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Vers une définition de la traduction

postcoloniale : problématiques, orientations et


solutions.

Comme l’affirme Susan Bassnett, la traduction n’arrive jamais dans un vacuum mais dans un
continuum ; elle n’est pas un acte isolé, ma elle fait partie d’un procès dynamique de transfert
interculturel. La traduction est un acte hautement manipulateur […].
La traduction n’est pas une activité innocente et transparente, elle est chargée de signification sur
chaque niveau et rarement ou jamais elle implique une relation d’égalité entre les textes, les auteurs
ou les systèmes.
Susan Bassnett est des voix, les plus engagées, pour la définition de la théorie et de la pratique de la
traduction postcoloniale.
La théorie de la traduction postcoloniale est liée à un débat plutôt récent, ouvert et très vaste, né après
le « postcolonial turn » des études de la traduction.
Ce débat c’est un vrai mare magnum, de plus en plus en expansion, qui accueille voix, contradictions,
solutions, orientations et suggestions. Essayer de définir une fois pour toutes cette théorie est presque
impossible et surtout contraire à son but, la définition ne la laisserait pas libre de continuer à se
développer.
Dans ce dossier, je prends en considération seulement des petits aspects de cette théorie, étant donné
l’impossibilité de traiter cette argumentation en façon complète et définitive sans faire une thèse de
doctorat ; mais peut être que même une thèse de doctorat ne pourrait la définir sans devenir
anachronique vue sa rapidité d’expansion et sa capacité de s’interroger toujours sur nouvelles
problématiques et fournir possibles solutions.
Ce que je présente ici, sont seulement les aspects qui m’intéressent le plus de cette passionnante
théorie.
Après une brève introduction à la théorie de la traduction postcoloniale, je traiterai la question de
l’intraduisibilité culturelle et linguistique propre des textes postcoloniaux avec une attention majeure à
la deuxième.
À la fin, je citerai, le cas de la traduction d’un roman postcolonial pour montrer comme toutes les
problématiques liées à cette théorie peuvent être résolues.

INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA TRADUCTION POSTCOLONIALE ET À SA


DOUBLE INTRADUISIBILITÉ.
La traduction des textes littéraires postcoloniaux a ouvert un débat qui lie les études
postcoloniales aux études de la traduction ; par cette rencontre dérivent les « Postcolonial
Translation Studies » qui ont pour objectif la définition de la théorie (et de la pratique)
1
postcoloniale de la traduction.
À propos de la délicate question de la traduction des textes postcoloniaux plusieurs
théoriciens et écrivains postcoloniaux sont intervenus, comme Gayatri Spivak par exemple.
2 3
Dans l’essai « The Politics of Translation » , Spivak explique que la première tâche
essentielle d’un traducteur, avant d’affronter l’ardu défi de la traduction que devient toujours
plus une opération de réécriture, c’est de pénétrer jusqu’au fond de la culture de la langue
de départ.
Dans le même essai, elle explique les problématiques de la traduction postcoloniale et
condamne l’idée initiale de la version traduite comme copie inferieure de la version originale.
Selon Gayatri Spivak, la dichotomie Version Originale4 – Copie Inferieure reproduit
métaphoriquement l’idée de la colonie comme copie de la Mère Patrie, il faut donc effacer le
préjugé de la version traduite comme une copie inferieure de la version originale. Il n’existe
pas une hiérarchie culturelle entre les versions traduites et les versions en langue originale
parce que il n’existe pas une hiérarchie entre les langues du monde, aucune langue est
inferieure ou mineure d’une autre.
Mais qu'est-ce que c'est la traduction selon les écrivains postcoloniaux?
L’idée qui règne sur toutes les autres, c’est que la traduction est échange et relation entre le
monde et entre la littérature mondiale.
Selon Édouard Glissant 5, la traduction est elle-même la reine de toutes les langues du
monde, elle est une vraie créolisation, est « l’art de l’hybridation du métissage ».
La traduction est translation et relation, mais aussi innovation et négociation et il faut qu’elle
reste toujours globale et multiforme.
La traduction va au-delà des mots et des textes, devient elle-même un processus de
réécriture d’un original imaginaire.
Il y a des théoriciens qui pensent que la littérature postcoloniale implique dans soi même le
concept de traduction, vue sa vocation d’altérité.
La métaphore, la plus connue, est sans doute celle- là de « translated man » de Salman
Rushdie.
Contrairement au traducteur, qui doit accomplir le voyage entre les langues, l’écrivain
postcolonial qui écrit dans la langue de l’empire (en anglais dans le cas de Salman Rushdie)
a déjà accomplit ce voyage et il faut étudier son œuvre comme une expression linguistique
et littéraire de ce voyage et de cette errance.

