Vous êtes sur la page 1sur 17

Colloque International

« Sémiologie 2003 »
De la diversité à l’unité du domaine :
Théories, Méthodes et Objets

27, 28, 29 novembre 2003


Paris - Sorbonne

Colloque organisé par le laboratoire DynaLang-SEM sous la responsabilité de Anne-Marie HOUDEBINE


DEPARTEMENT DE LINGUISTIQUE, SORBONNE - UNIVERSITE PARIS 5, RENE DESCARTES
colloq.semiologie@paris5.sorbonne.fr
Actes du Colloque International
« Sémiologie 2003 »

De la diversité à l’unité du domaine :


Théories, Méthodes et Objets

27, 28, 29 novembre 2003

SORBONNE
Amphithéâtre Durkheim
17 rue de la Sorbonne
Paris - France

2
Sommaire

OUVERTURE 5

CONFERENCE D’INTRODUCTION AU COLLOQUE 9

I. LA SEMIOLOGIE : DES SIGNES ET DES PRATIQUES 15

1. SEMIOLOGIE ET IDENTITE 16

2. SEMIOLOGIE ET SEMIOTIQUE DE LA VILLE 37

3. LA SÉMIOLOGIE SYSTÈMIQUE : MÉTHODES, OBJETS, APPORTS 68

4. MODELES SEMIOTIQUES 109

5. EXTENSION DE LE SEMIOLOGIE : PROBLÉMATIQUES PROFESSIONNELLES ET INTERFACES SÉMIOTIQUES 162

II. LA SEMIOLOGIE A L’EPREUVE DE L’ICONIQUE, DU TEXTE ET DU GESTE 211

6. LA SEMIOLOGIE A L’EPREUVE DE L’ICONIQUE 212

7. SÉMIOTIQUE LITTÉRAIRE : CORPS ET TEXTE 276

8. SÉMIOLOGIE ET PROXÉMIE : CORPS ET GESTE 308

TITRES ET AUTEURS DES ARTICLES PAR TABLE 357

COORDONNEES DES AUTEURS 360

3
Rhétorique : la sémiologie et son double
De Barthes à la pragmatique
Guillaume SOULEZ

Pourquoi, dès ses débuts, la sémiologie a-t-elle eu recours à la Rhétorique et à sa tradition pluri-
millénaire alors qu’elle paraissait se fonder au XX s. comme science nouvelle sur la base assurée
d’une autre science également en pleine extension et en plein dynamisme, la linguistique ? Pourquoi
Barthes propose-t-il avec conviction une "Rhétorique de l’image" plutôt que des "Éléments pour une
sémiologie de l’image" ? C’est cette énigme qui est à l’origine de notre propos, énigme dont nous
voulons voir ensuite les retombées jusqu’à aujourd’hui, dans un cadre pragmatique, pour proposer de
nouveaux rapports entre rhétorique et sémiologie.

Barthes et la Rhétorique

Plusieurs passages chez Barthes attestent de cet enjeu, comme la conclusion de son " Aide-
mémoire ” de Rhétorique ancienne, publié en 1970, qui résonne comme un aveu rétrospectif lorsqu’il
explique qu’il faut tenir à distance la Rhétorique grâce à l’Histoire (" beaucoup de traits de notre
littérature, de notre enseignement, de nos institutions de langage […] seraient éclaircis ou compris
différemment si l’on connaissait à fond […] le code rhétorique qui a donné son langage à notre culture
; ni une technique, ni une esthétique, ni une morale de la Rhétorique ne sont plus possibles, mais une
histoire ? " – Barthes, [1970] 1970 : 332252) , alors que, paradoxalement, écrit-il quelques lignes plus
bas, on ne peut " éviter cette évidence qu’Aristote (poétique, logique, rhétorique) fournit à tout le
langage, narratif, discursif, argumentatif, qui est véhiculé par les " communications de masse ", une
grille analytique complète " (à partir de la notion de " vraisemblable ") et qu’il représente cette
homogénéité optimale d’un méta-langage et d’un langage-objet qui peut définir une science appliquée
" (Ibid.). C’est autour de l’idée des normes, ou de la norme véhiculée par la Rhétorique que se joue la
tension : comme héritage humaniste, comme masque du naturel bourgeois, les normes rhétoriques du
vraisemblable sont haïssables, mais comme réalisation théorique qui montre le mécanisme formel par
lequel la norme est active et efficace, la Rhétorique est paradoxalement exemplaire. Elle parvient,
mieux que la sémiologie de l’image, qui doit emprunter un langage pour en analyser un autre, mieux
même peut-être que la linguistique elle-même, qui doit se cantonner pour l’essentiel à une position
méta, à une homogénéité maximale entre la science et son objet. De ce point de vue, elle est un modèle
pour la sémiologie générale que Barthes appelle de ses vœux à partir d’une extension intérieure de la
linguistique qui s’ouvre aux réalités sociales de la signification. Ainsi, il écrit au printemps 1964 que
la " rhétorique classique devra être repensée en termes structuraux ", c’est, dit-il, " l’objet du travail en
cours ", allusion à la préparation du séminaire de 1’année 1964/65 que Barthes consacrera à la
Rhétorique (qui sera publié sous la forme de l’ “ Aide-mémoire ” de Rhétorique ancienne en 1970.
L’année 1964 est de ce point de vue une année charnière entre un texte qui applique à une publicité les
“ Éléments de sémiologie ” en s’intitulant “Rhétorique de l’image”, et une redécouverte en profondeur
de la Rhétorique elle-même qui va changer le point de vue de Barthes sur elle.

La Rhétorique comme béquille de la Sémiologie


En un mouvement progressif de prise en compte théorique toujours plus approfondi de la pensée
rhétorique, et, réciproquement de prise de distance, la Rhétorique est d’abord appelée à la rescousse
par Barthes, non pas comme outil qui montre par son ancienneté les mécanismes que la jeune
sémiologie va décrire rigoureusement, mais bien comme une béquille théorique dès le premier
véritable texte sémiologique que constitue le fameux dernier chapitre de Mythologies, “ Le mythe
aujourd’hui ”, c’est-à-dire dès 1956. "Faute de pouvoir décrire les formes dialectales [c’est-à-dire la "

252
Pour les textes de BARTHES, nous indiquons le cas échéant deux dates – on verra l’enjeu de cette distinction
un peu plus loin – la date d’écriture entre crochets, et la date de publication. Un tableau final récapitule les
différentes étapes du rapport de l'auteur à la Rhétorique.

