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Néphrologie & Thérapeutique (2009) 5, 520—532

REVUE GÉNÉRALE/MISE AU POINT

La prescription de vitamine D chez le patient dialysé


en pratique clinique
Guidelines for vitamin D prescription in dialysis patients

Guillaume Jean a,*, Marie-Hélène Lafage-Proust b, Ziad A. Massy c,


Tilman B. Drüeke d

a
Centre de rein artificiel, néphrologie et dialyse, 42, avenue du 8-Mai-1945, 69160 Tassin-La-Demi-Lune, France
b
LBTO Inserm 890, IFR 143, université Jean-Monnet, 15, rue A.-Paré, 42023 Saint-Étienne, France
c
Service de néphrologie, médecine interne, hémodialyse, transplantation rénale, CHU-hôpital Sud, avenue René-Laënnec-Salouel,
80054 Amiens, France
d
Inserm, unité 845, service de néphrologie, hôpital Necker, AP—HP, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris, France

Reçu le 13 mars 2009 ; accepté le 12 juillet 2009

MOTS CLÉS Résumé La vitamine D est un système hormonal qui régule plus de 800 gènes. La carence en
Vitamine D ; vitamine D, mesurée par la concentration sérique de 25-hydroxycolécalciférol (25[OH]D), est très
Dialyse ; fréquente dans la population générale âgée et davantage encore chez les malades atteints
Métabolisme minéral ; d’insuffisance rénale chronique (IRC). Elle est associée à de nombreuses pathologies. À côté du
PTH ; risque de chutes et de fractures, elle pourrait augmenter le risque de diabète, de certains
Calcium ; cancers, des pathologies auto-immunes, de la dépression et d’une surmortalité. Par ailleurs,
Phosphore l’IRC est associée à un défaut de production rénale de 1,25-dihydroxycolécalciférol (1,25[OH]2D)
qui est la forme circulante la plus active de la vitamine D. La carence en vitamine D favorise aussi
le développement d’une hyperparathyroı̈die secondaire. Chez les patients dialysés, il n’y a pas de
recommandation pour évaluer l’état vitaminique D et corriger une carence. Cependant, comme
il existe aussi une production extrarénale de 1,25(OH)2D non négligeable celle-ci paraı̂t justifier
une supplémentation en vitamine D native ou en 25(OH)D. Après une description des perturba-
tions du métabolisme de la vitamine D au cours de l’IRC, nous discutons les avantages, les risques
toxiques potentiels ainsi que les cibles thérapeutiques de la supplémentation en vitamine D.
Enfin, après un rappel de la pharmacologie des différentes formes médicamenteuses de
vitamine D, nous proposons des schémas thérapeutiques pour la supplémentation des patients
dialysés carencés en utilisant le calcifédiol (25[OH]D3) ou le colécalciférol. Les recommandations
concernant l’utilisation des dérivés actifs 1-alpha-hydroxylés de la vitamine D sont également
rappelées. Même en l’absence d’étude d’intervention prospective contrôlée, la prévention de la
carence en vitamine D nous paraı̂t importante chez tous les patients porteurs de néphropathies

* Auteur correspondant.
Adresses e-mail : guillaume-jean-crat@wanadoo.fr (G. Jean), lafagemh@univ-st-etienne.fr (M.-H. Lafage-Proust),
massy@u-picardie.fr (Z.A. Massy), tilman.drueke@inserm.fr (T.B. Drüeke).

