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Plan du cours
INTRODUCTION
1. DE LA SEMIOTIQUE A LA SEMIOTIQUE DU
CINEMA
1.1. SEMIOTIQUE/SEMIOLOGIE : ESSAI DE DEFINITION
1.1.1. Définition du signe
1.1.2. Approche de Ch. Sanders Pierce et la notion de signe triadique
1.1.3. Approche de Ferdinand de Saussure ou la notion de signe dyadique
1.1.4. Approche de Hjelmslev et la représentation du signe tétradrique
1.1.5. Classification des signes
1.2. DEFINITION ET THEORIES D’UNE SEMIOTIQUE DU CINEMA
1.2.1. Du signe linguistique au signe cinématographique
1.2.2. Des logiques théoriques
1.2.2.1. Christian Metz
1.2.2.2. Umberto Eco
1.2.3. Du cadre référentiel : opposition film/cinéma
1.2.3.1. Combinatoire à deux termes
1.2.3.2. Combinatoire à trois termes
2. FONCTIONNEMENT DU LANGAGE CINEMATOGRAPHIQUE
2.1. Définition de l’image et du discours imagé
2.1.1. Les rapports syntagmatiques et paradigmatiques
2.1.2. Les systèmes de codification du film et du cinéma ;
2.1.2.1. L’opposition code/système
2.1.2.2. Les codes filmiques
2.1.3. L’analyse structurale du film
2.1.4.1. La grande syntagmatique ou le code de la narrativité
2.1.4.1.1. Le plan autonome
2.1.4.1.2. Le syntagme parallèle
2.1.4.1.3. Le syntagme en accolade
2.1.4.1.4. Le syntagme descriptif
2.1.4.1.5. Le syntagme alterne
2.1.4.1.6. La scène
2.1.4.1.7. La séquence ordinaire et la séquence par épisode
3. SEMIOPRAGMATIQUE DU CINEMA OU L’ETUDE DE LA RECEPTION DU
PRODUIT CINEMATOGRAPHIQUE
3.1. Des théories de Metz et d’Odin
3.2. L’analyse du discours filmique/l’énonciation cinématographique
3.3. La réception du cinéma
3.3.1. La perception
3.3.1.1. Le décryptage du message
3.3.1.2. Le cinéma ; un art de l’émotion
3.3.2. La salle de cinéma comme un espace anthropologique
4. ELEMENTS D’ANALYSE SEMIOTIQUE D’UN TEXTE AUDIOVISUEL
4.1. Éléments théoriques sur la notion de texte audiovisuel
4.2. La place et l’importance des productions audiovisuelles
4.3. Éléments de description d’une production audiovisuelle
4.3.1. La situation pro-filmique
4.3.2. L’univers diégétique
4.3.3. Les plans filmiques et visuels
CONCLUSION
Bibliographie
BACTILE, Yveline. Clés et codes du cinéma. 2ème éd. Paris, Magnard, 1973. §
BALLE, Francis. Médias et sociétés. 11ème éd., Paris, Montchrestien, 2003
BARTHES, Roland. L’aventure sémiologique. Paris, Seuil, 1985.
ECO, Umberto. La structure absente : introduction à la recherche sémiotique. Trad.
Par U. ESPOSITO –TORRIAGIANI, Paris, Mercure de France, 1972.
ECO, Umberto. Lector In Fabula ou la coopération interprétative dans les textes
narratifs. Paris, Grasset, 1985.
ECO, Umberto. Les limites de l’interprétation. Paris, Ed. Grasset & Fasquelle , 1992
(pour la traduction française).
ECO, Umberto. Sémiotique et philosophie du langage. Paris, PUF, 1988.
HJEMSLEV, Louis, Prolégomènes à une théorie du langage, Paris, ed. minuit, 1968
JAKOBSON, Roman. Essais de linguistique générale, Paris, Editions Minuit, 1963
LOTMAN Iouri. Esthétique et sémiotique du cinéma. trad. Sabine Breuillard, Paris,
Editions sociales, 1977 pour la traduction, 1973 pour l’édition originale.
METZ, Christian. Essai sur la signification au cinéma. Paris, Editions Klincksieck,
1968.
METZ, Christian. L’énonciation impersonnelle ou le site du film.
MéridiensKlincksieck, 1991.
METZ, Christian. Langage et cinéma. Paris, Larousse, 1971.
INTRODUCTION
Dans le domaine des échanges interpersonnels et de l’interaction sociale, la
communication a une importance indéniable. Il n’y a pas de société sans communication. Les
notions de langue et de langage apparaissent dans toute leur utilité et justifient la
recrudescence des études structuralistes dès le début du XXème siècle. De cette orientation
est née la sémiotique, que d’autres reconnaissent sous le nom de sémiologie, une science qui
s’intéresse à tout système de communication basé sur des signes. Fondée sur le décryptage
des signes dans tout système de communication sociale, la sémiotique s’est étendue à tout(e)
media ou forme de communication basé(e) sur un système de signes. Le cinéma étant un
media et un mode de communication construit sur la base des signes, parler d’une sémiotique
du cinéma implique une analyse vue sous le prisme de la production et de celui de la
réception. Aussi, pour une perception globale de la sémiotique du cinéma, il importe de
préciser les contours d’un cadre théorique de cette approche, d’en définir les fondements et
d’expliquer le fonctionnement du langage cinématographique avant de jeter un pont sur
l’aspect pragmatique de cette discipline qui s’attardera sur la réception du cinéma, sans pour
autant omettre d’établir une relation entre la sémiotique du cinéma et la sémiotique de
l’audiovisuel.
