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ENS Cachan – Antenne de Bretagne Notes de cours 2002 (version 1) Marie Frénéa

Antenne de Bretagne

Filtres passifs

Ce document rassemble des notes de cours destinées aux élèves de préparation à l’Agrégation
de Génie Electrique. Toutes les remarques qui pourraient contribuer à son amélioration sont
les bienvenues. Certaines informations sont tirées d’ouvrages dont les références sont
données en fin de document. Si certaines d’entre elles venaient à manquer, je m’en excuse par
avance auprès de leurs auteurs et les invite à m’en faire part. Mon adresse est la suivante :
frenea@bretagne.ens-cachan.fr

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FILTRES PASSIFS

Parmi les différentes technologies rencontrées, on peut citer :


- Les filtres passifs à inductances et condensateurs
- Les filtres passifs à résonateurs piézo-électriques (quartz, résonateur céramique et à
onde de surface (SAW))
- Les filtres passifs à lignes imprimées, les résonateurs diélectriques, etc.

Synthèse des filtres LC passifs :

Outre l’absence d’alimentation, les filtres LC passifs possèdent les avantages


suivants :
- dynamique très importante (peuvent permettre des niveaux de tension et courant
élevés)
- bruit très faible (fortement réduit par rapport aux filtres actifs, car on s’affranchit en
grande partie du bruit thermique provenant des résistances et du bruit des aop).
- possibilité de travailler à fréquence élevée, jusqu’à quelques GHz (disparition des
problèmes liés à la bande passante limitée des montages faisant intervenir des
composants actifs tels que transistors ou aop).
- faible sensibilité de la réponse du filtre aux variations des valeurs des composants

En contrepartie, leur utilisation est généralement limitée aux fréquences élevées, car
l’encombrement et le coût liés aux selfs deviennent prohibitifs dans le domaine des basses
fréquences. Bien que les filtres LC soient difficiles à intégrer en raison de la présence
d’inductances, on trouve en haute fréquence des réalisations qui se présentent sous forme de
composants (Figure 1).

Figure 1 - Exemple de filtre LC (Murata)

D’autre part, la faible sensibilité des filtres LC étant inégalable, on les utilise parfois
comme modèle pour réaliser des filtres actifs possédant la même qualité mais ne nécessitant
pas d’inductances (ex : filtres à gyrateurs. Voir chapitre filtres actifs).

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1. Fonction de transfert en puissance d’un filtre LC passif:

Les filtres LC passifs sont constitués d’un quadripôle non dissipatif inséré entre un
générateur de résistance R1 et une charge de résistance R2, suivant le schéma représenté
Figure 2 :

R1 R1

V1 Quadripôle V2
E1 R2 V1
L-C E1 Z1

Figure 2 – Schéma de principe d’un filtre LC passif

On aurait naturellement tendance à définir la fonction de transfert de ce filtre comme


V
le rapport 2 , mais la tension que l’on souhaite filtrer est en fait E1 (tension délivrée par un
V1
générateur, tension de sortie d’un étage HF…). Or, pour un filtre passif l’impédance d’entrée
Z1 du quadripôle chargé par R2 varie avec la fréquence et on a :

V2 V2 V1 Z1 (ω)
= x avec V1 = E1
E1 V1 E1 R 1 + Z1 (ω)

V2
Définir la fonction de transfert du filtre par n’a donc pas de sens car V1 n’est pas
V1
V
une image fidèle de E1. On aurait pu choisir de la définir par le rapport 2 , cependant la
E1
présence des résistances R1 et R2 introduit invariablement une atténuation en tension qui se
traduit par une translation du diagramme de Bode. Afin de s’en affranchir on préfère
introduire la fonction de transfert en puissance définie par le rapport de la puissance fournie à
la charge à la puissance disponible au niveau de la source.

