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L1-S1 2018-2019

PHYS 102 :

PHYSIQUE EXPERIMENTALE
OPTIQUE

Arc-en-ciel Mirage supérieur

Le télescope spatial Hubble Faisceau de fibres optiques

Université Paris-Sud, Faculté des Sciences d'Orsay


Orsay, juillet 2018. Ne pas reproduire ce poly sans autorisation.

2
Introduction générale au module Phys102 :

Le module Phys102 comprend des cours, TD et TP intégrés. Il s’agit d’une introduction à


l’optique de base. Il est organisé sur deux principes :
• Il est axé sur l’expérimentation, l’idée étant que vous découvrirez d’abord les notions par
vous-mêmes à travers les expériences que vous réaliserez, puis interpréterez. Dans la
mesure du possible, des expériences qualitatives sont proposées avant les expériences
quantitatives correspondantes. La complémentarité entre les notions de cours introduites
et les expériences proposées est aussi développée que possible.
• Le cours est le plus ouvert possible sur la vie quotidienne, tant pour les expériences
proposées (fibres optiques, mirages, couleurs des objets, fonctionnement de l’œil, etc.)
que pour les ouvertures suggérées tout au long, documents à l’appui (fibres optiques et
télécommunications, arc-en-ciel, télescope, etc.).

Ce module comprend une séance de cours et introduction au module (S0), 5 séances de cours-
TP, 5 séances de cours-TD, et une séance d’examen de TP (S11). L’organisation de ces 12
séances est décrite page suivante.

Ce polycopié sera votre outil essentiel en séance. Il est prévu pour être complété au fur et à
mesure : un certain nombre de questions vous sont posées, des schémas sont à remplir, etc.
Une version PDF en couleur de ce polycopié est disponible sur DOKEOS.

De plus, un cours interactif en ligne a été développé spécifiquement pour ce module. Vous y
trouverez des compléments par rapport au poly, notamment des figures en couleur, des
animations permettant d’illustrer les différents phénomènes et de mieux les comprendre, des
questions. Vous le trouverez sur DOKEOS :
http://formation.u-psud.fr
(Entrez votre identifiant et votre mot de passe)

Des corrigés d’exercices, des annales d’examen, des QCM se trouvent également sur
DOKEOS et vous permettront de travailler ce qui a été vu en séance.

PENSEZ A VOUS MUNIR DU MATERIEL SUIVANT POUR CHAQUE SEANCE


(cours-TP ou TD): règle, crayon à papier, calculatrice, ainsi que ce poly !
RANGER LE MATÉRIEL SUR VOTRE TABLE A LA FIN DES SEANCES DE COURS-
TP. Pour vous aider dans cette tâche, un inventaire du matériel correspondant à la salle où
vous êtes se trouve au début de chaque chapitre.

3
ORGANISATION DES SEANCES :

Séance Durée Salle Contenu Evaluation

Introduction du module Phys102


S0 1H Amphi
Cours chap. 1 §1 : nature de la lumière
Cours-TD :
S1 3H30 chap. 1 §2.1 à 2.3 : réflexion et réfraction
chap. 5 : incertitudes
Compte-rendu 1
030 ou Cours-TP à rendre
S2 3H30
039 Fin du chap. 1 : réflexion et réfraction à la fin du TP

100 ou Cours-TP
S3 3H30
102 chap. 2 : miroirs & dioptres

S4 2H Exercices sur le chap. 2 : miroirs & dioptres

041 ou Cours-TP
S5 3H30
043 chap. 3 §1 : lentilles

Exercices sur le chap. 3 : lentilles I Compte-rendu 2


S6 1H30 Interrogation (10min) : constructions à rendre
miroirs & lentilles Constructions

100 ou Cours-TP
S7 3H30
102 chap. 4 : spectroscopie & couleurs

Exercices sur le chap. 4: spectroscopie &


S8 1H30
couleurs

041 ou Cours-TP chap. 3 §2 et §3 : l'œil humain et


S9 3H30
043 association de lentilles

S10 2H Exercices sur le chap. 3 : lentilles II

S11 1H Examen de TP Examen de TP

Salles :
La séance S0 est une séance d’introduction qui aura lieu dans un amphithéâtre.
Les séances S1 à S11 auront lieu dans les salles de TP du bat. 333, au RDC ou au 1er étage.
Reportez-vous à votre emploi du temps pour plus de précision.

4
EVALUATION :

3 ECTS

Note finale (1ère session) = 10 % Contrôle Continu + 50 % TP + 40 % Examen écrit

Ø Contrôle Continu : 1 partiel 10 %


Ø TP :
2 comptes-rendus de TP (des séances S2 et S5) 10 % pour chaque CR
Examen de TP en décembre (séance S11) 30 %
Ø Examen écrit en janvier : 40 %

Si la note finale de l’UE et la moyenne générale de L1 sont inférieures à 10


(ou refus de compensation) : => 2e session (en juin)

Note finale (2e session) = 50 % Note de 1ère session + 50 % Examen de 2e session

Attention : La note de l’examen de 1ère session sera toujours comptée dans la note finale et
pourra être difficilement rattrapable si elle est mauvaise.

5
SOMMAIRE :

CHAPITRE 1 : LES BASES DE L'OPTIQUE 7

CHAPITRE 2 : IMAGES OPTIQUES 39

CHAPITRE 3 : LENTILLES, ŒIL 65

CHAPITRE 4 : SPECTROSCOPIE ET COULEURS 99

CHAPITRE 5 : MESURES PHYSIQUES, INCERTITUDES ET MODELISATION 133

EXERCICES DES CHAPITRES 1 A 4 147

ANNEXES 177

INDEX 185

BIBLIOGRAPHIE 187

Les points difficiles sont signalés par un astérisque.


Les mots apparaissant dans le texte comme soulignés sont rassemblés dans l'index à la fin de
ce poly.
6
CHAPITRE 1 : LES BASES DE L'OPTIQUE

Mirage supérieur

Faisceau de fibres optiques

Salles : « laser » 030 ou 039

7
SOMMAIRE DU CHAPITRE 1 : LES BASES DE L’OPTIQUE

1. NATURE DE LA LUMIERE 10
1.1 La nature de la lumière : une longue histoire 10
1.2 Le modèle ondulatoire aujourd'hui 11
a) La lumière : cas particulier des ondes électromagnétiques 11
b) Particularités de la propagation de la lumière 11
c) Le modèle des rayons et surfaces d'onde 12
d) Propagation dans un milieu matériel 14
e) Retour sur le rayon lumineux 15
f) Retour inverse de la lumière 15
1.3 La lumière corpusculaire ? 15
2. REFLEXION ET REFRACTION DE LA LUMIERE 17
2.1 Les lois de Snell-Descartes 17
2.2 Interprétation de la réfraction en termes de propagation d'onde 19
2.3 Synthèse sur les lois de Snell-Descartes 20
a) Réfraction dans le cas n1 < n2 20
b) Réfraction dans le cas n1 > n2 20
2.4 [CR] [EXAMTP] Étude quantitative de la loi de la réfraction 21
a) Dispositif et réglages 21
b) Expériences sur la réflexion et la réfraction 22
2.5 [CR] [EXAMTP] Etude quantitative de la réflexion totale 23
2.6 [CR] [EXAMTP] Le prisme 25
a) Expériences 25
b) Interprétation, et troisième détermination de l'indice de l'altuglas 26
2.7 [CR] Bilan des différentes mesures de l'indice de l'altuglas 27
3. EXEMPLES D’APPLICATIONS 28
3.1. La réflexion totale ; application au guidage de la lumière 28
3.2 Les mirages 32
a) Propagation de la lumière dans un milieu inhomogène 32
b) Interprétation 32

8
Matériel à votre disposition par table
• 1 laser
• 1 plateau tournant gradué
• Divers objets en altuglas : hémicylindre, couronne, ensemble de prismes, barreau
• 1 fibre optique
• Structure et pièces en bois pour bloquer le faisceau laser
• 1 lampe de table

Matériel pour l'enseignant


• 1 Laser (cylindrique) + pince + support à tige
• 1 grande cuve en plexiglas remplie d’eau + fluorescéine
• 1 longue cuve en plexiglas pour expérience mirage
• Sucre en poudre
• Support élévateur (« boy »)
• Vaporisateur d’eau
• (1 récipient avec une lame en verre plongée dans du glycérol)

Les dangers du laser


Le faisceau laser constitue un moyen très performant pour transporter une grande
densité d’énergie sur d’assez grandes distances. Les risques liés au faisceau sont
donc surtout des risques d’incendie ou de brûlure. Ces risques dépendent en
particulier de la puissance. Les lasers très puissants peuvent brûler les tissus vivants
(certains sont utilisés comme bistouris, ou pour la découpe de métaux).
La plupart des lasers, même de faible puissance, peuvent provoquer de graves lésions
dans l’œil. En effet, un faisceau parallèle qui atteint l’œil est focalisé sur la rétine. Toute
la puissance est ainsi concentrée sur quelques cellules seulement. Les lésions
provoquées dépendent alors de la puissance du laser et peuvent aller jusqu’à la
destruction complète des cellules de la rétine, laissant alors définitivement aveugles les
zones atteintes. Ainsi, même pour un laser de faible puissance (inférieure à 1 mW,
laser dit de classe II) tel que ceux que vous utilisez en TP, il est encore plus dangereux
et dommageable pour l’œil de regarder le faisceau dans l’axe que de regarder le soleil
en face ! Il convient donc d’observer quelques règles de sécurité lors de vos
manipulations :
NE REGARDEZ JAMAIS LE FAISCEAU DANS L’AXE.
Evitez les risques de réflexions parasites : prenez soin, avant de manipuler, d’enlever
tout objet métallique ou vitreux (montre, bagues, bracelets..) qui pourraient les
provoquer.
Un obturateur mécanique vous permet d’occulter le faisceau sans éteindre le laser.
Utilisez-le chaque fois que vous modifiez les éléments placés sur le parcours du
faisceau.
Ne cherchez pas à enlever ou modifier les rideaux noirs disposés autour de votre table.
Ne luttez pas contre le réflexe de fermeture des paupières.
9
1. Nature de la lumière
1.1 La nature de la lumière : une longue histoire1
Jusqu'au XVIIe siècle, l'optique se développe sans chercher à connaître la nature de la lumière.
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’optique géométrique. En effet, celle-ci est basée sur le
principe de propagation rectiligne de la lumière dans le vide ou dans un milieu transparent
homogène, et sur les lois de la réflexion et de la réfraction. Celles-ci sont tirées de
l'expérience par Ptolémée puis par Snell2. On construit des instruments d’optique : télescope
et lunette astronomique pour observer les étoiles, microscope pour observer des micro-
organismes3… Mais la nature de la lumière n'est pas en question.
Le premier modèle est proposé par Newton qui considère la lumière comme des corpuscules
matériels soumis à la gravitation universelle. Il explique la réfraction comme l'effet de
l'attraction de la matière : lorsque la lumière passe, par exemple, de l'air à un milieu dense,
elle serait attirée par le milieu - donc accélérée - et irait alors plus vite dans un milieu plus
dense. Parallèlement, il s'intéresse à la question des couleurs et conclut de ses expériences
avec le prisme que la lumière du Soleil est composée de différentes lumières correspondant à
des couleurs différentes qui, combinées ensemble, donnent la lumière blanche.
Contemporain de Newton, Huygens défend un autre modèle : la lumière se propagerait de
proche en proche par le jeu des "chocs" de particules très proches : la lumière se propagerait
donc comme une onde mécanique. Une différence essentielle avec les prédictions de Newton,
était le fait que dans le modèle de Huygens, la vitesse de la lumière devait être plus faible
dans le verre que dans l'air.
Vers 1800, Young interprète l’existence des couleurs observées sur une couche d’huile en
faisant une analogie avec le son. Il modélise la lumière par une onde progressive périodique
et introduit l’idée que de la lumière ajoutée à de la lumière peut donner de l’obscurité ! Il
appelle ce phénomène interférences lumineuses et met ensuite au point une nouvelle
expérience pour tester son hypothèse. Obtenant une source quasiment ponctuelle en éclairant
un petit trou, il fait passer la lumière dans un système constitué de 2 trous voisins. A la sortie
du système, il observe bien des franges alternativement claires et sombres dans la tache
lumineuse résultant de la superposition de la lumière provenant de chacun des trous. Si Young
peut interpréter l’apparition des franges, il ne peut expliquer le fait que la lumière éclairant les
trous est déviée à leur passage. C’est Fresnel qui interprète ce phénomène appelé diffraction
en combinant le principe des ondes-enveloppes de Huygens et le principe de superposition
des ondes périodiques de Young. Plus tard, Fresnel montre que l'analogie avec le son a des
limites. Il faut en effet considérer l’onde lumineuse comme une onde transversale et non
comme une onde longitudinale pour expliquer les effets de polarisation.
C'est en 1862 que Léon Foucault, expérimentateur de génie, parvient à estimer la vitesse de la
lumière sur un parcours de quelques mètres seulement : il a montré que la lumière allait plus
vite dans l'air que dans l'eau, et donc que la vision de Huygens était la bonne4...
En 1864, James Clark Maxwell synthétise les lois de l'électricité et du magnétisme en les
ramenant à 4 relations fondamentales : les équations de Maxwell de l'électromagnétisme. De
ces équations, il tire une conséquence extraordinaire : les champs électrique et magnétique

1
De nombreux problèmes ont en effet, durant des décennies, suscité interrogations et controverses ! Voir
encadrés pages suivantes.
2
Ptolémée n'avait trouvé qu'une loi de proportionnalité pour les petits angles. La "loi des sinus" a été découverte
par le Hollandais Snell, mais publiée par… Descartes. Elle est ainsi appelée en France (uniquement !) "loi de
Descartes" et partout ailleurs "loi de Snell".
3
Voir l’encadré sur les instruments d’optique à la fin du chap. 3.
4
Pour la mesure effectuée par Fizeau, voir l'encadré correspondant. Pour la mesure de Foucault, voir l'ex. 1.6.
10
peuvent se combiner pour donner lieu à une "perturbation" qui se propage, et la vitesse de
propagation est précisément celle de la lumière. Le modèle de l'onde électromagnétique de la
lumière était né.
1.2 Le modèle ondulatoire aujourd'hui
a) La lumière : cas particulier des ondes électromagnétiques
Les ondes électromagnétiques sont désormais détectées et utilisées dans un très large domaine
de fréquence. Celles-ci vont en effet des bien connues "ondes radio", et micro-ondes des fours
modernes, aux rayons X et rayons gamma de très haute énergie.
Le terme de "lumière" désigne en fait la gamme de fréquence des ondes
électromagnétiques pour lesquelles l'œil est sensible.

Les ondes électromagnétiques

b) Particularités de la propagation de la lumière


Deux particularités sont essentielles pour les ondes électromagnétiques et en particulier la
lumière :
• Contrairement aux ondes mécaniques (ondes acoustiques, ondes sismiques, ondes à la
surface de l'eau, etc.), la lumière possède la particularité de ne pas avoir besoin de support
matériel pour se propager : la lumière se propage dans le vide !
• La célérité de la lumière dans le vide, traditionnellement notée c, est la même quelle que
soit la fréquence et quel que soit le référentiel (galiléen) : la lumière qui se propage à la
célérité c dans une fusée en mouvement, se propage à la même célérité vue de la Terre !

11
Encadré : Un peu de métrologie.
La valeur de la célérité de la lumière, est de 299792,458 km.s-1. Cette valeur a été fixée
par décret en 1983 comme "valeur exacte".
Elle sert depuis à définir le mètre dans le système international d’unités : le mètre est
la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de
1/299792458 de seconde.
La seconde est définie par ailleurs à partir de transitions électroniques de l'atome de
césium 133.
c) Le modèle des rayons et surfaces d'onde
En fait, comme l'histoire l'a montré, dans de nombreux phénomènes, il n'est pas nécessaire de
connaître la nature électromagnétique de la lumière. Il suffit de modéliser la lumière comme
un onde progressive périodique. Sa périodicité est fixée par sa fréquence f (associée aux
couleurs de l'arc-en-ciel) et sa célérité dans le vide est égale à c, quelle que soit sa fréquence.
A toute onde périodique, on peut donc également associer une longueur d'onde dans le vide :
c
λ 0=
f
Une onde lumineuse comprenant une seule fréquence (ou de manière équivalente, une seule
longueur d'onde et donc une seule couleur) est appelée monochromatique. Les sources de
lumière sont en général polychromatiques (voir chapitre 4). La lumière d'un laser peut être
considérée dans de nombreuses applications comme quasiment monochromatique.
Cette onde se déplace dans tout l'espace, c'est-à-dire en 3 dimensions. Tout en gardant à
l'esprit que la lumière se propage dans le vide, on peut imaginer le "front" d'une onde émise
par une source ponctuelle comme progressant à la manière d'une bulle que l'on gonfle.
L’ensemble des points de l’espace atteints au même instant par le front est appelé surface
d’onde. Dans le cas d’une onde périodique, nous avons une succession de telles surfaces en
expansion à la célérité c et qui sont séparées par une longueur d’onde.
Pour se faire une idée de la façon dont les surfaces d’onde s’agrandissent dans l’espace, on
peut regarder les ondes à la surface de l'eau.

On voit que la forme de l’onde est telle qu’en tout point, une surface d'onde est normale à la
direction de propagation. S'il n'y a pas d'obstacle, l'onde se propage à la même célérité à
partir du point d'émission de l'onde : les surfaces d'onde sont donc des cercles, et les
directions de propagation sont les rayons.
On peut également faire des vagues "planes". La direction de propagation est alors

12
représentée par des droites parallèles.

Surfaces d'onde circulaires (gauche) ou planes (droites) ; cliché expérimental représentant des vagues
à la surface de l’eau (dans une cuve à ondes).
Les éléments en pointillés représentent des surfaces d'onde et les flèches les directions de
propagation, perpendiculaires à celles-ci. Sur la figure de gauche, les surfaces d'onde sont
circulaires et les flèches sont selon les rayons des cercles. Sur la figure de droite, les surfaces
d'onde sont rectilignes et les flèches sont parallèles entre elles.
Pour une onde lumineuse monochromatique, on peut définir de façon équivalente un tel front
d'onde et les directions de propagation s'appellent les... rayons.
Un faisceau de lumière émis par un point source pourra se représenter par une onde sphérique
(on dessinera un arc de cercle) et les rayons "proviennent" du point.

représentation dans l'espace représentation dans un plan


(image en 2D)

Si la source est très éloignée, les rayons qui nous parviennent sont quasiment parallèles : on
dit que le faisceau est parallèle et que l'onde est une onde plane.

13
Source éloignée Source à l’infini : onde plane

d) Propagation dans un milieu matériel


Un milieu dans lequel la lumière peut se propager est un milieu transparent. Un tel milieu, s'il
a les mêmes propriétés en tout point est dit homogène ; s'il a les mêmes propriétés pour toute
direction de propagation de la lumière, il est dit isotrope ; la propagation de la lumière dans un
tel milieu peut se décrire de la même manière que dans le vide.
Toutefois, on sait depuis Foucault que la célérité n'est pas la même : elle est toujours plus
faible que dans le vide.
Le milieu est alors caractérisé par son indice optique. Si on note v la célérité dans le milieu,
c
l'indice optique est défini par : n =
v
Remarques importantes :
• La célérité dans le vide étant une valeur maximale, l'indice est donc toujours supérieur ou
égal à 1.
• L'indice de l'air est très voisin de 1 : il est égal à 1,000 292 6 dans les conditions normales
de température et de pression ; cet indice dépend de la masse volumique de l'air, et sa
variation est continue entre des couches d'air de températures différentes. Ce dernier effet
permet d'expliquer les mirages (voir à la fin de ce chapitre).
• La célérité dans un matériau dépend en général de la fréquence : dans le verre par
exemple, le "rouge" se déplace plus vite que le "bleu". Ceci sera essentiel pour
comprendre la dispersion de la lumière (chapitre 4).
• Attention à l'expression "longueur d'onde" souvent utilisée en optique : elle désigne de
façon implicite la longueur d'onde dans le vide. En effet, la longueur d'onde d'une onde est
une conséquence de la célérité, donc elle dépend du milieu.... En toute rigueur, il ne
faudrait utiliser pour caractériser une onde que sa fréquence. C’est cette grandeur qui ne
change pas lorsque l’onde change de milieu de propagation.

14
Quelques valeurs d'indices mesurées dans différents matériaux (pour λ0 = 589,3 nm) :
Matériau Indice
Air (0 °C, 101 325 Pa) 1,000293
Eau (20°C) 1,3330
Verre ordinaire entre 1,51 à 1,53
Diamant 2,4173

Une dernière remarque : en y réfléchissant un peu, on se rend compte que les milieux
transparents sont plutôt rares parmi les matériaux qui nous entourent…Au chapitre 4, nous
comprendrons un peu mieux pourquoi les matériaux sont plutôt opaques, et colorés.
e) Retour sur le rayon lumineux
En fait, le modèle du rayon lumineux correspond à la plus ancienne description de la lumière.
Il traduit le fait que, dans un milieu homogène et isotrope, la lumière "se propage en ligne
droite", ceci provenant de l'observation des ondes portées, qui permet d'expliquer les éclipses,
etc.
En résumé, un rayon lumineux est une modélisation mathématique. Les technologies
modernes, en particulier le laser, permettent de faire des faisceaux très étroits. On les appelle
des pinceaux lumineux, mais souvent, par abus de langage, on parle de "rayon laser".
f) Retour inverse de la lumière
La trajectoire de la lumière dans un milieu homogène et isotrope est une ligne droite, et ce,
indépendamment du sens de propagation de la lumière.

1.3 La lumière corpusculaire ?


Malheureusement (ou peut-être heureusement pour le renouveau de la physique !), un certain
nombre de phénomènes se sont avérés très difficiles à interpréter avec le modèle ondulatoire
de Maxwell. Il s'agissait en particulier de l'effet photoélectrique, c'est-à-dire de la possibilité
d'éjecter des électrons d'un métal simplement en l'éclairant ! Encore fallait-il que la fréquence
de la lumière soit adéquate...
C'est Einstein qui montra en 1905 que si l'on modélise la lumière comme des paquets
d'énergie (licht quantum) on pouvait expliquer ces propriétés étranges de l'effet
photoélectrique. Cette hypothèse fut confirmée sur d'autres phénomènes et le concept de
photon fut ainsi inventé. Albert Einstein obtint le prix Nobel de physique pour sa contribution
à la théorie de l'effet photoélectrique en 1921.
Le photon est considéré en physique quantique comme une particule tout à fait particulière :
de masse nulle, elle possède de l'énergie et se déplace à la vitesse c. Le photon est aussi
considéré comme la particule "porteuse" de l'interaction électromagnétique.

15
Encadré : Fizeau et la mesure directe de la vitesse de la lumière.
Hippolyte Fizeau (1819-1896) réalise en 1849 la première mesure directe de la vitesse
de la lumière. Le principe de sa mesure repose sur l’utilisation d’une roue dentée en
rotation à grande vitesse, et est illustré par le schéma ci-dessous :

Pendant le temps que met la lumière pour faire l'aller-retour entre L1 et L2, la roue
dentée a légèrement tourné. Pour certaines valeurs de la vitesse de la roue, elle aura
tourné d'un nombre entier d'échancrures, et la lumière réfléchie pourra bien être
observée par l'expérimentateur (dans le cas d'un nombre demi-entier, le point lumineux
disparaît!)
Le dispositif de renvoi de la lumière est constitué de deux lunettes astronomiques en
regard. La lumière d’une source très intense située en S pénètre dans la lunette L1
perpendiculairement à son axe. Une lame semi-réfléchissante inclinée à 45° renvoie le
faisceau dans l’axe de la lunette. Le faisceau émergent, après passage par la roue
dentée et parcours d'une distance d'environ 8 km, traverse l’objectif de la lunette L2,
au foyer de laquelle Fizeau a placé un miroir. La lumière est réfléchie et parcourt un
trajet analogue à celui de l’aller, entrant cette fois par l’objectif de L1. L’image de la
source est observée à l’oculaire de L1.
La lunette L1 est placée à Suresnes sur la terrasse de la maison de Fizeau et L2 sur la
terrasse d’un ami à Montmartre à 8633 mètres de L1. La roue dentée a 720 dents, et la
vitesse la plus faible pour laquelle le point lumineux réapparaît est de 25.2 tours/s.
On trouve ainsi (vérifiez-le!) une vitesse de 313274 km.s-1, en accord avec les mesures
astronomiques. Une détermination plus précise de 298000 km.s-1 sera donnée par
Foucault en 1862 avec l’expérience à miroir tournant.

Une version modernisée de l'expérience de


Fizeau a été montée en 2005 dans le cadre
de l'exposition "c à Paris", à l'Observatoire
de Paris. Dans ce cadre, un laser vert a été
tiré entre l'Observatoire et Montmartre
(photo ci-contre) pour mesurer la vitesse
de la lumière.

16
2. Réflexion et réfraction de la lumière

La réfraction de la lumière est responsable d'effets bien


connus comme celui du "crayon brisé" (cf. chapitre 2).
Le mot provient d'ailleurs du mot fracture qui
correspond au trajet "brisé" de la lumière : celle-ci
change de direction lors du passage d'un milieu à un
autre.

2.1 Les lois de Snell-Descartes


On appelle dioptre la surface séparant deux milieux transparents. Si la lumière se propage en
ligne droite dans un milieu transparent homogène et isotrope, elle est déviée lors du passage
d'un dioptre : il y a réfraction.
De façon générale, il y a à la fois réfraction et réflexion : une partie de la lumière est réfléchie
à la surface du dioptre et l'autre partie est réfractée lors de son passage dans l'autre milieu.
Le changement de direction au niveau du dioptre est décrit par les lois de Snell-Descartes qui
fondent l'optique dite « géométrique ». Ces lois peuvent se représenter en les appliquant à un
rayon unique - dit incident - interceptant le dioptre en un point dit point d'incidence.
On considère un rayon se propageant dans un milieu transparent homogène et isotrope
d'indice de réfraction n1, et arrivant sur une surface séparant ce milieu d’un deuxième milieu
d’indice n2. Le plan d'incidence est le plan qui contient le rayon incident et la normale à la
surface au point d'incidence. L'angle d'incidence est l'angle entre le rayon et la normale à la
surface.
Les lois de Snell-Descartes sont au nombre de 3, et s'énoncent ainsi :
1. Les rayons lumineux réfléchi et réfracté sont dans le plan d'incidence.
2. L'angle de réflexion (angle entre le rayon réfléchi et la normale au dioptre au point
d’incidence) est égal à l'angle d'incidence.
3. Le rayon lumineux transmis est tel que l'angle de réfraction (angle entre le rayon réfracté et
la normale au dioptre au point d’incidence) est lié à l'angle d'incidence par la formule :
n1 sin(θ1) = n2 sin(θ2) (loi de la réfraction)
où n1 est l'indice du milieu d'incidence, n2 celui du milieu de réfraction, θ1 l'angle d'incidence
et θ2 l'angle de réfraction.

Réfraction avec un indice n2 > n1

17
Remarque 1 : la réfringence est la propriété d'un milieu de réfracter la lumière. La réfringence
d'un milieu optique est mesurée par l'indice de réfraction. On parle ainsi de milieu « plus ou
moins réfringent » suivant la valeur de l'indice (un milieu plus réfringent est un milieu
d’indice plus grand). Celui-ci est introduit de manière empirique dans les lois de Snell-
Descartes. Nous avons vu au §1 que l'indice pouvait aussi être défini par le rapport des
célérités de la lumière (n = c/v).

Remarque 2 : La photo ci-contre montre une lame de verre


plongée dans un liquide (du glycérol, par exemple). Comment
peut-on interpréter ce qu'on voit (la photo n'est pas truquée!)?

Remarque 3 : Lois de Snell-Descartes et surfaces courbes (voir le chapitre 2 et 3)


Les lois de Snell-Descartes s'appliquent même
lorsque les surfaces sont courbes. Pour chaque
rayon, il faut considérer la normale à la surface
en chaque point d'incidence. L'application des
lois de la réflexion et de la réfraction permet
alors de tracer les rayons réfléchis et réfractés,
donnant ainsi des informations sur la géométrie
du faisceau réfléchi et du faisceau réfracté.
La figure ci-contre donne un exemple dans le cas
d'un dioptre concave, où le milieu de réfraction
(à droite) est plus réfringent que le milieu
d'incidence.

Remarque 4 : D’où viennent les lois de Snell-Descartes ?


En optique dite « géométrique » (c’est le cadre de ce cours), elles sont posées par hypothèse.
En électromagnétisme, ce qui est posé, ce sont les équations de Maxwell, et on peut à partir de
là démontrer les lois de Snell-Descartes.
Notons que l’on peut également démontrer la loi de la réfraction à partir du principe de
Fermat (voir exercice 1.9) ; c’est alors celui-ci qui est posé…

18
2.2 Interprétation de la réfraction en termes de propagation d'onde
On considère une onde plane qui se propage dans un milieu transparent donné, et qui arrive
sur un milieu dans lequel la vitesse de l'onde est plus faible que dans le premier milieu.
On peut alors comprendre pourquoi l'onde est déviée grâce au raisonnement suivant.
Lorsqu'une partie du front d'onde atteint le milieu
où la célérité est plus faible, cette partie progresse
moins vite que celle qui est encore dans le premier
milieu. λ1

Le schéma ci-contre représente ainsi plusieurs


fronts d'ondes (ou un même front d'onde qui s'est
déplacé) sous forme de droites en pointillés (il faut
imaginer les plans vus en coupe).
Se déplaçant moins vite, les fronts d'onde qui en
résultent dans le second milieu ont donc subi un
"changement de cap" : une déviation. On peut λ2
alors dessiner un rayon (parmi d'autres) comme
perpendiculaire aux fronts d'onde (trait continu
avec une flèche). La déviation correspondante est
évidemment la même pour le rayon.
On peut également voir le phénomène du point de vue de la longueur d'onde. En effet la
v
longueur d'onde, définie par λ = , où v désigne la célérité de l'onde dans le milieu, sera plus
f
faible dans le milieu de célérité moindre. Si l'on interprète le schéma ci-dessus, en considérant
que les droites en pointillés représentent les surfaces d'onde séparées par la longueur d'onde λ1
dans le premier milieu, alors on constate bien que la longueur d'onde λ2 dans le second milieu
est plus faible. Et comme une célérité plus faible correspond à un indice plus grand...
Ce modèle permet aussi d'interpréter le cas "inverse" où la lumière passe d'un milieu à un
autre milieu moins réfringent, et en particulier la réflexion totale : dans le cas, contraire à
celui traité ci-dessus, d'une onde arrivant d'un milieu d'indice plus élevé vers un milieu
d'indice plus faible (il suffit de retourner le dessin ci-dessus de 180°), il existe un angle
d'incidence tel que les fronts d'onde de l'onde transmise sont perpendiculaires à l'interface, et
donc l'onde transmise se propage parallèlement à celle-ci.
Remarque : pour l’onde réfléchie, elle a nécessairement la même longueur d’onde que l’onde
incidente (étant dans le même milieu que celle-ci) ; elle est donc symétrique de l’onde
incidente par rapport à la normale à l’interface.

19
2.3 Synthèse sur les lois de Snell-Descartes
Dans ce paragraphe sont décrits les différents cas que vous allez étudier expérimentalement
lors du prochain TP.
a) Réfraction dans le cas n 1 < n 2

i1 n1 < n2

n2
i2 >n1

!!
Dans ce cas on a sin 𝑖! = !!
sin 𝑖! < sin 𝑖! , puisque n1 < n2

Donc : i2 < i1 quel que soit i1 entre 0 et 90° => le rayon réfracté se rapproche de la normale
L'angle i2 étant toujours défini, le rayon réfracté dans le milieu 2 existe toujours.
Le rayon réfléchi existe également toujours.
b) Réfraction dans le cas n 1 > n 2
Ici sin 𝑖! =
!!
sin 𝑖! > sin 𝑖! car n1 > n2 i2 i2
!!

Donc cette fois : i2 > i1 (schéma)


=> le rayon réfracté s’éloigne de la normale n2
i2
L'angle i2 est défini pour sin 𝑖! ≤ 1 (ou 𝑖! ≤ 90°),
!!
soit !!
sin 𝑖! ≤ 1

soit encore sin 𝑖! ≤


!!
!!
i1
Soit ilim la valeur particulière de i1 telle que
!
𝑖! = 90° et donc !! sin 𝑖!"# = 1 .
!
n1 > n2
Pour i1≤ ilim : L'angle i2, et donc le rayon réfracté
dans le milieu 2, sont définis. Il existe alors un rayon réfléchi et un rayon réfracté.
Pour i1 > ilim : le rayon réfracté n'est plus défini. Seul le rayon réfléchi existe: c'est la
réflexion totale.
ilim est appelé angle limite de réflexion totale.

A l’interface séparant deux milieux transparents, il y a donc toujours réflexion, mais pas
toujours réfraction.

20
Le Compte-Rendu de TP ne portera que sur les sections marquées [CR] : sections 2.4 à 2.7.
L’objectif du travail qui vous est demandé est de déterminer un encadrement de la
valeur de l'indice n de l'altuglas par 3 méthodes différentes, détaillées dans les sections
2.4, 2.5 et 2.6, et de confronter les résultats obtenus (section 2.7).

2.4 [CR] [EXAMTP] Étude quantitative de la loi de la réfraction


Il s’agit de réaliser les mesures des angles d'incidence et de réfraction, aussi proprement que
possible, de façon à utiliser les lois de Snell-Descartes pour le dioptre air-altuglas5 afin de
déterminer l’indice n.
a) Dispositif et réglages
Vous disposez sur votre table d’un dispositif expérimental prévu pour l’étude de la
réflexion et la réfraction d’un faisceau laser. Il s’agit d’une platine munie d’une
couronne d’altuglas rouge, pouvant tourner sur son socle. Elle est également munie
d’une graduation permettant des mesures d’angles.

Platine tournante. A gauche, la platine munie de la couronne d’altuglas. A droite, schéma de


principe montrant la platine munie de l’hémicylindre d’altuglas correctement positionné par
rapport à la source laser
Le principe du réglage est le suivant :
- Allumez le laser.
- Positionnez le plateau tournant en le glissant sur la table afin de faire passer le
faisceau au-dessus des graduations 0° et 180° de la graduation, puis faites tourner
le plateau afin de vérifier que le faisceau passe toujours bien par le centre.
- Placez l’hémicylindre d’altuglas dans la partie centrale de la couronne. Positionnez-
le de façon à superposer sa face plane avec les graduations 90° et 270° de la
platine.
Cet hémicylindre permet d’étudier ce qu’il advient d’un rayon lors d’un changement de
milieu : on peut ainsi étudier le passage air-altuglas ou altuglas-air. La face plane de
l’hémicylindre constitue le dioptre plan qui sera étudié dans cette séance. Le dispositif
ainsi réglé, la normale est repérée par la graduation 0° de la platine ; vous pouvez
tourner la platine sur elle-même et la lecture de l’angle d’incidence est donc immédiate.
La couronne d’altuglas permet de visualiser le faisceau au dessus des graduations,
sans le dévier (car en incidence normale lorsque le faisceau passe bien par le centre).

5
L’altuglas est une marque déposée par la société Altulor pour désigner une matière plastique disponible
sous la forme de plaques de polymétacrylate de méthyle.
21
b) Expériences sur la réflexion et la réfraction
[CR] Expérience 1 : Passage air → altuglas
Que devient le faisceau laser lors d’un passage air → altuglas ? Par rapport à la
direction du faisceau incident, s'éloigne-t-il ou se rapproche-t-il de la normale ?

Repérez les différents faisceaux présents et nommez-les. Complétez le schéma ci-après.

Observez-vous toujours un faisceau réfléchi ? Observez-vous toujours un faisceau


réfracté ?

Faites varier l’angle d’incidence i entre 0° et 90°, et mesurez à chaque fois l’angle de
réfraction r correspondant. Estimez les incertitudes notées δi et δr sur chaque mesure
(l’incertitude peut varier d’un point à un autre). Complétez les colonnes
correspondantes du tableau ci-dessous.

i (°) δ i (°) r (°) δ r (°) sini δ (sini) sinr δ (sinr)

15°

30°

45°

60°

Indiquez comment vous avez estimé les incertitudes sur i et r :

22
Pour les colonnes δ(sini) et δ(sinr), appliquez la formule suivante (méthode de la dérivée
discutée à la séance S1, chap.5 p.140) (Attention 𝛿𝑖 doit être en radians):
𝑑(𝑠𝑖𝑛 𝑖)
𝛿 𝑠𝑖𝑛 𝑖 = ×𝛿𝑖
𝑑𝑖
Tracez un graphique en portant sini en fonction de sinr sur un papier millimétré. Reportez-
vous à l’annexe 2 pour des recommandations sur la manière de tracer votre graphe.
Représenter également les barres d'erreur associées à chaque point, c’est-à-dire les croix
représentant les intervalles [sinr − δ(sinr) ; sinr + δ(sinr)] et [sini − δ(sini) ; sini + δ(sini)].
Quelle relation simple existe entre sini et sinr ? Comment pouvez-vous déterminer l’indice
n à partir de votre graphique ?

Déterminer n et son incertitude à partir de votre graphique (voir méthode au chap 5 §3)
Méthode : pour mesurer la pente d'une droite avec le maximum de précision, il faut
prendre les coordonnées de deux points suffisamment éloignés l’un de l’autre sur le
segment tracé. Ces points ne sont pas forcément des points de mesure.

n=…±…

2.5 [CR] [EXAMTP] Etude quantitative de la réflexion totale


[CR] Expérience 2 : passage altuglas → air
Que devient le faisceau laser lors d’un passage altuglas → air ? Par rapport à la
direction du faisceau incident, s'éloigne-t-il ou se rapproche-t-il de la normale ?

Repérez les différents faisceaux présents et nommez-les. Complétez le schéma ci-


après.

23
Observez-vous toujours un faisceau réfléchi ? Observez-vous toujours un faisceau
réfracté ?

Repérer la valeur de l'angle d'incidence ilim à partir duquel vous n'observez plus de
réfraction. Noter celle-ci sous forme d'un encadrement représentant l'incertitude de
votre estimation.

< ilim <

Ecrire la relation entre ilim et l’indice n de l’altuglas.

L’appliquer afin d’en déduire une estimation de n, en encadrant cette valeur.

Valeur de n :
< n <

Appliquez maintenant méthode de la dérivée (chap.5 p140, discutée lors de la séance


S1) pour déterminer directement l’incertitude δn sur n en fonction de l’incertitude δilim
!"
sur ilim : 𝛿𝑛 = ×𝛿𝑖!"#
!"!"#

Attention δilim doit être en radians.

δilim =
ilim = ±
n=

δn=

n= ±

Vérifiez que les deux méthodes donnent bien le même résultat.

24
2.6 [CR] [EXAMTP] Le prisme
Un prisme est un milieu homogène limité par deux
dioptres plans non parallèles, appelés les faces d'entrée
et de sortie du prisme (toutes les deux sont polies).
Leur intersection forme l'arête du prisme, caractérisée
par un angle A.
Les deux propriétés principales des prismes sont de
dévier et de disperser la lumière. La dispersion signifie
la séparation d'un rayonnement polychromatique en
ses différentes composantes et sera étudiée au chapitre
4. Ici, nous nous intéresserons à la déviation d'un
faisceau monochromatique par un prisme.

a) Expériences
Dans la pratique, la propriété qu'ont les prismes de dévier la lumière est utilisée dans de
nombreux instruments d'optique, souvent dans le but de réduire la taille du système optique,
en le "pliant".
[CR] Expérience 3 : observation
Envoyer le faisceau laser sur un des prismes à votre disposition et observer la
déviation du faisceau engendrée par le prisme.
Compléter le schéma ci-dessous en fonction de ce que vous observez. Définissez sur
votre dessin l'angle de déviation D du faisceau (angle formé par les directions du
faisceau avant et après le prisme).

Existe-t-il toujours un faisceau émergent de la face de sortie du prisme ? Sinon, dans


quelles conditions ce faisceau n'existe-t-il plus? Interpréter ce phénomène.

25
[CR] Expérience 4 : observation du minimum de déviation
Tourner le prisme sur lui-même et constater l'existence d'un minimum de l'angle de
déviation.
Pour mesurer cet angle de déviation sans erreur, on veillera à ce que le faisceau laser
passe bien par le centre de la platine graduée et à ce que le sommet du prisme soit
également au centre de la platine : ainsi, les points d’incidence sur les faces du prisme
sont quasiment confondus et au centre de la platine. On visualise alors le faisceau
incident rasant le prisme, le faisceau dévié par le prisme, et l’angle lu sur la platine
graduée entre ces deux rayons correspond bien à l’angle de déviation du prisme.
Mesurer la valeur de la déviation minimale (Dm) :

Dm = ±

b) Interprétation, et troisième détermination de l'indice de l'altuglas


On peut calculer la déviation d'un rayon en utilisant les lois de Snell-Descartes au passage de
chacun des deux dioptres. La différence ici vient évidement de ce que les deux dioptres
forment un angle (noté traditionnellement A) qui intervient dans la réfraction sur le second
dioptre.

