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Introduction 

Les déchets d’activité sanitaire (DAS), générés par les établissements hospitaliers,
représentent en Algérie entre 30 000 et 40 000 tonnes par an, selon la Stratégie nationale de
la gestion intégrée des déchets. Ces déchets sont de natures diverses. En tête de file des
DAS, figurent les Déchets ménagers assimilés (DMA), qui représentent environ 80% du total
et qui ne présentent aucun danger. Suivent ensuite les déchets qui peuvent présenter des
risques sanitaires potentiels pour le personnel de santé, pour les patients et pour la
population comme ils peuvent être également porteurs de risques pour l’environnement

. Il s’agit des déchets d’activités de soins à risque infectieux (Dasri), des déchets
anatomiques, des déchets à risques chimiques et/ ou, toxiques et des déchets radioactifs,
qui obéissent tous à des filières d’élimination spécifiques.

Lancement d’une enquête d’évaluation :

L’Agence nationale des déchets (AND) a lancé récemment une enquête nationale
d’évaluation des déchets hospitaliers en vue d’adopter une gestion permettant de réduire au
maximum leur impact écologique, a indiqué à l’APS son directeur général, Karim Ouamane.

"L’enquête que nous sommes en train de réaliser pour le compte du ministère de


l’Environnement et des énergies renouvelables s’inscrit dans le cadre de la stratégie
nationale de gestion des déchets à l’horizon 2035 qui englobe, outre les déchets ménagers
et industriels, les déchets d’activité de soins (DAS)", explique M. Ouamane.

L’étude en cours est menée auprès des établissements sanitaires, des cabinets dentaires et
médicaux ainsi que des laboratoires d’analyses afin de récolter des données quantifiées sur
les DAS et leur mode de gestion.

"Nous avons déjà travaillé sur un certain nombre de wilayas. Je citerai, à titre d’exemple,
Chlef qui compte 882 structures sanitaires publiques et privées", fait-il savoir, en précisant
que le travail mené a permis d’estimer la production des DAS dans cette ville à 281
tonnes/an, dont 20,61 tonnes de déchets anatomiques, 75 tonnes de déchets à risque
infectieux et 29,61 tonnes de déchets toxiques, alors que le reste, le plus grand en quantité
et en volume, constitue la fraction assimilable aux déchets ménagers.

Par ailleurs, l’enquête dans cette wilaya a permis de constater que les prestataires de
collecte des DAS couvrent plus de 80% des flux générés par les structures sanitaires des
secteurs diffus et non diffus de la wilaya.

"Il s’agit d’un indicateur de taille qui a permis à l’AND de confirmer que ces déchets, du
moins au niveau des wilaya jusque-là enquêtées, ne sont en aucun cas évacués vers les
décharges brutes", selon lui.
Quant à l’intérêt d’une telle enquête, le même responsable relève que l’activité sanitaire
génère des déchets porteurs d’une contamination bactériologique, virale et chimique avérée
et qu’une gestion pérenne de ces déchets suppose une quantification des données pour
permettre une planification, et ce, pour une meilleure gestion et une mobilisation des
différents acteurs concernés.

"Les chiffres émanant d’institutions fiables permettront, en effet, de faire une évaluation sur
la gestion des déchets hospitaliers en comparant les quantités générées par rapport aux
capacités de collecte et de traitement existantes. D’où l’intérêt de cette enquête", argue-t-il.

Sur le plan juridique, le directeur général de l’AND rappelle l'existence, depuis 2001, d'une
loi sur la gestion des déchets prohibant la pratique de déversement de déchets d’activités de
soins dans des décharges.

Il considère qu’une gestion réglementée suppose une collecte et un traitement spécifiques


dans des conditions adaptées permettant d’éviter tout contact de ces déchets avec les êtres
vivants et l’environnement.

"Ces mêmes dispositions réglementaires ont instauré des mécanismes de contrôle et de suivi
des activités liées à la gestion des déchets sanitaires", selon lui, en considérant que leur
transport et leur traitement doivent se faire par des collecteurs et des installations agréées
au cas où le générateur de ces déchets ne dispose pas d’outil de traitement au niveau de sa
structure.

Urgence d’un plan de gestion des déchets sanitaires :

La loi de 2011 classe les déchets générés par les activités médicales et paramédicales,
appelés déchets d’activités de soins (DAS), dans la catégorie des déchets spéciaux
dangereux.

