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Juger:

Quand? Pourquoi?

Comment?

DEREK PRINCE

1
ISBN 2-911537-50-5

Originally published in English under the title "Judging, When,


Why, How?".
French translation published by permission of Derek Prince
Ministries International USA, P.O. Box 19501, Charlotte, North
Carolina 28219-9501, USA.
Copyright by Derek Prince. All rights reserved.

Copyright French translation January 2002 by DPM


International. All rights reserved.

Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit ou


transmis sous une forme quelconque, que ce soit par des
moyens électroniques ou mécaniques, y compris la photocopie,
l'enregistrement ou tout stockage ou report de données sans la
permission écrite de l'éditeur.

Traduit par Olivier Lenormand

Sauf autre indication, les citations bibliques de cette publication


sont tirées de la traduction Louis Segond "Nouvelle Edition".

Publié par Derek Prince Ministries France, année 2002.


Dépôt légal: 1e trimestre 2002.
Dépôt légal 2e impression: 1er trimestre 2006.
Couverture faite par Damien Baslé, tél./fax 04 75 59 77 44.

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Le chemin dans le saint des saints
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Juger

Juger: Quand? Pourquoi? Comment?

Juger est l'un des sujets de la Bible les plus difficiles à


saisir, et il est également d'une très grande importance. Il s'agit
d'un thème à propos duquel il existe une immense ignorance
parmi les chrétiens, dans le sens large du terme, et par
conséquent en découle une désobéissance énorme. Cela nous
coûte très cher à tous. Des multitudes de chrétiens, en partie par
ignorance et en partie par désobéissance, agissent souvent
contrairement à l'Ecriture par la manière dont ils jugent ou ne
jugent pas.
Il existe apparemment un paradoxe dans les
déclarations de l'Ecriture, principalement dans le Nouveau
Testament, à propos de savoir si oui ou non nous devons juger.
Un certain nombre de passages indiquent que nous ne devons
pas juger, et à peu près autant déclarent que nous devons juger.
Lesquels devons-nous suivre? Nous allons observer quelques
passages de l'Ecriture, des deux côtés. Puis je proposerai un
principe par lequel nous pouvons comprendre, quelle que soit la
situation donnée, si nous devons juger ou non.

Versets contre le jugement

Prenons d'abord quelques versets opposés au jugement.


Dans son sermon sur le mont des Oliviers, Jésus déclare:

"Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on
vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera
avec la mesure dont vous mesurez. Pourquoi vois-tu la paille
qui est dans l'œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui
est dans ton œil? Ou comment peux-tu dire à ton frère: Laisse-
moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien?
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu

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verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère." (Matthieu
7:1-5)

Jésus indique ici catégoriquement: "Ne jugez pas. Si


vous le faites, le jugement dont vous vous servez reviendra vers
vous." Il en sera ainsi, je crois, de deux sources: humaine et
divine. A long terme, les gens vous jugent de la façon dont vous
les jugez. De plus, Dieu vous jugera de la manière dont vous
aurez jugé les gens.

Dans Romains 2:1-3, nous lisons:

"O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc


inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-
même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses. Nous
savons, en effet, que le jugement de Dieu contre ceux qui
commettent de telles choses est selon la vérité. Et penses-tu, ô
homme, qui juges ceux qui commettent de telles choses, et qui
les fais, que tu échapperas au jugement de Dieu?"

Romains 2 s'adresse essentiellement aux personnes


religieuses. Les juifs y sont l'exemple choisi, mais ce passage
s'applique de bien des manières à la plupart des gens religieux.
Avez-vous jamais remarqué que de telles personnes pensent
souvent que, parce qu'elles savent ce qui est juste et qu'elles
peuvent prouver aux autres qu'ils ont tort, cela prouve qu'elles-
mêmes sont justes? Mais, il n'en est pas ainsi! En fait, les
personnes qui jugent continuellement les autres sont la plupart
du temps incorrectes elles-mêmes.
Lisons Romains 14:1-4:

"Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez


pas sur les opinions. Tel croit pouvoir manger de tout; tel autre,
qui est faible, ne mange que des légumes. Que celui qui mange
ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne
mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l'a accueilli.
Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d'autrui? S'il se tient debout,

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ou s'il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout,
car le Seigneur a le pouvoir de l'affermir."
Un peu plus loin dans le même chapitre, lisons les
versets 10 à 13:

"Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère? Ou toi, pourquoi


méprises-tu ton frère? Nous comparaîtrons tous devant le
tribunal de Dieu. Car il est écrit: "Je suis vivant, dit le Seigneur,
tout genou fléchira devant moi, et toute langue donnera gloire à
Dieu." Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-
même. Ne nous jugeons donc plus les uns les autres; pensez
plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre
d'achoppement ou une occasion de chute."

Lisons encore 1 Corinthiens 4:1-4:

"Ainsi, qu'on nous regarde comme des serviteurs de


Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu. Du
reste, ce qu'on demande des dispensateurs, c'est que
chacun soit trouvé fidèle. Pour moi, il m'importe fort peu
d'être jugé par vous, ou par un tribunal humain. Je ne
me juge pas non plus moi-même, car je n'ai
connaissance de rien contre moi; mais ce n'est pas pour
cela que je suis justifié."

Voilà une déclaration remarquable! Paul dit: "Je ne suis


conscient de rien contre moi; je ne suis conscient de rien en
quoi j'ai mal agi." Mais cela ne l'a pas justifié. Cela ne l'a pas
déclaré juste!
Il poursuit:

"Celui qui me juge, c'est le Seigneur. C'est pourquoi ne jugez de


rien avant le temps, jusqu'à ce que vienne le Seigneur, qui
mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui
manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de
Dieu la louange qui lui sera due." (verset 5)

7
Lisons encore un dernier passage opposé au jugement,
dans Jacques 4:11-12:

"Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle
mal d'un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge
la loi. Or, si tu juges la loi, tu n'es pas observateur de la loi,
mais tu en es juge. Un seul est législateur et juge, c'est celui qui
peut sauver et perdre; mais toi, qui es-tu, qui juges ton
prochain?"

Jacques établit ici un point qui a échappé à beaucoup de


chrétiens: le fait de parler en mal d'un autre croyant juge ce
croyant. En tant que chrétiens, nous sommes spécifiquement
avertis de ne pas dire du mal les uns des autres; pourtant
beaucoup le font régulièrement! C'est contraire à l'Ecriture.

Versets préconisant le jugement

Lisons maintenant les passages de l'Ecriture indiquant


que nous devons juger. En premier lieu, Jésus a affirmé au
peuple de son époque en ce qui concernait sa revendication
d'être le Messie:

"Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice."


(Jean 7:24)

Dans le cas présent, Jésus leur disait de juger. Puis,


dans 1 Corinthiens 5:1-5, Paul indique:

"On entend dire généralement qu'il y a parmi vous de


l'impudicité, et une impudicité telle qu'elle ne se rencontre pas
même chez les païens; c'est au point que l'un de vous a la
femme de son père! Et vous êtes enflés d'orgueil! Et vous n'avez
pas été plutôt dans l'affliction, afin que celui qui a commis cet
acte fût ôté du milieu de vous! Pour moi, absent de corps, mais
présent d'esprit, j'ai déjà jugé, comme si j'étais présent, celui qui
a commis un tel acte. Au nom du Seigneur Jésus, vous et mon
esprit étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur

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Jésus, qu'un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de
la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus."

Remarquez que Paul dit qu'il "a déjà jugé", et il a exigé


des chrétiens de Corinthe d'approuver son jugement. En outre, il
s'agissait d'un jugement extrêmement grave, celui de livrer un
homme à Satan.
Poursuivons avec 1 Corinthiens 5:11-13:

"Maintenant, ce que je vous ai écrit, c'est de ne pas avoir de


relations avec quelqu'un qui, se nommant frère, est impudique,
ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur,
de ne pas même manger avec un tel homme. Qu'ai-je, en effet, à
juger ceux du dehors? N'est-ce pas ceux du dedans que vous
avez à juger? Pour ceux du dehors, Dieu les juge."

Quand Paul parle de "ceux du dehors", à qui se réfère-t-


il? Il se réfère aux incroyants. Qui décrit-il en écrivant "ceux du
dedans"? Il décrit les croyants. Dans ce cas, il dit donc que nous
ne sommes pas responsables du jugement des incroyants, mais
que nous sommes priés de juger nos frères croyants.
Lisons encore 1 Corinthiens 6:1-4, 6-7:

"Quelqu'un de vous, lorsqu'il a un différend avec un autre, ose-


t-il plaider devant les injustes, et non devant les saints? Ne
savez-vous pas que les saints jugeront le monde? Et si c'est par
vous que le monde est jugé, êtes-vous indignes de rendre les
moindres jugements? Ne savez-vous pas que nous jugerons les
anges? Et nous ne jugerions pas, à plus forte raison, les choses
de cette vie? Quand donc vous avez des différends pour les
choses de cette vie, ce sont des gens dont l'Eglise ne fait aucun
cas que vous prenez pour juges! [...] Mais un frère plaide contre
un frère, et cela devant des infidèles! C'est déjà certes un défaut
chez vous que d'avoir des procès les uns avec les autres.
Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque injustice?
Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller?"

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Paul établit ici deux points. D'abord un point négatif: il
est mauvais qu'un chrétien en amène un autre en justice devant
une cour non chrétienne. Puis un point positif: les chrétiens sont
cependant priés de juger les conflits internes entre leurs
camarades chrétiens.
Regardons enfin les paroles de Jésus que nous lisons
dans Matthieu 18:15-17:

"Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il
t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends
avec toi une ou deux personnes, afin que par la bouche de deux
ou trois témoins chaque parole puis être établie. S'il refuse de
les écouter, dis-le à l'église..."

Remarquez encore qu'il s'agit ici d'un conflit entre


croyants. S'ils ne parviennent pas à s'arranger entre eux, ils
devront finalement en appeler à l'église. Il ne s'agit pas d'une
option; c'est un commandement. Nous ne sommes pas libres de
laisser les conflits perdurer. S'il nous est possible de les
résoudre individuellement entre nous, c'est bien. Sinon, il nous
est donné l'ordre de les présenter devant l'église.
Le verset 17 va même plus loin:

"... et s'il refuse aussi d'écouter l'église, qu'il soit pour toi
comme un païen et un publicain."

Celui qui n'accepte pas la décision de l'église perd son


droit d'être traité comme croyant. Cette déclaration est
solennelle!

La résolution du paradoxe

Dans ces passages que nous venons de lire, nous nous


apercevons que l'Ecriture nous contraint à juger, alors que ceux
que nous avons lus plus haut nous avertissent de ne pas juger.
Quelle en est l'explication?
J'en suis venu à accepter un principe de fond qui résout
cet apparent paradoxe, principe que nous devons comprendre

10
afin de discerner, dans n'importe quelle situation donnée, si
nous avons ou pas à juger. Le principe, simplement énoncé, est
celui-ci: Juger est une part de la fonction de gouverner attribué
par Dieu lui-même.
Il est parfois difficile pour les chrétiens américains de
comprendre ce point, car leur Constitution, par sa conception,
sépare les deux fonctions juger et gouverner. Le département
exécutif dirige et le département judiciaire juge. Mais cela est
une séparation qui n'a aucun fondement dans l'Ecriture. Laissez-
moi m'empresser d'ajouter que je n'attaque pas cette
Constitution! Depuis 1970, date à laquelle je suis devenu
citoyen américain, ma sincère intention a été de la défendre. Si
nous étudions le jugement du point de vue de la Constitution
américaine, nous ne comprendrons pas le jugement du point de
vue de Dieu, car la Bible réunit toujours les deux
responsabilités: gouverner et juger. Cette relation provient de la
nature même de Dieu, qui la communique directement d'en haut
à l'espèce humaine.
Dans la société humaine, dans divers secteurs et à
divers niveaux, Dieu a nommé des hommes à des fonctions de
juges. Dans l'histoire d'Israël, juger et gouverner n'ont jamais
été séparés l'un de l'autre. Le livre des Juges est le premier
ouvrage décrivant les personnes qui ont régné sur l'héritage
d'Israël. Les juges étaient les dirigeants d'Israël. Ensuite, ce sont
ces dirigeants qui sont devenus ses juges. Pendant la période
des rois, il n'existait pas de Cour suprême devant laquelle il était
possible de faire appel du jugement du roi. Ce dernier était roi
et juge, et son jugement était définitif. Juger et gouverner dans
l'Ancien Testament n'ont donc jamais été séparés. En fait, l'un
des noms sacrés de Dieu, Elohim, était en réalité également
appliqué aux hommes qui occupaient la fonction de juge.
Pourquoi étaient-ils appelés "dieux"? Parce que leur charge en
tant que juge était de prendre la place de Dieu et de juger son
peuple. Leur autorité leur venait de Dieu, aussi longtemps qu'ils
administraient correctement sa loi.
Que l'Ecriture désigne les juges humains par Elohim, le
nom du seul vrai Dieu, donne une mesure de la sainteté et de
l'autorité immense que Dieu attache à la position de juge.

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Lisons quelques versets qui éclaircissent ce point.
Quand Dieu a annoncé à Abraham son intention de
juger Sodome, le patriarche l'a en réalité interpellé sur le fait
que cela puisse ne pas être un juste jugement. Il déclare, dans
Genèse 18:25:
"Faire mourir le juste avec le méchant, en sorte qu'il en soit du
juste comme du méchant, loin de toi cette manière d'agir! loin
de toi! Le juge de toute la terre n'exercera-t-il pas la justice?"