La puissance disponible au niveau de la source (puissance maximale pouvant être transmise à


la charge) s’exprime par :
2
E1
Pm =
4R 1
2
V2
Si on note P2 la puissance effectivement fournie à la charge, on a : P2 =
R2

2
2 P V 4R 1
La fonction de transfert en puissance du filtre est donc : H( jω) = 2 = 2
Pm E1 R2

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Pm P2
R1 P2
Quadripôle
R2
L-C
E1
Pr

Figure 3 – Transfert de puissance de la source vers la charge

Le quadripôle L-C étant non dissipatif , P2 s’exprime par la relation :


2
Re( Z1 ) E1
P2 =
2
R 1 + Z1
La puissance réfléchie Pr se déduit alors par :
 4R Re( Z )  2
 1 1  Z1 − R 1
Pr = Pm − P2 = Pm 1 − = Pm
2  Z1 + R 1
 R 1 + Z1 
Z − R1 2
En introduisant le coefficient de réflexion Γ = 1 , on a alors : Pr = Γ Pm
Z1 + R 1

2 2
Note : La relation suivante est alors vérifiée : H + Γ =1

Fonction de transmission :

On définit la fonction de transmission du filtre par :


2 P P
H −1 ( jω) = m = 1 + r
P2 P2

2. Sensibilité :

L’affaiblissement du filtre (exprimé en dB) est donné par la relation :


A(ω) = 20log H -1 ( jω)
La variation d’un élément du filtre (L ou C) Xi d’une quantité ∆Xi, se traduira par une
variation de l’affaiblissement pouvant être approchée par :
∂A
A(X i + ∆X i ) = A(X i ) + ∆X i
∂X i

Aux fréquences pour lesquelles on a adaptation d’impédance (Pm=P2), A=0 (zéros


d’affaiblissement), soit :
∂A
A(X i + ∆X i ) = ∆X i ≥ 0 (l’atténuation d’un filtre passif étant une grandeur positive)
∂X i

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∆Xi étant de signe quelconque, la relation ne peut être vérifiée qu’avec le signe égal, soit :

∂A
=0
∂X i

La dérivée partielle de l’affaiblissement d’un filtre LC inséré entre résistances par rapport à la
valeur de chacun des éléments s’annule aux fréquences pour lesquelles l’adaptation est
réalisée

Conjecture d’Orchard :

Le théorème précédent n’est valable que pour les zéros d’affaiblissement. L’expérience
montre cependant que ∂A reste faible dans toute la bande passante du filtre (cela se
∂X i
vérifie d’autant mieux lorsque Amax est faible).

Cette proposition d’Orchard indique qu’un filtre LC (donc non dissipatif) admet des
tolérances importantes sur la valeur de ses composants, sans que cela nuise à ses
performances. Toutefois, elle ne s’applique qu’à l’affaiblissement et non au temps de
propagation.

3. Filtres passe-bas en échelle (ladder) :

31. Les différentes topologies :

On rencontre deux types de structures pour ces filtres : structure en T ou en Π ; Chacune de


ces topologies est formée de n branches comportant au maximum deux éléments (un
condensateur et une inductance). n est égal à l’ordre de la fonction de transfert du filtre.

Structure en Π :
- la première branche est une branche parallèle
- lorsque n est impair, le filtre se termine par une branche parallèle (Figure 4)
- lorsque n est pair, le filtre se termine par une branche série (Figure 5)

Figure 4 - Structure en Π (n impair) - Filtres passe-bas polynomiaux

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Figure 5 - Structure en Π (n pair) – Filtres passe-bas polynomiaux

Structure en T :
- la première branche est une branche série
- lorsque n est impair, le filtre se termine par une branche série (Figure 6)
- lorsque n est pair, le filtre se termine par une branche parallèle (Figure 7)

Figure 6 - Structure en T (n impair) - Filtres passe-bas polynomiaux

Figure 7 - Structure en T (n pair) - Filtres passe-bas polynomiaux

Les filtres passe-bas polynomiaux ne comportent qu’un élément par branche. Dans le cas
où une branche possède deux éléments, elle introduit un zéro de transmission à sa fréquence
de résonance. Les zéros de transmission des filtres non polynomiaux (elliptiques ou
Chebyshev inverse) sont obtenus par des circuits bouchons en série (structure en Π : Figure 8)
ou des circuits résonants série dans des branches parallèles (structure en T : Figure 9).

