de u sur la résistance apparaît
également.

 
kPa kPa
1500

dense
750
150
lâc he
LACHE
DENSE

u u 75

Dans le cas de sables fins saturés, de porosité supérieure à la valeur critique (donc
très lâches), les contraintes effectives peuvent s'annuler lors d'un remaniement même très
localisé. En effet, à cette porosité tout cisaillement du sable à l'état sec se ferait avec
diminution de volume des vides interstitiels. A l'état saturé, cette réduction de la porosité est
empêchée par la présence d'eau, qui se met en pression à cause de la faible perméabilité. Le
sol se transforme alors en une suspension de sable dans l'eau et s'écoule à la manière d'un
liquide. Ce sont les sables mouvants (quick sands).

4.6.3. Cas des sols cohérents – argiles

Pour les sols cohérents (dans notre pays, il s’agir principalement des argiles et des sols
argileux), il est primordial de faire la différence entre les caractéristiques intrinsèques (’, c')
correspondant à l'état des contraintes effectives ou à un cisaillement drainé et les
caractéristiques apparentes relatives aux contraintes totales obtenues par un essai non drainé
(u , cu).
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Propriétés mécaniques 4— 35

Dans le cas d'un sol complètement saturé et d'un essai non drainé sur matériau vierge,
le déviateur des contraintes qf = (1 - 3) à la rupture est presque indépendant de la pression
interstitielle initiale. Les changements de volume sont négligeables. Le sol a un comportement
parfaitement plastique, la résistance au cisaillement est quasi indépendante des contraintes
normales totales, dans ce cas u = 0, cu  1  3 et u = 3. Le déviateur 1 - 3 étant
2
indépendant de la pression interstitielle u et la contrainte effective ’3 = (3 - u) étant nulle,
un seul cercle peut donc être tracé en contraintes effectives.

 
cu cu

   ’ ’ ’

Dans le cas d'éprouvettes saturées de sols argileux, consolidées sous ’c = ’3, le
comportement lors d'un cisaillement non drainé est différent suivant que :
 ’c > la contrainte de préconsolidation ’p, l'éprouvette est alors normalement
consolidée sous ’c et f est proportionnel à ’c ;
 ’c < ’p ; l'éprouvette est alors surconsolidée sous ’p et f > à la résistance d'une
éprouvette normalement consolidée.

f f
argiles surconsolidées.

argiles normalement
consolidées.
’
c’

’ ’ ’

La courbe de f en fonction de ’c, est formée de deux tronçons; le premier, une


courbe, pour les échantillons surconsolidés et le second, une droite, passant par l'origine pour
les essais normalement consolidés.
Dans le cas d'essais drainés, d'argiles normalement consolidées, la courbe (droite)
intrinsèque passe par l'origine. Si le sol est surconsolidé, la résistance sous contrainte normale
nulle, c'est-à-dire la cohésion effective, est supérieure à zéro et dépend de ’c.

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5. Cisaillement direct
L'essai de cisaillement direct est la plus ancienne et la plus simple des méthodes de
détermination de la courbe intrinsèque correspondant à une rupture par cisaillement. Les
appareils classiques imposent un cisaillement technologique suivant un plan imposé. De rares
appareils sophistiqués permettent de réaliser un cisaillement théorique uniforme dans
l'éprouvette. Le principe de l'essai classique est d'appliquer une contrainte normale à une
éprouvette relativement mince et de provoquer un cisaillement dans un plan normal par
application d'une contrainte tangentielle  croissante jusqu'à rupture. L'essai est recommencé
deux ou trois fois avec des contraintes normales  différentes, pour pouvoir tracer une courbe
intrinsèque.

b) cisaillement
homogène
a) état initial
c) cisaillement
technologique

Cet essai est moins précis que l'essai triaxial pour les sols cohérents, les conditions de
consolidation et de drainage étant moins bien contrôlées. Pour les sables, il donne de bons
résultats en conditions drainées.
L'appareil classique est dénommé "boîte de cisaillement de Casagrande".
L'éprouvette de sol est placée ou confectionnée dans deux demi-boîtes superposées dont
le plan de séparation impose le plan de cisaillement.
On applique un effort normal N par l'intermédiaire d'un piston et de bases pleines ou
constituées de pierres poreuses, on maintient N constant. On applique ensuite un effort de
cisaillement T en imposant un déplacement relatif des deux demi-boîtes, généralement à
vitesse constante.
L'éprouvette d'un matériau argileux peut être consolidée (avec des bases poreuses) ou
non consolidée (avec des bases pleines). Au cours du cisaillement l'éprouvette peut soit être
drainée (vitesse lente et bases poreuses) soit non drainée (vitesse rapide et bases pleines).
Deux types d'essais peuvent donc être réalisés, soit consolidé-drainé, soit non consolidé – non
drainé.
Pour les sables, le drainage ne peut être empêché par l'espace entre les demi-boîtes; seul
un essai consolidé – drainé peut donc être réalisé.

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La pression interstitielle est malaisée à mesurer. La répartition des contraintes, surtout


en ce qui concerne les composantes tangentielles n'est pas uniforme, les  sont manifestement
plus grands près des parois qu'au centre. Pour de grands déplacements, les demi-échantillons
débordent et l'effort normal s'excentre d'où les contraintes  se répartissent non
uniformément.
En cours d'essai, la contrainte principale majeure 1 s'incline de plus en plus (à partir de
la verticale). L’essai n’impose donc pas un état de contrainte simple et homogène.
Les courbes  en fonction du déplacement sont semblables à celles du déviateur dans les
essais triaxiaux.
Habituellement, les composantes de la contrainte de rupture sur le plan de cisaillement
sont supposées uniformes, en considérant éventuellement la section réduite réelle. Le tracé de
la courbe intrinsèque est direct puisque f et f sont connus.


f F R
f
   f
 f f

f

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 

f

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6. Pressiomètre (Ménard)

L'essai consiste à mesurer la déformation radiale moyenne d'un forage en fonction de


la pression appliquée par de l'eau.
Le pressiomètre est composé :
 d'une sonde tricellulaire de diamètre compris entre 32 et 115 mm et qui est formée d'une
cellule de mesure centrale et de deux cellules de garde de part et d'autre pour que le
champ des déplacements puisse être considéré comme radial au niveau de la cellule
centrale de mesure;
 d'un contrôleur pression-volume (CPV) destiné à mesurer le volume d'eau injecté dans la
cellule de mesure (qui permet de calculer la variation moyenne de diamètre
correspondante en fonction de la pression d'injection);
 de tubulures de connexion de la sonde au CPV.

