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Chapitre 9

Analyse des risques et menaces


environnementales : un regard
psycho-socio-environnemental
Oscar Navarro-Carrascal, Élisabeth Michel-Guillou

L’existence d’un changement du climat et ses conséquences


concernant l’apparition d’événements « extraordinaires » (tsunamis,
cyclones, tremblements de terre…) de fort impact dans la vie des
sociétés en général, occupent actuellement le devant des scènes
politique, médiatique et scientifique internationales. Face à l’important
coût en vies humaines que génèrent ces événements extraordinaires, se
pose l’inévitable question de la capacité de réponse des institutions et
des populations pour faire face aux risques.
Parmi la multitude de risques existants, nous nous intéressons
tout particulièrement aux risques « naturels », en les distinguant des
risques liés au cadre bâti, au milieu urbain et aux accidents industriels.
Il s’agit des seuls risques où il n’y a pas possibilité d’accorder une
utilité quelconque et une acceptabilité éventuelle, comme c’est le cas
pour d’autres types de risques, tels que les risques technologiques ou
médicaux. Bref, la nature de la menace ou encore la possibilité de lui
attribuer une responsabilité directe à l’action humaine font de ces risques
une catégorie distincte des autres risques dits environnementaux.
Les risques naturels sont souvent classés selon leur ampleur
et indiquent un événement de considération majeure qui dépasse la

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L’individu au risque de l’environnement

capacité de réponse d’une région ou d’un pays, et de leurs institutions.


Benyakar (2003) explique qu’une catastrophe se produit lorsqu’une
organisation, une société ou un individu perdent leur capacité de
réponse. Pour que se produise une catastrophe, il est nécessaire qu’il
y ait des conditions de vulnérabilité déterminées, c’est-à-dire qu’il
existe une population susceptible de subir un dommage ou d’avoir
des difficultés à s’en remettre. Cohen (1999), quant à lui, définit les
risques naturels plus du point de vue des catastrophes, comme étant des
événements extraordinaires qui génèrent une destruction considérable
de biens, qui peuvent occasionner la mort, des lésions physiques et de
la souffrance. San Juan (2001) explique que les problèmes liés aux
situations de crise varient en fonction de la nature de cette urgence, de
son ampleur et de la gravité de l’impact. C’est pour cette raison qu’il
est nécessaire de penser la « reconstruction » à partir de la reconnais-
sance des ressources que possède la population affectée pour réaliser
cette reconstruction, s’agissant des moyens non seulement physiques
et matériels mais également psychologiques et sociaux. En outre, les
risques sont ancrés spatialement ; c’est-à-dire que le risque environne-
mental est, par nature, inhérent à un territoire donné, aussi vaste soit-il.
Il peut en effet se situer à l’échelle du domicile, du quartier ou de la
ville, comme à l’échelle de la planète. Les risques environnementaux
sont associés chez les sujets profanes, à des niveaux de connaissance
quant à la probabilité d’occurrence de l’événement dangereux ou quant
à son explication scientifique relativement faible (Jardine et Hrudey,
1997 ; Lazo et al., 2000). Si l’on compare différentes catégories de
risques environnementaux, il apparaît en outre que les risques techno-
logiques et chimiques sont ceux qui sont évalués comme étant les plus
dangereux (Fleury-Bahi, 2008). En l’absence d’information objective,
on peut supposer que la sphère des croyances et des attitudes environ-
nementales sera activée et contribuera ainsi à expliquer le processus de
jugement développé à l’égard du risque environnemental.

D’une manière générale, nous considérons qu’il est nécessaire


d’introduire une approche psycho-socio-environnementale d’analyse
de la vulnérabilité et des risques collectifs. Nous remarquons de quelle
manière les risques définis par les experts sont loin du risque perçu par

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le non-expert (connaissance du sens commun) (Fischhoff et al., 1978 ;


Slovic, Fischhoff et Lichtenstein, 1979). La connaissance sociale des
risques collectifs dans la société, et de manière plus spécifique dans les
communautés ou groupes sociaux, va déterminer les décisions et les
actions face à ces risques. Ce cadre de référence socioculturel définit
les tendances sociales, les évaluations que font les personnes de la
situation (le danger, l’importance de la menace) et il influence égale-
ment les jugements que les personnes ont de leur capacité de réponse
individuelle ou collective et de leurs stratégies de faire face. Par consé-
quent, il s’avère important de le reconnaître et de le prendre en compte
pour la construction des actions institutionnelles de prévention et de
reconstruction. Nous nous rendons souvent compte qu’il existe une
trop grande distance entre les systèmes d’appréciation (scientifique), de
gestion (politique) et de représentation (sociale) des multiples situations
à risque pour la collectivité, engendrant des difficultés dans la gestion
des crises.
Dans le champ général de l’évaluation et la gestion des risques
collectifs, notamment les risques dits naturels, la tendance de ces
deux dernières décennies est de tourner le regard vers la dimension
« vulnérabilité ». Cette vulnérabilité a été appréhendée essentiellement
au travers de l’aléa qui correspond à l’élément dangereux, la menace.
Actuellement, construire une grille de lecture fondée non plus sur l’aléa
mais sur les enjeux et leur vulnérabilité devient l’objectif principal
pour les sciences sociales mais aussi pour les sciences de la terre dans
l’analyse des risques (Gleyze et Reghezza, 2007 ; Metzger, Couret et
Urbi, 2010). La vulnérabilité fait référence aux conditions préalables
à l’événement qui rendent plus ou moins importante la propension à
subir des dommages. Les sciences sociales s’intéressent à ces condi-
tions structurelles, fonctionnelles ou matérielles.
Néanmoins, cette analyse des conditions « explicites » ne tient pas
compte de ce que l’on pourrait appeler les conditions « implicites »,
c’est-à-dire les perceptions et jugements que les populations impliquées
se font de ces phénomènes, de leur dangerosité et de leur propre propen-
sion à subir des dommages (Meur-Férec et al., 2004). Une approche
de la vulnérabilité venant de la psychologie sociale et environnemen-
tale fait référence à la vulnérabilité perçue ou ressentie. Nous consi-

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L’individu au risque de l’environnement

dérons cette approche comme complémentaire des plus classiques des


sciences sociales et nous voulons démontrer son intérêt dans l’analyse
des risques collectifs. Cette vulnérabilité perçue est façonnée par les
connaissances du sens commun, c’est-à-dire, par les représentations
sociales du risque. Elle est également affectée par le type de lien que
les personnes entretiennent avec leur cadre de vie, c’est-à-dire, le niveau
et le type d’attachement territorial. Ces deux dimensions constituent
la base de notre modèle d’analyse des risques. Dans ce chapitre nous
proposons de démontrer l’intérêt d’adopter un regard psycho-socio-
environnemental pour l’étude, la gestion et la prévention des risques.