Figure 8 - Filtres passe-bas non polynomiaux - Structure en Π

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Figure 9 - Filtres passe-bas non polynomiaux - Structure en T

Remarque importante :

La synthèse d’un filtre non polynomial (elliptique ou Chebyshev inverse) d’ordre pair
n’est pas envisageable avec ce type de structures. Avec ces filtres, l’atténuation tend vers une
valeur finie A min quand ω→∞ (voir Figure 10). Or lorsque ω→∞, la source et la charge
voient soit un court-circuit, soit un circuit ouvert, les deux cas correspondant à une atténuation
infinie ( Γ = 1 ).

Figure 10 - Filtre elliptique d'ordre pair (n=6, Amax=3 dB, Amin=60 dB)

32. Synthèse d’un réseau en échelle :

• Fonction caractéristique

La fonction de transmission est liée à la fonction caractéristique du filtre par la relation :


2 2
H −1 ( jΩ) = 1 + K ( jΩ) (cf. chapitre précédent)
• Equation de Feldkeller :

Si l’on pose :
P(P) F(P)
H(P) = et K (P) =
E(P) P ( P)
2 E(P).E(−P) F(P).F(− P)
on a alors : H −1 (P) = H −1 (P).H −1 (− P) = = 1+
P(P).P(− P) P(P).P(− P)

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ce qui nous permet d’écrire l’équation de Feldkeller :


E (P).E (− P) = F(P).F(− P) + P(P).P(− P)
Note : E(P) est un polynôme dont les racines sont à partie réelle négative.
• Impédance d’entrée Z1 du quadripôle LC :
Comme établi précédemment :
2 2
H +Γ =1
2
2 1 K 2 2
d’où : Γ = 1− = = H K
2 2
1+ K 1+ K
soit encore :
2 2
2 Z − R1 F
Γ = 1 =
Z1 + R 1 E
On en déduit finalement :
F E+F E−F
Γ=± et Z1 = R 1 ou Z1 = R 1
E E−F E+F
A partir de ces deux expressions de Z1, on peut réaliser la synthèse de filtres LC en Π et en T.
On peut montrer que les degrés des polynômes E+F et E-F sont différents. Si l’on fait le choix
Z  Z 
d’une structure en T, il faut s’arranger pour avoir deg_ num 1  > deg_ den 1  . Pour
 R1   R1 
Z  Z 
obtenir une structure en Π , il faudra avoir au contraire : deg_ num 1  < deg_ den 1 
 R1   R1 

321. Cas de filtres polynomiaux :


Z1
La procédure consiste à développer en fraction continue en opérant plusieurs divisions
R1
polynomiales successives.
On peut écrire :
Z1 N 1 ZA ZC ZE
= = ZA +
R1 D 1
YB +
1
ZC + YB YD
YD + ...

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Pour identifier les différents composants, on effectue une division des deux polynômes N et
D : N = QD + R , (Q et R : quotient et reste de la division de N par D) soit :
N R 1
=Q+ =Q+
D D D
R
D’où la seconde division : D = Q' R + R ' , ( Q' et R ' : quotient et reste de la division de D par
R) soit :
N 1 1
=Q+ =Q+
D R' 1
Q'+ Q'+
R R
R'
et ainsi de suite. Il ne reste ensuite qu’à identifier : ZA=Q, YB= Q' , etc.

Pour une structure en T, on obtiendra :

Z1 E + F 1
= = L1n P +
R1 E − F 1
C 2n P +
1
L 3n P +
C 4 n P + ...
Note : cette décomposition peut se faire élément par élément en faisant tendre p vers l’infini :
Z
L1n P = 1
R1 P → ∞

1
C 2n P =
Z1
− L1n P
R1 P →∞
etc.

Pour une structure en Π :


Z1 E − F 1
= =
R1 E + F 1
C1n P +
1
L 2n P +
C 3n P + ...
Dénormalisation:

La résistance du générateur R1 a été prise comme unité de normalisation. Dans ce cas,


l’expression générale d’une impédance normalisée s’écrit sous la forme :
Z( P ) 1
Zn = = R n + Ln P + .
R1 Cn P
p
On dénormalise en posant P = et en multipliant par R1 :
ωn