La sonde est descendue de façon différente suivant la nature des sols. Habituellement,
on réalise un forage et on la glisse simplement. En terrain pierreux, elle est protégée par un
tube fendu en acier. Parfois, on utilise des sondes autoforeuses ou battues.
L'essai est réalisé, à une profondeur déterminée, par paliers de charges de durées
constantes égales à 60 (ou 120) secondes. Une mesure intermédiaire est faite à 30 (ou 60)
secondes. Le volume total d'eau injecté dans la sonde est donc mesuré après 30 et 60
secondes; il est noté V30 et V60 (ou V60 et V120).
La courbe pressiométrique fournit le volume V60 (ou V120) fonction de la pression
appliquée p. Parfois, la courbe "inverse" est tracée, donnant 1/V.
La courbe de fluage correspond à V60 - V30 (ou V120 - V60).
Les valeurs de la pression appliquée au terrain et du volume correspondant aux
déplacements radiaux du forage sont calculées en tenant compte de divers facteurs correctifs,
notamment :
 la différence de hauteur piézométrique,
 l'inertie propre de la sonde et éventuellement du tube fendu de protection,
 la variation de volume des tubulures et accessoires.

Les courbes font apparaître trois comportements différents :


 d'abord une remise en place (recompaction) du terrain détendu,
 ensuite un comportement quasi linéaire dit pseudoélastique,
 finalement une plastification du terrain.

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210
240
180
temps
60 120 300 s

V60-V30

V
recompaction

1
V V

état pseudo état


plastique plastique

1
V V
p

p0 pf pi p

V60-V30

p0 pf pi

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Les limites de ces trois comportements sont :


 La pression naturelle p0 qui est le plus souvent définie par des considérations
indépendantes de l'essai pressiométrique. C'est la contrainte qui existait sur une facette
verticale avant perturbation. Généralement, on considère que p0 est égale, en terrain
normalement consolidé, à :

{6.1} p0  K0 v0

avec
K0 = coefficient de poussée au repos pris souvent égal à (1 - sin ) ou (0,95 - sin ),
v0 = contrainte sur une facette horizontale égale à .z ou ( - w).z.
 La pression de fluage pf correspond à la première plastification (à la périphérie du trou),
elle est déterminée à partir de la courbe de fluage, c'est-à-dire des V60 - V30 ou à partir de
la courbe pressiométrique inverse, c'est-à-dire des 1/V.
En théorie, on peut relier pf à c et . Après rétablissement de la pression naturelle, une
augmentation p dans le forage se traduit dans le sol, supposé élastique, par une
diminution égale de la contrainte circonférentielle . A la première plastification :

{6.2} p f  p0  p0 ccot g sin

d'où

{6.3} p f  p01sin c cos

Cependant il n'est pas recommandé d'utiliser cette formule, le corps ne pouvant pas être
considéré comme linéairement élastique, mais seulement comme pseudo élastique.
 La pression limite p1 correspond à des déplacements non limités, c'est-à-dire à la rupture
globale du terrain. Elle est déterminée facilement par la courbe inverse, mais souvent elle
est prise conventionnellement égale à la pression qui conduit à doubler le volume initial
de la sonde.
La zone pseudo élastique permet de définir un module de déformation (de distorsion)
du sol appelé module pressiométrique Ep. D'après la théorie de l'élasticité (théorie du cylindre
épais – cours de mécanique du solide déformable), on peut écrire :

{6.4}  r  dr  1 dp
r 2G

avec dr r = variation relative du rayon,


dp = variation de pression considérée,
G = module de cisaillement.

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Comme

{6.5} V = .l.r²

avec l = longueur de la sonde,

{6.6} dV 2lr .dr

dV 2 lrdr dr dp
{6.7}  2 
V  lr 2
r G

La courbe pressiométrique pouvant être assimilée à une droite dans la partie pseudo
élastique du comportement du sol, on définit :

p
E p 21 
{6.8} V
V

Souvent, on considère une valeur moyenne de  = 0,33. D'où finalement :

p
{6.9} E p 2.66V
V

Parfois des cycles de chargement-déchargement sont effectués en vue de déterminer


les modules pressiométrique de déchargement et alternés.
Les plages habituelles de Ep, p1 et Ep/p1 sont données au tableau suivant.

Sols Ep en MPa pl en kPa Ep / pl


min max min max min max
Vases et tourbes 0.2 1.5 50 150 10
Argiles molles 0.5 3 50 300 10
Argiles plastiques 3 8 300 800 10
Argiles raides 8 40 600 2000 13 20
Marnes 5 60 600 2000 8 30
Sols vaseux 0.5 2 100 500 5 4
Limons 2 10 200 1500 10 6.7
Sables et graviers 8 40 1200 5000 6.7 8
Sables sédimentaires 7.5 40 1000 5000 7.5 8
Rochers calcaires 80 20000 3000 10000
Remblais récents 0.5 5 50 300 10 16.7
Remblais anciens 4 15 400 1000 10 15

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Le rapport Ep/p1 est une caractéristique du terrain, les valeurs élevées, de 12 à 30, se
rencontrent dans les sols surconsolidés, les faibles valeurs, de 5 à 8, sont plutôt notées dans les
terrains alluvionnaires ou remaniés.
La physionomie du site s'obtient en réalisant des essais, par exemple tous les mètres et
en présentant les résultats comme indiqué à la page suivante.
Il n'est pas recommandé de calculer les caractéristiques au cisaillement c et/ou  à
partir de l'essai pressiométrique, puis de calculer une fondation ou une poussée des terres. Il
est préférable de se référer aux méthodes semi empiriques proposées par Ménard.

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7. Essais de pénétration

7.1. Essai de pénétration au cône – CPT

7.1.1. Généralités

L'essai de pénétration au cône (Cone Penetration Test), en abrégé CPT, a fait l'objet
d'une recommandation de la Société Internationale de Mécanique des Sols et des Travaux de
Fondations (S.I.M.S.T.F.). Il a aussi été appelé précédemment essai de pénétration statique,
essai de pénétration en profondeur, ou sondage (en Belgique),

7.1.2. Description

Le CPT consiste à mesurer la résistance à l'enfoncement dans le sol à la vitesse de 2


cm/s d'un cône et éventuellement la résistance au frottement d'un tube en fonction de la
profondeur. Les efforts mis en œuvre pour obtenir cet enfoncement peuvent atteindre 20
tonnes.
Les pointes sont constituées essentiellement (cf. page suivante) :
 d'un cône, soit coulissant (ou mobile) type M1 ou M4, soit "fixe" type standard
ISMSFE;
 éventuellement d'un manchon de mesure du frottement latéral (dit aussi local), soit
coulissant type M2, soit "fixe" type standard ISMSFE ou E2.