1. Définitions et théories des risques


Il existe une formule classique dans la définition du risque où
celui-ci est la résultante de la combinaison de la menace ou l’aléa et
de la vulnérabilité. Autrement dit, le risque correspond à la probabilité
qu’un danger s’actualise et à la gravité des conséquences que celui-ci
peut engendrer (Leplat, 2006 ; Fleury-Bahi, 2010). La menace est donc
entendue ici comme étant la probabilité ou même la possibilité qu’un
événement dangereux survienne ; la vulnérabilité fait référence au fait
qu’une personne ou un groupe de personnes soit susceptible d’être
« touchés » par cet événement dangereux. Elle « renvoie à une certaine
fragilité, une certaine propension à subir des dommages, et s’applique
à tous les objets du monde social et naturel » (Metzger, Couret et Urbi,
2010, p. 240). Le risque serait le produit de l’ampleur et des caractéris-
tiques de la menace ainsi que du degré de vulnérabilité.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit en 1995 le
risque naturel comme une perturbation profonde, écologique et psycho-
sociale, qui dépasse la capacité d’adaptation des populations touchées.
Gómez (1995 cité par San Juan, 2001) les définit comme un événement
qui engendre des conséquences psychologiques graves. Les regards
classiques se basent sur l’agent causal du risque : anthropique, naturel,
technologique, industriel ou social. Dans ce sens, les risques collec-
tifs se définissent classiquement selon une approche épidémiologique
et sont entendus comme la probabilité de dommages par l’exposition

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Analyse des risques et menaces environnementales...

à un danger (Got, 2001). De la même façon, il existe une définition


sociopolitique des risques collectifs, entendus comme des événements
indésirables qui touchent la santé des populations et dont la prévention
ou la gestion de leur impact est sous la responsabilité du pouvoir public
(Flahaut et Setbon, 1999).
Pour mieux comprendre et délimiter les risques, ceux-ci sont
souvent catégorisés selon différents critères et méthodes. Slovic et
Werber (2002), par exemple, proposent quatre catégories de risques :
– risques inconnus mais contrôlables (médicaments) ;
– risques connus et contrôlables (tabagisme, alimentation, alcoo-
lisme) ;
– risques connus mais incontrôlables (accidents) ;
– risques inconnus et incontrôlables (technologies médicales,
nucléaires et/ou génétiques).

Dans ce même intérêt de catégorisation, l’IRSN (Institut de


Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, 2004) a identifié trois échelles
d’analyse factorielle des risques : estimation du risque, confiance dans
l’information diffusée et confiance dans les autorités chargées du
problème. Ces échelles ont donné lieu à quatre groupes de risques :
– risques liés à certains styles de vie (tabagisme, obésité, alcoo-
lisme) ;
– pollutions (nucléaire, pesticides, de l’eau et de l’air, OGM) ;
– causes potentielles de la pollution (industrie nucléaire, incinéra-
teurs, produits alimentaires, radiation diagnostique) ;
– risques collectifs non industriels (bruits, inondations, canicules).

Plus particulièrement, dans le domaine de l’étude de la perception


des risques, il existe plusieurs théories ou approches :
– L es théories psychologiques sont utilisées pour étudier
comment les gens évaluent (aspects cognitifs) ou ressentent
(aspects affectifs) les situations de risques et comment ils se
comportent en conséquence. Certains définissent cette approche
comme étant une approche psychométrique (Gruev-Vintila et
Rouquette, 2007 ; Fleury-Bahi, 2010). C’est un paradigme
dominant de la recherche sur la perception sociale du risque,

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L’individu au risque de l’environnement

paradigme notamment développé par Slovic et al. (Fischoff et


al. 1978 ; Slovic et al., 1979 ; Slovic, 1987, 2000) sur la base
des travaux de Tversky et Kahneman (1974). Cette approche
tente d’expliquer l’aversion que les individus ont envers certains
risques et leur indifférence face à d’autres ainsi que les diffé-
rences entre opinions d’experts et de non experts. L’évaluation
s’effectuerait selon trois critères : le nombre de personnes
exposées, le caractère catastrophique ou non du risque et son
caractère familier ou inconnu. L’approche psychométrique
offre un modèle de relations entre la perception du risque et les
comportements à risque basés sur un niveau d’analyse intra-
individuelle. L’idée générale est que tous les dangers ont un
schéma commun et unique de causalité qui détermine comment
les individus perçoivent les risques.
– Les théories socioculturelles cherchent à expliquer comment
les sociétés construisent (histoire), analysent (sociologie) et
administrent (économie) les dangers auxquels fait face l’espèce
humaine (Douglas et Wildavsky, 1983).
– Les théories psychosociales permettent d’expliquer comment
les facteurs sociaux, culturels et relationnels influent sur la
façon dont les gens construisent, se représentent et donnent
du sens aux risques (pensée sociale) (Joffe, 2003). Les risques
sont socialement construits et, de ce fait, la vie sociale offre
un cadre de codification de la réalité qui guide l’action. Ce
cadre organisé fondamentalement par la pensée sociale a large-
ment été abordé à travers la théorie des représentations sociales
(Moscovici, 1976).