Qui est le juge de toute la terre? C'est Dieu. Il en est le


souverain et également le juge. Notez, entre parenthèses, un
principe important établi au tout début de la Bible – un principe
qui, je crois, est transmis dans toute l'Ecriture –, celui qu'il est
contraire à la justice de traiter le juste comme le méchant.
Notre culture occidentale contemporaine adopte
souvent une attitude négative envers le jugement. Elle
n'apprécie pas l'autorité et l'application de la loi. Elle suppose
que la fonction première du jugement est de punir le méchant.
Ce n'est pas le cas; c'est secondaire. La fonction première du
jugement est de protéger le juste.
Cela a été perdu de vue dans notre culture
contemporaine. Les instances responsables de l'administration
de la justice tendent plutôt à protéger les criminels et offrent
peu d'assistance aux victimes. C'est un exemple typique de
perversion de mode de pensée dans notre culture moderne!
Nous devons toujours considérer que la fonction première de la
justice est de protéger le juste.
Cela n'est jamais en accord avec la volonté de Dieu de
traiter le juste comme le méchant. A cet égard, laissez-moi faire
une observation, en aparté, qui se rapporte directement à la
façon dont nous traitons le sujet du divorce. Je crois qu'il est
contraire à l'Ecriture de traiter identiquement les innocents aux
coupables. C'est une négation du principe de fond de l'Ecriture.
Dans les paroles d'Abraham: "Qu'il en soit du juste
comme du méchant, loin de toi cette manière d'agir! loin de toi!
Le juge de toute la terre n'exercera-t-il pas la justice?", Dieu
répond, implicitement: "Effectivement, Abraham, je ne
m'écarterai jamais de ce principe." Nous voyons que Dieu le

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souverain est également le juge de toute la terre. Ce principe de
ne jamais séparer les fonctions de juger et de gouverner nous
aidera plus tard à comprendre quand nous avons ou pas à juger.
Dans le Psaume 82, Dieu réprimande les juges d'Israël:

"Dieu se tient dans l'assemblée du puissant; il juge parmi les


dieux." (verset 1)

Quelle formidable déclaration! Qui sont "les dieux"? Ce


sont les juges. Pourquoi Dieu les juge-t-il? Parce qu'ils ont été
d'injustes juges.

"Jusqu'à quand jugerez-vous avec iniquité, et montrerez-vous de


la partialité à l'égard des méchants? Rendez justice au faible et à
l'orphelin, faites droit au malheureux et au nécessiteux."
(versets 2 et 3)

Vous constatez que le premier devoir d'un juge est de


protéger le juste.

"Délivrez le pauvre et le nécessiteux; libérez-les de la main des


méchants. Ils ne savent pas, ni ne comprennent (en d'autres
termes, ces personnes ne veulent pas écouter!), ils marchent
dans les ténèbres; tous les fondements de la terre sont
instables." (versets 4 et 5)

C'est une autre déclaration remarquable! Selon moi, elle


indique que, lorsque le jugement n'est plus juste, la structure de
la société n'est plus correcte. L'ensemble de la société devient
instable. La stabilité nécessite des jugements justes.
Dans le verset 6, Dieu déclare:

"J'ai dit: Vous êtes des dieux..."

Pourquoi sont-ils appelés des dieux? Parce qu'en tant


que juges, ils représentaient Dieu devant son peuple.

13
"... et vous êtes tous les enfants du Très-Haut. Cependant vous
mourrez comme des hommes, et vous tomberez comme un
prince quelconque." (versets 6 et 7)

Pourquoi ce jugement vient-il sur eux? Parce qu'ils ont


abusé de leur position de juges et ont perverti la justice.
Dans le dernier verset, le psalmiste indique:

"Lève-toi, ô Dieu, juge la terre; car tu hériteras de toutes les


nations." (verset 8)

Ce que le psalmiste indique, en fait, est ceci: "Nous


n'avons pas obtenu justice des juges humains, alors, Dieu,
réaffirme ton droit de juger. Nous avons besoin d'une justice
juste."

La délégation de l'autorité de jugement

Maintenant, en examinant le Nouveau Testament, nous


trouvons une description plus détaillée du jugement.
Lisons d'abord 1 Pierre 1:17:

"Et si vous invoquez le Père, qui sans partialité juge chacun


selon ses œuvres, conduisez-vous avec crainte pendant le temps
de votre séjour ici-bas."

Pierre indique que celui que nous appelons Père juge


chacun selon ses œuvres. Le juge ultime est donc Dieu le Père.
Au niveau de l'œuvre divine, Dieu a cependant délégué
la fonction de juge à Jésus-Christ, comme l'explique lui-même
Jésus dans Jean 5:22:

"Car le Père ne juge personne, mais a remis tout jugement au


Fils."

Dans Matthieu 25:31, il nous est donné une image


éclatante de Jésus établissant son royaume sur terre au terme de
ce siècle:

14
"Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous
les anges, il s'assiéra sur son trône de gloire."

Jésus est ici dépeint prenant sa place de souverain sur


son trône. Quelle est la première chose qu'il fera en tant que
souverain? Il jugera. Nous le lisons au verset 32:

"Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les


uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec
les boucs."

Nous voyons ici que la première fonction publique de


Jésus en tant que souverain établi par Dieu, à l'issue de cet âge,
est de juger ceux sur qui il règne. Les fonctions de gouverner et
de juger sont réunies.
Mais l'Ecriture révèle qu'il y a un processus du haut
vers le bas dans la transmission de l'autorité de juge:

"Car le Père ne juge personne, mais a remis tout jugement au


Fils." (Jean 5:22)

Le Père est l'autorité ultime, le souverain ultime, le juge


ultime, et il a remis le pouvoir de juger à son Fils, Jésus-Christ.
Deux raisons en sont données. Premièrement "pour que tous
honorent le Fils comme ils honorent le Père" (verset 23). Dans
le but de s'assurer que l'espèce humaine rendra au Fils l'honneur
qui lui est dû, Dieu l'en a établi juge.
Dans un système légal correctement établi, dans
n'importe quelle cour de justice, il existe une personne qui est
honorée plus que les autres. De qui s'agit-il? Il s'agit du juge. Il
en est de même dans le système d'autorité que Dieu a établi.
Jésus, par sa fonction de juge, est honoré au-dessus de tous.
Deuxièmement, pour que Jésus soit établi juge, le Père
"lui a donné le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de
l'homme" (verset 27). Jésus est un juge qui peut comprendre
nos faiblesses et nos infirmités humaines; il les a éprouvées lui-
même.

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"Car nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse
compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme
nous en toutes choses, toutefois sans commettre de péché."
(Hébreux 4:15)

Quand nous sommes confrontés à quelque tentation que


nous considérons irrésistible, nous ne pouvons jamais dire à
Jésus: "Mais tu ne peux pas comprendre!" Il a éprouvé chacune
des tentations communes aux hommes, sans toutefois avoir
jamais été entraîné dans le péché.
La délégation d'autorité va encore plus loin. Exactement
comme Dieu le Père a délégué l'autorité de juge au Fils, ainsi le
Fils a délégué cette autorité à sa propre Parole. Dans Jean
12:48, Jésus déclare:

"Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge;
la parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier
jour."

Jésus nous le dit: "Je ne juge personne; c'est ma parole


qui jugera." Il y a ainsi une délégation finale d'autorité du
jugement à la parole de Dieu.

Juger sans autorité

Nous sommes presque tous, en certaines occasions,


fortement tentés de prononcer un jugement sur des personnes
qui font ostensiblement des choses qu'elles n'ont aucun droit de
faire. L'Ecriture fournit des exemples qui nous avertissent de ne
pas franchir les limites de notre autorité de jugement. Tout
d'abord, nous allons nous intéresser au cas de Lot et de la ville
de Sodome.
Vous vous souvenez de l'histoire. Lot était arrivé à
Sodome en tant que visiteur et s'était établi dans la ville, mais il
ne lui avait jamais été attribué de statut officiel. Les hommes de
Sodome, qui étaient très mauvais, avaient voulu avoir des
relations sexuelles avec les anges qui se trouvaient dans la

16
maison de Lot, et ce dernier les avait réprimandés. Ces hommes
qu'il avait tenté de retenir lui avaient répondu:

"Retire-toi! Ils dirent encore: Celui-ci est venu comme étranger,


et il veut faire le juge! Eh bien, nous te ferons pire qu'à eux."
(Genèse 19:9)
En réalité, voici ce qu'ils disaient à Lot: "Tu n'as aucune
autorité pour juger. Personne n'a fait de toi un juge dans cette
ville; tu n'es qu'un visiteur. N'essaie pas de nous dire quoi
faire!" D'un point de vue légal, ces hommes avaient raison, bien
que naturellement leur conduite ait été abominable. Par sa
propre sottise, Lot s'était placé dans une situation où il était le
témoin d'œuvres démoniaques qu'il n'avait aucune autorité pour
réfréner. Heureusement, les visiteurs angéliques sont intervenus
pour lui.
Prenons maintenant le cas de Moïse. A l'âge de
quarante ans, par sa propre autorité, il s'est décidé à délivrer
Israël de son esclavage en Egypte. Le premier jour, il a tué un
Egyptien qui maltraitait l'un de ses camarades israélites. Le jour
suivant, il a rencontré deux Israélites qui se battaient et a tenté
d'administrer le jugement entre eux deux. Mais ils ne l'ont pas
écouté. Moïse a demandé à l'homme qui brutalisait son
camarade israélite: "Pourquoi frappes-tu ton prochain?"

"Et cet homme répondit: "Qui t'a établi chef et juge sur nous?
Penses-tu me tuer, comme tu as tué l'Egyptien?" (Exode 2:14 )

Il avait un argument: Moïse n'avait reçu aucune


autorité, personne n'avait fait de lui un chef; il n'avait donc
aucunement le droit de juger. Moïse s'était retrouvé à devoir
s'enfuir dans le désert pour quarante années d'exil.
C'est pendant cette période d'exil, à quatre-vingts ans,
que Moïse a vécu une rencontre avec le Seigneur qui a
transformé sa vie. Quand il est revenu en Egypte en tant que
chef désigné par Dieu, il possédait l'autorité non seulement pour
juger le peuple d'Israël, mais également pour accomplir une
série de miracles inégalés par aucun autre humain.

17
Cela nous conduit au Nouveau Testament. Dans Luc
12:13-14, Jésus est confronté à un homme se plaignant d'avoir
été lésé de son héritage par son frère. En réponse, Jésus lui cite
les paroles de l'Israélite à Moïse, en les lui appliquant:
"Homme, qui m'a fait juge ou arbitre sur vous?"
En réalité Jésus lui disait: "Il y a ici une Cour qui traite
de ces cas. Il y a des anciens; il y a un sanhédrin. Je n'ai aucune
autorité; je ne peux pas vous juger." Voyez-vous la sagesse du
Seigneur? Bien que Jésus ait été le fils de Dieu et son
représentant, il n'avait pas d'autorité dans ce domaine, et ainsi il
n'a pas jugé. Combien d'entre nous auraient été aussi sages?

Juger et gouverner

Nous avons vu qu'il existe une relation logique et


inaltérable entre gouverner et juger. Elle se retrouve
principalement dans la nature éternelle de Dieu lui-même. Il est
le souverain suprême et le juge suprême.
Le même principe s'applique à tous les humains
détenant la responsabilité de gouverner. Dans chacun des
secteurs où ils se sont vus confier la responsabilité de
gouverner, il doit également leur avoir été remise la
responsabilité de juger.
Si vous confiez à votre fille aînée la responsabilité du
baby-sitting de vos enfants les plus jeunes, vous devez
également lui remettre l'autorité de juger, c'est-à-dire
d'appliquer les règles disant ce qui est autorisé ou non. Elle doit
déterminer, par exemple, les programmes télé qu'ils peuvent
regarder et ceux qui leur sont interdits. Autrement, son travail
devient impossible.
Ce sont deux choses qui doivent ne jamais être
séparées: responsabilité et autorité. Quand une personne se voit
confier la responsabilité de diriger, elle doit également recevoir
l'autorité de juger. La responsabilité sans autorité est inefficace.
L'autorité sans la responsabilité devient du despotisme.
Nous pouvons donc établir un principe simple, un
principe de fond: là où nous avons la responsabilité de diriger,
nous détenons également l'autorité de juger. Réciproquement, là

18
où nous n'avons pas la responsabilité de diriger, nous n'avons
pas l'autorité de juger.
Il nous faut cependant aller plus avant dans notre
analyse. En supposant que nous avons répondu de façon
satisfaisante à la question de savoir qui est autorisé à juger, il
nous en reste encore une essentielle: Qu'est-ce que cette
personne est-elle autorisée à juger? Détient-elle une autorité
illimitée pour juger n'importe quel problème ou bien son
autorité est-elle limitée à certains secteurs définis?
Pour revenir un instant à l'exemple de la fille aînée
gardant ses frères et sœurs plus jeunes, elle détient l'autorité
pour déterminer quels programmes télé ils peuvent regarder.
Possède-t-elle également l'autorité pour déterminer quels livres
ils peuvent lire, ou ne sont-ils peut-être autorisés à lire que des
ouvrages d'une bibliothèque soigneusement choisis par leurs
parents?
Laissez-moi illustrer cela par une expérience
personnelle. Il y a quelques années, en Floride, un avocat juif,
qui passait près du court de tennis où j'avais l'habitude de jouer,
m'a invité à disputer une partie avec lui. Par la suite, nous avons
pris l'habitude de jouer ensemble. Plus tard il a été nommé au
tribunal de la région, et je me suis donc retrouvé à jouer au
tennis avec un juge! Il m'a expliqué les responsabilités qu'il
avait dans sa nouvelle fonction: "La peine maximale que je suis
autorisé à administrer est d'un an de prison, m'a-t-il dit. C'est la
limite de mon autorité. Croyez-le ou non, je trouve tellement
épuisant d'essayer de faire mon travail correctement, que je me
couche chaque soir à vingt heures!"
Sa nouvelle situation était un bon exemple d'autorité
limitée pour juger. Quel était son secteur d'autorité? C'était
seulement un comté, celui de Broward. Il n'avait aucune autorité
dans ceux de Dade ou de Palm Beach. Quel genre de personnes
était-il autorisé à juger? Seulement celles ayant commis des
délits pour lesquels la peine maximum était d'un an de prison.
Les autres criminels se retrouvaient en dehors de sa juridiction.
Qu'était-il autorisé à juger? Ce qui était contraire aux
lois de Floride ou aux statuts et ordonnances du comté de
Broward. Si, par exemple, un homme conduisait à soixante

19
kilomètres par heure dans une zone limitée à cinquante, mon
ami tennisman était autorisé à le juger pour cet acte. Si ce même
homme conduisait à cinquante kilomètres par heure avec la
capote de sa voiture baissée, mon ami ne pouvait pas le juger
pour cela, puisqu'il ne s'agissait pas d'une infraction. Son
autorité de juge était limitée à un certain secteur et à certains
types de personnes faisant certaines catégories de choses.
Cela est typique de tout jugement et, pour parler
franchement, le principe s'applique à nous tous. Il y a un
secteur, des gens et des actes que nous devons juger. En dehors
de cela, avec d'autres personnes, et pour des actes différents,
nous n'avons aucune autorité pour juger.
Notre étude du jugement serait incomplète si nous ne
répondions pas à chacune de ces trois questions: Dans quels
secteurs sommes-nous autorisés à juger? Qui sommes-nous
autorisés à juger? Quelles sont les fautes que nous sommes
autorisés à juger? Nous pouvons avoir l'autorité pour juger
certaines personnes, mais pas au sujet de certaines choses. Si
nous jugeons ces gens pour des affaires que nous ne sommes
pas autorisées à juger, nous outrepassons notre autorité.
Nous allons discuter des réponses à chacune de ces trois
questions. Signalons d'abord qu'il y a plusieurs choses que nous
ne sommes jamais autorisés à juger.

