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Dochead thérapeutique

Sous-dochead supplémentation

La vitamine C

Jacques Buxerauda,*

Professeur émérite des universités

Sébastien Faureb

Professeur des universités

a Facultéde pharmacie, Université de Limoges, 2 rue du Docteur-Marcland, 87025 Limoges


cedex, France

b Département de pharmacie, Faculté de santé, Université d’Angers, 16 boulevard Daviers,


49045 Angers, France

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : jacques.buxeraud@unilim.fr (J. Buxeraud).

Résumé

La vitamine C, ou acide ascorbique, fait souvent l’objet d’une demande au comptoir de l’officine
pour lutter contre la fatigue ou contre une infection. L’équipe officinale doit donner des conseils
permettant de sécuriser son administration en mettant à profit ses multiples propriétés.

© 2021

Mots clés – carence ; scorbut ; supplémentation vitaminique ; vitamine C

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Summary à venir

© 2021

Keywords à venir

La vitamine C est une vitamine hydrosoluble qui existe sous forme réduite – l’acide ascorbique,
qui se présente sous l’aspect d’une poudre cristalline très soluble dans l’eau – et sous forme
oxydée – l’acide déhydroascorbique –, ce qui permet la libération d’électrons et explique son
intervention dans divers mécanismes d’oxydoréduction. Les deux formes sont en équilibre avec
une forme intermédiaire, instable, le radical ascorbyle.

La vitamine C est la plus fragile de toutes les vitamines. Elle est facilement oxydée au contact de
l’eau, de l’air et de la lumière. La cuisson des aliments la détruit progressivement. Il faut donc
privilégier une cuisson courte et à basse température pour la conserver. En outre, à
température ambiante, la moitié de la teneur en vitamine C d’un aliment peut être perdue en
vingt-quatre heures. Les modes de stockage doivent donc aussi être adaptés [1].

Encadré flottant

Rappels généraux sur les vitamines

Les vitamines, bien qu’elles n’aient aucune valeur énergétique, entrent en jeu dans de
nombreux processus physiologiques. À l’exception des vitamines D et K, notre organisme est
incapable de les fabriquer. De ce fait, l’alimentation joue un rôle primordial.

Il existe deux grands types de vitamines :

• les vitamines liposolubles (A, D, E, K) sont stockées au niveau du tissu adipeux (D, E) et en
quantité importante dans le foie (A) ; elles peuvent donc s’accumuler dans l’organisme et
entraîner un risque potentiel en cas de surdosage ;
• les vitamines hydrosolubles des groupes B (B1, B2, B3 ou PP, B5, B6, B8, B9 et B12) et C
peuvent être stockées, mais les risques de surdosage sont moindres car elles sont éliminées
dans les urines.

T1 Sources de vitamine C

TEG1 L’homme ne synthétise pas et ne stocke pas la vitamine C, il doit donc se la procurer dans
l’alimentation [2]. Les légumes et les fruits frais (surtout les agrumes) nous permettent de
couvrir 69 à 73 % de nos besoins [3]. Les abats (foie, rognons), les viandes, les poissons et les
laitages en fournissent également.

TEG1 Grâce aux recommandations alimentaires actuelles (cinq fruits et légumes par jour), la
carence et le scorbut sont facilement évitables. Pour connaître la teneur des aliments en
vitamine C, il convient de consulter la table de composition nutritionnelle des aliments
Ciqual [4].

T1 Besoins en vitamine C

TEG1 Les apports recommandés en vitamine C sont de l’ordre de 110 mg/jour, pour les
hommes comme pour les femmes [1,5]. Les besoins sont accrus dans certaines situations
pathologiques (fracture, infections, traitement anticancéreux) ou de vie (activité physique
intense, stress, consommation excessive d’alcool, tabagisme).

TEG1 La concentration plasmatique optimale de vitamine C a été estimée par les études
épidémiologiques à 60 µmol/L chez le jeune adulte [1]. Elle permet d’atteindre le pouvoir
antioxydant maximal nécessaire à la protection vis-à-vis des risques de maladies
cardiovasculaires et neurodégénératives, de cancers et de cataracte.

T1 Carences en vitamine C

TEG1 Une carence importante en vitamine C peut provoquer une maladie, rare aujourd’hui, le
scorbut, qui se manifeste par des œdèmes, des hémorragies et peut entraîner la mort si elle
dure plusieurs mois.
TEG1 Les situations de carence modérée, encore fréquentes, sont responsables principalement
de perte d’appétit, d’amaigrissement et de fatigue. C’est dans la tranche d’âge des plus de
65 ansle risque de déficit est le plus notable [6].