Complétez le schéma ci-dessus avec les notations suivantes :


• i est appelé angle d'incidence, c'est l’angle
entre le rayon incident et la normale à la face
d’entrée du prisme, au point J.
• r est l’angle entre le rayon dans le prisme et
la normale à la face d’entrée du prisme au point J.
• r’ est l’angle entre le rayon dans le prisme
et la normale à la face de sortie du prisme au point
J’ (point de la face de sortie par lequel le rayon
sort du prisme).
• i’ est l’angle entre le rayon émergeant du
prisme et la normale à la face de sortie du prisme
au point J’. A + Dm
sin( )
n= 2
On peut montrer (ex. 1.6) que l'indice du prisme s'exprime comme suit : A
sin( )
2
En considérant que l'incertitude sur l'angle A est négligeable devant celle sur la mesure de Dm,
déterminer l'incertitude δn sur l'indice n, en fonction de δDm.
En déduire une nouvelle estimation de l'indice n avec l'incertitude associée :
!!!!
!"#( )
𝑛= !
! =
!"#( )
!

!!
δn = !!!
× δ𝐷! =

n= ±

26
2.7 [CR] Bilan des différentes mesures de l'indice de l'altuglas

Méthode Valeur obtenue

Expérience 1 :
Mesure de la pente à partir du graphique représentant : n = ±
sin(i) = n sin(r)

Expérience 2 :
Mesure de l'angle de réfraction limite altuglas/air :

1 n = ±
n=
sin(ilim )

Expérience 4:

Mesure de l'angle de déviation minimale Dm

A + Dm
sin( ) n = ±
n= 2
A
sin( )
2

Des résultats sont dits compatibles ou cohérents si les intervalles formés par les
incertitudes se recouvrent au moins en partie.
Une méthode est d’autant plus précise qu’elle donne des résultats avec une faible
incertitude.
Commentez les résultats obtenus.

27
3. Exemples d’applications
3.1. La réflexion totale ; application au guidage de la lumière
Le phénomène de réflexion totale est utilisé pour le guidage de la lumière dans les fibres
optiques, très utilisées dans le domaine des télécommunications (voir l’encadré
correspondant, ainsi que l’exercice 1.8).
Comment est-il possible de guider la lumière ? La théorie des fibres optiques est complexe,
nous aborderons ici leur fonctionnement uniquement du point de vue de l’optique
géométrique6. Tout d’abord, nous allons montrer que la lumière peut être guidée par une
simple règle en altuglas.

Expérience 5 : guide de lumière dans l’altuglas


Faites entrer le faisceau laser par un bout de la règle en altuglas à votre disposition. En
orientant convenablement celle-ci par rapport au faisceau, que constatez-vous ? Quel
phénomène est responsable de la propagation du faisceau dans la règle ?
Représentez ci-dessous ce que vous observez sur un schéma aussi précis que
possible.

6
Ceci est valable tant que le diamètre de la fibre est très grand devant la longueur d'onde de la lumière.
28
Que pouvez-vous dire de l’intensité du faisceau à la sortie de la règle par rapport à
l’entrée ? Cela veut-il dire qu’il n’y a pas réflexion totale ? Quel processus physique est
à l’origine de ces pertes (cf. l’encadré « réfraction, diffraction, et diffusion » et la
question de l’expérience 2) ?

Expérience 6 : fibre optique


Faites entrer le faisceau laser par un bout de la fibre en optimisant l’orientation de la
fibre par rapport au laser. Qu’observez-vous ? Expliquez. Que pouvez-vous dire de
l’intensité en sortie de fibre ? Quelles sont à votre avis les difficultés rencontrées
lorsqu’on veut transmettre de la lumière par fibre optique ?

Une autre application du phénomène de réflexion


totale est : les prismes à réflexion totale, qui
remplacent parfois les miroirs (en effet les prismes
sont moins onéreux) dans les systèmes optiques,
comme par exemple dans un périscope (voir ci-
dessous), ou encore dans des jumelles.

Schéma de principe d’un périscope (en réalité, on trouve un


certain nombre de lentilles entre les deux prismes, non
représentées ici).

29
Encadré : les applications des fibres optiques

Faisceau de fibres optiques

On utilise des fibres optiques en verre pour le transport d’information depuis les années
1950 environ. C’est surtout quand le laser est apparu dans les années 1960 que
l’utilisation de la lumière pour le transport d’information (plutôt que d’autres ondes
électromagnétiques de plus basse fréquence, comme les micro-ondes) s’est beaucoup
répandue.
Aujourd’hui, 2/3 des communications mondiales s’effectuent par câble, contre 1/3
seulement par satellite. Les fibres optiques sont utilisées dans les communications
terrestres : elles sont présentes le long des autoroutes, des voies ferrées, et sous nos
pieds lorsque nous marchons sur les trottoirs des villes. Elles sont également enfouies
dans les océans : 200 000 km de câbles sont posés chaque année dans tout ce que la
planète compte de mers et d’océans.
Avant d’utiliser des fibres optiques, des câbles en cuivre avaient été posés, par exemple
sous l’Atlantique ; le premier avait été posé en 1956, et ne permettait de transporter
que 51 conversations simultanées. Le premier câble transatlantique à fibre optique a été
installé au fond de l’océan en 1988, et permet de transporter 40000 conversations
téléphoniques simultanées. Comme le signal s’atténue au fur et à mesure de sa
propagation le long de la fibre, il est nécessaire de l’amplifier régulièrement. Dans ce
but, des répéteurs sont disposés tous les 50 km environ. Le câble est posé à deux
mètres sous terre et jusqu’à 2000 m de profondeur. C’est la seule méthode pour le
protéger des filets de pêche et des ancres des bateaux…
On utilise également les fibres optiques sous forme de faisceau de fibres bien parallèles
entre elles. Un tel faisceau permet de transporter point par point une image. C’est ce
principe qui est utilisé par exemple dans les endoscopes (pour explorer les organes du
corps humain, détecter d’éventuelles tumeurs), ou pour aller voir dans le cœur d’un
réacteur nucléaire.

30
Encadré : Une application de la réflexion totale

L’essor des nouvelles technologies a amené les constructeurs à développer de


nouvelles façons d’interagir avec les systèmes informatiques. On connaissait les souris,
les claviers, les tablettes graphiques, les « trackpads » (désormais de série sur tous les
ordinateurs portables), etc. Depuis quelques années cependant, se développent des
technologies permettant de rapprocher d’avantage l’utilisateur du support virtuel qu’il
manipule. Nous vivons aujourd’hui l’avènement des technologies tactiles et « Multi-
touch ».
Plusieurs techniques existent et l’une d’elles est le FTIR (pour « Frustrated Total
Internal Reflection » ou « réflexion totale interne frustrée » - voir par exemple
http://lowres.ch/ftir/ pour construire votre écran multi-touch maison !). Elle utilise le
principe de réflexion totale et la diffusion d’onde au contact d’un obstacle. Son principe
est simple : On utilise une plaque de plexiglas dans laquelle va se propager de la lumière
infrarouge. Cette lumière est créée à partir de diodes spéciales disposées tout autour
de la tranche de la plaque. Une partie de ces ondes lumineuses va être guidée dans la
plaque par réflexion totale (voir schéma).
Au contact d’un ou plusieurs doigts sur
la plaque de plexiglas, la lumière va
être diffusée par la peau dans toutes
les directions et certains rayons vont
traverser la plaque. Une caméra
infrarouge (ou une webcam modifiée)
est chargée de filmer toute la surface
de la plaque. Après numérisation de
l’image et une détection des formes
est effectuée (les doigts apparaissent
comme des boules brillantes en infrarouge). La liaison avec un programme dédié permet
d’associer la position des doigts et leurs mouvements à des actions spécifiques (rotation,
agrandissement de photos, musique, dessin, etc.).

Image vue par la caméra IR Manipulation de photos sur en « multi-touch »

31
3.2 Les mirages
a) Propagation de la lumière dans un milieu inhomogène
Expérience 7 (à faire par l’enseignant) : courbure d’un faisceau lumineux
On dispose du sucre en poudre au fond d’une cuve (sur une épaisseur de 3 mm
environ) que l’on remplit doucement d’eau (en versant l’eau le long des bords de la
cuve). Après environ une heure d’attente, on envoie un faisceau laser à travers la
cuve, légèrement incliné soit vers le haut, soit vers le bas.
Qu’observez-vous ? Faire un schéma.

b) Interprétation
On voit ici que le principe de propagation rectiligne n’est pas toujours valide. Il n’est vrai
qu’en milieu homogène. En milieu inhomogène, les rayons lumineux sont courbes.
Essayons de comprendre pourquoi les rayons lumineux sont courbes dans un milieu
inhomogène, à l’aide d’un modèle ondulatoire.
Le fait que le milieu soit inhomogène signifie que l’indice n’est plus uniforme : sa valeur
varie d’un point à un autre du milieu. Supposons que cette variation d’indice soit assez
« douce ». Par exemple, dans le cas de l’eau sucrée, l’indice augmente continûment entre
celui de l’eau (1.33) et celui de l’eau saturée en sucre (environ 1.5), suivant un axe vertical
orienté vers le bas.

n
n+δn
n+2δn

On coupe le milieu en « tranches » horizontales, en considérant que l’indice est uniforme à


l’intérieur d’une tranche, et qu’il varie d’une petite quantité δn (>0 dans le cas du schéma ci-
dessus) entre une tranche donnée et celle située immédiatement en-dessous d’elle. On effectue
le même type de dessin que pour l’interprétation de la loi de la réfraction (2.5). On trouve que
la direction de la lumière dévie à chaque fois qu’on passe d’une tranche à la tranche du
dessous. Le faisceau se courbe donc. On a traité ici le cas où l’indice augmente au fur et à
mesure que la lumière avance. Dans le cas où l’indice diminue le long du trajet de celle-ci, on
trouve que le faisceau doit se courber dans l’autre sens.
• C’est ce phénomène qui se produit lors des mirages que l’on observe facilement en été.
D’une manière générale, les mirages se produisent à cause d’une variation de l’indice de
32
l’air induite par une variation de la température (voir encadré ci-dessous).
• L’atmosphère terrestre est inhomogène en température et en densité, et donc son indice
optique varie également suivant la hauteur. Ceci est à la base du fait que le soleil
apparaisse plus haut sur l’horizon qu’il n’est en réalité.
• Dans les fibres optiques à gradient d’indice, les rayons lumineux sont également courbés.

Encadré : les mirages

Le mirage inférieur
Quand la température de l’air diminue lorsqu’on s’éloigne d’une surface chauffée par le
soleil (asphalte, sable..), il se produit le phénomène de mirage inférieur (ou « mirage du
désert »). La densité de l’air augmente quand on s’éloigne de la surface chauffée, et
l’indice aussi. On peut alors montrer que les rayons lumineux provenant du ciel sont
courbés vers le haut. L’œil d’un observateur perçoit le reflet du ciel comme si le sol se
comportait comme un miroir : c’est le mirage de l’oasis des Dupondt dans l’album de
Hergé « Tintin au pays de l’or noir ». La figure suivante montre les trajets réel (2) et
apparent (3) des rayons lumineux dans le cas d’un mirage inférieur (le trajet 1
correspondrait au cas d’un milieu homogène).

Principe du mirage inférieur Exemple (W. Tape, 1985)

Le mirage supérieur
Au contraire du « mirage du désert », il se produit lorsque la surface est plus froide que
l’air au-dessus d’elle. Les rayons lumineux sont alors déviés vers le sol. Ce second type de
mirage est observé plus rarement que le premier. C’est ce phénomène qui explique qu’on
puisse parfois voir le Canigou (sommet des Pyrénées) depuis Cassis (près de Marseille).

Principe du mirage supérieur Le Canigou vu de Cassis

33
Encadré : réfraction, diffraction, et diffusion : des notions à ne pas
confondre !

Milieu 1

Milieu 2

Les mots réfraction et diffraction ont en commun de contenir l’idée de fracture.


Dans le cas de la réfraction, un faisceau de rayons parallèles arrivant sur un dioptre plan
est dévié en passant dans le second milieu, de telle sorte que tous les rayons soient
déviés de la même façon.
Dans le cas de la diffraction, un faisceau parallèle arrivant par exemple sur un trou
assez petit (de taille pas trop grande devant la longueur d’onde du rayonnement
lumineux) sera diffracté : à la sortie du trou, les rayons sont dirigés dans toutes les
directions.
Le terme de diffusion signifie qu’un rayonnement incident est dévié dans de multiples
directions (« éparpillé » en quelque sorte), en général par une particule ou une assemblée
de particules. Citons quelques exemples :
• Diffusion de la lumière par de fines particules (poussière par exemple) : c’est ce qui
permet de voir un faisceau laser, ou la lumière sous un nuage.
• Diffusion de la lumière par les molécules de l’atmosphère. Il se trouve qu’elle dépend
de la fréquence de l’onde lumineuse (le bleu étant nettement plus diffusé que le
rouge), c’est donc ce phénomène qui explique que le ciel nous apparaisse lumineux, et
bleu (sans atmosphère, le ciel serait noir, comme celui qu’on voit sur la Lune).
La diffraction n’est qu’un cas particulier de la diffusion : on parle de diffraction lorsque
l’élément diffuseur a une structure régulière (ex : grille), et de diffusion lorsqu’il est
irrégulier ou aléatoire (ex : poussières en suspension).

34
Encadré : un modèle microscopique pour expliquer la réflexion de la lumière (∗)
Dans tout ce qui précède, on a admis l’existence de l’onde réfléchie et de l’onde
réfractée. Mais quelle est leur origine physique ? Ici, on tente d’expliquer l’existence
des ondes réfléchies en se basant sur un modèle microscopique simple.
Considérons un milieu matériel homogène à l’état solide. Il est constitué d’atomes dont la
taille (de l’ordre de 0.1 à 1 nm) est très petite par rapport à la longueur d’onde de la
lumière (0.5 µm environ). Que se passe-t-il quand une onde plane arrive sur un atome ?
L’onde lumineuse est absorbée par l’atome, puis réémise dans toutes les directions de
l’espace ; on dit qu’elle est diffusée (voir l’encadré précédent). L’onde réémise par un
atome est donc une onde sphérique.
Maintenant que se passe-t-il si l’on considère, non plus un seul atome, mais une
assemblée d’atomes constituant un milieu dense ?
Le très puissant principe de Huygens répond à cette question : « chaque point d’une
surface d’onde S atteinte par la lumière à l’instant t0 peut être considéré comme une
source secondaire qui émet des ondelettes sphériques. A l’instant t postérieur à t0, la
surface d’onde S est l’enveloppe des surfaces d’ondes émises par les sources
secondaires convenablement réparties sur S. »
Considérons le cas d’une onde lumineuse se propageant dans l’air
et qui arrive en incidence oblique sur la surface d’un milieu dense
homogène (cf. schéma ci-contre). En pratique, seule une mince
couche d’atomes située à la surface contribue à l’onde réfléchie.
Intéressons-nous donc uniquement à cette couche d’atomes. On a
représenté sur la figure ci-contre les positions successives du
front d’onde lorsqu’il arrive sur les différents atomes de la
surface (la flèche indique la direction de propagation de la
lumière : c’est le rayon lumineux). Entre deux positions
successives s’écoule une période temporelle de l’onde : le front
d’onde s’est donc déplacé d’une longueur d’onde λ. Chaque atome
de la surface réémet à tour de rôle une onde sphérique dont il est
et reste le centre. Cette onde se propage à la vitesse de la
lumière dans le milieu incident. L’enveloppe des ondes sphériques
réémises par tous les atomes est un nouveau front d’onde,
symétrique du front d’onde incident : c’est le front d’onde de
l’onde réfléchie ; et le rayon réfléchi est perpendiculaire à ce
front d’onde.
Remarque : plus les atomes seront serrés, plus le front d’onde
sera plan. En pratique, la distance interatomique étant beaucoup
plus petite que la longueur d’onde (dans le domaine optique), l’onde
peut être considérée comme plane.
Question : Sauriez-vous expliquer le caractère rectiligne de la
propagation de la lumière à l’aide de ce principe (dans un milieu
homogène, bien sûr) ? Et la réfraction ? Et la diffraction ? Et la
diffusion ? (cf. encadré page précédente pour une définition de ces termes)

35
Résumé du chapitre 1

Le terme de lumière désigne la gamme de fréquence des ondes électromagnétiques pour


lesquelles l’œil est sensible. La valeur de la célérité (vitesse dans le vide) de la lumière, est de
299792,458 km.s-1 Soit environ 300 000 km.s-1 dans la conversation courante.
c
A toute onde lumineuse, on peut associer une longueur d’onde dans le vide : λ0 = ,
f
La fréquence d’une onde lumineuse ne varie pas mais seule sa longueur d’onde varie quand
elle traverse des milieux différents
Le milieu est alors caractérisé par son indice optique. Si on note v la célérité dans le milieu,
c
l’indice optique est défini par : n = .
v
L’onde est caractérisée par des surfaces d’onde perpendiculaires aux rayons.

Réflexion et réfraction : les lois de Snell-Descartes :


On appelle dioptre la surface séparant deux milieux transparents. De façon générale, au
passage d’un dioptre, il y a à la fois réfraction et réflexion : une partie de la lumière est
réfléchie à la surface du dioptre et l’autre partie est réfractée lors de son passage dans l’autre
milieu.
• Les rayons lumineux réfléchis sont dans le plan d’incidence, et tels que l’angle de
réflexion est égal à l’angle d’incidence.
• Les rayons lumineux transmis sont dans le plan d’incidence, et tels que l’angle de
réfraction est lié à l’angle d’incidence par la formule
n1 sin(θ1) = n2 sin(θ2)
où n1 est l’indice du milieu d’incidence, n2 celui du milieu de réfraction, θ1 l’angle
d’incidence et θ2 l’angle de réfraction.

Réfraction avec un indice n2 > n1

36
Réflexion totale
Il existe toujours un rayon réfléchi, mais pas toujours un rayon réfracté. Si les deux conditions
suivantes sont satisfaites, alors le rayon réfracté n’existe pas :
1) n1 > n2 : le milieu d’incidence est plus réfringent que le milieu de réfraction (ex : de l’eau à
l’air)
2) θ1 > θlim : l’angle d’incidence dépasse l’angle limite de réflexion totale θlim = arcsin(n2/n1)
Dans ce cas, toute l’énergie du faisceau incident se retrouve sans perte dans le faisceau
réfléchi. On parle de réflexion totale.

37
38
CHAPITRE 2 : IMAGES OPTIQUES

Un miroir à un carrefour

Salles : « images» 100 ou 102

39
SOMMAIRE DU CHAPITRE 2 : IMAGES OPTIQUES

1. IMAGES EN OPTIQUE GEOMETRIQUE 42


1.1 Images et images optiques 42
1.2. Image géométrique et stigmatisme 43
1.3 Nature de l’image, nature de l’objet 45
a) Image réelle 45
b) Image virtuelle 45
c) Objet virtuel ou réel 46

2. MIROIRS 47
2.1 Miroir plan 47
a) Expérience 47
b) Interprétation ; stigmatisme du miroir plan 48
2.2 Miroirs sphériques 48
a) Définitions 48
b) Expériences 49
c) Stigmatisme rigoureux et approché ; conditions de Gauss 50
d) Modélisation des miroirs sphériques dans les conditions de Gauss 50

3. DIOPTRES 55
3.1 Dioptre plan 55
a) Expériences 55
b) Interprétation 56
3.2. Dioptres sphériques 56
a) Définitions 56
b) Expérience 57
c) Modélisation des dioptres sphériques dans les conditions de Gauss 58

40
Matériel à votre disposition par table

• Source de lumière blanche


• 1 écran
• 1 boîte de rangement grande
• 2 ampoules (dont une pouvant s’allumer) + une pile
• 1 petite plaque plexi + support pour la faire tenir verticalement
• 1 petit miroir plan
• 1 miroir sphérique (avec surfaces réfléchissantes cotés concave et convexe)
• 1 lampe de table

Matériel pour l’enseignant


• Dispositif de démonstration avec source laser multi-faisceaux (laserbox) + panneau
métallique + kit optique magnétique (avec miroirs et dioptres sphériques)
• 1 jeu de 3 miroirs (concave, convexe et plan)
• 1 gobelet opaque avec une pièce au fond

41
1. Images en optique géométrique
1.1 Images et images optiques
Parmi les cinq sens dont dispose l’être humain pour appréhender le monde, la vision est sans
doute un des plus essentiels. La possibilité de voir le monde est due au fait que notre œil
forme des images des objets qui l’entourent7 (pourvu que ces objets soient éclairés par de la
lumière). Le cerveau enregistre ces informations et nous pouvons nous faire l'image de
certains lieux, de certaines personnes.
Le miroir, inventé au XIIIe siècle (constitué de feuilles d'étain fixées derrière des plaques de
verre), et perfectionné au XVIe siècle (par Roger Lembrechet), permet chaque jour de voir sa
propre image.
Mais l’homme a également cherché à créer des images durables, et ce depuis très longtemps :
dès la préhistoire, il a inventé l'art pictural. Plus tard, pour obtenir des représentations les plus
exactes possibles, certains artistes utilisaient pour le dessin un dispositif avec un miroir (décrit
par Léonard de Vinci vers 1515).

Dispositif à miroir utilisé par les artistes La première photographie, par N. Niepce (1822),
intitulée “Point de vue de la fenêtre”
En 1822, Nicéphore Niepce a inventé la photographie : avec du bitume de Judée déposé sur
une plaque de verre, et une chambre noire8, il réalise la première image photographique.
Lorsque nous prenons une photographie, projetons une diapositive, etc., nous réalisons des
images (sur la pellicule, sur l'écran, etc.) grâce à des instruments d'optique (appareil
photographique, projecteur). On réalise aujourd'hui des images par des techniques qui ne
reposent pas sur l'optique : Doppler, IRM, etc (voir l'encadré sur les images "non optiques", à
la fin de ce chapitre).
Pour terminer, remarquons que le terme "image" dans le langage courant signifie "information
présentée de manière bidimensionnelle" et possède donc un sens très large. Un tableau
abstrait, un plan de métro ou une carte météorologique entrent dans cette catégorie.
Une image optique possède un sens plus restreint, celui de "reproduction homothétique d'un
objet formée à partir de la lumière qu'il émet", et obtenue par un jeu de miroirs, lentilles, etc.
Remarquons enfin que l'image optique d'un objet est définie indépendamment de la possibilité
de la voir ou de l'obtenir sur un support ! Et pourtant, elle se forme toujours à un endroit
précis…

7
Nous verrons comment au chapitre suivant.
8
Une chambre noire est simplement constituée d'un petit trou percé dans une boîte. C'est le dispositif le plus
simple pour obtenir des images. Essayez par vous-mêmes! Elle a longtemps été utilisée par les artistes…
42
1.2. Image géométrique et stigmatisme
Un objet lumineux est constitué d'un ensemble de points lumineux, c'est-à-dire émettant de la
lumière dans tout un ensemble de directions. Une lampe (ou le Soleil) est un objet produisant
lui-même la lumière qu'il émet : on l'appelle source primaire. Les objets qu'elle éclaire sont
également des objets lumineux au sens de l'optique : ils réémettent une partie de la lumière
qu'ils reçoivent par diffusion. On les appelle sources secondaires (la Lune en est une).

Dessin d'un point-source et d'un objet étendu.


Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à l'image d'un des points lumineux
constituant l'objet étendu. Ce point est un point-objet que nous qualifierons de "réel" et que
nous noterons A.
On dispose maintenant sur le trajet de la lumière issue du point A un système optique qui est,
de manière générale, un ensemble constitué de miroir(s) et/ou de lentille(s). Si, à la sortie de
ce système optique, les rayons issus de A convergent en un point unique A', ce point est
appelé image de A (par le système optique). On dit alors qu’il y a stigmatisme pour le système
optique considéré et le couple de points A et A’.

Cas où il y a stigmatisme : l’image de chaque point A de l’objet est un point. Dans ce cas, l’image
obtenue est nette, et l’on parle en optique d’image.
Mais est-ce toujours le cas ? En fait non… La propriété de stigmatisme est en fait rare (cf.
figure ci-après ; voir aussi l'exercice 2.4).

Cas où l'on n'a pas stigmatisme : les rayons issus de A, après traversée du système optique, ne convergent pas
en un point. L'image obtenue est floue. On considère en optique qu’il n’y a pas d’image.

43
Remarque importante :
Attention au sens du mot « image » en optique par rapport à celui de la vie de tous les jours !
En effet, on ne parle d’image optique que lorsqu’il y a stigmatisme. Sinon, on considère qu’il
n’y a pas d’image (en réalité, il y a une image dans le sens courant du terme, et elle est floue).

Remarque : Pourquoi suffit-il de faire se croiser des rayons pour dire que c'est là qu'il y a la
lumière qui se concentre ?…
Nous avons vu au chapitre précédent comment les rayons représentaient les lignes de
propagation d'une onde lumineuse étendue dans l'espace :

vue dans l'espace vue "en coupe"

Le dessin qui définit le point A' peut ainsi être repris en faisant apparaître les surfaces d'onde,
comme suit:

Remarque: la condition de stigmatisme n'est pas suffisante pour que l'image ressemble bien à
l'objet. Si l'on prend l'exemple d'un miroir déformant, il est approximativement stigmatique,
mais l'image est distordue par rapport à l'objet. Si l'on veut que l'image ressemble à l'objet, il
faut en plus que l'image soit homothétique de l'objet…

44
1.3 Nature de l’image, nature de l’objet
On se place maintenant dans les conditions du stigmatisme.

a) Image réelle
Reprenons le cas vu au 1.2, où les rayons issus du point A, après traversée du système
optique, convergent en un point A’. A’ est dans ce cas l’image réelle de A.

A’

Il y a de l'énergie lumineuse au point A', ce que l'on peut mettre en évidence en y plaçant par
exemple, un écran, une plaque photographique...
Notons également que l'image réelle se trouve alors en aval du système optique. La notion
d’amont ou d’aval est bien entendu à comprendre en fonction du sens de propagation de la
lumière. Elle est mal adaptée au cas des miroirs.

b) Image virtuelle
Il est possible que les rayons sortant du
système optique divergent à nouveau après
traversée du système, en paraissant provenir
d'un point unique A". Il y a encore
stigmatisme, mais ce point est alors appelé
image virtuelle de A. La différence
essentielle avec le cas précédent est qu'il n'y
a pas d'énergie lumineuse en A".

Pourquoi est-ce quand même l'image


de A? Supposons qu'on place l'œil
derrière le système optique comme
indiqué sur le schéma ci-dessus. Il
reçoit des rayons qui semblent
provenir de A" ; il ne fait donc pas la
différence avec un objet réel qui
serait situé en ce même point.
Notons qu'une image virtuelle se trouve toujours en amont du système optique.

45
c) Objet virtuel ou réel
Une notion un peu plus subtile est celle d'objet virtuel. Elle intervient si l'on place un
deuxième système optique S2 à droite du premier (sur les dessins, la lumière va toujours
conventionnellement de la gauche vers la droite).
Si S2 est à droite de A', A' est un objet réel pour S2 (voir fig. de gauche ci-dessous).
Mais A" (fig. ci-dessous, droite) est également un objet réel pour S2, bien qu'il n'y ait pas de
lumière en A"! On peut le voir de la manière suivante : S2 ne fait pas la différence entre les
prolongements de rayons qui viennent d'un point (A") et des rayons qui viennent
véritablement de ce point (à méditer…).
Enfin, si S2 est intercalé entre S et A', dans ce cas A' est un objet virtuel pour S2 (voir figure
page suivante).

A' est objet réel pour le système optique S2. A" est objet réel pour le système optique S2.

A' est objet virtuel pour le système optique S2.


En résumé :
Si l'objet est situé en amont du système optique, il est réel pour ce système optique.
S'il est situé en aval de ce système optique, il est virtuel.

Remarque importante concernant les constructions géométriques :


Les rayons lumineux sont représentés en traits pleins. Leurs prolongements sont indiqués en
pointillés.
Un objet ou une image réelle est représenté(e) en trait plein, un objet ou une image virtuel(le)
en trait pointillé.

46
2. Miroirs
Le miroir plan est certainement l’élément optique le
plus utilisé dans la vie courante, mais on utilise
également des miroirs "courbes" dans de nombreuses
situations : miroirs de toilette, rétroviseurs de voiture,
fond des blocs optiques des phares de voiture, miroirs
à certains carrefours, etc.
La forme donnée à ces miroirs dépend de leur
utilisation. Suivant les cas, ils pourront être sphériques,
cylindriques ou paraboliques. Un miroir sphérique est Un miroir à un carrefour
une portion de sphère dont on a couvert la surface
d’une couche totalement réfléchissante, en général
composée d’un dépôt métallique.
Remarque : Un miroir cylindrique (respectivement
parabolique) est une telle surface mais il est constitué
d'une portion de cylindre (respectivement de parabole).
Le miroir est donc un objet de notre quotidien auquel
nous sommes habitués. Mais comment caractériser
l'image que nous voyons de nous-même ou d'un objet
dans un miroir? Où est-elle située et quelle est sa
nature ? Miroir cylindrique ou sphérique

2.1 Miroir plan


a) Expérience
Expérience 1 : image dans un miroir plan
Posez un objet sur la table et placez le miroir verticalement, à une vingtaine de
centimètres. Regardez l’image de l’objet. Où vous paraît-elle située ?

Prenez maintenant la plaque de plexiglas et mettez-la à la place du miroir. Utilisez


comme objet une petite ampoule, et observez l’image par réflexion de cette lampe.
Utilisez une seconde lampe identique mais éteinte, et tentez de la superposer à l’image
de la première. Où se trouve alors la lampe éteinte ? Pouvez-vous maintenant préciser
où se trouve l’image de la lampe allumée, de même que l’image de l’objet dans le
miroir plan (expérience précédente) ?

47
Caractériser l’image : dans quel sens est-elle9 ? Est-elle réelle ou virtuelle ? Est-elle
nette ?

b) Interprétation ; stigmatisme du miroir plan


Tracer au moins trois rayons issus du point A de l’objet et venant se réfléchir sur le
miroir : effectuer le tracé avec précision en tenant compte des lois de Snell-Descartes.
Faire de même avec 3 rayons issus du point B.

A
Cette construction permet-elle de retrouver les caractéristiques de l’image
précédemment établies ?

Le miroir plan est-il un système rigoureusement stigmatique ? Si oui, pour quels points
de l'espace possède-t-il cette propriété ?

2.2 Miroirs sphériques


a) Définitions
Un miroir sphérique est une portion de sphère dont on
a couvert la surface d’une couche totalement Miroir-
réfléchissante. boule sur
De tels miroirs sont caractérisés par un axe optique, un la place
centre et un rayon de courbure. Suivant le sens de la Stanislas
de Nancy
courbure, le miroir sera dit concave ou convexe10.

9
Le sens d’une image est à comprendre par rapport à la verticale : une image droite a « la tête en haut » et une
image inversée (ou renversée) a « la tête en bas ».
10
Comment retenir ces deux termes? Un moyen mnémotechnique possible est le suivant : concave évoque
"cave" donc l'idée de quelque chose de creusé : voir l'allure du miroir concave. Sinon, trouvez le vôtre!
48
Sur les deux schémas ci-dessous, la lumière arrive conventionnellement par la gauche. Les
miroirs sont représentés par leur coupe selon un plan vertical. C est le centre de courbure du
miroir, et S est appelé le sommet. L’axe en pointillé est l’axe optique, axe de symétrie de
révolution de miroir.

C S S C

miroir concave miroir convexe

b) Expériences
Expérience 2 (à réaliser par l’enseignant) :
Utiliser le dispositif "laserbox" pour montrer comment se réfléchissent un ensemble de
"rayons" parallèles à l'axe optique d'un miroir concave. Incliner le miroir sur son axe.
Que constatez-vous?

Le miroir sphérique est-il un système rigoureusement stigmatique en tout point comme


le miroir plan ? Dessinez le trajet de quelques rayons pour justifier votre réponse.

49
c) Stigmatisme rigoureux et approché ; conditions de Gauss
Comme on l’a vu, le miroir plan est le seul système optique rigoureusement stigmatique pour
tous les points de l’espace. On vient de voir que le miroir sphérique n'est pas stigmatique,
mais qu’on peut le rendre stigmatique en limitant le faisceau lumineux.
De manière générale, un système optique présente un stigmatisme approché pour un couple de
points A et A' si l'on peut limiter un faisceau tel que tout rayon de ce faisceau issu de A passe
au voisinage de A' après avoir traversé le système.
Dans le cas particulier d'un système optique dit centré, c'est-à-dire présentant un axe de
symétrie de révolution (axe optique), on définit les conditions de Gauss, qui correspondent à
une limitation du faisceau de lumière dans les conditions suivantes : les rayons lumineux
doivent être 1) proches de l'axe et 2) peu inclinés par rapport à celui-ci.
On peut alors montrer qu'un système optique centré utilisé dans les conditions de Gauss :
• présente un stigmatisme approché (ceci sera fait au paragraphe suivant, d).
• est aplanétique : ceci signifie que l'image d'un petit objet plan perpendiculaire à l'axe
optique est également plane et perpendiculaire à cet axe (pour vous en convaincre, voir
l'exercice 2.4). Cette propriété est essentielle pour les constructions géométriques.

Stigmatisme approché
d) Modélisation des miroirs sphériques dans les conditions de Gauss
• Image d'un point par un miroir sphérique dans les conditions de Gauss
On cherche l’image A’ d’un point A situé sur l’axe optique du miroir, dans les conditions de
Gauss. Nous allons chercher la position du point A’, en utilisant la loi de la réflexion. Le
dessin est fait dans le cas d'un miroir concave, mais la démonstration est valable aussi pour un
miroir convexe.
Les conventions et notations sont définies sur la figure ci-dessous :
• Les distances sont algébriques, l’axe optique étant orienté vers la droite.
• Les angles sont également algébriques, orientés dans le sens trigonométrique.
Pour trouver l’image de A, on trace deux rayons particuliers issus de A.

50
i J +
i

α C α0 α'
A A' H S +

Le premier est confondu avec l’axe optique : il se réfléchit sans être dévié.
Le second est un rayon quelconque issu de A incident sur le miroir en J. Ce rayon forme un
angle i avec la normale au miroir en J, qui passe nécessairement par le centre de courbure C.
Suivant la loi de la réflexion, il est réfléchi en formant le même angle i avec cette normale. Le
rayon réfléchi intersecte l'axe optique au point A', l'image cherchée.
On a dans AJC :
α + i + π - α0 = π
Soit :
α + i = α0
De même, dans A'JC :
α0 + i = α'
En soustrayant ces deux équations, on obtient :
α + α' = 2α0
Dans le cadre de l’approximation de Gauss, la première approximation est de considérer tous
les angles (α, α’, α0 et i) comme suffisamment petits pour assimiler sinus et tangente d'un
angle à la valeur de l'angle (en radians !).
𝐻𝐽
𝛼 ≈ tan 𝛼 =
𝐴𝐻
𝐻𝐽
𝛼 ! ≈ tan 𝛼 ! =
𝐴′𝐻
𝐻𝐽
𝛼! ≈ tan 𝛼! =
𝐶𝐻
La seconde hypothèse est que les rayons sont proches de l'axe. Ceci signifie, entre autres, que
l'on peut confondre H et S on a donc :
𝑆𝐽
𝛼≈
𝐴𝑆
𝑆𝐽
𝛼′ ≈
𝐴′𝑆

51
𝑆𝐽
𝛼! ≈
𝐶𝑆
D'où :
SJ SJ SJ
+ =2
AS A'S CS
Soit encore :
1 1 2
+ =
𝑆𝐴′ 𝑆𝐴 𝑆𝐶
On voit ainsi que, dans les conditions de Gauss :
• A et A' sont bien reliés par une relation biunivoque, appelée relation de conjugaison (avec
origine au sommet).
• le seul paramètre pertinent est le rayon de courbure algébrique 𝑆𝐶 du miroir.
Les miroirs sont alors schématisés de la façon suivante :

C S S C

miroir concave miroir convexe


Représentation symbolique d’un miroir sphérique concave ou convexe, utilisé dans les conditions de
Gauss. L'axe optique est orienté vers la droite (sens de propagation de la lumière).

• Foyers et distance focale


Foyer image
L'expérience 2 vous a montré que si on envoie un faisceau de lumière parallèle à l'axe optique
sur un miroir concave dans les conditions de Gauss, les rayons convergent en un point : le
foyer image noté F'. Ce point est défini de manière générale (dépassant le cas particulier du
miroir sphérique) comme suit :
On considère des rayons incidents sur le miroir, parallèles à l'axe optique. Ceci correspond à
un point A situé à l'infini sur l'axe. Le point A' correspondant sera le point F', ce que l'on peut
résumer par :
A∞ → F '
Dans le cas du miroir sphérique, on peut trouver la position du foyer image en utilisant la
définition ci-dessus, et la formule de conjugaison du miroir sphérique, avec 𝑆𝐴 → -∞, et l'on
obtient :
𝑆𝐶
𝑆𝐹′ =
2

52
Foyer objet
La définition générale du foyer objet d'un système optique centré est symétrique de celle du
foyer image : les rayons issus du foyer objet, noté F, doivent, après passage par le système
optique, être parallèle à l'axe optique. On peut résumer ceci par :
F → A'∞
On obtient ici :
𝑆𝐶
𝑆𝐹 =
2
Dans ce cas particulier, foyers image et objet sont donc confondus, en un point que nous
noterons F. Ceci peut se comprendre grâce à la loi de retour inverse de la lumière …
On peut donc réécrire la relation de conjugaison des miroirs sphériques :
1 1 1
+ =
𝑆𝐴′ 𝑆𝐴 𝑆𝐹
La distance 𝑆𝐹 est appelée distance focale du miroir sphérique. Attention, il s'agit d'une
grandeur algébrique, comme toutes les grandeurs apparaissant dans les relations de
conjugaison. 𝑆𝐹< 0 pour un miroir concave, et 𝑆𝐹 > 0 pour un miroir convexe.
La figure ci-dessous résume la définition des foyers dans le cas d'un miroir concave ou
convexe dans les conditions de Gauss. Le dessin a été fait dans le cas où F apparaît comme le
foyer image. Pour le voir apparaître comme le foyer objet, il suffit d'inverser le sens des
flèches.

F S
C S F C

miroir concave miroir convexe


Expérience 3 : "télescope"
Choisir un objet très éloigné : cet objet doit être suffisamment lumineux. On peut ouvrir
la fenêtre et prendre un objet de l'extérieur (le bâtiment d'en face…), à condition que la
luminosité soit suffisante. Réaliser l’image de cet objet sur le mur ou sur un écran, en
utilisant le miroir sphérique concave dont vous disposez sur votre table.
Quelle est la nature de cette image? L’image est-elle nette partout ? Commenter.
Expliquer pourquoi on peut déduire de cette expérience une estimation de la distance
focale du miroir, et mesurer cette distance focale. Comparer avec les tables voisines.

53
Pourquoi cette expérience modélise-t-elle (grossièrement, bien sûr…) le
fonctionnement d'un télescope (voir l'encadré en fin de chapitre sur le télescope de
Hubble)?

Expérience 4 : images par les miroirs convexes et concaves


Regardez votre image dans les miroirs concave et convexe à votre disposition, en
faisant varier la distance entre le miroir et vous. Décrire ce que vous observez.

• Constructions géométriques de l'image d'un objet par des miroirs sphériques :


Voici 3 rayons particuliers servant à trouver la position de l’image B’ de l’objet B formée par
un miroir sphérique :
Point particulier Rayon incident sur le miroir Propriété du rayon réfléchi par le miroir
ayant une direction passant (direction passant par B’)
par le point objet B et …
Centre de courbure C passant par C Rayon réfléchi sans être dévié
Foyer objet F passant par F Rayon réfléchi parallèle à l’axe optique
Foyer image F’ (=F) arrivant parallèle à l’axe Rayon réfléchi avec une direction passant
optique par F’
Voir les constructions avec les miroirs sphériques en TD (exercices 2.1, 2.2 et 2.4).
54
3. Dioptres

Aquarium-boule Effet grossissant d'une goutte d'eau sur une feuille


Vous avez vu dans le chapitre 1 ce qu'on appelle un dioptre : la surface de séparation de deux
milieux d'indices différents.
La surface calme d'un plan d'eau, par exemple, constitue un dioptre plan.
Mais la surface bombée d'une goutte d'eau, d'un aquarium-boule constituent aussi des
dioptres, mais des dioptres courbes. Nous étudierons ici le cas des dioptres sphériques.
3.1 Dioptre plan
En regardant un plan d'eau, on peut y apercevoir le
fond - dont les cailloux semblent à portée de main -
ou une branche qui plonge et semble cassée au niveau
de la surface de l'eau.
Nous allons tenter d'expliquer - à l'aide des lois de
Snell-Descartes - pourquoi nous pouvons observer de
tels phénomènes.
Nous allons également voir si la notion de
stigmatisme s'applique au cas du dioptre plan.

a) Expériences
Les deux expériences qui suivent peuvent être soit faites individuellement par chaque
étudiant, soit montrées à l'ensemble de la classe par l'enseignant.
Expérience 5 : le bâton brisé
Utiliser un petit aquarium à faces parallèles rempli à moitié d'eau ; y plonger un crayon,
une baguette verticale et regarder par une face (placer les yeux au niveau de
l'aquarium) ; observer et dessiner le crayon en vous décalant vers la droite, puis vers la
gauche. Interpréter.