C’est cette dimension psychosociale qui nous paraît particulière-


ment pertinente dans l’approche des risques, notamment par l’intégra-
tion de la connaissance du sens commun exprimée dans les représenta-
tions sociales, en complément de l’approche psychologique classique.
Mais celle-ci n’est pas suffisante en tant que telle pour aborder la
complexité des questions de risques et vulnérabilité, et il paraît néces-
saire d’intégrer également une dimension environnementale afin de

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Analyse des risques et menaces environnementales...

donner une place plus importante au cadre de vie en général négligé


par ces approches.
Ainsi l’approche psycho-socio-environnementale vise à identifier
comment les facteurs psychologiques, sociaux et culturels mais aussi
les conditions de vie (proximité et expérience de risques) et l’attache-
ment au cadre de vie, vont déterminer l’évaluation des risques et la
vulnérabilité perçue.
C’est ce point de vue que nous proposons de développer en détail-
lant, d’une part, la manière dont le risque est abordé d’un point de vue
environnemental, et d’autre part, d’un point de vue social, ces deux
approches étant indissociables.

2. Le risque du point de vue « environnemental »


Trois aspects constituent ce point de vue environnemental : 1) la
vulnérabilité perçue et le stress causé par les risques, 2) la spatialisa-
tion et la proximité aux risques et 3) l’attachement au cadre de vie.

2.1. Risques et vulnérabilité perçue

Dans le domaine des risques, la vulnérabilité est devenue peu à peu


un concept central (Metzger et D’Ercole, 2011). Son importance dans la
problématique des risques est maintenant reconnue (Gilbert, 2009). Une
définition générale de la vulnérabilité la présente comme « la propension
d’une société donnée à subir des dommages en cas de manifestation
d’un phénomène naturel ou anthropique. Cette propension varie selon
le poids de certains facteurs qu’il est nécessaire d’identifier et d’analyser
car ils induisent un certain type de réponse de la société » (D’Ercole,
1994, p. 88). Cette dimension fait partie intégrante de la définition même
de risque et elle est entendue comme une condition structurelle des
populations impliquées. De manière générale, les auteurs font allusion
à la vulnérabilité matérielle ou encore à la vulnérabilité fonctionnelle.
Une approche de la vulnérabilité venant de la psychologie fait référence
à la vulnérabilité perçue ou ressentie. Ainsi, le niveau de vulnérabilité
perçue dépend de trois facteurs clés (Moser, 1998) :

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L’individu au risque de l’environnement

– le degré d’exposition à un risque non négligeable ;


– le sentiment de perte de contrôle, c’est-à-dire le sentiment de
manque de moyens de défense efficaces, de mesures de protection
et/ou de possibilités d’évitement ;
– l’anticipation de conséquences négatives importantes.
Notamment la perception d’une perte ou d’une absence de contrôle
sur la situation menaçante peut amplifier le sentiment de peur et le
mal-être psychologique (Henslin, 1967 ; Ward et Jenkins, 1965). En
outre, le sentiment de vulnérabilité est ainsi la résultante de la relation
entre trois variables :
– l’attribution causale de la situation menaçante, c’est-à-dire, les
croyances et formes d’explication des événements menaçants ;
– la familiarité avec l’environnement et/ou la menace, c’est-à-dire,
la proximité physique et/ou sociale (par le biais d’une mémoire
collective et l’existence des discours) avec celle-ci ;
– la perception du contrôle sur la situation.

Sur ce dernier aspect, avoir un fort sentiment de contrôle sur un


événement consiste à croire que l’on dispose d’une réponse comporte-
mentale qui peut modifier la probabilité d’occurrence de cet événement.
Le contraire nous amène à expérimenter un sentiment d’impuissance,
voire de désespoir (Seligman, 1975). En ce sens, et en lien avec la
vulnérabilité perçue, le sentiment d’impuissance vécu face au risque
est produit par le sentiment de perte de contrôle face à la situation, sur
la possibilité de prévenir ou de se protéger face à l’événement, mais
aussi sur la possibilité de s’y remettre. Le sujet évalue ainsi ses propres
ressources et ses possibilités de maîtrise. Bref, ce contrôle perçu se
réfère à la manière dont les individus apprécient le degré d’influence
qu’ils peuvent avoir sur l’environnement (Nuissier, 1994).

Ces notions de vulnérabilité perçue et de contrôle sont également


en lien avec la notion de stress. Le stress résulte de la perception par
l’individu d’un écart défavorable entre les exigences de la situation
qu’il rencontre (stress perçu) et l’évaluation des ressources dont il
dispose et de ses capacités à contrôler cette situation (contrôle perçu).
Une des questions soulevées par la théorie transactionnelle du stress

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Analyse des risques et menaces environnementales...

(Lazarus et Folkman, 1984) consiste à expliquer pourquoi une même


situation peut être considérée par les individus soit comme une menace,
soit comme un fait insignifiant. Le stress ne réside ni dans l’événement,
ni dans l’individu, mais dans la transaction individu-environnement.
Dans ce modèle, l’évaluation de la situation est un processus essentiel
pour déterminer le degré de stress dans la relation personne-milieu.
Elle prend plus en compte les ressources perçues par le sujet que ses
ressources réelles, objectives. Lazarus et Folkman (1984) distinguent
deux formes d’évaluation des risques ou des situations éventuellement
stressantes : l’évaluation primaire et l’évaluation secondaire. Lors de
l’évaluation primaire, l’individu apprécie ce qui est en jeu dans la
situation : « en quoi suis-je impliqué dans la situation ? » Il peut s’agir
d’une perte, d’une menace ou d’un défi. Lors de l’évaluation secon-
daire, l’individu se demande ce qu’il peut faire pour remédier à la
perte, prévenir la menace ou obtenir le bénéfice. La question est alors :
« qu’est-ce que je peux faire ? » Cette évaluation oriente les stratégies
d’ajustement qui seront utilisées pour faire face à la situation stres-
sante, très proche du contrôle perçu évoqué précédemment.
Le concept de coping s’est développé dans les années 1960, issu
des théories sur le stress. Le coping peut être défini comme l’ensemble
« des efforts cognitifs et comportementaux [par lesquels le sujet est
amené à] gérer des exigences spécifiques internes et/ou externes,
estimées comme mettant à l’épreuve ou excédant les ressources de
la personne » (Lazarus et Folkman, 1984, p. 141). Ce processus rend
compte des actes et des pensées de l’individu face à une situation
inhabituelle. Le coping est un facteur stabilisateur permettant au sujet
de maintenir une adaptation psychosociale pendant les périodes de
crise. Cette stratégie de faire face est tributaire également de l’expé-
rience des gens, des répertoires de pratiques existantes et des liens
sociaux et/ou institutionnels.