Ce dont nous ne sommes pas responsables de juger

Il ne nous est pas permis de juger le caractère de qui


que ce soit, y compris de nous-mêmes. Cela a été un grand
soulagement pour moi quand j'ai découvert que je n'étais pas
responsable des jugements de cette nature, parce que,
franchement, comme la plupart des personnes religieuses, j'en
avais fait beaucoup. C'était pour moi une responsabilité qui était
devenue lourde, et il m'était de plus en plus difficile d'être sûr
d'avoir raison. Puis, un jour, j'ai découvert qu'il ne me revenait
pas du tout de le faire!
Lisons 1 Corinthiens 4 pour avoir un exemple de ce
principe. Les deux premiers versets servent d'introduction:

20
"Ainsi, qu'on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et
des administrateurs des mystères de Dieu. Du reste, ce qu'on
demande des administrateurs, c'est que chacun soit trouvé
fidèle."

Le mot "administrateur" nous conduit à la pensée de


jugement, puisqu'un administrateur doit rendre des comptes à
celui qu'il sert de la manière dont il gère son intendance. Il sera
jugé selon qu'il ait été fidèle ou non. Paul déclare ici: "Mes
camarades serviteurs et moi serons jugés selon que nous avons
été des administrateurs fidèles des mystères de Dieu." Puis il
continue:

"Pour moi, il m'importe fort peu d'être jugé par vous, ou par un
tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même..."
(verset 3)

Dans le domaine dont Paul parle, il déclare: "Vous ne


me jugez pas, je ne vous juge pas, je ne me juge même pas moi-
même. Il s'agit d'un domaine dont le jugement ne nous
appartient pas du tout."
Il ne nous est pas demandé de juger ou de faire une
évaluation arrêtée de la valeur absolue de qui ce soit, y compris
de nous-mêmes.

"... car je ne suis conscient de rien contre moi; pourtant


cela ne m'a pas justifié. Celui qui me juge, c'est le
Seigneur." (verset 4)

Voici une meilleure traduction: "Je ne suis conscient de


rien contre moi; je n'ai connaissance de rien de mal que j'aie pu
faire. Mais cela ne me justifie pas, parce que je ne suis pas le
juge; Dieu est le juge. Il connaît des choses à mon sujet que
j'ignore."
Voilà un domaine dans lequel seul le Seigneur est juge.
Laissez-moi vous répéter ce principe: Nous ne sommes jamais
responsables de faire l'évaluation finale du caractère de qui que
ce soit, y compris de nous-mêmes. L'évaluation finale, le grand

21
résumé de notre vie entière, ne sera faite par aucun autre que le
Seigneur lui-même.

"C'est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu'à ce que


vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans
les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs." (verset
5)

Nous sommes spécifiquement avertis de ne pas juger


certaines choses "avant le temps". De quand s'agit-il? Il s'agit du
moment où le Seigneur exercera son jugement. Ce dernier
n'aura lieu que lorsque le Seigneur viendra. Pourquoi le
Seigneur est-il le seul qui puisse juger dans ce domaine du
comportement et du caractère humains? Parce que personne
d'autre ne connaît tous les secrets des cœurs et des motivations
humaines. C'est pourquoi nous ne sommes jamais responsables
de l'évaluation finale du caractère de quiconque, y compris de
nous-mêmes, car Dieu "mettra en lumière ce qui est caché dans
les ténèbres, et manifestera les desseins des cœurs".
Dès lors qu'il s'agit de juger la personnalité intérieure
d'une personne, le seul à connaître toute la vérité est Dieu. Sans
connaître toute la vérité, nous ne pouvons pas juger avec
exactitude ou honnêteté. Nous ne sommes pas qualifiés pour
juger les autres, nous ne le sommes même pas pour nous juger
nous-mêmes. Seul le Seigneur connaît nos motivations. Il
connaît notre niveau d'honnêteté, il sait quand nous avons été
hypocrites ou peu sincères; il sait tout. Lui seul est qualifié pour
juger.
Pour conclure, Paul déclare, au verset 5:

"Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due."

L'ultime dessein de Dieu n'est pas de nous condamner,


mais de nous féliciter et de nous récompenser pour tout le bien
que nous aurons fait. Attendons patiemment ce moment
merveilleux!

22
Le trône du jugement de Christ

Allons un peu plus loin dans l'étude du type de


jugement que personne ne peut partager avec Dieu, le jugement
qui lui appartient exclusivement.
Paul parle du "jour où, selon mon Evangile, Dieu jugera
par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes" (Romains
2:16). A qui se réfère-t-il? Il se réfère à tous les croyants. Ce
n'est pas un jugement concernant les incroyants, ni un jugement
de condamnation, puisqu'"il n'y a donc maintenant aucune
condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ" (Romains
8:1). C'est plutôt un jugement pour les croyants, afin d'évaluer
leur service. C'est à ce jugement que Pierre se réfère dans 1
Pierre 4:17:

"Car c'est le moment où le jugement va commencer par la


maison de Dieu. Or, si c'est par nous qu'il commence, quelle
sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de Dieu?"

L'expression "la maison de Dieu" décrit les chrétiens


authentiques qui sont le temple de Dieu. S'exprimant en tant que
chrétien, Pierre se réfère également à eux en disant "nous".
Avant que les incroyants soient jugés, les croyants seront
conduits devant le trône de jugement de Christ.
Paul rappelle également ce jugement des croyants dans
2 Corinthiens 5:10:

"Car il nous faut tous paraître devant le trône de jugement de


Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura
fait, étant dans son corps."

"Nous tous" se réfère aux croyants en Christ. Plus


littéralement, cela pourrait être traduit par "nous devrons tous
être rendus manifestes". Tout sera exposé dans
l'impressionnante lumière du visage de Dieu. Il n'y aura aucun
secret, aucun alibi et aucune excuse.
Rien d'étonnant à ce que Paul continue ainsi:
"Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous persuadons les

23
hommes; mais nous sommes bien connus par Dieu",
littéralement: "Nous sommes rendus manifestes à Dieu." En
répétant le mot grec signifiant "rendre manifeste", Paul souligne
que tout sera exposé à la lumière. Il n'y aura rien qui ne sera
exposé.
De plus, toutes nos actions se classent dans l'une ou
l'autre de ces deux catégories que sont le bien et le mal. Il
n'existe rien de neutre. Tout ce qui n'est pas bon est mauvais.
Dans 1 Jean 5:17, nous sommes confrontés à la même
alternative, celle que tout ce qui n'est pas juste est péché. Tout
ce qui n'est pas foncièrement juste est en fait un péché.
Dans Romains 14:12, Paul applique ce principe d'une
manière directe et personnelle à chaque chrétien: "Ainsi chacun
de nous rendra compte à Dieu pour lui-même."
Dès lors que nous aurons saisi la certitude et la
solennité d'apparaître devant le trône de jugement de Christ,
nous serons tellement occupés à nous préparer et à rester en
éveil que nous n'aurons plus que peu de temps pour établir un
jugement final sur les autres. Nous serons particulièrement
prudents de l'effet que nos vies pourront produire sur les autres.
Paul souligne cela dans Romains 14:13:

"Ne nous jugeons donc plus les uns les autres; mais pensez
plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre
d'achoppement ou une occasion de chute."

C'est important. Un comportement amenant à faire


chuter ou à détourner un frère est une chose pour laquelle nous
serons jugés. Vous rappelez-vous de ce qu'a déclaré Jésus au
sujet de quiconque offensera l'un des petits qui croient en lui?
Nous le lisons dans Matthieu 18:6:

"Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en


moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une
meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer."

Le jugement concernant cette personne est terrible à


voir! Le Nouveau Testament nous avertit qu'en tant que

24
chrétiens, nous aurons tous à nous tenir devant le trône de
jugement de Christ. Certains prédicateurs contemporains ne
parlent que rarement de ce jugement. Pour ma part, à chaque
fois que j'étudie ce thème afin de prêcher à son sujet, il a un
impact personnel puissant sur ma façon de vivre.
Une chose que l'homme moderne déteste qu'on lui dise
est qu'il doive rendre des comptes. Notre culture et notre
philosophie contemporaines sont souvent des moyens non
avoués de rejeter nos responsabilités! Une raison principale
pour laquelle les gens veulent croire à la théorie de l'évolution
est qu'elle ne nous confronte pas avec un créateur personnel à
qui nous devons tous rendre compte des vies que nous avons
menées.
Cependant, malgré toutes nos théories et tous nos
arguments, nous nous retrouvons face à face avec un fait
incontournable, celui qu'il existe un créateur qui est également
un juge et à qui nous rendrons des comptes.
Ce ne sont pas simplement nos actions qui seront
jugées, mais également nos motivations. Il n'y a qu'une
motivation qui soit légitime, quoique nous puissions faire; nous
la lisons dans 1 Corinthiens 10:31:

"Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que
vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de
Dieu."

S'il y a quelque chose que nous ne pouvons pas faire


pour la gloire de Dieu, probablement ne devrions-nous pas la
faire du tout.
A ce propos, Paul décrit les actes simples et familiers de
manger et de boire. Franchement, je dois dire que je pense que
certains changeraient leur façon de se nourrir si leur but était de
manger à la gloire de Dieu. Pourtant, la Bible indique que c'est
ce que Dieu requiert. Réalisons-nous que nous devrons rendre
compte de la façon dont nous mangeons?
Dans Hébreux 6:1-2, l'auteur énumère les six doctrines
de fond de l'Eglise chrétienne. La sixième et ultime doctrine est
le jugement éternel. C'est l'apogée de chaque vie humaine, la

25
"sortie" par laquelle nous passerons tous hors du temps dans
l'éternité. Dans beaucoup d'endroits aujourd'hui, il est très peu
enseigné sur le fait que nous devrons tous répondre
personnellement devant Dieu des vies que nous aurons menées.
Pourtant, pendant de nombreuses années, j'ai moi-même vécu
ma vie avec cette conscience que je devrai répondre devant
Dieu de ce que je dis et fais, et cela a eu un impact puissant sur
ma façon de vivre. Je crois que le jugement éternel est l'une des
doctrines de fond; c'est tellement déterminant de notre façon de
vivre. Et ce jugement n'appartient qu'à Dieu.

Dans quels domaines sommes-nous responsables de juger?

Nous venons de passer en revue certains domaines où


l'autorité de juger n'appartient qu'à Dieu. Maintenant voyons-en
certains où Dieu nous tient pour responsables du jugement. Le
premier est le fait que nous sommes responsables de juger notre
conduite et nos relations personnelles. Nous avons déjà vu que
nous n'avons pas à faire une évaluation finale de nous-mêmes
ou des autres. Le jugement qu'il nous est demandé de faire n'est
donc pas une évaluation absolue de la valeur de quiconque,
mais il s'agit essentiellement d'un jugement du comportement.
Nous devons juger de ce point non par nos sentiments, les avis
de la société ou par notre propre évaluation de nous-mêmes,
mais nous sommes responsables de juger notre conduite et nos
relations à la clarté des enseignements et des normes révélés par
la parole de Dieu.
Nous avons vu précédemment que, de la même façon
que Dieu le Père a délégué au Fils l'autorité de juger, ainsi le
Fils a à son tour délégué cette autorité à sa propre Parole. Par
rapport à quelle norme sommes-nous donc à même de nous
juger? Par celle-là même dont Dieu se sert, c'est-à-dire sa
propre parole.
Dans 1 Corinthiens 11:28-31, Paul donne des
instructions au sujet de la célébration du repas du Seigneur:

"Que chacun donc s'examine soi-même, et qu'ainsi il mange du


pain et boive de la coupe."

26
(verset 28)

Nous sommes avertis que, avant que nous partagions la


sainte Cène, nous avons à nous examiner. Par quelle norme? Par
la parole de Dieu. Cela est devenu un principe pour moi; je ne
prends jamais la communion sans m'être d'abord examiné. Agir
autrement serait dangereux.