55
Expérience 6 : placer au fond d'une tasse opaque (gobelet de café…) un petit objet (une
pièce de monnaie, par exemple) de telle sorte qu'il n'apparaisse pas à la vue ; verser de
l'eau progressivement et observer. Décrire ce que vous avez constaté, et interpréter.

b) Interprétation
Voir en TD (exercice 2.9) : on montrera notamment qu'un point objet n'a pas une image
unique par un dioptre plan.
On comprendra également pourquoi l'œil voit quand même une image nette, et aussi que cette
image dépend de la position de l'observateur.

3.2. Dioptres sphériques


a) Définitions
Un dioptre sphérique est une surface de séparation courbée entre deux milieux d’indices n et
n’ pour laquelle on peut définir un centre C et un rayon de courbure.
Un exemple en est la surface de l’œil. En effet, la lumière arrivant sur notre œil rencontre tout
d’abord une surface pratiquement sphérique constituée d’un milieu transparent qui sépare l’air
extérieur (d’indice 1) de l’humeur aqueuse d’indice 1,33.
Les dioptres sphériques sont aussi à la base de la construction des lentilles (minces ou
épaisses, convergentes ou divergentes, voir le chapitre 3) qui sont des éléments de base pour
la formation des images.
Comme pour les miroirs sphériques, on a deux sortes de dioptres sphériques : concaves et
convexes (relativement à l'arrivée de la lumière, par convention : de la gauche).

Sur les deux représentations ci-dessus, la lumière se propage de la gauche vers la droite.
L’axe optique représenté en pointillés est orienté conventionnellement positivement vers la
droite. Le rayon de courbure algébrique du dioptre est défini par R= SC . Il est positif dans le
cas d’un dioptre convexe, négatif dans le cas d’un dioptre concave.

56
b) Expérience
Expérience 7 (à réaliser par l’enseignant) : à l'aide du dispositif "laserbox", éclairer un
dioptre sphérique par un faisceau de lumière parallèle à l’axe du dioptre. Observer les
rayons réfractés. Faire un schéma.
Le dioptre sphérique est-il un système rigoureusement stigmatique ? Préciser (et
dessiner) ce que vous observez.

Interpréter qualitativement l’expérience précédente grâce à la loi de la réfraction, en


complétant les deux schémas suivants :

57
c) Modélisation des dioptres sphériques dans les conditions de Gauss
• Relation de conjugaison
On cherche l’image A’ d’un point A situé sur l’axe optique du dioptre, dans les conditions de
Gauss. Nous allons chercher la position du point A’, en utilisant la loi de la réfraction. La
relation de conjugaison liant les positions de A et A’ ne dépend pas du type de dioptre étudié.
Nous l’établirons dans un cas particulier : un dioptre sphérique convexe avec n < n’.

n < n' I n'


i +

r
α ω α'
A S H C A'

Les conventions et notations sont définies sur la figure ci-dessus :


• Les distances sont algébriques, l’axe optique étant orienté vers la droite.
• Les angles sont également algébriques, orientés dans le sens trigonométrique.
Pour trouver l’image de A, on trace deux rayons particuliers issus de A : l’un est l’axe optique
lui-même, l’autre est un rayon quelconque issu de A incident sur le dioptre en I avec un angle
i, réfracté avec un angle r < i (car n’ > n) et intersectant l’axe optique en A’, l’image
cherchée.
Dans le cadre de l’approximation de Gauss, tous les angles (α, α’, ω, i et r) sont petits. La loi
de la réfraction s’écrit donc :
n i = n’ r (1)
On a dans AIC :
α+ω+π-i=π
D’où :
i=ω+α
De même, dans A’IC :
α’ + r + π - ω = π
D’où :
r = ω - α’
ce qui donne à partir de (1)
n’α’ + nα = (n’- n) ω (2)
Pour trouver l’expression de ω, α et α’, on utilise l’approximation des petits angles et, comme
pour le miroir sphérique, on confond H et S et on assimile les angles à leurs tangentes :

58
𝐻𝐼 𝑆𝐼 𝑆𝐼
𝛼 ≈ tan 𝛼 ≈ + ≈+ ≈−
𝐴𝐻 𝐴𝑆 𝑆𝐴
𝐻𝐼 𝑆𝐼 𝑆𝐼
𝛼 ! ≈ tan 𝛼′ ≈ − ≈ − ≈ +
𝐴! 𝐻 𝐴! 𝑆 𝑆𝐴′
𝐻𝐼 𝑆𝐼
𝜔 ≈ tan 𝜔 ≈ + ≈+
𝐻𝐶 𝑆𝐶
On remplace α, α’ et ω par ces expressions dans (2), qui devient donc :
𝑛! 𝑛 𝑛! − 𝑛
− =
𝑆𝐴! 𝑆𝐴 𝑆𝐶
Cette relation est la relation de conjugaison du dioptre sphérique (avec origine au sommet), et
on peut montrer qu’elle est tout à fait générale dans la limite des conditions de Gauss.

Remarque : à partir de cette relation, on peut retrouver la relation de conjugaison pour le


dioptre plan (dans les conditions du stigmatisme approché), en faisant tendre le rayon de
courbure SC vers l’infini (voir aussi ex 2.9). On obtient en effet :
𝐻𝐴′ 𝑛′

𝐻𝐴 𝑛
Les dioptres sont alors schématisés de la façon suivante :

n n’ n n’

C S S C

Dioptre concave Dioptre convexe


Représentation symbolique d’un dioptre sphérique concave ou convexe,
utilisé dans les conditions de Gauss.
• Foyers
Il suffit d'appliquer la définition des foyers objet/image en utilisant la relation précédente pour
trouver leur position.
Ainsi, le foyer image F’ est le point conjugué d’un point A « à l’infini » ( A∞ → F ' ), on
n' n'− n
obtient : =
SF' SC
Le foyer objet est le point conjugué d’un point image A’ à l’infini ( F → A'∞ ) :
n n' − n
− =
SF SC

Par exemple, dans le cas particulier de la figure précédente, SC > 0 et n < n’, donc SF ' > 0 et
SF < 0 : F’ est à droite du dioptre et F à gauche.
59
On voit que dans ce cas, les foyers image et objet ne sont pas confondus, contrairement au cas
du miroir sphérique. Ils ne sont pas non plus symétriques par rapport au point S (il n'y a
d'ailleurs aucune raison pour qu'ils le soient !)
La figure ci-dessous résume la définition des foyers dans le cas d'un dioptre convexe avec
n<n’ et dans les conditions de Gauss.

n < n’ n’

F S C F’

Enfin, la figure ci-dessous illustre la définition des foyers à l'aide du modèle en termes de
surfaces d'onde vu au chapitre 1.

Le milieu de gauche est de l'air (d'indice 1), celui de droite est un milieu matériel quelconque,
d'indice >1. L'onde va plus vite dans l'air que dans le matériau.
Figure de gauche : Les ondes planes sont transformées en ondes sphériques à la traversée du
dioptre sphérique, et convergent au foyer image F'.
Figure de droite : les ondes sphériques provenant du foyer objet F sont transformées en
ondes planes à la traversée du dioptre sphérique.
Réfléchissez afin d'interpréter le mieux possible ces deux dessins…

60
Encadré : le télescope spatial Hubble
Le télescope aurait été inventé par Newton au XVIIe siècle.

Principe du télescope de Newton Le télescope spatial Hubble


Le télescope spatial Hubble fonctionne sur le même principe que le premier télescope de
Newton. Ce principe est le suivant : un miroir concave de grande taille forme une image
de l’astre observé dans son plan focal. Cette image est ensuite généralement renvoyée
sur un oculaire à l’aide d’un petit miroir plan. Ce télescope a été mis sur orbite en avril
1990. Il a permis de progresser dans la réponse à des questions telles que : à quelle
vitesse l’Univers se dilate-t-il ?
Dès le début, les astronomes se sont rendu compte que les images qu’ils réalisaient
comportaient une grossière aberration : certains rayons lumineux sortent des conditions
de Gauss ; en conséquence, les rayons provenant d’un même point ne convergent pas tous
au même endroit, et « l’image » obtenue est floue (voir figure de gauche ci-dessous). En
1993, des astronautes de la navette spatiale Endeavor ont réussi à corriger ce défaut
(voir figure de droite ci-dessous) en installant une nouvelle caméra comprenant sa
propre optique corrective.

.
Images de la galaxie M-100 prises par le télescope spatial Hubble avant (gauche) et
après (droite) réparation de l’aberration « de sphéricité ».

61
Encadré : quelques images « non optiques »
Au cours du XXe siècle, de nouvelles méthodes pour obtenir des images homothétiques
des objets, mais qui ne sont pas basées sur l’optique, ont été inventées. Ces nouvelles
méthodes permettent d’explorer le monde à une échelle plus petite (par exemple, de
« voir » les atomes), ou d’observer ce qui est caché à notre œil (l’intérieur du corps
humain, par exemple).
• On peut réaliser des images à l’aide d’ondes électromagnétiques dans une autre
gamme de longueur d’ondes que l'optique, par exemple avec des rayons X dont la
longueur d’onde est comprise entre 10 nm et 1 pm (10-12 m). Les radiographies du
corps humain sont ainsi obtenues grâce à des rayons X (voir figure a).
• On peut obtenir des images grâce à des ondes mécaniques ultrasonores, c’est le
principe de l’échographie (voir figure b).
• Des particules constitutives de la matière, comme les électrons ou les neutrons,
peuvent servir à réaliser des images. La microscopie électronique (par réflexion, par
transmission ou à balayage - MEB), très utilisée notamment en biologie, est sans
doute l’exemple le plus connu (figures c, d et e).
• Il existe enfin des techniques particulières pour « voir » les surfaces à l’échelle
atomique ; citons la microscopie à effet tunnel (STM) qui permet d’imager des
surfaces conductrices (figure g), et la microscopie à force atomique (AFM) qui
permet d’obtenir des images de surfaces isolantes (figure f).

a) b)
a) Une « radio » des poumons ; b) Une échographie d’un fœtus

c) d) e)
c) Image MEB d’une crevette ; d) Image MEB de microcristaux de cuivre (de taille quelques µm) ;
e) Soies d’abeille et grains de pollen (la taille d’un grain est de l’ordre de 10 µm) en MEB

f) g)
f) Image AFM d’un nanotube de carbone (la largeur du tube est de 50 nm environ) ; g) Image
STM d’atomes de phosphore, ordonnés à droite, désordonnés à gauche.
62
Résumé du chapitre 2

On appelle image optique la reproduction homothétique d’un objet formée, à partir de la


lumière que l’objet envoie, par un système optique composé de miroirs, lentilles …

S
Un objet et une image sont définis par rapport à un système optique donné : A à A’. L’objet
A peut être réel ou virtuel pour ce système optique. L’image A’ est également de nature réelle
ou virtuelle.

Objet réel Objet virtuel


Un objet est réel pour un système optique s’il Un objet est virtuel pour un système optique
est situé en amont de (avant) ce système. s’il est situé en aval de (après) ce système.
Un objet est réel pour un système optique si Un objet est virtuel pour un système optique
les rayons se dirigeant vers ce système si les rayons se dirigeant vers ce système
divergent à partir de l’objet. Les rayons convergent vers l’objet. Les rayons allant
allant vers le système proviennent donc de vers le système semblent donc se diriger vers
l’objet. l’objet lorsqu’on les prolonge (en pointillés).
En pratique, un objet « matériel » (que l’on En pratique, pour être dans le cas d’un objet
peut toucher) est forcément un objet réel au virtuel, il faut nécessairement qu’un 1er
sens de l’optique. système optique forme une image qui pourra
éventuellement devenir un objet virtuel pour
un 2nd système optique.
Image réelle Image virtuelle
Si les rayons issus du système optique Si les rayons issus du système optique
convergent et se dirigent vers l’image, alors divergent et semblent provenir de l’image
l’image est réelle. (lorsque l’on prolonge les rayons en
pointillés), alors l’image est virtuelle.
Il y a vraiment de la lumière à l'endroit où est Il n’y a pas de lumière à l'endroit où est une
une image réelle. image virtuelle.
Si une image se projette sur un écran, c’est Une image virtuelle ne peut pas être
une image réelle. visualisée sur un écran, elle sera visible à
l’œil en regardant dans le système optique.
Lorsque la lumière traverse le système Lorsque la lumière traverse le système
optique (dioptre, lentille) : optique (dioptre, lentille) :
une image est réelle si elle est située en aval une image est virtuelle si elle est située en
du système. amont du système.
Lorsque la lumière se réfléchit sur le système Lorsque la lumière se réfléchit sur le système
optique (miroir) : optique (miroir) :
une image est réelle si elle se forme devant le une image est virtuelle si elle se forme
miroir. derrière le miroir.

63
Si les rayons issus d'un point objet convergent vers (ou semblent provenir d') un point unique,
celui-ci est appelé image géométrique (point image) et on dit qu'il y a stigmatisme (pour ce
couple de points).
Le miroir plan est rigoureusement stigmatique pour tous les points de l’espace.

Un système optique présente un stigmatisme approché pour un couple de points A et A' si l'on
peut limiter un faisceau tel que tout rayon de ce faisceau issu de A passe au voisinage de A'
après avoir traversé le système.
Un système optique est dit centré s'il possède un axe de symétrie de révolution appelé axe
optique. Les conditions de Gauss correspondent à une limitation du faisceau de lumière dans
les conditions suivantes : les rayons lumineux doivent être proches de l'axe et peu inclinés par
rapport à celui-ci. On peut alors montrer qu'un système optique utilisé dans les conditions de
Gauss présente un stigmatisme approché, et est aplanétique.

Miroir sphérique : on peut écrire une relation de conjugaison entre la position d’un point A et
celle de son image A’, dans les conditions de Gauss :
1 1 2 1
+ = =
𝑆𝐴′ 𝑆𝐴 𝑆𝐶 𝑆𝐹
où S est le sommet du miroir, C son centre de courbure et F son foyer (foyer objet et foyer
image confondus pour les miroirs sphériques).

Les rayons particuliers pour les constructions avec un miroir sphérique sont :
Point particulier Rayon incident sur le Propriété du rayon réfléchi par le miroir
miroir ayant une direction (direction passant par B’)
passant par le point objet
B et …
Centre de courbure C passant par C Rayon réfléchi sans être dévié
Foyer objet F passant par F Rayon réfléchi parallèle à l’axe optique
Foyer image F’ (=F) arrivant parallèle à l’axe Rayon réfléchi avec une direction
optique passant par F’

Dioptre sphérique : un dioptre sphérique est une surface de séparation courbée entre deux
milieux d’indices n et n’ pour laquelle on peut définir un centre C et un rayon de courbure.
Dans les conditions de Gauss, la relation de conjugaison des dioptres sphériques s’écrit :
𝑛! 𝑛 𝑛! − 𝑛
− =
𝑆𝐴! 𝑆𝐴 𝑆𝐶

64
CHAPITRE 3 : LENTILLES, ŒIL

Une représentation de Sherlock Holmes, muni de son indispensable loupe

Salles : « lentilles» 041 ou 043

65
SOMMAIRE DU CHAPITRE 3 : LENTILLES, ŒIL

1. LENTILLES OPTIQUES : NATURE, EFFET, MODELISATION 68


1.1 Petit historique 68
1.2 Effet d’une lentille sur un faisceau parallèle 68
1.3 Interprétation par les lois de la réfraction 69
1.4 Le modèle des lentilles minces 69
a) Formule de conjugaison avec origine au sommet 69
b) Foyers et plans focaux 70
1.5 Constructions géométriques avec le modèle des lentilles minces 72
a) Comment construire une image? 72
b) Lien entre construction géométrique et relation de conjugaison 73
c) Notion de grandissement et grossissement 73
d) Images par une lentille convergente d'un objet réel 74
e) Images par une lentille divergente d'un objet réel 76
1.6 [EXAMTP] Comment déterminer expérimentalement la nature d’une image ? 77
1.7 [CR] [EXAMTP] Mesures de la distance focale d'une lentille convergente 77
1.8 [EXAMTP] Réalisation de l'image d'une fente 79
1.9 [CR] [EXAMTP] Mesure d'une distance focale à partir de la relation de conjugaison 80
1.10 [CR] Bilan comparatif des différentes mesures 81
2. L'ŒIL HUMAIN ET LES CORRECTIONS DE LA VISION 82
2.1 Découverte du fonctionnement de l’œil humain 82
2.2 Anatomie de l'œil 83
a) Structure 83
b) Accommodation 84
2.3 [EXAMTP] Défauts de l'œil 85
3. ASSOCIATION DE LENTILLES, INSTRUMENTS D'OPTIQUE 91
3.1 [EXAMTP] Lentilles accolées 91
3.2 Lentilles non accolées : exemple du téléobjectif 92

66
Matériel à votre disposition par table

• 1 banc d’optique gradué + 6 pieds


• Source de lumière blanche + 1 ensemble {pièce cylindrique + support diapo}
• 1 écran
• 1 lentille convergente de courte focale
• 1 lentille convergente de grande focale
• 1 lentille divergente
• 1 jeu de diapositives dans une boîte (œuvres d’art, monuments de Paris, figures géométriques …)
• 1 petit miroir plan
• 1 fente de largeur variable
• 1 manip « œil» simple (avec 2 lentilles correctrices)
• 1 plaque percée
• 1 verre dépoli
• 1 carton 24x36 mm pouvant être collé sur l’écran
• 1 grande boîte de rangement
• 1 lampe de table

Matériel pour l'enseignant

• Dispositif de démonstration avec source laser multifaisceaux (laserbox) + panneau métallique +


lentilles convergentes et divergentes magnétiques de différentes courbures
• 1 manip « œil» avec accommodation + objet + lampe de table

67
1. Lentilles optiques : nature, effet, modélisation
Le compte-rendu de TP portera sur les sections marquées [CR] : sections 1.7, 1.9 et 1.10.
1.1 Petit historique
On raconte qu'en l'an 57, Néron observa les combats de gladiateurs au travers d’une émeraude
montée sur bague : correction de myopie ou lunettes de soleil ? Les pierres précieuses et
autres verres étaient connus pour leurs vertus optiques depuis l’Égypte pharaonique : « Une
écriture mince et embrouillée paraît plus grosse et plus distincte à travers une boule remplie
d’eau » (Sénèque).
Ce n'est qu'au XIe siècle que la loupe, constituée d'une lentille de verre épais, fait son
apparition. Les copistes s'en servent pour mieux voir les caractères des livres qu'ils
reproduisent. À la fin du XIIIe siècle, le physicien florentin Salvino Degli Armati découvre
que, si on amincit la lentille ou si on change sa courbure, on voit nettement les objets situés à
une certaine distance.
Au XVIe siècle, le microscope et la lunette astronomique ont été inventés en Hollande. Dans
les deux cas, il s’agit d’une association de plusieurs lentilles.
Depuis, de nombreux dispositifs optiques comprenant des lentilles ont été inventés, qu’il
s’agisse du projecteur de cinéma, de l’appareil photo, de la caméra, etc. La lentille est ainsi
devenue un élément essentiel en optique.

1.2 Effet d’une lentille sur un faisceau parallèle


Expérience 1 (à réaliser par l’enseignant): visualisation du trajet des rayons d’un
faisceau parallèle incident sur une lentille concave ou convexe.
Grâce à la « laser ray box » montrer le trajet de quelques rayons parallèles à la
traversée d’une lentille concave ou convexe.
Faire le schéma correspondant à votre observation. Que peut-on dire du stigmatisme
de la lentille ?

68
1.3 Interprétation par les lois de la réfraction
Une lentille est un corps transparent homogène d’indice n, limité par deux dioptres dont l’un
au moins n'est pas plan, l’autre face pouvant être plane ou sphérique.

Lors du franchissement du second dioptre, on a Lors du franchissement du second dioptre, r > i.


r> i. Le rayon qui est alors sous la normale est Le rayon qui est alors au-dessus de la normale est
"rabattu" vers l'axe. "dévié vers l'extérieur".

Chaque rayon passant successivement les deux dioptres subit deux réfractions suivant les lois
de Snell-Descartes. On peut ainsi tracer assez facilement les rayons lors du franchissement
d'une lentille plan/convexe ou plan/concave par un faisceau parallèle à l'axe. L'application des
lois de la réfraction pour chaque rayon montre que le faisceau à la sortie est convergent ou
divergent (on peut aussi le voir en termes de surfaces d'onde, cf. chapitre précédent, 2.2.c).
En termes d'onde, on retrouve le même phénomène si on se souvient que l'onde se déplace
plus vite dans l'air.

La partie de l'onde qui est sortie en premier, c'est- Ici, c'est la partie qui est passée par le milieu qui
à-dire sur les bords de la lentille, a bien progressé est sortie d'abord et a donc pu progresser plus
plus loin que celle passée par le milieu. loin.
En résumé, on voit donc que convexe → convergente et concave → divergente.

1.4 Le modèle des lentilles minces


a) Formule de conjugaison avec origine au sommet
Si nous considérons le cas de lentilles minces (c’est-à-dire dont l’épaisseur peut être
considérée comme négligeable devant le diamètre de la lentille), utilisées dans les conditions
de Gauss étudiées dans le chapitre 3, on peut alors trouver la relation donnant la position de
l'image A' d'un point objet A en appliquant deux fois la relation de conjugaison d'un dioptre.
La démonstration ci-dessous considère le cas d'une lentille constituée de deux dioptres
sphériques.

69
Soit A" le conjugué de A par le premier dioptre sphérique de centre C1 et de sommet S1 (non
représenté sur le dessin ci-dessus11). On a (d’après la relation de conjugaison pour le dioptre
sphérique vue au chapitre précédent) :
n 1 n −1
− = (1)
S1 A' ' S1 A S1C1
Soit A’ le conjugué de A" par le second dioptre sphérique de centre C2 et de sommet S2. On
a: 1 n 1 n
=
S 2 A0 S2 A00 S2 C 2 (2)
Comme la lentille est mince, on néglige son épaisseur, et on confond donc S1 et S2 qu’on note
désormais O, et qu'on appelle centre optique de la lentille. En additionnant (1) et (2), on
obtient ainsi : ✓ ◆
1 1 1 1
= (n 1)
OA0 OA OC1 OC2
Ceci constitue la formule de conjugaison des lentilles minces, avec origine au centre (O). Elle
est en fait vraie quel que soit le type de lentille, plan/convexe, biconvexe, plan/concave ou
biconcave, pourvu que la lentille soit mince et les conditions de Gauss soient vérifiées.
Remarque : Attention au caractère algébrique de cette relation!!
b) Foyers et plans focaux
• Le foyer image F’ est le conjugué d’un point objet A situé à l’infini sur l'axe optique, soit :
A∞ → F '
Il est donc donné par :
✓ ◆
1 1 1 1
= (n 1) =
OF 0 OC1 OC2 f0
où f ' = OF ' est la distance focale (image) de la lentille.
On voit facilement que :
OF ' > 0 pour une lentille convergente (plan/convexe ou biconvexe). F' est donc à droite de O.
OF ' < 0 pour une lentille divergente (plan/concave ou biconcave). F' est donc à gauche de O.

11
D'ailleurs, où serait A" sur ce dessin?
70
• Le foyer objet F est le conjugué d’un point image A’ situé à l’infini sur l'axe optique :
F → A'∞
Il est donné par : ✓ ◆
1 1 1 1
= (n 1) =
OF OC1 OC2 f0

OF < 0 pour une lentille convergente (plan/convexe ou biconvexe). F est donc à gauche de O.
OF > 0 pour une lentille divergente (plan/concave ou biconcave). F est donc à droite de O.

Remarque 1 : pour une lentille mince, les foyers objet et image sont symétriques par rapport
au centre optique O de la lentille. Il n'y a donc qu'une seule distance focale (contrairement au
cas du dioptre sphérique). Que peut-on dire de son ordre de grandeur ?
Remarque 2 : les foyers objet et image ne sont pas conjugués entre eux !12

Les schémas ci-dessous synthétisent les définitions précédentes des foyers dans le cas de
lentilles minces, et introduisent au passage les symboles représentant respectivement les
lentilles minces convergentes et divergentes :

12
Erreur classique…
71
On peut simplifier la relation de conjugaison des lentilles minces, avec origine au centre :
1 1 1
− =
𝑂𝐴′ 𝑂𝐴 𝑓′
• Les plans perpendiculaires à l'axe optique passant par les foyers F et F' sont appelés le
plan focal objet et le plan focal image de la lentille mince.
Intérêt du plan focal image : un objet éloigné, considéré à l’infini, aura son image dans le plan
focal image d'une lentille (convergente ou divergente).
Intérêt du plan focal objet : un objet situé dans le plan focal objet d’une lentille émettra des
rayons qui seront parallèles entre eux à la sortie de la lentille.

1.5 Constructions géométriques avec le modèle des lentilles minces


a) Comment construire une image?
Lors des expériences qualitatives du début de ce chapitre, vous avez réalisé l'image d'un objet
réel par une lentille convergente. On obtient suivant les cas, soit une image réelle qui peut être
visualisée sur un écran, soit une image virtuelle, seulement visible à l'œil. Dans tous les cas,
l’image d’un point est bien un point, et on a bien une véritable image au sens de l’optique
géométrique.
La position de cette image peut être trouvée par simple construction géométrique. En effet,
nous avons vu que :
• Un rayon incident parallèle à l’axe optique émerge en passant par le foyer image F’ ;
• Un rayon incident et passant par le foyer F émerge parallèlement à l’axe optique.
À celles-ci, on peut ajouter :
• Un rayon lumineux passant par le centre O de la lentille n’est pas dévié.
Ces trois propriétés sont résumées sur la figure ci-dessous :

Nous allons maintenant chercher à construire l'image d'un objet réel dans différents cas
possibles, pour une lentille convergente ou divergente.
Nous allons modéliser l'objet réel par un segment AB, représenté par une flèche de A vers B,
A étant situé sur l’axe optique, B en dehors de cet axe, et AB étant perpendiculaire à l’axe
optique (voir schéma suivant).
Comme la lentille est utilisée dans les conditions de Gauss, la propriété d'aplanétisme (voir
chap. 3) est vérifiée : l'image de AB est également plane et perpendiculaire à l'axe optique.
Par conséquent, nous nous contenterons de trouver géométriquement l'image B' du point B.
L'image A' de A sera automatiquement sur l'axe, à la verticale de B'.

72
Par définition, l’image de B est un point B', tel que tout rayon issu de B passe par B' après
avoir traversé la lentille. Il suffit donc de tracer deux rayons particuliers : le point B' cherché
sera à l'intersection des deux rayons émergents. Deux des trois rayons particuliers indiqués ci-
dessus peuvent alors servir pour trouver B' par construction géométrique.
On obtient par exemple le résultat ci-dessous :

Pour les constructions d'images d'objets virtuels, voir l'exercice 3.2 associé à ce chapitre, et le
§3 sur les associations de lentilles.
b) Lien entre construction géométrique et relation de conjugaison
Comme nous allons le démontrer ci-dessous, la géométrie simple du modèle des lentilles
minces respecte bien la relation de conjugaison.
Si l'on reprend le schéma de construction de l'image réelle d'un objet réel (ci-dessus) et que
!!!! !"!
l'on considère les triangles semblables OAB et OA'B', on trouve : !" = !"
De même, en considérant les triangles semblables centrés en F et en F’, on trouve :
𝐴′𝐵′ 𝐹′𝐴′ 𝐹𝑂 𝑂𝐴′
= = =
𝐴𝐵 𝐹′𝑂 𝐹𝐴 𝑂𝐴
d'où la relation suivante, dite de relation de conjugaison avec origines aux foyers, ou relation
de Newton:
𝐹𝐴. 𝐹′𝐴′ = 𝐹𝑂. 𝐹′𝑂 = −𝑓′!
En combinant avec la relation précédente, on peut écrire :
𝐹′𝑂. 𝑂𝐴′ = 𝑂𝐴. 𝐹′𝐴′ = 𝑂𝐴. (𝐹 ! 𝑂 + 𝑂𝐴′) = 𝑂𝐴. 𝐹 ! 𝑂 + 𝑂𝐴. 𝑂𝐴′
En divisant par 𝑂𝐴. 𝑂𝐴′. 𝑂𝐹′, on obtient bien :
1 1 1
− =
𝑂𝐴′ 𝑂𝐴 𝑂𝐹′
c) Notion de grandissement et grossissement
Ces notions permettent de caractériser une image et sont particulièrement utiles pour les
instruments d’optique.
Le grandissement 𝛾 de l’image par rapport à l’objet est une grandeur algébrique qui renseigne
sur le sens et la taille de l’image par rapport à l’objet. Il est défini par :
𝐴′𝐵′ 𝑂𝐴′
𝛾= =
𝐴𝐵 𝑂𝐴
𝛾 > 0 Image droite (même sens que l’objet) 𝛾 > 1 Image plus grande que l’objet
𝛾 < 0 Image renversée 0 < 𝛾 < 1 Image plus petite que l’objet
73
Le grossissement G obtenu avec un instrument est défini par le rapport des angles (orientés)
sous lequel est vu un objet avec (𝛼′) et sans instrument (𝛼) :
𝛼′
𝐺=
𝛼
d) Images par une lentille convergente d'un objet réel
Nous allons maintenant réaliser des constructions géométriques dans un certain nombre de
cas, pour un objet réel. Faites à chaque fois l'expérience correspondante.
• Objet réel placé à gauche du foyer objet, tel que AF < f'

Caractériser l'image obtenue :


Ø Image réelle ou virtuelle ?
Ø Sens de l’image par rapport à celui de l'objet (image droite ou renversée) ?
Ø Taille de l’image par rapport à celle de l'objet (image agrandie ou rétrecie) ?
Donner une application concrète correspondant à ce cas.

• Objet réel placé à gauche du foyer objet, tel que AF > f'
Compléter le schéma ci-dessous. Caractériser l'image obtenue et donner une
application concrète correspondant à ce cas.

74
• Objet réel placé à gauche du foyer objet, tel que AF = f'
Compléter le schéma ci-dessous. Caractériser l'image obtenue et donner une
application concrète correspondant à ce cas.

• Objet réel placé entre F et la lentille


Compléter le schéma ci-dessous. Caractériser l'image obtenue.

• Objet réel placé en F


Ce cas est un cas particulier important. Que peut-on dire de l'image obtenue ?
Comparer avec la situation précédente. Laquelle des deux est la plus confortable pour
l'œil ? Donner une application concrète correspondant à ce cas.

75
• Objet réel placé à l’infini
Ce cas est un cas particulier important : le point objet A est situé sur l’axe optique et
l’objet AB est observé sous un angle α depuis la lentille.
Tracez le faisceau parallèle de lumière issu de A. Où converge-t-il ? Faire de même
pour le faisceau parallèle issu de B.

V e rs B

Vers A F’ Axe optique

Donnez l’expression de la taille A’B’ de l’image en fonction de la distance focale f’ de la


lentille et de l’angle d’observation α.

e) Images par une lentille divergente d'un objet réel


Compléter le schéma ci-dessous. Caractériser l'image obtenue. Faites éventuellement
d'autres schémas (correspondant à d'autres cas possibles), et concluez sur la nature
de l'image d'un objet réel par une lentille divergente.

76
1.6 [EXAMTP] Comment déterminer expérimentalement la nature d’une
image ?
Expérience 2 : nature, sens et taille des images produites par les lentilles
En touchant les lentilles présentes sur votre table à travers un chiffon, identifiez les
lentilles concaves et convexes.
Faites les observations nécessaires pour compléter le tableau ci-dessous avec :
• la nature de l'image : réelle ou virtuelle
• le sens de l'image : droite ou inversée
• la taille de l'image : plus grande ou plus petite que l'objet
Une image est réelle si et seulement si elle peut être projetée sur un écran. Vous
pouvez utiliser le papier calque comme écran.
Pour les objets éloignés, choisir un objet bien éclairé : à l'extérieur, ou un de vos
camarades bien éclairé par le néon du tableau.

Objet proche (quelques cm) Objet éloigné (quelques m)

Lentille concave

Lentille convexe

1.7 [CR] [EXAMTP] Mesures de la distance focale d'une lentille convergente


Dorénavant, on utilisera les lentilles sur support placées sur le banc d'optique.

77
Les sources de lumière blanche dont vous disposez comprennent une LED et une
lentille convergente appelée "condenseur" qui permet de mieux collecter la lumière à la
sortie de l'ampoule. Une tirette située à l'arrière de la lampe permet de faire plus ou
moins converger le faisceau à la sortie de la lampe. Sur le schéma ci-dessous, placer
la LED, le condenseur. Tracer l’allure du faisceau issu de la LED (considérée comme
ponctuelle) avant et après la traversée du condenseur.

Expérience 3 : mesure grossière de la distance focale d’une lentille convergente à


partir de l’image d'un objet éloigné
Pourquoi le fait d'obtenir l'image d'une source éloignée (image sur le sol d'une lampe
de plafond, par exemple) permet-il de déterminer la distance focale d'une lentille ?
Faites l'expérience avec la lentille L2. Estimer grossièrement l'incertitude.

Pourquoi cette méthode est-elle moins adaptée à une lentille de plus grande distance
focale ?

Expérience 4 : mesure précise de la distance focale par auto-collimation


Il s'agit d'une méthode simple permettant une détermination plus précise que la
précédente de la distance focale d'une lentille convergente : l'idée est de réaliser,
grâce à un miroir plan, l'image d'un objet sur l'objet lui-même.
Vous utiliserez comme objet une lettre éclairée par la source blanche. Placez alors
dans le prolongement la lentille L2 que vous venez d'utiliser. Placez le miroir plan
immédiatement derrière la lentille. Déplacer l’ensemble {lentille + miroir plan} le long du
banc jusqu’à obtenir dans le plan de la diapositive une image nette et de même taille
que celle-ci (pour voir cette image, il est nécessaire d'incliner légèrement le miroir). La
distance focale est obtenue par mesure de la distance entre la lentille et l’objet. Noter
la distance focale trouvée, avec son incertitude.

78
Interpréter l’expérience précédente en complétant le schéma ci-après. Chercher
séparément l'image A’ du point A, et B’ du point B de l'objet. Considérer que le miroir
est pratiquement collé sur la lentille. Caractériser l'image trouvée.

Les 2 méthodes que vous venez de voir sont-elles adaptées pour mesurer la distance
focale d’une lentille divergente ? Pourquoi ?

1.8 [EXAMTP] Réalisation de l'image d'une fente


Réaliser la projection de l'image d'une fente de lumière sur un écran est un savoir-faire
indispensable en optique, notamment pour la spectroscopie.
Expérience 5 : Réalisation de l’image d’une fente sur un écran
Placer une fente de largeur réglable bien en face de la lampe. Réglez la tirette de
façon à éclairer complètement la fente.
Placez la lentille L2 à une distance suffisante de la fente. Déplacez l'écran jusqu’à
obtenir l’image nette de la fente sur l'écran (l'image de la fente est nette quand vous
arrivez à distinguer les entailles du métal).
Vous pouvez modifier la taille de l'image en rapprochant ou en éloignant la lentille de la
fente, puis en recherchant la netteté en déplaçant l’écran.
Soigner l’alignement vertical et latéral de l’ensemble des éléments présents : il peut
être nécessaire d’ajuster aussi les hauteurs avec les pieds à vis de la fente ou de la
lentille. En effet, pour obtenir une belle image non déformée et sans irisation, il est
indispensable de se placer dans les conditions de Gauss : le faisceau lumineux doit
passer par le centre de la lentille.

79
Expérience 6 : Règle des 4f’
Placez maintenant l'écran à 50 cm de la fente. Interposez la lentille L2 entre la fente et
l'écran. Déplacez la lentille de manière à obtenir une image nette de la fente sur
l'écran. Y arrivez-vous ?
Vérifiez qu’il faut une distance minimale de 4f’ entre l'écran et l’objet lumineux (la fente)
pour obtenir une image nette sur l’écran.
Vérifiez qu'il existe alors deux positions de la lentille qui donnent une image nette (on
pourra par exemple choisir une distance D = 1m50 entre la fente et l’écran).

En résumé, et en vous aidant des constructions effectuées au 1.5, dressez la liste des
3 conditions nécessaires à l’obtention d’une image réelle sur un écran à partir d’un
objet réel :
* Nature de la lentille :
* Distance minimale objet – lentille :
* Distance minimale objet – écran :

1.9 [CR] [EXAMTP] Mesure d'une distance focale à partir de la relation de


conjugaison
Expérience 7 : mesures quantitatives
Utiliser comme objet une diapositive. Utiliser la lentille L2 pour en former une image
réelle.

Réaliser ainsi plusieurs mesures des distances objet-lentille OA et lentille-écran OA'


correspondante. Compléter le tableau ci-dessous (prendre une dizaine de points).

OA δ (OA) 1/ OA δ (1 / OA) OA' δ (OA') 1 / OA' δ (1 / OA')

80
Représenter ensuite les mesures ci-dessus dans un graphique 1 / OA' = f (1 / OA) . En
déduire une autre mesure de la distance focale de la lentille utilisée, avec l’incertitude
associée (méthode : Ch5 §3.1). Expliquez en détail votre méthode dans le compte-
rendu.

1.10 [CR] Bilan comparatif des différentes mesures


Compléter le tableau ci-dessous avec les différentes mesures de la distance focale de
la lentille L2 et leurs incertitudes associées :

Image d'un objet éloigné Auto-collimation 1 / OA' = f (1 / OA)

Commentez l’accord ou le désaccord des mesures.

81
2. L'œil humain et les corrections de la vision
2.1 Découverte du fonctionnement de l’œil humain
Vers l'an 1000, AlHazen (au Caire) a décrit l'œil humain comme étant constitué de trois
régions : aqueuse, cristalline et vitreuse. Kepler en 1604 émit l'idée que la vision est due au
fait que "l'image du monde extérieur est projetée sur la rétine". Cette idée fut confirmée par
une expérience spectaculaire réalisée en 1625 par Scheiner (un jésuite allemand), au cours de
laquelle il observa sur la rétine d'un animal (une grenouille) une image inversée de la scène
extérieure.

Encadré : les yeux des différents animaux


• Les plus rudimentaires fonctionnent avec un
simple petit trou sans lentille, sur le principe de
la chambre noire. C'est le cas du serpent à
sonnette ou de la seiche.
• D'autres animaux comme la langouste ou
certains insectes ont un œil "multifacetté"
constitué par un arrangement de multiples
petites lentilles (voir l'image ci-contre),
chacune effectuant l'image d'une portion de
l'espace, le cerveau se chargeant d'en réaliser
la synthèse.
• Enfin, la pieuvre, certaines araignées et les
vertébrés (dont l'être humain) possèdent des
image d'œil de mouche (microscope
yeux qui fonctionnent comme une seule lentille
électronique)
convergente, formant une seule image réelle sur
un écran sensible, la rétine.

82
2.2 Anatomie de l'œil
a) Structure

La pupille agit comme un diaphragme de diamètre variable (2 à 8 mm) afin de contrôler la


quantité de lumière entrant dans l’œil.
L'œil peut en première approximation être modélisé par un simple dioptre sphérique (voir
l’exercice 2.8) : les indices de la cornée, du cristallin et de l'humeur vitrée sont en effet tous
voisins de 1,33 (l'indice de l'eau!). La seule courbure de la cornée permet bien d'expliquer la
convergence d'un faisceau parallèle.
L'ensemble {cornée + cristallin + humeur vitrée} donne alors d’un objet une image renversée
sur la rétine (cf. expérience de Scheiner citée plus haut).
Remarque : Pour simplifier les raisonnements, on considère souvent que l'œil est équivalent à
une lentille convergente située à une distance fixe de la rétine (~22 mm). En effet, on peut
montrer que l'œil est assimilable à une lentille mince convergente un peu particulière: elle
sépare deux milieux différents, avec des distances focales objet et image différentes…

La rétine est constituée de cellules photosensibles : les cônes et les bâtonnets (voir le chapitre
4 pour plus de détails sur les cônes). L’ensemble {rétine + nerf optique} code l’image sous
forme d’influx nerveux et le transmet au cerveau qui l’interprète : retournement de l’image, et
impression de relief grâce aux informations transmises par les deux yeux. L’endroit où arrive
le nerf optique est dépourvu de cellules réceptrices et constitue donc une zone aveugle de la
rétine.
Expérience 8 : la tache aveugle
Nous vous proposons maintenant une expérience amusante permettant de prendre
conscience de l'existence de votre nerf optique.

Fermez l'œil gauche, et regardez fixement la croix. Éloignez et rapprochez la feuille de


votre œil. Pour une certaine position de la feuille, le cercle doit disparaître de votre
champ de vision, et réapparaître quand on éloigne ou rapproche la feuille.