1
Le texte de Susan Bassnett et Trivedi Harish “Postcolonial translation. Theory and Practice” est la première
œuvre dans cette direction. Texte de référence pour la citation de l’abstract.
2
Cet essai fait partie de la grande œuvre « The translation Studies Reader » éditée par Lawrence Venuti et
publiée la première fois en 2000 par l’éditeur anglo-américain Routledge.
3
Gayatri Spivak au-delà d’être une des plus importantes théoricienne des études postcoloniales et
des Gender Studies, elle a été aussi traductrice de Jacques Derrida en anglais.
4
Susan Bassnett a critiquée la même dichotomie Originale/Copie en définissant l’original comme « original
européen ».
5
Voir “Introduction à une poétique du divers.” Ed. Gallimard Paris, 1996.
Ces textes, qui sont écrits par des individus postcoloniaux bilingues que Rushdie appelle
aussi « inbetweeners », créent une langue « entre-deux » en occupent un espace « entre
deux », les « between spaces » de Homi Bhabha.
Aussi Maria Tymoczko, professeure de Littérature Comparée de l’université du
Massachussetts, associe le terme « traduction » à l’écriture postcoloniale.
Elle emploie la traduction comme une analogie opératoire pour décrire le texte postcolonial.
6
Dans son article « Post-colonial writing and literary translation » elle explique que l’écriture
postcoloniale est une métaphore de la traduction et elle évoque sa caractéristique associée
avec le sens étymologique du mot, soit « transporté à travers » : le transport entre les
langues est une caractéristique commune aux écrivains postcoloniaux et à la traduction.
Maria Tymoczko croit qu'il est possible d'étudier les textes et les auteurs postcoloniaux à la
lumière des études effectuées dans le domaine de la traduction.
Les deux domaines, les études postcoloniales et les études de la traduction, présentent, en
7
effet, des affinités importantes sous plusieurs points de vue : les auteurs postcoloniaux, de
la même façon des traducteurs, essayent de transporter leur culture dans un contexte
différent et pendant le procès de cette transposition, la leur culture d’appartenance subit des
graves pertes de signification.
Il est clair qu'il est impossible de transmettre dans le texte traduit, tous les éléments relatifs
au texte original et à l’auteur postcolonial.
Maria Tymoczko a défini la traduction et la littérature postcoloniale comme « subversives »,
parce-qu’ elles sont souvent utilisées pour subvertir les règles du système littéraire
d’appartenance.
Abdelkebir Khatibi, écrivain marocain, en reprenant la notion de traduction de Glissant,
affirme que la meilleure façon de redéfinir le terme « traduction », pour rendre compte des
stratégies d’écriture postcoloniale est de dire que la traduction ne correspond pas au
transfert d’une langue dans une autre, mais au rapport maintenu entre plusieurs langues au
même temps, dans un état de tension extrême.
D’ailleurs on légitime la traduction chaque fois qu’il y a une relation, un échange, un dialogue
entre littératures et cultures diverses, de la même manière de la littérature comparée8.
Les études de la traduction s’insèrent en ce panorama interculturel, caractérisé par une
extrême tension, en regardant avec beaucoup d’attention les textes postcoloniaux, souvent
qualifiés comme « hybrides » ou « métissés » en raison de la stratification culturelle et
linguistique qui les sous-tend.