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 
 
1  p 1 
Z(p) = R + Lp + = R 1.  R n + L n + 
 p 
Cp ωn C n
 
 ωn 
R = R n .R 1
L n .R 1
On a donc par identification : L =
ωn
Cn
C=
R 1.ω n

Synthèse d’un filtre passe-bas de Butterworth :

Pour ce type de filtres :


• P(P)=1.
• E(P) est obtenu par exemple à l’aide des tables, ou donné par la fonction butter
de Matlab (cf. chapitre précédent).
• F(P) peut être déduit à partir de la relation :
2 F( jΩ)F(− jΩ)
H −1 ( jΩ) = 1 + ε 2 Ω 2n = 1 +
P ( jΩ ) P ( − jΩ )
2n
2 P 
F(P)F(− P) = ε   = εP n .ε(− P) n ⇒ F(P) = ε.P n
 j

Exemple :

On veut réaliser un filtre passe-bas de Butterworth d’ordre 3, Amax=3 dB et dont la fréquence


de coupure est de 1 MHz. La résistance du générateur vaut R1=50Ω
Les tables nous donnent :
E ( P) = P 3 + 2P 2 + 2P + 1
n=3 et ε=1⇒ F(P) = P 3

• Synthèse en T :
Z1 E + F 2P 3 + 2P 2 + 2P + 1 1 1
= = =P+ =P+
R1 E − F 2P 2 + 2P + 1 2P 2 + 2P + 1 1
2P +
P +1 P +1

Figure 11 - Schéma du filtre de Butterworth passe-bas normalisé (structure en T)

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Ces valeurs normalisées peuvent se retrouver à partir des tables données en Annexe 1.

Dénormalisation des impédances :

R1=R2=50Ω ;
R .L 50 C 2n 2
L1 = L 3 = 1 1n = = 7.958µH ; C 2 = = = 6.3662nF
ωn 6 R 1.ω n 50.2π.10 6
2π.10

Figure 12 - Schéma définitif du filtre passe-bas (structure en T)

La synthèse peut être faite directement sous RFSim99, ce qui nous permet de vérifier
rapidement les valeurs des composants obtenues par le calcul :

Figure 13 – Synthèse directe sous RFSim99 (structure en T)


2
2 P V 4R 1
On rappelle que H( jω) = 2 = 2 . Le tracé à l’aide de Micro-Cap de la fonction
Pm E1 R2
 V 
20 log 2 2  nous permet donc de retrouver la courbe du filtre théorique. Une analyse de

 E1 

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Monte-Carlo nous permet de mettre en évidence l’influence des tolérances des composants
(ici ±10%).

Figure 14 - Tracé de la réponse du filtre

• Synthèse en Π :

Z1 E − F 2P 2 + 2P + 1 1 1
= = = =
R 1 E + F 2P 3 + 2P 2 + 2P + 1 2 P 3 + 2 P 2 + 2 P + 1 1
P+
1
2P 2 + 2P + 1 2P +
P +1

Figure 15 - Schéma du filtre de Butterworth passe-bas normalisé (structure en Π)

Dénormalisation des impédances :

R1=R2=50Ω ;
C 1 R .L 50.2
C1 = C 3 = 1n = = 3.183nF ; L 2 = 1 2 n = = 15.915µH ;
R 1.ω n 50.2π.10 6 ωn 2π.10 6

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Figure 16 - Synthèse directe sous RFSim99 (structure en Π)

Synthèse d’un filtre passe-bas de Chebyshev :

Pour ce type de filtres :


• P(P)=1.
• E(P) est obtenu par exemple à l’aide des tables, ou donné par la fonction
cheby1 de Matlab en prenant ωn=1 (cf. chapitre précédent).
• F(P) peut être déduit à partir de la relation :
2 F(P)F(− P)  P 
H −1 ( jΩ) = 1 + ε 2 C 2n (Ω ) = 1 + ⇒ F(P)F(− P) = ε 2 C 2n  
P ( P )P ( − P )  j

Exemple pour un filtre de Chebyshev d’ordre impair:

On souhaite réaliser un filtre passe-bas de Chebyshev d’ordre 3, Amax=0.1dB et dont la


fréquence de coupure est de 1 MHz. La résistance de sortie de l’étage situé en amont du filtre
vaut 75Ω.
Les tables nous donnent :
E(P) = 0.6105P 3 + 1.1836P 2 + 1.6052P + 1
(
C 3 (Ω ) = 4Ω 3 − 3Ω ⇒ C 3 (P ) = j 4P 3 + 3P )
A max
Amax=0.1dB ⇒ ε = 10 10 − 1 = 0.15262

((
F(P).F(− P) = ε 2 j 4P 3 + 3P ))2 = −ε 2 (4P 3 + 3P)(4P 3 + 3P) = ε(4P 3 + 3P).ε(4(−P)3 + 3(−P))
⇒ F(P) = 0.15262(4P 3 + 3P) = 0.6105P 3 + 0.4579P

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Structure en T :

Z1 E + F 1.221P 3 + 1.1836P 2 + 2.0631P + 1 1


= = = 1.0315P +
R1 E − F 2 2
1.1836P + 1.1473P + 1 1.1836P + 1.1473P + 1
1.0315P + 1
Z1 1
= 1.0315P +
R1 1
1.1474P +
1.0315P + 1

Figure 17 - Synthèse du filtre passe-bas normalisé (structure en T)

Dénormalisation :

R1=R2=75Ω ;
R .L 75x1.0315 C 2n 1.1474
L1 = L 3 = 1 1n = = 12.314µH ; C 2 = = = 2.435nF
ωn 2π.10 6 R 1.ω n 75.2π.10 6

Figure 18 - Synthèse directe avec RFSim99 (structure en T)

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Structure en Π (obtenue par dualité) :

Figure 19 - Synthèse du filtre passe-bas normalisé (structure en ∏)

Figure 20 - Synthèse directe avec RFSim99 (structure en Π)

Exemple pour un filtre de Chebyshev d’ordre pair:

On souhaite réaliser un filtre passe-bas de Chebyshev d’ordre 2, Amax=0.1dB et dont la


fréquence de coupure est de 100 kHz. La résistance de sortie de l’étage situé en amont du
filtre vaut 75Ω.
La fonction cheby1 de Matlab nous donne, pour ωn=1 :
E(P) = 0.30524P 2 + 0.72414P + 1.01158
C 2 (Ω ) = 2Ω 2 − 1
2
  P 2 
( )
F(P)F(− P) = ε 2  2  − 1 ⇒ F(P) = ε 2P 2 + 1 = 0.30524P 2 + 0.15262
  j 
 

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Structure en T :

Z1 E + F 0.61048P 2 + 0.72414P + 1.1642 1


= = = 0.84304P +
R1 E − F 0.72414P + 0.85896 0.622P + 0.7378

Figure 21 - Synthèse du filtre passe-bas normalisé (structure en T)

Figure 22 - Synthèse directe avec RFSim99 (structure en T)


(Noter la forte valeur de l'inductance: fréquence basse pour des filtres passifs!)

Structure en Π :

Z1 E − F 1
= =
R1 E + F 1
0.84304P +
0.622P + 0.7378

Figure 23 - Synthèse du filtre passe-bas normalisé (structure en Π)

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Figure 24 - Synthèse directe avec RFSim99 (structure en Π)

Remarque concernant la valeur des résistances terminales :

- Pour les filtres dont l’affaiblissement est nul à la fréquence nulle (cas des filtres de
Butterworth et des filtres de Chebyshev d’ordre impair), les résistances terminales R1
et R2 sont égales.
- Pour les filtres dont l’affaiblissement est non nul à la fréquence nulle (cas des filtres de
Chebyshev d’ordre pair), la résistance du générateur est prise comme unité de
normalisation mais cette fois-ci R 1 ≠ R 2 . Pour ω = 0 , le filtre L-C agit comme un
court-circuit entre les deux résistances, et l’on a alors :

Pm E2 V2 (R 1 + R 2 ) 2
= 1 2 =
P2 4R 1 R 2 4 R 1R 2

L’affaiblissement à ω = 0 vaut donc :