"Car celui qui mange et boit de façon indigne mange et boit un


jugement contre lui-même. C'est pour cela qu'il y a parmi vous
beaucoup d'infirmes et de malades, et qu'un grand nombre sont
endormis (ce qui signifie qu'ils sont morts prématurément)."
(versets 29 et 30)

Voici un fait sérieux! Si nous ne nous examinons pas


avant de participer à la sainte Cène, nous sommes exposés à
faire venir sur nous-mêmes la maladie et même la mort
prématurée.

"Car si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas


jugés." (verset 31)

Si nous nous jugeons nous-mêmes, nous ne serons pas


jugés par Dieu. Si nous ne nous jugeons pas, et qu'alors nous
prenons la sainte Cène indignement, Paul le déclare, Dieu nous
jugera. Le choix nous appartient; si nous nous jugeons, nous
anticipons le jugement de Dieu. Il ne nous jugera pas dans les
secteurs où nous nous sommes correctement jugés.
Il existe ainsi une triple alternative que voici par ordre
décroissant de choix:

1. Se juger et ne pas relever du jugement de Dieu.


2. Ne pas se juger et s'exposer au jugement de Dieu, et que cela
nous conduise à la repentance.
3. S'exposer au jugement de Dieu, ne pas se repentir et être
jugé avec les incroyants.

27
Chacun de nous expérimentera le jugement sous l'une
des trois formes exposées ci-dessus.
Paul fait mention de deux manières dont Dieu a jugé les
chrétiens de Corinthe, puisqu'ils ne s'étaient pas jugés eux-
mêmes. Certains étaient malades et d'autres étaient morts avant
leur temps. Nous devons considérer que la maladie et les décès
prématurés de ces croyants étaient un jugement de Dieu dû au
fait qu'ils ne s'étaient pas jugés. Il apparaît évident que prier
pour la guérison ou la santé aurait été dans ces conditions-là
inefficace.
Nous sommes donc responsables de juger notre propre
conduite et nos relations. Si nous nous jugeons par rapport à la
parole de Dieu, que nous adaptons nos vies par rapport à elle,
alors Dieu n'a aucun motif pour nous juger.
Voici quelques questions que je me pose
personnellement avant de prendre la sainte Cène: Suis-je en
paix avec mes frères et sœurs? Ai-je de l'amertume ou du
ressentiment dans mon cœur? Ai-je mal parlé d'un camarade
croyant? Ai-je dit des choses à son sujet qui étaient fausses ou
déplaisantes?
Ce sont certaines des manières selon lesquelles, je le
crois, nous avons tous à nous juger.
Si nous considérions sérieusement notre responsabilité
de nous juger, nous aurions moins de temps pour juger les
autres, que nous ne sommes pas censés juger!

Juger les autres

Supposons que nous ayons accepté notre responsabilité


de nous juger. Qui d'autre sommes-nous responsables de juger?
Revenons à notre principe de fond; diriger et juger vont de pair.
Nous sommes responsables de juger ceux que nous sommes
responsables de diriger.
Par exemple, un mari et un père est responsable de
juger sa famille. En cela, il se devrait de compter sur les
conseils et sur l'appui de son épouse, en sa qualité d'assistante
donnée par Dieu. Néanmoins, la responsabilité première revient
à l'homme.

28
Le passage de 1 Timothée 3:4-5 a pour sujet les
qualifications exigées des anciens, ceux qui doivent diriger
l'église. Il énumère, entre autres choses, le fait qu'il faut qu'il
dirige bien sa propre maison, et qu'il tienne ses enfants dans la
soumission et dans une parfaite dignité; car, si quelqu'un ne sait
pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de
l'Eglise de Dieu?
La famille d'un homme est le terrain de démonstration
de son ministère public. S'il peut diriger efficacement sa
maison, il devient candidat à la promotion de dirigeant public.
S'il ne peut diriger efficacement sa maison, il n'est pas qualifié
pour être un dirigeant public. Il existe un rapport direct entre la
position d'un homme dans sa famille et celle d'un ancien ou d'un
dirigeant dans l'église. Chacun dirige dans son secteur
particulier, et chacun est donc contraint de juger.
Quel comportement un père ou un mari est-il
responsable de juger? Permettez-moi de dire de nouveau
qu'aucun de nous n'est responsable de l'évaluation finale de la
valeur de quiconque. Un mari n'est pas responsable de
l'évaluation finale de la valeur éternelle de son épouse, ni un
père de celle de ses enfants.
Qu'est-il alors demandé à un mari ou à un père de
juger? Il doit juger les comportements qui affectent le bien-être
de ceux dont il est responsable.
Si je vois mes enfants consommer continuellement des
boissons sucrées, de la glace et des sucreries, je dois les avertir
qu'ils risquent de ruiner leurs dents et leur santé. Pour m'assurer
qu'ils grandiront sainement, je dois pouvoir établir les règles qui
limiteront leur comportement. Si je vois que mon enfant lit un
certain type de livre – peut-être des histoires de fantômes –, et
qu'il est déjà nerveux et ne dort pas bien la nuit, ce genre de
lecture est absolument la dernière chose qui convienne à cet
enfant en particulier! J'ai une obligation de dire: "Je ne veux
plus voir ces livres dans ta chambre, et je veux être au courant
de ce que tu lis."
Je suis également dans l'obligation de juger les
comportements qui affectent l'honneur et l'ordre de notre
maison. Je serai tenu pour responsable par Dieu et

29
probablement également par mes voisins. Si mes enfants sont
grossiers et indisciplinés, cela rejaillira sur moi en tant que père.
Cela montrera que je n'accomplis pas ma fonction. Il existe un
dicton qui affirme: "La pomme ne tombe pas loin de l'arbre."
C'est une manière polie d'observer que les enfants deviennent
habituellement ce à quoi les parents ressemblent.
Un mot dont l'usage est pratiquement abandonné
aujourd'hui est "honneur". Pourtant un père se devrait d'être
préoccupé par l'honneur de sa famille et de sa maison. Les
enfants d'un ami à moi, un prédicateur bien connu, ne se
comportaient pas correctement. Il leur a alors déclaré: "Je veux
que vous sachiez que le nom que vous portez est un nom très
honorable, et que vous êtes responsables de ce que les gens en
pensent." Cela a fait changer ses enfants du tout au tout!

Dans l'église

Le domaine de jugement suivant est celui dont le


Nouveau Testament traite principalement: l'église, l'assemblée
des croyants. Gardez en mémoire que nous attendons des
dirigeants qu'ils jugent ceux qu'ils dirigent. Le passage de
l'épître aux Hébreux 13:7 et 17 s'adressait à des membres
d'église, et indiquait ce qu'il est attendu de leurs dirigeants:

"Souvenez-vous de ceux qui règnent sur vous (ou de ceux qui


vous dirigent), qui vous ont annoncé la parole de Dieu, dont
voici la foi, au vu des résultats de leur conduite (c'est-à-dire, des
résultats que vous voyez dans leurs vies) [...] Obéissez à ceux
qui règnent sur vous, et soyez dociles, car ils veillent sur vos
âmes..."

Il est clair que nous attendons du dirigeant d'église qu'il


exerce l'autorité et maintienne la discipline. En fait, là où il n'y a
aucune autorité qui assume ces fonctions, il n'est pas correct,
dans un sens scripturaire, de parler d'une église. Dans Actes
14:21-23, des groupes de disciples sont devenus des églises
quand, et seulement quand, des anciens ont été nommés. Avant
que les anciens le soient, ils étaient simplement des disciples. Il

30
a fallu des dirigeants pour qu'ils deviennent une église. Là où il
n'y a aucune autorité efficace, et même si vous avez la
possibilité d'avoir une réunion, le Nouveau Testament ne
reconnaît pas cela comme étant une église.
Le mot grec pour "église" est "ecclesia". La
signification normale de ce terme, dans la littérature séculière
contemporaine, était une "assemblée gouvernementale". Dans
Actes 19, par exemple, la ville d'Ephèse était régie par son
"ecclesia", son assemblée. Cette expression est traduite trois
fois dans Actes 19 par "assemblée". En d'autres termes,
l'essence même de l'église, l'"ecclesia", est gouvernementale.
Sans gouvernement, rien ne justifie l'utilisation du mot "église".
Si nous nous tournons vers l'Histoire, jusqu'à la période
de la Réforme, nous apercevons une division du christianisme
dans notre monde occidental. Un courant est resté catholique,
l'autre est devenu protestant. Depuis, les catholiques et les
protestants se sont continuellement occupés à se pointer leurs
erreurs les uns aux autres. L'un de mes amis, catholique, m'a
une fois demandé: "Ne serait-ce pas mieux si nous changions,
chacun se concentrant sur les points positifs de l'autre et se
chargeant de ses propres erreurs?"
Que nous soyons d'essence catholique ou protestante,
nous avons souvent certaines idées préconçues que nous
n'avons jamais examinées à fond. Une erreur commune aux
protestants, je l'observe, est que tout le monde pense qu'il a le
droit de juger chaque situation.
Corrie ten Boom, de Hollande, l'un des pays les plus
amèrement déchirés par les conflits entre catholiques et
protestants, m'a dit un jour: "Chaque Néerlandais est son propre
théologien." C'est peut-être particulièrement caractéristique des
Hollandais, mais cela décrit un trait commun au protestantisme
dans son ensemble. Sans protection appropriée, cela peut mener
à l'instabilité et à la fragmentation.
Finalement, bien que l'église soit sous le
commandement d'une autorité, la responsabilité finale du
jugement ne dépend pas simplement des dirigeants. Dans la
plupart des secteurs où le Nouveau Testament nous désigne
comme étant des chrétiens responsables de juger, il s'adresse à

31
nous au pluriel, pas au singulier. En d'autres termes, nous
sommes responsables de juger collectivement, pas
individuellement.
Voyons quelques versets de l'Ecriture qui nous
indiquent ce que nous sommes responsables de juger. Dans tous
les cas, aussi loin que j'aie pu le déterminer, c'est le corps
collectif des croyants qui est responsable d'effectuer le
jugement.

Les normes morales

Dans 1 Corinthiens 5, Paul parle des normes morales


qu'une congrégation est tenue de maintenir:

"On entend dire généralement qu'il y a parmi vous de


l'impudicité, et une impudicité telle qu'elle ne se rencontre pas
même chez les païens; c'est au point que l'un de vous a la
femme de son père. Et vous êtes enflés d'orgueil! Et vous n'avez
pas été plutôt dans l'affliction, afin que celui qui a commis cet
acte fût ôté du milieu de vous! Pour moi, absent de corps, mais
présent d'esprit, j'ai déjà jugé, comme si j'étais présent, celui qui
a commis un tel acte." (versets 1 à 3)

Les Corinthiens étaient enflés d'orgueil par leurs dons


spirituels, mais n'avaient pas traité le péché. Malheureusement,
c'est souvent vrai des églises qui accordent une importance
excessive aux dons spirituels, sans s'équilibrer par la discipline
de l'Ecriture. Paul a clairement déclaré aux Corinthiens qu'un
homme coupable d'une telle conduite n'avait aucune place dans
l'Eglise. Bien que Paul ait donné son jugement d'apôtre,
l'approbation de l'église dans son ensemble était nécessaire.
C'est pourquoi il leur écrivait, en les poussant:

"Au nom du Seigneur Jésus, quand vous êtes assemblés, en


communion avec mon esprit, par la puissance (l'autorité) de
notre Seigneur Jésus, qu'un tel homme soit livré à Satan pour la

32
destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du
Seigneur Jésus." (versets 4 et 5)

Il s'agissait d'un jugement effrayant! Et remarquez ces


mots, "quand vous êtes assemblés", se rapportant à l'action
collective du corps entier. Paul disait en fait qu'il ne pouvait pas
être là en personne, mais qu'il venait par sa lettre et qu'il
prierait. "Quand vous agirez, dit-il, mon esprit agira avec vous."
Que signifie "livrer une personne à Satan"? J'admets
qu'il y a certains domaines pour lesquels je n'ai pas une pleine
compréhension. Mais Satan est "le dieu de cet âge" (2
Corinthiens 4:4). Quand une personne est exclue du corps des
croyants, elle est rejetée dans le monde. Quel destin terrible!
Cela ne veut pas nécessairement dire que nous affirmons:
"Satan, nous te remettons cette personne." Néanmoins, être
exclu de la communion fraternelle du peuple de Dieu est, dans
un certain sens, être remis à Satan.
L'homme dont il s'agissait dans ce cas-là était coupable
à la fois d'adultère et d'inceste. Plus loin dans le même chapitre,
Paul continue la liste des péchés qui doivent être traités:

"Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir des relations


avec les sexuellement immoraux; non pas d'une manière
absolue avec les sexuellement immoraux de ce monde, ou avec
les cupides et les ravisseurs, ou avec les idolâtres; autrement, il
vous faudrait sortir du monde. Maintenant, ce que je vous ai
écrit, c'est de ne pas avoir des relations avec quelqu'un qui, se
nommant frère, est sexuellement immoral, ou cupide, ou
idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas
même manger avec un tel homme." (versets 9 à 11)

Ecrivant au premier siècle de notre ère, Paul était


réaliste au sujet de l'état du monde autour de lui. Pour un
chrétien, pour se séparer complètement des types de personnes
que Paul décrit – sexuellement immoraux, cupides, idolâtres,
outrageux (personnes abusives), ivrogne, ravisseur (escroc) –,
ce chrétien aurait à couper tout contact avec le monde.