6
Dans “Post-colonial Translation. Theory and practice.” De Bassnett, Susan and Harish Trivedi 1999,
London-New York, Routledge.
7
Après le soi-disant « cultural turn » les études de la traduction se sont rapprochées à l’idée d’une traduction
plus « culturelle »
8
Ce que lie les études de la traduction à la littérature comparée et vice-versa, en acceptant l’idée de
littérature comparée comme un lieu d’échange égal et comme une discipline que conçoit la /les littérature/s
comme phénomènes culturels mondiaux, est la reconnaissance et l‘acceptation sans préjugés de l‘altérité
culturale, sociale, politique et artistique. La traduction et la littérature comparée sont le nerf de chaque
approche interculturelle et supranationale, elles sont des lieux de dialogue, d’échange et de relation.
C’est juste autour de la problématique de la traduisibilité/intraduisibilité de cette double
stratification inhérente aux textes postcoloniaux qu’on essaie de définir une théorie de la
traduction postcoloniale.
Les Postcolonial Translation Studies menées par leur chef de file Lawrence Venuti,
apportent un prolongement aux éthiques du traduire proposées notamment par Antoine
Berman et Henri Meschonic.
On peut considérer Berman et Meschonic comme des théoriciens postcoloniaux stricto
sensu quand ils se sont intéressés à l’éthique du traduire et du traducteur.9
Antoine Berman, sûrement plus rapproché à l’idée de la « traduction sourciste », dans
« L’épreuve de l’étranger » explique que l’essence de la traduction est bien d’être ouverture,
métissage et dialogue ; il faut toujours la mettre en rapport ou elle n’est rien. Cette inclination
éthique vers l’autre détermine la définition du terme « traduction » dans son œuvre « La
traduction et la lettre ou l’auberge du lointain », repensée comme l’accueil de l’autre et la
mise en relation : « La traduction, c’est cela : chercher-et-trouver le non-normé de la langue
maternelle pour y introduire la langue étrangère et son dire. »
Henri Meschonic est encore plus « postcolonial » de Berman quand écrit 10 qu’il faut
abandonner la représentation de la traduction comme un « transport » du texte de départ
dans la littérature d’arrivée et l’envisager comme « rapport », comme « décentrement ».

Mais en quoi consiste l’ « intraduisibilité » des textes postcoloniaux ?


Elle se présente principalement sur deux fronts : l’un linguistique et l’autre plus proprement
culturel.
Le premier concerne la question concrète de la traduction de l’hybridisme linguistique
typique des textes postcoloniaux qui on verra dans le chapitre suivant, le deuxième
concerne plus étroitement et éthiquement la traduction culturelle des topoi et des
argumentations des textes postcoloniaux.
Sur cette dernière problématique aussi le traducteur « pied noir » Albert Bensoussan
s’interroge dans son œuvre « J'avoue que j'ai trahi : essai libre sur la traduction ».
Il explique très clairement que le contexte linguistique représente seulement la matière
première de la traduction et que celui qui la caractérise est le contexte, beaucoup plus
complexe, des rapports entre les deux cultures.
Cette « intraduisibilité culturelle » émerge chaque fois qui un lecteur occidental trouve des
difficultés à comprendre, interpréter et traduire « correctement » les textes proviennent par
d’autres latitudes sans les domestiquer et sans tomber dans l’invisible piège de
l’impérialisme culturel.
La tâche du traducteur est donc de donner les outils au lecteur pour lui faire comprendre un
événement, un topos ou une argumentation 11 du texte postcolonial en évitant une

9
Le travail de ces deux théoriciens sur la question de l’éthique du traduire c’est énormément importante et
très vaste, ici je prends en considération seulement deux petits aspects pour les lier à la question
postcoloniale.
10
Voir “Poétique du traduire” Verdier, Paris 1999.
11
Voici quelques exemples d’éléments culturels : la plupart des noms propres ; les noms et les expressions
liés à l’organisation de la vie dans la culture de départ (liés au régime politique, au système d’éducation, à la
association avec une argumentation proche mais occidentale ; une association porterait le
lecteur à rendre vain le texte et l’importance de telle argumentation donnée par l’auteur.
La meilleure solution est de préférer une traduction dense et avec une bonne explication de
l’événement ou du topos pour d’éviter que le lecteur accomplisse une association avec un
topos culturel de lui plus proche.
Le traducteur ne peut pas traduire littéralement un éléments culturel car un tel élément
perdrait sa spécificité, un équivalent de la langue d’arrivée ne suscitera pas les mêmes
émotions et connotations qu’une expression originale.
Traduire une valeur ou un topos d’une culture différente dans une autre culture signifie la
réduire d’importance, la banaliser, c’est presque impossible de trouver un digne
correspondent. Si le lecteur associe un événement typique d’une culture différente à un
événement typique de sa culture, il ne respect pas son unicité et en perspective saidienne12,
cela signifie alimenter la microphysique de l’impérialisme culturel.
C’est alors qu’intervient la responsabilité éthique du traducteur, créateur d’images
culturelles, qui doit s’interposer entre l’auteur, l’œuvre et le lecteur.
Toutefois, dans le cas d’une lecture et d’une traduction d’un texte postcolonial, la tâche que
doit mener à bien le traducteur, et aussi le lecteur, doit avoir une optique et une perspective
bilatérale : le traducteur doit accomplir un effort de décentrement, en obligeant le lecteur à
sortir par soi même pour comprendre l’auteur étranger dans son être étranger.
Le traducteur doit posséder une oreille attentive et fine, une rapidité d’ouïe vers sa langue
pour explorer les zones « non normées » de la langue, inventer néologismes et allonger la
signification des mots.
La plus grande difficulté de la traduction est de capturer toute la poétique d’un texte et la
transférer dans un autre système linguistique et culturel sans minoriser son sens.