231
géographie sociale " dit-il quelques lignes plus haut] du mythe bourgeois, on peut toujours, écrit
Barthes, esquisser ses formes rhétoriques " (Barthes, [1956] 1957 : 238). La rhétorique est alors
conçue comme "un ensemble de figures fixes, réglées, insistantes, dans lesquelles viennent se ranger
les formes variées du signifiant mythique " (Ibid.). La tautologie, le bon sens proverbial sont par
exemple des " figures " de cette rhétorique qui vise à empêcher toute interrogation quant au monde tel
qu’il va.
Elle intervient de façon plus rigoureuse, mais pour remplir une double fonction comparable, dans
les " Éléments de sémiologie " (qui datent de 1961/62 et sont publiés dans Communications en 1964 –
Barthes, 1964 a). Il s’appuie précisément, tout d’abord, sur l’analyse que Jakobson propose de la
métaphore et de la métonymie pour expliquer la dimension de transgression créative du langage
comme le passage du plan paradigmatique au plan syntagmatique et réciproquement (exemple de la
métaphore : dire "ma flamme" au lieu de " mon amour ", c’est substituer selon l’axe paradigmatique
(amour, passion, flamme) un élément plus inattendu à un élément attendu selon l’ordre syntagmatique
– mon + [amour]). Deuxièmement, la rhétorique est également le pivot essentiel entre les deux plans
du signe, qu’on aurait du mal à relier sans son aide, celui de la dénotation et celui de la connotation : la
rhétorique représente le système des signes qui se forme par connotation à partir de la dimension
dénotative des signes (pour reprendre l’exemple fameux utilisé dans "Rhétorique de l’image" (Barthes,
[1964] 1964 b), les couleurs jaune, rouge, vert en plus d’être des couleurs dénotées comme telles, sont
une métonymie du signifié " italianité "), c’est la part signifiante de la connotation, tandis que
l’idéologie contient en quelque sorte la " clé " de ce système signifiant, elle est le système des signifiés
de ces signes de connotation (L’idéologie de l’Italie ou le "mythe" de l’Italie qui fait que l’italianité
peut emprunter tel ou tel signifiant). Structuralisée, sémiologisée, la Rhétorique vient alors prendre la
place de la psychanalyse en 1956 comme explication analogique du processus de fabrication - ou
"déformation " - mythologique ou idéologique (qui fonctionnait sur le même modèle d’une " sinité "
qui représentait le signifié du mythe de la " Chine ", cf. Barthes, [1956] 1957 : 205-208).

Barthes développe donc cette hypothèse de la connotation en 1964 dans "Rhétorique de l’image" en
expliquant que les différentes rhétoriques que le sémiologue pourra trouver dans l’image, le geste,
l’écrit, etc. sont spécifiques aux substances étudiées mais, en tant qu’elles appartiennent au même
système d’explication, elles relèvent toutes d’une seule rhétorique générale, unique (ainsi on peut
parler de métonymie à partir de l’italianité, tant pour le signifiant verbal “ Panzani ” que pour le
signifiant des trois couleurs associées). À une idéologie unique ("l’idéologie ne saurait qu’être unique
pour une société et une histoire données") correspondra ainsi une rhétorique unique (c’est un caractère
d’unicité que l’on retrouve aussi à propos de la "grille d’analyse complète " en 1970). Que la
Rhétorique soit pour lui liée en profondeur à la question de la connotation, Barthes l’écrit encore en
1964/65 lorsqu’il souligne, comme un résidu de ses recherches antérieures, que " l’ethos est au sens
propre une connotation " (Barthes, [1964/65] 1970 : 315).

L’avantage de l’image publicitaire (du moins de la réclame sur le modèle de la publicité Panzani),
de ce point de vue, est que l’image est y conçue pour être efficace, que la disposition des signes de
connotation est en quelque sorte concentrée sur un objectif, si bien qu’on peut supposer que les signes
qui en organisent la signification fonctionnent pleinement. Ainsi, l’image publicitaire est-elle " franche
" (Barthes, 1964b : 40) et la lecture idéologique en est facilitée. Ce rôle central de la Rhétorique à la
fois 1) dans le système sémiologique, 2) dans sa mise en application et 3) dans la mise au jour de ses
résultats pourrait ainsi justifier la substitution de “Rhétorique” à “Sémiologie”. De fait, le travail que
Barthes effectue de façon emblématique sur l’image publicitaire est démultiplié et systématisé dans
Système de la mode, écrit entre 1957 et 1963, au point que le niveau rhétorique, appelé “ Système
rhétorique ” (Barthes, [1957-1963] 1967 : 229) atteint presque une forme d’autonomie à l’intérieur du
système sémiologique, disséminant la puissance de l’idéologie dans les signes, tout en la localisant en
tant que “ clé ” au niveau le plus élevé. Ce “ système ” permet, en effet, l’analyse de la connotation à
trois niveaux, celui du signifiant (la Rhétorique dévoile la “ Poétique du vêtement ”), celui du signifié
(elle dévoile le “ Monde de la mode ”), et celui du signe (elle dévoile “ La raison de la Mode ”), et sur
deux plans : le plan général du signifiant de connotation est plus précisément celui de l’ “ écriture de
Mode ” (la mise en œuvre des connotations par les créateurs), celui du signifié de connotation est
celui, stricto sensu, de l’ “ idéologie de la Mode ” (Ibid. : 230).

232
Volte-face de Barthes
Or, au cours de son séminaire de 1964/65, publié dans l’Aide-mémoire, Barthes découvre alors la
richesse de la Rhétorique, sa véritable généralité : non seulement, elle est bien loin de se "réduire" aux
seules figures, et en particulier à la métaphore et à la métonymie, mais elle prend sa source dans le
discours public et argumentatif et fonde une partie de la théorie de la littérature (d’où la fréquente
assimilation du Poétique et du Rhétorique à travers les “ figures de style ” ou “ figures de
rhétorique ”). Du coup, Barthes abandonne la seule connotation pour remonter à un niveau plus
"profond ", l’idéologie du " vraisemblable ", qui innerve toutes les productions de la culture de masse
à partir de l’endoxa (opinion commune), et dont seule l’écriture comme nouvelle pratique du langage
peut tenter de s’émanciper, associée à la science révolutionnaire (à l’inverse, les codes traditionnels de
la rhétorique classique fusionnent idéologie et stylistique - Barthes, 1967). Ce passage est sensible
dans l’avant-propos de Système de la mode, au moment de sa publication en 1967 (date trompeuse si
l’on n’y prend garde car on pourrait croire que l’écriture de Système de la mode est postérieure au
séminaire de 1964/65), dans lequel il n’utilise pas une seule fois le terme de rhétorique – alors qu’il lui
fait une si grande place dans son ouvrage – et évoque à la place une “ sémantique ” générale de
l’ “ imaginaire de notre temps ”, la linguistique devenant alors, “ par une seconde naissance, la science
de tous les univers imaginés ” (Barthes, [1967] 1967 : 10).
Dans son passage de l’Aide-mémoire sur la " fin de la Rhétorique ", s’opère alors une volte-face de
Barthes par rapport à Jakobson (préparée par le fait qu’il s’en distingue en 1964 pour considérer la
métonymie – et pas seulement la métaphore - comme une forme de substitution) qui est également une
volte-face par rapport à l’objet qui devait servir de modèle à la sémiologie de l’image, l’image
publicitaire : " De toute la rhétorique, Jakobson n’a retenu que deux figures, la métaphore et la
métonymie ; pour certains, le formidable travail de classement opéré par l’ancienne rhétorique paraît
encore utilisable, surtout si on l’applique à des champs marginaux de la communication ou de la
signification telle l’image publicitaire où elle n’est pas encore usée. " (Barthes, [1964/65] 1970 : 288,
nous soulignons). Barthes renvoie ici, en note, en particulier aux travaux de Jacques Durand, mais
aussi sans doute à ceux de Georges Péninou, mais s’exclut désormais de ceux qui utiliseront désormais
métaphore et métonymie - à quelque niveau que ce soit - pour analyser l’image publicitaire. Cet adieu
à la métaphore (usée), à la publicité et à la ‘rhétorique selon Jakobson’ est aussi un adieu à cette
rhétorique – au nom de la bonne distance – historique - enfin trouvée avec l’idéologie (“ système
grandiose (…) dont la lecture est passionnante si précisément on replace cet objet dans son histoire
multiple où il s’est développé ; mais aussi objet idéologique, tombant dans l’idéologie par l’avancée de
cette “ autre chose ” qui l’a remplacé, et obligeant aujourd’hui à une indispensable distance critique ”,
Ibid. : 289). Cette “ autre chose ” c’est bien sûr essentiellement “ la science du langage ” - que, pour
Barthes, la sémiologie développe - qui a “ pris en charge le champ de l’ancienne rhétorique ” – mais,
ajoute-t-il “ dans quelle mesure exacte et sous quelles réserves ” ? Historicisée comme étape de la
théorie sémiologique, la Rhétorique peut être enfin abandonnée après avoir servi –y compris dans sa
dimension historique - de théorie des passages : de la sémiologie à l’idéologie de 1956 à 1964, du
paradigme au syntagme et réciproquement en 1961, de la dénotation à la connotation en 1961 et en
1964.
De ce point de vue, Barthes pourrait faire sienne la mise en garde de Pierre Kuentz dans le même
numéro de Communications de 1970 : " Tenter d’aborder la rhétorique en linguiste, ce n’est pas
appliquer le modèle linguistique à l’ancienne rhétorique, mais travailler à construire l’objet rhétorique
en cherchant à expliciter toujours les règles de la construction. " (Kuentz, 1970 : 230). Vecteur
d’idéologie toujours, mais béquille, puis outil d’analyse sémiologisé, puis objet historique hybride
conçu comme une " grille d’analyse " qui risque toujours l’anachronisme – d’où le besoin de le mettre
à distance. La Rhétorique fascine Barthes, mais il finit par mettre davantage l’accent en elle sur sa
dimension culturelle (autour du vraisemblable) que sur sa puissance linguistique de transformation et
d’impact sur un spectateur. Il boucle, en 1970, en quelque sorte le parcours qui, en 1956, le faisait
partir d’une vision très globale de la Rhétorique comme instrument du naturel bourgeois, de cette
"pseudo-nature." (“c’est par leur rhétorique que les mythes bourgeois dessinent la perspective générale
de cette pseudo-physis, qui définit le rêve du monde bourgeois contemporain. En voici les principales
figures…" – Barthes, 1957 : 238) mais en changeant de niveau : la Rhétorique n’est plus seulement la
face signifiante de l’idéologie, dont on pourrait démonter le mécanisme par une saisie sémiologique