1769-7255/$ — see front matter # 2009 Association Société de néphrologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.nephro.2009.07.010
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même au stade de la dialyse. Cela peut être justifié par la prévention de l’hyperparathyroı̈die
secondaire mais également pour les nombreux effets pléiotropes dans les domaines cardiovas-
culaire, osseux, immunologique, diabétologique, oncologique ou musculaire.
# 2009 Association Société de néphrologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary The vitamin D hormonal system is involved in the regulation of more than 800 genes.
KEYWORDS Vitamin D deficiency, which is evaluated on the basis of the serum level of 25-hydroxychole-
Vitamin D; calciferol (25[OH]D), is frequently observed in the general population, particularly in patients
Mineral metabolism; with chronic kidney disease (CKD). Vitamin D deficiency is associated with an increased risk of
Chronic kidney disease; falls and fracture and also with diabetes, malignancies, autoimmune diseases, depression and
Dialysis; mortality. Furthermore, CKD is accompanied by a decrease in the renal production of 1,25
Pharmacology; dihydroxycholecalciferol (1,25[OH]2D). Such deficiencies have also been implicated in the
Secondary pathophysiology of secondary hyperparathyroidism. Currently, vitamin D supplementation is
hyperparathyroidism not recommended in stage 5 CKD. However, since there is also significant extra-renal production
of 1,25(OH)2D this would appear to be in favour of vitamin D treatment. We describe the
disturbances of vitamin D metabolism occurring in CKD and discuss the advantages and the
potential toxicity risk of vitamin D supplementation as well as the optimal serum 25[OH]D level.
We then present the pharmacological properties of the various medicinal forms of vitamin D
derivates and suggest therapeutic guidelines for supplementation with 25(OH)D3 or cholecalci-
ferol. We also examine existing guidelines for the administration of active 1-alpha-hydroxylated
vitamin D. Despite the absence of strong scientific support by randomized controlled intervention
studies, vitamin D supplementation should be considered in patients with CKD stages 4-5D having
vitamin D insufficiency or deficiency, for the prevention of secondary hyperparathyroidism and
for other potential benefits owing to its pleiotropic effects.
# 2009 Association Société de néphrologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Les perturbations du métabolisme de la Dès qu’elle arrive dans le foie, la vitamine D2 ou D3 est
vitamine D au cours de l’insuffisance rénale hydroxylée en position C-25 par la 25-hydroxylase (CYP2R1)
et est ainsi transformée en 25(OH) vitamine D (25[OH]D) ou
chronique « calcidiol ». D’autres enzymes, telle que la CYP27A1, peu-
vent également catalyser cette hydroxylation. Ce métabolite
Rappels du métabolisme et du rôle de la représente la forme de stockage. La synthèse de 25(OH)
vitamine D vitamine D est peu régulée. Plus la quantité de vitamine D
synthétisée ou absorbée est grande, plus la concentration
Métabolisme et regulation sérique de 25(OH)D s’élève. Pour autant, la transcription de
La vitamine D circulante a deux origines : exogène alimen- CYP27A1 est sous la dépendance de facteurs nucléaires tels
taire (ergocalciférol D2 d’origine végétale et colécalciférol que PPARa et g (activés par des acides gras poly-insaturés),
D3 d’origine animale) et endogène par synthèse cutanée à small heterodimer partner (SHP) et hepatocyte nuclear fac-
partir d’un précurseur. Lors de l’exposition solaire de la peau, tor 4 alpha (HNF4a) [1]. La 25(OH)D est stockée dans le tissu
le 7-déhydrocholesterol (ou provitamine D3) est transformé adipeux et les muscles ce qui a pour conséquence que les
par les rayons UVB (290—315 nm) en prévitamine D3 qui est sujets maigres ont une capacité de stockage plus faible que
secondairement isomérisée en vitamine D3 (ou colécalcifé- les sujets gras et sont donc susceptibles d’être plus facile-
rol) (Fig. 1). Les sujets à peau foncée nécessitent plus de ment carencés.
temps pour synthétiser de la vitamine D3 que les sujets à peau La 25(OH)D, liée à la VDBP, est filtrée par le glomérule et
claire en réponse à une dose de rayons UVB comparable. réabsorbée par les cellules tubulaires grâce à un récepteur
Ainsi, la concentration sérique de vitamine D varie avec le appelé « mégaline » qui permet l’endocytose du complexe
degré d’ensoleillement et de ce fait, avec les saisons et la 25(OH)D/VDBP [2]. Dans le rein, et plus précisément dans le
latitude. La quantité de 7-déhydrocholesterol stockée dans tubule proximal, elle est hydroxylée en position C-1 par la
la peau diminue avec l’âge ce qui induit une nette diminution 25(OH)D 1-alpha hydroxylase (CYP27b1) et ainsi transformée
de la synthèse cutanée de vitamine D3 au cours du vieillisse- en 1,25(OH)2 vitamine D (1,25[OH]2D) ou « calcitriol ». Le
ment. L’absorption intestinale de la vitamine D native d’ori- rein est à l’origine de l’essentiel du calcitriol circulant,
gine alimentaire se fait de façon passive dans l’intestin grêle. néanmoins d’autres tissus cibles de la vitamine D (monocy-
Elle rejoint ensuite la circulation générale par voie lympha- tes, peau, placenta, os, parathyroı̈des, pancréas, peau,
tique, incorporée aux chylomicrons. La vitamine D2 ou D3 ganglions lymphatiques, poumon et glandes surrénales expri-
passe ensuite dans le sang circulant et est transportée jus- ment également cette enzyme [3]. La production extrarénale
qu’au foie grâce à une protéine porteuse, la vitamin D- de 1,25(OH)2D est connue depuis 1982 [4] et a été confirmée
binding protein (VDBP). La vitamine D d’origine cutanée plus récemment [5]. Il a par exemple été montré que des
représente habituellement environ 90 % de la vitamine D ostéoblastes en culture expriment la mégaline et génèrent du
circulante. calcitriol après ajout de 25(OH)D [6,7]. Cependant, le rôle
522 G. Jean et al.

Figure 1 Métabolisme de la vitamine D. VDBP : protéine porteuse de la vitamine D (vitamin D binding protein). 1,25 (OH)2 vitamine
D : calcitriol.

physiologique auto/para ou endocrine du calcitriol produit de in vitro rapporte que la 25(OH)D pourrait activer directement
façon extrarénale reste encore largement méconnu. Dans le le récepteur de la vitamine D (VDR), indépendamment de la
rein, la PTH, l’IGF-1, l’hypocalcémie ou l’hypophosphatémie 1,25(OH)2D [11].
stimulent l’activité et l’expression de la 1a-hydroxylase La 24 hydroxylase ou CYP24A1 transforme la 1,25(OH)2D
CYP27b1 alors que l’hypercalcémie, l’hyperphosphatémie, en 1,24,25-(OH)3 vitamine D, première étape de dégrada-
l’acidose, le fibroblast growth factor (FGF)-23 et le calcitriol tion, qui aboutira à la formation d’acide calcitroı̈que inactif.
lui-même ont des effets inverses [8] (Fig. 2). La régulation de La CYP24A1 est ubiquitaire et contrôle ainsi les concentra-
cette enzyme lors de son expression extrarénale reste encore tions locales de vitamine D active au niveau des différents
mal connue [9]. Cependant, on sait que cette production tissus. La CYP24A1 peut aussi catalyser une hydroxylation
extrarénale dépend de la concentration sérique de 25(OH)D, en C-23 et produire de la 1-alpha, 25(OH)2D-26, 23-lactone.
d’où l’importance de maintenir ces concentrations circulan- Le calcitriol stimule l’expression CYP24A1 et active ainsi sa
tes dans les zones physiologiques [10]. Par ailleurs, une étude propre destruction alors que la PTH l’inhibe. L’élimination de

Figure 2 Régulation du métabolisme du calcitriol.