83
b) Accommodation
L’œil normal au repos ne voit nets que les objets situés à l’infini (punctum remotum, point le
plus éloigné en latin) : la distance focale de l’œil est alors égale à 22 mm (soit la distance
lentille-rétine).
Lorsque l’objet se rapproche, le cristallin augmente sa courbure (et ainsi, devient plus
convergent) par un jeu de muscles, pour maintenir une image nette au niveau de la rétine (voir
le dessin ci-dessous) : l’œil accommode. Cette augmentation de convergence est limitée, et on
note δ la distance à l’œil du point le plus proche que l’on peut voir net (punctum proximum,
point le plus proche). La distance δ varie beaucoup avec l’âge : quelques centimètres pour un
enfant, de l’ordre de 25 cm pour un adulte, plus d’un mètre pour les personnes âgées. Mesurez
le vôtre (avec et sans lunettes si vos yeux sont corrigés).

Expérience 9 (à réaliser par l’enseignant) : modélisation de l’accommodation de l’œil


Utiliser l’un des « modèles d’œil avec accommodation » de Jeulin pour simuler :
• un œil qui regarde un objet à l’infini (pas d’accommodation)
• un œil qui regarde un objet situé à distance finie (accommodation).

84
2.3 [EXAMTP] Défauts de l'œil

Les principaux défauts de la vision sont les suivants :


• La myopie : elle est causée par un œil légèrement trop long ou un cristallin trop
convergent. On a alors un décalage du punctum proximum vers les courtes distances, et le
punctum remotum se retrouve à distance finie : le myope ne voit bien que de près. La
myopie se corrige à l’aide de lentilles divergentes (voir ci-dessous).
• L’hypermétropie : elle est causée par un œil légèrement trop court ou un cristallin pas
assez convergent. On a alors un décalage du punctum proximum vers de plus grandes
distances (tandis que le punctum remotum devient virtuel...). Les hypermétropes voient de
loin, mais en accommodant (ce qui fatigue l’œil), et voient flou de près. L'hypermétropie
se corrige à l’aide de lentilles convergentes (voir ci-dessous).

œil myope œil myope corrigé

œil hypermétrope œil hypermétrope corrigé

• L’astigmatisme : l’œil n’a pas la symétrie de révolution autour de son axe. Donc même en
faisant un effort d'accommodation, l'image d'un point ne peut pas être obtenue.
• La presbytie : c’est une réduction naturelle avec l’âge de l’élasticité du cristallin et des
muscles qui le contrôlent. Le punctum proximum s’éloigne, alors que le punctum remotum
reste inchangé.

Expérience 10 : modélisation des défauts de l’œil


Prendre le « modèle d’œil simple » de Jeulin et simuler :
• un œil myope qui regarde un objet éloigné, sans correction
• un œil myope qui regarde un objet éloigné, avec correction
Faire de même dans le cas d’un œil hypermétrope.

85
Expérience 11 :
Si vous avez un défaut de vision et que vous portez des lunettes, déterminer si vos
verres sont convergents ou divergents (grâce à la méthode utilisée jusqu’à présent
pour reconnaître les lentilles convergentes et divergentes) et vérifiez que la
connaissance que vous avez de votre défaut visuel est compatible avec les
explications qui précèdent.

Expérience 12 :
Si vous êtes myope, regardez sans vos lunettes à travers un petit trou.
Que constatez-vous et comment l'expliquer?

Encadré : l’histoire des lunettes


Depuis un peu plus de 700 ans, l'être humain est en mesure
d'améliorer sa vision. Dans l'Antiquité (comme le rapporte Pline
l'Ancien), des "pierres de lecture" telle que l'émeraude furent
utilisées comme loupes. Ce n'est que vers la fin du 13ème siècle, date
à laquelle des inventeurs vénitiens mirent sur le marché des "bésicles
clouantes", que les aides visuelles eurent un écho croissant (au
départ, elles étaient surtout répandues chez les érudits, les
philosophes et les médecins). Les lunettes sous leur forme actuelle
furent inventées en Angleterre autour de 1850.

86
Encadré : La photographie
Photographier signifie de manière étymologique « dessiner avec la lumière ».
Avant la naissance de la photographie (1827), la seule manière de produire des images
passait par la main de l’homme ou de l’artiste. La photographie a créé une petite
révolution dans les techniques d’art et de représentation des images, car elle utilise
comme ingrédient principal la lumière, la main de l’homme étant beaucoup moins
indispensable. De nos jours, la photographie, grâce à l’évolution technologique de
l’appareil photo, est devenue une activité accessible à tous, elle s’est « démocratisée »,
et pas besoin d’être un artiste ou un professionnel de la photographie pour faire des
« photos ». Notre société moderne est devenue un monde d’images où la photographie
est très présente (par exemple c’est une fonction intégrée dans notre téléphone
portable), et cependant les notions d’optiques qu’elle implique ne sont pas toujours
complètement assimilées.

L’appareil photo
Un appareil photographique est constitué d’un objectif (association de lentille(s)
permettant de former l’image et qui peut se déplacer par rapport au capteur pour placer
cette image sur le capteur et avoir alors une image nette) et d’un boitier dans lequel se
trouve le capteur qui produira la photographie (Fig. 1). Les premiers capteurs étaient
constitués d’un support photosensible à base de
nitrate d’argent (photographie argentique) et ont
été remplacés progressivement par des capteurs
silicium dopés permettant de transformer les
photons en électrons (Charge-Coupled Device ou
CCD). Le détecteur est constitué d’un
assemblage de ces capteurs miniaturisés
(quelques µm de dimension) pour former une
matrice. Chaque capteur représente un pixel de
l’image (il y a plutôt 3 capteurs par pixel, pour le
rouge, le vert, et le bleu, cf chap. 4). Cette
évolution de la microélectronique a permis de
rendre la production d’images plus rapide et
efficace (plus besoin des bains chimiques pour le
Figure 1 : Schéma simplifié de
développement des photos), de pouvoir stocker
l’appareil photographique.
les images de manière informatique pour
finalement passer à l’ère du numérique.

En conclusion, on peut schématiser un appareil photo, du point de vue de l’optique


géométrique, par l’association d’une lentille mince de focale f’ (qui correspond à la focale
de l’objectif), d’un diaphragme pour simuler l’ouverture de l’objectif et d’un écran de
dimension fini pour modéliser le capteur (Fig. 1). Pour la mise au point, généralement
l’objectif peut se déplacer par rapport au capteur ce qui permet d’avoir des images
nettes que le sujet soit proche (quelques mètres) ou à l’infini.

87
Champ visuel et photographie
Notre vision est basée sur la mesure d’angle et non pas sur la mesure de
dimension ou de distance d’un objet. Par exemple, lorsqu’on regarde un objet de hauteur
H positionné à une certaine distance, nous voyons cet objet sous un angle α = 1

arctan(H/D) (Fig. 2). Si l’objet est 2 fois plus proche, on verra l’objet plus gros (il
occupera plus de place dans notre champ visuel) sous un angle α = arctan(2H/D) mais la
2

dimension H de l’objet ne change pas. Le grossissement peut alors se définir par le


rapport des 2 angles α2 /α1.

Figure 2 : Angle sous lequel on voit un objet en fonction de sa distance.

Rapidement, l’appareil photographique s’est développé pour retranscrire la réalité


(c’est à dire ce que nous voyons avec nos yeux ou proche de notre champ visuel). Les
standards de la photographie ont donc défini la focale normale qui correspond à peu-
près au champ visuel que notre œil peut nous donner si l’appareil était placé au même
endroit que l’œil pour faire la photographie.

Figure 3 : Objectif 50 mm et champ visuel

Pour un format de capteur standard (24mm x 36mm) utilisé dans les boitiers
d’appareil reflex, la focale normale est de 50 mm, ce qui correspond au champ visuel
couvert par une photo de 10 cm x 15 cm observée à 20 cm (Fig. 3). Dans ce cas, l’image
obtenue respectera les perspectives de notre vision (α≈0.45 rad, proche de
arctan(24/50)). Cet objectif est généralement utilisé pour réaliser des portraits, car il
ne déforme pas trop les proportions des visages.

88
Notion de téléobjectif et grand angle
Les objectifs à longues focales (téléobjectifs) sont des objectifs avec une focale
supérieure à 50 mm. Dans ce cas, l’angle sous lequel on voit notre objet, α’=arctan(24/f’),
est plus petit que pour une focale normale (car f’>50mm), ce qui correspond à voir notre
objet plus gros sur l’image du capteur (Fig. 4 et 5). On constate que c’est bien la
distance objectif-capteur qui définit le champ angulaire. Dans ce cas, le grossissement
est défini par le rapport du champ angulaire de l’objectif de 50 mm sur le champ
angulaire de l’objectif (α50mm/αobj). Plus l’objectif est longue focale, plus le
grossissement est fort et plus les effets de perspectives sont diminués (moins d’effets
de distorsion). On peut trouver dans le commerce des téléobjectifs avec une focale de
600 mm (grossissement 12) mais ce sont les objectifs les plus chers qui existent.

Figure 4 : Comparaison objectif 50 mm et objectif 100 mm

Les objectifs à courtes focales (< 50 mm) correspondent aux objectifs « grand
angle » (Fig. 5). En effet, on comprend par exemple qu’un objectif 24 mm possède un
angle de vue plus grand qu’un objectif 50 mm (α’>α). Avec ce type d’objectif, on pourra
facilement faire des prises de vue d’un paysage, d’un bâtiment ou d’un monument en
entier. Par contre, les effets de distorsion seront très prononcés sur les bords de
l’image provoquant parfois des effets de perspective amusants.

Figure 5 : Comparaison de photos prises avec des objectifs de différentes distances focales

Dans tous les cas, quelle que soit la focale (longue, normale, courte), les objectifs
permettent d’obtenir une image sur le capteur qui sera toujours plus petite que l’objet
photographié, c’est à dire que le grandissement (taille image/taille objet) sera toujours
plus petit que 1 (à ne pas confondre avec le grossissement qui correspond à un rapport
d’angle comme on vient de le voir). On peut imaginer la taille du capteur pour qu’une
personne soit représentée en entier si le grandissement était égal à 1. Il existe un seul
type d’objectif capable d’avoir un grandissement égal à 1 (ou supérieur), c’est l’objectif
macro.

89
La macrophotographie
La macrophotographie, plutôt connue sous le terme macro, est la technique
permettant de photographier des objets avec un grandissement de 1 à 10 c’est à dire
avec un rapport de 1:1 jusqu’à 10:1 (où le premier chiffre correspond à la taille image et
le deuxième chiffre à la taille objet). D’une manière générale, les objectifs macro sont
capables de faire des photographies normales (avec un grandissement < 1 comme
expliqué précédemment) grâce aux réglages de la mise au point et peuvent aller jusqu’à
un rapport de 1:1 maximum. Très peu de marque propose des objectifs allant à un
rapport de 10:1. D’ailleurs plus le grandissement est grand plus la distance objectif-
capteur est grande ce qui pose rapidement un problème d’encombrement et de lourdeur
de l’appareil. De plus, pour faire une image avec un rapport 1:1, il faut que l’objectif soit
à 2f’ de l’objet, par exemple pour un 50 mm, il faut approcher à 100mm (Fig. 6), ce qui
n’est pas toujours facile lorsqu’on veut photographier des insectes ou petites bêtes qui
sont vites effrayés quand on approche. Pour un grandissement de 2, on diminue la
distance d’approche à 1.5 f’ et l’encombrement de l’appareil passe à 3f’. On imagine
facilement comment il sera difficile avec un grandissement de 10 d’approcher à quelques
millimètres une abeille ou un papillon sans le faire partir.

Figure 6 : Schéma optique d’un objectif macro avec un rapport 1:1 et 2:1

90
3. Association de lentilles, instruments d'optique
La plupart des instruments d'optique sont constitués d'une association d'un certain nombre de
lentilles convergentes ou divergentes, sur un même axe optique. Bien sûr, nous nous plaçons
toujours dans les conditions de Gauss.
Il existe de multiples possibilités d'associations de lentilles, suivant que les lentilles sont
convergente(s), divergente(s), suivant la distance entre les lentilles… En guise d'introduction
au sujet, nous étudierons seulement ici deux cas particuliers.

3.1 [EXAMTP] Lentilles accolées


Expérience 13 : deux lentilles convergentes accolées
Accoler deux lentilles convergentes dont vous connaissez les distances focales. Le
système est-il convergent ou divergent? Commenter.

On peut montrer (voir l'exercice 3.5) que, pour un système de deux lentilles minces L1 et L2
accolées utilisées dans les conditions de Gauss, on a :
1 1 1
!
= !+ !
𝑓 𝑓! 𝑓!
où f' est la distance focale image du doublet de lentilles, et f'1 (resp. f'2) est la distance focale
image de L1 (resp. L2).

Mesurer la distance focale du doublet et vérifier la relation ci-dessus. Préciser la


méthode utilisée.

Expérience 14 : mesure de la distance focale d'une lentille divergente


Déduire de ce qui précède une méthode de mesure de la distance focale d'une lentille
divergente, et l'appliquer à celle de votre table.
Méthode :

Résultat :
f' = ±

91
Expérience 15 (facultative)
Si vous portez des lunettes, mesurez la focale de l’un de vos verres. Déduisez-en la
!
vergence, définie par : 𝐶 = . Elle s’exprime en dioptries (δ), unité équivalente à m-1, f’
!!
étant en mètre.

3.2 Lentilles non accolées : exemple du téléobjectif


Nous allons voir ci-dessous un exemple, qui est celui du principe du téléobjectif. Celui-ci est
utilisé en photographie et en cinématographie pour obtenir un grossissement important d'un
objet éloigné, avec un encombrement raisonnable.
Expérience 16 : téléobjectif (∗)
Nous allons ici simuler un téléobjectif. Faites l'expérience qualitativement afin de
comprendre son principe de fonctionnement et faites les mesures quantitatives (d, A’B’,
d’, e et A’’B’’, cf tableau récapitulatif p. 95) afin de pouvoir montrer l’intérêt d’un
téléobjectif par rapport à un objectif simple.
1) Dans un premier temps, nous allons simuler un objet "à l'infini" que l’on pourra
ensuite observer à l’œil, avec un objectif, ou avec un téléobjectif.
Choisir une diapositive représentant une peinture ou une photo. Prendre la lentille
convergente de plus courte focale (notée L1).
• Où doit-on placer l'objet (noté AB) par rapport à la lentille L1 pour que
l’ensemble {AB+L1} simule un objet à l'infini ?
• Faire ci-dessous le schéma correspondant à l'expérience.
Ne plus toucher à ce montage pour la suite, il modélisera l’objet à l’infini.

Eventuellement, pour visualiser le champ de vue par l’œil de cet objet


simulé à l’infini, vous pouvez observer en plaçant votre œil juste derrière
L1 (attention : pour ne pas être trop ébloui, placer un verre dépoli derrière
la diapositive). Dessinez approximativement ci-contre le champ de vue de
l’œil en regardant au travers de L1 (en respectant les proportions de
l’image dans le champ de vue, l’image ne doit normalement pas remplir
tout le champ de vue). Pensez à ensuite enlever le verre dépoli.

92
2) Un objectif photographique simple est équivalent à une seule lentille convergente.
Dans un premier temps, prendre la deuxième lentille convergente (notée L2, on
notera sa focale f'2) pour simuler cet objectif et réaliser l'image A’B’ sur l'écran de
l'objet à l'infini précédemment constitué. Attention à placer L2 près de L1 pour que
ce ne soit pas le diamètre de L2 qui limite le champ de vue.
• Faire ci-dessous le schéma de cette expérience.

Encombrement de l’objectif simple :


L'encombrement de l’objectif simple, noté d, est la distance entre l’objectif L2 et le
capteur de l’appareil photo (= l’écran dans votre cas).
• Mesurer d. Que vaut-il par rapport à f'2 la distance focale de L2 ?
d=

Lien entre champ de vue et distance focale de l’objectif simple :


• Représenter sur le schéma α, l’angle sous lequel l’objet à l’infini est vu avec
l’appareil photo (angle que font les rayons provenant de B avec l’axe optique).
• Exprimer α en fonction de f’2 et A’B’. En déduire que la taille de l’image A’B’ est
proportionnelle à la distance focale de l’objectif.
• Mesurer une taille caractéristique A’B’ sur l’image formée par l’objectif simple.
A’B’ =

Le champ de vue est la portion d’espace qui est saisie par l’appareil photo et délimité
par le cadre de la photo. Il dépend de 2 paramètres : la distance focale de l’objectif et
la taille du capteur de l’appareil photo. En effet, suivant la distance focale f'2 de
l’objectif, l’image d’un objet lointain sera plus ou moins grande. Dans un appareil photo,
la taille du capteur est fixe et délimite le champ de vue de la photo.
Plus la focale d’un objectif est grande, plus l’image formée sera grande, plus le
champ de vue délimité par le capteur sera petit et resserré sur une zone de
détails de l’image, et plus le grossissement sera important (cf Fig. 5 de l’encadré
p. 89).
Placer un bout de carton de dimension 24 mm x 36 mm sur l’écran.
Ce carton simule le capteur de l’appareil photo (24x36mm est la
dimension standard des capteurs d’appareil photo reflex, cf encadré
sur la photographie). Dessiner ci-contre le champ de vue de la photo
qui serait obtenue sur le capteur avec cet objectif simple de distance
focale f'2.

93
3) Un moyen d’avoir un fort grossissement de l'image (et donc un champ de vue
resserré), tout en ayant un encombrement plus faible que celui obtenu avec un
objectif simple à grossissement équivalent, consiste à intercaler entre L2 et l'écran
une lentille divergente notée D (dont vous connaissez la focale f'D pour l'avoir
mesurée précédemment).
• Placer la lentille D après L2 telle qu'on ait une image nette sur
l'écran (déplacer l'écran!).
Placer le bout de carton de dimension 24 mm x 36 mm simulant le
capteur de l’appareil photo et dessiner ci-contre le champ de vue obtenu
avec ce téléobjectif.
• Faire ci-dessous le schéma de cette expérience.

Encombrement du téléobjectif :
L'encombrement du téléobjectif est défini par la distance entre L2 et l'écran, notée d’.
• Mesurer cette distance d’ entre L2 et l'écran.
• Mesurer également la distance entre les lentilles L2 et D, notée e.
d’ = e=

Comparaison du téléobjectif avec l’objectif simple (à faire en TD avec l’ex 3.7 si


temps insuffisant) :
• Que constatez-vous concernant l’image formée avec ce téléobjectif par rapport
à celle formée à l’objectif simple ?
• Pour quantifier l’augmentation du grossissement et de la taille de l’image
obtenue avec le téléobjectif que vous avez construit par rapport à l’objectif
simple de l’étape précédente, mesurer la longueur caractéristique A’’B’’ sur
l’image et calculer le rapport A’’B’’/A’B’.
• Cela semble-t-il cohérent avec les champs de vue dessinés ci-dessus avec
l’objectif simple et le téléobjectif ?

A’’B’’ = A’’B’’/A’B’ =

94
L’image obtenue avec le téléobjectif a été agrandie d’un facteur A’’B’’/A’B’ par rapport à
celle obtenue avec l’objectif simple.
• De combien aurait-il fallu augmenter la distance focale f’2 de l’objectif simple
pour obtenir la même photo qu’avec le téléobjectif ?
• Quel aurait alors été l’encombrement d’un tel objectif simple ? Comparer cette
valeur à l'encombrement d’ du téléobjectif et conclure sur l'intérêt du
téléobjectif.

Tableau récapitulatif :
Objectif simple Téléobjectif
f'2 = f'D =
d= d’ = e=
A’B’ = A’’B’’ =
=> « zoom » du téléobjectif par rapport à l’objectif simple :
A’’B’’/A’B’ =

Encombrement et distance focale d’un objectif simple pour obtenir le même


grossissement/taille d’image qu’avec le téléobjectif : f' =

Voir l'exercice 3.8 pour compléter l'interprétation de cette expérience.

95
Encadré : les instruments d’optique
Il s’agit d’objets construits par l’homme permettant de réaliser des images optiques. On
les classe en deux catégories :
• les instruments visuels : ils fournissent une image virtuelle regardée par l’œil. Ils
servent soit à la vision rapprochée (loupe, microscope), soit à la vision d’objets
éloignés (jumelles, lunette, télescope)
• les instruments de projection : ils forment une image réelle sur un écran ou sur un
détecteur (vidéoprojecteur, objectif d’appareil photo).
Pour comparer ces instruments entre eux, on utilise les notions de :
• grandissement: donne la taille de l’image par rapport à celle de l’objet
• grossissement : compare l’angle sous lequel on voit l’objet à l’œil nu quand il est placé
au punctum proximum avec celui sous lequel on voit son image donnée par l’instrument
• champ : définit la portion de l’espace visible à travers l’instrument
Ils peuvent être composés soit d’une seule lentille (loupe), soit d’associations de lentilles
(lunette, microscope), soit de miroirs uniquement (télescope), soit d'association
lentille(s)/miroir(s)….

• Le microscope aurait été inventé en Hollande à la fin du XVIe siècle. Au XVIIe,


Leeuwenhoek est le premier à observer des cellules et des micro-organismes avec un
microscope. Un microscope comprend deux lentilles : un objectif de courte focale
(typiquement de l’ordre du cm) qui forme une image fortement agrandie de l’objet.
Cette image est par construction dans le plan focal objet de l’oculaire, qui en donne
donc une image à l’infini (donc que l’œil peut regarder sans accommoder). Lorsqu’on
fait la mise au point, on déplace l’ensemble (objectif + oculaire) de telle sorte à
amener l’objet « au bon endroit » pour que son image intermédiaire par l’objectif soit
bien dans le plan focal objet de l’oculaire. Le chiffre indiqué sur l’objectif est le
grandissement de l’objet lorsqu’il est situé à cette position particulière.

B A'
A F1 F'1 F2
F'2

B'
objectif

oculaire

principe du microscope photo d’un microscope

96
• La lunette aurait été inventée en Hollande également, au début du XVIe siècle, et
utilisée pour la première fois par Galilée à des fins d’observations astronomiques.
Elle est formée également d’une association de deux lentilles. Elle fonctionne un peu
à l’inverse du microscope : comme elle sert à regarder des objets très éloignés, la
première lentille (objectif) est de grande focale et la deuxième (oculaire) de courte
focale. C’est un système afocal : ceci signifie que le foyer image de l’objectif est
confondu avec le foyer objet de l’oculaire. Ainsi, l’image d’un objet très éloigné est
située dans le plan de ce foyer commun à l’objectif et à l’oculaire, et l’image
résultante est à l’infini, ce qui évite là aussi à l’œil d’accommoder.

principe de la lunette photo d’une lunette


Essayez de fabriquer une lunette avec les lentilles à votre disposition, afin d’observer
un objet éloigné !
• Le télescope : voir l'encadré du chapitre 2, et l’expérience 3 du chapitre 2.
• L’appareil photo : à l’époque de la Renaissance les peintres utilisaient la chambre
noire (simple petit trou percé dans une paroi, permettant de projeter l’image d’une
scène extérieure). Son principal inconvénient était le manque de luminosité. Puis on
eut l’idée d’utiliser une lentille, qui améliore considérablement la luminosité. Le
problème devint alors de fixer l’image, ce qui fut réussi par Niepce en 1822. Depuis
quelques années le support pour enregistrer l’image est non plus argentique mais le
plus souvent numérique (voir encadré « La photographie »).
Dans un appareil photo, l’objectif est équivalent à une seule lentille convergente. On
peut mettre en évidence la profondeur de champ en utilisant un diaphragme accolé à une
lentille mince convergente. Faites-le !

97
Résumé du chapitre 3
Lentilles
Une lentille est un corps transparent homogène d’indice n, limité par deux dioptres dont l’un
au moins n'est pas plan, l’autre face pouvant être plane ou sphérique. Dans le cas de lentilles
minces utilisées dans les conditions de Gauss on peut trouver la relation donnant la position
de l'image A' d'un point objet A en appliquant deux fois la relation de conjugaison d'un
dioptre, en appelant O le centre de la lentille, F le foyer objet et F’ le foyer image :
1 1 1
− =
𝑂𝐴′ 𝑂𝐴 𝑓′
(Relation de conjugaison avec origine au sommet)
𝐹𝐴. 𝐹′𝐴′ = 𝐹𝑂. 𝐹′𝑂′ = −𝑓′!
(Relation de conjugaison avec origines aux foyers, dite de Newton)

On définit également le grandissement (linéaire) de l’image par rapport à l’objet :


𝐴! 𝐵 ! 𝑂𝐴′
𝛾 ≝ Et pour les lentilles, on a également: 𝛾 =
𝐴𝐵 𝑂𝐴
Pour un système de deux lentilles minces L1 et L2 accolées utilisées dans les conditions de
Gauss, on a :
1 1 1
= +
𝑓 ! 𝑓!! 𝑓!!
où f' est la distance focale image du doublet de lentilles.

Les rayons particuliers pour les constructions avec une lentille sont :
Point particulier Rayon incident sur la Propriété du rayon émergeant de la lentille
lentille ayant une (direction passant par B’)
direction passant par le
point objet B et …
Centre optique O passant par O Rayon émergeant sans être dévié
Foyer objet F passant par F Rayon émergeant parallèle à l’axe optique
Foyer image F’ arrivant parallèle à Rayon émergeant avec direction passant par F’
l’axe optique

L’œil humain
L'œil peut en première approximation être modélisé par un simple dioptre sphérique. Pour
simplifier, on considère que l’œil fonctionne comme une seule lentille convergente de focale
variable, située à une distance fixe de la rétine (environ 22 mm). L’œil normal au repos ne
voit nets que les objets situés à l’infini. Lorsque l’objet se rapproche, le cristallin augmente sa
courbure (et ainsi, devient plus convergent).
Les principaux défauts de la vision sont les suivants : la myopie, l’hypermétropie,
l’astigmatisme et la presbytie.

98
CHAPITRE 4 : SPECTROSCOPIE ET COULEURS

arc-en-ciel

Salles : « images» 100 ou 102

99
SOMMAIRE DU CHAPITRE 4 : SPECTROSCOPIE ET COULEURS

1. INTRODUCTION : COULEURS ET NATURE DE LA LUMIERE 102


2. DISPERSION 104
2.1 [EXAMTP] Dispersion de la lumière blanche par un prisme 104
a) Expériences 104
b) Interprétation de la dispersion 105
2.2 Couleur et longueur d'onde du physicien 106
2.3 Et l'arc-en-ciel ? 107
3. SPECTROSCOPIE 109
3.1 Définition 109
3.2 [EXAMTP] Spectres de raies 110
4. LA COULEUR DES OBJETS 114
4.1 De quoi dépend la couleur d'un objet ? 114
4.2 Les sources de lumière 115
a) Les lampes à incandescence 115
b) Les lampes spectrales ou lampes basse pression 116
c) L’émission de fluorescence 116
d) Autres origines physiques : électroluminescence, chimiluminescence, bioluminescence 116
4.3 Interaction lumière-matière : absorption 117
a) [EXAMTP] Spectre de transmission d’un filtre coloré 117
b) Caractérisation de l’absorption de la lumière par un objet 118
4.4. L'œil et la vision des couleurs 120
4.5 Synthèse des couleurs 122
a) Synthèse additive 122
b) Synthèse soustractive 125

100
Matériel à votre disposition par table

• 1 Source de lumière blanche


• 1 écran
• 1 petit miroir plan
• 1 prisme avec son support
• 1 fente de largeur variable
• 1 lentille convergente
• 5 pieds
• 1 jeu de 6 filtres colorés (bleu, rouge, vert, cyan, jaune, magenta)
• 1 lampe Hg
• 1 lampe « X »
• 1 grande boîte de rangement
• 1 lampe de table

Matériel pour l'enseignant


• 1 Source lumineuse blanche puissante (lampe à filament)
• Sphère transparente ou « goutte »
• 1 poster avec les spectres de raies de différents éléments
• 1 spectromètre numérique + fibre optique + ordinateur portable + étalons blanc et noir
+ 1 jeu de papiers de couleur
• 1 Rétroprojecteur + 1 « plaque » synthèse additive + 1 « plaque » synthèse
soustractive + dispositif avec 3 miroirs orientables sur pied
• (1 dispositif « disque de Benham »)

101
1. Introduction : couleurs et nature de la lumière
Pendant près de vingt siècles, physiciens et philosophes se sont interrogés sur la nature de la
lumière et ont tenté d’expliquer les couleurs (voir l'encadré page suivante). Le philosophe
latin Sénèque avait déjà noté, au début de notre ère, que les couleurs de l’arc-en-ciel étaient
les mêmes que celles obtenues en faisant passer la lumière du soleil à travers un morceau de
verre taillé de façon à comporter trois angles : on a là l’une des premières utilisations du
prisme pour l’étude des couleurs.
Le prisme sera utilisé par de grands savants comme Descartes ou Grimaldi, au XVIIe siècle,
mais il faudra attendre Isaac Newton et ses expériences historiques d’analyse de la lumière
pour comprendre que la lumière « blanche » est composée de « lumières élémentaires
homogènes ».

La notion de couleur est reliée à l'effet perçu par l'œil, c'est une notion complètement
subjective et spécifique à l’espèce humaine. On appelle couleur la combinaison de l’intensité
détectée par les photo-récepteurs de la rétine en fonction de la fréquence optique et de
l’interprétation qui en est réalisé par notre cerveau. C'est une notion perceptive : nous y
reviendrons dans ce chapitre.

Dans une première partie, nous allons nous intéresser au phénomène de dispersion par un
prisme. Nous verrons ensuite les couleurs de la lumière liée à la dispersion, telle qu'elles nous
apparaissent dans l'arc-en-ciel ou dans le jeu de la lumière sur des verres ou d'autres corps
transparents.
Dans une deuxième partie, nous nous intéresserons à la spectroscopie qui est une méthode qui
consiste à étudier l’intensité lumineuse détectées, en émission ou en réflexion, en fonction de
la longueur d’onde.
Enfin, nous étudierons le phénomène de couleur. Nous verrons qu’il s’agit d’un phénomène
qui fait intervenir trois partenaires (la source lumineuse, l’objet et l’œil) et nous verrons
comment chacun a une influence sur la couleur perçue des objets. Enfin, nous verrons
quelques applications de la couleur dans la vie courante.

102
Encadré : les couleurs au fil du temps
Une question qui a longtemps préoccupé les philosophes et scientifiques est celle de savoir d’où
proviennent les couleurs observées dans le ciel lors de l’apparition d’un arc-en-ciel.

Dans l’Antiquité, Aristote (384-322 av JC) avance une théorie qui perdura pendant de nombreux
siècles, celle de la modification de la lumière blanche. Cette théorie consiste à dire qu’une
lumière colorée est un mélange de lumière blanche et d’ombre, la quantité d’ombre incorporée
augmentant avec l’épaisseur de matière traversée. Les couleurs étaient ainsi classées en fonction
de l’impression subjective de plus ou moins grande luminosité sur un axe allant du blanc au noir
(qui sont des couleurs à part entière), en passant par le jaune, le rouge, le vert, le bleu et le
violet.

Cette théorie de la modification de la lumière blanche fut aussi utilisée pour expliquer
l’apparition des couleurs créées lors du passage de la lumière à travers un prisme (de Dominis,
1611). Le prisme est perçu comme un élément qui introduit de l'opacité : ainsi les couleurs
obtenues à la sortie du prisme correspondent chacune à une épaisseur traversée différente (et
effectivement, le rouge est plus proche du sommet du prisme que le bleu…).

Newton cherchant à construire une théorie "atomique" de la lumière a l'idée que la réfraction
d'un rayon peut dépendre de sa couleur. Pour le vérifier, il réalise plusieurs expériences avec des
prismes13.

Il obtient les différentes couleurs à l'aide d'un premier prisme, et il a l’idée de recevoir « les
rayons purement rouges » sur un second prisme (figure ci-dessous, gauche). Il n’apparaît pas
d’autre couleur que le rouge! Il opère de même avec le bleu : les « rayons purement bleus (y)
subissent vraiment une plus grande réfraction avec le deuxième prisme que les rouges ». La
théorie de la modification, qui prévoit un changement de couleur puisque l’épaisseur de verre
traversé est plus grande, est mise en défaut. Il prend alors plusieurs prismes et fait tomber sur
eux autant de rayons de lumière blanche : il observe que le rouge est toujours moins dévié, le
bleu toujours plus. Dans la zone de l’écran où se superposent les couleurs, il observe du blanc (fig.
ci-dessous, droite)

Expériences de Newton
Il est ainsi le premier à comprendre (même si cela nous paraît "évident" aujourd'hui…) que "La
blancheur de la lumière solaire résulte de toutes les couleurs primitives mêlées dans une juste
proportion.

13
Ces expériences cruciales pour l'optique furent réalisées au cours d'un séjour forcé à la campagne en 1665. Il a
en effet été obligé d'interrompre ses études à Cambridge à cause de la peste qui s'était abattue sur la ville.
103
2. Dispersion
Newton a fait de nombreuses expériences avec des prismes de verre. En effet, certains verres
permettent d'obtenir une dispersion des couleurs, et la forme du prisme permet de faire des
études quantitatives.
Nous avons déjà vu la déviation des rayons lumineux par un prisme dans le cas d’une lumière
monochromatique dans le chapitre précédent ; nous allons ici voir le comportement d’un
faisceau de lumière blanche lorsqu’il traverse un prisme.
2.1 [EXAMTP] Dispersion de la lumière blanche par un prisme
a) Expériences
Expérience 1 (à réaliser par l’enseignant) : Décomposition par un prisme de la lumière
blanche émise par une lampe à filament.
Quelle est la couleur la plus déviée ? La couleur la moins déviée ?

Dans cette expérience, on observe deux phénomènes : la déviation et la dispersion de la


lumière. Définir ces deux termes.

Expérience 2 : Décomposition par un prisme de la lumière émise par une LED


« blanche »
Allumez la source de lumière blanche. Placez une fente de largeur réglable à la suite et
assurez-vous qu’elle est bien en face de la lampe. Réglez la tirette de façon à éclairer
complètement la fente.
Placez la lentille mise à votre disposition à distance de la fente. Placez alors un écran
à la suite et déplacez-le jusqu’à obtenir l’image nette de la fente sur l'écran. Vous
pouvez jouer sur la taille de celle-ci en rapprochant ou en éloignant la lentille de la
fente, et en recherchant la netteté en déplaçant l’écran. Soignez à chaque fois
l’alignement de l’ensemble des éléments présents : il peut être nécessaire d’ajuster
aussi les hauteurs avec les pieds à vis de la fente ou de la lentille.
Interposez alors, entre la lentille et l’écran, un prisme placé sur un plateau sur pied, de
façon à ce qu’une de ses faces soit dans le faisceau incident. Ajustez la hauteur si
nécessaire. Tournez le prisme et recherchez le faisceau émergent en déplaçant l’écran
autour du prisme.
Quelle différence observez-vous avec le spectre de la lumière blanche émise par une
lampe à filament ? Reproduisez (en couleur) ce que vous voyez sur l’écran.

104
Tourner le prisme sur lui-même autour d'un axe vertical et constater l'existence d'un
minimum de déviation. Est-ce que le minimum de déviation est le même pour toutes les
couleurs ?

Élargir la fente, puis la rétrécir. Quel est l’effet sur le spectre ? Quel est l’intérêt d’utiliser
une fente fine pour la spectroscopie ?

b) Interprétation de la dispersion
Par ses expériences, Newton a montré que les couleurs à la sortie du prisme n'étaient pas
créées par le prisme qui aurait "modifié" la lumière, mais celui-ci avait "simplement" séparé
les différentes composantes contenues dans la lumière du Soleil.
Sur le schéma ci-dessous, tracez la propagation des rayons rouge et bleu.

Faisceau de lumière blanche

105
La séparation des couleurs, si vous l'avez obtenue avec un prisme, vient de ce qu'à chaque
dioptre il y a une séparation des composantes chromatiques. Le jeu des deux dioptres formant
un angle permet en quelque sorte, d'amplifier le phénomène du fait des deux réfractions
successives à l’entrée et à la sortie du prisme.
Cela signifie donc que l'angle de réfraction dépend de la couleur. De manière plus rigoureuse
d’un point de vue physique, on peut donc dire que l'indice de réfraction dépend de la
fréquence de l'onde14. En effet, toutes les longueurs d’onde qui compose le faisceau de
lumière blanche arrivent sur le prisme avec le même angle d’incidence sur le dioptre et sont
dispersées en sortie de ce dernier.
Montrer que cela implique nécessairement pour les indices que nBleu > nRouge (faites un
dessin). Voir aussi l'exercice 4.2.

Si l'on regarde les valeurs d'indice mesurées avec précision, cette dépendance est faible dans
le cas d'un prisme standard de verre, comme le montre le tableau ci-dessous.
Longueur d'onde dans Indice
le vide (nm)
400 1.5242
600 1.5095
800 1.5043

Pour utiliser des prismes pour l'étude de la dispersion, on utilise des verres spéciaux appelés
"crown".

2.2 Couleur et longueur d'onde du physicien


Nous avons vu précédemment qu’un prisme disperse les différentes longueurs d’onde qui
compose une source blanche. Chaque longueur d’onde15 est déviée d’un angle différent et
nous retrouvons ainsi les couleurs de l’arc-en-ciel (le cas de l’arc-en-ciel est abordé en détail
dans le paragraphe suivant). A chaque angle de déviation, il est possible d’associer une
longueur d’onde, à laquelle nous associons une couleur perçue par notre système de vision. Il
s’agit dans ce cas de couleurs monochromatiques, dans le sens où chaque couleur est associée
à une longueur d’onde.

14
Attention à la phrase classique "l'indice dépend de la longueur d'onde", car elle sous-entend qu'on parle de la
longueur d'onde dans le vide, c'est pourquoi nous préférons ici parler de dépendance en fréquence, qui est sans
ambiguïté.
15
Il s’agit de la longueur d’onde dans le vide. En toute rigueur, il vaut mieux parler de fréquence (cf. p. 14)
106
Le tableau ci-dessous donne les noms des couleurs "pures" associées à différents intervalles
de longueur d'onde du visible (couleurs de l'arc-en-ciel) :
Couleurs fréquences (1014 Hz) longueurs d'onde dans
le vide (nm)
Rouge 4,05 - 4,8 ~ 625-740
Orange 4,8 - 5,08 ~ 590-625
Jaune 5,08 - 5,31 ~ 565-590
Vert 5,31 - 5,77 ~ 520-565
Bleu 6 - 6,67 ~ 450-500
Indigo 6,67 - 6,97 ~ 430-450
Violet 6,97 - 7,89 ~ 380-430

Toutefois, il est important de retenir que, dans le cas général, une couleur perçue n’est pas
associée à une longueur d’onde unique. Il est même extrêmement rare d’observer des couleurs
monochromatiques. En particulier la couleur des objets qui nous environnent résulte d’un
mélange d’un grand nombre de longueur d’onde. Nous allons voir par la suite comment
caractériser et mesurer ce mélange.
2.3 Et l'arc-en-ciel ?
Expérience 3 (à réaliser par l'enseignant)
Envoyer un faisceau parallèle de lumière blanche sur une balle de jonglage en
plexiglas transparent. Observer la lumière renvoyée vers la source. Faire le schéma ci-
dessous de l'expérience, en notant bien l'ordre des couleurs que vous observez sur
l'écran.

Le phénomène que vous observez est à la base des arcs-en-ciel. C'est Descartes qui en a
donné le premier une interprétation satisfaisante. Celui-ci apparaît quand la lumière du soleil
tombe sur des gouttes de pluie, le soleil étant derrière l'observateur (vérifiez-le par vous-
même !). Descartes s'est rendu compte que la forme de l'arc ne dépendait pas de la taille des
gouttes, il a donc étudié le passage de la lumière à travers une seule grosse goutte (cf.
expérience précédente). Son expérience lui permit de conclure que la lumière entrant dans la
goutte d'eau sphérique était réfractée, réfléchie sur la paroi interne de la goutte, puis réfractée
à nouveau pour sortir de la goutte. Tout comme pour le prisme, il existe pour la goutte un
minimum de déviation. C’est dans la direction de ce minimum de déviation que la lumière
sera la plus intense, donnant ainsi naissance à l’arc-en-ciel (cf. exercice 4.3)
107
Par la suite, c'est Newton qui a expliqué la présence des différentes couleurs : c'est lui en effet
qui a compris que la lumière blanche était un mélange de couleurs (cf. plus haut l’encadré
« les couleurs au fil du temps »), et que les gouttes d'eau agissaient comme des prismes en
dispersant les différentes couleurs pour former l'arc-en-ciel.

Bande sombre

B
R
B
R
Intérieur lumineux
(blanc) de l’arc-en-ciel

Dispersion de la lumière par une goutte : un La lumière bleue est plus déviée que la lumière rouge.
pinceau de lumière blanche peut être L’arc bleu provient donc de gouttes qui sont plus
décomposé en ses différentes couleurs. basses que celles qui nous donnent à voir l’arc rouge !