233
adéquate du processus rhétorique lui-même, mais à son tour un véritable objet d’étude, en quelque
sorte de part en part idéologique, qu’il faut déconstruire jusqu’au bout.

Une sémio-rhétorique pragmatique

Au cours des années 1970 et 1980, le tournant pragmatique achève alors pratiquement de
discréditer toute tentative de repérage immanentiste de figures dans l’image - et toute conception
figurale ou “ornementale” de la Rhétorique appliquée aux images médiatiques - qui aurait valeur de
mise en évidence d’une Rhétorique au sens d’un dévoilement de l’idéologie par la seule analyse des
connotations (seule demeure une version déplacée et analogique du projet barthésien chez Pierre
Fresnault-Deruelle253, tandis que l’un des tenants du groupe Mû reconnaît en 1990 s’inscrire
davantage dans une poétique que dans une rhétorique254), pour autant, on peut dire que les questions
entrouvertes par Barthes demeurent : la Rhétorique est avant tout une lecture spectatorielle, dont la
sémiologie détient le calque, ou l’envers, tandis que la Sémiologie est sur le plan théorique, en quelque
sorte, un double moderne, “scientifique” selon les normes modernes de la science, de la Rhétorique. Il
faut tout d’abord partir de l’ancrage social des pratiques d’images, comme le démontre fortement
Eliséo Veron, très critique contre la “dérive structuraliste” de Barthes qui ne peut déboucher sur un
échec de la sémiologie de l’image du fait de la non prise en compte de cet ancrage, alors que,
remarque-t-il, ce sont des sémiologies contextualisées qui ont produit des résultats autour de telles ou
telles pratiques, comme le cinéma, la bande-dessinée, la photo de presse par exemple (Veron, 1994 :
48). Mais Veron, à l’inverse, ne semble pas voir le rôle que Barthes, de plus en plus conscient des
enjeux à mesure, fait jouer à la Rhétorique pour tenter lier justement lecteur (ou spectateur), contexte
historique et culturel, et analyse formelle à travers la Rhétorique, avant de séparer radicalement les
enjeux dans La Chambre claire, cet adieu à la sémiologie (d’un côté la culture – studium – de l’autre
l’impact sur le spectateur – punctum). On peut donc, en second lieu, repartir du spectateur et de son
lien à l’endoxa pour resaisir l’enjeu rhétorique et comprendre comment elle interroge
fondamentalement la sémiologie à partir de la conception traditionnelle du “récepteur” de cette
dernière.

Rhétorique, auditoire et déterminations culturelles


Rappelons tout d’abord que le spectateur n’est pas isolé, noyé dans le bain d’une idéologie unique,
mais membre d’un groupe, dont il connaît et représente plus ou moins les valeurs, l’auditoire. On
pense souvent en effet que la Rhétorique envisage la relation entre l’orateur et le public, comme une
“ adaptation ” de l’orateur à son public, comme s’il s’agissait, d’une part, d’un simple ajustement au
public, d’autre part de la transformation d’un ‘message’ qui préexisterait au discours que l’on veut
délivrer. Or, le principe fondamental de la Rhétorique aristotélicienne est, de façon bien plus décisive,

253
La sémiologie de P. FRESNAULT-DERUELLE repose sur un paradoxe qui est de fonder une rhétorique de
l'image sur le modèle figural (barthésien) tout en l'appliquant à la dimension plastique qui est propre aux images
concrètes ("leur cadrage, leur taille, leur support, mais aussi leur graphisme, le choix de leurs couleurs, pour ne
rien dire de leur propre syntaxe ni de la façon dont elles convoquent ou révoquent les mille et une configurations
de l'intertexte" (P. FRESNAULT-DERUELLE, 1993 : 20) ). Le recours à la rhétorique pour rendre compte de ce
qui est propre au travail plastique est ici lié à un modèle de la communication sans médiation, incarné par la
relation entre l'orateur et son auditoire. Par sa réussite visuelle intrinsèque, l'image retrouverait cette relation en
se faisant oublier en tant que construction : "Postuler qu'il y a du "discours en images(s)" revient à s'interroger
(...) sur le fait que l'icône cherche (...) à faire oublier son statut de premier intermédiaire. (...) D'un point de vue
purement rhétorique, je suis fondé à dire que l'image cherche effectivement à feindre la communication directe
dans la mesure où tous ces vis-à-vis de papier manifestent une certaine photogénie." (P. FRESNAULT-
DERUELLE, ibid. : 13).
254
"(…) Orientation sémiotique et participation à la poétique (...) expliquent [toutes] deux, mais en partie
seulement, la nature du rapport de la rhétorique des figures à la tradition rhétorique. (...) Bien que les notions de
métaphore et de métonymie se soient rapidement révélées insuffisantes [pour la linguistique et la sémiotique]
(...) il apparaissait comme légitime [à une certaine époque] de tester leur généralisation. C'est donc sur ce
premier point qu'une rencontre devait avoir lieu avec la rhétorique. Ou plutôt avec une de ses subdivisions,
l'elocutio, puisque c'est de ce champ que sont originaires les notions en question." (Klinkenberg, 1990 : 116-
117).