 (R + R )2 
A max = 10 log  1 2

 4 R R
1 2 
A max
Si R1=1, en posant α = 10 10 on peut vérifier la relation : R 2 = (2α − 1) ± (1 − 2α )2 − 1
(le signe + étant utilisé pour une structure en T et le signe – pour une structure en Π)

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322. Cas de filtres non polynomiaux (ordre impair):

Pour les filtres non polynomiaux (filtres de Cauer ou de Chebyshev inverse), la


procédure est plus complexe, puisqu’il faut positionner les fréquences de résonance ω∞i des
circuits bouchons ou des circuits résonants série de façon à produire des zéros de
transmission.
Par exemple, pour une structure en T (représentée Figure 9),on a :
Z1 1 C in P C in P
= L1n P + avec Yi = =
R1 1 1 + L in C in P 2 P2
Y2 + 1 +
1 2
L 3n P + Ω∞ i
Y4 + ...

Attention : Quel que soit le type de filtre que l’on souhaite synthétiser, il est nécessaire de
s’aider d’un calculateur afin de s’affranchir des erreurs d’arrondi.

La décomposition en fraction continue pourra être illustrée à partir de l’exemple suivant :

Synthèse d’un filtre elliptique passe-bas d’ordre 3, avec une fréquence de coupure de 1 MHz.
On tolérera 1 dB d’ondulation dans la bande passante, et on prendra : Amin=40 dB. La
résistance de sortie de l’étage situé en amont vaut 50 Ω.
Matlab nous donne :

P(P ) = 0.0692P 2 + 0.5265


E(P ) = P 3 + 0.9782P 2 + 1.2434P + 0.5265
D’où :

E(P ).E(− P ) = − P 6 − 1.5298P 4 − 0.5159P 2 + 0.2772


P(P ).P(− P ) = 0.0048P 4 + 0.0729P 2 + 0.2772
A partir de l’équation de Feldkeller, on peut écrire :
F(P).F(−P) = E (P).E (− P) − P(P).P(− P)
= − P 6 − 1.5346 P 4 − 0.5887 P 2
(
= − P 2 P 4 + 1.5346 P 2 + 0.5887 )
( ) (
= P P 2 + 0.7673 .(− P ) (− P )2 + 0.7673 )
(
⇒ F(P ) = P P 2 + 0.7673 )
Structure en T :
Z1 E + F 2P 3 + 0.9782P 2 + 2.0107P + 0.5265
= =
R1 E − F 0.9782P 2 + 0.4761P + 0.5265
Le filtre étant d’ordre 3, on aura un seul zéro de transmission (à la fréquence
1
Ω∞ = ), c’est-à-dire une seule branche possédant un circuit résonant série :
L 2n C 2n

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Figure 25 - Filtre elliptique d'ordre 3 (structure en T) – Valeurs normalisées


2
La fréquence Ω ∞ annule le polynôme P( jΩ) : − 0.0692.Ω ∞ + 0.5265 = 0 ⇒ Ω ∞ = 2.7584
Pour cette fréquence, le circuit résonant série se comporte comme un court-circuit, et l’on a
donc :

Z1
Ω ∞ = j.L1n Ω ∞ = 5.2668 j ⇒ L1n = 1.9094
R1

 2 
1 + P .Z
Z1 1 1  Ω2  3
= L1n P + = L1n P + = L1n P +  ∞
(*)
R1 1 C 2n P 1  2 
Y2 + + 1 + P  + C P.Z
Z3 1 + L 2n C 2n P 2 Z 3  Ω2  2n 3
 ∞
Z1 E+F X
= = L1n P +
R1 E−F E−F

On obtient X par : X = (E + F) − L1n P.(E − F) = 0.1321P 3 + 0.0692P 2 + 1.0053P + 0.5265

Z1 0.1321P 3 + 0.0692P 2 + 1.0053P + 0.5265


= L1n P +
R1 0.9782P 2 + 0.4761P + 0.5265
0.2510P 3 + 0.1314P 2 + 1.9094P + 1
= L1n P +
1.8579P 2 + 0.9042P + 1
 2 
1 + P (1.9094P + 1)
 Ω2 
= L1n P +  ∞ 2
avec : Ω ∞ = 7.6086
2
1.8579P + 0.9042P + 1