33
Une vue réaliste du monde qui nous entoure, alors que
s'ouvre le XXIe siècle, nous amènerait à la même conclusion.
Nous sommes entourés de gens qui sont des pécheurs en
pensée, en paroles et en actes. Le monde n'a pas changé et il ne
changera jamais. Seule la grâce de Dieu en Christ peut produire
le radical changement nécessaire.
De nous, chrétiens, il n'est cependant pas exigé de
porter la responsabilité des gens du monde qui nous entoure.
Par conséquent, nous ne sommes pas tenus de juger leur
conduite.
Quand les personnes en question se disent être
chrétiennes, la situation est différente. Si je suis connu comme
étant chrétien et que je maintiens une relation étroite avec une
telle personne, l'incroyant qui nous connaît tous les deux
conclura que j'accepte cette personne en tant que camarade
chrétien. Je lui donnerai une image fausse de ce que signifie être
un chrétien. Je compromettrai mon propre témoignage.
Pour cette raison, Paul déclare, dans Ephésiens 5:8-11:

"Vivez comme des enfants de lumière! [...] Et découvrez ce qui


est agréable au Seigneur [...] et n'ayez aucune part aux œuvres
infructueuses des ténèbres, mais plutôt exposez-les." (traduction
NIV)

Si je dois être ouvert et honnête, je dois dire à une telle


personne: "Aussi longtemps que tu continueras à vivre de cette
manière, je n'aurai pas de relation avec toi. Parce que si je le
faisais, le monde penserait que je t'accepte en tant que camarade
chrétien, et je tromperais le monde quant à ce qu'un chrétien est
véritablement. Jusqu'à ce que tu changes ton style de vie, je ne
peux pas poursuivre de relation avec toi."
Paul complète cela en disant:

"Qu'ai-je, en effet, à juger ceux du dehors? N'est-ce pas ceux du


dedans que vous avez à juger? Pour ceux du dehors, Dieu les
juge." (1 Corinthiens 5:12-13a)

34
Qui décrit Paul par "ceux du dedans"? Il décrit nos
camarades croyants. De plus, vous n'avez pas à juger "ceux du
dehors", c'est-à-dire les incroyants.
Tout au long de ce passage, le pronom "vous" est
employé au pluriel. Il est de la responsabilité corporative de
l'église dans son ensemble de juger de tels sujets. En
conclusion, Paul exige une action disciplinaire forte de l'église
dans son ensemble.

"Otez par conséquent le méchant du milieu de vous." (verset


13b)

La situation dont Paul traitait était un cas peu commun


d'immoralité qui ne se produit pas dans toutes les églises tous
les jours. J'ai cependant fréquemment rencontré, au cours de
mes visites dans diverses églises, des cas d'inceste entre père et
fille et des cas de pratiques homosexuelles parmi ses membres.
Ces comportements ne sont pas réservés à d'autres âges. En fait,
nous sommes exposés à y être de plus en plus confrontés,
puisque la moralité de notre propre société se détériore.
Quelqu'un a dit un jour: "Un bateau sur la mer, c'est très
bien; mais la mer dans le bateau, c'est très mauvais." L'Eglise
dans le monde, c'est très bien; le monde dans l'Eglise, c'est très
mauvais. L'un des objectifs principaux de la discipline est de
garder le monde hors de l'Eglise. Mais il s'agit d'une bataille
continuelle!

Conflits entre croyants

Quoi d'autre, en plus des comportements moraux et


éthiques, sommes-nous responsables de juger? Nous sommes
également responsables de juger les conflits entre les croyants.
Les Ecritures sont claires à ce sujet. Pour commencer, tournons-
nous vers les paroles de Jésus dans Matthieu 18:15:

"Si ton frère pèche contre toi..."

35
Le fait d'emprunter deux mille dollars, en promettant de
les rendre dans les trente jours, et de les garder six mois est-il
un péché? Je dirais que oui. Les chrétiens ne se font-ils jamais
de telles choses les uns aux autres? Ils le font certainement!
Ainsi, si cela vous arrive, que devez-vous à faire à ce sujet?
Prendre un avocat? Non!

"... va et dis-lui sa faute entre vous seuls. S'il t'écoute, tu as


gagné ton frère."

La première étape doit être d'aller trouver la personne


en privé. N'allez voir personne d'autre!
De mes propres expériences, dans les conflits entre
camarades chrétiens, au moins cinquante pour cent d'entre nous
commence de la mauvaise manière; nous allons trouver
quelqu'un d'autre que le frère qui nous a offensé. Quand nous
agissons ainsi, le problème nous échappe.
Ma première épouse, Lydia, était une personne franche.
Quand elle était missionnaire en Israël, il y a de nombreuses
années, avant que nous soyons mariés, un certain pasteur la
critiquait beaucoup auprès d'autres chrétiens, car elle était
pentecôtiste. Par la suite, le Seigneur l'a condamné, et il s'est
rendu chez elle pour lui demander de lui pardonner. Sa réponse
a été typique: "Je dois vous pardonner dans mon propre intérêt,
lui a-t-elle dit. Mais montez au sommet d'une tour avec un sac
de plumes, laissez-les s'envoler dans le vent, et voyez combien
vous pourrez en récupérer." Cela signifie que ce qui a été dit ne
peut pas être repris. Quand nous abusons de nos langues et que
nous parlons aux mauvaises personnes, nous ouvrons un sac de
plumes dans le vent. Combien d'entre elles pourrons-nous
récupérer?
Faire ce premier pas et aller trouver votre frère est
souvent étonnamment efficace. Il y a des années, quand j'étais
un jeune chrétien, un frère a fait quelques remarques injustes au
sujet d'une personne qui m'était très proche, et j'ai pris rendez-
vous pour voir le frère en privé. Quand nous nous sommes
réunis, ses genoux tremblaient littéralement de peur! Je n'ai pas
eu besoin de le gronder ou de me disputer avec lui. Dans un tel

36
cas, l'approche scripturaire peut libérer l'autorité de Dieu dans la
situation.
Jésus continue en disant:

"Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi un ou deux témoins,


pour que par la bouche de deux ou trois témoins chaque parole
puisse être établie." (verset 16)

Voici un autre principe. En matière de jugement, tout


doit être établi par au moins deux témoins. J'en dirai plus à ce
sujet plus loin. Si votre frère n'écoute pas les témoins avec qui
vous venez, quelle est la prochaine étape?

"Et, s'il refuse de les entendre, va le dire à l'église. Mais, s'il


refuse même d'entendre l'église, laissez-le être pour vous
comme un païen et un percepteur d'impôt." (verset 17)
Jésus indique que celui qui n'acceptera pas la décision
de l'église perd son droit d'être traité en tant que chrétien. Deux
choses m'effraient à ce sujet. D'abord, je serais angoissé de
mettre délibérément de côté une décision d'église obtenue d'une
manière scripturale. Ensuite, c'est de penser à l'autorité investie
dans l'église, et que pourtant si peu d'entre elles sont de quelque
façon compétente pour exercer cette autorité!
Lisons dans 1 Corinthiens 6 ce principe appliqué à une
situation d'église:

"Quelqu'un de vous, lorsqu'il a un différend avec un autre, ose-


t-il plaider devant les injustes, et non devant les saints (les
croyants)?" (verset 1)

"Quelqu'un de vous ose-t-il..." Remarquez avec quelle


force Paul s'exprime!

"Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde? Et si c'est


par vous que le monde est jugé, êtes-vous indignes de rendre les
moindres jugements? Ne savez-vous pas que nous jugerons les
anges? Et nous ne jugerions pas, à plus forte raison, les choses
de cette vie? Quand donc vous avez des différends pour les

37
choses de cette vie, ce sont des gens dont l'Eglise ne fait aucun
cas que vous prenez pour juges! Je le dis à votre honte. Ainsi il
n'y a parmi vous pas un seul homme sage qui puisse juger entre
ses frères." (versets 2 à 5)

Ce passage n'indique pas qu'un chrétien ne doit pas en


venir à la loi, mais qu'un chrétien ne doit pas en venir à la loi
avec un camarade croyant.
Nous pouvons être mis à l'épreuve ainsi. Il y a quelques
années, j'ai acheté la maison d'un croyant et nous avons accepté
d'employer le même notaire. Je ne ferai plus jamais cela!
L'homme que nous avions choisi était certes un notaire parlant
en langues, mais c'était également un escroc. En toute bonne
foi, j'ai payé ce que je devais, et ce notaire s'est approprié
l'argent pour payer d'autres dettes – les siennes.
Quand j'ai découvert ce qu'il avait fait, je suis allé le voir. Cela
m'a pris plusieurs semaines pour le trouver! Il se trouvait dans
une telle situation de faillite que je n'avais aucune possibilité de
pouvoir jamais récupérer l'argent. Alors j'ai écrit à l'homme
auquel j'avais acheté la maison et lui ai dit que notre notaire
nous avait escroqués. Puisque l'argent que j'avais payé au
notaire avait été détourné aux fins d'une autre utilisation, j'ai
proposé que nous partagions la perte entre nous. Le camarade
croyant m'a répondu en m'écrivant: "Non, vous avez versé
l'argent. C'est à votre perte." J'ai alors consulté en second lieu
un notaire plus digne de confiance. Il m'a expliqué que, selon ce
qu'il en comprenait, ce n'était pas à ma perte, mais bien à celle
de l'ancien propriétaire, puisque j'avais acheté la maison
exempte de charges et que j'étais autorisé à la recevoir ainsi.
J'ai eu alors quelques prières à faire! Finalement,
puisque la Bible indique que nous ne devons pas aller jusqu'au
tribunal avec un camarade croyant, j'ai accepté la perte et ai
donc versé de nouveau l'argent. Par la suite, la somme que
j'avais perdue, Dieu me l'a rendue multipliée. Il s'agissait d'un
test!
Je ne dis pas que, si j'avais établi un contrat avec un
incroyant et qu'il le rompe, après que j'aie prié à ce sujet, je
n'aille pas jusqu'au tribunal. Je dis simplement que nous ne

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sommes pas libres d'en venir à la loi avec un camarade croyant.
Il est mauvais que des croyants se traînent devant un tribunal.
De tels conflits devraient se régler dans l'église. Mais combien
d'églises aujourd'hui seraient compétentes pour gérer une telle
situation?
Une femme méthodiste m'a écrit une fois, se plaignant
qu'un membre de son église avait loué une propriété lui
appartenant à elle et à son mari, et qu'il ne payait pas le loyer.
Quel a été mon conseil? J'ai cité 1 Corinthiens 6:1-6, et lui ai
suggéré d'aller voir les anciens de son église et de leur exposer
le cas. Je n'ai plus rien entendu d'elle. Je ne pense pas qu'elle a
été satisfaite de mon conseil, et je pourrais facilement croire que
les anciens de son église n'auraient pas su traiter ce problème.
Néanmoins, il s'agit de la procédure scripturaire.
Après avoir quitté une église du Canada dont j'avais été
le pasteur, la congrégation en a rejoint une autre, puis elles se
sont séparées. L'une d'elle s'est retrouvée avec tout l'argent et
l'autre en voulait la moitié. Les responsables se sont rencontrés
devant un tribunal civil. Les propos du juge ont été cités dans le
journal: "C'est une honte pour vous qu'il me faille juger ce cas."

Les doctrines et les ministères

Quoi d'autre sommes-nous encore tenus de juger? Paul


donne un autre exemple que nous lisons dans Romains 16:17:

"Maintenant je vous en presse, frères, distinguez ceux qui


causent des divisions et des offenses, contrairement à la
doctrine dont vous avez été instruits, et évitez-les."

Si les gens commencent à propager une doctrine


incorrecte et que cela devient une source de division dans
l'église, il nous est instamment recommandé de distinguer ces
personnes et de leur refuser nos relations. Le fondement pour
juger et refuser la relation est dans ce cas-ci l'erreur doctrinale
qui apporte la division dans l'église.
Dans le cas présent, Paul a apparemment à l'esprit un
certain type de fausse doctrine qui a commencé dans une

39
congrégation. De plus, une fausse doctrine peut également être
importée de l'extérieur par des prédicateurs ou des enseignants
de passage.
Dans Apocalypse 2:2, Jésus déclare à l'Eglise d'Ephèse:

"Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance. Je sais


que tu ne peux supporter les méchants, que tu as éprouvé ceux
qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as
trouvés menteurs."

Jésus lui adresse cet éloge parce que, quand des


hommes sont venus en se prétendant apôtres, l'église les a
collectivement examinés et a rejeté leur revendication. Bien que
l'expression "l'Eglise d'Ephèse" soit mentionnée au singulier,
nous avons appris qu'il s'agissait de l'église de façon collective
qui était responsable. C'était une décision très sérieuse qu'ils ont
prise car, dans Apocalypse 22:15, la liste de ceux qui sont pour
toujours exclus de la Nouvelle Jérusalem et de l'arbre de vie se
termine par: "Celui qui aime et pratique un mensonge."
Ce sujet se trouve traité de façon plus détaillée dans
l'annexe 1, "Comment reconnaître les apôtres".

Avertissement aux chiens muets

Ici, il est important d'observer une distinction entre


deux genres de problèmes qui peuvent se produire. D'une part,
il y a les conflits personnels entre différents croyants; d'autre
part, il y a les mauvais comportements ou les erreurs de doctrine
qui affectent l'ensemble du corps de Christ.
Pour faire face aux conflits personnels, notre objectif
devrait être d'abord d'amener les parties à un genre de
réconciliation. Si cela échoue, nous devrions au moins chercher
à ce que le problème reste au niveau des personnes impliquées,
de sorte qu'il ne se développe pas en conflit plus large qui
affecterait plus de personnes.
Puis, si nous avons à traiter un sérieux cas de mauvais
comportement ou d'erreur doctrinale, qui pourrait empoisonner
l'ensemble du corps de Christ, nous devons davantage être

40
concernés par le bien-être du corps que par la résolution des
différends personnels. En tant que bergers du peuple de Dieu,
notre premier souci doit être de mettre en garde et de protéger
les brebis.
Voici deux exemples de la manière dont les apôtres ont
traité ce genre de situation.
Parlant d'un croyant nommé Hyménée, Paul déclare,
dans 1 Timothée 1:18-20:

"Cette charge que je te confie, Timothée, mon enfant, selon les


prophéties faites précédemment à ton sujet, c'est que, d'après
elles, tu combattes le bon combat, en gardant la foi et une bonne
conscience, que quelques-uns ont rejetée, et ils ont fait naufrage
par rapport à la foi. De ce nombre sont Hyménée et Alexandre,
que j'ai livrés à Satan, afin qu'ils apprennent à ne pas
blasphémer."
Dans 2 Timothée 2:17-18, Paul se réfère encore à
Hyménée:

"Et leur message s'étendra comme un cancer. Hyménée et


Philète sont de cette sorte, qui se sont détournés de la vérité,
disant que la résurrection est déjà arrivée; et ils renversent la foi
de quelques-uns."