T1 Devenir dans l’organisme

TEG1 L’absorption de la vitamine C se réalise au niveau de l’iléon proximal par un système de


transport actif. Cette limite de la capacité d’absorption intestinale constitue une barrière contre
le risque d’hypervitaminose. La vitamine C diffuse ensuite dans le sang, puis se répartit de façon
inégale dans les tissus.

TEG1 Elle est ensuite éliminée, principalement dans les urines, sous forme inchangée et sous
forme de métabolites. Ce mode d’élimination est un facteur supplémentaire de protection
contre l’hypervitaminose.

T1 Principales actions dans l’organisme

La vitamine C est un donneur d’hydrogène qui intervient dans diverses réactions métaboliques
de l’organisme (encadré 1). Son mécanisme d’action reste encore mal compris dans certaines de
ces réactions.

T2 Les réactions d’hydroxylation

Les réactions d’hydroxylation sont impliquées dans :

• la synthèse du collagène (protéine constitutive des fibres du tissu conjonctif) qui participe à la
formation, mais surtout à la réparation des structures riches en tissu conjonctif (os, cartilage,
ligaments, vaisseaux sanguins) ;

• la synthèse des catécholamines (dopamine, noradrénaline, adrénaline), neurotransmetteurs


importants ;

• la synthèse de la carnitine, qui joue un rôle important dans la contraction musculaire au cours
de l’effort prolongé en favorisant l’entrée d’acides gras dans la mitochondrie ;

• le catabolisme de la phénylalanine et de la tyrosine ;


• la transformation du cholestérol en acides biliaires ;

• la dégradation de substances exogènes (polluants, médicaments).

T2 La neutralisation des radicaux libres oxygénés

La vitamine C assure une protection contre les agents oxydants toxiques pour la cellule.
Cette action est plus grande à faible concentration. Par ailleurs, elle préserve la vitamine E
tissulaire de l’oxydation.

La vitamine C est l’un des quatre antioxydants de l’alimentation, avec la vitamine E,


le bêtacarotène et le sélénium.

T2 L’inhibition de la formation des nitrosamines

Les composés formés au cours du métabolisme de certains acides aminés en présence de


nitrites alimentaires (viande fumée, petits légumes macérés dans du vinaigre, etc.) sont
susceptibles de provoquer des cancers de l’estomac. Chez les sujets sains, les nitrosamines sont
présentes en très faible quantité, alors qu’elles se forment de façon importante en cas
d’achlorhydrie1.

T2 Le métabolisme de l’histamine et du fer

La vitamine C entraîne une diminution de la sensibilité de l’organisme à l’histamine. Par ailleurs,


elle favorise l’absorption du fer alimentaire et joue un rôle dans sa mobilisation
d’un compartiment vers l’autre. En cas de carence, c’est l’absorption du fer qui se trouve
diminuée, ce qui explique l’existence de l’anémie.

T2 Les réactions immunologiques

La vitamine C augmente la mobilité des polynucléaires neutrophiles et la transformation des


lymphocytes.
T1 Absence de toxicité

TEG1 À des doses quotidiennes inférieures à 1 g, la vitamine C n’entraîne pratiquement jamais


d’effets indésirables. Lors de l’administration de fortes doses, des effets délétères peuvent
survenir : agitation, insomnie (la prendre le matin), diarrhée, augmentation modérée de
l’élimination urinaire d’acide oxalique chez les patients présentant une hyperoxalurie primaire,
hémolyse chez des sujets déficients en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD).

TEG1 De très rares cas de réactions allergiques ont été signalés.

TEG1 Il faut déconseiller la prise répétée de vitamine C en cas de surcharge en fer car elle
augmente son absorption et pourrait interagir avec le fer “libre”, puis entraîner des
manifestations toxiques.

TEG1 L’hypervitaminose C n’existe pas, les excès étant éliminés dans les urines et les selles.

T1 Contre-indications et précautions

TEG1 Les lithiases rénales oxalo-calciques (calculs des voies urinaires) sont une contre-
indication à la prise de vitamine C à des doses supérieures à 1 g/jour.

TEG1 Les patients souffrant de troubles du métabolisme du fer, prédisposés à la formation de


lithiases urinaires ou rénales et chez les sujets déficients en G6PD.

TEG1 À des doses supérieures à 2 g/jour, l’acide ascorbique peut interférer avec certains tests
biologiques : dosages de la créatinine et du glucose sanguins et urinaires (contrôle du diabète
par bandelette à la glucose-oxydase).

T1 Conseil officinal

La dose quotidienne nécessaire en vitamine C est d’environ 1 mg par kg de poids corporel. Une
alimentation équilibrée, avec fruits et légumes frais en abondance, ainsi qu’une hygiène de vie
saine, et notamment une consommation d’alcool modérée, préviennent toute carence.
Certaines situations, rencontrées à l’officine, peuvent conduire à conseiller une
supplémentation.