Risque, vulnérabilité perçue, perception de contrôle, stress et


stratégies de coping sont ainsi liés dans la mesure où une situation
produisant un sentiment de perte de contrôle peut engendrer du stress
et faire naître un sentiment de vulnérabilité. Dit autrement, la vulné-
rabilité perçue serait la résultante de l’addition d’une perception

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L’individu au risque de l’environnement

effective de la dangerosité d’une situation ou d’un événement et de


l’évaluation de l’absence des ressources sociales et personnelles pour
y faire face. La vulnérabilité perçue ne ferait pas seulement référence
à l’existence d’une dangerosité objective et à la probabilité de subir
des dommages, mais également à l’évaluation que les individus font
des situations à risque et de leur capacité de réponses sociales et
individuelles.

2.2. Spatialisation et proximité du risque

On considère que la vulnérabilité perçue face aux risques va de


pair avec l’expérience, directe ou indirecte, de situations de crise. En
ce sens, dans les années 1950, Holahan et ses collaborateurs (1996)
ont étudié comment les personnes réagissaient face aux catastrophes
naturelles. S’interrogeant sur l’impact des expériences antérieures sur
l’adoption de mesures de prévention, ils concluent que les expériences
personnelles des résidents déterminent leur comportement face aux
catastrophes naturelles alors que les personnes qui n’ont pas vécu ce
type d’expérience ne prennent pas en compte les possibles consé-
quences de ces dangers. Le plus intéressant est que la majorité des
personnes préfère payer les coûts engendrés par une catastrophe pour
éviter le risque plutôt que de changer leur mode de vie : peu sont
prêtes à déménager même si elles devaient faire face à de grands
événements catastrophiques. En outre, les personnes vivant dans des
zones à risque majeur tendent à sous-estimer le danger encore plus
que celles qui vivent dans des zones moins risquées éloignées des
risques. Ce phénomène est expliqué par l’effet de halo (Nisbett et
Wilson, 1977), qui correspond plus précisément au Neighbourhood
Halo Effect ou Effet de Halo de proximité (Bickerstaff, 2004 ; Catalán
et al., 2009) : les individus ont tendance à percevoir moins de risques
dans leur environnement de proximité qu’à un niveau plus éloigné.
Ces résultats mettent ainsi l’accent sur le lien entre la vulnérabilité
perçue et la proximité physique.

Il est donc parfaitement concevable que la définition même de


vulnérabilité perçue intègre une dimension spatiale. En effet, la

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Analyse des risques et menaces environnementales...

perception du risque peut s’expliquer par la prise en compte des


différents niveaux de spatialisation de notre cadre de vie et donc des
niveaux de proximité différents. Cette spatialisation, lorsqu’elle inclut
aussi la dimension sociale, c’est-à-dire lorsqu’un espace est plus ou
moins partagé par d’autres personnes, devient un « territoire ». Nous
partons de l’idée que la relation avec l’environnement fonctionne à
plusieurs échelles de référence spatiale ayant des conséquences sur
la possibilité de contrôle des habitants sur ce territoire. Ces niveaux
constituent des territoires investis et appropriés avec différents degrés
de contrôle territorial où la dimension collective est de plus en plus
étendue, ce qui implique une identité davantage partagée et intégrée
par l’ensemble social
Moser (2003), en s’inspirant de différents modèles et théories
en psychologie environnementale, notamment le modèle écologique,
définit quatre niveaux d’interaction de l’individu avec son environ-
nement :
– Niveau i. Micro-environnement. Espace privé ou individuel. Il
s’agit des lieux de repère dont on a le contrôle total, importants
pour le bien-être individuel. C’est le lieu de permanence, de
stabilité (sentiment de sécurité) où se déroule la vie privée.
Il s’agit de l’espace personnalisé, délimité par des barrières
physiques ou symboliques, mais surtout protégé de l’intrusion
d’autrui.
– Niveau ii. Environnement de proximité. Espace semi-public
ou semi-privé. Il s’agit de l’espace de proximité. L’espace est
partagé ainsi que le contrôle. L’attachement affectif peut être
fort ou non selon que l’espace est hostile ou non.
– Niveau iii. Macro-environnement. Espace public. Le contrôle
est médiatisé et surtout il est délégué. Il s’agit d’un agrégat
d’individus dans un espace commun. La ville devient l’espace
de la variété, de la diversité de choix, de la facilité de rencontre.
– Niveau iv. Environnement global. Dimension planétaire. Le
contrôle se situe au-delà des possibilités individuelles, il est
hypothétique. On peut observer l’émergence de comporte-
ments dits écologiques et l’apparition de la notion de « bien
commun ».

281
L’individu au risque de l’environnement

Pour illustrer le rôle de la spatialisation des risques dans l’exis-


tence d’un sentiment de vulnérabilité, les résultats de recherche de
l’IFEN (Institut Français de l’Environnement, 2004) sur la percep-
tion des risques naturels chez les français montrent que, d’une
manière générale, les gens considèrent qu’ils ne sont pas exposés à
un risque dans leur résidence. Cependant, lorsque l’échelle territoriale
s’agrandit, ce sentiment d’être à l’abri de toute menace s’amoindrit
(Roy, 2005). Ainsi, la perception de la menace et le sentiment de
vulnérabilité augmentent à mesure que le niveau territorial s’élargit
(Uzzell, 2000), à mesure que le risque devient collectif. Ceci montre
qu’en fonction de la proximité du risque, les personnes le perçoivent
et se comportent de manière différente.