TRADUIRE LE PLURINGUISME D’UN TEXTE POSTCOLONIAL.


Un important essai sur la question de l’intraduisibilité des textes postcoloniaux est
13
« Translation and the Postcolonial Experience: The Francophone North African Text » de
Samia Mehrez, toujours considéré fondamental pour le développement des études
postcoloniales de la traduction. Avec cet essai, Samia Mehrez a été l’une des premiers
théoriciens à dénoncer l’inégalité des flux traductifs dans un monde non globalisé et à
promouvoir l’écriture, la lecture et donc la traduction des textes postcoloniaux, qui comme
elle l’explique, nous mènent vers l’intraduisibilité à cause du leur être hybrides.
Mehrez prend en considération des textes francophones de Tahar Ben Jelloun, Assia Djebar
et de Abdelkebir Khatibi et montre comme la lecture/traduction des ces textes peut devenir

loi etc.) ; les traditions et les habitudes (les traditions culinaires, les fêtes, les rites) ; les citations et les
allusions strictement liées à la littérature de la culture source (romans, poésie, théâtre, mais aussi petits
poèmes pour les enfants, chansons etc.) ; les allusions à l’histoire du pays ; les allusions à l’art (peinture,
musique, film).
12
Relative au plus grand théoricien de l’impérialisme cultural Edward Wadie Said.
13
En « Rethinking Translation. Discourse, Subjectivity, Ideology. » Curé par Lawrence Venuti, 1992, London-
New York Routledge.
un défi au monolinguisme14 colonial et impérialiste qui se considère toujours capable de lire
le monde à travers les filtres de sa langue dominante.
Mehrez affirme que le défi lancé par le texte postcolonial prévoit un affranchissement par les
conventionnels modèles indigènes et par les institutions et les structures culturelles
imposées par le colonisateur ; cet affranchissement se réalise à travers la création d’un
nouveau langage qui rend possible la duplicité de ce mouvement.
Dans cette optique, le but final de la littérature postcoloniale devient de renverser les
hiérarchies en unissant le « dominant » au « sous-développé » et en faisant exploser et en
confondant les univers symboliques et les systèmes de signification à leurs correspondants
pour créer une réciproque interdépendance et intersignification.
L’hybridisme linguistique inhérent aux textes postcoloniaux est souvent un résultat de
négociations linguistiques et culturelles entre colonisateur et colonisé.
Bien évidemment cette situation « polymorphique » influe sur la pratique de la traduction vu
qu’elle ne peut pas rester étrangère à question d’identité, hégémonie et de pouvoir.
Cette hybridation linguistique et culturelle qui caractérise l'œuvre littéraire postcoloniale est
au cœur même de la problématique d’identité, d’idéologie et des rapports de pouvoir et
d’échange entre le centre et la périphérie et entre la métropole et ses satellites. Cela est
sans doute la conséquence directe du rôle de l’histoire dans la production littéraire.
Les auteurs postcoloniaux mélangent et condensent langues, traditions, codes et cultures en
enrichissant leurs œuvres d’une vitalité artistique et littéraire toujours plus passionnante.
La langue européenne adoptée par les pays colonisés, a subi des métamorphoses
profondes, pendant les processus de colonisation et de décolonisation, en donnant lieu à
nombreuses variantes, dialectes, pidgins et variétés créoles.
Les écrivains postcoloniaux, en utilisant la langue de l’Empire, participent à cette
métamorphose : ils renouvellent le lexique, modifient la syntaxe et y insèrent des nouvelles
formes, mythes et images.
De tels textes sont toujours contaminés, ils présentent des aspects de pluringuisme,15
bilinguisme, et diglossie et les nouveaux langages qui émergent par ces extraordinaires
processus d’hybridation et contamination deviennent soit le message et soit le moyen de la
narration.
Les stratégies plurilinguistiques constituent l’un des objets d’étude privilégiés par la critique
postcoloniale, qui considère les phénomènes d’hybridation linguistique comme un signe d’un
détournement des langues impérialistes imposées.