Paul vit l'erreur que Hyménée propageait comme un


"cancer" dans le corps de Christ, et il a été impitoyable dans sa
détermination de s'en séparer. Le mot grec traduisant "cancer"
est celui dont nous formons le mot français "gangrène". Le
souci qu'avait Paul du bien-être du corps de Christ a pris
l'ascendant sur n'importe quelle relation personnelle qu'il avait
pu entretenir avec Hyménée. Il a donc fait sans détour la
condamnation publique de Hyménée. Ce qui se devait d'être
traité, ce n'était pas les relations entre Paul et Hyménée, mais
une erreur doctrinale affectant l'ensemble du corps de Christ.
Nous lisons un autre exemple de ce principe dans 3 Jean
1:9-10, où l'apôtre Jean avertit les croyants de Diotrèphe:

41
"J'ai écrit à l'Eglise; mais Diotrèphe, qui aime avoir la
prééminence sur eux, ne nous reçoit pas. C'est pourquoi, si je
vais vous voir, je rappellerai les actes qu'il commet, en tenant
contre nous de méchants propos. Et non content de cela, il ne
reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en
empêche et les chasse de l'Eglise."

Jean se sentait contraint de mettre en garde clairement


ses camarades croyants, car le comportement de Diotrèphe était
cause de désordre et de désunion dans le corps de Christ. Le
souci de Jean, celui que le corps de Christ soit uni, était plus
important que tous les sentiments personnels qu'il pouvait avoir
envers Diotrèphe en tant que frère.
Il peut encore nous arriver aujourd'hui de nous trouver
confrontés à une situation dans laquelle notre souci pour le
corps du Christ doit avoir la priorité par rapport à n'importe
quelle relation personnelle que nous pourrions avoir avec un
croyant seul.
Du temps d'Esaïe, le Seigneur a accusé les chefs d'Israël
d'échouer dans leurs responsabilités envers son peuple:

"Ils sont tous des chiens muets, incapables d'aboyer." (Esaïe


56:10)

A l'approche d'un prédateur, c'était le devoir des chiens


d'aboyer, afin d'avertir ainsi les bergers et les brebis. S'ils
restaient silencieux, ils mettaient en danger ceux qui attendaient
d'eux une protection.
Le même principe s'applique au peuple de Dieu
aujourd'hui. Où que le troupeau soit menacé par une erreur
doctrinale ou par des ministères trompeurs, il est de la
responsabilité solennelle des dirigeants de donner un
avertissement autoritaire bien clair. Les dirigeants qui échouent
dans cette responsabilité se trouvent dans la même catégorie
que "les chiens muets" que Dieu a réprimandés au temps
d'Esaïe.
Vous trouverez davantage d'information à ce sujet dans
l'annexe 2, "Vrais et faux prophètes".

42
Comment identifier les faux ministères

Dans Matthieu 7:15, Jésus nous met en garde contre les


faux prophètes:

"Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en


vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups
ravisseurs."

Le loup est l'ennemi naturel des brebis, qui représentent


les croyants authentiques. Le loup venant en vêtements de
brebis décrit un trompeur, une personne qui prétend être un
chrétien authentique et qui ne l'est pas. Jésus poursuit en
déclarant:

"Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur


des épines, ou des figues sur des chardons?" (verset 16)

Combien de fois nous faut-il nous piquer les doigts sur


des épines, en espérant cueillir du raisin, avant de conclure que
quelqu'un est un faux prophète?
En conclusion, Jésus fournit un test décisif, celui du
fruit.

"Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre


porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais
fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui
ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à
leurs fruits que vous les reconnaîtrez." (versets 17 à 20)

La différence entre le fruit et les dons peut être illustrée


en comparant un arbre de Noël à un pommier. Les cadeaux (les
dons) sous l'arbre de Noël y sont placés par un acte unique, et
de même, en sont prélevés par un acte unique. Aucun processus
de maturation ou de mûrissage n'est requis.
Inversement, le fruit d'un pommier est le produit d'un
processus qui s'étend sur une certaine période. Cela inclut de

43
planter, d'arroser, d'apporter des soins, de tailler et finalement
de récolter le fruit. Aucun fruit ne peut s'obtenir instantanément.
Dans le royaume spirituel, le fruit que nous devrions
rechercher est le caractère chrétien. Il est développé au long
d'un processus incluant mise à l'épreuve et discipline. Le
produit final est un disciple. C'était ce que Paul avait à l'esprit
quand il a déclaré à Timothée, dans Philippiens 2:22:

"Vous connaissez son caractère éprouvé, qu'il a servi avec moi à


l'Evangile comme un enfant avec son père."

Si nous approchons le royaume spirituel en ne regardant


qu'à l'instantané, nous nous exposons à la déception. Personne
n'a encore produit des figues ou des raisins instantanés. Si
quiconque devait nous en proposer, il nous faudrait être
immédiatement sur nos gardes; il nous faudrait de même nous
méfier des ministères qui se concentrent uniquement sur des
résultats immédiats affectant nos sens.
Jésus fait une distinction absolue entre deux types
d'arbres. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits; un
mauvais arbre ne peut pas porter de bons fruits. Cela a des
implications pratiques. Partout où nous rencontrons du mauvais
fruit, nous savons que la source en est un mauvais arbre. Nous
devons identifier ce mauvais arbre et le traiter.
Jésus conclut par un avertissement terrible concernant
les arbres qui ne produisent pas de bon fruit: "Tout arbre qui ne
porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu." Dieu exige du
bon fruit. Les arbres qui en produisent de mauvais et ceux qui
n'en produisent aucun sont jugés de façon identique. Leur
destinée finale est le feu de l'enfer.

Les dons spirituels et les manifestations

"Maintenant, en ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux


pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance. Vous savez que,
lorsque vous étiez païens, vous vous laissiez entraîner vers les
idoles muettes, selon que vous étiez conduits." (1 Corinthiens
12:1-2)

44
Pourquoi Paul utilise-t-il le mot "muet"? Je ne crois pas
qu'il a voulu dire "stupide". Quelle raison avait-il d'appeler les
idoles "muettes"? Elles n'ont jamais parlé. "Maintenant vous
vous trouvez dans un royaume spirituel, dit Paul, où les esprits
investissent les êtres humains et parlent à travers eux par
l'intermédiaire de leurs organes vocaux. Par conséquent, vous
vous devez de savoir si c'est l'Esprit saint qui parle ou s'il s'agit
d'un esprit différent, à savoir un esprit mauvais, un démon."
Paul offre alors un test pratique simple:

"Par conséquent je vous fais connaître que personne,


s'exprimant par l'Esprit de Dieu, n'appelle Jésus maudit, et que
personne ne peut dire que Jésus est Seigneur excepté par l'Esprit
saint." (verset 3)

Paul décrit une situation où un esprit a investi une


personne et se manifeste au travers d'elle. Ce n'est pas le propre
esprit de la personne que nous sommes priés d'examiner, mais
l'autre esprit qui l'a investie. Il y a une question essentielle que
nous devons régler: l'esprit qui se manifeste par la personne est-
il l'Esprit saint de Dieu ou est-ce un mauvais esprit, un démon?
Pour effectuer le test, il nous faut parler directement à
l'esprit habitant la personne. Nous devons le défier pour qu'il
révèle son attitude envers Jésus: Jésus est-il Seigneur? Si l'esprit
reconnaît que Jésus est Seigneur, alors c'est l'Esprit saint. Mais
s'il refuse de reconnaître Jésus en tant que Seigneur, ou s'il
blasphème contre Jésus, alors c'est un esprit mauvais, un
démon.
J'ai personnellement appliqué ce test dans de nombreux
cas. Un esprit mauvais se trahit toujours par sa réaction. Il peut
sceller la bouche de la personne et refuser de donner une
quelconque réponse, il peut lui faire secouer violemment la tête
ou encore exprimer par sa bouche des paroles négatives,
blasphématoires envers Jésus.
Le test décisif est l'attitude de l'esprit envers Jésus. Il va
soit l'honorer, soit le nier; il ne sera jamais neutre.
Dans sa première épître, Jean souligne également la
nécessité d'examiner les esprits que nous rencontrons:

45
"Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les
esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux
prophètes sont venus dans le monde." (1 Jean 4:1)

Remarquez le rapport entre faux prophète et faux esprit.


Un prophète est quelqu'un parlant par un esprit qui n'est pas le
sien. S'il parle par l'Esprit saint, c'est un vrai prophète; s'il parle
par n'importe quel autre esprit, c'est un faux prophète. C'est
l'esprit habitant la personne que nous examinons, pas les
propres réactions normales de cette dernière. Le test décisif est
l'attitude de l'esprit envers Jésus.
Aux versets 2 et 3, Jean continue:

"Par ceci vous connaissez l'Esprit de Dieu: Tout esprit qui


confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu, et tout esprit
qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair n'est pas de
Dieu."

De nouveau, le test est principalement l'attitude de


l'esprit envers Jésus; est-il venu en tant que Christ (Messie) en
chair, dans un corps physique?

"Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne


confessent point que Jésus-Christ est venu en chair. Celui qui
est tel, c'est le séducteur et l'antéchrist. Prenez garde à vous-
mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail,
mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va
au-delà et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n'a point
Dieu; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils."
(2 Jean 1:7-9)

Remarquez l'essence du test: "Jésus le Messie est-il


venu en chair?" Si un esprit n'affirme pas cela, c'est un
séducteur.
Quelle est "la doctrine de Christ"? Paul énonce les
vérités essentielles, qui sont le fondement de notre foi, dans 1
Corinthiens 15:1-5:

46
"D'ailleurs, frères, je vous déclare l'Evangile que je vous ai
prêché, que vous avez également reçu et dans lequel vous
persévérez, par lequel également vous êtes sauvés, si vous
retenez la parole que je vous ai prêchée – autrement vous auriez
cru au vain. Car je vous ai enseigné avant tout ("comme étant de
la première importance", dit la version NIV), comme je l'avais
aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les
Ecritures, qu'il a été enseveli, qu'il est ressuscité le troisième
jour selon les Ecritures et qu'il est apparu à Céphas, puis aux
douze."

Auparavant, dans 1 Corinthiens 3:11, Paul avait établi:

"Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a


été posé, savoir Jésus-Christ."
Quand Jean parle de quiconque va "au-delà" de ces
vérités fondamentales essentielles, qu'a-t-il en tête? Cela
s'appliquerait à quiconque ajouterait des doctrines
supplémentaires à celles énoncées par Paul en requérant leur
acceptation comme conditions du salut. Une âme orgueilleuse
tente parfois certains par une quelconque "vérité plus profonde"
ou une certaine "lumière plus élevée" accordée seulement à un
petit nombre choisi. Mais, Dieu merci, les vérités essentielles de
l'Evangile sont si simples que même un enfant peut les
comprendre. Certains rejettent l'Evangile non parce qu'il est trop
profond, mais parce qu'il est trop simple.
En tant que chrétiens, nous sommes tenus pour
responsables par Dieu de la façon dont notre conduite affecte
nos prochains. Nous devons faire attention à ne pas dire ou faire
quoi que ce soit qui serait interprété comme excusant ou
approuvant une erreur doctrinale sérieuse propagée par d'autres,
c'est-à-dire celui qui "va au-delà" des vérités simples et de fond
de l'Evangile dévoilées dans le Nouveau Testament. Pour
donner un exemple simple et spécifique, je considère que
l'enseignement des Témoins de Jéhovah dépasse clairement
l'Evangile révélé dans le Nouveau Testament. En règle
générale, je ne voudrais rien dire ou faire qui semblerait
approuver leurs erreurs.

47
Qui ne sommes-nous pas responsables de juger?

Dans Romains 14, Paul donne quelques exemples de


personnes que nous ne sommes pas tenus de juger, c'est-à-dire
celles qui croient qu'elles peuvent manger de la viande, celles
qui croient ne pouvoir manger que des légumes, celles qui
croient avoir à observer certains jours religieux et celles qui
n'observent aucun jour religieux. Aussi longtemps que leurs
règles n'affectent pas ma vie de façon négative, je ne suis pas
responsable de les juger. En fait, je suis responsable de ne pas
les juger.
D'un autre coté, si quoi que ce soit qu'un autre croyant
fasse m'influence à faire quelque chose de contraire aux
Ecritures, alors je suis responsable d'exercer un jugement. En
d'autres termes, le domaine où je suis responsable pour juger est
celui de ma propre vie et de mon comportement.
Un autre secteur où nous ne sommes pas responsables
pour juger est celui des enfants des autres. Il est parfois très
tentant de le faire. Ici encore, la même limitation s'applique; à
moins que leur conduite ne nous affecte, nous ne devons pas les
juger.
Savez-vous ce que j'ai observé? Certains de ceux
passant leur temps à juger les enfants des autres seraient mieux
occupés à corriger les leurs.
Un autre secteur où nous ne sommes pas responsables
pour juger est celui des assemblées chrétiennes auxquelles nous
n'appartenons pas. Dans le Nouveau Testament, cette situation
ne s'est pas produite, puisqu'il n'y avait aucune autre
dénomination chrétienne; tous les chrétiens appartenaient à la
même. Ainsi, dans un sens, il s'agit d'une situation artificielle.
En admettant que vous vous sentiez sérieusement concerné par
le comportement des membres d'une autre église, il n'est pas de
votre responsabilité de les juger. Si vous pensez vraiment que la
situation doit être traitée, voyez votre pasteur et il ira trouver
leur pasteur. C'est la façon de procéder; de pasteur à pasteur,
pas de brebis à brebis.