Prescription de vitamine D 523

la vitamine D et de ses métabolites se fait par voie fécale solaires, crainte du mélanome). Comme les vitamines A, E et K,
(Fig. 2). la vitamine D est liposoluble et nécessite un apport alimentaire
minimal en graisses pour être absorbée par l’intestin, d’où la
Les formes circulantes possibilité de développer une ostéomalacie à l’occasion de
Elles consistent en la vitamine D native (3—7 mg/ml, demi-vie malabsorption digestive et de stéatorrhée.
plasmatique de l’ordre de six heures et demi-vie dans
l’organisme de l’ordre de deux mois), la 25(OH)D (20—50 ng/ Mode d’action cellulaire
ml, soit 50—120 nmol/l, demi-vie de l’ordre de 15—20 jours) et Il est double et comprend une action « génomique » et une
la 1,25(OH)2D (20—60 pg/ml, soit 100 pmol/l, demi-vie de action « non génomique » (Fig. 3).
l’ordre de 10—20 heures). La demi-vie de la 1-25(OH)2D dépend L’action « génomique » est le mode d’action classique de
bien sûr de l’état d’activation des enzymes qui la catabolisent plusieurs hormones stéroı̈des. La vitamine D dans sa forme
et qui sont hautement inductibles. Le statut vitaminique D est active, le calcitriol, est une hormone stéroı̈dienne. Le calci-
évalué par la mesure de la concentration sérique de la 25(OH)D triol traverse la membrane plasmique et se fixe sur un récep-
et non pas par celle de la 1,25(OH)2D. La demi-vie de la teur spécifique (VDR) qui a une affinité 100 fois supérieure pour
vitamine D2 est plus courte que celle de la vitamine D3. le calcitriol que pour la 25(OH)D (Kd du calcitriol 10 10 M et de
la 25(OH)D 10 8 M). Le couple VDR-calcitriol s’hétérodimérise
Les sources alimentaires de vitamine D avec le récepteur X aux rétinoı̈des, passe la membrane nuclé-
La vitamine D3 d’origine alimentaire est présente dans les aire et va se fixer sur les séquences promotrices de l’ADN de
poissons gras (thon, saumon, maquereau) ou leurs produits gènes cibles (VDRE) et régule ainsi la transcription de leur ARN
dérivés. La vitamine D2 est contenue dans les levures et les messager, aidé par le jeu de corépresseurs et de coactivateurs.
plantes. Les deux formes de la vitamine D native n’ont aucune Le VDR est quasi ubiquitaire (détecté dans plus de trente tissus
différence d’activité biologique. En France, l’alimentation chez l’homme [12] ce qui laisse présager des fonctions pléio-
n’apporte en moyenne que 120 à 200 UI par jour alors que tropiques [13] de la vitamine D). De façon intéressante, le VDR
les besoins sont de 400 à 1000 UI par jour, selon l’âge. L’apport est apparu dans l’évolution avant que le squelette ne se
alimentaire devient crucial lorsque l’exposition solaire est minéralise. Des polymorphismes de ce gène ont pu être décrits
insuffisante (confinement lié à l’âge ou à des habitudes cultu- mais leur influence sur la fonction de la protéine VDR est
relles, climat, pollution, pigmentation cutanée, crèmes anti- encore mal connue [14]. Les résultats d’études de liaison entre

Figure 3 Modes d’action cellulaires de la vitamine D. Exemples non exhaustifs d’action génomiques et non génomiques de la
vitamine D. VDR : récepteur de la vitamine D ; RXR : récepteur des rétinoı̈des ; PLC : phospholipase C ; PKC : protéine kinase C ; MAPK :
MAP kinase ; Pi3K : Pi3 kinase.
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certains haplotypes et diverses pathologies (ostéoporose, la croissance cellulaires, la réparation de l’ADN, l’apoptose,
cancer du côlon, du sein, de la prostate, néphrolithiase, le transport membranaire, le métabolisme, l’adhérence cel-
hyperparathyroı̈die secondaire de l’insuffisant rénal chro- lulaire et le stress oxydant (Fig. 4). Ses actions les plus
nique, HTA, tuberculose, diabète, etc.) sont le plus souvent anciennement connues concernent la régulation du métabo-
restés conflictuels [15]. lisme minéral et osseux. Plus récemment, d’autres actions
La vitamine D peut aussi exercer une action « non bénéfiques ont été découvertes : son rôle dans la prévention
génomique ». Elle est capable d’agir de façon très rapide, du diabète, de différents types de cancer, des maladies auto-
en moins d’une heure, sur ses cellules cibles comme par immunes, dans la défense contre la tuberculose, dans l’amé-
exemple l’ostéoblaste (15a), en activant des voies de signa- lioration de la force musculaire et la diminution du risque des
lisation variées (protéines kinases A et C, phospholipase C, fractures [18]. Chez les personnes âgées, la carence en
PI3K et MAP kinases). Il a été montré qu’un VDR fonctionnel vitamine D a été trouvée associée à l’incidence de la dépres-
(c’est-à-dire qui se lie au calcitriol) peut être détecté à la sion, à l’altération des fonctions cognitives [19] et à une
membrane cellulaire au sein de structures appelées les surmortalité [20].
cavéoles [16]. Il apparaı̂t que le calcitriol est très flexible Notre compréhension du rôle physiologique de la
(position des cycles autour des carbones 6—7) et puisse vitamine D a pu être approfondie grâce à l’étude de souris
adopter plusieurs conformations lui conférant des formes déficientes en VDR ou en 1a-hydroxylase [1].
différentes, modulant ainsi son affinité pour les récepteurs
VDR en position membranaire ou nucléaire. Ainsi, la forme 6- Effets sur les mouvements du calcium. Le calcitriol stimule,
s-cis est le médiateur des effets rapides non génomiques alors notamment dans le duodénum, lieu privilégié de l’absorption
que la forme 6-s-trans est celui des effets génomiques [17]. transcellulaire active du calcium, l’expression de la calbin-
Des agonistes « bloqués » dans la conformation induisant les dine (CaBP-9k), du canal calcique TRPV6, de la pompe à
effets rapides uniquement ont pu être synthétisés. Le rôle de calcium basolatérale PMCA1b [21] ainsi que d’autres molé-
cette action non génomique est encore mal connu et la cules comme les claudines dont le rôle dans le transport
plupart des effets rapides nécessitent la présence du VDR. paracellulaire intestinal du calcium est encore mal connu
[22]. Le calcitriol stimule la réabsorption tubulaire rénale du
Effets biologiques de la vitamine D calcium en régulant l’expression de CaBP-9k et 28kCaBP- et
Les études de transcriptome ont montré que le calcitriol de TRPV5, un autre canal calcique.
module l’expression d’un grand nombre de gènes (allant de
0,8 à 5 % du génome, selon les cellules testées) qui jouent un Effet sur le métabolisme du phosphate. La vitamine D sti-
rôle dans des fonctions aussi variées que la différenciation et mule l’absorption digestive du phosphate. Le FGF-23 est une