Les pointes sont vissées à un train de tubes (de 1 m de longueur) assemblées entre eux
par vissage. Ces tubes contiennent :
- dans le cas des pointes coulissantes, un train de tiges transmettant l'effort au cône;
- un câble dans le cas de pointes fixes transmettant les informations des capteurs
d'efforts.
Les tubes (et tiges) sont enfoncés par vérinage. Les cônes ont le plus souvent un angle
au sommet de 60° et une section de la base de Ac = 10 cm² (diamètre  = 35,7 mm). Les tubes
(ou fourreaux) ont la même section. Les manchons de frottement ont généralement une aire de
150 cm².
L'effort maximum d'enfoncement varie de 25 à 250 kN. La réaction nécessaire est
fournie le plus souvent par le poids du véhicule porteur de la machine (qui doit être lesté, pour
peser plus de 25 tonnes) ou plus rarement par ancrage dans le terrain par tarières hélicoïdales
courtes. Dans le cas de pointes coulissantes, les efforts de cône et de frottement sont lus sur
des manomètres ou des dynamomètres placés entre les tubes et le vérin. Dans le cas de pointes

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fixes, les capteurs d'effort sont placés directement à l'arrière du cône ou du manchon de
frottement.

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7.1.3. Interprétation

Les figures (ci-dessous et page suivante) donnent deux exemples de diagrammes des
mesures effectuées.

La résistance de cône qc peut être interprétée en vue de déterminer les caractéristiques


de résistance du sol en utilisant les formules de capacité portante des pieux (cf. cours de
fondations indirectes). Toutefois, il faut noter que seuls un ou deux paramètres peuvent être
mesurés. De plus, ils correspondent à un état de sollicitation très hétérogène. L’interprétation
de l’essai en terme de capacité de résistance est donc toujours délicate et demande beaucoup
de prudence de la part de l’ingénieur.

Dans le cas de terrains homogènes purement cohérents ( = 0), on admet :

{7.1} qc = Nc .cu

où cu est la cohésion non drainée.

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Pour un cône simple, Nc est le facteur de capacité portante correspondant à l'effet de la


cohésion qui vaut environ 10, la formule 7.1 s'écrit simplement :

qc
{7.2} cu 
10

Pour un cône à jupe (sur laquelle le sol refoulé crée un effort de frottement parasite),
Nc est majoré souvent de 50 à 80 %, ceci conduit à :

qc qc
{7.3} cu 
18 15

Dans ces formules, au lieu de la résistance de cône qc, il est plus correct de considérer
le "déviateur" qc - v0 qui régit la plastification du sol, les formules s'écrivent alors :
- pour le cône simple :

qc  v0
{7.4} cu 
10

- et pour la pointe à jupe :

(qc  v0) (qc  v0)


{7.5} cu 
18 15

Dans le cas de terrains non cohérents (c = 0), on admet :

{7.6} qc = Nq .’v0


- ’v0 est la contrainte naturelle verticale effective (charge) au niveau du cône;
- Nq est le facteur de portance relatif aux surcharges, il dépend très principalement
de ’et aussi de la forme de la surface de refoulement imaginée (c'est-à-dire des
chercheurs qui se sont attelés à définir la relation entre Nq et u).
Le plus fréquemment, en Belgique, on utilise la formule très prudente proposée par
De Beer pour des terrains incompressibles de caractéristiques (cu, u) et (c', ’). Dans ce cas
le drainage n'étant pas complet, on détermine un angle de frottement apparent u en émettant
des hypothèses sur la valeur de ’ et en ne considérant pas c et c' :

{7.7} qc = f (’, u).(vo - u0)


avec
 u  tg
f(',u)1.3e2tgu tg 2   1  1
  4 2   u

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en prenant ’ = 30° quand u < 30°,


et ’ = u quand u > 30°.

De nombreuses autres formules ont été établies, les principales sont reprises à la figure
de la page suivante. Il apparaît une très grande divergence entre les résultats des théories
proposées par les différents chercheurs. Lors du calcul des fondations, il est impératif de se
référer à la théorie basée strictement sur les mêmes hypothèses.
En réalité, le diagramme de qc en fonction de (v0 - u0) a une ordonnée à l'origine que
l'on pourrait imaginer de considérer comme l'effet de la cohésion :

{7.8}  = cu . Nc ,

{7.9} tg  = Nq .

La pratique courante est cependant de considérer c = 0 (c'est-à-dire  = 0) et de


calculer pour chaque profondeur une valeur équivalente *u de u correspondant à *.

q c -’v0

*

(z)

(z)
v0-u)0

Parfois, il est proposé d'estimer la déformabilité (Eoed ou C) du terrain à partir de la


résistance de cône. Cette méthode, qui déduit d'un essai à la rupture une caractéristique sous
charge statique nettement plus faible que la charge ultime, est a priori non fondée. En réalité,
implicitement, on caractérise le terrain à partir de qc et éventuellement de paramètres
supplémentaires et on considère une valeur courante et raisonnable de Eoed ou de C.

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Le plus souvent, en Belgique, on mesure l'effort total de frottement latéral Qst et on en


déduit l'effort de frottement ultime des pieux, en considérant l'effet d’échelle direct :

{7.10} Qstpieu QstCPT. dpieu


dCPT

avec Qstpieu = effort total de frottement latéral du pieu,


QstCPT = effort total de frottement latéral du pénétromètre,
dpieu = diamètre du pieu,
dCPT = diamètre du pénétromètre (35,7 mm).

Si l'on veut caractériser les terrains il paraît préférable de mesurer le frottement latéral
unitaire fs, en considérant le frottement sur un manchon que l'on recommande de placer tout
juste à l'arrière du cône. Il y a lieu de remarquer que l'intégrale des fs ne donne pas Qst à cause
des modifications du frottement en fonction du déplacement relatif du tube par rapport au
terrain et des techniques même de mesure.
Il y a lieu de remarquer que la valeur de qc étant influencée fortement par la porosité
du terrain, elle ne peut à elle seule permettre la détermination de la nature du sol.
La forme générale des diagrammes de qc et Qst (ou fs) donne des indications utiles sur
les caractéristiques des terrains :
- une allure régulière de qc correspond à un sol fin homogène;
- une allure en dents de scie à un sol graveleux ou pierreux;
- une croissance nulle ou quasi nulle de qc correspond à un sol cohérent ou à un
sable lâche;
- une croissance forte de qc correspond à un sable compact;
- une forte croissance de Qst correspond à un sol cohérent;
- une diminution de qc et de Qst correspond à un sol instable (ébouleux).