234
cette analyse du discours en fonction de l’“ endoxa ” par opposition à la science ou à l’Être. Loger, en
effet, l’opinion au cœur de la production du discours, c’est introduire de façon radicale une pensée du
public en tant précisément que cela signifie que l’orateur doit s’attacher à produire un discours pour
répondre par anticipation à la pluralité des réceptions. L’enjeu pour Aristote est de comprendre les
mécanismes de l’opinion, ce qui débouche sur la proposition de considérer un syllogisme propre à la
Rhétorique, l’enthymème, fondé sur la vraisemblance (par opposition au syllogisme dialectique qui
raisonne à partir de prémisses vraies).
On peut alors repérer cette endoxa sous trois angles dans la Rhétorique qui sont autant de
définitions du public qui engagent ce qu’est le discours : la Rhétorique suppose une parole publique
opposée à la conversation privée, c’est son fondement politique ; la Rhétorique est déterminée par les
différentes formes d’auditoire, c’est sa détermination morphologique ; la Rhétorique relève de ce
qu’on pourrait appeler un dialogisme public, c’est-à-dire une inscription du collectif que constitue
l’auditoire au cœur de la production du discours, c’est sa dimension pragmatique. L’opinion pour
Aristote – contrairement à l’usage courant du mot “ doxa ” - n’est pas le simple stéréotype, ou ce
qu’on appelle une “ opinion arrêtée ” : c’est un processus dynamique qui met en œuvre ce fondement,
cette morphologie et cette pragmatique. La spécificité de la Rhétorique est de tenir ensemble ces trois
dimensions pour appréhender le potentiel et l’efficace d’un discours public. Laissons de côté les deux
premiers aspects qui nous intéressent moins ici (voir Soulez, 2004 b, nous synthétisons certains points
ici), pour développer le troisième qui nous paraît le plus décisif quant aux rapports avec la sémiologie.

En posant comme origine du discours l’opinion du public et la diversité morphologique des


auditoires, la Rhétorique n’est pas une théorie qui se contenterait d’intégrer le “ feed-back ”, elle
préfigure plutôt l’esthétique de la réception - selon laquelle, comme on sait, c’est l’ “ horizon
d’attente ” du public qui détermine la production des discours. L’anticipation de l’interprétation du
public sous la forme d’une “ réponse ” au sens de Gadamer suppose ainsi une efficace du discours qui
ne soit pas fondée sur le pouvoir des mots eux-mêmes mais, pourrait-on dire, sur la projection de
l’effet que peut accomplir le public.
L’analyse minutieuse de l’interaction entre des types de raisonnements et des états de l’auditoire
(les passions ne sont pas étudiées pour elles-mêmes mais en tant que potentiels argumentatifs selon
l’enthymème), conduit à des propositions pragmatiques fondées sur le lien entre l’acte et la situation
du discours tel que peut l’appréhender un public doté de telle ou telle attente . La différence entre le
modèle aristotélicien et le modèle de Jauss est qu’il s’agit, dans un cas, d’attentes “ morales ”
(conformément au statut éthico-politique de la Rhétorique), dans l’autre, de représentations sociales
historiquement situées . Il ne s’agit donc pas seulement d’une théorie de l’inférence rhétorique
(appuyée sur le syllogisme fondé sur des prémisses vraisemblables), mais véritablement d’une sorte de
dialogisme selon lequel cette attente morale détermine le discours.

Ni linguistique (Bakhtine - effet de la présence d’autrui dans mon discours), ni logique (Jacques -
adéquation entre une norme et une condition pragmatique, le dialogue par opposition au monologue),
le dialogisme aristotélicien est plus trivialement “ pragmatique ”, son critère est l’efficacité de
l’intégration de l’attente du public sur l’adhésion ultérieure des auditeurs. Aristote s’appuie ainsi sur
des proverbes, sur les “ leçons ” de l’histoire ou sur des exemples de l’Iliade qui sont le réservoir
commun de l’éducation morale pour tous les Grecs, et plus généralement sur tous les lieux communs
tout à la fois moraux et semi-logiques que contient la culture. La pragmatique aristotélicienne repose
donc sur la détermination de l’efficacité morale du discours en fonction de déterminations culturelles,
au sens des valeurs véhiculées par les formes de vie et les traditions d’un peuple (Aristote insiste
d’ailleurs en de nombreux endroits sur le poids des habitudes et de la coutume).
Il s’agit d’une pragmatique du “ deuxième degré ” (Armengaud, 1985 : 46-47) : le contexte n’est
pas le moyen de localiser et d’identifier les référents du discours (premier degré), il est constitué de
“ ce qui est présumé ” par les interlocuteurs, c’est un contexte d’informations et de croyances
partagées. Cependant, Aristote tire du deuxième degré des propositions pour l’analyse de la
performativité des actes de langage rhétoriques (ou troisième degré) mais en soumettant ce troisième
degré au second, en particulier l’idée que l’orateur, après avoir appréhendé les différentes réceptions
possibles, et les argumentations qui en découlent, doit parler selon un principe de pertinence liée aux
croyances dominantes chez l’auditoire . On considère ainsi que, de la Rhétorique, la partie sur les

235
passions est “ dépassée ” parce que les référents de l’Antiquité grecque ne sont plus les nôtres. Or,
c’est précisément le fait que cette partie nous paraît trop imprégnée de la culture grecque qui fait son
intérêt, puisqu’il montre en creux quelle conception des liens entre le discours et l’auditoire est en jeu.
Par là, l’endoxa se comprend non seulement comme principe argumentatif mais comme substrat
culturel. L’intérêt du dialogisme aristotélicien est donc d’intégrer une dimension collective, le fait
culturel que suppose l’adéquation des valeurs entre discours et auditoire, plutôt que de reposer sur une
représentation dialogique a priori normative. Nous proposons donc d’étudier le discours à partir des
réactions de “ lecteurs ” (auditeurs, spectateurs…), non pas telles qu’elles pourraient être déduites du
“ texte ” lui-même (lector in fabula de U. Eco), mais telles qu’elles sont effectivement attestées, par
exemple par la publication (courrier de lecteurs) ou le témoignage public. On observe ainsi comment
les “ lecteurs ” - qui produisent le discours tout autant que les “ auteurs ” ou les orateurs – mobilisent
des argumentaires culturels et moraux qui sont précisément ceux que la Rhétorique aristotélicienne
s’emploie à décrire.