Figure 4 Actions biologiques de la vitamine D. Flèches hachurées : effets indirects de la vitamine D sur l’os.
Prescription de vitamine D 525

hormone induisant l’excrétion urinaire du phosphate et qui relation directe entre les taux sériques de 25(OH)D et de
agit par le biais d’un corecepteur klotho [23]. La vitamine D 1,25(OH)2D chez les malades urémiques, contrairement à la
stimule l’expression par le tissu osseux du FGF-23 qui, en situation des sujets sains chez lesquels une telle association
retour, inhibe la CYP27b1 et diminue ainsi la synthèse tubu- ne s’observe pas. De plus, un abaissement de la production
laire rénale du calcitriol [24]. hépatique de 25(OH)D pourrait aussi s’observer à des stades
avancés de la maladie rénale chronique en lien avec l’accu-
Effets sur l’os. Les souris VDR / présentent un rachitisme mulation des toxines urémiques ou d’autres causes [34].
typique dès le sevrage avec une ostéomalacie histologique et L’accumulation de phosphate à l’intérieur de l’épithélium
des anomalies de la plaque de croissance, une hypocalcémie tubulaire exerçant une action d’inhibition sur la 25(OH) 1a-
et une hypophosphorémie associées à une hyperparathyroı- hydroxylase de la vitamine D a longtemps été considérée
die secondaire majeure. Les ostéoclastes peuvent être géné- comme l’un des événements les plus précoces dans la dimi-
rés en l’absence de VDR. De façon intéressante, un régime de nution de la 1,25(OH)2D sérique. Un autre mécanisme pré-
sauvetage avec apports accrus de calcium et de phosphore coce serait une diminution de l’endocytose du complexe
corrige complètement le phénotype osseux et notamment le 25(OH)D/VDBP dans le cytosol de l’épithélium tubulaire
trouble de la minéralisation. Cette observation indique que proximal après son ultrafiltration glomérulaire, en raison
le rôle principal de la vitamine D sur le tissu osseux est d’une réduction de l’expression de la mégaline dans cette
indirect et consiste à assurer, par le biais de l’absorption membrane dans certaines maladies rénales [2]. Or, la concen-
intestinale des minéraux, une minéralisation normale. tration sérique du FGF-23 s’élève avec la progression de
Cependant, chez les souris VDR / , les anomalies de crois- l’insuffisance rénale [35].
sance des os longs surviennent avant que n’apparaisse l’hypo-
calcémie, suggérant un effet direct de la vitamine D sur les Développement de l’hyperparathyroı̈die
chondrocytes du cartilage de conjugaison [25]. Encore plus secondaire à l’insuffisance rénale
troublants ont été les résultats récents montrant que lorsque
l’on supprime le VDR dans les chondrocytes, la croissance des Les perturbations du métabolisme de la vitamine D contri-
os n’est pas affectée mais on assiste à une augmentation de la buent à l’hyperparathyroı̈die secondaire de l’insuffisance
phosphorémie par diminution de l’expression du FGF-23 par rénale chronique (IRC) par plusieurs mécanismes [32,33].
les ostéoblastes, médiée par un facteur soluble sécrété par La diminution de synthèse rénale de 1,25(OH)2D est respon-
les chondrocytes mais non encore identifié [26]. Ainsi, les sable, au moins partiellement, de la réduction de l’absorp-
chondrocytes joueraient un rôle dans la régulation systé- tion intestinale de calcium et d’une tendance à
mique de la phosphorémie, de façon VDR-dépendante. Les l’hypocalcémie. Cette dernière favorise à son tour une sécré-
ostéoblastes expriment le VDR. Les effets directs de la tion accrue de PTH tendant à stimuler en retour la synthèse
vitamine D sur les ostéoblastes in vitro dépendent largement de 1,25(OH)2D et à élever la calcémie. À l’échelle des cellules
de leur stade de différenciation. Ainsi, le calcitriol peut parathyroı̈diennes, l’insuffisance rénale conduit à une dimi-
stimuler ou inhiber [27] l’expression des marqueurs de dif- nution de l’expression du récepteur de la vitamine D (VDR) et
férenciation ostéoblastique. D’un côté, les souris VDR / une altération des propriétés de liaison du complexe hor-
ont des ostéoblastes qui, en culture, ont des capacités mone/récepteur à l’ADN du gène cible, c’est-à-dire du gène
ostéogéniques supérieures et un volume osseux trabéculaire de la pré-pro-PTH. Des toxines urémiques jouent un rôle
accru par rapport aux souris sauvages [28,29], d’un autre primordial dans cette altération. L’ensemble de ces pertur-
côté les souris surexprimant le VDR uniquement dans les bations contribue à une synthèse accrue de PTH.
ostéoblastes matures on aussi une masse osseuse corticale
et trabéculaire augmentée [30] et des capacités d’ostéo- Variabilité des concentrations sériques de
clastogénèse diminuées. Le calcitriol participe en effet à la
25(OH)D et de 1,25(OH)2D et problèmes de
différenciation ostéoclastique par le biais de la stimulation
de l’expression de Receptor Activator for Nuclear Factor
mesure
Kappa-B Ligand (RANKL) par les ostéoblastes [31].
Le degré de diminution de la concentration sérique de
1,25(OH)2D varie largement d’un sujet à l’autre pour un
Réduction de la synthèse rénale de 1,25(OH)2 niveau de réduction du débit de filtration glomérulaire. À
vitamine D au cours de la maladie rénale côté d’un degré variable d’inhibition de la synthèse et la
chronique dégradation métabolique de la 1,25(OH)2D, il faut aussi
envisager des problèmes techniques de sa mesure [36] ainsi
Compte tenu du rôle majeur du rein dans synthèse de la que de celle de son précurseur, la 25(OH)D [37,38]. Les
vitamine D, il n’est pas surprenant que la production de cette résultats peuvent varier beaucoup selon que l’on mesure
dernière diminue au fur et à mesure que la fonction rénale se les métabolites de la vitamine D2, de la vitamine D3 ou les
dégrade [32,33]. La perte progressive des néphrons — ou plus deux combinés et que les sujets ont synthétisé avant tout de
précisément des tubules proximaux — est vraisemblablement la vitamine D3 endogène ou ont reçu des supplémentations en
un mécanisme intervenant seulement assez tardivement vitamine D2 ou vitamine D3 exogènes. Des patients dont la
dans l’évolution des néphropathies. Plusieurs autres méca- fonction rénale a diminué de 20 à 25 % de la normale ont
nismes semblent jouer un rôle bien avant la destruction souvent une 25(OH)D sérique inférieure à la normale et des
physique des sites de production. Des apports insuffisants concentrations sérique de 1,25(OH)2D très bas, même si
ou une photosynthèse diminuée de vitamine D sont souvent à certains d’entre eux conserver une concentration presque
l’origine d’un manque de substrat, sachant qu’il existe une normale, voire normale [39]. La proportion de patients avec
526 G. Jean et al.