Plus généralement, l’analyse du diagramme de résistance mesurée au pénétromètre


CPT permet d’évaluer (qualitativement à tout le moins) des caractéristiques des différentes
couches de terrain sondées. Un profil de résistance peut ainsi être proposé. Son interprétation
en vue du dimensionnement d’un ouvrage est toujours délicat, mais l’information relative à la
succession des couches est d’une grande richesse.

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7.1.4. Possibilités, avantages, inconvénients

L’essai réalisé dans des conditions normales permet la reconnaissance des terrains
meubles sans blocs, jusqu'à quelques dizaines de mètres.

Les avantages de l'essai de pénétration au cône sont sa rapidité, sa bonne aptitude à


déceler des couches de résistances différentes, son interprétation simple et directe pour le
dimensionnement des pieux (cf. cours de fondations indirectes).

Il s'agit toutefois d'une méthode indirecte de reconnaissance nécessitant des


hypothèses d'interprétation qui peuvent être levées en partie par la connaissance de la coupe
lithologique du terrain, et en partie par des essais complémentaires d’un autre type :
pressiomètre, compression triaxiale, oedomètre...

Lorsqu'une couche résistante est détectée et susceptible de servir de couche d'appui


d'une fondation, il est indispensable de s'assurer d'une quelconque façon de son épaisseur
suffisante pour éviter tout poinçonnement.

7.2. Pénétromètre dynamique

7.2.1. Généralités

Parallèlement au développement de l'essai de pénétration quasi statique qui a abouti à la normalisation du CPT, des
essais de pénétration par battage ont été développés et ont conduit à la normalisation des essais DPA, DPB et DPL.

Les deux principaux reproches faits aux essais de pénétration par battage est que les sollicitations du sol en cours
d'essai sont très différentes de celles – quasi statiques – en service et que l'interprétation en contraintes à la rupture est
imprécise, compte tenu de la difficulté d'estimer les pertes d'énergie. Son utilisation devrait, en conséquence, être limitée aux
sols non ou peu cohérents.

La pénétration dynamique type A (DPA = Dynamic Probing Type A) est considérée comme l'essai de référence. Il
permet de réduire le frottement des tiges à une valeur négligeable. La pénétration dynamique type B (DPB) est affectée par le
frottement et n'est recommandable que pour reconnaître les terrains, la valeur d'une résistance de cône ne devrait pas en être
déduite.

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7.2.2. Essais DPA et DPB

Une pointe massive (30 cm² pour le DPA et 20 cm² pour le DPB; 90° d'angle au sommet) est fixée en-dessous d'un
train de tiges de diamètre inférieur à celui de la pointe. L'ensemble est battu à l'aide d'un mouton de 63,6 kg (140 lbs) tombant
de 76,2 cm (30 pouces) sur une enclume de 10 à 15 kg fixée en tête du train de tiges.

Le nombre de chute Nd pour un enfoncement donné, souvent de 0,2 m, caractérise la résistance à l'enfoncement. La
plage normale d'utilisation correspond à 5 < Nd < 100 et la cadence recommandée à 30 coups par minute (à défaut comprise
entre 20 et 60 coups pour les sols non cohérents ou 30 coups pour les sols cohérents).

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Lors de l'essai DPA, le frottement sur le train de tiges est éliminé ou fortement réduit par l'utilisation d'une boue de
forage ou d'un tubage. Lors de l'essai DPB, aucune précaution particulière n'est prise, et tout au plus sait-on estimer le
frottement pour le couple nécessaire à la rotation du dispositif. Ce type d'essai est couramment utilisé en Europe centrale et
dans les pays nordiques.

Les résultats sont présentés sous forme d'histogrammes des nombres de chute par incrément de profondeur Nd, en
fonction de la profondeur (cf. page suivante).

Il apparaît sur un tel diagramme, tout comme sur un diagramme de CPT, les couches de résistances différentes.
Pour les couches minces, les variations sont atténuées et il est important de noter en cours d'essais les irrégularités dans
l'enfoncement. Notamment les grands enfoncements sous un coup qui sont les indices d'une très mauvaise couche, voire d'un
vide.
Les résultats sont aussi parfois exprimés, sous une forme semblable à ceux du CPT, en convertissant Nd en
résistance de cône par une des formules de battage classique considérée pour les pieux, en exprimant l'égalité de l'énergie
fournie et du travail d'enfoncement, en émettant diverses hypothèses sur les pertes (cf. cours de fondations profondes). On
peut considérer le plus simplement que l'énergie de battage est complètement transformée en travail d'enfoncement :

{7.11} rd . Ap . S = MM . g . H
avec rd = résistance dynamique de pointe,
Ap = section de la pointe,
S = enfoncement sous un coup,
MM = masse du mouton,
g = attraction gravifique,
H = hauteur de chute du mouton;
d'où :

M M gH
{7.12} rd 
ApS

mais plus souvent, on utilise la formule hollandaise qui tient compte de la conservation des impulsions et donc de l'inertie du
poids mort Mg du dispositif pour calculer une résistance de pointe équivalente q d :

Hg
qd  M M .
2
{7.13}
M M M ApS

d'où :

qd rd M M
2
{7.13}
M M M
Dans ces deux formules, les frottements sont négligés.

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7.2.3. Autres essais au pénétromètre dynamique

En Europe centrale et notamment en Allemagne, l'utilisation d'un pénétromètre léger est courante. Les
caractéristiques de l'essai DPL sont celles normalisées par la DIN 4094 :
- pointe de 5 à 10 cm² de section,
- mouton de 10 kg,
- hauteur de chute 50 cm,
- angle d'ouverture de la pointe 90°.

L'avantage principal de cet appareil est son transport aisé et sa possibilité d'utilisation manuelle; ses performances
sont également très bonnes (comparables à celles d'un CPT de 100 kN).

En France, on a développé au cours des dernières années le pénétromètre dynamique léger PANDA. Cet appareil
peut en principe être utilisé par un homme seul. Transporté dans une valise, il est très souple d’utilisation, et présente des
performances similaires à celles du DPL. L’acquisition des résultats est totalement automatisée et informatisée.

Grâce à ces appareils, il est possible d'estimer rapidement pour un avant-projet, mais sans grande précision, les
forces portantes admissibles des fondations superficielles. Il faut, pour un projet, ne pas se baser uniquement sur ces valeurs.