La question demeurée suspendue chez Barthes : efficacité du discours et idéologie (ou culture)

Pour penser le rapport efficace entre déterminations culturelles et “ lecteur ” autrement que sous la
forme de la “ consommation ” innocente de l’idéologie (Barthes, 1957 : 217), on peut s’inspirer des
travaux de Perelman sur le mécanisme d’universalisation présent dans l’échange entre orateur et
auditoire (Perelman, 1988). Le “ lecteur ” réagit au nom d’un principe moral à visée universelle pour
construire un auditoire de référence qui confirme l’auditoire visé selon lui par le discours, ou, au
contraire, qui s’y oppose : par exemple, deux lettres de téléspectateurs, publiés dans le même journal
(Télérama) peuvent reconnaître le public visé par le Téléthon et remercier France 2 de programmer
cette émission au nom d’une valeur de générosité, ou au contraire, s’opposer au “ voyeurisme ” de
l’émission au nom de la dignité humaine . Nous avons utilisé cette méthode rhétorique d’analyse des
réceptions selon deux perspectives, l’une visant à déterminer les formes récurrentes d’universalisation
(les “ modes de réaction ” ou “ répertoires ”) dans le courrier des téléspectateurs publiés par un journal
de programme pendant un an, et l’autre visant à évaluer l’impact sur le public d’un événement,
l’attentat du World Trade Center, en étudiant la diversité des réactions des téléspectateurs dans les
différents journaux de programmes (cf. Soulez, 2001, 2002).

Nous avons pu montrer que les “ lecteurs ” construisent non seulement le sens des “ textes ” mais
aussi, indissociablement, leur “ forme ” (le support audiovisuel par exemple pourra être considéré
comme une forme transparente, donnant accès à un spectacle télé-diffusé, ou, au contraire, comme
l’équivalent d’un argument, lorsqu’un spectateur se plaint d’un montage fâcheux entre deux
séquences, ou d’un projectile, lorsque le spectateur se dit “ blessé ”, “ frappé ”, par telle ou telle
image). La pluralité des réceptions – en fonction des référents culturels et moraux – ne conduit alors
pas du tout à une dissolution du “ texte ” dans les différentes appropriations, comme dans les enquêtes
fondées sur l’ “ usage ” des médias, mais montre en retour la densité des discours tenus par les
orateurs, puisque ceux-ci sont décrits et restitués par les “ lecteurs ” ; on peut même en reconstituer la
trame discursive par recoupement. L’efficacité du discours relève alors, non pas du discours lui-même,
mais de ce que les “ lecteurs ” attribuent comme efficacité au discours, rejoignant les réflexions déjà
anciennes de Démosthène, ou les avancées de la psychanalyse. Ainsi, la Rhétorique n’est pas coupée
des mécanismes psychiques propres à chaque sujet tout en étant profondément liée aux représentations
collectives qui font tenir les groupes ensemble.
En ce sens, la pragmatique qui nous permet alors de relire la conception du public présente dans la
Rhétorique construit enfin la figure d’un spectateur en face du sémiologue. C’est là que, de cachée
dans les bricolages ou les plis de la première sémiologie, la Rhétorique peut apparaître en pleine
lumière comme l’autre de la Sémiologie, et non plus son fantôme théorique, c’est-à-dire une
Sémiologie reprise à partir du point de vue de l’Autre.

Que deviennent alors les “ figures ”, la rhétorique stylistique ? On peut dire que, si, par exemple, la
“ rhétorique de l’information ” repose en surface sur la factualité par opposition à “ l’éloquence ”
(Mouillaud et Têtu, 1969), ou si l’on peut dire que la publicité contemporaine est “évocation” plutôt
que réclame, ce niveau relève de l’élocution (ou stylistique journalistique ou publicitaire) et non de sa

236
production/appropriation qui est fondamentalement ancrée dans une pragmatique que nous avons
appelée “ culturaliste ”. Si un spectateur peut adhérer à une publicité évocatrice pour des yaourts, qui
le plonge dans une sorte d’oasis écologique, c’est que les valeurs écologiques sont suffisamment
partagées pour qu’elles rendent possibles la compréhension de l’évocation, et non le contraire (des
spectateurs rétifs à l’écologie peuvent ne pas comprendre le sens de la mise en scène, ou ne pas faire le
rapport entre ces valeurs et cette mise en scène, tandis que des militants écologistes, la comprenant
trop bien, la critiqueront à la manière du sémioclaste).
Le dialogisme aristotélicien nous incite donc à dissocier la trame apparente du texte de son
efficacité, car cette dernière repose sur l’interprétation du spectateur, et non sur la “ production ” d’un
sens que l’orateur parviendrait à faire partager au public, comme lorsque, dans Mythologies, le
producteur qui visait à matérialiser l’idéologie (quelle image vais-je choisir pour susciter chez le
spectateur le mythe de la Chine, le mythe de l’Empire colonial français…?), apparaissait non
seulement comme un double grimaçant, un cousin “cynique” du sémiologue, mais toute aussi bien, en
somme, comme une figure caricaturale de rhéteur, tandis que le “lecteur” encore invisible se contentait
de consommer, en silence, le mythe.

Figure 1. Chronologie : Barthes et la Rhétorique


dates indiquées par Barthes, ou reconstituées d’après des informations données par lui

Texte
Année d’écriture Ouvrage
et année de publication

“ Le mythe aujourd’hui ” septembre 1956 Mythologies, 1957

“ Le message photographique ” 1960 ou 1961 Communications n°1, 1961


“ Éléments de sémiologie ” 1961/62 – début du séminaire de Communications n°4, 2e t. 1964
Barthes à l’EPHE
1957-1963
Système de la mode Système de la mode, 1967
“ Rhétorique de l’image ” séminaire 1963/64 Communications n°4, 1964
“ L’ancienne rhétorique – Aide séminaire 1964/65 Communications n°16, 1970
mémoire ”

“ L’analyse rhétorique ” colloque Goldmann, 1966 Littérature et société, 1967


Avant-propos de Système de la mode 1967 Système de la mode, 1967
Introduction et conclusion de l’Aide- 1970 Communications n°16, 1970
mémoire (en italiques)

237
Bibliographie

ARISTOTE, 1991, Rhétorique, Belles Lettres (tr. Dufour), 1973 et Livre de poche (tr. Ruelle).
ARMENGAUD F., 1985, La pragmatique, PUF.
BARTHES R., 1970, “ Le mythe aujourd’hui ”, Mythologies, 1957, rééd. Points Seuil.
BARTHES R., 1992, “ Le message photographique ”, Communications n°1, 1961, repris L’obvie et
l’obtus, Points Seuil.
BARTHES R., 1964 a, reprint 1989, “ Éléments de sémiologie ”, Communications n°4.
BARTHES R., 1964 b, reprint.1989, “ Rhétorique de l’image ”, Communications n°4.
BARTHES R., 1993, “ L’analyse rhétorique ”, Littérature et société, Institut de sociologie de
l’Université libre de Bruxelles, 1967, repris dans Le Bruissement de la langue, Points Seuil.
BARTHES R., 1967, rééd. 1983, Système de la mode, Points Seuil.
BARTHES R., 1970, rééd. 1994, “ L’ancienne rhétorique – Aide mémoire ”, Communications n°16,
“ Recherches rhétoriques ”, Points Seuil.
FRESNAULT-DERUELLE P., 1993, L’éloquence des images. Images fixes 3, PUF.
KLINKENBERG J.-M., 1990, “ Rhétorique de l’argumentation et rhétorique des figures ”, in A.
Lempereur et M. Meyer des., Figures et conflits rhétoriques, Bruxelles, Université de Bruxelles.
KUENTZ P., 1970, rééd. 1994, “ Le ‘rhétorique’ ou la mise à l’écart ”, Communications n°16,
“ Recherches rhétoriques ”, Points Seuil.
MOUILLAUD M. & TETU J.-F., 1989, Le journal quotidien, Presses universitaires de Lyon.
PERELMAN C. & OLBRECHTS-TYTECA L., 1988, Traité de l’argumentation, PUF.
SOULEZ G., août 2001, “ Nous sommes le public. Apports de la rhétorique à l’analyse des publics ”,
in colloque “ Publicos, Televisao ”, Arrabidà, Portugal, (D. Dayan et J-C. Abrantes dirs, publication à
Lisbonne en 2004).
SOULEZ G., juillet-août 2002, “ Choc en retour. Les téléspectateurs et le 11 septembre ”, in D. Dayan
(dir.), Dossiers de l’audiovisuel sur le 11 septembre, Paris, INA-La Documentation française.
SOULEZ G., 2004 b (à paraître printemps 2004), “ Rhétorique et public, SIC et ‘manipulation’ ”,
Hermès, “ Les sciences de l’information et de la communication entre enjeux sociaux et enjeux
scientifiques ”.
VERON E., 1994, “ De l’image sémiologique aux discursivités ”, Hermès, n°13-14, “ Espaces publics
en images ”, CNRS Éditions.