Pour expliquer pourquoi on voit bien les couleurs dans la myriade de gouttes qui nous
renvoient de la lumière, et pourquoi il en résulte une forme en arc, il faut une analyse détaillée
qui sera faite à l’exercice 4.3.

Les autres arcs


Au-delà de l’arc primaire décrit précédemment, il est également possible d’observer parfois un
arc secondaire. Celui-ci présente la particularité d’avoir l’ordre des couleurs inversé par rapport
à l’arc primaire. Il trouve son origine dans une deuxième réflexion dans la goutte d’eau.

Entre ces deux arcs on peut observer une bande sombre, appelée bande d’Alexandre, du nom
d’Alexandre d’Aphrodise, philosophe grec. Elle est due à un déficit de lumière dans cette zone
qui se situe au-delà du minimum de déviation du rouge par les gouttes d’eau.

Enfin, on peut noter la présence d’arcs surnuméraires. Sous l'arc-en-ciel primaire on peut
parfois observer une alternance de franges violettes et vertes. Ces arcs surnuméraires sont des
figures créées par interférence sur des gouttes d'eau de taille semblable (~ 1 mm). On les
observe principalement au sommet de l'arc primaire.

Pour en savoir plus : http://www.atoptics.co.uk/rainbows/supers.htm


Pour une présentation historique de la polémique scientifique sur l'origine des arcs surnuméraires, lire
l'article « L'arc-en-ciel de la discorde » (Les Génies de la science N°26 - février - mai 2006).

108
3. Spectroscopie
3.1 Définition
§ Comment connaît-on la composition chimique des étoiles, des planètes, etc. ?
Comment a-t-on su, par exemple, qu'il y avait de l'eau sur Mars ou qu'il y en a sur
certains satellites de Jupiter, avant d'y envoyer des sondes (dans le cas de Mars)?
§ Comment un chimiste analyse-t-il les molécules produites par une réaction?
§ Comment caractérise-t-on quantitativement les couleurs afin d’être certain de les
reproduire exactement dans le cadre d’une production industrielle ? Cette question est
au centre des préoccupations de la fabrication des peintures et de nombreux produits
cosmétiques, mais aussi dans les industries agroalimentaire et textile…
Il est possible de répondre à ces questions en décomposant la lumière, qu’elle soit émise ou
réfléchie. La spectroscopie est une technique optique qui consiste à décomposer un
rayonnement suivant ses différentes fréquences. On représente alors cette information sous la
forme d'un spectre : un graphique qui présente l'intensité lumineuse reçue, en fonction de la
fréquence ou de la longueur d'onde.
En astrophysique, la lumière que les objets célestes nous envoient transporte beaucoup
d’information sur les conditions physiques qui y règnent. Il ne s'agit pas seulement de lumière
visible mais aussi de lumière couvrant d'autres domaines du spectre des ondes
électromagnétiques (radio, infrarouge, ultraviolet, X, gamma, etc. C'est ce qu'on appelle de la
spectroscopie d'émission.

Spectre d'émission dans le domaine infrarouge-submillimétrique : intensité


lumineuse en fonction de la longueur d'onde entre 200 et 660 microns, mesurée
par le satellite Herschel. Le spectre observé en direction de la nébuleuse d'Orion
(cf. image de droite dans le domaine visible) montre de nombreux pics : ce sont
des raies d’émission caractéristiques des molécules de monoxyde de carbone en
rotation sur elles-mêmes. On observe également les raies d’un de ses isotopes,
plus faible car moins abondant. La composante continue de l'émission
correspond à l'émission thermique des poussières interstellaires chauffées à des
températures de l’ordre de 20-50 K par le rayonnement émis par les étoiles.

En chimie de laboratoire, on fait passer de la lumière (ou des ondes électromagnétiques dans
une autre gamme de fréquences) à travers la solution dont on souhaite déterminer la
composition, et on analyse la lumière transmise par cette solution. C'est de la spectroscopie
d'absorption. Elle est aussi utilisée en astrophysique : on utilise alors des sources de lumière
intenses situées derrière le milieu que l’on veut sonder.

109
Spectre en transmission d’une solution de molécules organiques.
C’est le nombre d’onde σ =1/λ qui est indiqué en abscisse. Les
bandes d’absorption observées, caractéristiques des liaisons
chimiques, permettent d’identifier chaque espèce chimique en
solution, et de mesurer leur concentration.

Dans l’industrie textile ou dans l’industrie graphique, la lumière est envoyée sur la surface à
étudier : peinture ou autre revêtement de surface, encres d’impression. La lumière renvoyée
par cette surface (par réflexion diffuse) est décomposée puis analysée. C’est la spectroscopie
de réflexion.

3.2 [EXAMTP] Spectres de raies


Parmi les lampes qui permettent l'obtention de lumières colorées, vous avez sans doute
remarqué les éclairages jaune-orangé utilisés pour l’éclairage public au-dessus des carrefours
ou dans les tunnels. Il s'agit de lampes dont l'ampoule contient un gaz (dans ce cas du sodium)
et dont l'excitation va produire un rayonnement particulier.
Vous avez à disposition sur votre table, des lampes dites "spectrales basse pression" : il s’agit
de cylindres montés sur pied et reliés à un boîtier d’alimentation via un cordon.
Expérience 4 : Utilisation du prisme en spectroscopie
Choisir la lampe spectrale connue Hg (mercure). L'allumer, et attendre quelques
minutes pour qu’elle se stabilise en température.
À l'aide du même montage que précédemment (prisme et l’association d’une fente et
d’un écran), réaliser le spectre de la lampe choisie sur l'écran. Le décrire. Comme
toujours en spectroscopie, on se placera au minimum de déviation.
Élargir la fente, puis la rétrécir. D'après ces observations, la fente vous semble-t-elle
utile ? Expliquer son rôle dans le cas de la spectroscopie.
Quel est l’intérêt de se placer au minimum de déviation ?

110
Est-ce le spectre attendu pour cette espèce chimique ?

Remplacer désormais la lampe à mercure par la lampe « X » dont on souhaite


identifier la composition à partir de sa signature spectrale. Décrire le spectre obtenu.
Pouvez-vous identifier l’espèce chimique qui la compose.

Expérience 5 (à réaliser par l’enseignant) : utilisation d’un spectromètre numérique


Nous allons désormais utiliser un spectromètre numérique pour effectuer les spectres
des différentes sources de lumière. Ce spectromètre est calibré en longueur d’onde et
le résultat de la mesure est l’intensité (non calibrée), émise ou réfléchie en fonction de
la configuration expérimentale, en fonction de la longueur d’onde. Le résultat de la
mesure (le spectre d’émission de la source) est directement affiché sur l’ordinateur.
Le spectre de la lampe à mercure est alors de nouveau mesuré à l’aide du
spectromètre numérique. Correspond-il à ce que vous aviez observé dans la partie
précédente ?

Lampe à mercure
intensité
(unité arbitraire)

longueur d’onde
(nm)
380 480 580 680 780

Détermination qualitative d'un élément inconnu :


Mettre maintenant de nouveau la lampe "X" pour une caractérisation précise de son
spectre d’émission. Grâce à l'observation de son spectre, et au poster affiché dans la
salle donnant les spectres de différents éléments chimiques, essayer de trouver quel
élément se trouve dans cette lampe.

Lampe inconnue « X »
intensité
(unité arbitraire)

longueur d’onde
(nm)
380 480 580 680 780

111
Pour faire de la spectroscopie de manière quantitative, il est indispensable d’étalonner le
spectromètre. Pour cela on utilise des éléments connus dont on connaît les longueurs d’onde
des raies d’émission. Ensuite, après calibration, on peut mesurer des longueurs d'onde émises
par une source contenant des éléments à déterminer. On peut ainsi retrouver quels éléments
sont dans cette source (trouver de l'eau sur Mars, de l'hélium dans le Soleil, etc.)
Encadré : Spectres de raies et structure de l’atome
La principale différence que vous avez dû observer entre le spectre de la lumière blanche et celui
d'une lampe spectrale quelconque est que celui de la lumière blanche est continu (toutes les
longueurs d'onde y sont présentes en proportions variables), alors que celui d'une lampe
spectrale est discret : on parle aussi de spectre de raies.

Ø Spectre d’émission d’un gaz

En effet, dans le cas d’une lampe spectrale contenant un gaz donné, il y a une émission d’un
rayonnement à certaines longueurs d’onde spécifiques qui sont caractéristiques de l'élément
chimique contenu dans la lampe.

En physique quantique, les niveaux d’énergie d’un atome sont quantifiés (discrets), ce qui signifie
qu’un atome ne peut pas avoir n’importe quelle valeur d’énergie ; l’énergie ne peut prendre que
certaines valeurs bien précises, et il en est donc de même pour les énergies libérées ou
absorbées par un atome.

On peut illustrer ce fait sur le schéma suivant :

Sur le dessin ci-dessus, E1 et E2 représentent deux des niveaux d’énergie possibles d’un atome.
Le point jaune est un électron qui peut avoir soit l’énergie E1 soit l’énergie E2. Pour que l’électron
passe du niveau E1 au niveau E2 (E2 > E1), il faut lui fournir de l’énergie, par exemple
thermiquement (en chauffant) ou électriquement (en appliquant une décharge). Une fois sur le
niveau E2 (état dit excité), l’électron se « désexcitera » tout seul, en émettant un photon (un
quantum d'énergie lumineuse) d’énergie hn = E2 – E1, où h est une constante appelée constante de
Planck. Ainsi l’énergie est restituée sous forme de lumière dont la longueur d’onde, qui dépend de
hc
l’énergie, a alors une valeur bien précise λ = , où c est la vitesse de la lumière. On voit ici
E 2 − E1
que l’émission de lumière ne peut se faire qu’à une seule longueur d’onde imposée par la structure
électronique de l’atome. Cela correspond à une raie dans les spectres de raies en émission.
L’émission (ou l’absorption) de lumière est ainsi spécifique de chaque atome qui va présenter une

structure électronique distincte.

Dans le cas d'une lampe spectrale, la lumière est émise par les atomes excités d'une vapeur
métallique (mercure, cadmium, deutérium par exemple). Il existe plusieurs niveaux excités
accessibles par les électrons. Les atomes peuvent alors se désexciter depuis ces différents
niveaux d’énergie. La lumière émise est donc en général constituée d’émissions de plusieurs
longueurs d’onde distinctes, formant les différentes raies du spectre observées.

112
Le processus d’émission de lumière décrit ci-dessus est appelé émission spontanée. Il existe un
autre processus à la base du fonctionnement des lasers appelé émission stimulée (voir l'encadré
"Les lasers et leurs applications" à la fin de ce chapitre).

Ø Spectre d’absorption d’un gaz

La lumière, lorsqu’elle interagit avec la matière, peut être absorbée. S’il s’agit d'un gaz atomique
(comme dans une lampe spectrale, ou dans une étoile gazeuse), on constate expérimentalement
que l’absorption a lieu selon les mêmes longueurs d’onde que celles correspondant à l’émission : si
l'on éclaire le gaz considéré par une lumière blanche dont le spectre est continu, la lumière
transmise présente des raies sombres montrant que la lumière correspondante a été absorbée
(voir l'encadré sur l'hélium).

Grâce à la faible densité du gaz, on peut considérer que les atomes le constituant sont
indépendants les uns des autres. On peut ainsi raisonner sur un seul atome comme suit : dans le
modèle quantique, un atome dans un état de basse énergie E1 , peut absorber un quantum de
rayonnement ayant la valeur nécessaire pour passer de l’état E1 à l’état E 2 . Il effectue alors une
transition et passe dans un état excité. La longueur d'onde de la lumière absorbée par un atome
est donc la même que celle qu'il peut émettre par désexcitation.

Ø Piste d'interprétation de l’interaction lumière-matière :

Le cas d'un solide ou d'un liquide est plus compliqué que celui d'un gaz. Dans un solide ou un
liquide, les atomes sont très proches les uns des autres, et on ne peut plus les considérer comme
indépendants les uns des autres. Il en résulte que les énergies accessibles à l'atome ne sont plus
discrètes comme pour un atome mais sont des bandes continues, éventuellement séparées par des
"bandes interdites"…

Encadré : Hélium, du grec ηλιος (soleil)


Savez-vous que le nom d'hélium donné au gaz rare correspondant vient du grec ηλιος (Hélios)
qui signifie Soleil ? Et savez-vous pourquoi ? C'est simplement parce que c'est dans le Soleil que
l'on a d'abord découvert la présence de cet élément, et ce, en étudiant finement le spectre de la
lumière solaire. C'est Fraunhofer qui, dès 1814, a relevé le premier les raies sombres dans le
spectre de la lumière solaire, raies qui portent désormais son nom. Kirchhoff, en 1859, a
démontré que les longueurs d’onde correspondant à ces raies noires dans le spectre solaire
coïncident avec les longueurs d’onde d’émission de lumière observées en laboratoire dans un
certain gaz de faible densité et chauffé à haute température (l'hélium!). Il en déduisit que
chaque élément produit son propre spectre de raies, caractéristique de sa nature.

Ainsi, les raies noires du spectre solaire ne sont autres que les raies d'absorption de l'hélium qui
constitue l'essentiel de la couronne solaire. La lumière en provenance du cœur du Soleil traverse
cette atmosphère et les atomes d'hélium qui s'y trouvent absorbent les composantes
correspondant aux transitions d'énergie possibles.

113
4. La couleur des objets
4.1 De quoi dépend la couleur d'un objet ?
Comme il a été dit dans l’introduction de ce chapitre, la notion de couleur n’a pas de réalité
physique. Il s’agit d’un attribut perceptif traité par le système visuel. Dans le phénomène de
couleur, trois partenaires interviennent et qui vont chacun influencer la perception finale que
nous aurons de la couleur. Ces trois partenaires sont:
• la source de lumière, qui génère un rayonnement composé dont le spectre16 est
caractéristique de la source (ex: corps noir, laser, lampes spectrales).
• le matériau. La lumière incidente va interagir avec le matériau par absorption et par
diffusion principalement. En absorbant certaines bandes de fréquences qui lui sont
propres, le matériau va modifier le spectre de la lumière incidente. Cette interaction
lumière-matière est à l’origine de la couleur perçue des matériaux.
• l’observateur perçoit le rayonnement renvoyé par le matériau. La couleur perçue est ainsi
fonction de :
• la sensibilité spectrale de nos photo-récepteurs qui composent la rétine humaine
(trois types de cônes pour la vision des couleurs de jour et les bâtonnets pour la
vision nocturne) et de leurs éventuels défauts (cf. encadré sur le daltonisme).
• du traitement cérébral de l’information reçue en provenance des photo-récepteurs.
• des sociétés humaines.

Cette partie va reprendre un à un les rôles optiques de ces trois acteurs afin de montrer
comment chacun joue un rôle sur la perception finale de la couleur par l’observateur.

Source de
lumière Détecteur

Objet
Schéma représentant les trois acteurs qui interviennent dans la vision des couleurs.

16
Le spectre d’une source est le contenu de son rayonnement en fréquences. On le représente sous forme d’un
graphe qui porte l'intensité d'une composante lumineuse en fonction de sa fréquence (ou longueur d'onde), cf.
4.1.
114
4.2 Les sources de lumière
L’émission de lumière peut avoir différentes origines physiques. Nous allons évoquer
différents types de sources lumineuses et leurs caractéristiques spectrales.
a) Les lampes à incandescence
Le spectre d’émission de ce type de source lumineuse est déterminé par la température du
filament : plus il est chaud, plus la source paraitra « blanche », c’est-à-dire qu’elle couvrira
l’ensemble du spectre visible. La loi qui relie la température d’un corps avec son spectre
d’émission est appelée loi de Planck ou loi du corps noir (cf. encadré ci-dessous). Les lampes
halogène paraissent plus blanches car dans ce cas le filament est porté à plus haute
température que les lampes à filament traditionnelles17.
Allure du spectre d’émission : on peut remarquer que dans le cas d’une lampe à incandescence
le spectre d’émission est continu. Le maximum du spectre d’émission est généralement dans
l’infrarouge (pour la plupart
des lampes à incandescence)
mais peut être décalé dans
les longueurs d’onde du
visible à très haute
température. C’est le cas par
exemple du soleil, qui est un
autre corps incandescent,
qui présente une température
externe autour de 5500 °C.
Spectres d’émission d’un corps en fonction de sa température
Encadré : le corps noir
Lorsqu’un corps solide est porté à incandescence, il émet un rayonnement possédant toutes les
longueurs d’onde. Vous connaissez les expressions « chauffé au rouge » ou « chauffé à blanc » en
parlant du fer que l’on veut forger, par exemple. Ces expressions indiquent que la lumière émise
par le corps chauffé dépend de sa température. La quantité de rayonnement émis par longueur
d’onde est distribuée suivant une courbe, dite de Planck.

La longueur d’onde à laquelle un maximum d’énergie est émise, λm, décroît lorsque la température
!"##
du corps chauffé augmente, selon la loi de Wien : 𝜆! (µm) = .
! (!)

Cette dépendance est illustrée sur les spectres ci-dessus. Le rayonnement


émis par le corps chauffé, et décrit par la courbe de Planck, caractérise ainsi
la température du corps en question. Ainsi, le Soleil, qui se trouve à une
température de surface d’environ 5500° C environ, a une longueur d’onde au
maximum d’émission qui se situe à environ 500 nm. Le corps humain, et celui
des mammifères en général (cf. image ci-contre) qui est à 37° C, correspond
à une longueur d’onde au maximum d’émission située dans l’infrarouge.

On appelle corps noir un tel corps, c'est-à-dire un corps chauffé dont le rayonnement suit la
courbe de Planck. Le Soleil et le corps humain ne sont qu’approximativement des corps noirs.
Pourquoi appeler le soleil "corps noir" alors qu'il est blanc ? Ce terme signifie qu'il émet, mais
également qu'il absorbe à toutes les fréquences, d'où l'idée qu'il est "noir".

La puissance émise par unité de surface du corps noir émetteur (en W.m-2) ne dépend que de la
température de celui-ci. C’est la loi de Stefan-Boltzmann : W = σT4 où σ la constante de Stefan.

17
Ces sources de lumière sont faiblement efficaces d’un point de vue énergétique car une grande partie de
l’énergie est convertie en chaleur. C’est pourquoi ces ampoules à filament sont interdites depuis 2013 au profit
des tubes fluorescents (cf. partie suivante sur la fluorescence) ou des LED.
115
b) Les lampes spectrales ou lampes basse pression
Nous avons caractérisé dans la partie précédente les spectres d’émission de ce type de lampe.
Allure du spectre d’émission : les lampes à raies, comme leur nom l’indique, ne présente que
quelques raies dans leurs spectres d’émission. Les spectres d’émission sont donc discrets. (cf.
partie 3.2 et encadré p.112).
c) L’émission de fluorescence
Dans ce cas, les atomes sont excités par absorption de photons suffisamment énergétique
(généralement dans l’ultraviolet ou dans les basses longueurs d’onde du domaine du visible).
On observe alors une désexcitation radiative qui est émettrice de photons. La lumière émise
est moins énergétique et donc à des longueurs d’onde plus élevée que le rayonnement initial
excitateur. L’émission de fluorescence se fait donc toujours à une longueur d’onde plus
grande que la longueur d’onde de la lumière excitatrice18. Ce phénomène est utilisé dans le
cadre des tubes fluorescents (« tubes néon ») et des lampes fluocompactes (ou « à économie
d’énergie »).
Allure du spectre d’émission. Le principe de ces tubes est d’exciter un gaz, du mercure,
comme dans le cas d’une lampe à raies. L’émission de lumière du mercure dans l’ultraviolet
va alors exciter les différents types de fluorophores déposés sur toute la surface interne de la
lampe fluorescente afin d’émettre de la lumière à différentes longueurs d’onde du visible. Le
spectre d’émission présente des pics liés aux fluorophores présents dans les tubes.

Spectre d’émission d’un tube fluorescent

d) Autres origines physiques : électroluminescence, chimiluminescence,


bioluminescence
Enfin, il existe d’autres phénomènes qui sont à l’origine de l’émission de lumière.
Les diodes électroluminescentes (DEL ou LED en anglais) sont des semi-conducteurs qui
émettent de la lumière lorsqu’elles sont parcourues par un courant électrique. Ces sources sont
de plus en plus répandues car elles consomment moins d’énergie que les sources de lumière
traditionnelles (lampe à filament ou lampe halogène).
Dans le cas de la chimiluminescence, une réaction chimique est à l’origine de l’émission de
lumière. C’est par exemple le cas des bâtons lumineux qu’il faut briser pour mélanger deux
liquides qui par réaction chimique vont émettre de la lumière.
On peut également citer la bioluminescence lorsque la lumière est émise par les animaux (vert
luisant, certains poissons).

18
Les lampes « noires » utilisées dans les soirées sont en fait des tubes fluorescents émettant dans les longueurs
d’onde les plus courtes du domaine visible (d’où l’aspect violet de ces lampes). Ce rayonnement est absorbé par
les vêtements (en particulier les vêtements blancs) et réémis à des longueurs d’onde plus grandes.
116
4.3 Interaction lumière-matière : absorption
Le phénomène d’absorption est la principale cause de la couleur. En effet, la plupart des
objets qui nous environnent absorbent une partie de la lumière incidente tandis qu’une autre
partie est renvoyée (par réflexion et/ou par diffusion) par l’objet. C’est cette composante qui
va participer à la perception de couleur.
a) [EXAMTP] Spectre de transmission d’un filtre coloré
Expérience 6 : spectres de transmission d’un filtre coloré avec un prisme
Reprendre la source de lumière blanche et régler correctement la fente pour qu’elle
soit projetée sur l’écran. Intercalez sur le trajet des filtres colorés. Reproduire en
couleur le parcours des rayons de la source à l’écran et expliquer ce que vous
observez. Précisez la couleur du filtre utilisé.

Comment expliquez-vous la couleur observée ? Que deviennent d’après vous les


radiations qui ont disparu ?

Placez le filtre avant puis après le prisme. Quelle l’influence de la position du filtre (avant
ou après le prisme) ?

Expérience 7 (à réaliser par l’enseignant) : spectres de transmission d’un filtre coloré avec
un spectromètre
La lumière issue d’une lampe blanche filtrée par les filtres de couleurs est désormais
analysée par le spectromètre numérique afin de caractériser précisément le spectre.
Tracer ci-dessous les spectres de transmission des différents filtres colorés.
Nom du filtre : Nom du filtre : Nom du filtre :
intensité
Transmission (%) intensité
Transmission (%) intensité
Transmission (%)
(unité arbitraire) (unité arbitraire) (unité arbitraire)

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Nom du filtre : Nom du filtre : Nom du filtre :


intensité
Transmission (%) intensité
Transmission (%) intensité
Transmission (%)
(unité arbitraire) (unité arbitraire) (unité arbitraire)

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

117
b) Caractérisation de l’absorption de la lumière par un objet
Afin de caractériser optiquement cette interaction, on utilise un spectromètre qui permet de
mesure le spectre de réflexion (ou de transmission) de l’objet étudié. Le spectromètre, en tant
que détecteur, est caractérisé par une sensibilité spectrale homogène sur l’ensemble du
domaine visible. La mesure de spectroscopie va nous permettre de connaître le spectre de la
lumière réfléchie qui fait intervenir le spectre d’émission de la source lumineuse et le spectre
de réflexion diffuse de l’objet. Afin de remonter aux propriétés spectrales de l’objet, il est
donc nécessaire de s’affranchir des propriétés de la source lumineuse. Cette opération est
effectuée en mesurant le spectre d’un blanc de référence (échantillon diffusant qui possède la
propriété de réfléchir de manière équivalente l’ensemble des longueurs d’onde du domaine du
visible). La réponse spectrale détectée par le spectromètre est alors normalisée par le spectre
de la source. On mesure ainsi le spectre de réflexion d’un objet en pourcent :
𝐿é"#$%&'(()%
𝑅 𝜆 = 100
𝐿!"#$% !" !é#é!$%&$
avec L la luminance qui mesure l’intensité de lumière par unité de surface.

Expérience 8 (à réaliser par l’enseignant) : spectres de réflexion d’objets colorés


caractérisés par le spectromètre numérique
Le spectromètre numérique est maintenant utilisé pour observer les spectres de
réflexion de divers objets colorés. L’objet est éclairé par une source de lumière
blanche. Comme la contribution de la source lumineuse n’est pas équivalente pour
chaque longueur d’onde, les spectres de réflexion sont normalisés par un blanc de
référence qui permet de prendre en compte le spectre d’émission de la source
lumineuse.
Interpréter la couleur observée visuellement par rapport aux spectres mesurés (bandes
spectrales absorbées et réfléchies par l’objet).
« Couleur » de l’objet : « Couleur » de l’objet :
Coefficient de Coefficient de
réflexion (%) réflexion (%)
100 100

75 75

50 50

25 25

longueur d’onde longueur d’onde


0 0
(nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Interprétation : Interprétation :

118
Expérience 9 (à réaliser par l’enseignant) : spectres de réflexion d’objets colorés
caractérisés par le spectromètre numérique en fonction de la source de lumière
utilisée.
Interpréter la couleur observée visuellement par rapport aux spectres mesurés.
Sensation visuelle : indiquer la couleur de
Äla source colorée Äl’objet éclairé en lumière blanche Äl’objet éclairé avec la source filtrée

Spectroscopie
Spectre de réflexion de l’objet Spectre de réflexion de l’objet
Spectre de la source filtrée
éclairé en lumière blanche éclairé avec la source filtrée
intensité Coefficient de Coefficient de
(unité arbitraire) réflexion (%) réflexion (%)

100 100

75 75

50 50

25 25

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


0 0
(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Interprétation :

Sensation visuelle : indiquer la couleur de


Äla source colorée Äl’objet éclairé en lumière blanche Äl’objet éclairé avec la source filtrée

Spectroscopie
Spectre de réflexion de l’objet Spectre de réflexion de l’objet
Spectre de la source filtrée
éclairé en lumière blanche éclairé avec la source filtrée
intensité Coefficient de Coefficient de
(unité arbitraire) réflexion (%) réflexion (%)

100 100

75 75

50 50

25 25

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


0 0
(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Interprétation :

119
4.4. L'œil et la vision des couleurs
Comment fonctionne notre vision des couleurs? La réponse à cette question a été suggérée par
Young, médecin et physicien anglais de génie au XIXème siècle, connu en physique pour ses
études sur les interférences. Il a suggéré que notre vision des couleurs était basée sur
l'existence de trois types de détecteurs différents dans notre œil.
Grossièrement, l'œil fonctionne comme une chambre noire en photographie. La cornée et le
cristallin jouent le rôle d’une lentille qui permet d’effectuer une image de la scène extérieure
sur un "écran" situé au fond de l'œil, la rétine (cf. chapitre 3). Sur la rétine, sont disposées des
cellules photoréceptrices de deux sortes : les cônes et les bâtonnets, qui tirent leur nom de leur
forme. La rétine humaine comporte environ 120 millions de bâtonnets et 5 millions de cônes,
soit 70% des récepteurs de notre organisme, ce qui souligne l’importance des yeux et de
l’information visuelle. Les cônes et les bâtonnets assurent deux fonctions différentes dans la
vision humaine.
• Les bâtonnets sont plus sensibles à la lumière que les cônes. Ce sont eux qui interviennent
dans la vision nocturne ou vision scotopique. Ils ont la particularité d’être tous identiques
et ils ne permettent pas de distinguer les couleurs. La vision nocturne se fait donc en noir
et blanc, d’où le fait que « la nuit tous les chats sont gris ».
• Les cônes permettent la reconnaissance des couleurs mais requièrent davantage de
lumière. Ils permettent donc la vision de jour ou vision photopique
La vision des couleurs chez l’homme repose sur trois types de cônes, sensibles à des
longueurs d’onde différentes, il s’agit d’une vision trichromatique :
- les cônes "bleus" absorbent le mieux les longueurs d’onde autour de 455 nm
- les cônes "verts" absorbent le mieux les longueurs d’onde autour de 530 nm
- les cônes "rouges" absorbent le mieux les longueurs d’onde autour de 575 nm.

Courbes de réponse des cônes de la rétine : de gauche à droite : pour les "bleus",
les "verts" et les "rouges" et sensibilité spectrale d'un capteur CCD commercial
La figure ci-dessus montre les courbes de réponse des cônes en fonction de la longueur
d’onde en comparaison avec la sensibilité spectrale d'un capteur CCD.
Les intervalles de longueurs d’onde caractérisant la sensibilité de chacun des types de cônes
ne sont pas séparés les uns des autres mais se chevauchent. Une combinaison complexe des
informations issues des trois types de cônes permet de retrouver l’information spectrale.
Ainsi, une lumière bleuâtre autour de 500 nm stimule principalement les cônes verts, mais
aussi les rouges et les bleus dans une moindre mesure. La perception d’une lumière jaune
autour de 575 nm stimule à peu près également les cônes verts et rouges. Si tous les cônes
sont stimulés de manière égale, nous voyons du blanc.

120
L’interprétation des couleurs passe enfin par une étape de traitement de l’information. Les
cellules rétiniennes effectuent tout d’abord un travail considérable de pré-traitement de
l’information détectée par les photo-récepteurs. En effet, le nerf optique est constitué de
seulement 1,2 millions d’axones, alors que l’information initiale est collectée par 125 millions
de photo-récepteurs. Le nerf optique transmet alors l’information jusqu’au cortex visuel où est
réalisé le traitement cérébral. Cette zone est constituée de différentes sous-régions
fonctionnelles qui vont traiter les informations provenant des voies visuelles (couleurs,
formes, mouvements…). C’est cette étape qui nous permet de reconnaître et de nommer les
couleurs.
Les capteurs CCD monochromatiques ont un maximum de sensibilité dans le rouge et
l'infrarouge proche jusqu'à environ 900 nm. Cette sensibilité dans l'infrarouge peut être
facilement observée quand on filme le signal issu d'une télécommande de téléviseur avec un
caméscope ou un téléphone portable récent (essayez!). Par contre, dans le cas de caméras
couleurs, des filtres colorés sont placées devant chacun des pixels. Trois types de filtres sont
utilisés pour retrouver une information trichromatique qui permet ensuite de remonter à rendu
complet des couleurs (cf. la suite de ce chapitre).

Encadré (à voir sur une version en couleur) : le daltonisme


Dans le cas d'un œil daltonien, un des trois types de cônes est déficient.

Le plus souvent, il s'agit des cônes verts. Dans ce cas, il est impossible de distinguer le rouge du
vert. C'est la forme la plus commune de daltonisme, celle-là même dont John Dalton (chimiste et
physicien britannique, 1766-1844, auteur de la théorie atomiste de la matière) était atteint.

Les autres formes de daltonisme sont nettement plus rares, comme la confusion du bleu et du
jaune, la plus rare de toutes étant la déficience totale de vision des couleurs (achromatopsie), où
le sujet ne perçoit que des nuances de gris.

(a) (b) (c) (d)


Le drapeau multicolore vu par une personne :
(a) non atteinte de daltonisme.
(b) présentant une déficience des cônes sensibles aux longueurs d’onde dans le rouge.
(c) présentant une déficience des cônes sensibles aux longueurs d’onde dans le vert.
(d) présentant une déficience des cônes sensibles aux longueurs d’onde dans le bleu

Test ophtalmologique pour la détection du daltonisme.

121
Encadré: Le disque de Benham (« Benham top »)

Ce disque composé uniquement de noir et de blanc nous


apparaît pourtant avec des couleurs pâles bleues et jaunes
lorsqu'il est mis en rotation. Les couleurs sont plus ou moins
marquées selon la vitesse de rotation du disque. Lorsque le
sens de rotation est inversé, la position des couleurs varie.
Dans cette expérience, la perception (l’illusion ?) de couleurs
est due à la réponse temporelle des différents photo-
récepteurs de la rétine. Le disque de Benham reste un sujet
de recherche en physiologie.

Plus d'information + applet Java reproduisant l'effet :


http://www.michaelbach.de/ot/col_benham/index.html

4.5 Synthèse des couleurs


a) Synthèse additive
Principe de la synthèse additive
La synthèse additive consiste à additionner trois flux lumineux provenant de sources dites
couleurs primaires. On constate qu’il est alors possible de reproduire presque l’ensemble des
couleurs à partir de ces couleurs primaires en jouant sur la quantité de chacun de ces flux. Les
trois couleurs primaires généralement utilisées sont le vert, le rouge et le bleu.
Expérience 10 (à réaliser par l’enseignant) : synthèse additive
Réaliser l’addition des trois couleurs primaires (rouge, vert et bleu), en superposant
trois faisceaux. Utiliser pour cela le dispositif tout fait de Jeulin avec rétroprojecteur, ou
additionner les faisceaux de trois lampes suivies d'un filtre respectivement rouge, vert
et bleu.
Complétez le schéma ci-dessous en indiquant les couleurs observées.

Synthèse additive : Jaune : addition de rouge et de vert en proportions égales


Cyan = addition de bleu et de vert en proportions égales
Magenta = addition de rouge et de bleu en proportions égales

122
Quelles conditions doivent remplir les trois faisceaux pour obtenir du blanc par
mélange des faisceaux ?

L'expérience précédente montre qu'on peut construire une nouvelle couleur par superposition
de plusieurs couleurs. En jouant sur l’intensité de chacun des faisceaux indépendamment, il
est possible de faire varier les couleurs obtenues. En effet, on peut construire toutes les
couleurs par mélange de trois couleurs dites "primaires" dans des proportions variables. Le
choix de ces couleurs primaires est assez arbitraire, chacune d'entre elles devant couvrir une
bande de fréquences donnée du domaine optique, avec des recouvrements entre les trois
bandes de manière à restituer tout le domaine optique.

Interprétation de la synthèse additive


Du point de vue spectral, la synthèse additive consiste à additionner les composantes
spectrales des différentes sources initiales.
Ainsi, une lumière bleue possède un spectre d’émission dans les plus basses longueurs d’onde
du visible. Une lumière rouge est caractérisée par une émission dans les plus hautes longueurs
d’onde du visible. Lorsque ces deux faisceaux lumineux sont projetés sur un écran blanc, le
spectre résultant de ces deux faisceaux de lumière correspond à l’addition de ces deux
spectres. Il s’agit du magenta. Ceci est valable si les intensités des deux faisceaux sont
équivalentes. Le principe de la synthèse additive est représenté sur la figure ci-dessous.
Bleu Rouge Magenta
intensité émise intensité émise intensité émise
(unité arbitraire) (unité arbitraire) (unité arbitraire)

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Spectres d’émission modélisés pour une lumière bleue, rouge et pour la synthèse
additive de ces deux sources de lumière
Le même raisonnement peut être réalisé pour l’obtention du cyan à partir de la synthèse
additive du bleu et du vert. De même pour obtenir du jaune à partir de la synthèse additive du
rouge et du vert
Bleu Vert Cyan
intensité émise intensité émise intensité émise
(unité arbitraire) (unité arbitraire) (unité arbitraire)

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Spectres d’émission modélisés pour une lumière bleue, verte et pour la synthèse
additive de ces deux sources de lumière

123
Vert Rouge Jaune
intensité émise intensité émise intensité émise
(unité arbitraire) (unité arbitraire) (unité arbitraire)

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Spectres d’émission modélisés pour une lumière verte, rouge et pour la synthèse
additive de ces deux sources de lumière

Applications de la synthèse additive


Les écrans sont sans doute aujourd’hui l’application la plus répandue de la synthèse additive.
Le but de ces écrans (écrans plats, tablette, téléphone portable, affichage19) est de recréer une
palette des couleurs la plus large possible afin d’afficher des images en couleurs qui se
veulent le reflet de la réalité. En fait ces écrans sont constitués de trois types de pixels
distincts : rouge, vert et bleu, dont la taille est suffisamment petite pour que notre œil ne soit
pas capable de les résoudre individuellement. Ainsi, notre œil va faire la synthèse des
différents signaux reçus, c’est le principe de la fusion optique. La couleur obtenue correspond
donc à la synthèse additive des différents pixels dans une zone de l’écran. En modulant de
l’intensité de ces différents pixels, il est ainsi possible de recréer une palette complète de
couleur.
Ainsi le système RVB, pour Rouge-Vert-Bleu (RGB en anglais pour Red-Green-Blue) est à la
base de la colorimétrie pour l’ensemble des systèmes numériques.
La perception des couleurs par notre système visuel est également basée sur la synthèse
additive. En effet, nos photo-récepteurs intègrent l’ensemble de l’information provenant d’une
zone de notre champ de vue.
L’utilisation des lumières sur une scène de spectacle afin de recréer des ambiances colorées
est également basée sur la synthèse additive. En effet, les composantes spectrales des
différents spots de lumière vont se composer pour donner lieu à la couleur finale sur scène.
Enfin, dans l’histoire de l’art, un mouvement artistique a également utilisé le principe de la
synthèse additive pour le rendu final des œuvres d’art. Il s’agit du pointillisme. Dans ces
œuvres, l’observateur placé à une certaine distance de l’œuvre, ne peut pas séparer chacun des
points. L’information perçue par notre système visuel correspond à la fusion des composantes
spectrales des différents points. C’est le principe de la fusion optique.

19
Attention, il est important de noter que si tous ces écrans utilisent le même principe de synthèse additive pour
reproduire les couleurs, les technologies qui les composent sont très variées. Par exemple, parmi les écrans plats,
les technologies les plus courants sont les écrans plasma, écrans à diodes (LED ou OLED) et les écrans LCD
124
b) Synthèse soustractive
Principe de la synthèse soustractive
La synthèse soustractive consiste à soustraire au spectre visible certaines composantes
spectrales. Généralement, le principe consiste à partir d’un fond uniforme blanc. Dans ce cas,
le spectre de réflexion d’un tel support est plat sur l’ensemble du spectre visible. Certaines
couleurs sont appliquées sur ce support. Chaque couleur va absorber une partie du
rayonnement initial. Ainsi la couleur résultante correspond à la soustraction liée aux différents
composants colorés appliqués. C’est le principe utilisé par les peintres sur leur palette dans le
mélange des couleurs pour obtenir la teinte recherchée.
Le jeu de couleurs primaires utilisé pour la synthèse soustractive est différent de celui
présenté précédemment pour la synthèse additive. Cette fois-ci les trois couleurs primaires
utilisées dans la synthèse soustractive sont le cyan, le jaune et le magenta.
Interprétation de la synthèse soustractive
Du point de vue spectral, la synthèse soustractive consiste à soustraire à un spectre plat
représentant le blanc les composantes spectrales de la couleur étudiée.
Le point de départ est donc un spectre plat qui présente un facteur de réflectance égal à 100 %
sur l’ensemble du spectre visible.
§ Le cyan correspond au spectre du blanc auquel on a ôté les plus hautes longueurs
d’onde (correspondant au rouge). Autrement dit le cyan est une couleur composée du
mélange des longueurs d’onde correspondant au bleu et au vert.
§ Le jaune correspond au spectre du blanc auquel on a ôté les plus basses longueurs
d’onde (correspondant au bleu). Autrement dit le jaune est une couleur composée du
mélange des longueurs d’onde correspondant au vert et au rouge.
§ Le magenta correspond au spectre du blanc auquel on a ôté les longueurs d’onde
intermédiaires du spectre visible (correspondant au vert). Autrement dit le magenta est
une couleur composée du mélange des longueurs d’onde correspondant au bleu et au
rouge.
Cyan Magenta Jaune
Coefficient de Coefficient de Coefficient de
réflexion (%) réflexion (%) réflexion (%)
100 100 100

75 75 75

50 50 50

25 25 25

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


0 0 0
(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Spectres de réflexion modélisés des trois couleurs primaires utilisées dans la synthèse soustractive : cyan,
magenta et jaune

Applications de la synthèse soustractive


La synthèse soustractive est bien connue des peintres. En effet, toutes les couleurs obtenues
sur la palette du peintre le sont par synthèse soustractive. En mélangeant deux peintures les
pigments de chacune d’elle va absorber certaines longueurs d’onde. La lumière réfléchie
correspond aux longueurs d’onde qui ne sont absorbées par aucun des deux peintures.
Cette synthèse est utilisée pour les impressions couleurs. On utilise dans ce cas le système
CYMK (pour cyan, yellow, magenta, black en anglais). Le mélange bien dosé des trois
couleurs va permettre de reconstituer la palette complète des couleurs lors d’une impression et
le noir permet de compléter cette palette pour les couleurs les plus sombres.

125
Encadré : Les autres origines physiques de la couleur
Ø La diffraction
Vous avez vu en Terminale, que le passage de la lumière dans une fente très fine entraînait la
formation d'une tache étalée sur un écran. La largeur de la tache centrale de diffraction dépend
de la distance D, de la largeur a de la fente et de la longueur d’onde λ.

Tache de diffraction d'un faisceau laser par une fente


C'est cette propriété qui est exploitée dans la fabrication de réseaux de diffraction : on
n'obtient pas l'effet d'une seule fente, mais d'un très grand nombre de fentes très serrées.