14
L’idéologie du monolinguisme, selon laquelle chaque pays a seulement une langue et une culture, à dure
pendant deux siècle et a vu sa chute avec le procès de la décolonisation. Cette idée de monolinguisme est
presque impossible si on pense, pour exemple, aux états africains comme l’ Afrique du Sud qui à officialisé
onze langues.
15
Le plurilinguisme en littérature, selon Myriam Suchet, fait aussi l’objet d’une critique spécifique et il est
possible de distinguer deux orientations majeures dans la critique littéraire traitant du plurilinguisme. Celui-ci
peut être considéré, selon une perspective macroscopique, comme une stratégie globale, ou bien selon une
perspective microscopique, comme un ensemble de procédés. Les études relevant de la première tendance
s’attachent à dégager les effets du plurilinguisme sans se mêler de typologie, tandis que les études relevant
de la seconde approche mettent en place des nomenclatures pour décrire dans le détail les mécanismes de
production du plurilinguisme dans le texte ; les définitions code mixing, code switching, diglossie,
multilinguisme etc. etc. sont des exemples. Voir « Outils pour une traduction postcoloniale » de Myriam
Suchet, Éditions des archives contemporaines, Paris 2010
Le deuxième chapitre de l’ouvrage « L’empire vous répond» intitulé « Faire bouger la
langue. Les stratégies textuelles de l’écriture postcoloniale. » est dédié à l‘examen du
plurilinguisme comme stratégie textuelle d’appropriation de la langue.
L’auteur postcolonial s’approprie la langue européenne, la modifie et la modèle en y insère
autres slang et pidgins en donnant au monde un texte polyphonique.
En utilisant plusieurs réalités linguistiques dans le même texte, l’auteur postcolonial
demande à son lecteur de devenir traducteur, et insère la traduction dans le moment même
de la lecture.
Cette pluralité et ce dynamisme linguistique mènent aussi le lecteur le plus eurocentrique à
un renoncement définitif d’une vision impérialiste des cultures dominants sur les autres et
des langues de mineur et de majeur prestige et imposent, au traducteur, d’aller au-delà pour
parvenir à une forme de respect pour l’autre.
Mais comment peut-on traduire « pratiquement » ce plurilinguisme ? Comment le traducteur
peut-il respecter cette choix de l’auteur postcolonial ?
On sait déjà qu’il faut respecter le « principe de l’équivalence » entre les traductions de
textes ayant slang et pidgins, mais comment le faire?
Quel type de stratégie énonciative faut-il adopter pour préserver la forme de représentation ?
On peut dire que cette préoccupation c’est la préoccupation mère de tous les traducteurs
des textes postcoloniaux et que elle a ouvert un grand débat qui reste toujours ouvert.
Beaucoup de théoriciens se sont interrogés sur cette question et chacun d’eux a donné son
indication et sa possible solution, mais à la fin, c’est le traducteur qui décide quand se trouve
en face du texte postcolonial.
En face de la plus grande dichotomie sourcisme/ciblisme, quelle orientation faut-il choisir ?
Faut- il privilégier la traduction « sourciste » dont le premier souci est de transmettre le
message véhiculé dans la langue d'origine tel quel dans la langue cible ? Ou privilégier
l’orientation de la méthode « cibliste », suivant laquelle le traducteur se soucie plus de la
forme du message en langue cible et sa bonne réception par les lecteurs, même au prix de
quelque altération du message de l'œuvre en langue source ?
Paul Bandia16, par exemple, croit que le plurilinguisme, comme stratégie de production et de
stylisation de la littérature postcoloniale, se manifeste par des marques linguistiques
distinctives qui servent à déterritorialiser la langue européenne pour ensuite la re-
territorialiser dans son nouveau contexte postcolonial. Une des questions que soulève cette
diglossie littéraire est de savoir comment coder, styliser ou « littérariser », en langue
française ou anglaise, un dialogue se déroulant en langue africaine dans un contexte
traditionnel.
Paul Bandia suit une orientation en peu plus « cibliste » de la traduction postcoloniale et afin
de respecter le principe d’équivalence entre les textes, il suggère de récupérer les