2.3. Attachement au cadre de vie


et représentation du risque

Une dernière dimension importante est celle de l’attachement au


cadre de vie. Dans le domaine de la perception du risque, un indice
élevé d’attachement territorial peut aller de pair avec la sous-estima-
tion de celui-ci, ou de son acceptation (Billig, 2006). A contrario, un
faible indice d’attachement avec le territoire peut générer une sures-
timation des risques (Moser, 2009 ; Navarro, 2009).
La littérature en psychologie environnementale nous montre
qu’un lieu qui est préféré ou positivement évalué contribue à l’atta-
chement au cadre de vie (Ratiu, 2003 ; Valera et Pol, 1994) et ainsi au
développement d’une identité personnelle et/ou sociale positive, c’est-
à-dire, « une puissante conscience émotionnelle d’appartenance à la
fois à un lieu et à un groupe localisé » (Félonneau, 2003 p. 172). Cette
dimension a été largement abordée, notamment à partir de l’approche
transactionnelle qui considère que l’individu et l’environnement
forment un système caractérisé par la réciprocité et l’échange continu.
Le concept d’attachement au lieu fait allusion au lien subjectif que
l’individu ou un groupe d’individus entretient avec un environnement
investi positivement (Moser, 2009). Il traduirait un lien affectif positif
entre un individu et son espace résidentiel (Shumaker et Taylor, 1983 ;
Low et Altman, 1992 ; Bonnes et Secchiaroli, 1995). Selon Hidalgo

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Analyse des risques et menaces environnementales...

et Hernandez (199­6, 2001), ce lien positif amène l’individu à rester


proche de l’environnement en question dans l’espace et dans le temps.
L’attachement au lieu contribue à l’identité spatiale de l’individu
(Moser, 2009 ; Marchand, 2001). La notion de place identity, proposée
par Proshansky (1978), définit l’identité de soi en relation à l’envi-
ronnement physique à travers un système d’idées, de croyances, de
préférences, de sentiments, de valeurs, de buts, de tendances et de
compétences comportementales fortement liés à un environnement
précis. Stockols et Shumaker (1981) mettent l’accent sur le carac-
tère collectif de la signification donnée aux lieux habités. Milgram
(1976) avait également conclu que l’identité sociale d’un individu est
étroitement liée au quartier de résidence ainsi qu’aux connotations
sociales de celui-ci. Ainsi, l’attachement au lieu constitue la dimen-
sion affective de l’identité socio-environnementale. Cela signifie que
l’on peut être attaché à un lieu sans que cela implique de s’y identifier
mais que l’on doit être attaché à un lieu pour pouvoir s’y identifier.
L’attachement au lieu a fait l’objet de multiples études s’intéressant
notamment à la relation de l’individu avec le cadre bâti, tout particu-
lièrement sur la satisfaction ressentie par les usagers envers le cadre
résidentiel (Shumaker et Taylor, 1983). Les facteurs qui vont venir
influencer l’attachement se trouvent ancrés dans le cadre social et
physique du lieu. De nombreuses recherches s’opposent sur la préva-
lence de l’un ou de l’autre cadre (Feliot-Rippeault, 2005). Cependant
Low et Altman (1992) ainsi que Mesch et Manor (1998), par exemple,
estiment que ce sont les rapports sociaux qui vont prendre le pas sur
les conditions physiques dans l’élaboration de ce processus d’atta-
chement à un lieu. Mais comme il a été proposé par d’autres auteurs
(Fischer, 1992 ; Bonnes et al., 1997), les caractéristiques physiques
telles que le bâti ou les services ne sont pas indépendantes des carac-
téristiques sociales de l’espace vécu. On reconnaît ainsi le rôle majeur
des dimensions affectives et temporelles de l’expérience environne-
mentale comme un élément déterminant le processus d’attachement au
lieu. Ainsi l’attachement au lieu est un lien affectif que les individus
établissent avec des lieux spécifiques où ils préfèrent rester et où ils
se sentent à l’aise et en sécurité (Altman et Low, 1992 ; Hernández
et al. 2007).

283
L’individu au risque de l’environnement

Plusieurs facteurs sont associés à l’attachement au cadre de vie


et doivent être pris en compte afin de mieux comprendre les rapports
entre les individus et l’environnement et particulièrement la percep-
tion des risques. Ainsi, la satisfaction résidentielle est un aspect qui
a reçu le plus d’attention (Holahan et Wilcox, 1979), car pouvant
notamment influencer les décisions de déménager ou de rester dans un
lieu donné (Holahan, 2004). Dans ce sens, « les individus satisfaits du
lieu où ils vivent ont tendance à s’approprier et à considérer comme
familier un espace plus ample que ceux qui ne se sentent pas chez
eux » (Moser, 2009 p. 153). De ce fait, la satisfaction résidentielle a
été considérée comme fortement associée au sentiment de sécurité
ressenti dans le voisinage (Fleury-Bahi, 1997). En effet, la stabilité et
la permanence dans un lieu donné est liée positivement au sentiment
de sécurité (Ratiu, 2006). L’histoire résidentielle exprime le senti-
ment d’appropriation d’un lieu, l’enracinement et l’investissement du
cadre de vie (Fleury-Bahi, 1998, 2000). Le sentiment de sécurité est
facilité, entre autres, par une familiarité avec l’environnement, mais le
sentiment d’insécurité et de vulnérabilité peuvent s’expliquer par une
perception des risques supposés et un sentiment de perte de maîtrise
de l’environnement et du contrôle de la situation (Moser, 1984, 1998).
Finalement un autre aspect associé à l’attachement au lieu et à
la perception des risques est celui de la sociabilité et les relations de
voisinage. Le voisinage renvoie, selon Hunter (1979), à la constitution
des liens sociaux et de participation ainsi qu’au développement d’un
sentiment de sécurité et de bien-être social. Dans les premières études
sur ce sujet, on considérait l’importance de la proximité physique
dans la construction des relations de voisinage. Cependant les études
plus récentes montrent que les liens sociaux changent radicalement
d’échelle, se font plus faibles dans l’environnement proche pour
se renforcer dans un environnement éloigné physiquement (Moser,
2009), dans des inscriptions territoriales plus larges. Cet aspect de
la sociabilité a été mis en relation avec le sentiment de sécurité dans
le quartier d’habitation à Paris par Fleury-Bahi (1998). Les résultats
montrent que le fait de se sentir en sécurité va de pair avec l’établis-
sement de liens sociaux et le sentiment d’appartenance à une commu-
nauté urbaine.