Par ailleurs, il existe un décret exécutif de 2003 qui classe les DAS en trois catégories: Les
déchets anatomiques issus des blocs opératoires et des salles d’accouchement, les déchets
infectieux susceptibles d’affecter la santé humaine (appelés déchets d’activités de soins à
haut risque infectieux), les déchets toxiques constitués par les résidus et produits périmés
des produits pharmaceutiques, chimiques et de laboratoire, et les déchets contenant de
fortes concentrations en métaux lourds tels les radios, les acides, les huiles usagées et les
solvants.

Quant à une possibilité de recycler ces déchets, le DG de l'AND affirme que cela n’est
nullement recommandé vu leur composition "hautement toxique".

Pour lui, la seule voie de valorisation possible reste la récupération de l’énergie au cas où ces
déchets sont incinérés.

Concernant les déchets d’origine humaine (pièces anatomiques de l’activité chirurgicale,


sang, urine), leur prise en charge est fixée par un arrêté interministériel (ministères chargés
de l'Environnement, de la Santé et des Affaires Religieuses) datant de 2011 en vertu duquel
le mode de traitement préconisé est l’enterrement après désinfection.

"Ces déchets sont collectés et stockés, avant traitement, dans des contenants de couleur
verte", explique M. Ouamane, en précisant, toutefois, que pour le placenta, le mode de
traitement par incinération est préconisé.

En somme, le premier responsable de l’Agence de gestion des déchets insiste sur l’urgence
d’un plan de gestion des déchets sanitaires.

"Un plan de gestion en interne constitue la première démarche à faire", recommande-t-il,


soulignant que cela doit passer par une phase de diagnostic pour constater les quantités et
les qualités produites.

En deuxième phase, la structure sanitaire devrait faire un choix stratégique pour opter soit
pour une gestion en interne ou par délégation de service à un professionnel, préconise le
même responsable. Mais quelle que soit la forme de gestion, les règles de base sont le tri
des déchets, le stockage, la collecte, le transport et l’évacuation vers une filière de
traitement adaptée à chaque typologie.

L’évacuation de ces déchets doit se faire par un opérateur de collecte et de transport agréé
par le ministère de l’Environnement.

Cette gestion réglementée et transparente permet, selon lui, de disposer de la traçabilité


nécessaire afin d’identifier les éventuelles pratiques douteuses et illicites dans la gestion des
déchets d’activités de soins.

Par ailleurs, il insiste sur la formation des ressources humaines en la matière : "La
dangerosité et la complexité des déchets d’activités de soins fait que leur prise en charge
requiert un personnel qualifié et formé en conséquence".

Comme exemple en parlant sur :

CHU DE CONSTANTINE :

Au total, 1380 t de déchets hospitaliers ont été traitées, stérilisées et éliminées au centre
hospitalo-universitaire Ben-Badis de Constantine (CHUC) depuis la mise en service, en 2016,
d’un grand banaliseur industriel de dernière génération, a indiqué lundi le responsable de
l’information de cet établissement de santé, Aziz Kaabouche. “Selon les statistiques fournies
par la station de traitement et d’élimination des déchets hospitaliers du CHUC, ses 52
services produisent annuellement près de 420 t de déchets d’activités de soins (DAS), entre
autres les déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) et les déchets radioactifs”,
a indiqué, M. Kaabouche, précisant que depuis le mois de juin 2016, une quantité de 1380 t
de déchets hospitaliers a été éliminée. 
Il a fait savoir qu’avant la mise en marche de ce grand banaliseur, “les services de cet
établissement de santé généraient 4 t de Dasri par semaine, incinérées à l’intérieur de ce
CHU”, soulignant qu’actuellement la station d’incinération du CHU Ben-Badis élimine “plus
d’une tonne de déchets médicaux par jour”.

L’acquisition de cet engin industriel moderne ainsi que l’aménagement d’une station
écologique de banalisation à l’extérieur du CHU Ben-Badis ont permis à cet établissement
d’avoir une meilleure gestion des DAS, tous genres confondus, et de gagner le pari
environnemental et sanitaire en passant par l’incinération, néfaste pour la santé et
l’environnement, à l’élimination par stérilisation et banalisation écologique grâce à la
technologie de pointe de cette machine fonctionnant par procédé thermique, a assuré le
même responsable. 

L’opération de traitement et d’élimination s’effectue à raison de 3 cycles par jour, après le


ramassage des ordures d’activités médicales par plusieurs camions réservés à cet effet, a fait
savoir la même source, précisant que cette installation sophistiquée, qui opère sans
pression, ni produit chimique, ni ondes électromagnétiques, traite, stérilise et élimine tous
types de Dasri : mous, coupants, piquants, tranchants, élastiques, fibreux et même les
déchets les plus complexes. 