Schématiquement, un réseau (dit "par transmission") est constitué d'un grand nombre de fentes
identiques et parallèles de très faible largeur. La distance entre deux fentes est appelée « pas
du réseau ». La lumière qui est envoyée sur le réseau est alors diffractée et l'angle à la sortie
dépend de la longueur d'onde. On utilise alors les propriétés spectrales de ce type de réseau
dans le cadre d’un spectromètre numérique tel que celui utilisé dans ce chapitre pour les
expériences de TP.

C'est ce type de phénomène que vous observez chaque jour avec un cédérom : dans ce cas, c'est
l'ensemble des cuvettes de l'enregistrement numérique qui fait office de "réseau".

Ø Les interférences
Le phénomène d’interférence peut avoir lieu lorsque la lumière est transmise ou réfléchir par un
film mince dont l’épaisseur est de l’ordre de grandeur de la longueur d’onde. Dans ce cas, le
rayonnement de certaines longueurs d’onde disparaît par interférences destructives et celui
d’autres longueurs d’onde est préservé par interférences constructives. Ce phénomène est
observé par exemple à la surface d’une bulle de savon (film d’eau de très faible épaisseur) ou en
présence d’une tache d’huile sur un sol mouillé (film d’huile).

126
Ce phénomène physique est également à l’origine de la couleur de certains animaux. En particulier
les ailes de papillon ou les plumes de certains oiseaux présentent des micro-structurations
spatiales à l’échelle de la longueur d’onde. La couleur ainsi observée n’est pas liée à un phénomène
d’absorption mais à des interférences constructives et destructives en fonction de la longueur
d’onde.

La couleur des ailes de papillon et de certaines plumes d’oiseau est liée à leur structure.

Ø La diffusion de la lumière
La diffusion de la lumière a lieu en présence d’objets dont la taille est de l’ordre de grandeur de
la longueur d’onde ou bien plus petit. De plus ces objets sont répartis spatialement de manière
aléatoire, il n’y a donc pas de phénomène d’interférences. On distingue deux régimes de diffusion

§ La diffusion de Rayleigh

Dans ce cas les particules diffusantes sont plus petites que la longueur d’onde (au moins un ordre
de grandeur plus petite). La lumière est alors diffusée dans toutes les directions (diffusion
isotrope) et dépend fortement de la longueur d’onde. C’est par exemple le cas de la lumière du
soleil qui est diffusée par les molécules présentes dans l’atmosphère. Le bleu est davantage
diffusé que le rouge, ce qui explique la couleur bleue du ciel. Par contre, au moment du coucher du
soleil, la lumière issue du soleil traverse une plus grande épaisseur d’atmosphère. Les plus basses
longueurs d’onde bleues étant plus fortement diffusées que les plus hautes, le rayonnement issu
du soleil nous apparaît rouge.

§ La diffusion de Mie

Ce régime de diffusion a lieu lorsque la taille des particules diffusantes est de l’ordre de
grandeur de la longueur d’onde. La lumière est alors diffusée principalement vers l’avant et la
direction de diffusion dépend peu de la longueur d’onde. La lumière du soleil est ainsi diffusée
par les gouttelettes d’eau qui constituent les nuages, ceux-ci nous apparaissent ainsi blanc.

127
Le blanc des nuages et le bleu du ciel sont liés à deux régimes de diffusion de la lumière distincts

Ø D’autres origines
Sans entrer dans les détails on peut citer d’autres origines physiques de la couleur de certains
matériaux. Certains objets présentent en effet des impuretés ou des défauts à l’échelle de leur
structure cristalline. C’est le cas en particulier des pierres précieuses. La couleur des métaux
conducteurs (cuivre, argent, or, aluminium) est quant à elle liée à leurs structures électroniques
particulières

Encadré : Les lasers et leurs applications

a) b) c)
a) Spectacle son et lumière utilisant des lasers ; b) laser à semi-conducteur (la monture fait 9
mm de diamètre) ; c) découpage de pièces métalliques par laser

Le mot « laser » vient de l'acronyme LASER qui signifie « light amplification by stimulated
emission of radiation », soit « amplification de lumière par émission stimulée de rayonnement ».

Principe :

Reprenons le modèle d’atome quantique avec ses niveaux d’énergie discrets.

Nous avons vu le principe de l’émission de lumière, dite spontanée. C’est sur ce principe que
fonctionnent les lampes spectrales.

Les lasers fonctionnent, eux, sur le principe de l’émission stimulée : dans ce cas, un photon émis
par émission spontanée va désexciter un électron excité au niveau E2, et le forcer à retomber sur
le niveau E1, en émettant un deuxième photon identique au premier. Pour cela, il faut qu’il y ait en

128
permanence plus d’électrons sur le niveau E2 que sur le niveau E1, ce qui n’est pas naturel (il faut
réaliser ce que l’on appelle un « pompage optique »). En effet, un photon d’énergie hν = E2 – E1
arrivant sur un électron se trouvant sur le niveau E1 a exactement la bonne énergie pour pouvoir
être absorbé par l’atome, et réémis. Dans ce cas, il n’y a pas « production » de photons. Pour que
ce soit le cas, il faut qu’il y ait plus d’électrons sur le niveau E2 que sur le niveau E1.

Ensuite, on amplifie cette lumière émise par émission stimulée : pour cela, les photons émis font
des aller-retours dans une cavité réfléchissante contenant les atomes utiles ; ainsi, un même
photon sert un grand nombre de fois à stimuler des émissions de photons par ces atomes.

Historique

Le principe de l’émission stimulée a été trouvé en premier par A. Einstein en 1917. Le premier
maser (i.e. un laser, mais à micro-ondes au lieu d’être dans le domaine de l’optique) a été fabriqué
aux USA en 1953 par Ch. Townes (prix Nobel de physique 1964). Le premier véritable laser a été
fabriqué par Th. Maimann en 1960.

Les différents types de lasers :

Il existe des lasers émettant de la lumière continûment, ou au contraire par impulsions. Les
atomes qui sont successivement excités et désexcités sont à l’état gazeux, liquide ou solide.

Lasers à gaz : on peut citer le laser He-Ne utilisé en TP (rouge), le laser à CO2 (infra-rouge,
puissant), le laser à argon qui peut émettre du vert à l’ultra-violet et qui est utilisé dans les
spectacles « son et lumière ».

Laser à solide : le YAG est un laser très intense émettant dans l’infra-rouge, permettant de
découper des métaux, des diamants..

Les lasers à semi-conducteurs, plus récents, sont de petite taille et peu intenses ; ils sont utilisés
dans les lecteurs de CD, les imprimantes laser, comme pointeurs lasers, comme sources de
lumière dans les fibres optiques.. Au départ ils émettaient dans le rouge uniquement, mais on sait
maintenant en fabriquer qui émettent dans le bleu, le vert, ou l’infra-rouge.

Laser à liquide : les lasers à colorants produisent un rayonnement puissant, par impulsions. Leur
intérêt est qu’on peut émettre une longueur d’onde au choix dans une large gamme.

Quelques applications :

En médecine, ils sont utilisés pour détruire des cellules, traiter des cancers, établir des
diagnostics, positionner précisément un patient…

Pour faire des mesures : ils servent à mesurer des distances très précisément (hauteur d’un
hélicoptère, mesure de la distance Terre-Lune...) ; voir exercice 1.1

Dans le domaine de la communication : le transport d’information se fait de plus en plus via de la


lumière laser qui se propage dans une fibre optique.

Remarque finale : On sait maintenant faire des lasers à atomes. Il s’agit bien d’un faisceau
d’atomes et non plus de lumière ! Les premiers à l’avoir réalisé sont Andrews, Mewes et Ketterle
(USA) en 1997. Ketterle a eu le prix Nobel de physique en 2001 pour cette découverte20.

20
C’est également l’un des domaines de recherche poursuivi par l’équipe du Pr Alain Aspect à l’Institut
d’Optique de l’Université Paris-Sud, Orsay (voir http://atomoptic.iota.u-psud.fr)
129
Résumé du chapitre 4:

Un matériau dont l’indice de réfraction du matériau dépend de la longueur d’onde disperse la


lumière blanche : cela signifie qu’il dévie chaque radiation d’un angle qui est fonction de la
longueur d’onde. L’eau et les verres sont des matériaux dispersifs qui dévient plus le bleu que
le rouge.
Si les arcs-en-ciel existent, c’est parce qu’une goutte d’eau sphérique possède un minimum de
déviation qui dépend de la longueur d’onde, mais pas de la taille de la goutte d’eau.

La spectroscopie est l’étude d’un rayonnement lumineux (provenant d’une source lumineuse
ou d’un objet en réflexion) par sa décomposition en ses différentes fréquences au moyen de
prismes ou réseaux de diffraction. En spectroscopie, un prisme s’utilise au minimum de
déviation.
Il existe des rayonnements à spectres continus, (rayonnement thermique dit de corps noir
comme celui émis par les corps incandescents) ou à spectres discrets (comme les spectres de
raies des lampes à basse pression).

La couleur est une notion subjective liée à chaque observateur. La notion de couleur fait
intervenir trois partenaires.
• la source lumineuse
• l’objet
• l’œil de l’observateur et le traitement cérébral de l’information effectuée a posteriori.

Source de
lumière Détecteur

Objet
spectre d’émission de la spectre de réflexion de l’objet spectre de réflexion de l’objet
source lumineuse éclairé en lumière blanche éclairé avec la source lumineuse
Intensité Intensité Intensité
(u.a.) (u.a.) (u.a.)

longueur longueur longueur


d’onde (nm)
380 nm 780 nm 380 nm 780 nm d’onde (nm) 380 nm 780 nm d’onde (nm)

La couleur perçue dépend de la composition spectrale de la source lumineuse, des bandes de


longueurs d’onde absorbées par l’objet et de la sensibilité spectrale de l’œil de l’observateur.
La rétine de l’œil humain est constituée de deux types de photo-récepteurs : les bâtonnets, très
sensibles, mais qui ne différencient pas les couleurs, et 3 sortes de cônes, sensibles à des
bandes spectrales distinctes correspondant au bleu, au vert, ou au rouge.

130
Synthèses additive et soustractive
La couleur observée peut être le résultat de l’addition de plusieurs émissions lumineuses
(synthèse additive) comme par exemple dans le cas des écrans plats ou de l’addition de
plusieurs sources.
Vert Rouge Jaune
intensité émise intensité émise intensité émise
(unité arbitraire) (unité arbitraire) (unité arbitraire)

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


(nm) (nm) (nm)
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

La couleur observée peut également être le résultat de l’absorption (soustraction) de certaines


longueurs d’onde à partir d’un rayonnement blanc incident comme dans le cas des peintures
ou des impressions en couleur (synthèse soustractive).
Jaune Cyan Vert
Coefficient de Coefficient de intensité émise
réflexion (%) réflexion (%) (unité arbitraire)
100 100

75 75

50 50

25 25

longueur d’onde longueur d’onde longueur d’onde


0 0 (nm)
(nm) (nm) 380 480 580 680 780
380 480 580 680 780 380 480 580 680 780

Magenta

131
CHAPITRE 5 : MESURES PHYSIQUES, INCERTITUDES ET
MODELISATION

133
SOMMAIRE DU CHAPITRE 5 : INCERTITUDES

1. INTRODUCTION A LA MESURE 135


1.1 La mesure en physique 135
1.2 L’erreur de mesure : une grandeur inaccessible 135
1.3 Erreur aléatoire et erreur systématique 136
1.4 L’incertitude : une estimation de l’erreur 137
a) Intervalle de confiance 137
b) Incertitude absolue 137
c) Incertitude relative 137
1.5 Chiffres significatifs 137
2. COMMENT CALCULER UNE INCERTITUDE A PARTIR DES MESURES ? 138
2.1 Cas d'une grandeur mesurée directement 138
a) Méthode statistique 138
b) Evaluation directe 139
2.2 Cas d'une grandeur mesurée indirectement (reliée à une grandeur mesurée par une loi
connue) 139
a) La méthode par encadrement 139
b) La méthode de la dérivée 140
2.3) Méthodes de calcul pour une grandeur fonction de plusieurs variables 141
a) Cas général 141
b) Cas d’une loi de puissance : dérivée logarithmique 142
3. MODELISATION ET DETERMINATION DE PARAMETRES 143
3.1. Premier cas : on connaît les incertitudes sur chaque valeur 143
3.2. Second cas : on ne connaît pas les incertitudes sur les mesures 144
EXERCICES DU CHAPITRE 5 145

134
1. Introduction à la mesure
1.1 La mesure en physique
Commençons par signaler qu'on confond l'action de mesurer avec le résultat de cette action
en un même terme, celui de mesure.

En sciences expérimentales, il n’existe pas de mesures exactes. Si l’on répète plusieurs fois la
mesure d’une grandeur, dans des conditions apparemment semblables, on obtient en général
des résultats différents, caractérisés par une certaine dispersion sur ces résultats. Par
dispersion, on veut dire que les mesures se répartissent sur un intervalle plus ou moins grand
autour de la valeur moyenne, comme montré sur les figures ci-dessous.
Histogramme

Période du pendule (s)


Mesure d’une résistance : dispersion sur la Histogramme des mesures de la période d’un
mesure de la résistance et sur celle de la pendule pesant de 190 cm (1006 mesures). La
température à laquelle la mesure a été faite. dispersion des mesures est de l’ordre de 0.1 s.

La dispersion des mesures a des origines multiples :


• La grandeur mesurée peut fluctuer de manière incontrôlée, comme c'est le cas par
exemple pour la pression ou la température (cf. figure de gauche ci-dessus).
• L’instrument de mesure n'est jamais parfait. Il a un certain temps de réponse, et il est
plus ou moins précis et/ou sensible.
• Enfin, l'expérimentateur lui-même joue un rôle. Par exemple, les graduations de
lecture sont plus ou moins épaisses, la netteté d’une image sur un écran pas toujours
facile à apprécier, les réflexes variables (cas de la figure de droite ci-dessus où il faut
déclencher le chronomètre lors du passage du pendule à la verticale).

La dispersion des mesures étant inhérente à toute mesure physique, elle n’est jamais nulle,
quelle que soit la méthode expérimentale employée. Mais on peut la réduire en prenant les
précautions expérimentales nécessaires.

1.2 L’erreur de mesure : une grandeur inaccessible


On cherche à mesurer la valeur d'une grandeur physique x, valeur que nous appellerons valeur
de référence et que nous noterons xref. D'après ce qui précède, on conçoit que la valeur
mesurée, valeur expérimentale notée xexp, sera toujours a priori différente de la valeur de
référence xref, et que cette valeur de référence est, et restera, inconnue.

Par définition l'erreur de mesure est : e = xexp – xref.. Elle peut être positive ou négative.
Comme xref nous est inconnue, l’erreur effectuée à chaque mesure nous est inaccessible.

135
1.3 Erreur aléatoire et erreur systématique
La dispersion obtenue sur les résultats de mesure résulte de phénomènes aléatoires (c'est-à-
dire qui sont en partie le fruit du hasard). La grandeur que l'on cherche à mesurer est donc
modélisée par une variable aléatoire.

Lorsque la dispersion des résultats de mesure est faible, on parle de mesure précise.
Lorsqu’elle est élevée, on parle de mesure bruitée.

Mais attention, dire qu'une mesure est précise ne signifie pas pour autant que le résultat
obtenu est proche de la valeur de référence ! En effet, il peut exister un écart reproductible
entre la valeur mesurée et la valeur cherchée : on parle alors d’erreur systématique, ou de
biais. Par exemple, un appareil peut être mal étalonné : le zéro peut être mal réglé, l’échelle
peut être mal graduée, il peut y avoir une erreur de conversion etc. L'erreur systématique est
donc une erreur de méthode (due au matériel, ou à l’expérimentateur).

Il convient donc de distinguer deux types d’erreur : l’erreur aléatoire (la dispersion) et l’erreur
systématique (le biais). L’erreur de mesure est la somme des deux : e = ealéa + esys.
• L’erreur aléatoire commise à chaque mesure est par nature imprévisible. Mais ses
propriétés statistiques sont accessibles. Par définition, l’erreur aléatoire est nulle en
moyenne, et sa dispersion est celle des mesures.
• L’erreur systématique est quant à elle constante à chaque mesure. Elle n’a donc aucun
effet sur la dispersion. Elle ne fait que décaler, biaiser, l’ensemble des mesures. Elle peut
être nulle en principe, mais c’est rarement le cas, et surtout, il est difficile de le savoir.

Les erreurs aléatoires et systématiques sont indépendantes : une mesure peut être précise mais
biaisée, imprécise et biaisée, imprécise et non biaisée, ou encore précise et non biaisée (cas
souhaité !).
L’exemple ci-dessous en fournit une illustration. A la fête foraine, on s’exerce au stand de tir.
Si l'on donne un bon fusil à un bon tireur…
Qualifiez dans chaque cas l’erreur aléatoire et l’erreur systématique (faible ou forte).

Erreur
aléatoire
Erreur
systématique

Cette présentation est en partie artificielle : dans la réalité, on ne connait pas la valeur réelle
xref de la grandeur mesurée (la cible est invisible, c’est tout le problème !). On ne connait que
xexp (l’impact du tir) qui fluctue à chaque mesure. Il est donc beaucoup plus facile d'estimer
les erreurs aléatoires que les erreurs systématiques.

136
1.4 L’incertitude : une estimation de l’erreur
Par définition, l'incertitude est une estimation de la valeur absolue moyenne de l'erreur. A la
différence de l'erreur, l'incertitude est toujours positive. On la note δx.

La connaissance de l’incertitude de mesure est aussi importante que celle de la mesure elle-
même. Sans l’incertitude associée, il est impossible d’avoir confiance dans une mesure, de
confronter les résultats de deux expériences, ou d’une expérience et d’une théorie.
a) Intervalle de confiance
Une fois qu'on a évalué l’incertitude, on peut définir un intervalle de confiance à l'intérieur
duquel on espère que la valeur de référence xref doit se trouver, avec une certaine probabilité.
On traduit ceci de la manière suivante : on estime que la valeur cherchée xref vaut xexp à δx
près, ce que l'on note : xref = xexp ± δx. Cette écriture signifie que la valeur cherchée xref a une
probabilité importante (par exemple 68%) de se situer dans l'intervalle dit de confiance :
[xexp - δx ; xexp + δx].
b) Incertitude absolue
L'incertitude δx est appelée incertitude absolue. Elle a la même dimension que la grandeur
mesurée. C’est souvent elle que l’on évalue dans une mesure directe, mais elle n’est pas
forcément une bonne indication de la précision de la mesure. En effet, mesurer une distance
de 1 km à 1 cm près est intuitivement beaucoup plus précis que mesurer 1 m à 1 cm près.
c) Incertitude relative
On définit donc la notion d’incertitude relative, qui est tout simplement le rapport de
l’incertitude absolue à la grandeur mesurée :
δx/xexp
Ce rapport forme un nombre sans dimension que l’on écrit souvent comme un pourcentage
(car les incertitudes usuelles sont souvent de l’ordre de quelques pourcents). Ainsi, si l’on
reprend les deux exemples précédents :
• 1 km à 1 cm près : l’incertitude relative vaut 10-5 = 0.001%
• 1 m à 1 cm près : l’incertitude relative vaut 10-2 = 1%

1.5 Chiffres significatifs


Comme vous l'avez déjà vu au lycée, les chiffres significatifs d'un nombre sont ceux dont on
est certain, sauf le dernier.
• Un résultat donné sans incertitude, mais avec un certain nombre de chiffres significatifs,
donne en fait implicitement une indication sur la valeur de cette incertitude : ainsi, on
considère généralement que l'incertitude porte sur le dernier chiffre. Par exemple, si l'on
écrit d = 3,523 cm, on sous-entend que l'incertitude sur la mesure de d vaut environ δd=
0,001 cm. Les écritures 3 cm, 3,0 cm et 3,00 cm ne sont donc pas équivalentes…
• Dans le cas où l'on s'est donné le mal d'estimer l’incertitude (!), il convient :
- de conserver le bon nombre de chiffres significatifs pour l'incertitude elle-même. Celle-
ci est rarement connue avec une grande précision. On l’arrondit donc en général à 1 ou 2
chiffres significatifs.
- d'ajuster le nombre de chiffres du résultat trouvé en ne conservant pour sa valeur que les
chiffres dont on peut être certain, compte tenu de l’incertitude.
Par exemple, si on trouve x = 8,02137 ± 0,057 m
On écrira x = 8,02 ± 0,06 m

137
2. Comment calculer une incertitude à partir des mesures ?
2.1 Cas d'une grandeur mesurée directement
a) Méthode statistique
L'incertitude étant reliée à la dispersion des résultats expérimentaux, on peut, à partir d'un
grand nombre de mesures réalisées dans des conditions supposées identiques, effectuer une
analyse statistique de ces mesures. On détermine ainsi quantitativement la dispersion des
mesures, et on exprime ensuite l'incertitude en fonction de la marge de confiance souhaitée.
En principe, vous avez dû voir cette méthode au lycée.
Si l'on a fait N mesures xi de la grandeur X (i allant de 1 à N), la valeur moyenne des mesures
est par définition :
!
1
<𝑥 >= 𝑥!
𝑁
!
L'écart-type σ de l'échantillon, ou sa variance σ2, donne une estimation de la dispersion des
mesures :
!
1 !
𝜎= 𝑥! −< 𝑥 >
𝑁−1
!!!

C’est une mesure de l’erreur aléatoire, pas de l’erreur systématique. Si l’erreur systématique
est négligeable, la valeur moyenne < 𝑥 > s’approche de la valeur recherchée xref en ~ 1/ 𝑁.
Si les erreurs aléatoires de mesure suivent une statistique gaussienne, alors le tableau suivant
donne la probabilité que la vraie valeur xref de x soit comprise dans des intervalles de
confiance de plus en plus grands centrés sur la valeur moyenne < 𝑥 > :
Intervalle de confiance Probabilité de trouver xref dans cet intervalle

[<𝑥>-σ ;<𝑥>+σ ] 68,20%


[ < 𝑥 > - 2σ ; < 𝑥 > + 2σ ] 95,45%
[ < 𝑥 > - 3σ ; < 𝑥 > + 3σ ] 99,73%
[ < 𝑥 > - 5σ ; < 𝑥 > + 5σ ] 99,99994%

La figure ci-contre montre


comment on calcule cette
probabilité : c’est la surface
comprise sous la gaussienne,
intégrée sur l’intervalle de
confiance considéré (ici
< 𝑥 > = 0 et σ = 1).

Attention cependant, la précision croissante de l’estimation de xref par la moyenne statistique


< 𝑥 > repose sur deux hypothèses :
− la statistique des erreurs aléatoires est gaussienne : ce n'est pas toujours le cas.
− l'erreur systématique de mesure est nulle (la mesure est non biaisée) : cette hypothèse,
souvent non vérifiée, devient critique quand l'erreur aléatoire diminue.

138
b) Evaluation directe
La méthode précédente est rigoureuse mais également fastidieuse…Souvent en physique on
ne prend pas, ou on n'a pas le temps de répéter un grand nombre de fois une mesure donnée,
notamment pour des mesures effectuées "à la main". C’est notamment le cas en Phys102.
Comment alors évaluer expérimentalement l’incertitude δx lors d’une unique mesure directe
de la grandeur x étudiée ? Il s'agit bien d'une évaluation, la seule méthode rigoureuse étant
celle du 2.1.a…
§ Si la mesure implique un appareil de mesure, on peut se reporter à la notice de celui-ci qui
indique souvent les incertitudes à prendre en compte (le travail statistique décrit au
paragraphe précédent a été fait par le constructeur de l'appareil…)

§ Si l'instrument de mesure est simple, ou si on ne trouve pas la notice de l'appareil (!), on


prend généralement une graduation du dernier chiffre (cf. chiffres significatifs). Ainsi,
pour un appareil à affichage numérique, on prendra comme incertitude une unité du dernier
chiffre affiché (sauf évidemment si on observe que les trois derniers chiffres fluctuent…).
Pour une mesure impliquant une lecture de graduations (règle, vernier), on prendra
également une unité (ou une demi-unité, suivant les cas) de la dernière graduation.

§ Une troisième méthode consiste à surestimer l'incertitude. On peut en effet effectuer, non
pas un grand nombre de mesures identiques, mais seulement 3 ou 4. On évalue alors une
valeur maximale de l'incertitude en prenant la moitié de la différence des valeurs extrêmes:
𝑥!"# − 𝑥!"#
𝛿𝑥 =
2
Cette méthode s'applique notamment lorsque la mesure implique un jugement de
l'expérimentateur. Par exemple, celui-ci doit apprécier la netteté d'une image (chapitre 3, TP
S5 et S7). Si l'on veut déterminer la position de l'écran où l'image est considérée comme nette,
il existe une certaine plage de positions de l'écran où l'observateur considèrera que l'image est
nette. On peut alors déterminer les deux positions extrêmes de l'écran où l'image peut encore,
à la limite, être considérée comme nette, et prendre comme incertitude la différence et diviser
par deux le résultat.
Lorsque vous donnerez une valeur expérimentale avec son incertitude, expliquez toujours
comment vous avez déterminé cette incertitude!

2.2 Cas d'une grandeur mesurée indirectement (reliée à une grandeur


mesurée par une loi connue)
Nous traiterons ici le cas d'une grandeur y, non plus mesurée directement, mais reliée à une
grandeur x que l'on mesure via une fonction connue y = f(x).
Par exemple, on veut déterminer le volume d'un cube (une pièce par exemple), et on mesure,
non pas directement ce volume (!), mais le côté du cube : on trouve une valeur x0, à δx près.
Bien entendu, le volume du cube peut être estimé par x03, mais à combien près? En d'autres
termes, que vaut l'incertitude δy ?
a) La méthode par encadrement
Sauf cas particulier, la méthode la plus simple est de calculer à partir des valeurs extrémales
(xinf et xsup) de la grandeur mesurée, les valeurs extrémales correspondantes ymin et ymax de la
valeur calculée (en faisant attention à l'ordre...).

139
Méthode par encadrement : calcul
On peut estimer l'incertitude δy sur la grandeur y = f(x) à partir des valeurs extrémales de x
dues à son incertitude δx :
𝑦!"# − 𝑦!"# 𝑓(𝑥!"# ) − 𝑓(𝑥!"# ) 𝑓(𝑥 + 𝛿𝑥) − 𝑓(𝑥 − 𝛿𝑥)
𝛿𝑦 = = =
2 2 2
Exemple 1 : on mesure le côté d'un cube et on trouve 1 m, à 1%, 10% ou 25%. Que vaut
l'incertitude sur le volume du cube dans les trois cas?
Exemple 2 : soit un angle α mesuré à 30° avec une incertitude de ± 2°. Quelle est l'incertitude
sur sin α, sur cos α ?
Avec une calculette, il est facile de remplir la suite d'encadrements :
angle : 28° < α < 32° ou bien : α = 30 ± 2°
sinus : 0.47 < sin α < 0.53 ou bien : sin α = 0.50 ± 0.03
cosinus : 0.85 < cos α < 0.88 ou bien : cos α = 0.87 ± 0.02
Seuls les chiffres considérés comme significatifs sont à conserver.
Méthode par encadrement : représentation graphique
Cette méthode peut être généralisée à une relation dont la Y
fonction est compliquée ou inconnue, mais dont on y = f(x)
dispose d'une représentation graphique. ysup

Sur l'exemple ci-contre, on a tracé la courbe reliant les yinf


grandeurs x et y. Si la mesure de x donne une valeur
comprise entre xinf et xsup, alors on peut déterminer
l'incertitude qui en résulte sur la valeur de la grandeur y. X
xinf xsup
b) La méthode de la dérivée
Une méthode qui peut ensuite se généraliser, repose sur l'utilisation de la dérivée.
Méthode de la dérivée : calcul
! ! !!(!! )
Vous avez vu que, par définition : 𝑓 ! 𝑥! = lim!→!! !!!!
Ceci permet de considérer que, si l'intervalle Δx=x-x0 est suffisamment petit (c'est-à-dire que
∆!
la dérivée ne varie pas beaucoup sur cet intervalle), on a : 𝑓 ! 𝑥! ≈ ∆! , soit : ∆𝑓 ≈ 𝑓 ! 𝑥! ∆𝑥
En général, les incertitudes constituent ainsi de faibles intervalles. Si l'on utilise la notation
δ introduite précédemment, en tenant compte que les incertitudes sont des valeurs absolues,
on peut donc résumer :
Si δx représente l'incertitude sur une valeur x0 de la grandeur x, alors on peut estimer
l'incertitude correspondante δy sur la valeur de la grandeur y telle que y0 = f(x0) :
𝛿𝑦 = 𝑓′(𝑥! ) 𝛿𝑥
Méthode de la dérivée : représentation graphique
La représentation graphique correspondante repose sur Y
l'interprétation graphique de la dérivée en un point. ysup
Comme vous l'avez vu au lycée, la valeur de la dérivée en
un point est la pente de la tangente à la courbe en ce point. yinf
La relation ci-dessus revient donc à considérer les points
non plus sur la courbe mais sur la tangente au point
X
considéré.
x0 - δx x0
140 x0 +δx
Exemples :
1- Incertitude sur le calcul du volume d'un cube de côté x.
Si δx représente l'incertitude sur la mesure du côté, alors, l'incertitude sur le volume V = x3
est : δV ≈ 3x2 δx
Reprendre l'exemple où l'on trouve pour le côté du cube : 1 m, à 1%, 10% ou 25%. Que vaut
l'incertitude sur le volume du cube dans les trois cas? Comparer au résultat obtenu
précédemment par la méthode par encadrements.
2- Incertitude sur l'accélération lors d'un glissement sur un plan incliné.
Si α représente l'angle du plan incliné et δα son incertitude, alors l'incertitude sur
l'accélération
a = g.sinα est égale à δa = g.cosα. δα (à condition d'utiliser "l'unité" d'angle des
mathématiciens : le radian !!)
Et, pour être cohérent, on ne garde bien sûr que les chiffres significatifs !

2.3) Méthodes de calcul pour une grandeur fonction de plusieurs variables


a) Cas général
De façon générale, connaissant les mesures xexp et yexp des grandeurs x et y, et connaissant les
incertitudes δx et δy de ces mesures, on cherche à connaître l'incertitude sur la grandeur
dérivée G(x,y). La méthode par encadrement est toujours applicable, mais fastidieuse.
Soit G une fonction de 2 grandeurs x et y. L'incertitude absolue δG se calcule à partir des
incertitudes absolues de mesure δx et δy, et des dérivées partielles de la fonction G aux points
de mesure xexp et yexp:
𝜕𝐺 𝜕𝐺
𝛿𝐺 = 𝑥!"# , 𝑦!"# 𝛿𝑥 + 𝑥 ,𝑦 𝛿𝑦
𝜕𝑥 𝜕𝑦 !"# !"#
La dérivée partielle de G par rapport à x s'obtient en considérant que y, ou plus généralement,
toutes les variables autres que x, sont constantes.

Exemple : on veut connaître l'incertitude sur la vitesse v d'un mobile, mesurée de manière
indirecte par la mesure de la distance l et du temps t de parcours. La vitesse v est la grandeur
G cherchée. C’est une fonction de l et t : v = G(l,t) = l / t
Pour cela on a mesuré le temps t = 10 ± 1 s qu’il met pour parcourir une distance l = 12.0 ±
0.5 cm. On a donc texp =10 s, lexp =12.0 cm, δt = 1 s et δl = 0.5 cm.
La valeur expérimentale vexp de la vitesse est donnée par : vexp = lexp / texp = 1.2 cm/s.
Pour calculer l’incertitude sur v on calcule les dérivées partielles de la fonction G(l,t)= l / t
!" ! !" !
!"
=! !"
= − !!
L’incertitude sur la vitesse sera donnée par :
𝜕𝑣 𝜕𝑣
𝛿𝑣 = 𝑙 ,𝑡 𝛿𝑙 + 𝑙 ,𝑡 𝛿𝑡
𝜕𝑙 !"# !"# 𝜕𝑡 !"# !"#
1 𝑙!"#
𝛿𝑣 = 𝛿𝑙 + !
𝛿𝑡
𝑡!"# 𝑡!"#
! !"
d’où 𝛿𝑣 = 0.5 + 0.2 = 0.17 cm/s.
!" !"!

On écrira finalement: v =1.2 ± 0.2 cm/s.


Remarque : Nous n’avons pas écrit v = 1.2 ± 0.17 cm/s. Pourquoi ?
141
b) Cas d’une loi de puissance : dérivée logarithmique

Si la grandeur G s'exprime sous forme d'un produit de puissances de x et y, 𝐺 = 𝑘 𝑥 ! 𝑦 ! ,


il est plus facile de calculer l'incertitude relative δG/|G| que l'incertitude absolue δG.

L'incertitude relative δG/|G| s'écrit simplement comme la somme des incertitudes relatives des
grandeurs mesurées, pondérée par les puissances :
𝛿𝐺 𝛿𝑥 𝛿𝑦
=𝑚 +𝑛
𝐺 𝑥 𝑦

Elle est indépendante de la constante k.

Démonstration: Prenons le logarithme népérien de la fonction G :

ln 𝐺 = ln 𝑘 + 𝑚 ln 𝑥 + 𝑛 ln 𝑦

Exprimons l'incertitude absolue sur ln (G) en dérivant cette expression :

𝛿𝐺 𝛿𝑥 𝛿𝑦
𝛿 ln 𝐺 = =𝑚 +𝑛
𝐺 𝑥 𝑦
La constante k a disparu ! Elle n'intervient pas dans le calcul de l'incertitude relative δG/|G|,
mais seulement dans celle de l'incertitude absolue δG.

Exemple 1: reprenons l’exemple précédent et calculons l’incertitude relative δv/|v| sur la


vitesse du mobile.
Les incertitudes relatives sur les quantités mesurées sont : δl/l = 4% et δt/t = 10%.
!! !! !!
On a : !
= !
+ !
donc δv / |v| = 14%.

On vérifie que δv = δv/|v| ×|v| = 14 ×1.2 = 0.17 cm/s, qui est bien le résultat que nous avions
obtenu précédemment.

Exemple 2 : Si l'arête d'un cube est mesurée avec une incertitude relative de 3%, on montre
que l'incertitude relative sur la surface d'une face du cube est de 6% et l'incertitude relative sur
son volume de 9%, et ce quelle que soit la longueur de l'arête. Ce résultat est aussi applicable
à une sphère dont on mesurerait le diamètre.

142
3. Modélisation et détermination de paramètres
Dans d'autres cas, on réalise une série de mesures de deux grandeurs pour étudier la relation
qui les relie. Vous avez ainsi tracé des graphes U=f(I) en électricité, v=f(t) en mécanique, etc.
Il s'agit de tester un modèle, de retrouver une loi physique, et éventuellement d'en déduire la
valeur d'un paramètre. On effectue alors une série de mesures en faisant varier l'une des
grandeurs : mesures de I en faisant varier U, mesure d'allongement d'un ressort en faisant
varier le poids accroché, etc.
L'analyse de telles mesures repose sur la représentation graphique des couples de mesures
(xi, yi) dans un graphe (x, y).
Seule cette méthode permet le contrôle de la modélisation et des calculs scientifiquement
valides.
Ci-après, on ne considère que le cas où les points ainsi obtenus correspondent à un modèle
affine ou linéaire, qui sera représenté par une droite d'équation y = ax + b, où a et b sont des
paramètres inconnus à déterminer.

3.1. Premier cas : on connaît les incertitudes sur chaque valeur


Dans un certain nombre de cas, on connaît les incertitudes sur chacune des valeurs mesurées
xi et yi : incertitude liée à l'appareil ou à la qualité du repérage, incertitude mesurée ou
calculée (voir partie précédente). Pour chaque valeur xi, on a donc un ± δxi (idem pour yi).
• La première étape consiste à reporter les Y
incertitudes sur les valeurs représentées. Pour ce faire, yi + δyi
on peut tracer des "croix" dont la taille représente les
incertitudes "en x" et "en y": largeur 2δxi, hauteur 2δyi yi
yi - δyi
On parle de barres d'erreur.
Remarque : dans certains ouvrages, on trace un
rectangle dit "rectangle d'incertitude". X
xi - δxi xi +δxi
• Dans une seconde étape, le modèle attendu étant
linéaire ou affine, on trace les droites de pentes xi
extrêmes (pente minimale et pente maximale) passant
par les croix ainsi tracées. Y amax
Ces deux droites fournissent chacune une valeur des
paramètres a (pente) et b (ordonnée à l'origine). amin

On en déduit un encadrement pour les valeurs des


paramètres cherchés :
amin < a < amax
bmax
bmin < b < bmax bmin X

Remarque importante : les croix ne sont pas nécessairement toutes de la même taille ! Ainsi
l'incertitude peut être plus importante sur les points "éloignés" de l'origine (cas du dessin ci-
dessus) : les points mesurés avec plus de précision ont une croix plus petite.
Le fait de faire passer la droite par ces croix va donc faire que l'on va en général passer plus
près des points dont on est le plus sûr ! Ce qui est logique !
143
Y a
Cas particulier : si on connaît la valeur de la pente
(par exemple parce qu’elle est fixée par la loi), on
peut déterminer de manière plus fine l’incertitude sur
l’ordonnée à l’origine en traçant les droites parallèles
de bonne pente et d’ « ordonnées à l’origine
extrêmes ». Celles-ci coupent l’axe des ordonnées bmax
aux points d’ordonnée bmin et bmax. bmin X

3.2. Second cas : on ne connaît pas les incertitudes sur les mesures
On trace alors une droite moyenne qui passe "au mieux" par l'ensemble des points : on essaie
d'équilibrer le nombre de points au-dessus et le nombre de points au-dessous.
Remarques : Y
1- Les "petites croix" tracées ici ne représentent pas
les incertitudes.
2- Il se peut que la droite ne passe par aucun
point expérimental !
3- Ceci effectué, tout point de la droite constitue alors
une meilleure estimation des mesures, puisque la
droite tient compte de tous les points expérimentaux, X
et fait donc bien une sorte de moyenne sur l'ensemble.
Donc, si l'on conserve tous les points expérimentaux, et que l'on estime la droite comme
représentative des mesures, alors cela signifie que l'on considère que le fait que des points ne
soient pas sur la droite est dû aux incertitudes de mesure.
De plus, ayant considéré de la même façon tous les points, on suppose implicitement que
l'incertitude est la même pour tous (cf. remarque précédente).
L'écart le plus grand entre un point et la droite est donc représentatif des incertitudes pour
tous les points.
La figure ci-contre (à gauche) est un zoom sur
la partie du graphique ci-dessus où l'un des
points est le plus éloigné de la droite. Si l'on δy
suppose que les incertitudes sont
essentiellement sur la grandeur Y, alors on a
l'estimation de δy (figure de droite).
Cette incertitude peut alors être reportée sur tous les points et l'on est ramené au cas du §3.1.
Remarques importantes :
1- La méthode repose ici sur l'hypothèse que l'incertitude est négligeable sur la grandeur
portée en abscisse (mais l'on pourrait généraliser en traçant les perpendiculaires à la droite).
2- La méthode suppose que les incertitudes sont les mêmes pour tous les points. C'est ce qui
permet d'interpréter la dispersion des points de part et d'autre de la droite moyenne comme
représentative des erreurs aléatoires, donc des incertitudes.
3- On a ici maximisé l'incertitude sur y, en prenant l'écart maximum entre un point et la droite.
La méthode "correcte" pour ne pas surestimer cette incertitude consiste à prendre l'écart
moyen entre les points et la droite (moyenné sur l'ensemble des points). C'est ce que fait une
régression linéaire…
144
Exercices du chapitre 5
5.1 Volume d’une bille
1
On mesure le diamètre D d’une bille d’acier à l’aide d’un pied à coulisse au 50 de mm près.
On lit D = 10,02 mm. Ecrire D avec son incertitude absolue sous la forme D =… ±…
Quel est le volume V de la bille, avec son incertitude ? Ecrire le résultat sous la forme
V =…±…

5.2 Incertitude sur le sinus d’un angle


Connaissant l'incertitude sur i (en degrés), quelle est l’incertitude sur sin i?
Application numérique : compléter le tableau ci-contre.

i (°) δi (°) δi (rad) sin i cos i δ(sin i)= ?

2,5 1

35 1,5

40 2,5

5.3 Réfractomètre de Godat


Un réfractomètre permet de déterminer la valeur de l’indice de réfraction n d’un fluide à partir
de la mesure de l’angle de déviation D d’un fin faisceau de lumière parallèle. On connaît
l’indice N du prisme constituant le réfractomètre, ainsi que son angle d’inclinaison α par
rapport à la verticale.
Le dispositif expérimental, appelé réfractomètre de Godat, est tel qu’il existe une relation
D
simple entre ces quatre variables, à savoir n=N- α . On suppose que les valeurs de N et de
α, sont connues avec une incertitude négligeable par rapport à celle correspondant à la mesure
de D.
Déterminer la valeur de l’indice de réfraction n. On écrira le résultat sous la forme n=… ± …
et on déterminera la précision de la mesure.
Données :
N=1.768, α=10.00°, D= 3.2°, valeur mesurée avec une précision de 3%.