48
Comment devons-nous juger?

Cette question est très importante. Voici quatre


principes de fond pour le jugement, établis dans l'Ecriture, qui
s'appliquent généralement de façon individuelle ou collective.

1. Juger avec un juste jugement.


2. Juger sur le fondement de faits prouvés.
3. L'accusé a le droit de faire face à ses accusateurs.
4. Juger sur le témoignage d'au moins deux, de préférence trois,
témoins dignes de confiance.

1. Juger avec un juste jugement

Dans Jean 7:24, Jésus nous avertit:


"Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez avec un juste
jugement."

Juger est un sujet sérieux qui peut avoir de puissants


résultats, en bien ou en mal. D'un côté ou de l'autre, cela peut
avoir des effets sérieux et durables dans la vie des gens. Par
conséquent, nous ne devons pas nous autoriser un jugement
précipité ou superficiel. Il nous faut suivre soigneusement les
principes établis dans l'Ecriture.

2. Juger sur le fondement de faits prouvés

Nous devons juger sur le fondement d'un fait prouvé.


L'exposé fourni dans Genèse 18 m'impressionne réellement. Le
Seigneur converse avec Abraham, lui annonçant qu'il est sur le
point d'inspecter les villes de Sodome et de Gomorrhe, dont il a
reçu de nombreuses informations défavorables les concernant
(les mauvaises informations, je le présume, provenaient des
anges). Ce qui m'impressionne, c'est que le Seigneur n'accepte
pas directement les informations des anges sans les vérifier par
lui-même. Ecoutez ce qu'il dit:

49
"Le cri contre Sodome et Gomorrhe s'est accru, et leur péché est
énorme. C'est pourquoi je vais descendre, et je verrai s'ils ont
agi entièrement selon le bruit venu jusqu'à moi; et si cela n'est
pas, je le saurai." (versets 20 et 21)

Cela me stupéfie! Même le Seigneur ne juge pas sans


prendre le temps de se rendre compte de la situation par lui-
même. Comment oserions-nous nous le permettre si Dieu lui-
même ne le fait pas?
Lisons ensuite Deutéronome 13:13-14:

"Si tu entends quelqu'un dire au sujet de l'une des villes que t'a
données pour demeure l'Eternel, ton Dieu: "Des gens pervers
sont sortis du milieu de toi, et ont séduit les habitants de leur
ville en disant: Allons, et servons d'autres dieux! des dieux que
tu ne connais point..."
"Si tu entends quelqu'un dire..." Vous arrive-t-il parfois
"d'entendre dire"? Parfois même, portez-vous des jugements sur
le seul fondement de la rumeur? Dans ce passage, les personnes
ont été accusées d'un péché terrible, celui de détourner les gens
du vrai Dieu vers l'idolâtrie. Comment Dieu attend-il de nous
que nous répondions à de telles informations? Je cite la version
King James, qui est à mon avis plus vivante que les autres
traductions:

"... alors devrez-vous vous enquérir, rechercher et demander


consciencieusement. Et s'il est en effet vrai et certain que de
telles abominations ont été commises parmi vous, vous devrez
détruire les habitants de cette ville..." (versets 15 et 16)

Remarquez les précautions à prendre avant d'agir:


"s'enquérir", "rechercher", "demander consciencieusement",
"voir si c'est vrai", "voir si c'est prouvé". Dieu a ordonné à
Israël que le jugement soit fondé sur des faits prouvés. Une fois
le juste jugement décidé, il doit être suivi de l'action appropriée.
Je suis frustré de constater que les chrétiens font si souvent le
jugement d'autres chrétiens, et qu'après cela ils n'y apportent

50
aucune suite. Il n'y a aucun intérêt dans le jugement s'il n'est pas
suivi d'une action appropriée. C'est contraire à l'Ecriture.

3. L'accusé a le droit de faire face à ses accusateurs

L'accusé a le droit de faire face à ses accusateurs et


d'entendre ce qui existe contre lui. Les pires contrevenants en la
matière sont souvent les personnes religieuses. Dans Jean 7, le
sanhédrin, conseil religieux juif, discutait de Jésus. Ils avaient
entendu de nombreux rapports défavorables et en discutaient
entre eux. Un homme honnête, Nicodème, a pris la parole:

"Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et


qu'on sache ce qu'il a fait?" (verset 51)

Il n'est pas scripturaire de juger qui que ce soit avant de


l'avoir laissé parler en personne.
Il y a quelques années, je me suis aperçu que je me
faisais l'opinion de personnes en me fondant sur ce que j'avais
entendu, et que mon avis avait souvent changé immédiatement
après les avoir rencontrées. Il s'agissait de partis pris et
d'informations erronées. Je me suis alors établi une règle de
conduite. Chaque fois que possible, je ne me forme jamais une
opinion sur qui que ce soit avant de l'avoir rencontré
personnellement. Les gens sont si différents de ce que vous
entendez dire d'eux!
Dans Actes 25:15-16, Festus, procureur romain, déclare
en parlant de Paul:

"... à propos duquel les sacrificateurs principaux et les anciens


des juifs m'ont informé (mal informé), quand j'étais à Jérusalem,
demandant un jugement contre lui."

Ecoutez ce que cet officiel des gentils a répondu à ces


juifs religieux:

"Ce n'est pas la coutume des Romains de livrer un homme à la


destruction avant que l'accusé ait rencontré les accusateurs face

51
à face, et ait eu l'occasion (la liberté) de répondre pour lui-
même des charges existantes contre lui."

Festus confirmait aux juifs les principes de justice qui


étaient établis dans leur propre loi, mais qu'ils transgressaient.
Parfois, le monde laïque est plus juste dans la façon dont il agit
que les personnes religieuses qui sont aveuglées par leurs partis
pris!

4. Juger sur le témoignage d'au moins deux, de préférence


trois, témoins dignes de confiance

Je vous ai fait remarquer précédemment que, dans


Matthieu 18:16, Jésus lui-même a affirmé cette condition:

"... que par la bouche de deux ou trois témoins chaque parole


puisse être établie."
Dans 1 Timothée 5:19, Paul souligne particulièrement
ce point, à savoir que les dirigeants de l'église ont besoin de la
protection de cette règle:

"Ne recevez pas d'accusation contre un ancien, à part de la


bouche de deux ou trois témoins."

Pourquoi les dirigeants d'église ont-ils particulièrement


besoin de cette protection? Parce que Satan est "l'accusateur de
nos frères" (Apocalypse 12:10). La médisance et la calomnie
sont deux des armes principales qu'il utilise contre les hommes
que Dieu élève à la position de dirigeant spirituel. Ce sont
également deux des péchés les plus communs parmi les
personnes religieuses.

Conclusion

Au terme de cette brève étude à propos du fait de juger,


nous ferions bien de nous souvenir d'un rendez-vous
incontournable qui nous attend tous:

52
"Car nous devons tous paraître (être totalement exposés) devant
le trône de jugement de Christ, afin que chacun reçoive selon le
bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps." (2
Corinthiens 5:10)

Au verset suivant, Paul applique cela à sa propre vie:

"Connaissant donc la terreur du Seigneur, nous persuadons les


hommes; mais nous sommes bien connus (totalement exposés)
de Dieu..."

Bien qu'il fût un grand apôtre, Paul était submergé de


crainte à la perspective d'être totalement exposé devant le trône
du jugement de Christ. Existe-t-il une raison pour laquelle vous
ou moi devrions trouver une telle perspective moins redoutable?

ANNEXE 1

Comment reconnaître les apôtres

Dans Apocalypse 2:2b, Jésus fait l'éloge de l'Eglise


d'Ephèse en déclarant:

"Tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas,


et tu les as trouvés menteurs."

Dans 2 Corinthiens 11:14-15, Paul parle de plusieurs


ayant exercé leurs ministères parmi les Corinthiens, et il les
qualifie de "faux apôtres, ouvriers trompeurs, se transformant
en apôtres du Christ".
Puis il commente:

"Et ce n'est pas étonnant, car Satan lui-même se transforme en


ange de lumière. Ce n'est donc pas chose étrange si ses

53
ministres aussi se transforment en ministres de justice, desquels
la fin sera selon leurs œuvres."

Il est clair que Jésus juge l'Eglise responsable, chaque


fois que nécessaire, d'examiner ceux qui prétendent être des
apôtres et, s'ils ne passent pas le test, de les rejeter en tant que
trompeurs. Pour rejeter ce qui est faux, il nous faut d'abord
savoir identifier ce qui est véritable.
Comment pouvoir identifier un apôtre authentique? En
premier lieu, il nous faut comprendre ce que veut dire
réellement le mot "apôtre". La signification littérale du mot grec
est "un envoyé en avant". Une personne qui n'a pas été
"envoyée en avant" ne peut pas être apôtre.
Dans Ephésiens 1:22-23, Paul déclare que Dieu a fait de
Jésus:

"... le chef sur toutes choses à l'Eglise, qui est son


corps..."
C'est Jésus, en tant que chef de l'Eglise, qui envoie en
avant des apôtres.

Dans 2 Corinthiens 3:17, Paul dit:

"Or, le Seigneur c'est l'Esprit (c'est-à-dire le Saint-


Esprit)..."

Cela indique que Jésus est Seigneur sur l'Eglise, et que


l'Esprit saint est Seigneur dans l'Eglise. La façon dont les
apôtres ont été nommés et envoyés en avant de l'Eglise vers
Antioche en donne un exemple:

"Il y avait dans l'Eglise d'Antioche des prophètes et des


enseignants: Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène,
Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul
(qui s'appellera ensuite Paul). Pendant qu'ils servaient le
Seigneur dans leur ministère et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit
dit: "Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle
je les ai appelés." Alors, ayant jeûné et prié, ils leur imposèrent

54
les mains, et les firent partir. Eux donc, envoyés par le Saint-
Esprit, descendirent à Séleucie, et de là ils s'embarquèrent pour
Chypre." (Actes 13:1-4)

Ici Jésus, en tant que chef sur l'Eglise, a opéré dans


l'Eglise par l'intermédiaire du Saint-Esprit, son représentant
personnel, divin et faisant autorité.
Au départ, ces cinq hommes d'Actes 13:1 sont décrits
comme étant "des prophètes et des enseignants". Après que
Barnabas et Paul (Saul) ont été envoyés en avant, tous deux sont
appelés "apôtres", comme cela est écrit dans Actes 14:14:

"Mais quand les apôtres Barnabas et Paul l'apprirent..."

C'est en étant "envoyés en avant" vers Antioche que


Barnabas et Paul ont été qualifiés pour le titre "d'apôtres".
Plus loin, Actes 16:1-4 décrit comment un disciple du
nom de Timothée a été pris en charge par Paul et "envoyé en
avant" avec lui en tant que membre de son équipe. De cette
façon, Timothée a également été qualifié pour le titre "d'apôtre",
"d'envoyé en avant". Cela est confirmé dans 1 Thessaloniciens
1:1, épître débutant par la lecture de trois noms: Paul, Silvain
(Silas) et Timothée. Plus loin encore, dans 1 Thessaloniciens
2:6, Paul s'exprimant au nom d'eux trois écrit:

"Non plus n'avons-nous cherché la gloire qui vient des hommes,


ni de vous ni des autres, alors que nous aurions pu avoir des
exigences en tant qu'apôtres de Christ."

Cela indique que Timothée, après avoir été envoyé en


avant avec Paul et Barnabas, était dès lors reconnu comme
apôtre, de la même façon qu'eux.
Dans 2 Corinthiens 12:12, Paul déclare:

"Certainement les signes d'un apôtre ont été opérés au milieu de


vous avec toute persévérance, par des signes, des prodiges et
des actes puissants."

55
De toute évidence, il était attendu de chaque ministère
apostolique véritable qu'il soit certifié par les signes surnaturels
appropriés. Le premier signe probant mentionné par Paul est
une marque de caractère: toute persévérance (endurance).
Quand les autres sont prêts à abandonner, l'apôtre est celui qui
tient ferme face à toute opposition ou au découragement.

"Car nous ne voulons pas, frères, que vous ignoriez, quant à


notre affliction qui nous est arrivée en Asie, que nous avons été
excessivement chargés, au-delà de notre force, de sorte que
nous avons désespéré même de vivre. Oui, nous avions en nous-
mêmes la sentence de mort, afin que nous n'eussions pas
confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les
morts, qui nous a délivrés d'une si grande mort, et qui nous
délivre, en qui nous espérons qu'il nous délivrera aussi encore."
(2 Corinthiens 1:8-10)

Puis Paul spécifie également des "signes, des prodiges


et des actes puissants". Le ministère d'un apôtre devrait être
certifié par des miracles significatifs. Une lecture objective du
Nouveau Testament montrerait que la proclamation de
l'Evangile devrait régulièrement être confirmée par le genre
d'attestation surnaturelle décrite dans Hébreux 2:4:

"Dieu appuyant aussi leur témoignage par des signes, des


prodiges et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit
distribués selon sa volonté."