L'essai à la sonde de battage type CRR a pour but de déterminer la portance des sols routiers. Le matériel est
semblable au matériel DPL, la pointe a cependant un angle d'ouverture de 60° et une section de 5 cm². Une latte de mesure
permet de lire au millimètre près l'enfoncement, les mesures sont faites chaque fois qu'un des repères gradués écartés de 10
cm descend sous le niveau de la plaque. L'enfoncement moyen par coup peut ainsi être déduit correctement.

L'essai de pénétration standard (Standard Penetration Test - SPT) est destiné à mesurer la résistance à la
pénétration d'un échantillonneur fendu dans les sols (et accessoirement à récupérer des échantillons remaniés). L'essai
s'effectue à partir du fond d'un forage.

La résistance à la pénétration résulte de la somme d'une résistance de pointe et d'une résistance de frottement
indissociables, ce qui rend l'interprétation en C et  impossible.

L'essai fournit des indications sur la résistance des sols et permet de connaître sa nature et son humidité à partir des
échantillons prélevés dans le forage ou extraits de l'échantillonneur. Celui-ci (diamètres intérieur 35 mm, extérieur 51 mm,
longueur utile 650 mm) est enfoncé par battage d'un mouton de 63,6 kg (140 livres) tombant en chute libre de 0,762 m (30
pouces).
Le carottier est descendu sur le fond du forage préalablement nettoyé, puis enfoncé de 15 cm pour l'amener dans la
position de départ. Il est ensuite battu de 0,305 m (1 pied), à la cadence de 30 coups par minute. Le nombre de coups
nécessaire N à l'enfoncement est noté, ainsi que les nombres de coups N1 pour l'enfoncement des premiers 0,152 m et N2 pour
les 0,152 m suivant. Si l'enfoncement n'est pas obtenu pour 50 coups, on note l'enfoncement correspondant à ce nombre de
coups.

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Propriétés mécaniques 4— 57

8. Essais de chargement superficiel à la plaque

Les essais de chargement d’une aire à la surface d’un massif sont réalisés souvent dans
le but de déterminer un module de déformation du terrain et parfois aussi la pression de
rupture. Différents types d’essais existent, ils sont réalisés souvent dans des buts particuliers.
L’essai à la plaque, aussi appelé en France essai à la table, consiste à mettre en charge
une plaque posée à la surface d’un massif de sol et à mesurer les enfoncements en fonction de
la charge. C’est un essai sur modèle réduit de fondation directe. Il peut être exécuté dans une
fouille au niveau prévu de fondation. Il permet de déterminer la déformabilité et la résistance,
si la rupture est atteinte, de la couche superficielle du massif.
L’essai à la plaque (généralement circulaire) est d’un emploi courant en construction
routière, pour vérifier la qualité des différentes couches des chaussées, depuis le sol en place à
la couche de fondation.
Les plaques utilisées sont souvent circulaires et ont quelques dm2 de section, leur
diamètre dépasse rarement 0,75 m. Elles sont rigides ou rendues rigides par empilement de
plaques de diamètres décroissants.

Charge morte

poutrelle de référenc e vérin

c omparateur
plaque

La charge est appliquée par paliers maintenus jusqu’à stabilisation de l’enfoncement


au moyen d’un vérin. Elle est généralement limitée à environ 0,5 MPa. La réaction est
constituée d’une charge morte, par exemple un camion. Les appuis de cette charge doivent
être au dehors de la zone soumise à déformation suite à l’enfoncement de la plaque d’essai (à
l’extérieur d’un cercle de cercle de rayon égal à 4 fois le diamètre de la plaque).
Le déplacement moyen de la plaque est mesuré à l’aide de trois capteurs de
déplacement placés symétriquement. Ces capteurs sont solidarisés à une poutrelle dont les
appuis sont en dehors de la zone influencée.

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Propriétés mécaniques 4— 58

Sous chaque charge la vitesse de déformation est calculée en fonction du temps. La


charge suivante est appliquée lorsque cette vitesse descend sous une valeur fixée,
suffisamment faible pour que l’on puisse supposer la stabilisation.
Les valeurs stabilisées des déformations sont reportées sur un diagramme charges (ou
contraintes) – déplacements. La forme du diagramme dépend de la plasticité et de la
compacité du terrain. Un sol compact et raide présente un diagramme quasi bilinéaire,
représentant un comportement pratiquement élastoplastique. Un sol peu compact fournit un
diagramme très incurvé, indiquant le compactage de celui-ci et une rupture moins franche. Un
sol peu consistant présente une très faible valeur de la résistance et un diagramme très
incurvé.

t q1 q2 qf q
1 1
2 2
S 3
3 4

5 5

S S

Le module de déformation E se définit en supposant linéaire le diagramme entre deux


pressions q1 et q2 données et en supposant le matériau élastique. Il a pour expression :

q1  q2
{8.1} E B
S

avec E = module de déformation élastique,


B = diamètre de la plaque,
q1 = pression initiale considérée,
q2 = pression finale considérée,
S = tassement correspondant à l’accroissement de la pression de q1 à q2,
 = coefficient dépendant de la forme, de la raideur et de l’état de surface de la plaque,
de l’hétérogénéité et du coefficient de Poisson du sol. Le plus souvent, il est compris
entre 0,75 et 1.

Le cahier des charges type 150 définit pour les assises de routes le « coefficient de compressibilité M1 », en
supposant  = 1. Deux dimensions de plaques sont imposées, l’une de 200 cm2 (D = 0,16 m) pour les argiles, limons, graves
et empierrements jusqu’à 40 mm et l’autre de 750 cm2 (D = 0,31 m) pour les sables, graves et empierrements jusqu’à 75 mm
et matériaux comportant de gros éléments toutefois inférieurs à 75 mm. La procédure d’essais est bien définie (Mode

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Propriétés mécaniques 4— 59

opératoire MF 40/78 : Essais de chargement à la plaque pour le contrôle du compactage « CRR »). Les charges de calcul de
M1 dépendent du type de couche pour tenir compte de la répartition des charges. Les pressions q1 et q2 sont respectivement
de 0,05 et 0,15 MPa pour les sols et remblais, de 0,15 et 0,25 MPa pour la couche de sous-fondation et de 0,25 à 0,35 MPa
pour la couche de fondation.
Il est parfois exécuté un second cycle de mise en charge duquel on déduit M2.
Les valeurs minima sont : M1 = 11 MPa pour les remblais d’assises, 17 pour les fonds de coffre, 35 pour les
couches de sous-fondation et 110 pour les couches de fondation.