284
Analyse des risques et menaces environnementales...

En conséquence, cinq dimensions indépendantes peuvent être


identifiées pour évaluer l’attachement territorial et sont lien avec la
perception des risques environnementaux : la stabilité résidentielle,
le sentiment d’entassement, la satisfaction résidentielle, le senti-
ment de sécurité et enfin, les liens sociaux et de voisinage (cohésion
sociale). Ces indicateurs d’attachement au cadre de vie peuvent nous
permettre d’évaluer, voire de diagnostiquer le niveau d’attachement
que les personnes expérimentent avec les lieux habités. Nous faisons
l’hypothèse que cet aspect peut avoir une influence sur la perception
et l’évaluation des risques des individus et de leur vulnérabilité. À ce
titre, l’évaluation joue un rôle de variable explicative des décisions
et des discours face aux risques. De façon générale, nous pouvons
considérer que l’attachement au cadre de vie, le sentiment de contrôle
qui en découle et la proximité éventuelle aux risques auxquels les
gens peuvent même s’habituer constituent ensemble une dimension
influençant les perceptions des risques.

3. Le risque du point de vue « social »


Certaines recherches sur les risques collectifs (Picon, 1974)
proposent de les considérer comme des phénomènes socio-environ-
nementaux. Le risque ne peut se réduire à une situation à laquelle
les individus répondent comme des systèmes de traitement d’infor-
mation. En outre, l’efficacité des mesures de prévention des risques
dus aux phénomènes naturels dépend, en grande partie, de la
connaissance qu’ont les habitants des menaces auxquelles ils sont
exposés, de leur impact probable et de leur propre vulnérabilité face
à cet impact ; ce que l’on appelle communément la « conscience du
risque ». Lorsqu’on parle de perception et d’évaluation des risques
collectifs, c’est-à-dire de la connaissance sociale que l’on acquiert
face à ces risques, on entre dans un univers complexe dans lequel
différentes dimensions sociales, affectives et cognitives sont mises en
relation. D’un point de vue sociologique, la construction des risques
repose sur les valeurs propres au contexte culturel et idéologique qui
rendent compte de la conception du monde, des relations sociales, des

285
L’individu au risque de l’environnement

croyances et des valeurs propres au groupe social (Morin, 2006). Dans


ce sens, on peut alors parler de la construction et de l’utilisation de
véritables « théories profanes ou naïves des risques » qui déterminent
les jugements et les actions face aux risques d’une part (par exemple
prévenir le risque, éviter l’exposition à la source du risque, etc.) et
permettent de juger ou d’évaluer le rôle des institutions responsables
et l’accomplissement de leur fonction de protéger les citoyens (impact
politique) d’autre part. Ces théories naïves constituent des représen-
tations sociales des risques.

3.1. Perception et connaissances des risques :


les représentations sociales des risques

La notion propre de représentation sociale (RS) en tant que forme


de pensée sociale a été introduite par Moscovici en 1961. On a montré
leur intérêt et pertinence pour aborder l’interaction des individus
avec leur environnement : situées à l’interface du psychologique et
du social, c’est à elles que nous faisons « le plus facilement et le
plus spontanément appel pour nous repérer dans notre environnement
physique et humain » (Mannoni 1998, p. 5) 1. Les RS sont doublement
affectées : d’un côté par des contraintes normatives propres à la société
ou au groupe d’appartenance dans une époque donnée (valeurs,
histoire et mémoire collective) et de l’autre par des contraintes
situationnelles déterminées par le cadre physique et matériel, par la
position sociale des individus, par l’ensemble des conduites et par
les possibilités d’action. Cette perspective de recherche a été ample-
ment utilisée dans le domaine des risques. Par exemple Baggio et
Rouquette (2006), dans une recherche sur les représentations sociales
de l’inondation, ont pu mettre en évidence le lien entre implication
et phénomènes représentationnels. En effet, l’implication des sujets,
c’est-à-dire la proximité au risque et l’importance perçue de l’enjeu,

1. Une présentation de cette théorie et son usage en psychologie environnementale


est fait dans le chapitre 1 de ce même ouvrage (Weiss, Michel-Guillou et Navarro :
Psychologie sociale et psychologie environnementale : confrontations et complé-
mentarités).