une 1,25(OH)2D sérique abaissée augmente avec la progres- osseux (avec notamment l’existence d’une ostéopathie ady-
sion de l’IRC et le degré de carence en vitamine D. namique). Les calcifications extra-osseuses sont multifacto-
rielles et d’autres études n’ont pas trouvé d’association entre
ces calcifications et les traitements par vitamine D [60,61].
Les enjeux des traitements par la vitamine D
Dans des modèles animaux, l’administration de vitamine D
chez le patient insuffisant rénal chronique native ou de 25(OH)D à forte dose n’augmente pratiquement
pas la concentration sérique de calcitriol du fait d’une activa-
La carence en vitamine D est fréquente dans la population tion de son catabolisme. Lors d’intoxications accidentelles à
générale [40] et chez les insuffisants rénaux chroniques la vitamine D native avec hypercalcémie, les concentrations
[41,42]. Elle est plus fréquemment observée chez les fem- de 25(OH)D mesurées chez les patients sont la plupart du
mes, les sujets à peau noire, les diabétiques et les obèses, temps supérieures a 375 nmol/l (soit > 150 ng/ml) [62]. Chez
mais le facteur essentiel de carence reste une insuffisance des malades dialysés carencés en vitamine D, la supplémenta-
d’exposition au rayonnement ultraviolet. tion en 25(OH)D induit en six mois une augmentation de la
Chez les patients dialysés, l’insuffisance et la carence en concentration sérique en 1,25(OH)2D chez près de la moitié
vitamine D, définies respectivement par un taux de 25(OH)D des patients [63].
sérique entre 30 et 20 ng/ml et inférieur à 20 ng/ml, sont L’hypercalcémie est le signe principal de la toxicité de la
associées à l’hyperparathyroı̈die, à l’ostéomalacie avec fissu- vitamine D. Elle est en rapport avec une augmentation de
res [43] et à d’autres troubles de la minéralisation osseuse l’absorption intestinale mais également avec un relargage
[44]. Une étude observationnelle rétrospective récente a osseux de calcium du fait d’une potentielle stimulation de
montré que 78 % des hémodialysés étaient carencés et que la résorption ostéoclastique. Des doses de 1 à 2 mg/jour de
cette carence était associée à une surmortalité précoce qui 1,25(OH)2D sont fréquemment hypercalcémiantes chez les
serait en partie corrigée par un apport en vitamine D active femmes ménopausées à fonction rénale normale [64]. Cette
[45]. Des études rétrospectives nord-américaines sur de larges toxicité de la vitamine D active est favorisée par des apports
cohortes [46,47] ont montré une meilleure survie chez les calciques, par une PTH trop basse, par un défaut de 24-
hémodialysés traités par calcitriol ou paricalcitol que chez les hydroxylation induisant un déficit de catabolisme du calcitriol
patients ne recevant pas de traitement par des dérivés actifs et par une baisse de la VDBP qui augmente la fraction libre de la
de la vitamine D. Cependant, des études contrôlées sont 25(OH)D et de la 1,25(OH)2D. L’hypercalcémie peut être
attendues pour augmenter le niveau de preuve. induite par un des trois métabolites circulants : vitamine D
L’étude Dialysis Outcomes Practice Pattern Study (DOPPS) native, 25(OH)D et 1,25(OH)2D. La toxicité d’un excès de
2003 rapportait une prescription d’un dérivé de la vitamine D vitamine D native est difficile à contrôler du fait de son
chez 46,5 % des malades dialysés en Europe [48] ce qui est accumulation (graisse, muscles) et de sa longue demi-vie.
proche des données nationales de l’étude Photograph 2005 La toxicité des vitamines D natives et de la 25(OH)D n’est
(36,6 % de patients traités par vitamine D active, D. Fouque pas due à une augmentation de la 1,25(OH)2D dont la synthèse
et al., ASN 2006, abs). Les calcifications extra-osseuses, et est très diminuée chez le patient dialysé mais peut être due à
notamment vasculaires, constituent le risque principal de une augmentation de leur fraction libre par compétition sur la
l’utilisation des dérivés de la vitamine D chez le patient protéine porteuse ou de façon moins probable par une action
insuffisant rénal. Une augmentation du risque de calcifications directe de la 25(OH)D par liaison au VDR. Le diagnostic d’une
extra-osseuses sous vitamine D native a été rapportée dans les hypercalcémie liée à une toxicité de la vitamine D fait appel
années 1950 [49,50] avec des cas de néphrocalcinose [51] chez aux dosages sériques de 25(OH)D et de la PTH. Cette dernière
les enfants, mais les doses de vitamine D native utilisées est abaissée, voire effondrée. Il est probable que l’effet de la
étaient beaucoup trop importantes (30 000 IU/j à vitamine D soit biphasique [65] avec à la fois un effet délétère
60 000 IU/j pendant trois mois) [52,53]. Plus récemment, de la carence et de l’excès qui est essentiellement observé
les traitements par vitamine D ont été associés aux calcifica- avec les dérivés actifs alfa-hydroxylés [66] (Fig. 4). Cela a été
tions vasculaires chez les insuffisants rénaux chroniques récemment confirmé chez les enfants hémodialysés chez les-
hyperphosphatémiques [54,55]. Des études in vitro et ex vivo quels il existe une relation bimodale entre les concentrations
chez les rats ont montré que la 1,25(OH)2D, à des doses 10 à sériques de 1,25(OH)2D et les calcifications vasculaires [67].
100 fois supérieures aux doses habituelles, favorise les calci- Enfin, chez les patients insuffisants rénaux chroniques, il a été
fications aortiques [56]. Expérimentalement, la vitamine D récemment montré que la carence en 25(OH)D était associée à
peut induire une médiacalcose de manière active et une surmortalité indépendamment des calcifications vasculai-
réversible ; cependant, aux doses physiologiques, elle pour- res et de la rigidité artérielle [68].
rait au contraire prévenir ces calcifications en inhibant le Les recommandations K/DOQI [69] et la version prélimi-
relargage des cytokines pro inflammatoires, les molécules naire de Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO)
d’adhésion et la prolifération des cellules musculaires lisses [70] ne conseillent pas de rechercher et de corriger par de la
[57]. Dans la population générale, les calcifications corona- vitamine D native une carence en vitamine D au stade 5 de
riennes sont plus fréquemment associées à une carence en l’IRC, contrairement aux stades 3 et 4 (pour K/DOQI). Cepen-
1,25(OH)2D [58]. De même, dans une étude transversale chez dant, l’existence d’une hydroxylation extrarénale de la
des patients hémodialysés, les scores de calcifications radio- 25(OH)D fait soulever l’hypothèse que l’utilisation de
logiques vasculaires sont proportionnels à la carence en vitamine D native est possible et utile, même dans l’IRC
vitamine D [59]. Cependant, chez le malade insuffisant rénal, stade 5. À ce stade, les K/DOQI recommandent de traiter
il est difficile d’établir un lien direct entre calcifications l’hyperparathyroı̈die (PTH intacte > 300 pg/ml) avec des
vasculaires et vitamine D sans prendre en compte, les apports dérivés actifs de la vitamine D en utilisant des posologies
calciques, le produit Ca x P sérique et le niveau de remodelage croissantes en fonction de la concentration sérique de PTH et
Prescription de vitamine D 527