TEG1 En cas de carence modérée due, par exemple, à une alimentation déséquilibrée et
excessive, l’adoption de meilleures habitudes alimentaires et la consommation régulière de jus
de fruits frais (jus d’orange) doivent être recommandées. Une supplémentation n’est pas
forcément utile.

TEG1 Une supplémentation peut être conseillée en tant que traitement d’appoint de
l’asthénie fonctionnelle ou dans les états de fatigue passagers de l’adulte (à partir de 15 ans),
par exemple après une affection grippale. Dans ce cas, il convient de prendre un comprimé de
vitamine C dosé à 500, voire 1 000 mg pendant un mois, le matin de préférence.

TEG1 L’administration de compléments alimentaires vitaminés à faible teneur en vitamine C


(aux environs de 70 mg/jour) peut être recommandée dans certaines situations – âge avancé,
grossesse (encadré 2), allaitement, période postopératoire, activité physique intense – ou dans
un but préventif, pour renforcer les défenses immunitaires. Il n’est pas nécessaire d’ingérer de
trop grandes doses à la fois, car l’absorption intestinale de la vitamine C est limitée ; ce qui ne
peut pas être absorbé au niveau intestinal est éliminé.

TEG1 Les personnes souffrant de graves carences en vitamine C doivent consulter un médecin.
Il prescrira de l’acide ascorbique à fortes doses par voie orale ou intraveineuse si nécessaire.
Bien évidemment, une alimentation équilibrée riche en fruits et en légumes s’impose.
Les symptômes concomitants, tels que fièvre, douleur et diarrhée, ainsi que la maladie de fond
doivent être traités de manière conforme.

T1 Conclusion

La vitamine C est commercialisée soit seule, soit associée à d’autres vitamines (préparations
polyvitaminées) ou à d’autres principes actifs, sous différentes formes galéniques : comprimés,
gélules, sachets, ampoules buvables, ampoules injectables, collyres. Certaines présentations
orales sont disponibles avec ou sans sucre. Même si cette vitamine fait souvent l’objet
d’une automédication, le conseil officinal est primordial pour en sécuriser l’usage.

Points à retenir

• La vitamine C est une vitamine hydrosoluble, également appelée acide ascorbique.

• Elle est souvent utilisée en automédication dans les états de fatigue, pour donner un “coup de
fouet”.
• La vitamine C est un donneur d’hydrogène qui intervient dans diverses réactions métaboliques
de l’organisme.

• À des doses quotidiennes inférieures à 1 g, elle n’entraîne pratiquement jamais d’effets


indésirables.

• Les lithiases rénales oxalo-calciques (calculs des voies urinaires) sont une contre-indication à
la prise de vitamine C à des doses supérieures à 1 g/jour.

Sur 2 colonnes en bas à droite après la puce de fin

Note

1Absence totale d’acide chlorhydrique dans le liquide gastrique, provoquant une atrophie de la
muqueuse gastrique.

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références

[1] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.


Vitamine C ou acide ascorbique. 6 mars 2019. www.anses.fr/fr/content/vitamine-c-ou-acide-
ascorbique.

[2] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.


Que sont les vitamines ? 16 mars 2017. www.anses.fr/fr/content/que-sont-les-vitamines.

[3] Overstim.s. Étude SU.VI.MAX, l’origine des 5 fruits et légumes par jour.
www.overstims.com/conseil/etude-su-vi-max-origine-5-fruits-legumes-par-jour/.

[4] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.


Ciqual. Table de composition nutritionnelle des aliments. https://ciqual.anses.fr/.
[5] Haute Autorité de santé. Argumentaire. Dosage de la vitamine C dans le sang. Mai 2018.
www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-04/argumentaire_vitamine_c_vd.pdf.

[6] Colombo R. Étude de la carence en vitamine C dans une population gériatrique hospitalisée
[Thèse de doctorat, Médecine]. Nancy: Université Henri-Poincaré, Faculté de médecine; 2001.

Encadré 1. Des fonctions importantes

La vitamine C est indispensable à la production de collagène. De plus, elle joue un rôle


prépondérant lors de la réponse du système immunitaire face aux infections. Elle améliore la
cicatrisation. Elle favorise l’absorption du fer alimentaire. Elle protège également les vaisseaux
sanguins et aide ainsi prévenir les maladies cardio-vasculaires.

Sur 2 colonnes près de son appel (ou 1 colonne + marge)

Encadré 2. Vitamine C et grossesse

L’utilisation de vitamine C à des doses thérapeutiques (500 ou 1 000 mg/jour) ne doit être
envisagée au cours de la grossesse que si nécessaire. Toutefois, en clinique, un recul important
et des expositions en nombre suffisamment élevé n’ont pas révélé, la concernant, d’effet
malformatif ou fœtotoxique.

Sur 2 colonnes près de son appel (ou 1 colonne + marge)

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