286
Analyse des risques et menaces environnementales...

ainsi que ce que Baggio et Rouquette appellent la « culture environne-


mentale » en lien avec l’histoire socioculturelle, ont une influence sur
la représentation sociale de l’inondation. Dans l’implication person-
nelle, c’est la proximité psychosociale qui est mise en évidence. Une
proximité qui fait écho à la proximité spatiale ou géographique dont
nous avons parlé précédemment.
Ainsi, les représentations sociales du risque sont inséparables
de leur élaboration en tant qu’objet social, à travers la culture, les
communications et la mémoire collective. Ceci justifie le besoin
d’introduire une approche dite psychosociale des risques collectifs.
Cette analyse va plus loin que les caractéristiques perçues du risque.
Elle intègre les deux autres dimensions déterminant les phénomènes
sociaux : la sociabilité et la communication (Rouquette, 1998). Les
représentations sociales constituent ainsi une forme de pensée sociale,
de pensée du sens commun, et pour cette raison, elles vont au-delà des
limitations des explications intra et interindividuelles ; elles mettent
en avant les processus psychosociaux qui sont produits au niveau
collectif (Gruev-Vintila et Rouquette, 2007).
Une recherche sur les représentations sociales d’un risque naturel,
le glissement de terrain, réalisée en 2006 par Giraldo et Zapata  2 à
l’université d’Antioquia en Colombie, tentait de caractériser les repré-
sentations sociales des catastrophes naturelles chez des personnes
impliquées ou proches de ces phénomènes (victimes et experts) et non
impliquées (personnes neutres ou groupe témoin). Les résultats ont
montré que la peur, la tristesse et l’impuissance sont les sentiments-
émotions prédominants qui se trouvent associés à la catastrophe
naturelle, avec une différence significative entre le groupe des profes-
sionnels et celui des victimes. En effet, ce premier groupe attribue
la causalité des catastrophes à l’action humaine à la différence des
victimes qui considèrent que c’est le fait du hasard. Le résultat le plus
important dans cette étude est le fait qu’aussi bien le contenu que la
structure de la représentation sociale varient de manière significative
entre les catégories de personnes interrogées : le contenu est beaucoup

2.  Giraldo et Zapata, 2006, mémoire de recherche non publié.

287
L’individu au risque de l’environnement

plus « émotionnel », c’est-à-dire marqué par la présence d’expres-


sions faisant allusion à des sentiments et affects négatifs exprimant
surprise et peur chez les victimes, et plus « rationnel-technique » chez
les professionnels, c’est-à-dire constitué d’un contenu plus formel et
descriptif. Les auteurs font l’hypothèse d’une différence dans la repré-
sentation sociale du risque due au type d’implication et d’expérience,
autrement dit, aux rapports différenciés avec l’objet.
Dans une étude sur les représentations sociales des risques collec-
tifs (Gruev-Vintila et Rouquette, 2007 ; Ernst-Vintila, 2009) à propos
des risques sismiques, les résultats montrent, par exemple, que la
représentation sociale du risque collectif a un caractère normatif/
évaluatif chez les personnes qui n’ont pas vécu l’expérience d’un
tremblement de terre, contrairement à ceux qui ont vécu un tremble-
ment de terre et qui ont une représentation sociale plus fonctionnelle.
Les auteurs partaient du postulat selon lequel une représentation
fonctionnelle permet une plus grande reconnaissance et l’utilisation
d’informations sur les risques plus diversifiées, particulièrement en
relation avec des fins pratiques (diminution des conduites à risque)
(Guimelli, 1995). Une représentation sociale plus fonctionnelle et
plus orientée vers la pratique exerce une fonction prescriptive plus
forte, c’est-à-dire une plus grande emphase sur l’action collective
face au risque (par exemple, s’engager à un comportement collectif
de mitigation des risques) (Baggio et Rouquette, 2006).

3.2. Le rôle de la thématique risque dans la RS


de l’environnement

Une autre étude sur la représentation de la pollution de l’air à


Medellin, Colombie, distinguait deux conditions : le fait d’être exposé
à une forte pollution de l’air et le fait d’habiter dans une zone consi-
dérée par les autorités et les experts comme non exposée à la pollution
de l’air. Nous avons ainsi réalisé une comparaison des contenus pour
savoir si des différences existent dans la RS de l’environnement selon
ces conditions. La seule différence significative entre les deux groupes
est celle du mot « nature », plus évoqué pour les individus exposés ;
ce qui voudrait dire que la RS de l’environnement n’est pas affectée

288
Analyse des risques et menaces environnementales...

par la condition d’exposition (ou non) à des sources de pollution de


l’air. Afin de compléter l’analyse et d’identifier le rôle de la dimension
risque, une analyse catégorielle (Vergès, 1994 ; Abric, 2001, 2003) a
été réalisée. Les résultats décrits précédemment se confirment, c’est-
à-dire qu’il n’y a pas un effet de condition d’exposition à la pollu-
tion de l’air sur la RS de l’environnement. L’environnement naturel
est la thématique la plus importante ainsi que celles de santé/vie et
de préoccupation pour la protection de l’environnement. La RS de
l’environnement s’organise autour de ces trois thèmes. Cependant,
une différence apparaît dans l’organisation de la RS, notamment
autour des catégories « menaces » (marquée par la présence du mot
« pollutions ») et « environnement naturel ». Pour cette dernière, les
analyses montrent que le poids de cette catégorie est plus important
pour le groupe des exposés à la pollution de l’air que pour le groupe
des non exposés. Chez ces derniers la catégorie « menaces » est plus
importante ; ce qui laisserait penser à une sensibilité accrue sur cette
thématique au sein de ce groupe.
Trois dimensions majeures ressortent de cette analyse. En premier
lieu, la dimension descriptive est organisée autour de l’environnement
naturel et composée des éléments « air » et « eau ». En deuxième lieu,
et avec le même poids de corrélations, une autre dimension est formée
par les éléments « santé » et « vie » en relation avec les sentiments
positifs et le bien-être ; celle-ci renseigne sur le caractère évaluatif de
la RS et, est plus spécifiquement, de son noyau central. Autrement dit,
il s’agit des éléments les plus importants, consensuels et stables de la
représentation sociale. Finalement, une troisième dimension compose
la représentation sociale de l’environnement, caractérisée par les
menaces de pollutions et les risques ou les effets nocifs (maladies) ;
cette thématique a également un caractère évaluatif dans la représen-
tation et prend une place centrale dans la RS de l’environnement. En
résumé, une dimension descriptive et deux dimensions évaluatives
composent la RS de l’environnement. Parmi ces deux dernières, l’une
évoque le caractère positif et l’autre le caractère négatif de l’objet.
Cette thématique de menace dans la représentation sociale de
l’environnement a un intérêt qualitatif majeur. Elle indique le rôle que
la dimension « risque et menaces » joue dans l’organisation de cette