à condition de maintenir une calcémie et une phosphatémie différence par rapport aux dérivés D3 (Tableau 1). Ainsi,
dans les limites recommandées. l’équivalence vitamine D2/vitamine D3 pour maintenir des
concentrations sériques de 25(OH)D optimales reste un objet
Quelle est la cible de la concentration de de controverse [74—76]. Il semble qu’il n’y ait pas de diffé-
rence pour les administrations quotidiennes mais que la
25(OH)D sérique ?
demi-vie plus brève de la vitamine D2 nécessite des inter-
valles d’administration plus courts que la D3 pour les admi-
Le statut optimal de la vitamine D est défini comme l’absorp- nistrations espacées des formes fortement dosées [77] .
tion digestive quotidienne et la production cutanée de Le calcidiol ou calcifediol (25[OH]D3, Dedrogyl1) est
vitamine D suffisantes pour que sa disponibilité ne soit un absorbé de la même manière. Il a une demi-vie plus brève
frein à aucun métabolisme dépendant de la vitamine D mais que la vitamine D native (18 à 21 jours) et il s’accumule moins
qu’aucune toxicité n’apparaisse. La concentration sérique dans les graisses. Il constitue une forme hydroxylée qui peut
optimale de vitamine 25(OH)D a été calculée de deux être directement active. Il est moins sensible que la vitamine D
manières : soit par la répartition des valeurs de 25(OH)D native aux dysfonctionnements hépatiques et aux compéti-
sériques dans la population générale, soit en prenant en tions médicamenteuses liées aux cytochromes P450. Il consti-
compte les effets attendus de la vitamine D comme la tue le carburant pour la formation du 1,25(OH)2D dans les reins
prévention du rachitisme et des fractures ou la synthèse et d’autres tissus possédant la 25(OH) 1a-hydroxylase.
de 1,25(OH)2D. Plus récemment, la concentration cible de
25(OH)D retenue a été celle au-delà de laquelle il n’y a plus
Les vitamines D actives 1-alpha-hydroxylées
de freination nette de la PTH (dans une population de sujets
non insuffisants rénaux) ou d’augmentation de l’absorption
intestinale de calcium. Dans l’étude française Supplémenta- Le calcitriol (Rocaltrol1 1,25(OH)2D3) est la forme
tion en vitamines et minéraux antioxydants (Suvimax), il a de vitamine D qui a la plus forte affinité pour le VDR
été montré qu’il existait une augmentation de la PTH pour (Tableau 2). Après administration orale, le pic plasmatique
des concentrations sériques de 25(OH)D inférieures à 30 ng/ est observé à la sixième heure. Sa demi-vie plasmatique est
ml, soit inférieures à 75 nmol/l [71]. Chez le malade dialysé, de 12 heures mais les effets biologiques peuvent persister
il a été montré qu’une ostéomalacie carentielle pouvait être deux à quatre jours.
observée même si une vitaminothérapie par les dérivés L’alfacalcidol (Un-alfa1, 1-a[OH]D3) est un précurseur
1-alpha hydroxylés de la vitamine D était prescrite [72]. non physiologique de la 1,25(OH)2D qui nécessite une hydro-
Il n’existe pas de cible pour la concentration sérique de xylation en 25(OH) au niveau hépatique. Cette transforma-
1,25(OH)2D. La production de 1,25(OH)2D est régulée pré- tion en 1,25(OH)2D est réalisée entièrement dans les
cisément et sa demi-vie, chez le sujet normal, est courte (de 12 heures suivant l’administration orale.
l’ordre de dix heures). Il est extrêmement difficile de connaı- Contrairement à la situation physiologique, dans laquelle
tre la concentration sérique optimale de 1,25(OH)2D pour une la production de 1,25(OH)2D par l’organisme est régulée
situation donnée. Il n’est donc pas recommandé de chercher étroitement en fonction de son taux sérique, de ceux de la
à normaliser sa concentration et son dosage n’est pas utile PTH et du FGF-23, de la calcémie et de la phosphatémie,
dans la pratique courante. l’apport de vitamine D 1-alpha hydroxylée exogène permet
d’augmenter les concentrations sériques de 1,25(OH)2D indé-
pendamment des besoins de l’organisme à un moment donné.
Pharmacologie des principaux dérivés de la
vitamine D
Comment corriger la carence et
Les vitamines D natives et la 25(OH)D3 l’insuffisance en vitamine D ?

Les dérivés D2 sont considérés par certains comme moins En dehors de l’ensoleillement, les sources alimentaires de
toxiques mais aussi un peu moins efficaces chez l’animal [73] vitamine D sont rares, principalement dans les huiles de
mais il n’y a pas de consensus quant à une éventuelle poisson (foie de morue). Elles sont généralement insuffisantes

Tableau 1 Les vitamines D natives et le calcifédiol.

