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Texte D 

:
Laura Centemeri, « 6. Enquêter la « mémoire discrète » du désastre de Seveso », in Sandrine Revet et
al., Le gouvernement des catastrophes, Editions Karthala, « Recherches internationales », 2013 (), p.
217-249.

Auteur :
Laura Centemeri a une formation en sciences économiques et sociales et est docteure en sociologie
économique à l’université de Brescia. Depuis 2011, elle est chargée de recherche en sociologie de
l’environnement au CNRS. L’article étudié est réalisé à la suite de sa thèse qui portait également sur la
catastrophe Seveso. Ces sujets de recherche traitent entre autres des modes de mises en valeur de
l’environnement (risques environnementaux, espaces verts, approche sociologique…). Elle traite
actuellement de ces sujets via la permaculture et le mouvement « glocal ».

Notions et méthodologie :
L’auteure cherche à étudier le rapport à la catastrophe et à sa mémoire sur le temps long auprès d’une
population, ainsi que sur les liens entre expérience d’une catastrophe d’un territoire habité et culture
du risque. Pour cela elle se base sur une étude de cas du désastre Seveso, principalement basée sur son
travail de thèse, et utilise une approche qualitative du terrain.
Une première notion est celle de « zone à risques », développée après la catastrophe pour hiérarchiser
les zones touchées et les mesures associées à chacune, et associée aujourd’hui au nom de Seveso.
Puis, l’auteure développe sur la notion de mémoire collective, chose qui l’a particulièrement frappé à
cause de son absence autour de la catastrophe lors de ses visites sur le terrain. Par la mémoire, elle
décortique le rapport à l’événement des habitants et l’impossibilité à le commémorer pour eux. Elle
montre notamment l’impact de la catastrophe dans les mémoires individuelles et collectives locales, la
catastrophe dans son entièreté, à savoir pas tant l’événement incident en soi mais ces conséquences et
les décisions prises par les autorités publiques à sa suite, ainsi que leur caractère très descendant, qui
ont beaucoup plus impactés les habitants.
En s’intéressant à l’impact de la catastrophe sur le temps long, elle montre que cette commémoration
est impossible car les incertitudes quant aux conséquences n’ont jamais été éclaircies pour les
habitants qui restent en quête d’une « vérité » sur les conséquences et les responsabilités. En fait, elle
met en lumière une incertitude pesante sur les conséquences de l’incident pour les habitants, qui n’ont
pas l’impression d’être écoutés mais instrumentalisés, et pour qui les informations relayées par les
médias et à plus grande échelle (soit rassurantes ou catastrophistes mais sans entre deux) ne
conviennent pas. Cela fait en soi partie de la catastrophe par l’impact sur le long terme sur la vie des
habitants. Enfin, cela montre l’importance de la communication autour de ces événements et ce qui la
motive, les habitants n’étant entendu que sous l’angle de « victimes » dans le débat public, qui
renforce la constitution de preuves scientifiques du dommage.
L’auteure met donc en avant les différentes mémoires qu’il peut y avoir d’une catastrophe à
différentes échelles selon les communications faites par les médias ou les autorités locales.

Retour personnel :
Il est intéressant de voir à quel point des décisions descendantes sur une population peuvent constituer
un bien plus grand traumatisme pour les habitants que l’événement déclencheur en soi ainsi que les
conséquences rassurantes ou catastrophistes.
Comment d’autres décisions intégrant mieux les habitants et les considérant dans le processus
d’adaptation post-catastrophe aurait pu limiter ses impacts traumatiques et les incertitudes
engendrées ?
Quel rôle de l’Etat pour l’accompagnement des populations dans leur reconstruction vers la capacité
de commémoration d’un tel événement ?

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