238
T itres et auteurs des articles par table

OUVERTURE 5
Ouverture en guise de préface
par Anne-Marie HOUDEBINE 6

CONFERENCE D’INTRODUCTION AU COLLOQUE 9


Le paradigme linguistique dans les sciences humaines et sociales: conditions et limites d'un transfert
par Frank ALVAREZ-PEREYRE 10

I. LA SEMIOLOGIE : DES SIGNES ET DES PRATIQUES 15

1. SEMIOLOGIE ET IDENTITE 16
Le nom propre comme signe d’un signe
par Foudil CHERIGUEN 17

Espace, nomination et symbolisation en Algérie


par Farid BENRAMDANE 23

Place de l’écriture dans la société et l’imaginaire berbères : le cas de la Kabylie


par Mohand-Akli HADDADOU 31

2. SEMIOLOGIE ET SEMIOTIQUE DE LA VILLE 37


Le phénomène de l’urbain
par Philippe FAYETON 38

Les signes disponibles dans l’espace urbain


par Martine COTIN 43

Les traces du processus de conception architecturale : statut sémiotique et méthode d’approche induite
par Olfa Raja MEZIOU BACCOUR 46

Pertinence d’une méthodologie pour l’interprétation spatiale de certains rituels du vécu


par Fériel MEZGHANI 55

3. LA SÉMIOLOGIE SYSTÈMIQUE : MÉTHODES, OBJETS, APPORTS 68


De la viande, aliment ou chair : analyse systémique et interprétative de différents signes de la culture.
Pour une sémiologie des indices.
par Anne-Marie HOUDEBINE 69

L'analyse systémique : présentation d'un modèle appliqué à l'objet filmique


par Pauline ESCANDE 80

L'angoisse de l’avenir de la planète et sa sémiologisation dans les fictions du XXème siècle


par Ferenc FODOR 93

Les représentations picturales de l’héroïne principale dans la série BD de l’école belge en 2002:
de l’érotisation l’héroïsation, étude sémiologique d’images
par Philippe MARHIC 100

358
4. MODELES SEMIOTIQUES 109
Pour une éthosémiotique : un modèle génératif des comportements et discours adolescents
par Ivan DARRAULT-HARRIS 110

Sémiologie et terminologie psychiatrique : réflexions à propos d’une enquête réalisée auprès


d’une population de 18 à 30 ans
par Odile BAROUX et Marie France BLES 117

D’une analyse de contenu à une analyse du discours ou un chemin à la rencontre de deux systèmes
sémiologiques
par Pauline COTE, Nicole CHEVALIER et Linda ESSIAMBRE 126

Trace et marqueur : une perspective sémiologique


par Dominique DUCARD 136

Dire la difficulté scolaire par la négation formelle : ce que le formalisme sémio-narratif peut apporter
à une analyse de type sémantique
par Jean-Luc POMMIER 142

La sémiotique politique
par Bernard LAMIZET 156

5. EXTENSION DE LA SEMIOLOGIE/ PROBLÉMATIQUES PROFESSIONNELLES ET INTERFACES


SÉMIOTIQUES 162
La construction des discours identitaires des méga-marques médiatiques
par Sandrine CHABAUD 163

L’analyse Sémio Factorielle, outil d’aide à la prise de décision stratégique


par Agnès ALESSANDRIN et Marc LEUSIE 170

"Retour aux sources" : de l'italianité à l'étrangeté dans le discours publicitaire français


par Karine BERTHELOT-GUIET 180

Perspective anthropologique pour une analyse contrastive de brochures d’entreprises chinoises


et françaises
par Geneviève TREGUER-FELTEN 187

Apports de la Sémiologie à la conception et à l'analyse de systèmes d'informations multimédias


par Fanny BOUGENIES, Cyril MASSELOT 194

Enonciation multimédia et observateur


par Eléni MITROPOULOU 199

L’approche sémiotique de la publicité on line


par Nicole PIGNIER 204

II. LA SEMIOLOGIE A L’EPREUVE DE L’ICONIQUE, DU TEXTE ET DU GESTE 211

6. LA SEMIOLOGIE A L’EPREUVE DE L’ICONIQUE 212


Horoscopes : une représentation de la femme
par Johanna GODON 213

Les images produites en physique des matériaux à la lumière de la sémiotique peircienne : pertinence et
fécondité d’un code d’analyse
par Catherine ALLAMEL-RAFFIN 219

Phénoménologie interprétative peircienne


par Gilles ARNAUD 228

Rhétorique : la sémiologie et son double : de Barthes à la pragmatique


par Guillaume SOULEZ 230

359
Une démarche paradoxale : de l’image lexicalisée à l’image perçue
par Odile LE GUERN 238

Cristal déformant. Photographie : construction du sens, détournement de la représentation


par Carlos RECIO 244

Propositions pour une sémiotique interculturelle du paysage Allemagne/France


par Andreas RITTAU 254

Esquisse d’une sémiologie des images cinétiques


par Jean-Claude SOULAGES 261

Pour une description sémiotique des objets audiovisuels


par Louis CHAMMING'S 268

7. SÉMIOTIQUE LITTÉRAIRE : CORPS ET TEXTE 276


Incipit et variante : l’insistance
par Marie POIX-TETU 277

Pour une sémiologie du corps dans le message d’André Chedid


par Carmen BOUSTANI 282

Pour un parcours d’interprétation interdisciplinaire : une "Dame au Bain" dans La Princesse De Clèves
par Celina Maria MOREIRA DE MELLO 289

Le texte comme corps écrit : quelques pistes


par Françoise LEFLAIVE 295

Littérature et image: parcours d'interprétation et construction du sens


par Martine JOLY 303

8. SÉMIOLOGIE ET PROXÉMIE : CORPS ET GESTE 308


Les corps dérangés de la publicité
par Elise MALAFOSSE 309

Éléments pour l’analyse sémantico-rhétorique des textes : l’exemple de l’action oratoire


par Carine DUTEIL-MOUGEL 319

Oralité de J.-C. Van Damme : sémiologie, rhétorique, pragmatique


par Hugues Constantin DE CHANAY 332

Quand le corps se fait signe: la sémiotricité


par Pierre PARLEBAS 341

Modélisation des parcours d'interprétation en Sémiologie Gestuelle


par Valérie BRUNETIERE 352

360
Ouverture en guise de préface
Anne-Marie HOUDEBINE

Les 27-28-29 novembre 2003 s’est tenu, pour la première fois, à La Sorbonne, à l’initiative du
laboratoire Dynalang-SEM, un colloque de sémiologie générale au titre ambitieux « Diversité et unité
du domaine » et au sous-titre plus réaliste sans doute : « théories, méthodes et objets ». On a vu au
long de ces 3 journées que ce dernier terme était particulièrement nécessaire.