16
Voir l’article « Le concept bermanien de l’Étranger dans le prisme de la traduction postcoloniale » en
Traduction, terminologie, rédaction, vol. 14, n° 2, 2001, p. 123-139. http://id.erudit.org/iderudit/000572ar
« Translation shifts » (ou « équivalents textuels ») théorisées par Catford, c’est-à-dire un
texte ou une portion de texte traduit dans la target language que dans une particulière
situation, peut être l’équivalent d’un texte ou d’une portion de texte dans la source language.
Bandia divise ces « translation shifts » en calques, glissements sémantiques et glissements
collocationels.
Les calques sont des traductions presque littérales des mots et des expression de la langue
source dans la langue cible. Afin de bien comprendre le sens des calques il faut connaître le
contexte socioculturel dans lequel on utilise le mot ou l´expression en question. Les
glissements sémantiques apparaissent quand des mots connus dans la langue cible
reçoivent un autre sens qui correspond mieux au sens du texte source. On parle des
glissements collocationels quand les structures syntaxiques de la langue source se
manifestent dans le texte cible.
Antoine Berman, soucieux de préserver l’intégrité du texte source, pense que le traducteur
ne doit pas se permettre de transposer les sociolectes dans des équivalents familiers et le
vernaculaire ne peut être traduit dans une autre vernaculaire. Une telle exotisation qui rend
l’étranger du dehors par celui du dedans, n’aboutit qu’à ridiculiser l’original et à détourner sa
visée.
Donc si on trouve des éléments intraduisibles dans le textes postcolonial il ne faut pas les
traduire dans un slang ou un argot de la langue cible.
Selon Berman respecter l'altérité du texte n'implique ni « l'anéantissement » du traducteur ni
l'attachement « servile » à la lettre.17
Il s'agit d'éviter toute forme de manipulation de l'original qui aura pour seul but de satisfaire
aux exigences de la langue et de la culture cibles.
Si on trouve des éléments très difficiles dans les texte source in ne faut pas les traduire dans
la langue cible, selon Berman.
La formulation atténuante d' « un certain respect de l'original » proposée par Berman nous
oriente vers une conception de la traduction qui n'est ni entièrement sourcière ni entièrement
cibliste, basée sur une éthicité de la traduction qui tient compte de la spécificité de l'original
sans pour autant nuire à la lisibilité du texte cible ou à la communicabilité de la textualité de
l'original.
Selon Lawrence Venuti,18 le traducteur doit négocier les différences culturelles et
linguistiques du texte source à la lumière d'un ensemble des différences tirées de la
langue/culture cible afin de faciliter ou d'assurer la recevabilité de l'étranger dans la culture
cible. Venuti, comme Berman, propose une réflexion éthique du traduire visant à conserver
l'étrangeté du texte source.
Cela veut dire que la spécificité linguistique et culturelle de l'original ne peut être signalée
que de manière indirecte, par son « déplacement » dans la traduction, à travers une
différence introduite dans les valeurs et les institutions de la langue/culture cible. Cela ne

17
Voir « La traduction et la lettre ou l'Auberge du lointain » Paris, 1999, Seuil.
18
Voir « The translation Studies Reader », Routledge, Londres-New York, 2000.
résoudre pas l’énigme de la traduction mais les deux sont concordes à respecter la volonté
des écrivains postcoloniaux et à éviter l’assimilation.
Traduire un texte qui est, au départ, caractérisé par une hybridation linguistique exige donc
une approche qui n'est ni entièrement cibliste ni entièrement sourcière, mais une stratégie
raisonnée qui répond aux exigences du projet de traduction dans un contexte plus large
d'échange culturel.
Pour aller jusqu’au fond de cette problématique, je propose, en bref, un cas de traduction
postcoloniale pour montrer comme les traducteurs sont réussis à transposer le pluringuisme
dans une unique langue d’arrivée.

LE CAS DE « SOZABOY » COMME EXEMPLE DE TRADUCTION D’UN ROMAN


« PARFAITEMENT » POSTCOLONIAL.
Un roman postcolonial qui présente un parfait mécanisme heterolinguistique19, comme
ensemble de variétés sociales, régionaux et chronologiques de la langue principale, est
sans doute « Sozaboy » de Ken Saro Wiwa, paru à Lagos en 1994 et sous titré : « A Novel
in rotten English ».
Dans ce roman, l’auteur expérimente la souplesse d’un anglais « pourri » : un inédit mélange
composé par l’anglais standard du Nigeria, le pidgin anglais nigérien et par des différents
substrats africains dont le kana, sa langue maternelle.
Le roman de Ken Saro Wiwa, réputé intraduisible à cause de cette variée stratification
linguistique, a posé des problèmes très évidents aux traducteurs.
Le traducteur de la version allemande, Gerhard Grotjahn-Pape, explique dans la postface
que à cause de l’absence d’équivalent d’un « allemand pourri » de la
« langue désordonnée » utilisée par Ken Saro Wiwa, il a dû traduire en allemand « banal »
soit parlé par une personne sans une grande éducation scolaire et en mettant en évidence
les mots intraduisibles. Il précise aussi d’avoir décidé d’éviter l’emploi de termes dialectaux
allemands parce que un jeune Ogoni ne peut pas s’exprimer en berlinois, en suivant de cette
manière les recommandations de Berman à propos de la traduction vernaculaire.
On retrouve la même situation aussi pour la version italienne ou ils n’existent pas des formes
d’italien pourri et il était impensable d'utiliser des formes dialectales italiennes avec le risque
de perdre le sens de l'expérimentation de Saro-Wiwa.
Le traducteur, Roberto Piangatelli, a adopté une stratégie d'écrivain : il s'est rendu à la
vitalité du récit, à son rythme effréné, à sa complexité polysémique, dans le but de donner
aux lecteurs italiens un texte qui vivait sa propre vie.