En comparant les quantités générées par rapport aux capacités importantes de traitement et
de banalisation existantes, le CHU Ben-Badis pourra “prochainement” prendre en charge les
déchets hospitaliers de plusieurs établissements de santé publique de la wilaya, dans le
cadre d’une convention entre la direction de la santé publique (DSP) et celle du CHU Ben-
Badis, a annoncé le même responsable. 

Le centre hospitalier universitaire Ben-Badis a été doté en 2016 de deux banaliseurs


industriels pour le traitement des Dasri pour une enveloppe financière de 80 millions de
dinars, a-t-il rappelé, notant qu’un seul appareil est utilisé, alors que le second sera mis en
exploitation pour prendre en charge les autres infrastructures de santé. 

Responsabilité du générateur de déchets :

Dans le projet de loi de gestion des déchets mentionné, il est fait obligation au
producteur ou au détendeur de déchets d’assurer ou de faire assurer l’élimination de leurs
déchets dans des conditions qui ne risquent pas de porter atteinte à la santé publique et à
environnement. Cette obligation, constitue le fondement du principe de la responsabilité du
producteur des déchets. Habituellement, et pour des raisons d’hygiène publique, c’est la
commune que revient la responsabilité de mettre en œuvre les moyens d’élimination des
déchets urbains, à savoir : collecte, transport, traitement, valorisation et confinement des
ordures ménagères.

En Algérie, la loi n° 90-08 du 07 avril 1990 à la commune, définit dans l’art 107. La
commune a la charge de préservation de l’hygiène et de la salubrité publique notamment en
matière :

- De distribution d’eau potable.


- D’évacuation et de traitement des eaux usées et des déchets solides urbains.
- La lutte contre les vecteurs des maladies transmissibles.
- D’hygiènes des aliments et des lieux et établissements accueillant public.
- De la lutte contre la pollution et de protection de l’environnement :

En Algérie le décret 84-378 du 15 septembre 1984 fixant les conditions de nettoiement


d’enlèvement et de traitement des déchets solides urbains stipule que :

« L’assemblée populaire communale organise, dans les conditions définies sur son
territoire, soit directement, soit en association par l’intermédiaire d’organismes
intercommunaux et/ou appropriés, un service de collecte et d’élimination des déchets
solides urbains, à l’exclusion de certains déchets ».

Conformément aux dispositions de la loi n°90-08 et du projet de loi, la gestion des


déchets ménagers et assimilés est à la charge de l’assemblée populaire communale qui
organise sur son territoire, un service public en vue de satisfaire les besoins collectifs de ses
citoyens en matière de collecte, de tri, de transport, de valorisation ou d’élimination de ces
déchets. L’assemblée populaire communale peut concéder la gestion des déchets ménagers
et assimilés à des tiers, mais elle reste toujours responsable de sa correcte et satisfaisante
exécution. L’assemblée populaire communale de deux ou plusieurs communes peuvent
décider de s’associer pour la gestion des déchets. Ces services peuvent être réalisés soit par
le biais d’une gestion directe, soit par concession. Les habitants, les générateurs des déchets
et aussi les usagers de ces services sont dans l’obligation de réaliser la pré-collecte : 
Déposer les déchets ménagers dans un lieu accessible pour le véhicule de ramassage ; 
Participer à la chaine de tri destinée à la collecte sélective des déchets recyclables ; 
Déposer les déchets encombrants et les déchets spéciaux en petite quantité qui posent
problème, dans les déchetteries ou points d’apport en vue de leur valorisation, traitement
ou élimination contrôlée. La réglementation concernant les déchets spéciaux de l’industrie
est différente. Tout producteur ou détenteur de déchets spéciaux, qui ne peuvent pas être
collectés, recyclés ou éliminés comme déchets ménagers est responsable de leur
élimination, jusqu'à leur confinement permanent, voire leur destruction totale, dans des
conditions adéquates, afin d’éviter les effets nuisibles. Et comment est réglée la
responsabilité du fabricant sur le produit qu’il veut commercialiser ? Généralement le
producteur industriel fabrique et commercialise un produit sans prendre en considération
son devenir après utilisation. A la fin, quand personne ne veut plus du produit usé, il laisse la
responsabilité et le coût de son élimination aux autorités locales et au trésor public.