En identifiant avec (*), on peut extraire : Z 3 = 1.9094P + 1 soit L 3n = 1.9094 et R 2n = 1


 P 2 
On peut également identifier : 1 + + C 2n P.Z 3 = 1.8579P 2 + 0.9042P + 1
 Ω2 
 ∞
1
⇒ C 2n = 0.9042 . Pour finir, on calcule L 2n = = 0.1454
2
Ω ∞ .C 2 n

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Après dénormalisation :

R1=R2=50Ω ;
R .L 50x1.9094 C 2n 0.9042
L1 = L 3 = 1 1n = = 15.19µH ; C 2 = = = 2.878nF
ωn 6 R 1.ω n 50.2π.10 6
2π.10
R .L 50x 0.1454
L 2 = 1 2n = = 1.157µH
ωn 2π.10 6

Figure 26 - Filtre elliptique d'ordre 3 (structure en T)

C inT = L inΠ
On obtient la structure en Π par dualité, en posant :
L inT = C inΠ

Figure 27 - Filtre elliptique d'ordre 3 (structure en Π)

Les performances du filtre sont vérifiées à l’aide de Micro-Cap (Figure 28).

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Figure 28 - Vérification des performances du filtre (Micro-Cap)

4. Cas d'un quadripôle LC uniquement chargé par R2 (R1=0)

Dans le cas particulier où R1=0, H(jω) est défini par le rapport des puissances P1et P2 définies
2 2 2
E1 V2 2 V2
par P1 = , P2 = , H( jω) =
R2 R2 2
E1
1 V
H(P ) = = 2
N(P ) E1
V2 = − R 2 I 2 et V2 = − R 2 (y12 E1 + y 22V2 )
E 1 + R 2 y 22
⇒N = 1 = −
V2 R 2 y12
En tenant compte de certaines propriétés mathématiques des admittances des quadripôles LC,
on montrerait la relation (cf. réf. [5] et [8]).

1 partie paire(N) 1 N ( P) + N ( − P)
y 22 = =
R 2 partie impaire(N) R 2 N(P) − N(− P)

La résistance de charge R2 est choisie comme unité de résistance Sa valeur normalisée est
R2
= 1.
R2

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N ( P) + N ( − P )
On peut donc écrire: y 22 =
N(P) − N(−P)

Par divisions polynomiales successives, on pourra mettre y22 sous l'une des formes suivantes:

1
 y 22 = C m P +
1
L m −1P +
1
Cm−2P +
L m − 3 + ...
(cas d'une structure en Π , ordre impair, ou en T, ordre pair)

1
 y 22 =
1
LmP +
1
C m −1 P +
L m − 2 + ...
(cas d'une structure en Π , ordre pair, ou en T, ordre impair)

A partir de cette expression de y22, on peut déterminer la valeur normalisée des composants,
en partant de la sortie.

Rn = R2

Ln R 2
On dénormalise ensuite en appliquant les relations suivantes: L =
ωn

Cn
C=
R 2ωn

5. Transformations des filtres LC :

Lorsque le filtre à réaliser n’est pas de type passe-bas, la synthèse comprend les étapes
suivantes :
- on calcule la fonction de transfert du prototype passe-bas correspondant
- on effectue la synthèse de ce prototype.
- on applique une transformation aux composants du prototype passe-bas
- on dénormalise

51. Transposition passe-bas / passe-haut

On a : P ⇔ 1 ce qui induit sur les composants les transformations suivantes :


P

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52. Transposition passe-bas / passe-bande

On applique la relation de transformation :

(
P ⇔ 1 P + 1
B P
)

53. Transposition passe-bas / coupe-bande

On fait subir à la variable complexe normalisée :

P ⇔ B
P + 1
P

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Exemple :

On veut réaliser un filtre passe-bande de Butterworth respectant le gabarit suivant :

Atténuation (dB)

40 BP

BC BC

3
f(kHz)
50 90 110 150

La fonction buttord de Matlab nous indique que le prototype est d’ordre N=3. Cela nous
renvoie au premier exemple (synthèse d’un filtre passe-bas de Butterworth d’ordre 3), qui
avait aboutit à la synthèse en T suivante :