Vitamine D Spécialité Dosage Demi-vie Posologie


1
Ergocalciférol (vitamine D2) Sterogyl 1 goutte = 400 UI = 10 mg 15—45 j 800—2000 UI/j
Sterogyl1 15 1 amp = 600 000 UI 15—45 j 1 amp 1—2  /an
Uvesterol1 D 1 ml = 1500 UI 15—45 j 800—2000 UI/j
Colécalciférol (vitamine D3) Zyma D1 1 goutte = 300 UI 600—1800 UI/j
1 amp = 80 000 et 200 000 UI 80 000 UI/1—2 mois 200 000 UI/3
à 6 mois
Uvedose1 1 amp 100 000 UI 15—45 j 1 amp/1—2 mois
Vitamine D3 Bon1 1 amp 200 000 UI 15—45 j 1 amp/2—3 mois
Calcifédiol (25(OH)D3) Dedrogyl1 1 goutte = 5 mg 18—21 j 10—5 mg/j
amp : ampoule.
528 G. Jean et al.

Tableau 2 Les vitamins D actives 1-alpha-hydroxylées.

Vitamine D Spécialité Dosage Demi-vie Posologie


Alfacalcidol Un Alfa1 cp 0,25 ; 0,5 ; 1 mg/capsule Transformation en 0,75 à 6 mg/semaine
1a(OH)D3 1,25(OH)2D en 12 h Administration quotidienne ou aux
séances de dialyse
Un Alfa1 gouttes 0,1 mg par goutte Transformation en 0,05 mg/kg/j chez l’enfant
1,25(OH)2D en 12 h
Un Alfa1 injectable 1 et 2 mg/ampoule Transformation en 3 à 6 mg/semaine, aux séances
1,25(OH)2D en 12 h de dialyse
Calcitriol Rocaltrol1 cp 0,25 mg/capsule < 24 h 0,75 à 3 mg/semaine
1,25(OH)2D3

pour apporter la ration quotidienne optimale de vitamine D. Il facilement réalisé par la plupart des laboratoires. Par ail-
est donc nécessaire de supplémenter la plupart des sujets qui leurs, ces dérivés sont parmi les plus utilisés en France et ont
ne s’exposent pas suffisamment au soleil. Cela est également fait l’objet récemment d’études chez les patients dialysés.
vrai pour la majorité des patients ayant une insuffisance rénale Les schémas proposés sont basés sur la littérature [78], les
si l’on veut maintenir une concentration de 25(OH)D sérique recommandations K/DOQI [72] et notre propre expérience.
optimale. Plusieurs dérivés de la vitamine D2 (ergocalciférol)
et D3 (colécalciférol) ainsi que le 25(OH)D3 sont disponibles en
France. Ce sont des produits très bon marché. Du fait de leur La cible de concentration sérique de 25(OH)
demi-vie longue et de leur stockage dans les graisses et les (D2 + D3) : 30 à 50 ng/ml (75—125 nmol/l).
muscles, les dérivés de la vitamine D native peuvent êtres
Zone d’hypervitaminose : inférieure à 100 ng/ml
administrés de façon quotidienne, pluri- ou hebdomadaire ou
(250 nmol/l).
mensuelle.

Place des dérivés alpha-hydroxylés

Ces dérivés ont une action plus puissante que la vitamine D Considérations générales
native, notamment sur la freination de la PTH. Leur demi-vie
est beaucoup plus brève ce qui fait que les effets toxiques sont La supplémentation en vitamine D n’est pas indiquée en cas
de plus courte durée mais qu’ils doivent être prescrits de façon d’hypercalcémie (> 2,5 mmol/l), mesurée par la calcémie
plus rapprochée : quotidienne ou plurihebdomadaire. L’insuf- totale, mais si possible confirmée par une mesure de calcé-
fisance rénale chronique s’accompagne d’une diminution de la mie ionisée. La correction de la calcémie doit être entreprise
capacité rénale de synthèse du 1,25(OH)2D, variable cepen- avant d’introduire un dérivé de la vitamine D quel qu’il soit.
dant d’un individu à l’autre. Cette carence en 1,25(OH)2D, L’observation d’une hypercalcémie liée à une ostéopathie
fréquemment majorée par une insuffisance en vitamine D adynamique (PTH sérique trop basse et phosphatases alca-
native et associée à une diminution de l’expression du VDR, lines sériques normales-basses) doit conduire à une diminu-
favorise l’hyperparathyroı̈die. Les dérivés actifs sont naturel- tion des apports en calcium (calcium du dialysat et
lement proposés en première intention dans le traitement de médicamenteux) et des dérivés actifs de la vitamine D.
l’hyperparathyroı̈die et sont recommandés par les K/DOQI en Une hypercalcémie liée à une hyperparathyroı̈die signe son
cas de PTH sérique inférieur à 300 pg/ml. caractère non freinable et justifie la prescription de calci-
Leurs actions potentiellement hypercalcémiantes et, dans mimétiques.
une moindre mesure, hyperphosphatémiantes doivent leur Contrairement aux dérivés actifs, lorsqu’ils sont utilisés à
faire préférer les calcimimétiques en cas d’hypercalcémie fortes doses ou en cas d’os adynamique, la vitamine D native
et/ou d’hyperphosphatémie non contrôlables liées à une n’aggrave pas l’hyperphosphatémie des patients dialysés.
hyperparathyroı̈die autonomisée. Ces deux classes thérapeu- Une hyperphosphatémie n’est donc pas une contre-indica-
tiques peuvent être associées de façon synergique. tion à la supplémentation en vitamine D en cas d’insuffi-
sance, voire de carence en vitamine D.
Proposition de schéma thérapeutique et de Compte tenu de la variabilité des mesures biologiques, il
ne faut pas tenir compte d’une seule valeur, mais de la
surveillance moyenne des dernières valeurs (trois derniers mois). Toute
valeur qui pourrait faire changer la thérapeutique devrait
Il est conseillé de réaliser une mesure de 25(OH)D sérique être vérifiée.
global (25[OH]D2 + D3) chez tous les patients dialysés (Fig. 5).
Une seconde détermination sera effectuée après trois à quatre
mois en cas de supplémentation afin d’ajuster les doses et de Schéma initial selon le degré de carence
vérifier l’observance. Une détermination annuelle est conseil-
lée dans tous les cas, qui sera réalisée plutôt à la fin de l’hiver. Carence = 25(OH)D sérique < 20 ng/ml (< 50 nmol/l) : la
Nous avons choisi le colécalciférol et le calcifédiol qui ont supplémentation est indiquée quelle que soit la concentra-
l’avantage d’être des dérivés D3 dont le dosage est plus tion sérique de PTH :
Prescription de vitamine D 529