L’effet d’échelle (pour des mêmes pressions) peut s’écrire, d’après Terzaghi et Peck,
qui ont remarqué que la loi entre S et B n’était pas strictement linéaire :
2
S1  B1   3,28 B2  1
{8.2}    
S2  B2   3,28 B1  1 

avec S1 = tassement de la plaque de diamètre B1, ce dernier étant exprimé en m,


S2 = tassement de la plaque de diamètre B2, également exprimé en m.
Bjerrum et Eggestad ont trouvé que la dispersion était assez grande et ont proposé un
domaine de variation représenté à la figure, en se référant à B0 = 1 pied = 0,304 m.
La limite supérieure correspond à des sables très lâches.
La pression de rupture peut être interprétée par une formule de force portante limite
(cf. cours de fondations directes) en terme d’angle de frottement pour les matériaux non
cohérents ou en terme de cohésion pour les matériaux sans frottement.
Quand la cohésion c est strictement nulle

B
{8.3} qf     N
2

avec B = diamètre de la plaque,


 = poids volumique du sol,
N = facteur de portance de poids propre = f() ; il est donné à la page suivante.

Quand  = 0
{8.4} q f  cu N u

avec cu = cohésion non drainée,


Nu = facteur de portance pour  nul, qui vaut 5.14.
Pour les matériaux intermédiaires, on fait souvent plusieurs hypothèses, sur la valeur
de la cohésion par exemple.

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Propriétés mécaniques 4— 60

L’interprétation de l’essai à la plaque en terrain hétérogène est malaisée, des formules


pour des terrains bi et tri couches existent.
Il faut toujours être prudent lorsque l’on extrapole des dimensions de la plaque à
celles de la fondation. En effet, les zones d’influence étant de volumes très différents, les
profondeurs sensiblement affectées, qui sont de 2 ou 3 fois le diamètre, peuvent atteindre une
mauvaise couche pour la fondation alors que la plaque ne la contraignait pas.

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GEOTECHNIQUE

Fascicule V

Etat de contraintes dans les sols

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FASCICULE 5

ETAT DE CONTRAINTES DANS LES SOLS

___________________________________________________________________________

Tables de matières

1. RELATIONS ENTRE LES PRESSIONS LATERALES ET LES


DEFORMATIONS LATERALES DANS UN MASSIF DE SOL .................................. 3
1.1. Coefficient de pression des terres au repos............................................................................. 3
1.2. Définition de la poussée et de la butée des terres ................................................................... 5

2. THEORIE DE RANKINE (1860) ......................................................................... 8


2.1. Hypothèses................................................................................................................................... 8
2.2. Coefficients de poussée et de butée ....................................................................................... 10
2.2.1. Sol pulvérulent à surface horizontale ................................................................................. 10
2.2.2. Sol à la fois cohérent et frottant à surface horizontale....................................................... 11
2.2.3. Sol purement cohérent....................................................................................................... 12
2.2.4. Sol pulvérulent à surface inclinée ...................................................................................... 12
2.3. Calcul des forces de poussée et de butée .............................................................................. 14
2.3.1. Sol à la fois cohérent et frottant à surface horizontale....................................................... 14
2.3.2. Milieu purement cohérent .................................................................................................. 15
2.4. Inclinaisons des plans de rupture ........................................................................................... 16

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Etat de contraintes dans les sols 5— 3

1. Relations entre les pressions latérales et les


déformations latérales dans un massif de sol

1.1. Coefficient de pression des terres au repos

Soit un sol à la surface horizontale et s’étendant indéfiniment. La contrainte verticale


σV à la profondeur h a pour valeur (Figure 1) :

{1.1} V  h

v= h h

H P
M

Figure 1

Par contre, le calcul de la contrainte horizontale (ou radiale) σH nécessite la


connaissance de la loi de comportement du sol. On ne la détermine donc
qu’expérimentalement en remarquant que, dans un sol en place, sous un chargement
uniforme, il n’y a pas de déplacement latéral (εH = 0) (Figure 2a).

eH  0
0)

v
v
=

H  V
(eh

u= 0
K0
ai
ess

eH  0 H

H
0

a b
Figure 2

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Etat de contraintes dans les sols 5— 4

On utilise généralement un appareil triaxial dans lequel il est possible de mesurer à


chaque instant le déplacement radial de l'échantillon.
L'essai consiste à appliquer sur un échantillon de sol constamment drainé (u = 0), des
contraintes effectives axiale et radiale croissant de telle façon qu'il n'y ait aucune déformation
latérale de l'échantillon (εH = 0).
Le résultat de l'essai est indiqué sur la figure 2b : les contraintes σ’V et σ’H sont
proportionnelles. Le rapport σ’H /σ’V , appelé coefficient de pression des terres au repos, est
noté K0.

{1.2}  'H
K0 
 'V

 le coefficient K0 est généralement inférieur à 1, sauf dans les sols très surconsolidés ;
 il s'agit d'une caractéristique intrinsèque du squelette solide, qui ne s'applique donc
qu'aux contraintes effectives. Dans un sol en place saturé :

{1.3}  'H H u   'H


K0  (   )
 'V V u   'V

 sa valeur approximative pour différents sols est la suivante :


 sable lâche : K0 = 0,45 à 0,50
 sable compact : K0 = 0,40 à 0,45
 argile normalement consolidée : K0 = 0,5
 argile molle, vase : K0 = 1
 argile surconsolidée : K0 variable

Par exemple :
Sols K0
Sable de Fontainebleau (γd = 1,60) 0,48
Limon d'Orly 0,45
Argile verte (σ’p/σ’0 =1,7) 0,61
Vase de Martrou 1,00
Tourbe de Bourgoin 0,45

Dans le cas des sables, il existe une formule empirique, due à Jaky, entre K0 et l’angle
de frottement interne φ.
Formule de Jaky :

{1.4} K0  1  sin 

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Etat de contraintes dans les sols 5— 5

1.2. Définition de la poussée et de la butée des terres

Nous donnerons deux définitions de la poussée et de la butée : l’une ayant trait aux
contraintes développées dans le sol, l’autre aux forces exercées par le sol sur un écran.
Soit un sol homogène, sans eau, à surface horizontale non chargée, dans une
représentation bidimensionnelle. Dans le cas où il n’y a pas de possibilité de déplacement
latéral, les contraintes effectives verticale et horizontale sont (Figure 3a) :

{1.5}  'V   .h (u  0)