145
5.4 Puissance dissipée dans une résistance électrique

Une résistance R soumise à un courant électrique I délivre une puissance P donnée par la
relation supposée P = RI². Pour vérifier cette relation, un étudiant applique différents courants
à une résistance inconnue immergée dans de l’eau dont l’augmentation de température
renseigne sur la puissance dissipée. Les résultats sont reportés sur le graphe ci-joint. Les
incertitudes sur I et I2 sont négligeables.

a) Les points de mesures vous semblent-ils en accord avec la relation attendue ?


Pourquoi ?
b) On cherche à ajuster les mesures par une droite. Que représente la pente de cette
droite ? En quelle unité s’exprime-t-elle ?
c) Utiliser le graphe ci-joint pour déterminer la pente de la droite ajustant au mieux les
mesures. Quelle est l’incertitude sur la valeur de la pente ? Exprimer le résultat sous la
forme x ± δx.

146
EXERCICES DES CHAPITRES 1 A 4

147
SOMMAIRE DES EXERCICES DES CHAPITRES 1 A 4 :
EXERCICES DU CHAPITRE 1 149
1.1 Temps de parcours de la lumière 149
1.2 Longueur d'onde dans un milieu d'indice n > 1 149
1.3 Angles de réfraction et de réflexion en incidence normale 149
1.4 Tracé de rayons au niveau d’un dioptre 150
1.5 Indice de réfraction d'un liquide 150
1.6 Réfractions successives par un prisme 151
1.7 Mesure de l’indice d’un liquide 152
1.8 Détecteur de pluie 153
1.9 Fibre optique à saut d’indice 154
1.10 Le principe de Fermat et le problème du sauveteur (∗) 155
EXERCICES DU CHAPITRE 2 156
2.1 Image d'un objet réel par des miroirs sphériques : constructions 156
2.2 Miroir sphérique : application de la relation de conjugaison et construction 156
2.3 Image d'un objet réel par des miroirs sphériques : relation de conjugaison 157
2.4 Stigmatisme et conditions de Gauss 157
2.5 Objets/images réel(le)s/virtuel(le)s avec un miroir plan 157
2.6 Deux miroirs 158
2.7 Champ d'un miroir plan ou convexe 158
2.8 Image de la Lune par un télescope 159
2.9 Où le pêcheur voit-il le poisson ? 159
2.10 Modélisation de l'œil par un dioptre sphérique 160
2.11 Image dans un verre à saké 161
2.12 Image de la Lune par la surface des océans 163
EXERCICES DU CHAPITRE 3 164
3.1 Image d'un objet réel par une lentille convergente ou divergente 164
3.2 Image d'un objet virtuel par une lentille convergente ou divergente 164
3.3 Vision à l’aide d’une loupe 164
3.4 Image d'une diapositive sur un écran par une lentille convergente 164
3.5 Système de deux lentilles minces accolées 165
3.6 Association de deux lentilles minces convergentes 166
3.7 Correction d'un œil myope : écart de correction entre lunettes et lentilles 166
3.8 Téléobjectif (suite de la partie TP) 166
3.9 Système optique afocal : la lunette de Galilée 167
3.10 Pouvoir séparateur de l'œil 168
3.11 Mesure de l’indice d’un liquide à l’aide d’un réfractomètre 169
EXERCICES DU CHAPITRE 4 171
4.1 Couleurs de drapeaux 171
4.2. Dispersion par un prisme 171
4.3 Arc-en-ciel 172
4.4 Fabrication d’une lumière blanche à partir de diodes électroluminescentes 175
4.5 Mesure par spectroscopie de la vitesse de récession d’une galaxie 176

148
EXERCICES DU CHAPITRE 1

Assimilation du cours
1.1 Temps de parcours de la lumière
a) Temps mort entre deux téléphones cellulaires :
Deux personnes discutent entre elles via leurs téléphones cellulaires. Chaque téléphone
cellulaire envoie ces informations sous forme d’ondes électromagnétiques à un satellite en
orbite géostationnaire, c'est-à-dire à une altitude de 36000 km. On suppose ici que les deux
personnes sont séparées d'une distance négligeable devant la distance entre la surface de la
Terre et le satellite. Quel est le temps mort, c'est-à-dire le temps entre le moment où la
personne commence à parler et où son interlocuteur commence à entendre la phrase
prononcée ?
b) Distance Terre-Lune :
En 1969, lors de la mission Apollo XI, Neil Armstrong et Edwin Aldrin ont déposé, à la
surface de la Lune un réflecteur laser. Ce réflecteur laser permet de renvoyer vers la Terre des
faisceaux d’impulsions laser tirés de centre d’études comme le CERGA près de Grasse ou la
station Mac Donald au Texas. Une impulsion laser est un signal lumineux très bref. On
mesure avec une grande précision la durée mise par cette impulsion pour effectuer un aller-
retour Terre-Lune.
Lors d’un tir d’impulsion laser, le temps de parcours d’une impulsion pour un aller-retour
Terre-Lune est 2,65s. Déterminer la distance Terre-Lune au moment de la mesure.

1.2 Longueur d'onde dans un milieu d'indice n > 1


Le maillot de bain rouge que porte une personne réfléchit principalement, dans l’air, une
longueur d’onde de 750 nm. On rappelle que, quand on parle de longueur d’onde associée à
une couleur, on se réfère en fait à la longueur d’onde dans le vide, λ0
a) Quelle est la relation qui relie la longueur d’onde λ dans un matériau d’indice n et la
longueur d’onde dans le vide, notée traditionnellement λ0?
b) L’indice de l’air nair étant pratiquement égal à 1, justifier le fait que la longueur d’onde
dans l’air est assimilée à la longueur d’onde dans le vide, λ0. On note donc λ0 = 750nm.
c) L’indice de l’eau neau étant de 1.33, calculer la valeur de λ, longueur d’onde dans l’eau.
d) Comment explique-t-on que la couleur du maillot soit perçue comme identique, qu’il soit
vu dans l’air ou sous l’eau ?

1.3 Angles de réfraction et de réflexion en incidence normale


a) Quel est l'angle de réflexion dans le cas d'un rayon tombant perpendiculairement sur une
surface plane ?
b) Quel est l'angle de réfraction dans le cas d'un faisceau tombant perpendiculairement sur
l'interface air-verre ?

149
1.4 Tracé de rayons au niveau d’un dioptre
Compléter les schémas suivants.

n2 n1 n2
n1 n2 n1

avec n1 < n2 avec n1 < n2 avec n1>n2

n1 n2 n1 n2
n1

n2

avec n1=n2 avec n1<n2 avec n1>n2

1.5 Indice de réfraction d'un liquide


a) Un faisceau de lumière tombe sur l'interface air-liquide sous une incidence de 55°. L'angle
du rayon réfracté dans le liquide est alors 40°. Quel est l'indice du liquide ?
b) Un liquide remplit un petit récipient (voir figure ci-dessous). On trouve que le bord arrière
du fond du récipient est juste visible sous un angle de 20,0° avec l'horizontale. Quel est
l'indice de réfraction du liquide ?
œil
20°

20 cm

15 cm

150
Problèmes
1.6 Réfractions successives par un prisme
Un prisme est un milieu homogène limité par deux dioptres plans non parallèles, appelés les
faces d'entrée et de sortie du prisme (toutes les deux sont polies). Leur intersection forme
l'arête du prisme, caractérisée par un angle A.
Les deux propriétés principales des prismes sont de dévier et de disperser la lumière. La
dispersion signifie la séparation d'un rayonnement polychromatique en ses différentes
composantes et sera étudiée au chapitre 4. Ici, nous nous intéresserons à la déviation d'un
faisceau monochromatique par un prisme.
Un faisceau de lumière monochromatique est envoyé sur une face latérale d'un prisme de
sommet S, d'angle au sommet A, et d'indice n pour la longueur d'onde considérée.
1) Complétez le schéma ci-contre en traçant l'allure du trajet du faisceau lumineux à travers le
prisme. Complétez le schéma avec les notations suivantes :
S • i, appelé angle d'incidence, est l’angle
entre le rayon incident et la normale à la face
d’entrée du prisme au point J.
• r est l’angle entre le rayon dans le prisme et
la normale à la face d’entrée du prisme au point J.
• r’ est l’angle entre le rayon dans le prisme
et la normale à la face de sortie du prisme au point
J’ (point d’incidence sur la face de sortie du
prisme).
• i’ est l’angle entre le rayon émergeant du
prisme et la normale à la face de sortie du prisme
au point J’.

2) En utilisant la loi de la réfraction en J et J', trouver une relation entre i et r, et entre i' et r'.
3) A l'aide d'un raisonnement dans le triangle SJJ', trouver une relation entre r, r' et A.
4) Déviation
4-a) Exprimer, à l'aide des angles i et r, la déviation D1 subie en J par le rayon
incident.
4-b) Exprimer, à l'aide des angles i' et r', la déviation D2 subie par le rayon incident en
J’, et en déduire la déviation totale D.
5) Minimum de déviation
5-a) Montrer par des arguments qualitatifs que le minimum de déviation correspond
nécessairement à la situation symétrique telle que i = i' et r = r'.
5-b) On admettra que la déviation passe par un minimum lorsque la condition suivante
sur les angles est remplie :
cos i' cos r = cos i cos r'
En utilisant les relations trouvées dans les questions précédentes, en déduire que le
minimum de déviation a lieu pour r = r' = A/2
(!!!! )
!"# !
5-c) En déduire que l'indice du prisme s'exprime par 𝑛 = !"#! !
.

151
1.7 Mesure de l’indice d’un liquide
Un récipient dont le fond est réfléchissant (figure ci-dessous) contient un liquide d’indice n
que l’on souhaite mesurer. Pour cela, deux sources lumineuses M et N supposées ponctuelles
sont placées à la surface du liquide. Elles sont séparées d’une distance a supposée
parfaitement connue.
Dispositif de mesure de l’indice n d’un liquide
Une lunette, située au bord
Observateur
du récipient, permet à un
observateur de récolter
certains rayons provenant de
la surface du liquide. Pour que Lunette
.
la lumière puisse pénétrer dans O
la lunette, nous supposerons a
que le rayon doit passer par le
point O, symbolisant l’entrée M N
de la lunette. La hauteur h du
liquide est un paramètre que
l’observateur ajuste pour h
pouvoir déterminer l’indice n.
Les sources ponctuelles M
et N peuvent envoyer des
rayons dans toutes les
directions.
Surface réfléchissante

1 Un observateur, dont l’œil est situé derrière la lunette, regarde le point N directement. Sur le
schéma ci-dessus, représenter le rayon qui va directement de N au point O. Tracer la normale
à la surface en N. Indiquer sur votre schéma l’angle noté α entre la normale en N et ce rayon.
2-a) Représenter le rayon particulier qui part de M vers le fond du récipient et qui, après
réflexion sur le fond, traverse la surface du liquide en N. Soit H le point sur le fond du
récipient où est réfléchi ce rayon. Comment est € situé le point H par rapport aux points M
et N ? Placer ce point sur votre schéma. Représenter le rayon issu de H réfracté en N. On note
i l’angle d’incidence en H, r l’angle de réfraction dans l’air en N (pour l’instant, le rayon
réfracté en N ne passe pas forcément par O, c’est à dire que les angles r et α ne sont pas
forcément égaux). Indiquer i et r sur votre schéma.
2-b) L’observateur regarde en même temps le point N et l’image du point M après réflexion
sur le fond du récipient et traversée de la surface liquide-air. Il ajuste€la hauteur h du liquide
pour que l’image de M soit vue dans la même direction que le point N. Quelle relation a-t-on
alors entre r et α ? Dans ces conditions, écrire la troisième loi de Snell-Descartes pour le
rayon provenant du fond de la cuve et réfracté en N. Montrer que dans ces conditions, on a :

n = sinα 1+ 4h 2 /a 2

2-c) On donne a = 5 cm, α = 45°. On admet qu’il n’y a pas d’incertitude sur ces valeurs.
L’observateur mesure h = 4.3±0.1 cm lorsqu’il voit les images de M et N dans la même
direction. €
Quelle est l’incertitude
€ relative sur la hauteur h ? Calculer la valeur δ n de l’incertitude sur
l’indice n par deux méthodes : la méthode de la dérivée et la méthode par encadrement. Ces
deux méthodes sont-elles équivalentes ?

152
1.8 Détecteur de pluie
Certains véhicules sont équipés d’un détecteur de pluie qui commande la mise en route des
essuie-glaces. Placée à l’intérieur du véhicule, une diode électroluminescente émet un rayon
lumineux qui vient frapper la face externe du pare-brise en verre sous un angle d’incidence de
45°.
Données : indice du verre nv = 1,5 ; indice de l’eau ne = 1,33.
1) Question préliminaire
On considère un rayon lumineux incident avec l’angle i sur un dioptre plan séparant deux
milieux transparents homogènes d’indice n1 et n2. A quelle condition sur les indices n1 et n2
peut-il y avoir réflexion totale ? Exprimer l’angle limite de réflexion totale ilim en fonction de
n1 et n2.
2) Etude en présence de pluie
Le schéma de fonctionnement du dispositif en présence de pluie est présenté ci-dessous.
Compléter ce schéma en indiquant l’angle d’incidence et, s’ils existent, le rayon réfléchi, le
rayon réfracté, ainsi que les angles réfléchi et réfracté correspondants. Justifier votre réponse.

3) Etude en l’absence de pluie


Le schéma de fonctionnement du dispositif en l’absence de pluie est présenté figure 2 page 4.
Compléter ce schéma en indiquant l’angle d’incidence et, s’ils existent, le rayon réfléchi, le
rayon réfracté, ainsi que les angles réfléchi et réfracté correspondants. Justifier votre réponse.

4) Principe de la détection de pluie


Une photodiode récupère dans les deux cas la lumière réfléchie. Elle est reliée au système de
commande des essuie-glaces.
− Si l’intensité de cette lumière est forte, le détecteur bloque les essuie-glaces.
− Si l’intensité de cette lumière est faible, le détecteur provoque le
déclenchement automatique des essuie-glaces.
a) Où faut-il placer la photodiode ? L’indiquer sur les schémas ci-dessus.
b) Expliquer le fonctionnement du détecteur, en présence et en l’absence d’eau sur le pare-
brise.

153
1.9 Fibre optique à saut d’indice

R
gaine, indice n2
r
i
O α z
θ coeur, indice n 1

On considère une fibre optique de section cylindrique placée dans l’air. Cette fibre de rayon R
et de longueur L est constituée de deux cylindres concentriques, un cœur de rayon r et
d’indice n1 entouré d’une gaine d’indice n2.
a) Quelle inégalité sur n1 et n2 doit être vérifiée pour qu’il puisse y avoir réflexion totale à
l’interface cœur/gaine ? Dans la suite, nous supposerons que cette condition est toujours
vérifiée.
b) On considère un rayon lumineux arrivant sur le cœur de la fibre au point O sous un
angle d’incidence θ. Ecrire les relations reliant les différents angles du schéma ci-dessus à
chacune des interfaces air/cœur et cœur/gaine.
c) Pour quelles valeurs de θ, le rayon entrant dans la fibre se propage-t-il le long de cette
fibre par réflexion totale à l’interface cœur/gaine ?
d) Calculer numériquement la valeur extrémale de θ, θ0 pour que le rayon se propage dans
la fibre. On donne n1 = 1,5 et n2 = 1,49.
e) Supposons que le faisceau à l'entrée de la fibre ait une certaine ouverture angulaire
θ1>θ0. Ceci signifie que le faisceau comprend tous les angles de valeur comprise entre 0
et θ1>θ0. Représenter le trajet suivi dans la fibre par différents rayons de ce faisceau.
f) Quel rayon de ce faisceau effectue le trajet le plus court entre l'entrée et la sortie de la
fibre? Que vaut la distance qu'il parcourt? En déduire son temps de parcours entre l'entrée
et la sortie de la fibre, noté τmin.
g) Quel rayon de ce faisceau effectue le trajet le plus long entre l'entrée et la sortie de la
fibre? Que vaut la distance qu'il parcourt? En déduire son temps de parcours entre l'entrée
et la sortie de la fibre, noté τmax
h) En prenant L = 10 km et les valeurs de n1 et n2 précédentes, calculer numériquement la
quantité Δt = tmax - tmin. Que représente cette quantité?

154
Pour aller plus loin
1.10 Le principe de Fermat et le problème du sauveteur (∗)
Le principe de Fermat établi en 1658 par Pierre de Fermat s’énonce de la manière suivante :
« Pour aller d’un point à un autre, la lumière suit, parmi toutes les trajectoires possibles,
celle dont le temps de parcours est extrémal. »
À partir de ce principe on montre que la lumière se propage en ligne droite dans un milieu
homogène, et on peut aussi démontrer les lois de la réflexion et de la réfraction.
Ici, on se propose de faire une analogie mécanique du principe de Fermat.
Un sauveteur (S) situé sur une plage aperçoit un nageur (N) en difficulté dans l’eau. Il se porte
à son secours, et souhaite bien sûr mettre le minimum de temps pour atteindre le nageur. Quel
chemin doit-il alors suivre, sachant qu'il nage moins vite qu'il ne court sur la plage ?
On modélise cette situation réaliste par un front de mer rectiligne en supposant que le
sauveteur court et nage à vitesses vs et ve constantes respectivement.

a) Montrer par un raisonnement qualitatif que la ligne droite SN n'est pas le "meilleur
chemin".
b) Compléter le schéma ci-dessus en positionnant le point H sur le front de mer que le
sauveteur atteindrait s'il courait perpendiculairement à celui-ci. Placer, de même, le
point K sur le front de mer dans le cas où le sauveteur nagerait perpendiculairement au
front de mer.
c) Montrer, de nouveau par un raisonnement qualitatif, que ces deux trajets SHN et
SKN ne sont pas les meilleurs.
d) Placer un point I sur la berge, représentant le point où le sauveteur arrive dans l'eau
de façon "satisfaisante".
e) Écrire l'expression de la durée t mis par le sauveteur pour aller ainsi de S à N en
fonction de x = HI. On notera L = HK, ds = HS et de = KN.
f) Comment écririez-vous, mathématiquement, le fait que cette durée t soit minimale?
g) Montrer que la relation ainsi obtenue peut s'écrire sous une forme analogue à la loi
de réfraction de l'optique géométrique.

155
EXERCICES DU CHAPITRE 2

Assimilation du cours
2.1 Image d'un objet réel par des miroirs sphériques : constructions
1) On rappelle la relation de conjugaison avec origine au sommet pour un miroir sphérique de
! ! !
centre C et de sommet S utilisé dans les conditions de Gauss : !"! + !" = !" . Retrouver
rapidement la position des foyers objet et image.
2) Réaliser les constructions géométriques nécessaires pour trouver l'image d'un objet réel AB
(perpendiculaire à l'axe optique du miroir) par un miroir concave de rayon donné utilisé dans
les conditions de Gauss dans les cas suivants :
• AB à gauche de C
• A confondu avec C
• AB entre C et F
• A confondu avec F
• AB entre F et S
On peut éventuellement réaliser toutes les constructions sur une seule figure, en attribuant le
même numéro à la position de l'objet et à celle de l'image lui correspondant.
Dans chaque cas, donner la nature de l'image (réelle ou virtuelle, droite ou inversée, plus
grande ou plus petite que l'objet). Donner, le cas échéant, les applications correspondantes.
3) Mêmes questions pour un miroir convexe de même rayon de courbure (en valeur absolue)
que le miroir concave précédent, en plaçant l'objet réel AB à différents endroits. Quelles sont
les applications des miroirs convexes?

2.2 Miroir sphérique : application de la relation de conjugaison et construction


On place un objet AB de 2 cm de haut à 12 cm devant un miroir concave dont la longueur
focale est de -5 cm. On note S le sommet de ce miroir concave, et C son centre de courbure.
1) À partir données de l’énoncé, écrire les valeurs des distances algébriques 𝑆𝐹 et 𝑆𝐴.
2) Faire un schéma en plaçant les points A, B, S, F, F’ et C. Construire l’image A’B’ de
l’objet AB par le miroir.
3) Grâce à la relation de conjugaison des miroirs sphériques, calculer à quelle distance du
miroir se forme l’image.
4) Quelle est la nature de l’image ?
5) En raisonnant dans les triangles CAB et CA’B’, exprimer le grandissement 𝛾 = 𝐴′𝐵′ ⁄ 𝐴𝐵
Faire l’application numérique.
6) Calculer la taille de l’image.
7) Dans quel sens est l’image ?

156
Application du cours
2.3 Image d'un objet réel par des miroirs sphériques : relation de conjugaison
En utilisant la relation de conjugaison des miroirs sphériques, retrouver les conditions pour
obtenir une image réelle ou virtuelle à partir d’un objet réel. Vérifier que le résultat est
cohérent avec les différentes constructions de l’exercice 2.1.

2.4 Stigmatisme et conditions de Gauss


Le but de cet exercice est de tester la modélisation d'un miroir sphérique dans les conditions
de Gauss. Pour le faire, il est nécessaire d'avoir un compas ou un rapporteur.
On prendra un miroir sphérique concave de rayon de courbure 4 cm. On placera un objet réel
AB perpendiculairement à l'axe optique du miroir, à la position telle que 𝐴𝐶 = +2 cm.
1) La hauteur de AB est de 1.5 cm. Réaliser deux constructions de l'image de AB (voir les
figures ci-dessous) :
a) La construction utilisant la modélisation du miroir dans les conditions de Gauss (figure de
gauche ci-dessous)
b) La "vraie" construction sans utiliser cette modélisation (figure de droite ci-dessous)
2) Recommencer les deux constructions précédentes après avoir diminué de moitié la taille de
l'objet, et conclure.

2.5 Objets/images réel(le)s/virtuel(le)s avec un miroir plan


On considère un faisceau convergent en un point A
provenant d'un système optique précédent, non
représenté. A est donc l'image d'un point objet (non
représenté) par ce système optique. A

1) De quelle nature est l'image A?


2) On intercale un miroir plan à l'endroit marqué d'une
flèche.
a) A est maintenant un objet pour ce miroir plan. De quelle nature est cet objet?
b) Le miroir est perpendiculaire à l'axe en pointillés. Réaliser la construction géométrique afin
de trouver l'image A' de A par le miroir plan. De quelle nature est-elle?
c) Le miroir est incliné à 45° par rapport à l'axe en pointillés. Répondre aux mêmes questions
qu'en b)

157
2.6 Deux miroirs
On considère un ensemble de 2 miroirs plans M1 et M2 formant un angle droit (schéma ci-
dessous).
Un petit objet lumineux A est placé dans l'angle formé par les miroirs.

1) Combien l'objet A a-t-il d'images ? Combien d'images un observateur peut-il en


apercevoir?
2) Placer avec précision les images du point A.
3) Représenter les trajets des rayons lumineux (1) et (2) dans le système.
4) Compléter le schéma en faisant apparaître les faisceaux de lumière arrivant dans l'œil de
l'observateur et les images qu'il peut alors voir.
5) On reprend le même schéma en ajoutant un axe Ox le long de M2 et un axe Oy le long de
M1
a) Soit un rayon lumineux L qui vient frapper le miroir M2. Les composantes dans le plan
(Oxy) du vecteur unitaire colinéaire et de même sens que le rayon sont Lx et Ly. Donner les
composantes de ce vecteur après réflexion dans le miroir M2.
b) Soit un rayon lumineux K qui vient frapper le miroir M1. Les composantes du vecteur
unitaire colinéaire et de même sens que le rayon sont Kx et Ky. Donner les composantes de ce
vecteur après réflexion dans le miroir M1.
c) Que se passe-t-il si le rayon K après avoir été réfléchi par M1 vient frapper M2 ?

2.7 Champ d'un miroir plan ou convexe

Une personne est placée à une distance D d’un miroir plan. Avec son chapeau, elle mesure
1,80 m, ses yeux étant à 1,50 m du sol.
Le champ d’un miroir est la région de l’espace vue par un observateur à travers un miroir.

158
1.a) Déterminer graphiquement le champ du miroir pour que cette personne se voie
entièrement dans le miroir. En déduire à quelle hauteur H du sol doit être le miroir, et quelle
doit être sa hauteur h.
b) Tracer entre le miroir et le personnage les rayons lumineux extrêmes vers le haut et vers le
bas vus par le personnage. Indiquer sur le dessin l’angle d’ouverture entre ces rayons.
c) Tracer les rayons extrêmes arrivant sur le miroir et vus par le personnage. Quel est l’angle
qu’ils forment ?
2. On remplace le miroir plan par un miroir convexe de rayon R et de même taille que le
miroir plan précédent. Prendre pour axe optique de ce miroir l'axe horizontal passant par le
centre du miroir plan de la question précédente.
Tracer les rayons extrêmes arrivant sur le miroir et vus par le personnage. Quel est l’angle
qu’ils forment ? L'indiquer sur le dessin, et le comparer qualitativement avec l’angle obtenu
précédemment avec un miroir plan. Conclure sur le champ d'un miroir convexe par rapport à
celui d'un miroir plan.

2.8 Image de la Lune par un télescope


Les grands télescopes sont munis d'un collecteur concave, de forme sphérique ou parabolique.
Ils sont utilisés pour réaliser des images d'objets lointains. Nous prenons ici comme exemple
d'objet la Lune, dont le point inférieur A est sur l'axe et le point supérieur B au-dessus de l'axe
avec un angle d'inclinaison α . Les points A et B sont tous deux considérés pratiquement à
l'infini.
Que peut-on dire sur les rayons reçus par le télescope et issus du point A? Même question
pour ceux issus du point B. En déduire l'image A' de A et l'image B' de B par construction
géométrique. Où est l'image A'B' de la Lune? Exprimer sa taille en fonction de la distance
focale du télescope et de l'angle α
Pour un télescope de focale 1 m, la taille de l'image obtenue est de 1 cm environ. En déduire
l'angle sous lequel on voit la Lune.

2.9 Où le pêcheur voit-il le poisson ?


Le but de cet exercice est d'interpréter l'expérience 6 du chapitre 2 du poly de cours/TP. Il
nécessite l'usage d'un rapporteur.
Le schéma ci-dessous représente un point objet A (un point d’un poisson par exemple) dans
de l’eau d’indice n = 1,33. Au-dessus, on trouve de l’air d’indice 1 (milieu dans lequel se
trouve le pêcheur).
1) Un point-objet a-t-il une image par un dioptre plan?
Tracer plusieurs rayons issus de A, ainsi que leur devenir après traversée du dioptre : réaliser
ces tracés précisément, avec les valeurs numériques des angles (utiliser un rapporteur). Tracer
alors les prolongements arrière des rayons situés dans l’air.
Semblent-ils tous provenir d'un même point ? Peut-on parler d’image géométrique du point
A ? Que peut-on dire sur le stigmatisme du dioptre plan ?

159
2) Pourquoi voit-on néanmoins une image
(nette)?
Reprendre la construction ci-dessus en ne
considérant que les rayons pouvant atteindre
l’œil de l’observateur. Quelle conclusion en
tirez-vous ? L’ « image » dépend-elle de la
position de l’observateur ?

3) On se place dans le cas particulier où le pêcheur regarde le poisson quasiment à la verticale


de celui-ci. A quelle profondeur apparente lui apparaît-il par rapport à sa profondeur réelle?
Faire l'A. N.

Problème
2.10 Modélisation de l'œil par un dioptre sphérique

œil réduit
L'œil est constitué de plusieurs milieux transparents permettant à la lumière d'atteindre la
rétine : cornée, humeur aqueuse, cristallin et humeur vitrée. Ces milieux ont des indices
voisins de celui de l'eau.
160
La modélisation de l'œil la plus simple consiste alors à considérer l'ensemble comme un seul
milieu d’indice moyen égal à 1,35. On parle du modèle de "l'œil réduit".
L’œil est alors équivalent à un seul dioptre sphérique qui sépare l'air d'un milieu d'indice
n' = 1,35. Le rayon de courbure est alors celui de la cornée égal à 6 mm.
1. Distances focales
a) Etablir l’expression des distances focales 𝑆𝐹 et 𝑆𝐹′ du dioptre sphérique, distances définies
à partir du sommet S du dioptre, en fonction des données n, n' et 𝑆𝐶.
b) Dans le cas de l’œil réduit qui nous intéresse ici, calculer les valeurs numériques des
distances focales 𝑆𝐹 et 𝑆𝐹′ (cette distance focale image correspond à la valeur de la
profondeur de l’œil).
On vérifiera que, pour un dioptre sphérique, les segments FS et CF’ sont symétriques par
!"! !!
rapport au milieu du segment SC, et que !"
=−!
2 Dans quelles conditions la relation de conjugaison pour un dioptre sphérique est-elle valable ?
La pupille constitue un diaphragme qui limite, à l’entrée de l’œil, le faisceau de rayons utiles
à la formation de l’image finale sur la rétine. La pupille a en moyenne un rayon de 2 mm.
Quand on observe un objet à l’infini, on peut considérer qu’un rayon incident parallèle à l’axe
optique et situé à une distance de 2 mm de cet axe, arrive au point F’. Faire un schéma, et en
déduire l’angle moyen sous lequel on voit un objet à l’infini pour justifier a posteriori que l’on
est dans les bonnes conditions.
3 – On suppose maintenant que l’objet AB que l’on regarde n’est plus à l’infini, mais s’est
rapproché de l’œil. Le point A se trouve à une distance de 25 cm du sommet S.
a) Où se trouverait l’image A' correspondante ? Qu’en conclure ?
b) En fait, l’œil accommode : sous l’action des muscles auxquels il est attaché, le cristallin se
déforme. Justifier qualitativement pourquoi, si l’on veut voir nettement l’image d’un objet qui
se rapproche de l’œil, le cristallin doit être plus convergent.
c) Dans le modèle d’œil réduit que nous prenons ici en considération, l’accommodation se
traduit par un déplacement du centre de courbure, noté maintenant C’, le sommet S du dioptre
et la rétine demeurant fixes. Déterminer la valeur du nouveau rayon de courbure 𝑆𝐶′ qui
permet que l’image de l’objet A' soit de nouveau sur la rétine.

2.11 Image dans un verre à saké


Une lentille épaisse en verre (n = 1,5) plan-convexe est constituée d’un dioptre plan D1, de
sommet S1, et d’un dioptre sphérique D2 de sommet S2 et de centre C2. Dans tout cet exercice,
on se place dans les conditions de Gauss et on prendra 𝑆! 𝑆! = +2 cm. On rappelle la relation
de conjugaison entre un point objet A et son image A’ par un dioptre sphérique de sommet S et
de centre C:
n2 n1 n 2− n1
− =
SA' SA SC
où n1 est l’indice du milieu incident et n2 celui du second milieu (milieu dans lequel est
transmis le rayon réfracté). Les longueurs 𝑆𝐴, 𝑆𝐴′et 𝑆𝐶 sont algébriques.
1) Enoncez les conditions de Gauss. Pourquoi est-il important de se placer dans ces conditions
pour former l’image d’un objet par un système optique centré ?

161
2) Image par une lentille épaisse plan-convexe
On place cette lentille sur un banc optique et on éclaire sa face plane (perpendiculaire à l’axe
optique) avec un faisceau de rayons incidents parallèles à l’axe (Figure 1). La lentille est
entourée d’air d’indice nair = 1. On constate que les rayons émergeant de la lentille se coupent
en un point F’ de l’axe tel que 𝑆! 𝐹′ = +4,5 cm.

Figure 1
2-a) Où est située la source de lumière A0 qui éclaire le dioptre D1 avec un faisceau de rayons
parallèles à l’axe ? Où est située son image A1 par D1 ? Justifier.
2-b) Où est située A2, image de A1 par D2 ? Justifier.
2-c) Ecrire la relation de conjugaison pour le dioptre D2. A l’aide de cette relation, vérifier
que le rayon de courbure de ce dioptre vaut 𝑆! 𝐶! = −1,25 cm.
2-d) Sur la Figure 1, prolonger les rayons incidents dans le verre, puis dans l’air, pour
indiquer leur trajet à travers la lentille. Que représente le point F’ ?

On place maintenant la lentille étudiée ci-dessus au fond d’un verre au-dessus d’une cavité
remplie d’air. Une photo est collée au fond de la cavité. Son centre A0 est à la distance
𝐴! 𝑆! = +4/3 cm de S1. On cherche à comprendre comment une image du point A0 se forme
si le verre contient du saké, et disparaît lorsque le verre est vide.

3) Cas du verre vide (Figure 2)

Figure 2

3-a) Le dioptre plan D1 peut être considéré comme un cas particulier de dioptre sphérique de
sommet S1 et de centre C1 pour lequel le rayon de courbure 𝑆! 𝐶! tend vers l’infini. A partir de
la relation de conjugaison d’un dioptre sphérique rappelée au début de cet exercice, écrire la
relation de conjugaison pour D1. En utilisant cette relation, calculer la position 𝑆! 𝐴! de
l’image A1 de A0 par le dioptre D1.

162
3-b) Calculer 𝑆! 𝐴! , position de l’image A1 par rapport au point S2 .
3-c) En utilisant la relation de conjugaison écrite pour le dioptre D2 à la question 2-c, calculer
la position 𝑆! 𝐴! de l’image A2 de A1 par le dioptre D2.
3-d) Un observateur O situé à la distance 𝑆! 𝑂 = +25 cm de S2 regarde le fond du verre. Cet
observateur voit-il une image nette de A0 ? On rappelle que l’œil de l’observateur, supposé
sans défaut de vision, peut voir net un objet situé entre 25 cm et l’infini devant son œil.

4) Cas du verre plein (Figure 3)

Figure 3
Le verre est maintenant rempli d’une épaisseur L d’un liquide d’indice n’= 4/3. La lentille a
donc de l’air du côté de sa face d’entrée et ce liquide du côté de sa face de sortie. D’un point
de vue optique, cela revient à ajouter un dioptre plan D3 après la lentille. D3 est un dioptre
plan liquide/air de sommet S3 tel que 𝑆! 𝑆! = 𝐿 > 0.

4-a) Ecrire la nouvelle relation de conjugaison pour le dioptre sphérique D2 en tenant compte
du fait que le second milieu est maintenant un liquide d’indice n’.
4-b) Calculer la nouvelle position 𝑆! 𝐴! de l’image A2 de A1 par le dioptre D2. On utilisera la
valeur 𝑆! 𝐴! = −4 cm pour la position de l’image A1 de A0 par le dioptre D1, exprimée par
rapport au point S2.
4-c) Calculer, en fonction de L, la position 𝑆! 𝐴! de A2 par rapport au sommet S3 du dioptre
plan D3 formé par la surface du liquide.
4-d) Ecrire la relation de conjugaison du dioptre plan D3 de sommet S3.
4-e) Calculer en fonction de L la position 𝑆! 𝐴! de l’image A3 de A2 par le dioptre D3.
4-f) Un observateur O est situé à la distance 𝑆! 𝑂 = +25 cm de la surface du liquide et
regarde vers le fond du verre. En considérant le signe de 𝑆! 𝐴! , l’image A3 de A0 par
l’ensemble des dioptres (D1 , D2 , D3) est-elle visible par l’observateur ?

Pour aller plus loin


2.12 Image de la Lune par la surface des océans
La surface des océans se comporte pour la Lune comme un gigantesque miroir sphérique.
Déterminez graphiquement et par le calcul la nature, la position et la taille de l’image de la
Lune. Peut-on se rendre compte que la Terre est sphérique en mesurant la taille angulaire de
cette image ?

163
EXERCICES DU CHAPITRE 3

Assimilation du cours
3.1 Image d'un objet réel par une lentille convergente ou divergente
Faire les constructions p.74 à 76 permettant de trouver l’image d’un objet réel par une lentille
et caractériser l’image obtenue.

3.2 Image d'un objet virtuel par une lentille convergente ou divergente
Penser à représenter l'objet virtuel en pointillés sur vos constructions…
I. Image d'un objet virtuel par une lentille convergente
a. Construire géométriquement l'image d'un objet virtuel par une lentille convergente. De
quelle nature est l’image? Existe-t-il plusieurs cas suivant la position de l'objet virtuel?
b. Retrouver le résultat précédent en utilisant la relation de conjugaison.
II. Image d'un objet virtuel par une lentille divergente
Répondre aux mêmes questions pour une lentille divergente

3.3 Vision à l’aide d’une loupe


Un timbre poste est observé à travers une lentille convergente, de centre O, de distance focale
f’=+8 cm, faisant office de loupe. Le timbre de dimensions (3 cm x 2 cm) est situé à 6 cm de
la lentille supposée mince. La grande dimension du timbre est disposée verticalement.
1) Faites sur votre copie un schéma à l’échelle 1/2 (1 cm réel correspond à 0,5 cm sur votre
copie) comportant la lentille, son axe, ses foyers objet et image, le timbre poste que l’on
représentera sous la forme d’un objet AB perpendiculaire à l’axe.
2) Sur ce schéma, tracez l’image A’B’ de AB par la loupe.
3) Rappelez la relation de conjugaison d’une lentille mince. Dans quelles conditions cette
relation est-elle applicable ?
4) Calculez la position de l’image du timbre. De quelle nature est cette image ?
5) Rappelez l’expression du grandissement par la lentille, γ. Calculez les dimensions de
l’image du timbre. L’image est-elle droite ou renversée (justifier) ?

Application du cours
3.4 Image d'une diapositive sur un écran par une lentille convergente
On s'intéresse à la situation où une lentille convergente donne sur un écran l'image d'un objet
lumineux (diapositive, par exemple).
I. Introduction
a. Qualifier l'objet et l'image.
b. Faire un schéma de la situation en utilisant le modèle des lentilles minces.

164
II. Étude qualitative
On note D la distance de l'objet à l'écran, f ' la distance focale de la lentille.
a. Montrer, à l’aide de schémas, qu'il existe une valeur minimale Dmin de D en deçà de
laquelle on ne peut plus obtenir l'image de l'objet, quelle que soit la position de la lentille.
Quelle est cette valeur ?
b. Vous avez vu en TP que si D > Dmin, il existe 2 positions de la lentille permettant de former
l'image de l'objet sur l’écran. Illustrez cette observation à l’aide de schémas (utiliser le
principe du retour inverse de la lumière).
III. Étude analytique
O désignant le centre optique et A le point de l'objet sur l'axe, on pose 𝑥 = 𝑂𝐴.
a. Montrer que les positions de l'objet et de l'écran sont alors telles que 𝑥 ! + 𝐷𝑥 + 𝐷𝑓 ! = 0
b. Déduire de cette relation l'expression de la distance minimale Dmin.
c. En déduire également que, lorsque D > Dmin est fixée, il existe bien 2 positions de la
lentille. Préciser lesquelles.
IV. Application à la mesure de la distance focale d’une lentille
On appelle d la distance entre ces deux positions. La méthode de mesure de Bessel consiste à
mesurer d pour différentes valeurs de D, et à en déduire une mesure de f'.
a. Montrer que les grandeurs d, D et f' sont reliées par la relation : 4Df' = D2- d2.
Le tableau ci-dessous rassemble les mesures effectuées. δd, l'incertitude sur d, prend en
compte l'incertitude sur la position de l'image dans l'intervalle de netteté. δD, l'incertitude sur
D, est négligeable devant δd et sera considérée comme nulle.
D (cm) d (cm) δd (cm) D -d (cm )
2 2 2
δ(D -d ) (cm )
2 2 2

100 32 7,5 9,0 . 10 3

120 61 4,5 10,7 . 10 3

140 83 3 12,7 . 10 3

160 107 2,5 14,2 . 10 3

180 128 2 16,0 . 10 3

200 147 2 18,4 . 10 3

b. Compléter la dernière colonne de ce tableau. On utilisera la méthode de la dérivée pour


calculer les incertitudes sur D2 - d2.
c. Tracez le graphe représentant D2 – d2 en fonction de D, avec les barres d'erreur associées.
d. Déduire de ce graphe une mesure de f' et de son incertitude. On expliquera précisément la
méthode choisie et on indiquera les coordonnées des points de mesure utilisés pour les
calculs.

3.5 Système de deux lentilles minces accolées


On considère deux lentilles minces accolées L1 (de distance focale f'1) et L2 (de distance
focale f'2). Montrer que la distance focale de la lentille équivalente est donnée par :
1 1 1
= +
𝑓 ! 𝑓!! 𝑓!!

165
3.6 Association de deux lentilles minces convergentes
On effectue une image réelle A"B" d'un objet réel AB à l'aide d'une première lentille
convergente L1. Réaliser la construction géométrique correspondante.
On cherche maintenant à voir ce qu'on obtient lorsqu'on met une deuxième lentille
convergente L2 à la suite de L1, en fonction de la position de L2. On appellera A'B' l'image
finale obtenue par le système des deux lentilles. Comment doit-on placer L2 pour que l'image
finale soit (attention, le sens est défini par rapport à celui de AB) :
• réelle droite?
• réelle inversée?
• virtuelle inversée?
Réaliser les constructions correspondant à chaque cas, et préciser de quelle nature est l'objet
A''B'' pour la lentille L2.