Pendant les soixante années où j'ai marché avec le


seigneur, j'ai eu le privilège de pouvoir connaître quelques-uns
de ses merveilleux serviteurs. Je n'ai aucun doute quant au fait
que certains d'entre eux sont qualifiés pour le titre "d'apôtre". Je
pense particulièrement à deux hommes, l'un d'Afrique et l'autre
de Russie. Leurs ministères ont été de lieu en lieu certifiés par
des miracles spectaculaires, et ils ont laissé derrière eux une
traînée d'églises locales. Telles sont les deux marques
scripturaires d'un apôtre: les signes et les prodiges, et la
naissance d'églises locales.

56
Les signes surnaturels en eux-mêmes ne sont pas
nécessairement suffisants pour garantir qu'un ministère soit
apostolique selon les normes du Nouveau Testament. Dans 2
Thessaloniciens 2:9, Paul nous avertit que l'antéchrist ("le sans-
loi") sera reconnu par "la toute-puissance, des signes et des
prodiges trompeurs". Pourtant, il sera un agent de Satan. Les
signes surnaturels doivent être accompagnés d'une doctrine
correcte. Dans Actes 2:42, il est écrit que ceux qui ont été
baptisés le jour de la Pentecôte ont "persévéré fidèlement dans
la doctrine des apôtres". Ainsi faisant, ils sont devenus des
croyants stables.
L'intégralité du Nouveau Testament est le produit de "la
doctrine des apôtres". Cela nous indique que la doctrine d'un
véritable apôtre devrait, dans tous les points fondamentaux, être
en harmonie avec la pleine révélation du Nouveau Testament.
Une doctrine correcte ne suffit cependant pas par elle-
même. Elle doit découler d'un style de vie démontrant dans la
vie de tous les jours les vérités étant également enseignées par
ce que dit la bouche. Dans Ephésiens 3:4 -5, Paul déclare que le
mystère de Christ a été révélé dans cet âge aux "saints apôtres et
prophètes" de Dieu. Une vérité révélée doit toujours être
assortie d'une sainteté de vie. Dans 1 Thessaloniciens 2:10, Paul
parle au nom de Silas, de Timothée et de lui-même, et prend les
Thessaloniciens à témoin:

"... combien nous nous sommes conduits saintement, et


justement, et irréprochablement envers vous qui croyez."

Le principal fruit du ministère apostolique est l'église


locale. En premier lieu, l'apôtre est celui qui sait poser les
fondations d'une église locale. Parlant en tant qu'apôtre aux
Corinthiens, Paul déclare:

"Comme un sage maître bâtisseur, j'ai posé le fondement, et un


autre bâtit dessus." (1 Corinthiens 3:10a)

Au-delà de cela, l'apôtre administre également les


divers besoins de l'église locale après qu'on l'a établie. Il peut

57
s'employer à l'encouragement, à la correction, à la réprimande et
à la discipline. Par rapport à l'église locale, l'apôtre est le "sage
maître bâtisseur", l'architecte. Il comprend et peut diriger
chaque étape du processus d'édification, de la pose des
fondations à la mise en place de la toiture.

Cette brève analyse du ministère d'apôtre amène deux


conclusions. D'abord, les ministres de l'Evangile qui se
réclament du titre d'apôtre devraient remplir les conditions
décrites dans le Nouveau Testament pour ce ministère. Ensuite,
quand une église locale est approchée par des ministres se
réclamant du titre d'apôtre, les dirigeants de l'église sont
responsables de les examiner selon les normes du Nouveau
Testament.

58
ANNEXE 2

Vrais et faux prophètes

Lorsque nous entrons dans la plénitude de la vie


chrétienne, comme elle est décrite dans le Nouveau Testament,
nous nous retrouvons projetés hors du naturel, dans un univers
surnaturel de vie. Par ce surnaturel, nous pénétrons un royaume
dont le potentiel est considérablement augmenté, et qui est
également un royaume de dangers nouveaux et peu connus.
Nous pourrions illustrer cela par l'exemple simple de
l'électricité. Plus la tension du courant passant par un câble est
élevée, plus l'isolant qui protège ce câble doit être puissant. Il en
est de même dans le royaume spirituel. Plus nous avançons dans
le royaume du surnaturel, plus notre besoin de "l'isolation
spirituelle" que Dieu nous a fournie se fait pressant.
"L'isolation" à laquelle je pense consiste à étudier et à
appliquer soigneusement les diverses mesures de protection que
Dieu a fournies dans l'Ecriture pour que les dons et le ministère
d'un prophète reste en conformité avec sa sainte Parole.
L'arme principale de Satan contre l'humanité a toujours
été la tromperie. C'est par tromperie qu'au commencement de
l'histoire humaine, il a piégé Adam et Eve. Dans le dernier livre
de la Bible, à l'apogée de la prophétie et de l'histoire, il est
identifié comme "ce serpent ancien, appelé le diable et le Satan,
qui trompe le monde entier" (Apocalypse 12:9).
Dieu a de tous temps eu ses prophètes sur terre. La
première prophétie enregistrée dans l'Ecriture a été donnée par
Enoch dans la septième génération après Adam:

"... le Seigneur vient avec dix milliers de ses saints, pour


exercer un jugement contre tous..." (Jude 1:14-15)

Abraham, père du peuple de Dieu sur terre, était


prophète. Le Seigneur a déclaré de lui à Abimélec:

59
"Il est prophète, il priera pour toi, et tu vivras." (Genèse 20:7)

Dans la Nouvelle Alliance, dans Ephésiens 4:11, le


prophète est l'un des cinq ministères fondamentaux que Jésus a
donnés pour l'édification de son corps, l'Eglise.
Sous la loi de Moïse, Dieu avait donné des indications
précises à son peuple quant à la façon de distinguer les vrais et
les faux prophètes. Dans Deutéronome 13:2-6, le Seigneur a
averti qu'un prophète peut être accompagné de certains signes
surnaturels, qui s'accomplissent réellement, mais qu'il peut
cependant être un faux prophète:

"S'il s'élève au milieu de toi un prophète, ou un songeur de


songes, et qu'il te donne un signe ou un miracle, et que le signe
arrive, ou le miracle dont il t'avait parlé lorsqu'il disait: "Allons
après d'autres dieux, des dieux que tu n'as point connus, et
servons-les", tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète, ni ce
songeur de songes, car le Seigneur, ton Dieu, vous éprouve,
pour savoir si tu aimes le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur
et de toute ton âme. Vous marcherez après le Seigneur, votre
Dieu; et vous le craindrez, et vous garderez ses
commandements, et vous écouterez sa voix, et vous le servirez,
et vous vous attacherez à lui. Et ce prophète, ou ce songeur de
songes, sera mis à mort, car il a parlé de révolte contre le
Seigneur, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d'Egypte et
vous a rachetés de la maison de servitude, afin de te pousser
hors de la voie dans laquelle le Seigneur, ton Dieu, t'a
commandé de marcher; et tu ôteras le mal du milieu de toi."

Aujourd'hui, cet avertissement est nécessaire de façon


urgente. Certains du peuple de Dieu sont si passionnés par le
surnaturel qu'ils sont prêts à recevoir n'importe qui démontrant
de la puissance ou de la connaissance surnaturelle comme étant
un authentique serviteur de Dieu. Mais le passage cité ci-dessus
indique que cette attitude est contraire à l'Ecriture et qu'elle est
dangereuse.
Dans Exode 7 et 8, les magiciens d'Egypte ont pu
reproduire les trois premiers signes surnaturels exécutés par

60
Moïse et Aaron. Ils ont pu transformer leurs bâtons en serpents,
transformer l'eau en sang, faire sortir hors du fleuve des
multitudes de grenouilles. Pourtant, ces magiciens étaient des
serviteurs de Satan et leur puissance surnaturelle venait de ce
dernier.
Dans Deutéronome 13:3, Moïse donne une raison pour
laquelle Dieu peut parfois permettre que nous soyons confrontés
à des prophètes accomplissant des signes surnaturels par une
puissance ne provenant pas de Dieu:

"... car le Seigneur, ton Dieu, vous éprouve pour savoir si tu


aimes le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton
âme."

Notre unique protection absolue et infaillible contre la


tromperie est un amour sincère pour le Seigneur et le respect et
l'obéissance inconditionnels à sa parole contenue dans les
Ecritures.
Dans tous les temps, Dieu permet que notre amour pour
lui soit testé. Dans Apocalypse 3:18a, Jésus s'adresse à l'Eglise
de Laodicée:

"Je te conseille d'acheter de moi de l'or raffiné par le feu."

L'or raffiné est un amour qui a résisté au test de


l'obéissance. Il n'est jamais bon marché!
Dans Deutéronome 18:20-22, Moïse donne un autre
moyen pour identifier un faux prophète:

"Mais le prophète qui prétend dire une parole en mon nom, que
je ne lui aurais pas commandée de dire, ou qui parle au nom
d'autres dieux, ce prophète mourra. Et si vous dites dans votre
cœur: "Comment connaîtrons-nous la parole que le Seigneur n'a
pas dite?", quand un prophète parle au nom du Seigneur, si la
chose n'a pas lieu ou ne se réalise pas, c'est la chose que le
Seigneur n'aura pas dite; le prophète l'a dite
présomptueusement; vous n'aurez pas peur de lui."

61
Pour obtenir une image complète, il nous faut combiner
les deux passages de Deutéronome 13:2-6 et Deutéronome
18:20-22.
Le premier nous met en garde contre un prophète qui
produit un signe surnaturel qui s'accomplit, et en même temps
enseigne la désobéissance ou l'infidélité envers le Seigneur. Le
second nous avertit qu'un prophète qui fait une quelconque
prévision surnaturelle qui ne s'accomplit pas est un faux
prophète.
Cela induit la conclusion suivante: Un véritable
prophète est celui qui produit un signe surnaturel ou fait une
prévision qui s'accomplit, et qui enseigne également la fidélité
et l'obéissance au Seigneur et à sa parole.
S'il arrivait à un chrétien de donner un signe surnaturel
ou une prévision prophétique qui devait ne pas s'accomplir, il
aurait à prendre les mesures suivantes:

1. Reconnaître publiquement que le signe, ou la prévision, était


faux.
2. Demander le pardon de tous ceux qui ont été trompés.
3. Si ceux qui ont été trompés ont dû subir des pertes ou des
dommages, faire tout son possible pour réparer.

Pendant les soixante années où j'ai marché avec le


Seigneur, je peux me souvenir d'au moins une demi-douzaine
de situations où, au nom du Seigneur, un homme, ou une
femme, a donné un signe surnaturel ou a annoncé une prophétie
qui ne s'est jamais accomplie. Je ne puis me rappeler que de
deux de ces personnes qui ont publiquement reconnu leur péché
et ont demandé le pardon de ceux qui avaient été trompés.
Dans l'Eglise du Nouveau Testament, Dieu a ordonné
que l'exercice du don de prophétie soit publiquement soumis à
examen:

"Que deux ou trois prophètes parlent, et que les autres jugent."


(1 Corinthiens 14:29)

62
Il est non scripturaire de permettre la pratique du don de
prophétie en public à moins qu'il ne soit donné l'occasion de le
soumettre à examen.
Je me souviens d'un dimanche matin où je me trouvais
sur l'estrade d'une église où il m'arrivait d'être régulièrement
invité à prêcher. A un moment donné, un homme qui se trouvait
dans le fond s'est levé et, avec une voix forte et rude, a donné
une prophétie qui faisait la condamnation de tous les péchés et
les imperfections des personnes présentes.
Pendant que l'homme parlait, j'ai observé quelques
lycéens qui s'étaient assis à l'avant. Plus l'homme "prophétisait",
plus le scepticisme et le dégoût se lisaient clairement sur leurs
visages. "Si personne ne confronte cet homme, me suis-je dit,
ces jeunes gens intelligents et impressionnables concluront que
nous, leurs aînés, acceptons ce que cet homme dit comme
manifestation véritable de l'Esprit saint, et ils perdront toute
confiance dans ce christianisme que nous professons."
Quand l'homme en a eu terminé de sa "prophétie", je
me suis levé et me suis adressé à la congrégation: "Le Nouveau
Testament enseigne que, lorsque quiconque prophétise, les
autres, qui sont présents, doivent juger ce qui a été dit. Il y est
également indiqué que celui qui prophétise parle aux hommes
pour l'édification, l'exhortation et la consolation (1 Corinthiens
14:3). Dans tout ce que notre frère a dit, je n'ai rien entendu que
je puisse décrire comme étant de l'édification, de l'exhortation
ou de la consolation; il y avait uniquement de la critique et de la
condamnation. Pour ma part, je ne l'accepte pas en tant que
prophétie véritable. Le Nouveau Testament indique également
que "les autres jugent". J'invite ceux qui sont ici à donner leur
jugement."
Il y a eu quelques moments de silence. Puis, l'un après
l'autre, trois hommes qui étaient respectés dans la congrégation
se sont levés et ont donné leur jugement. Chacun d'eux a
approuvé ce que j'avais dit.
Le nuage sombre qui avait suivi la fausse prophétie de
l'homme était dissipé. Plus important encore, les visages des
lycéens étaient détendus. Leurs aînés ne se faisaient pas aussi
facilement duper, après tout.

63
La prophétie est un don précieux que Jésus a fourni pour
l'édification de l'Eglise. Correctement utilisé, elle est source de
grande bénédiction, d'édification, d'exhortation et de consolation.
Sa contrefaçon, la fausse prophétie, peut être un outil
satanique utilisé pour la destruction du peuple de Dieu. Je peux
me souvenir d'exemples où de fausses prophéties ont été
utilisées à la destruction d'un individu, d'une famille et même
d'une congrégation entière.
Cela confère l'obligation à tous ceux qui sont des
dirigeants du peuple de Dieu d'appliquer fidèlement et
diligemment les mesures de protection que Dieu a fournies dans
l'Ecriture.

64

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