19
Le néologisme « hétérolinguisme » a été lancé par Rainier Grutman en 199 pendant son analyse de la
littérature québécoise du XIX siècle. Avec ce terme il désigne un phénomène exclusivement littéraire : la
présence dans un texte d’idiomes étrangers, sous quelque forme que ce soit, aussi bien que de variétés
(sociales, régionales ou chronologique) de la langue principale. Grutman explique avoir tenu à se distancier
des notions de « bilinguisme » et de « diglossie » et s’attache à mettre l’accent sur la différence (« hétéro- »)
davantage que sur la pluralité (« pluri- »).
Ainsi, les utilisations atypiques et anormales des adverbes, des conjonctions verbales, ne
sont pas agrammaticales, mais seulement hors de la norme, au-delà de l'usage de la langue
italienne.
Ces utilisations, soit les répétitions et les variations, les épithètes et les surnoms, les
ellipses, les combinaisons improbables et les connexions acrobatiques, appartiennent à la
nature du personnage de Sozaboy et à sa jeunesse naïve et joyeuse.
Le traducteurs de la version française Samuel Millogo et Amadou Bissiri, contrairement aux
autres, ont pris un autre chemin.
Vue la condition francophone des plusieurs pays africains, les traducteurs ont pu utiliser un
« rotten french » : une langue créole réellement parlée au Burkina Faso, une variété de
français « pourri » qui a fleuri sur les rives de la Lagune d'Abidjan. Ils ont aussi reportée la
technique de la variation continue, utilisée par Ken Saro-Wiwa.
Les deux traducteurs revendiquent, dans la préface, l’emploi d’une langue totalement
différente qui ne respecte pas la lettre du texte, seulement pour rendre la stratification
linguistique du texte source. Ils demandent aussi pardon à Ken Saro Wiwa d’avoir été des
interprètes peu fidèles.
Ils ont choisi un chemin complètement divers des autres, ils ont hasardé avec cette
traduction et ils ont obtenu un excellent résultat.
La langue employée par les traducteurs est une langue populaire, dévolue au parlée, et
donc subvertissant les habitudes qui attribuent à l’écrit une langue plus académique.
L’adaptation en français rend une utilisation courante, vernaculaire, « naturelle » de ce
qu’est le français parlé en Afrique.
Bien sûr, ils ont fait une traduction « trop cibliste », trop loin du texte source et de la langue
utilisée par Ken Saro Wiwa, mais ils ont été capables de respecter le concept de
« rotten » et de stratification linguistique voulu par l’auteur et selon mon avis, peu importe
quelle langue a été utilisée, l’important ce que ils sont réussi dans cette aventure difficile.
Grâce à cette traduction, un francophone peut comprendre, presque comme un anglophone,
20
les jeux de langue de Ken Saro Wiwa .
Ken Saro-Wiwa dans « Sozaboy » utilise souvent des termes en kana, surtout quand il veut
décrire des concepts et des figures typiques de sa culture.
Pour expliquer ces termes en kana il a crée un petit glossaire qui reste dans toutes les
versions traduites.
Les traducteurs de la version allemande et de la version italienne ne traduisent pas les
termes en kana et posent une petite explication après le mot.
Samuel Millogo et Amadou Bissiri, sauf pour les termes désignent des spécialités culinaires
typiques du Nigeria, changent les termes en kana dans leur pidgin français.