 'H  K0 .  .h
K0 étant le coefficient de pression des terres au repos et σ’V la contrainte principale
majeure. Cet état de contrainte est représenté par le cercle de Mohr de diamètre AB sur la
figure 3d.
Examinons de quelle façon il peut y avoir rupture dans la masse du sol.
Si nous permettons au sol une expansion latérale (εH > 0), la contrainte verticale σ’V
restera principale et égale à γh et la contrainte horizontale σ’H va diminuer. Sur la figure 3d, le
point B se rapproche du point C. En C, il y a rupture du sol et cette rupture a lieu en tous les
points. Les plans de rupture en chaque point enveloppent un réseau de surfaces de glissement
planes dont l'inclinaison est déterminée à partir des points de contact I et G du cercle de Mohr
à la rupture avec la courbe intrinsèque. Il est facile de vérifier que cette inclinaison est la
même en tout point du sol. Ce mode de rupture est appelé rupture par poussée.
Il est également possible de provoquer la rupture du massif de sol par compression
latérale (εH < 0). Dans ce cas, le point B (  'H  K0 .  .h ) sur la figure 3d se rapproche
d'abord du point A. En A, il y a un état de contrainte isotrope (  'H   'V   .h ) puis, la
contrainte latérale augmentant, le point B atteint le point D où il y a rupture. Cette rupture a
lieu en même temps en tous les points du sol et l'inclinaison sur l’horizontale des plans de
glissement est plus faible que dans le cas de la poussée. Ce mode de rupture est appelé rupture
par butée.

contrainte principale contrainte principale


MAJEURE MINEURE

h
h
MINEURE K0  h MAJEURE

expansion compression
latérale eH  0 latérale
Plans de glissement Plans de glissement
a
b c

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t
J
I

0 C
B
A
h
D

G
H

Figure 3

Considérons maintenant la force exercée par le sol sur un écran vertical, maintenu
fixe, derrière lequel il y a eu remblaiement (Figure 4).

déplacement déplacement
poussée 0 butée
écran

a b
Fp
butée

F0
poussée
Fa déplacement
@ H/1000 0 @ H/100

c
Figure 4

Tout mouvement étant interdit, la force exercée par le sol est F0. Si nous permettons
un déplacement horizontal du sommet de l'écran, la force F varie comme l'indique la figure
4c. Suivant le sens du déplacement, la valeur de F diminue jusqu'à un minimum ou croît
jusqu'à un maximum.

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Etat de contraintes dans les sols 5— 7

Les deux valeurs extrêmes de la force F, qui correspondent à la rupture du sol


derrière l'écran, sont appelées :
 force de poussée : Fa (minimum)
 force de butée : Fp (maximum)
La poussée et la butée sont donc deux états de rupture d'un sol. Elles ne peuvent être
mobilisées que lorsque les déformations, donc les déplacements, ont atteint une valeur
suffisante. Il importe de remarquer que la mobilisation de la butée nécessite un déplacement
dix fois plus grand (H/100) que la mobilisation de la poussée (H/1000).
Dans le cas d'un sol saturé et d'un comportement à long terme (Δu = 0), ces
définitions restent valables à condition de considérer partout des forces et des contraintes
effectives.
Des notions similaires sont utilisées dans l’étude des structures géologiques, en
tectonophysique. Selon le modèle d’Anderson, la poussée produit une faille normale, tandis
que la butée produite une faille inverse.

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Etat de contraintes dans les sols 5— 8

2. Théorie de Rankine (1860)

La théorie de Rankine permet de déterminer l'état des contraintes dans un sol en butée
ou en poussée derrière un mur de soutènement, donc de calculer les forces s'exerçant sur ce
mur.

2.1. Hypothèses

En plus de l'isotropie du sol, elle admet l'hypothèse fondamentale suivante (Figure 5) :


la présence de discontinuités (provoquées par des murs ou des écrans à la surface d'un sol) ne
modifie pas la répartition des contraintes verticales dans ce sol.

h = h h = h

M M

 

= h.cos = h.cos
h h

M M

Figure 5
Sur un plan parallèle à la surface, la contrainte reste verticale et égale à γh (γh.cosα
dans le cas d'un sol à surface inclinée) (Figure 6).

{2.1} Fg  Fd
W
R  W   .h.l      .h.cos 
l cos 

L’état de contrainte sur BC est vertical;


sur AB et CD est parallèle à la surface.

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D
A
W Fd

Fg
h o s C
l/c
B

Figure 6

L'inconvénient d'une pareille hypothèse est qu'on impose la direction de la contrainte


qui s'exerce sur le mur en tout point du mur et qu'on ne tient pas compte de la valeur du
frottement entre le mur et le sol. Ainsi, dans le cas d'un sol à surface horizontale et d’un mur à
paroi verticale, la théorie de Rankine suppose que le frottement entre le mur et le sol est nul,
puisque la contrainte est horizontale (Figure 7).

Figure 7

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Etat de contraintes dans les sols 5— 10

2.2. Coefficients de poussée et de butée

Dans la définition de la poussée et de la butée, nous avons montré que le rapport


σ’H/σ’V était, suivant la déformation, compris entre deux valeurs extrêmes :
 la valeur minimum correspond à la poussée : elle est appelée coefficient de poussée et
notée Ka ;
 la valeur maximum correspond à la butée : elle est appelée coefficient de butée et
notée Kp.
Nous calculerons la valeur de ces coefficients et déterminerons les états de poussée et
de butée dans plusieurs cas de sols et de géométrie.

2.2.1. Sol pulvérulent à surface horizontale


En écrivant (Figure 8) : IA = OA.sin φ’.

{2.2}  'V   'H a  'V   'H a


  sin  '
2 2

On obtient :

{2.3} 1  sin  '   '


 'H a   'V    'V  tg ²   
1  sin  ' 4 2 

D’où :

{2.4}   '
Ka  tg ²   
4 2 

t ’ tg
’
t

0 ’
/2’ /2’ 
( ’H )a A ’V= h B ( ’H )p

Figure 8

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De la même manière, on montre que :

{2.5}   ' 1
Kp  tg ²    
4 2  Ka

2.2.2. Sol à la fois cohérent et frottant à surface horizontale


C’est le cas du sol fin saturé en comportement à long terme. Le calcul s’effectue donc
en contraintes effectives.
En appliquant le théorème des états correspondants, on remplace dans le calcul
précédent : (σ’H)a par (σ’H)a + H et σ’V par σ’V + H, sachant que (Figure 9) :

{2.6} H  c '. cotg  '

{2.7}  'H a  H   '


 tg ²   
 'V  H 4 2 

{2.8}   '    ' 


 'H a   'V  tg ²     H   tg ²    1
4 2   4 2  

Soit, en explicitant et simplifiant le dernier terme, l’expression de l’état de poussée :

{2.9}  'H a   'V . Ka  2c ' Ka

t t ’ tg
’
t 

c’