3.7 Correction d'un œil myope : écart de correction entre lunettes et lentilles
Un œil myope est représenté par une lentille mince convergente L2 de distance focale au repos
f'2 = +2 cm. Cette distance focale est trop courte d'une distance de 2 mm pour que l'image
d'un objet à l'infini se forme sur la rétine. Pour corriger l'œil, on place un verre correcteur
constitué d'une lentille mince L1 de distance focale f'1.
a) Le verre correcteur est un verre de lunettes placé 1 cm avant l'œil. Donner la valeur de f'1.
b) Le verre correcteur est une lentille accolée à l'œil. Donner la valeur de f'1.

Problème
3.8 Téléobjectif (suite de la partie TP)
1) Reprendre le principe du téléobjectif vu en cours-TP et faire le schéma correspondant (si
on a toutes les données nécessaires, on peut faire un schéma à l'échelle). Ce schéma doit
comporter:
• l'objet AB et la lentille L1 (convergente) qui forment un objet à l'infini pour les éléments
suivants du montage (indiquer l’angle α sous lequel est vu l’objet à l’infini).
• Intercaler L2 (convergente) et trouver l'image A’B’ qu'elle forme de l'objet à l'infini.
• Ajouter D (divergente) à la suite de L2. A’B’ est pour elle un objet. Sachant qu'on veut
qu'elle en forme une image réelle, comment doit-elle être placée? De quelle nature est
l'objet A’B’ pour D ? Ajouter D sur le schéma, et former l'image A’’B’’ de A’B’.
2) Le grossissement d’un objectif d’appareil photo est défini comme le rapport du champ de
vue angulaire de l’œil21 αœil ~ 0,45 rad ~ 26° et du champ de vue angulaire obtenu avec
l’appareil photo : G =αœil / αobj. Le champ de vue angulaire d’un appareil photo est l’angle
α maximum pour lequel l’image se forme encore sur le capteur. Ainsi, plus le champ de vue
obtenu avec un objectif est petit, plus la photographie sera « zoomée » sur une zone de détail
de l’image, et plus le grossissement sera important.

21
défini ici comme l’angle sous lequel est vue une photo tirée en 10*15 cm observée au punctum proximum (cf
encadré sur la photographie)
166
Grossissement de l’objectif simple
a. L’angle αobj, le champ de vue angulaire de l’appareil photo avec l’objectif simple, est
l’angle α sous lequel est vu l’objet lorsque l’image A’B’ occupe tout le capteur (A’B’ =
Lcapteur = 24 mm). Montrer que le champ de vue angulaire de l’objectif simple est : αobj =
arctan (Lcapteur/f’2).
b. Exprimer Gobj en fonction de αoeil, Lcapteur et f’2 (approximation des petits angles) et
calculer sa valeur. Vous pouvez constater que cette valeur est cohérente avec les champs
de vue dessinés en TP.
Grossissement du téléobjectif
c. En raisonnant dans les triangles ODA’B’ et ODA’’B’’, quelle est la relation liant A’B’,
A’’B’’, d, d’, et e ? L’angle α étant toujours l’angle sous lequel l’objet à l’infini est vu
! ! ! !! !!!!!!
avec l’appareil photo, montrer que 𝛼 = tan!! ! ! !!
× !!!
.

d. Ainsi, le champ de vue angulaire du téléobjectif peut être calculé à partir des mesures
! ! ! !! !!"#$%&'
effectuées en TP : 𝛼!é!é!"# = tan!! ! ! !!
× !!!
. Calculer 𝛼!é!é!"# le champ de vue
angulaire de votre téléobjectif et en déduire son grossissement 𝐺!é!é!"# .
e. En utilisant l’expression de Gobj de la question 2)b, déduire la focale (et donc
l’encombrement) d’un objectif simple pour obtenir le même grossissement. Conclure sur
l’intérêt du téléobjectif.

3.9 Système optique afocal : la lunette de Galilée


Un système optique est dit afocal si tout faisceau parallèle entrant dans ce système optique
ressort en faisceau parallèle. Les lunettes astronomiques ou terrestres ainsi que les télescopes
sont des systèmes afocaux. Le microscope ne l’est pas.
Une lunette de Galilée est composée d’une lentille L1 convergente de centre O1 et de grande
focale f’1 = 16,0 cm, appelée objectif, et d’une lentille divergente L2 de centre O2 et de courte
focale f’2 = -2,8 cm, appelée oculaire.
On considère une étoile double composée de deux étoiles très proches E1 et E2. Comme
indiqué sur le schéma ci-dessous, E1 est alignée sur l’axe optique de la lunette, tandis que les
rayons provenant de E2 arrivent sous un angle α par rapport à l’axe optique.
1) Où se situent les images E’1 et E’2 des étoiles E1 et E2 données par l’objectif L1 ? Quels sont
la nature et le sens de ces images ? Justifiez vos réponses. Positionnez E’1 et E’2 sur le schéma
en faisant les constructions graphiques nécessaires.
2) Où doit-on placer l’oculaire L2 pour que les images respectives E’’1 et E’’2 de E’1 et E’2
données par l’oculaire soient situées à l’infini ? Justifiez votre réponse.
3) Placez l’oculaire sur le schéma, en indiquant la position de ses foyers objet F2 et image F’2.
Veillez à respecter l’échelle du schéma. Quelle vaut la taille 𝑑 = 𝑂! 𝑂! de cette lunette ?
4) E’1 et E’2 sont des objets pour l’oculaire. Quelle est leur nature (réelle ou virtuelle) pour
l’oculaire ? Justifiez votre réponse.
5) Sur le schéma, tracez la propagation à travers la lunette du faisceau parallèle (les 3 rayons
déjà tracés) en provenance de E2.
6) L’image vue par l’œil à travers cette lunette est-elle droite ou inversée par rapport au ciel
étoilé ? Justifiez votre réponse. Quel est l’intérêt pour un œil normal d’observer à l’oculaire
des images situées à l’infini ?

167
7) On note α’ l’inclinaison par rapport à l’axe optique des rayons émergents de L2 en
provenance de E’2. A partir des relations trigonométriques dans les triangles O1E’1E’2 et
O2E’1E’2, déterminez l’expression du grossissement angulaire G = |α’/α| de la lunette en
fonction de f’1 et f’2. On fera l’approximation des petits angles : tan α ~ sin α ~ α, où α est
exprimé en radians. En déduire la valeur du grossissement angulaire G de cette lunette de
Galilée.

Vers E2

L1

Vers E1 α F’1

O1

Pour aller plus loin


3.10 Pouvoir séparateur de l'œil
On sait qu’on peut distinguer l’épaisseur d’un cheveu : on dit que le pouvoir séparateur de
l’œil correspond à l’épaisseur d’un cheveu. En fait, le pouvoir séparateur de l’œil est un
angle : par définition, c’est l’angle le plus petit sous lequel on arrive à distinguer deux points.
On se propose de retrouver ce résultat dans le cadre du modèle où l’œil, de profondeur 22
mm, est assimilé à une lentille convergente.
Quand on veut distinguer deux points extrêmes d’un objet AB dans les meilleures conditions
possibles, on place spontanément cet objet au punctum proximum (PP), qui, pour un œil
normal, se situe à environ 25 cm de l’œil. On considère alors que pour pouvoir séparer les
images de deux points A et B, il faut que ces images A’ et B’ se forment sur deux cônes
séparés par au moins un cône intermédiaire. Les cônes qui tapissent la rétine ont un diamètre
d’environ 4 microns.
1) Faire un schéma montrant la situation (objet AB situé au PP, œil assimilable à une lentille
convergente, image A’B’ supposée formée sur la rétine).
2) Quelle doit être la distance minimale qui sépare les deux points images A' et B' ? En
déduire l'angle sous lequel est vu l'objet AB.
3) Quelle est la distance qui sépare les deux points objets A et B ? Comparer la valeur obtenue
à celle de l'épaisseur d'un cheveu.
Note : le pouvoir séparateur de l'œil correspond au diamètre d'un cheveu au punctum
proximum mais cela n'empêche pas de voir un cheveu même s'il est nettement plus éloigné,
à un ou deux mètres par exemple, à condition que le contraste soit suffisant.

168
3.11 Mesure de l’indice d’un liquide à l’aide d’un réfractomètre
Une source lumineuse ponctuelle est placée sur l’axe d’une lentille convergente de focale f’.
La lentille peut se déplacer parallèlement à son axe, la source lumineuse restant fixe.
1) Question préliminaire : autocollimation
La méthode d’autocollimation consiste à renvoyer sur lui-même, à l’aide d’un miroir plan ou
d’une surface réfléchissante plane, le faisceau de rayons issu de l’ensemble source+lentille.
Lorsque l’image de la source, après réflexion sur le miroir et retraversée de la lentille, se
forme exactement sur la source ponctuelle, on dit que l’autocollimation est réalisée. Que vaut
la distance source-lentille dans ce cas ? Représenter sur un schéma soigné la source, la
lentille, le miroir. Tracer les trajets de deux rayons issus de la source ponctuelle à travers la
lentille, puis leur trajet retour après réflexion sur le miroir plan.
2) Principe du réfractomètre
Un réfractomètre destiné à l’étude des liquides est composé d’une cuve dont les parois
verticales sont des lames de verre transparentes à faces planes et parallèles. A l’intérieur de
cette cuve, on place un prisme ABC en verre (flint) d’indice nF, d’arêtes verticales, dont l’une
des faces, AB, est argentée. Ce prisme peut tourner autour d’un axe vertical (voir Figure 1).
Son angle au sommet en A est noté α.
On place devant la face ab de la cuve l’ensemble lentille+source lumineuse décrit à la
question 1. La distance source-lentille est celle obtenue à la question 1 lorsque
l’autocollimation est réalisée. L’axe de la lentille est normal à la paroi verticale ab de la cuve.
Un cercle gradué permet de mesurer l’angle i entre la normale à la face AC du prisme et l’axe
de la lentille.
On remplit la cuve d’un liquide organique dont on veut mesurer l’indice N. On suppose
N>nF. On tourne le prisme de manière à ce que l’image de la source, après réflexion sur la
face AB du prisme et retraversée de la lentille, se forme sur la source elle-même. On mesure
alors l’angle il, valeur de l’angle i pour cette situation.

Figure 1 : Réfractomètre
Remarque : dans tout cet exercice, on considèrera que ab constitue un dioptre air-liquide (on
négligera donc la présence de la paroi en verre de la cuve).

169
2-a) Les rayons issus de la source arrivent sur la cuve en incidence normale. L’angle
d’incidence d’un rayon sur le dioptre ab est donc nul. Quel est l’angle de réfraction de ce
rayon transmis dans le liquide ? En déduire l’angle d’incidence du rayon lumineux sur la face
AC du prisme.
2-b) Dans quelle direction le rayon lumineux ressort-il de la cuve lorsque l’autocollimation
est réalisée (voir question 1) ? En déduire l’angle d’incidence sur la face réfléchissante AB du
rayon ayant pénétré dans le prisme.
2-c) Déduire de la question précédente l’angle de réfraction du rayon pénétrant dans le prisme
par la face AC.
2-d) Représenter sur la figure ci-dessus le trajet des deux rayons issus de la source lumineuse
à travers la lentille, la cuve et le prisme et leur trajet après réflexion sur la face AB du prisme.
Représenter les angles d’incidence et de réfraction que font ces rayons avec la normale à la
face AC du prisme aux points d’incidence.
3) Mesure de l’indice N du liquide dans la cuve
3-a) En utilisant la troisième loi de Snell-Descartes, exprimer l’indice N du liquide en
fonction de nF, α et il.
3-b) Faire l’application numérique avec nF = 1,559, α = 30°, il = 27,4°.
3-c) On suppose que α et nF sont parfaitement mesurés et que l’incertitude sur la mesure de il
est δi=0.5°. Calculez l’incertitude δN associée à la mesure de N.
3-d) Exprimer les résultats des questions 3-b et 3-c sous la forme N + δN.

170
EXERCICES DU CHAPITRE 4

Assimilation du cours
4.1 Couleurs de drapeaux
On considère les drapeaux suivants de la France et de l’Italie qui sont composés de trois
bandes verticales :

Drapeau français Drapeau italien

rouge

rouge
blanc

blanc
bleu

vert
1) Indiquer sur un schéma l’allure des spectres de réflexion diffuse de chacun des bandes
colorées lorsque ces drapeaux sont éclairés par une lumière blanche.
2) De quelle couleur apparaissent les bandes de ces drapeaux éclairés avec une lumière
bleue ? Une lumière rouge ?
3) Faire le même raisonnement avec les drapeaux du Mali (vert-jaune-rouge) et de la Belgique
(noir-jaune-rouge)

Application du cours
4.2. Dispersion par un prisme
Reprendre les résultats déjà obtenus dans l'exercice 1.5 du chapitre 1.
1) En reprenant l'expression de l'angle de déviation D, montrer que D ne dépend que de
l'angle d'incidence i, de l'indice de réfraction n et de l'angle au sommet A.
D'après la séance de cours, la déviation dépend également de la fréquence : ce paramètre est
donc "caché" dans i, n ou A. En se référant à l'expérience réalisée en cours, en déduire que
l'indice de réfraction dépend de la fréquence.
2) On donne l'indice du verre ordinaire pour différentes longueurs d'onde dans le vide:
Couleur λ (nm) Indice n
UV proche 361 1.539
bleu sombre 434 1.528
bleu-vert 486 1.523
jaune 589 1.517
rouge 656 1.514
rouge sombre 768 1.511
Calculer l'angle de déviation minimum pour ces différentes couleurs, dans le cas d'un prisme
d'angle au sommet 60°. Quel est l'ordre des couleurs en sortie du prisme ?
3) On éclaire le prisme par un faisceau incident parallèle de lumière blanche. En supposant
que l'on est au minimum de déviation pour le jaune, calculer la déviation des autres rayons.

171
Problèmes
4.3 Arc-en-ciel
Pour modéliser un arc-en-ciel, nous allons décrire la réfraction et la réflexion de la lumière
dans une seule goutte d’eau assimilée à une sphère transparente d’indice optique n.
1) Trajet d'un rayon
a) Un rayon lumineux pénètre dans une goutte d’eau en un point I, formant un angle i avec la
normale à la surface en I. Représenter sur la figure 1 le rayon incident et le rayon réfracté
ainsi que l’angle r que fait le rayon réfracté avec la normale en I.
b) Indiquer sur la figure 1 la déviation Dra d’un rayon lumineux se réfractant à l’entrée de la
goutte d’eau, définie comme l’angle entre le rayon réfracté et le prolongement du rayon
incident. Calculer Dra en fonction des angles i et r.
c) Le rayon traverse la goutte pour atteindre la surface opposée en I’. Exprimer l’angle r’ que
forme ce rayon avec la normale à la surface en I’. Exprimer en fonction de r la déviation Dre
subie par le rayon pour une réflexion à l’intérieur de la goutte d’eau (voir figure 2)

d) Le rayon ressort de la goutte en étant réfracté une nouvelle fois à sa surface (figure 3).
Montrer que la déviation D du rayon ressortant de la goutte par rapport à la direction du rayon
incident vaut D = 2i + π − 4r .

172
2) Trajet de l'ensemble de la lumière qui éclaire la goutte
Bien entendu, la lumière qui arrive sur la goutte ne se limite pas à un seul rayon. Il faut donc
comprendre ce qu'il advient d'un faisceau parallèle large (la lumière provenant du Soleil).
a) Calculer la dérivée dD/di en fonction de dr/di. Montrer, en utilisant la loi de la réfraction,
que l’angle D passe par un extremum Dm (on admettra qu’il s’agit d’un minimum) pour une
valeur im de l’angle d’incidence vérifiant la relation sin 2 im = (4 − n 2 ) / 3 . Calculer
numériquement im et Dm pour n=1,33.
Remarque : comment vérifier simplement qu'il s'agit bien d'un minimum (et non d'un
maximum) de déviation?
b) A l'aide du résultat de la question précédente, expliquer pourquoi la lumière renvoyée par
la goutte se situe dans un "cône arrière" limité, comme illustré par la figure ci-dessous.

3) Dispersion des couleurs


Vous avez pu observer expérimentalement (cf. expérience vue en cours) que ce cône arrière
est blanc, sauf au bord où il est coloré.
a) Expliquer pourquoi on ne voit les couleurs qu'au bord
b) On donne ci-dessous la valeur de l'indice de l'eau pour différentes fréquences (on donne en
fait les longueurs d'onde dans le vide correspondantes)

Violet Bleu Jaune Rouge


λ (µm) 0,434 0,486 0,589 0 ,656
n 1,3404 1,3372 1,3330 1,3312

On définit l'angle α = π - Dm. Calculer α pour les couleurs ci-dessus. Vérifier qu'on retrouve
bien l'ordre des couleurs observé sur l'écran lors de l'expérience.

173
c) Arc observé à l'œil, provenant de nombreuses gouttes

Géométrie : Un observateur placé en O (figure ci-dessus) tourne le dos au soleil. Les rayons
issus du soleil sont considérés parallèles entre eux et se propagent suivant la direction Soleil –
Observateur. Expliquer pourquoi seules les gouttes d’eau vues par l’observateur sous l’angle
α = 180 - Dm correspondent à l'arc-en-ciel observé. Quelle est la symétrie de cet arc-en-
ciel (justifier) ? Quel est l’axe de symétrie ?
Couleurs : quel est l'ordre des couleurs observé à l'œil?

Remarque : l’arc décrit ici est le plus lumineux (arc primaire). Quand le phénomène est
suffisamment lumineux, on arrive parfois à distinguer un arc secondaire nettement moins
intense, à des valeurs d’angle plus élevées, et dont la séquence des couleurs est inversée par
rapport à l’arc primaire. Cet arc secondaire s’interprète en considérant non pas une mais deux
réflexions des rayons lumineux à l’intérieur de la goutte d’eau.

174
4.4 Fabrication d’une lumière blanche à partir de diodes électroluminescentes22
Les diodes électroluminescentes (Light Emitting Diodes (LED) en anglais) sont largement
utilisées pour l’affichage. Avec l’évolution de cette technologie, un grand nombre de diodes
couvrant l’ensemble du spectre de l’ultraviolet à l’infrarouge sont disponibles. On souhaite ici
réaliser une source dans le visible à partir d’une association de ces diodes.
Pour cela, nous disposons des diodes avec les caractéristiques suivantes (on considère que les
spectres sont représentés par une gaussienne et la largeur spectrale indiquée correspond à la
largeur à mi-hauteur de la gaussienne) :
Nom D1 D2 D3 D4 D5 D6
Longueur d'onde
365 nm 465 nm 525 nm 635 nm 850 nm 1050 nm
centrale
Largeur à mi-hauteur du
15 nm 25 nm 35 nm 15 nm 40 nm 55 nm
spectre d'émission
1) Quelles sont les diodes qui peuvent permettre de réaliser une source de lumière visible ?
Tracer les différents spectres sur un même graphique. Quelle sera la couleur de la source de
lumière issue de la combinaison de ces diodes ? Quelle synthèse des couleurs est ici mise en
œuvre pour prédire la couleur obtenue ?
Diode a
On propose de réaliser le montage optique ci-contre pour
réaliser cette source.
Un miroir dichroïque a la propriété de réfléchir certaines Miroir
dichroïque a
Diode b
longueurs d’onde et d’en transmettre d’autres. On dispose
de deux miroirs dichroïques dont on connaît les propriétés
spectrales d’après les spécifications du fabricant (spectres
ci-dessous). Malheureusement, les références des miroirs Diode c
ont été perdues, l’utilisateur doit donc les identifier
visuellement pour savoir lequel est le miroir 1 ou le Miroir
miroir2. dichroïque b

2) Indiquer, d’après les spectres du fabricant, de quelle couleur doit apparaître chacun des
miroirs en réflexion éclairés par une source de lumière blanche. Cette couleur est-elle
identique en transmission ? Si non, indiquez quelle est la couleur de chacun des miroirs
observés en transmission.
3) Indiquer comment les diodes et les miroirs doivent être placés dans le montage précédent,
connaissant leurs propriétés spectrales, afin d’obtenir à la sortie du montage une lumière qui
s’approche d’une lumière blanche.
4) Une fois le montage réalisé, on essaie d’éclairer différents objets pour vérifier que les trois
diodes fonctionnent bien et pour observer le rendu des couleurs. On constate qu’une pomme
rouge et un citron jaune apparaissent tous les deux rouge à l’observateur. Quelle est la diode
défectueuse dans le montage précédent ?
22
L’ensemble des spécifications des diodes et des miroirs sont tirées du catalogue du fabricant de composants
optiques Thorlabs (www.thorlabs.com).
175
Pour aller plus loin
4.5 Mesure par spectroscopie de la vitesse de récession d’une galaxie
On sait depuis le début du XXème siècle que l’Univers est en expansion. C’est Edwin Hubble
qui a fait cette découverte, à partir d’une analyse spectroscopique de la lumière émise par les
galaxies lointaines.
Celles-ci, tout comme notre Galaxie la Voie Lactée, sont composées principalement
d’hydrogène. Les raies de l’hydrogène atomique de la série de Balmer sont bien connues
depuis le XIXè siècle. La figure de gauche ci-dessous donne le spectre de l’hydrogène tel
qu’il est mesuré en laboratoire. La figure de droite montre le spectre d’une galaxie lointaine :
TGS153Z170.

434 486 656

Spectre de l’hydrogène réalisé en laboratoire Spectre de la galaxie TGS153Z170.


1) Ces spectres sont-ils des spectres d’émission ou d’absorption ? Justifier. Dans quel
domaine de longueur d’onde ont-ils été mesurés ?
2) Les longueurs d’ondes de la série de Balmer mesurées en laboratoire et en provenance de la
galaxie sont-elles les mêmes ?
3) On appelle effet Doppler-Fizeau le changement de fréquence d’une onde lumineuse quand
la source lumineuse est en mouvement par rapport à l’observateur. Si la vitesse v de
l’émetteur, mesurée dans le référentiel de l’observateur, est faible devant la célérité de la
lumière dans le vide, on montre que le rapport entre la longueur d’onde 𝜆!"ç!" mesurée dans
le référentiel de l’observateur et la longueur d’onde 𝜆é!"#$ mesurée dans le référentiel de
!!"ç$" !
l’émetteur suit la loi : !é"#$%
=1+!
Montrez à l’aide d’un graphe que, si l’on tient compte de l’effet Doppler-Fizeau, les
transitions électroniques de la série de Balmer ont bien les mêmes longueurs d’ondes, ici et
dans la Galaxie TGS153Z170. On expliquera bien sa méthode.
4) En déduire une mesure de la vitesse v de la galaxie TGS153Z170. La galaxie TGS153Z170
se rapproche-t-elle ou s’éloigne-t-elle de la Voie Lactée ? Le décalage en fréquence est-il un
décalage vers le rouge ou vers le bleu ?
5) Si la galaxie est suffisamment lointaine, la vitesse de la galaxie est dominée par
l’expansion de l’Univers dans son ensemble, et non par le mouvement propre de la galaxie.
Le décalage Doppler-Fizeau est alors un décalage vers le rouge (redshift en anglais) d’autant
plus important que la galaxie est lointaine. La loi de Hubble donne la relation entre la vitesse
v de la galaxie et sa distance D, mesurées par rapport à la Terre : 𝑣 = 𝐻! 𝐷
H0 est la constante de Hubble. Selon les derniers résultats du satellite Planck (2013),
𝐻! = 67,3 ± 1,2 km/s / Mpc. Le Mega-parsec (Mpc) est l’unité adaptée aux mesures de
distance en cosmologie. Les galaxies les plus proches, comme Andromède, sont situées à une
distance de l’ordre du Mpc. On donne : 1 pc = 3,1.1016 m.
Calculer la distance D de la Galaxie en Mpc.
176
ANNEXES

177
SOMMAIRE DES ANNEXES

1. CRITERES PRIS EN COMPTE POUR L’EVALUATION EN SEANCE DE TP 179


§ Savoir-être 179
§ Savoir-faire expérimentaux 179
§ Connaissances 179
2. CONSEIL A LA REDACTION D’UN COMPTE-RENDU DE TP 180
2.1 Règles générales 180
2.2 Structure du compte-rendu 180
3. TRACER UN GRAPHE Y = F(X) SUR DU PAPIER MILLIMETRE 181
3.1 Présentation du graphe 181
3.2 Choix de l’échelle 181
3.3 Tracé des points de mesure 181
3.4 Tracé de la courbe 181
4. LES GRANDEURS ALGEBRIQUES 182
4.1 Grandeurs scalaires, vectorielles, algébriques 182
4.2 Distances algébriques 182
4.3 Lois algébriques 183
5. COMPETENCES EXPERIMENTALES A ACQUERIR POUR L'EXAMEN DE TP 184

178
1. Critères pris en compte pour l’évaluation en séance de TP
§ Savoir-être
o Attitude individuelle : ponctualité, bavardages, dynamisme, implication,
motivation durant la séance, …

o Gérer le temps imparti

o Travailler de façon autonome : fréquence de sollicitation de l’enseignant, prise


d’initiatives, …

o Travailler en groupe : entraide entre binômes, répartition équilibrée du travail,


explications mutuelles sur ce que chacun a fait, …

§ Savoir-faire expérimentaux
o Manipuler avec soin : règles de sécurité, propretés des optiques, rangement en
fin de séance, …

o Réaliser un alignement optique

o Expliquer oralement une démarche expérimentale

o Effectuer une mesure et estimer les incertitudes associées

§ Connaissances
o Observer et interpréter en utilisant ses connaissances

179
2. Conseil à la rédaction d’un compte-rendu de TP
2.1 Règles générales
Votre TP doit être compréhensible par un étudiant de votre année qui n’aurait pas fait le TP.
• Vous devez rédiger l’ensemble des réponses dans un tout cohérent qui s'enchaîne de
manière fluide. Ne vous contentez pas de répondre aux questions l’une après l’autre.
Faites attention à l’orthographe, à la propreté de la présentation : soulignez ou
encadrez vos résultats.
• Vos mesures et résultats doivent TOUJOURS être accompagnés de leurs incertitudes
et écrits avec le bon nombre de chiffres significatifs. N’oubliez pas les unités !
• Vos tableaux doivent avoir un titre, les bordures doivent être tracées à la règle.
• Vos courbes doivent avoir un titre, ainsi que leurs axes. Faites attention aux échelles,
vous devez occuper au maximum les feuilles de papier millimétré.
• Evitez les jugements subjectifs («cette mesure est bizarre», «n=1.2, ceci semble assez
faible»). Utilisez plutôt du vocabulaire précis. N’imputez pas au matériel des résultats
aberrants : il s’agit bien souvent d’erreurs de manipulation ou de calcul !

2.2 Structure du compte-rendu


A) Une introduction : contexte scientifique + objectif du TP + plan.
B) Plusieurs parties et sous-parties
Pour chaque expérience, présentez :
1) La méthode expérimentale :
• schéma + légende + notations pour les grandeurs physiques utilisées.
• Expliquez ce que vous mesurez et comment vous le faites.
• Expliquez comment vous estimez vos incertitudes.
2) Les résultats :
• Tableau de mesures (valeurs + incertitudes), et graphe si besoin
• Demandez-vous si vos résultats ont un sens.
• Mettez ces résultats de mesure en relation avec des prévisions théoriques, des
valeurs de référence, ou d’autres mesures déjà effectuées, toutes accompagnées
de leurs incertitudes associées.
3) Une discussion :
• Les éventuels désaccords entre théorie et mesure, ou entre différentes
mesures, sont-ils compatibles avec les incertitudes estimées pour chacun ?
4) Une conclusion : une phrase de conclusion sur l’expérience.

C) Une conclusion générale


Prenez du recul. Résumez les questions posées en introduction et les réponses
apportées : présentez les résultats marquants du TP.
Vous pouvez compléter votre compte-rendu par des informations qui ne vous ont pas
été données et qui vous semblent pertinentes (citez vos sources), et formuler d’autres
questions qui restent ouvertes en suggérant des moyens pour y répondre.
NB : une conclusion bâclée ou absente laisse une très mauvaise impression au
correcteur…

180
3. Tracer un graphe Y = f(X) sur du papier millimétré
3.1 Présentation du graphe
Votre graphe Y = f(X) doit comporter :
− une graduation régulière des deux
axes (ne pas reporter vos mesures sur
les axes) ;
− les grandeurs écrites au bout de
chaque axe, suivies de leurs unités
entre parenthèses ;
− un titre.
3.2 Choix de l’échelle
Comment choisir une échelle adaptée à chaque axe pour maximiser la taille du graphe ?
− Calculez l'écart entre les valeurs minimale et maximale de chaque grandeur X et Y à
tracer : ΔX, ΔY.
− Comptez le nombre de carreaux dont vous disposez pour chaque axe : nX, nY.
− Arrondissez ΔX/nX à la valeur supérieure la plus commode à utiliser : ce sera votre
échelle sur l’axe X. Faîtes de même pour l’axe Y.
Vous pouvez aussi changer l’orientation de votre feuille (Portrait, Paysage) si cela permet
d’avoir un graphe plus grand.
Exemple : Tracer D2 - d2 = f(D) D (cm) D -d (cm )
2 2 2

• ΔΧ = 100 cm ; ΔY ~ 10 x103 cm2 100 9,0 . 10 3

120 10,7 . 10
Nombre de carreaux selon X : nX = 18 ; selon Y : nY = 28
3


140 12,7 . 10 3

• ΔΧ / nX = 100/18 = 5.5 cm / carreau;


160 14,2 . 10
ΔΥ / nY = 10 x103 / 28 = 0.36x103 cm2 / carreau
3


180 16,0 . 10 3

On peut choisir :
200 18,4 . 10 3

• axe X : 1 carreau ó 10 cm
• axe Y : 1 carreau ó 0.5 (x103) cm2
3.3 Tracé des points de mesure
Représentez vos points de mesure par des croix (+), accompagnées de barres d’erreur
dont la hauteur et la largeur correspondent aux intervalles de confiance [x-δx:x+δx] et [y-
δy:y+δy] (cf. chapitre 5).
3.4 Tracé de la courbe
Ne jamais joindre les points de mesure par des segments de droite.
Si les mesures sont compatibles avec une relation linéaire (c.à.d. s’il existe au moins une
droite qui passe par toutes les barres d’incertitudes), tracer la droite moyenne à la règle.
Sinon, tracer une courbe régulière à main levée, quitte à ne pas passer par toutes les barres
d’incertitudes.

181
4. Les grandeurs algébriques
4.1 Grandeurs scalaires, vectorielles, algébriques
Parmi les grandeurs physiques, on rencontre des grandeurs scalaires positives (comme la
distance, l'énergie, la masse, la température) mais aussi des grandeurs vectorielles (la quantité
de mouvement, la force, le moment cinétique) et des grandeurs algébriques (les angles, les
distances algébriques).

La manipulation des grandeurs scalaires positives ne pose aucun problème particulier. Par
contre, la manipulation des vecteurs et des distances algébriques est source d'erreurs
fréquentes en mécanique et en optique. C
La combinaison des grandeurs vectorielles est bien connue et obéit aux
relations de Chasles, que ce soit à 2 ou 3 dimensions :

𝐴𝐶 = 𝐴𝐵 + 𝐵𝐶 A B

Les grandeurs algébriques obéissent à des relations similaires.

4.2 Distances algébriques


Les distances algébriques sont des grandeurs mesurées sur une droite munie d'une origine,
d'une orientation (symbolisée par une flèche), et d'une unité de mesure. A la différence des
distances, les distances algébriques peuvent être aussi bien positives que négatives.

Pour les différencier des distances, on les note avec une barre supérieure : 𝐴𝐵 est la distance
algébrique de A à B. Si on munit la droite d'une origine O, on appelle position algébrique du
point A la distance algébrique 𝑥! = 𝑂𝐴.

Exemple : considérons 3 points A, B et C sur une droite orientée munie d'une origine O.
B A O C

• Avec la convention d'orientation choisie ici : 𝐴𝐵 < 0, 𝐵𝐶 > 0, 𝐴𝐶 > 0


• Avec l'origine O choisie ici : 𝑥! < 0, 𝑥! < 0, 𝑥! > 0
• Avec la convention inverse d'orientation, nous aurions : 𝐴𝐵 > 0, 𝐵𝐶 < 0, 𝐴𝐶 < 0.
Seuls les signes changent, les valeurs absolues restant les mêmes.

Les distances algébriques ont les propriétés suivantes :


• La valeur absolue d'une distance algébrique est égale à la distance simple : 𝐴𝐵 = 𝐴𝐵
• Comme pour les vecteurs, nous avons : 𝐵𝐴 = −𝐴𝐵
• Les distances algébriques obéissent aussi aux relations de Chasles sur la droite
orientée : 𝐴𝐶 = 𝐴𝐵 + 𝐵𝐶
• La distance algébrique entre deux points A et B peut être calculée à partir des
positions algébriques des deux points : 𝐴𝐵 = 𝑥! − 𝑥! ! Attention à l'ordre des points
dans cette formule.
• D'après la relation de Chasles, la distance algébrique entre deux points A et B est
indépendante du choix de O : 𝐴𝐵 = 𝑥! − 𝑥! = 𝑂! 𝐵 − 𝑂! 𝐴 = 𝑂! 𝐵 − 𝑂! 𝐴

182
4.3 Lois algébriques

L'utilisation des grandeurs algébriques est essentielle en optique : si le caractère algébrique


(ou vectoriel) de certaines lois est ignoré, ces lois deviennent tout simplement fausses.

En optique géométrique, la relation de conjugaison des lentilles s'écrit à l'aide de distance


algébriques (f' est aussi une distance algébrique) :
1 1 1
− =
𝑂𝐴′ 𝑂𝐴 𝑓′

La relation suivante, qui ignore le caractère algébrique des distances, est fausse :

1 1 1
− =
𝑂𝐴′ 𝑂𝐴 𝑓′
Exemples :
• la position et la nature de l'image n'est pas la même si f' = 10 cm (lentille convergente)
ou si f' = -10 cm (lentille divergente).
• La nature de l'image n'est pas la même si l'objet est réel (𝑂𝐴 < 0) ou virtuel (𝑂𝐴 > 0).

Un conseil : écrivez toujours le signe d'une distance algébrique, même s'il est positif.
Ex : 𝑂𝐴 = +2 cm, 𝑂𝐴′ = −7.5 cm

En mécanique, la conservation de la quantité de mouvement au cours d'un choc s'écrit de


manière générale sous forme vectorielle (pour un mouvement à 2 ou 3 dimensions), et sous
forme algébrique quand le choc se passe sur un banc à coussin d'air (mouvement
unidimensionnel). Dans ce dernier cas, la quantité de mouvement n'est conservée que si le
signe des vitesses est pris en compte.

183
5. Compétences expérimentales à acquérir pour l'examen de TP

Compétences expérimentales Chapitres


concernés

Estimer une incertitude de mesure à partir de ses propres mesures. 1-3

Mesurer l'indice de réfraction d'un matériau transparent. 1

Réaliser l'image d'une fente. 3-4

Mesurer la distance focale d'une lentille, convergente ou divergente 3

Réaliser un faisceau parallèle. 3

Réaliser l'image d'un objet réel sur un écran. Mesurer la position et le 3


grandissement, avec leurs incertitudes.

Réaliser une image nette dans les conditions de Gauss. 3

Réaliser la dispersion de la lumière blanche au minimum de déviation par un 4


prisme.

Réaliser le spectre d'émission d'une lampe basse pression par un prisme. 4

Réaliser le spectre d'absorption d'une substance translucide par un prisme. 4


Cette liste est indicative. L'examen de TP pourra également porter sur des montages
expérimentaux non étudiés pendant l'année, mais pour lesquels vous aurez les connaissances
nécessaires.

184
INDEX
Les numéros indiqués renvoient aux numéros des pages

A E
aberration · 61
effet photoélectrique · 15
accommoder · 96, 97, 161
émission
angle
spontanée · 113, 128
d'incidence · 17
stimulée · 128
de réflexion · 17
de réfraction · 17
limite de réflexion totale · 20, 37
aplanétique · 50, 64 F
appareil photographique · 93, 97
arc secondaire · 108 fibres optiques · 28, 30
arcs surnuméraires · 108 foyer
astigmatisme · 85 image · 52, 59
axe optique · 48, 49, 50, 64, 72 objet · 53, 59

B G
bande d’Alexandre · 108 grandeur algébrique · 53, 73, 182
bâton brisé (expérience du) · 17, 55 grandissement · 73, 74, 96, 98
bâtonnets · 83, 114, 120 grossissement · 96

C H
CCD · 120, 121 humeur · 160
célérité · 14, 36 hypermétropie · 85
chambre noire · 42, 82, 97
champ · 96
conditions de Gauss · 50, 52, 64 I
cônes · 83, 114, 120
cornée · 83, 120, 160 image · 42
corps noir · 115 non optique · 62
couleur · 103 optique · 42, 44, 63
d’un objet · 114, 117, 119 réelle · 45
fréquences · 106 virtuelle · 45
perception · 102, 120, 121, 122
indice optique · 14, 36
primaire · 122, 125
interférences · 10, 126, 127
synthèse · 122, 125
cristallin · 83, 98, 120, 160
L
D
lampe
à émission de fluorescence · 116
daltonisme · 121
à incandescence · 115
déviation · 19, 104, 151, 171, 172
basse pression · 116
diffraction · 10, 34, 126
laser · 128
diffusion · 31, 34, 127
lentilles · 98
dioptre · 17, 36, 55
accolées · 91, 98, 165
plan · 55
minces · 69, 71, 98
sphérique · 56, 64
longueur d'onde · 14, 19, 35, 36
dispersion · 104
dans le vide · 12
distance focale · 53
lunette astronomique · 68, 97
Doppler-Fizeau · 176

185
de Huygens · 10, 35
M de propagation rectiligne de la lumière · 10, 32
prisme · 151
microscope · 68, 96 punctum proximum · 84, 85, 96, 168
milieu punctum remotum · 84, 85
homogène · 14 pupille · 83
inhomogène · 32, 33
isotrope · 14
transparent · 14
minimum de déviation
R
de l’arc-en-ciel · 108, 173
du prisme · 151, 171 rayon
en spectroscopie · 110 de courbure · 52, 56, 59
mirages · 32, 33 incident · 17
miroir lumineux (modèle) · 13, 15
concave · 48 réflexion · 17
convexe · 48 réflexion totale · 20, 31, 37
plan · 47, 64 prisme à · 29
sphérique · 47, 48, 64 réfraction · 17, 34
monochromatique · 12 réfringence · 18
Multi-touch · 31 relation de conjugaison · 52, 64
myopie · 85 des lentilles minces, origine au sommet · 98
des lentilles minces, origine aux foyers · 73, 98
du dioptre sphérique · 59
du miroir sphérique · 53
N réseaux de diffraction · 126, 130
rétine · 82, 83
nerf optique · 83 tache aveugle · 83
normale au dioptre · 17 retour inverse de la lumière · 15, 53

O S
objectif · 16, 93, 96, 97 Snell-Descartes (lois de) · 17, 18, 36, 69
objet source
lumineux · 43 primaire · 43
réel · 43, 46, 63 secondaire · 43
virtuel · 46 spectre
oculaire · 16, 61, 96, 97 d'absorption · 113
oeil d'émission · 110, 112
anatomie de l' · 83 de raies · 110
au repos · 84, 98 de réflexion · 118
des animaux · 82 spectroscopie · 109
réduit · 98, 160 d'absorption · 109
onde d'émission · 109
plane · 13 de réflexion · 110
sphérique · 13 stigmatisme · 43, 44, 64
approché · 50, 64
rigoureux · 48, 64
P surface d’onde · 12, 35, 36, 44
synthèse
photon · 15 additive · 122
plan d'incidence · 17 soustractive · 125
plan focal · 61, 72, 96 système optique · 43
point centré · 64
conjugué · 59, 70, 71
d'incidence · 17
polychromatique · 12, 151 T
pouvoir séparateur de l’œil · 168
presbytie · 85 téléobjectif · 92, 95, 166
principe télescope · 53, 61, 159

186
BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :
• Physique, E. Hecht (voir les chapitres d’optique), ed. De Boeck Université (1999)
• Optique, E. Hecht, ed. Pearson Education (2005)
• Optique, une approche expérimentale et pratique, Sylvain Houard, ed. De Boeck (2011)
• Cours de physique, Optique, J-P Parisot, P. Segonds et S. Le Boiteux, ed. Dunod (2003)
• Optique, fondements et applications, J-P Pérez, ed. Masson (1994)
• Optique, G. Bruhat, ed. Dunod (2004)
• Lumières, Une introduction aux phénomènes optiques, P. Léna et A. Blanchard, ed.
Intereditions (1990)
• Optique, collection H-Prépa, ed. Hachette (1995)
• Les instruments d'optique, L. Dettwiller, ed. Ellipses (1997)

Sites Internet :
• http://www.wikipedia.fr/
• http://ressources.univ-lemans.fr/AccesLibre/UM/Pedago/physique/02/mnoptigeo.html
• http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo/co/optigeo.html
et bien d’autres que vous trouverez par vous-mêmes…

Cours interactif en ligne pour le Phys102 (DOKEOS) :


http://formation.u-psud.fr (entrez votre identifiant et votre mot de passe)

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Téléchargez ce polycopié en pdf (et en couleurs !) sur DOKEOS à l’adresse suivante :


http://formation.u-psud.fr/courses/OPT000/

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