Conscientes 1 en effet de la diversité actuelle du domaine, visible dès sa désignation (sémiologie ou


sémiotique), nous voulions tenter de montrer cette diversité mais également par des journées
studieuses et des échanges fructueux de tenter de repérer comment elle se jouait, et si malgré cela des
convergences se révélaient et dans ce dernier cas où, comment ? Est-ce dans les méthodes d’approches
des objets, dans la diversité de ceux-ci ou dans les modélisations, les théorisations utilisées. En effet il
nous semble que si un domaine scientifique reste trop dépendant des objets qu’il analyse, il n’atteint
pas le stade espéré de théorisation généralisante et partant de science, soit de « science générale de la
vie des signes de la vie sociale », comme l’avait anticipé Saussure.
L’appel à communication était donc largement ouvert afin que cette « diversité » puisse s’exprimer.
Le but a été atteint étant donné le grand nombre de propositions de communications reçues dont les
thématiques répondaient ou excédaient nos propositions. Nous en avons tenu compte en reformulant
les sessions. Ce qui a impliqué un long travail – quasi de type éditorial, comme me l’a fait remarquer
une collègue (Marie Poix-Tetu) – afin de regrouper les interventions en fonction de leurs objets ou de
leur voisinage théorique.
Nous avons dès ce stade commencer un dialogue avec les intervenants, en leur proposant ces divers
regroupements, qui leur indiquaient la thématique sous laquelle ils allaient parler, les titres des autres
interventions qui accompagneraient la leur. Ils pouvaient ainsi refuser ou accepter notre proposition
qui impliquaient – et nous leur disions – parfois une légère réorientation de leurs interventions.
Je me dois de remercier ici tous les intervenants qui ont accepté ce jeu d’aller-retour et nos
modalités d’organisation du travail ; tous, toutes, et en particulier celles et ceux qui ont vu leurs
propositions de communications transformées en communications affichées. Je crois qu’ils/elles ne
s’en sont pas trouvés frustré/es car le dispositif utilisé les plaçaient dans la salle des réjouissance du
matin ou de l’après-midi (c’est-à-dire aux pauses café/croissants ou café/petits fours) ; ce qui leur a
permis d’avoir de nombreux contacts et discussions à propos de leurs textes ; plus sans doute que ceux
et celles qui intervenaient en séance plénière, même si de riches échanges ont eu lieu que nous ne
reproduisons pas dans cette parution. En revanche notons que ces communications affichées sont ici
intégrées sans marque distinctive.

Des principes identiques à ceux de la préparation du colloque, à son organisation et à sa


manifestation sont repris dans ces Actes, à savoir rassembler en « tables rondes » thématiques des
interventions plus ou moins convergentes aux plans théorique ou objectal. Certaines réorganisations
ont cependant eu lieu par rapport aux journées du colloque en fonction des communications reçues ou
intégrées (telles les affichées dont je viens de parler). Avec les mêmes objectifs, les mêmes difficultés
apparaissent : dégager des convergences et une dynamique du colloque, qui soit une dynamique
sémiotique eu égard à l’intitulé du colloque est rien de moins qu’évident tant est divers voire divergent
l’intérêt des chercheurs rassemblés et partant de leurs interventions.
L’organisation proposée en deux grandes thématiques, si elle a le mérite de montrer clairement
dans sa partie II « la sémiologie à l’épreuve de l’iconique, du texte et du geste » l’importance des
objets travaillés pour la délimitation des domaines, aurait à l’évidence pu inclure des communications
présentées dans la partie I « des signes et des pratiques », telles celles concernant les marques, la

1
Même si nombreux furent les membres du laboratoire à aider à la préparation et à la tenue du colloque, l’équipe
scientifique de lecture ultime était constituée de Valérie Brunetière (maître de conférences), de Pauline Escande,
doctorante et collaboratrice d’importance puisqu’elle est celle qui s’est chargée de la collecte des interventions et
de la mise en forme de ces Actes, d’Elise Malafosse, doctorante et de moi-même.

6
publicité, les medias, l’entreprise (en particulier table 2 « sémiologie et sémiotique de la ville » , de
« l’espace » et table 5 « problématiques professionnelles et interfaces sémiotiques ».
A l’inverse, certaines interventions de la partie II propose des modélisations qui auraient pu trouver
place en I-4 : « Modèles sémiotiques », telles celles dans la table 6 de G. Arnaud, de L. Chamming’s
ou de G. Soulez ; et même dans la table 5 de l’intervention d’A. Allessandrin et M. Leusie concernant
« l’analyse factorielle en sémiologie » qui s’insère raisonnablement dans cette table consacrée aux
problématiques professionnelles.
Il va sans dire que d’autres rassemblements auraient pu être proposés, par exemple en fonction des
théories, barthésiennes, greimassiennes, peirciennes, etc. Nous n’avons pas retenu cette juxtaposition
pour instaurer au contraire un dialogue entre ces différentes orientations et vérifier par leurs
exploitations pratiques leurs modes d’approches et de voisinage. Ce qui laisse à l’évidence la part belle
aux objets d’études comme modalités de classement et peut effectivement être discuté.
Ces quelques éléments servent donc à montrer qu’il faut considérer ces classements comme
relevant de la difficulté des « sciences de l’imprécis « (A. Moles). Ils sont descriptifs du foisonnement
des travaux actuels, couvrant le champ des sémiosis allant du symbolique (analyse de toutes sortes de
traces ou signes, de l’identitaire, etc.) à l’investigation de pratiques ou de mises en scène diverses des
objets, des corps, du sujet mis à l’épreuve des « parcours interprétatifs ».