0’ ’ 0
/2’ /2’ 
H= c ’.c otg’ ( ’H )a ’V= h ( ’H )p

Figure 9

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Etat de contraintes dans les sols 5— 12

On obtient de même pour l’état de butée :

{2.10}  'H  p   'V . K p  2c ' K p

2.2.3. Sol purement cohérent


C’est le cas du sol fin saturé en comportement à court terme. Le calcul s’effectue donc
en contraintes totales.
On a immédiatement d’après la figure 10 :

{2.11}  H  a   h  2cu
 H  p   h  2cu

cu

0 
(H )a V= h (H )p

Figure 10

2.2.4. Sol pulvérulent à surface inclinée


Soit un sol pulvérulent sans eau dont la surface fait l’angle β avec l’horizontale. Sur un
plan parallèle à la surface et à la profondeur h, la contrainte est verticale et vaut γh cosβ.
Déterminons la contrainte p qui s’exerce sur un plan vertical à la profondeur h.
Dans le diagramme de Mohr de la figure 11, le point représentant la contrainte
verticale f   h cos  est le point A [OA = γh cos β, (Oσ, OA) = β].
Au point M, l’état de contraintes est donc représenté par un cercle de Mohr passant par
le point A.
Cherchons, sur ce cercle, le point B représentant la contrainte p . Le plan sur lequel
s’exerce la contrainte p se déduit du plan sur lequel s’exerce la contrainte f par une rotation

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Etat de contraintes dans les sols 5— 13


d’angle   . Le point B est sur la droite symétrique de OA par rapport à l’axe Oσ et par
2
suite la direction de la contrainte p fait l’angle β avec l’horizontale. Elle est la parallèle à la
surface.
Supposons maintenant que, par déformation latérale (extension ou compression), nous
amenions le sol à la rupture. La contrainte verticale f reste identique, seule la valeur de la
contrainte p varie. Les extrema de p sont donnés par les cercles de Mohr tangents à la droite
intrinsèque, soit (R1) et (R2) sur la figure 11.
Le cercle (R1) correspond à la poussée et la contrainte de poussée pa est donnée par le
point B, tandis que le cercle (R2) correspond à la butée et la contrainte de butée pp est donnée
par le point C.

f= h.c os
 h

p M
P

t tg 
t

A (R)
2

(R)

1
/2
0 

B
pa
D
C
OA= h.c os pp

Figure 11

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Etat de contraintes dans les sols 5— 14

Un calcul montre que :

{2.12} pa  h.cos  cos   cos ²   cos ²


 
 h.cos  pp cos   cos ²   cos ²

d’où les coefficients de poussée et de butée :

{2.13} 1 cos   cos ²   cos ²


Ka     
Kp   cos   cos ²   cos ²

Dans le cas d’un sol à la fois frottant et cohérent, on pourrait utiliser le théorème des
états correspondants.

2.3. Calcul des forces de poussée et de butée

2.3.1. Sol à la fois cohérent et frottant à surface horizontale


Soit un mur de soutènement à paroi verticale soutenant un remblai sans eau. Derrière
le mur, la surface du remblai est supposée plane.
La contrainte, qui s’exerce sur un élément de la paroi du mur à la profondeur h, a pour
valeur, lorsqu’est mobilisée la poussée ou la butée :

{2.14} pa  Ka h  2c ' Ka ou pp  K p h  2c ' K p

Si H est la hauteur du mur et si la surface du remblai est horizontale, les forces de


poussée et de butée ont pour expressions :

{2.15}  '  '


H
1
Fa   p dh
0
a 
2
 H ²tg ²     2c '.H .tg   
4 2 4 2
1
soit : Fa   H ² K a  2c '.H . K a
2

{2.16}  '  '


H
1
Fp   p dh  2  H ²tg ²  4 
0
p   2c '.H .tg   
2 4 2
1
soit : Fp   H ² K p  2c '.H . K p
2

La valeur du poids volumique γ à prendre en compte dépend de la nature du


problème : couches de sols, conditions de nappe, etc.
Lorsque la cohésion c’ est nulle, la force de poussée ou de butée s’applique au tiers de
la hauteur à partir de la base.

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Etat de contraintes dans les sols 5— 15

Lorsque la paroi n’est plus verticale, il faut utiliser le cercle de Mohr pour déterminer
les valeurs des contraintes s’exerçant sur le mur.

2.3.2. Milieu purement cohérent


Dans le cas d’un sol pulvérulent (c’=0), les contraintes de poussée sont toujours
positives (compression) : par contre, dans le cas d’un sol cohérent ou purement cohérent, elles
peuvent être négatives (traction).
Ainsi, considérons un sol purement cohérent (sol fin saturé en comportement à court
terme) à surface horizontale amené en état de poussée par extension latérale (Figure 12).
A la surface au point A, la contrainte verticale est nulle, donc la contrainte horizontale
est une traction et a la valeur -2cu. Le sol est ainsi en traction jusqu’à la profondeur z0 (point
B) telle que :

{2.17} 2cu
 z0  2cu ou z0 

A la profondeur 2.z0 (point D), la contrainte a pour valeur 2cu et la force qui
s’exercerait sur un écran placé suivant AD et qui serait par exemple collé au sol, pour pouvoir
supporter des contraintes de traction, serait nulle comme on peut s’en apercevoir par la
formule donnant Fa :

{2.18} 1
Fa   H ²  2cu .H  0
2

cu

A B D

2c u 0 2c u= z0 4c u

A 2c u

B
z0
Hc

2z0
+ 2c u D

Figure 12

Géotechnique – RC - FC 2015-2016
Etat de contraintes dans les sols 5— 16

De manière similaire on peut montrer (Figure 13) que, pour une courte période, une
tranchée à parois verticales, taillée dans un sol fin saturé, est stable tant que la profondeur est
inférieure à la profondeur critique :

{2.19} 2.cu
Hc 

t
Hc
V= h cu
H  0

0 
H V= h

Figure 13

2.4. Inclinaisons des plans de rupture

La figure 8 montre que, pour un sol non cohérent à surface horizontale, les plans de
rupture derrière le mur de soutènement font avec l’horizontale :
 '
 un angle de  dans le cas de la poussée ;
4 2
 '
 un angle de  dans le cas de la butée ;
4 2

/4  ’/2 /4  ’/2

Poussée Butée
Figure 14

Comme nous l’avons vu, les contraintes sur la paroi du mur sont horizontales, ce qui
impose la valeur du coefficient de frottement entre le mur et le sol et ne tient pas compte de sa
valeur réelle.

Géotechnique – RC - FC 2015-2016

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