Z1 E + F 2P 3 + 2P 2 + 2P + 1 1 1
= = =P+ =P+
R1 E − F 2P 2 + 2P + 1 2P 2 + 2P + 1 1
2P +
P +1 P +1

Figure 29 - Schéma du filtre de Butterworth passe-bas normalisé (structure en T)

La transformation des composants nous conduit au schéma :

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Figure 30 - Schéma obtenu après transformation des composants

Après dénormalisation (en prenant R1=50Ω), on obtient :R1=R2=50Ω ;


R .L 50x5 C 0.2
L1 = L 3 = 1 1n = = 397.887µH ; C1 = C 3 = 1n = = 6.366nF
ωn 2π.10 5 R 1.ω n 50.2π.105
C 2n 10
C2 = = = 318.31nF
R 1.ω n 50.2π.10 5
R .L 50x 0.1
L 2 = 1 2n = = 7.958µH
ωn 2π.10 5

Figure 31 - Synthèse directe du filtre passe-bande avec RFSim99

Remarque : Pour f=f0, l’impédance de la branche parallèle du quadripôle LC est infinie,


tandis que celle des branches séries est nulle. La puissance maximale est donc transmise à la
charge.
Lp 1
Zp = → ∞ pour f =
2 LC
1 + LCp
L ' C' p 2 + 1 1
Zs = → 0 pour f =
C' p L ' C'

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1 1
On peut vérifier la relation : = = 2πf 0
LC L ' C'

6. Imperfections des composants :

Les calculs présentés ci-dessus ont été effectués en supposant que les inductances et
condensateurs soient sans pertes. En réalité, dès que la fréquence devient suffisamment
importante, les éléments parasites peuvent prendre des proportions importantes et il convient
de les modéliser.

61. Inductances :

|Z|
Self Capacité

Courbe idéale

Courbe réelle

fR Fréquence

Figure 32 - Schéma équivalent d'une inductance et courbe d’impédance

Rs : résistance du conducteur (varie avec la fréquence : effet de peau)


C : capacité répartie (due aux capacités entre spires)

R + Lp
L’impédance de l’ensemble vaut : Z =
LCp 2 + RCp + 1

On trouve en général dans les documentations constructeurs (cf. Annexe 2.) les informations
suivantes :

- facteur de qualité Q =
R
- SRF (self resonance frequency=fréquence de résonance propre) : il s’agit en fait de la
1
fréquence f R =
2.π LC

Il faut faire le choix de selfs dont la SRF est largement supérieure aux fréquences liées à
l’application.

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62. Condensateurs :

|Z|
Capacité Self

Courbe réelle

Courbe idéale

fR Fréquence

Figure 33 - Schéma équivalent d'un condensateur et courbe d’impédance

C : valeur nominale de la capacité


L : inductance prenant en compte les connexions et éventuellement la géométrie des
électrodes
Rs : résistance série fonction de la résistance des connexions et des armatures
Rp : résistance parallèle, représentant le défaut d’isolement entre les armatures (diélectrique)
(plusieurs MΩ, souvent négligée)

On trouve en général dans les documentations constructeurs (cf. Annexe 3.) les informations
suivantes :
- ESR : Equivalent Series Resistance : Partie réelle de l’impédance : Rs (si on néglige
Rp)
1
- facteur de qualité Q =
ωC.ESR
1
- SRF (self resonance frequency=fréquence de résonance propre) : f R =
2.π LC

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ANNEXE 1

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29
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ANNEXE 2

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ANNEXE 3

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Références :

1. "De la physique du capteur au signal électrique", article de Paul Bildstein (Hermes)


2. "Filtrage et filtres électriques, Introduction", article des techniques de l'ingénieur, Paul
Bildstein
3. "Synthèse des filtres LC", article des techniques de l'ingénieur, Paul Bildstein
4. "Systèmes bouclés linéaires, de communication et de filtrage" Manneville - Esquieu
(Dunod).
5. "A Basic introduction to filters-Active, passive and switched-capacitor", AN-779 National
Semiconductor
6. "Electronique appliquée aux hautes fréquences", F. de Dieuleveult (Dunod)

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