20
Dans ce roman, les jeux de langue sont très importants. Chaque situation romanesque est illustrée
par un état de langue et la langue est bien l’une des figures essentielles de l’intrigue.
L’anglais standard est la langue du pouvoir politique, l’anglais pourri et le kana sont les langues des
villageois de Dukana.
Dans le texte source on trouve le terme « tombo wine » pour définir un vin de palme, dans la
version allemande et italienne le terme en kana reste tout-court et suit une petit explication
du terme, (version italienne : tombo, vino di palma) mais dans la version française ce terme
en kana a été traduit dans le pidgin française « bangui ».
Le même passe pour le terme « mumu » qui a été traduit seulement dans la version
française en « bêêê ».
Le traducteur italien et le traducteur allemand, ne traduisent pas ces éléments culturels, ils
préfèrent les conserver et choisir le chemin sûr de la traduction « dense » ; les traducteurs
françaises, au contraire, ont traduits les éléments culturels dans une autre langue pourri et
pas la langue d’arrivée, pour ne pas tomber dans le piège de l’assimilation culturelle.
Le dernier petit exemple que je montre concerne la technique de la répétition, employée par
Saro Wiwa dans « Sozaboy » pour créer un anglais inouï.
La répétition indique à la fois, sur le plan stylistique, une grande économie lexicale et, sur le
plan diégétique, une compréhension limitée des événements par le narrateur.
Le terme « guerre », par exemple n’est jamais utilisé dans la première partie du roman,
l’écrivain utilise le vague terme « trouble » pour définir la guerre civile désormais imminente.
Cette terme retour une cinquantaine de fois dans le texte source.
Cette répétition signifiante subit une déperdition dans la traduction française qui, si elle
traduit majoritairement le terme « trouble » par « malheur », lui substitue régulièrement
d’autres mots : « problème », « palabre », ou même « merdement », en diluant la fréquence
des occurrences.
La traduction allemande, au contraire, respecte le système de la répétition et même la
souligne, en traduisant « trouble » par « Palava » que n’est pas une pure invention du
traducteur mais est un terme qui apparaît à plusieurs reprises dans l’original.
En ce qui concerne la traduction italienne, le terme « trouble » que fait allusion à la guerre
imminente, est traduit avec le terme moins élégant et moins littéraire « casino », soit
« chaos, désordre ».
On voit, pour cet exemple, que la traduction française s’éloigne encore une fois par les
autres plus sourcistes : les traducteurs, plutôt que utiliser le même terme, ont décidé
d’utiliser plusieurs termes provenant par des registres divers en renforçant le plurilinguisme
du roman.
Un roman complexe comme Sozaboy ouvre les portes à un infini nombre des parcours
de interprétation et de réflexion.
Le travail de chaque traducteur a été caractérisé par des choix et des méthodes de
traduction bien définies qui font référence à la langue cible : les traducteurs françaises ont
pu utiliser un français populaire africaine pour rendre aux lecteurs françaises au mieux la
variation continue typique de Sozaboy.
Le traducteur allemand a été fidèle dans son travail, grâce à l’utilisation des formes
« différentes » de l’allemand standard.
Le traducteur italien, en n’ayant aucun italien pidginisé à utiliser, a usé des formes d’italien
courant plus proches au parlé qu’à l’écrit.
Plusieurs choix, plusieurs orientations, plusieurs solutions pour le même travail.
Chaque texte est à soi : chaque texte a son traducteur, sa langue de départ et d’arrivée est
reste sujet à plusieurs ouvertures.
Les traducteurs de Sozaboy ont accompli des choix différents les uns des autres, mais tous
ont été capables d’actualiser le texte, de respecter les choix de l’auteur et au même temps
de rendre la principale caractéristique du roman, soit l’hétérolinguisme, dans leurs langues
cibles, en choisissant des orientations différents avec des résultats vraiment excellents.
En est témoin le succès littéraire obtenu par « Sozaboy » hors du Nigeria et hors de tous les
pays anglophones.
Le travail de traduction de Sozaboy il a été dur et long : Sozaboy a été traduit et édité en
français en 1998, treize-ans après la sortie du roman ; la version allemande est sortie en
1997, douze-ans en plus tard et enfin, la version italienne est sortie pour la première fois en
2005, bien vingt-ans après.
Ce roman nous offre la possibilité de comprendre comme la problématique de la traduction,
formulée en termes de rapport et non plus de transport, apparaît comme une mise en abyme
de l’hétérolinguisme ; mais nous offre aussi la possibilité de voir comme la traduction soit
métaphore de l’écriture postcoloniale, formulée en termes d’altérité, d’échange et de voyage
entre les langues.
Ici le traducteur a montré d’être un parfait narrateur de la traduction, de posséder sa propre
voix ; il a su se débrouiller entre les plusieurs orientations et théories de la traduction pour
créer un nouveau roman.
Encore une fois, les œuvres traduites se confirment comme vraies œuvres.
Les versions traduites de Sozaboy sont des chefs-œuvre, il n’y a aucune différence entre
elles, ils ne sont pas des « copies »d’un original, elles sont des vraies réécritures.
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