Figure 5 Arbre décisionnel de prescription et surveillance de la vitamine D native (ou 25(OH) D).

 colécalciférol : un amp = 100 000 UI/mois, ou ; Surveillance biologique


 calcifédiol : trois gouttes (15 mg) par jour ou neuf gouttes
(45 mg) trois fois par semaine en dialyse.  Tous les mois au minimum : mesure de la calcémie,
de la phosphatémie (phosphatases alcalines totales
Insuffisance = 25(OH)D sérique entre 20 et 30 ng/ml (50 et conseillées) ;
75 nmol/l) :  Tous les mois pendant trois mois puis tous les trois mois :
mesure de la PTH sérique.
 colécalciférol : un amp à 100 000 UI/deux mois, ou ;
 calcifédiol : deux gouttes (10 mg par jour) ou quatre
Quand faut-il suspendre la supplémentation ?
gouttes (20 mg)/séance de dialyse.

Dans tous les cas, faire une mesure de la 25(OH)D sérique  En cas d’hypercalcémie supérieure à 2,5 mmol/L
après trois à quatre mois pour vérifier que le patient est (Fig. 5) ;
observant et pour adapter la posologie en fonction des  Il faut vérifier les valeurs biologiques avant de modifier le
cibles. En cas d’utilisation de doses espacées, cette mesure traitement ;
doit être réalisée avant la dose suivante en fin de période  En cas d’ostéopathie adynamique suspectée, il faut arre-
thérapeutique. Les schémas utilisant des administrations ter les dérivés 1-alpha-hydroxylés avant toute chose.
quotidiennes ou lors des séances de dialyse permettent Les sels de calcium et la teneur en calcium du dialysat
une adaptation posologique plus précise et plus rapide. doivent être reconsidérés ;
Cependant, la longue demi-vie de ces dérivés natifs permet  En cas d’hyperparathyroı̈die autonomisée, discuter de
une administration plus espacée et probablement une meil- rajouter un calcimimétique ;
leure observance surtout s’ils sont donnés au cours des  Une concentration sérique de 25(OH)D inférieure à
séances de dialyse. 80 ng/ml permet de vérifier l’absence de surdosage.
530 G. Jean et al.

 vérifier auparavant par une mesure de la 25(OH)D sérique


Tableau 3 Résumé de l’argumentaire justifiant et encadrant
que la carence en vitamine D a été corrigée ;
la supplémentation en vitamine D au stade 5 de l’insuffisance
 nous recommandons :
rénale chronique (contrairement aux recommandations KDOQI
 l’alfacalcidol en bolus : 3  0,5 mg à 3  2 mg les jours
2003).
de dialyse,
La vitamine D est un système hormonal qui contrôle plus de  la calcitriol en bolus per os : 3  0,25 mg à 3  1 mg les
800 gènes jours de dialyse ;
Les concentrations sériques de 25OHD sont le reflet du stock  le principe de la surveillance est identique à celui de la
de vitamine D de l’organisme supplémentation ;
La carence et l’insuffisance en vitamine D sont associées à de  les contre indications et les critères d’arrêt sont égale-
nombreuses pathologies (cancers, maladies auto-immunes, ment identiques ;
HTA, diabète, fractures, dépression, tuberculose. . .)  ces principes s’appliquent aussi en cas d’association avec
La carence et l’insuffisance en vitamine D sont très les calcimimétiques.
fréquentes chez les dialysés (> 80 %)
La capacité de synthèse du 1,25(OH)2D (calcitriol) est en Conclusions
partie conservée chez les dialysés qui sont supplémentés
en vitamine D La carence en vitamine D est associée à de nombreuses
La 25(OH)D aurait une action propre sur le récepteur pathologies. Sa correction est relativement facile et bien
nucléaire de la vitamine D codifiée chez les sujets à fonction rénale normale. Chez le
La supplémentation en vitamine D est simple, économique et patient insuffisant rénal chronique, surtout au stade termi-
bien tolérée nal, cette correction n’est pas encore bien codifiée du fait du
Plusieurs protocoles de supplémentation sont également manque d’études prospectives. La supplémentation en
efficaces (quotidiens ou espacés, vitamine D2, D3 ou vitamine D native ou en 25(OH)D3 paraı̂t logique et bien
25(OH)D) tolérée chez les patients dialysés si l’on utilise des doses
Les risques théoriques de toxicité sont possibles en cas raisonnables et au prix d’une surveillance régulière visant à
d’utilisation concomitante de dérives actifs 1a-hydroxylés éviter l’apparition d’une toxicité, essentiellement une
de la vitamine D, d’apports calciques importants et hypercalcémie et dans une moindre mesure une hyperphos-
d’ostéopathie adynamique iatrogène phatémie. L’utilisation de dérivés actifs 1-alpha-hydroxylés
La surveillance de la supplémentation nécessite des dosages est mieux codifiée dans le cadre du traitement de l’hyper-
de 25(OH)D (et non de 1,25(OH)2D), de PTH et de calcémie parathyroı̈die.
et si possible de phosphatases alcalines Les bénéfices potentiels des traitements par la vitamine D
sont importants et en attendant les résultats des études
interventionnelles nous proposons dans cet article un schéma
thérapeutique simple qui devra être évalué et validé par
Un résumé de l’argumentaire justifiant la supplémenta- l’expérience de chacun.
tion en vitamine D au stade 5 de l’insuffisance rénale est
présenté dans le Tableau 3. Conflits d’intérêts
Schéma pour les dérivés actifs 1-alpha- Le groupe de travail a été subventionné par les laboratoires
hydroxylés : traitement de Genzyme#.
l’hyperparathyroı̈die
Références
Ces recommandations sont inspirées des K/DOQI. Les dérivés
actifs de la vitamine D sont efficaces pour diminuer la syn- [1] Bouillon R, Carmeliet G, Verlinden L, van Etten E, Verstuyf A,
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L’alfacalcidol peut être utilisé en première intention en [4] Dusso AS, Finch J, Brown A, Ritter C, Delmez J, Schreiner G,
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