Des taxes pour les déchets hospitaliers :

Des taxes ont été imposées pour chaque tonne de déchets hospitaliers pour inciter
les responsables de ces polluants à les éliminer.
C’est ce qu’a expliqué jeudi le ministre de l'Aménagement du territoire et de
l'Environnement, Cherif Rahmani, dans une déclaration en marge d'une séance plénière de
l’APN.
Un délai de 3 ans a été accordé aux producteurs de ces déchets pour les éliminer et assainir
l'environnement, a précisé le ministre. Aussi et tout en notant qu’il sera procédé
prochainement à l'élimination des produits hospitaliers “stockés, notamment ceux dont la
date remonte à plus de 30 ans”, le ministre a annoncé que cinq cents incinérateurs pour
l'élimination des déchets hospitaliers existent actuellement au niveau national contre 100
unités dans le passé.
M. Rahmani a précisé que des mesures importantes ont été prises, visant à réduire la
pollution de l'environnement à travers l'élimination des différents déchets. L’installation
d’un incinérateur moderne pour l'élimination des déchets à l'hôpital de Kouba “est prévue
prochainement”, dira le ministre.
Interrogé à ce sujet sur la protection de l'environnement à Béjaïa, le ministre dira que cette
wilaya bénéficiera de plusieurs projets relatifs à la protection de l'environnement et le
développement durable dans le cadre du plan national d'aménagement du territoire.
Il s’agit notamment de la construction de barrages et d'installations de dessalement de l'eau
de mer et d'autres projets dans les domaines scientifique, culturel et sanitaire.
Concernant l'enlèvement des déchets, le ministre a fait état des projets relatifs à la
réalisation de centres d'enfouissement, une décharge publique, sept entreprises de
recyclage des déchets.

Les solutions d’Ecferal :

La question du traitement des déchets hospitaliers a de tout temps été un casse-tête en


Algérie. Pourtant les solutions existent et sont fabriquées en Algérie par Ecferal, une
entreprise de salariés d’Alger. La station d'incinération des déchets d’Ecferal utilise un type
de traitement des plus performants au monde. Elle est déjà installée à l’hôpital Mustapha-
Pacha d’Alger. Cela fait huit années que l’entreprise exploite cette installation. Ecferal traite
environ deux tonnes de déchets au centre d’Alger dans les conditions requises par la
réglementation internationale. Pour le CHU de Blida Frantz-Fanon, la société a fait toute la
conception du local et l’a équipé. En 2011, elle a installé une station au CET de Blida. Ecferal
possède également de nombreux autres clients, notamment les cliniques privées d’Alger.
Elle fait aussi la collecte de tous les laboratoires d’analyses d’Alger et de sa périphérie. Ces
déchets sont traités à l’usine de Si-Mustapha. Les solutions existent donc. Il ne reste qu’à s’y
intéresser.

Références bibliographiques :

1-Nassira Benharrats. Ministre de l’Environnement et des Énergies renouvelables : Nous


assistons les entreprises agréées pour accélérer la collecte» , site web :
https://www.elwatan.com/pages-hebdo/magazine/nassira-benharrats-ministre-de-
lenvironnement-et-des-energies-renouvelables-nous-assistons-les-entreprises-agreees-
pour-accelerer-la-collecte-09-04-2020 .

2- Environnement : une enquête d’évaluation des déchets hospitaliers, site web :


https://www.aps.dz/sante-science-technologie/86202-environnement-lancement-d-une-enquete-d-
evaluation-des-dechets-hospitaliers?tmpl=component&print=1 .

3-L’ALGÉRIE PROFONDE / EST, CHU DE CONSTANTINE, Près de 1 400 tonnes de déchets


hospitaliers détruites, site web : https://www.liberte-algerie.com/est/pres-de-1-400-tonnes-
de-dechets-hospitaliers-detruites-325152/pprint/1 .

4-https://ds.univ-oran2.dz:8443/bitstream/123456789/1438/1/m%c3%a9moire%20%20en
%20PDF%20le%20management%20des%20d%c3%a9chets%20hospitaliers.pdf .

5-A LA UNE / ACTUALITÉ, CHERIF RAHMANI L’A ANNONCÉ JEUDI, Des taxes pour les déchets
hospitaliers, site web : https://www.liberte-algerie.com/actualite/des-taxes-pour-les-
dechets-hospitaliers-96691/pprint/1 .

6-RADAR / ACTUALITÉS, DÉCHETS HOSPITALIERS, Les solutions d’Ecferal, site web :


https://www.liberte-algerie.com/radar/les-solutions-decferal-114958/pprint/1 .

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