En effet si, quels que soient les styles des chercheurs et leurs ancrages c’est-à-dire, pour agiter
quelques termes, leurs points de vue, la pertinence retenue, leurs modélisations, leurs théorisations ou
rationalisations, leurs descriptions ou leurs interprétations et évidemment leur métalangage, on
cherche une convergence chez ces sémiologues ou sémioticiens, deux formulations viennent à
l’esprit : d’une part celle de la structuration ou comment maîtriser, structurer le réel et d’autre part
comment le comprendre ; cela dans le cadre de cette modalité d’approche venue pour la plus grande
part, même si des déplacements sont opérés, de la « capacité heuristique des modèles linguistiques »
(d’après F. Alvarez-Pereire, à qui revient l’ouverture des Actes puisqu’il étudie la transposition – ou
transfert – de procédures de découvertes de la linguistique aux sciences humaines).
Déplacements : car les théories de l’énonciation, la pragmatique, l’analyse de discours, l’analyse de
contenu, les approches rhétorique, sociologique, ou psychanalytique sont maintes fois mobilisées, en
même temps que s’énonce à voix haute ou plus sourde la question qui taraude la sémiologie et que
formula Barthes à propos de l’image « comment le sens vient à …. ». Surgit alors l’objet du
chercheur, venu du social, ou du sujet (par exemple de façon non exhaustive : l’entreprise, la marque,
internet, la publicité en ligne ou sur papier plus ou moins glacé, l’espace, les signes de la ville,
l’anorexie, la « pensée visuelle » (M. Joly)) ; objet qui peut venir d’une rencontre historique – elles
dépendent souvent de l’époque, d’une trajectoire universitaire et de sa localisation géographique - ou
encore d’une affinité avec un maître ; affinité repérable dans l’usage, plus ou moins strict, de ses
modèles ou notions ou dans leurs déplacement minutieux ; comme on le voit dans les citations par
exemple de Saussure, Peirce, Hjelmslev, Barthes, Eco, Greimas, Klinkenberg, Sperber, Freud, etc. ou
dans les formules utilisées ; par exemple « système », « structuration », « analyse systémique »,
« forme de l’expression/substance de l’expression », « naturalisation, dénaturalisation », « sémiotique
narrative », « engendrement de la signification », « interprétant », « parcours d’interprétation »,
« toposyntaxe », « anthropologie de l’imaginaire », « régimes scopiques », « traces indicielles »,
« gestèmes, praxèmes », « sémiotiques des passions », etc. ou encore « impressions de sens », « effet
de sens », « production de sens », « engendrement de sens », « fabrication de sens ». Ces derniers
éléments témoignant de la préoccupation convergente - ce me semble – de la majorité des
communications du colloque : le sens, cœur ou centre ou noyau des préoccupations et perspectives
sémiologiques.
Outre, il convient de le noter, la question du symbolique et de l’identitaire préoccupation épocale
manifeste : qu’il s’agisse de « nomination, symbolisation » autrement dit de la fonction du nom propre
(F. Cheriguen) ou de celle de l’écriture inscrivant telle ou telle identité, locale ou plus internationale
selon le choix retenu (M.A. Haddadou, pour le berbère) ; ou encore du discours identitaire des
marques (S. Chabaud), ou des entreprises qui « se parlent plus qu’elles ne s’adressent » (G. Treguer-

7
Felten) 2. Ou même des nouvelles nominations de domaine relevées construisant de nouveaux champs
ou objets : éthosémiotique (Y.Darrault), sémiotique politique (B. Lamizet) sémiotricité (P. Parlebas),
analyse sémio-factorielle (A. Alessandrin), sémiologie systémique, sémiologie interprétative,
sémiologie des indices, sémiologie gestuelle etc. Sans parler de l’inverse même de la symbolisation
qu’est le processus de dénégation et même de forclusion, dit négationnisme, dégagé des « récits du
génocide », en l’occurrence de ceux de la shoah, par M. Rinn 3.
On constatera que les termes sémiologie et sémiotique continuent à voisiner, à s’affronter, à
s’échanger ; par exemple pour l’iconique : sémiologie de l’image, sémiologie des images cinétiques,
sémiotique des objets audio-visuels, etc.
On remarquera également la prudence de certains titres qui témoignent par là, non seulement d’une
réserve scientifique ou universitaire de bon aloi, mais plus justement à mon sens, du stade encore un
peu hésitant de cette entreprise d’analyse des signes qu’est la sémiologie après 100 ans (si l’on tient
compte des anticipations saussuriennes ou des taxinomies peirciennes) ou cette analyse des pratiques
signifiantes ou narratives qu’elle est aussi après 60 ans (Barthes, Greimas et quelques autres Peninou,
Metz…). J’utilise l’italique pour souligner ces précautions : « Esquisse d’une sémiologie des images
cinétiques » (J-C Soulages), « Propositions pour une sémiotique interculturelle (A. Rittau), « Une
démarche paradoxale de l’image lexicalisée à l’image perçue » (O. Le Guern), « L’approche
sémiotique de la publicité on line » (N. Pignier). Etc.

Comme je ne peux rendre compte de toutes les communications, que les lecteurs et lectrices
découvriront à leur guise, je me contenterai après ces quelques rappels de citer quelques unes des
formules apparues lors des interventions ou discussions qui sont restées dans ma mémoire comme
autant de traces de ce colloque : «Comment le sens vient à la ville ? » (M. Cotin), « le linguistique
comme méta-opérateur, l’interprétant par excellence » (D. Ducard), « le corps, instance de base de
l’énonciation » (I. Meuret), « , « les entrailles du discours » (N. Pignier), « le touché du regard » (O.
Le Guern) ; et lors d’une discussion opposant – une fois de plus – la trinité (ou trinarité) peircienne 4 à
la binarité saussurienne, la belle démonstration de M. Poix-Tetu reprenant la définition du signe
(Sé/Sa) et son appartenance au système de différences et donc sa définition ternaire puisqu’incluant la
relation différentielle ; d’où Sa/Sé et différence.

En conclusion de cette ouverture, disons que la sémiologie ou sémiotique, travaillée dans ce


colloque, traverse les noms et les images, iconiques, représentationnelles, identitaires, nos textes
divers, espaces, villes, films, pubs, sites etc., nos récits, nos cultures, scientifiques ou littéraires ;
autrement dit tous nos semblants (Lacan) : nos écritures ou lectures du monde et nos diverses
tentations d’y mordre, d’y pénétrer ou de le déconstruire « pour voir comment le sens vient à.. » ; pour
voir comment on produit des actes, ou gestes comme autant de paroles, signes, traces, comment donc
« on fait signifier » (signifiance) ; comment on peut s’inscrire individuellement, ou en groupe,
subjectivement, dans un courant, un domaine ; ce qu’on appelle aussi communauté même au plan
scientifique.
Soulignons encore la richesse des interventions, le fourmillement intellectuel de ces jours. Certes
nous devons parler plutôt de diversité que d’unité. Mais réjouissons-nous ; même si cette diversité
témoigne d’un stade infantile, polymorphe (polysémiotique) de son développement considérons cette
diversité comme un gage de la vivacité de la sémiologie voire de son humanité. L’association implicite
est là venue de la référence aux travaux d’un généticien Albert Jacquard, et de son Eloge de la
différence… richesse de l’humain.
C’est même du fait de cette diversité, de cette richesse, que ces journées de fin novembre 2003
auront permis, je l’espère, j’en suis sûre, des rencontres, des échanges, et de tisser des liens nouveaux,
comme divers congrès ultérieurs durant les deux années séparant ce colloque et cette parution m’ont
permis de l’éprouver dans différentes autres réunions scientifiques (Montréal 2004, Lyon 2004,
Urbino 2005).

2
Ce qui rappelle l’énoncé d’Héraclite qui orne les murs de notre laboratoire « l’homme – id est l’humain- ne
parle pas pour décrire le soleil mais pour se parler ».
3
Intervention non présentée dans ces Actes.
4
Reprenant la tradition aristotélicienne, rappelons-le.

Vous aimerez peut-être aussi