289
L’individu au risque de l’environnement

représentation. Elle serait la face opposée de la dimension « santé et


bien-être » que nous avons repérée. Elle est à la base des perceptions
des risques et de la préoccupation pour la protection de l’environ-
nement. Cette thématique est constituée, entre autres, par « l’envi-
ronnement bâti », source éventuelle de ces menaces. En synthèse,
les menaces qui constituent les pollutions et les risques de maladies
viennent concrètement de l’environnement bâti. Concrètement,
lorsqu’il s’agit de RS de l’environnement, on identifie la thématique
risque comme jouant un rôle organisateur. Mais il s’agit d’un type de
risque particulier : le risque sanitaire, puisqu’il n’y a pas de référence
dans le contenu de la représentation sociale de l’environnement dans
notre étude aux risques naturels. Finalement, la catégorie « air » est
en lien avec cette dimension, ce qui fait penser à une sensibilité parti-
culière pour les risques liés à la pollution de l’air.

Conclusion : un regard
psycho-socio-environnemental
À travers les exemples illustrant nos propos, nous avons montré
qu’il est nécessaire de prendre en compte les variables psychosociales
et environnementales conjointement, autrement dit d’adopter systéma-
tiquement un regard psycho-socio-environnemental dans les questions
traitant des risques. L’intérêt est de compléter l’approche classique en
psychologie, centrée sur une analyse intra et interpersonnelle, avec une
analyse plus groupale et sociétale (Michel-Guillou et Weiss, 2007).
La dimension spatiale ou plus largement environnementale s’ajoute
à ce modèle d’analyse sur les risques. En effet l’expérience humaine
et sociale est tributaire du cadre de vie, il l’affecte. La notion même
de proximité illustre cette intégration théorique entre l’aspect environ-
nemental et psychosocial. Pour l’approche psychosociale, il s’agirait
d’une « proximité sociale » opérationnalisée à travers l’implication
personnelle face à l’objet ; pour la psychologie environnementale, il
s’agirait d’une proximité spatiale, voire géographique, synonyme
pour certains de menaces ou de sources de risques. Ces deux perspec-
tives sont complémentaires du fait de l’existence d’une préoccupation

290
Analyse des risques et menaces environnementales...

théorique commune. Dans l’évaluation des risques et de la vulnérabilité,


cette notion de proximité joue un rôle fondamental dans la reconnais-
sance sociale de la menace, et par conséquent sur l’intention d’action
face à celle-ci. Cette notion a également un impact sur le bien-être de
l’individu qui influence également cette perception.
Intégrer une approche environnementale exige la prise en compte
des conditions et expériences environnementales comme participant à
l’élaboration des processus sous-jacents à l’expérience humaine. La
psychologie environnementale a apporté des notions clés qui permettent
de comprendre et d’expliquer certains comportements. Un exemple est
la notion d’espace personnel ou celle de territorialisation. Ces notions
nous rappellent l’existence des besoins vitaux en lien avec l’environ-
nement. L’espace personnel fait référence à la distance interperson-
nelle nécessaire pour se protéger de la surcharge de stimuli sociaux
et physiques. Il permet de réguler l’intimité et la communication avec
autrui, de protéger l’individu contre les menaces physiques et émotion-
nelles. La territorialisation, pour sa part, illustre ce comportement de
défense et de marquage de l’espace vital. Ces notions de bases sont
propres à la psychologie environnementale qui s’intéresse aussi bien
aux effets des conditions environnementales sur les comportements
et les conduites de l’individu qu’à la manière dont l’individu perçoit
ou agit sur l’environnement (Rateau et Weiss, 2011). Dans ce sens,
l’environnement fait référence au contexte contenant et déterminant
l’expérience humaine mais aussi à un objet social qui engendre des
différences et des conflits propres à des enjeux fondamentaux.
Pour ce qui est du domaine spécifique des risques, dans la littéra-
ture en psychologie environnementale, il existe des différences dans le
traitement théorique et méthodologique selon la nature du risque et le
type d’environnement. Nous séparons les risques venant de l’environ-
nement bâti ou du milieu urbain, des risques propres aux phénomènes
naturels en lien avec des enjeux environnementaux et le développe-
ment global. Cette catégorisation liée à la nature des phénomènes et
aux caractéristiques de l’environnement a permis d’identifier une série
de processus de base qui s’adaptent de façon particulière à chaque
catégorie de risques. Ces deux types de risques sont inclus dans la
dénomination générale des risques environnementaux.

291
L’individu au risque de l’environnement

Actuellement, l’intérêt croissant pour l’étude des risques naturels


interpelle la psychologie environnementale de façon décisive, et parti-
culièrement en lien avec le rôle des comportements humains dans
les projets de développement durable, de protection des ressources
naturelles et des espaces protégés, de l’éthique environnementale, des
comportements éco-responsables, etc. Ce sont des thèmes de prédi-
lection dans cet axe de recherche. La psychologie environnementale a
également beaucoup contribué à l’étude des risques en milieu urbain,
notamment concernant l’identification des nuisances environnemen-
tales et l’étude des stresseurs environnementaux et de leur impact sur
le bien-être.
Nous conclurons sur l’intérêt et le besoin théorique et métho-
dologique d’intégrer les différentes approches en psychologie pour
étudier la façon dont les populations perçoivent, évaluent et agissent
face aux risques environnementaux. L’étude des processus psycholo-
giques mis en œuvre et des aspects psychosociaux et environnemen-
taux sous-jacents permettra à l’analyste et aux décideurs de prendre
en compte la complexité de la problématique. En conséquence, une
meilleure prise en charge des victimes ou une gestion plus efficace de
toutes les étapes de la crise seront possibles. L’enjeu de l’analyse des
risques repose sur une prise en compte systématique des dimensions
psychologique, psychosociale et psycho-environnementale dans la
connaissance, la compréhension et l’intervention.

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