Au sens large, la sémiotique (dans certains cas appelée aussi « sémiologie ») C’est un
corps de théories, de méthodologies et d’applications produits ou intégrés dans le cadre de la
discipline sémiotique, fondé entre la fin du XIXe et le début du XXe et qui s’intéresse
particulièrement au produit signifiant (texte, image, etc.), c’est-â-dire qui véhicule du sens.
Dans cette lancée, il convient de distinguer la sémiotique générale des autres types de
sémiotiques. La sémiotique générale permet, à l’aide des mêmes concepts et méthodes, de
décrire, en principe, tout produit et tout système de signes : textes, images, productions
multimédia, signaux routiers, modes, spectacles, vie quotidienne, architecture, etc. Les
sémiotiques spécifiques ou particulières (du texte, du texte littéraire, de l’image, du
multimédia, etc.) permettent de tenir compte des particularités de chaque système de signes.
La sémiotique appliquée est l’application d’une méthode d’analyse utilisant des concepts
sémiotiques dans un domaine ou mode de communication précis. Son champ d’action
concerne l’interprétation de productions de toutes natures ; par exemple, la sémiologie de
l’image fixe comme analyse de l’image au moyen d’outils sémiotiques. Ce niveau porte sur
les discours sociaux spécifiques fondés sur la notion de signe. C’est dans cette catégorie que
nous pouvons ranger la sémiotique du cinéma.
Au final, elle est tout simplement une étude des signes. Raison pour laquelle il nous
incombe de nous attarder sur le sémantème du mot signe.
1.2.1.1. Le signifié
Le signifie correspond à la substance humaine et sociale du discours filmique en
l’occurrence, la matérialisation thématique dans un film (terrorisme, racisme…). Il renvoie à
toute unité pertinente dotée de sens. C’est tout élément examine au plan du sens, c’est-à-dire
comme un témoignage sociologique involontaire, comme une expression du tempérament
d’un cinéaste ou comme une œuvre d’art.
De la notion de signe cinématographique sont nées diverses théories de sémiotique du
cinéma fondées sur la définition et la structuration du langage cinématographique.
1.2.2. Des logiques théoriques
Plusieurs théoriciens se sont penchés sur la question de sémiotique du cinéma, parmi
les fondateurs de cette discipline, on retient Christian Metz et Umberto Eco
Le syntagme étant un groupe formant une unité dans une organisation hiérarchisée dans
la phrase, Metz transpose cette notion au film de cinéma où il considère comme segment
autonome, formant une unité de sens, tout passage de ce film qui n’est interrompu « ni par un
changement majeur dans le cours de l’intrigue, ni par un signe de ponctuation, ni par
l’abandon d’un type syntagmatique pour un autre ».
Le rôle de la grande syntagmatique est d’offrir un outil de description de la structure
temporelle d’un film et de schématisation de la manière dont le récit s’articule. C’est
également un outil d’analyse de la réception du film chez le spectateur. Plus qu’un
instrument de description, la grande syntagmatique est un modèle d’analyse du film : en
segmentant un film à l’aide de ce modèle, on est déjà dans l’analyse.
Christian Metz propose, par application d’une série de dichotomies successives (voir
tableau ci-dessus), fondées sur des critères spatio-temporels, huit grands types
syntagmatiques éventuellement repérables dans un film narratif :
2-4-1-5- La scène
Elle constitue la manifestation la plus franche du syntagme linéaire continu grâce à son
effet de continuité spatio-temporelle. Même si elle comporte plusieurs plans (signifiants
fragmentaire), le signifié reste perçu par le spectateur de façon unitaire et continue. La scène
est caractérisée également par l’égalité du temps du récit et du temps référentiel : temps de la
diégèse = temps des évènements. La scène est le seul syntagme au cinéma « qui ressemble à
une ‘’scène’’ de théâtre, ou encore à une scène de la vie courante, c'est-à-dire qui présente un
ensemble spatio-temporel ressenti comme sans failles »
Par opposition à la scène, héritée de la tradition théâtrale, Christian Metz précise, que
le terme « séquence » s’est fixé pour désigner une construction proprement filmique, où la
consécution temporelle des faits présentés est discontinue. La séquence n’évolue pas par
continuité, mais par bonds successifs, A l’intérieur de la séquence, deux cas se présentent :
- Dans un premier temps, s’imprégner de la séquence en s’attardant sur son ton, son
rythme, ses émotions, ce qu’elle exprime, sans approfondir la relation ou chercher à
comprendre le fonctionnement de la séquence.
- faire usage de la terminologie appropriée pour procéder à la description minutieuse de
la séquence en fonction des éléments techniques jugés pertinents et expressifs. Répondre
ainsi aux questions qui? quoi? ou? et comment?
- Décrire les éléments relatifs à la narration. Que se passe-t-il dans la séquence ? Que
nous raconte telle ? Que se passe t-il entre les personnages ? Quels est le ton général de la
séquence (léger, tragique, burlesque, angoissant,…) ? Quelle(s) émotion(s) transmet-elle ?
- Quel est le format de l’image ? Est-ce un film en noir et blanc ou en couleur ? A
quelle période de l’histoire du cinéma appartient t-il (cinéma muet, cinéma de Qualité
Française,…) ?
- Quel est le rythme, le tempo de la séquence (uniforme, s’accélérant,…) ? Comment
est-elle
structurée (de manière symétrique ou non, en combien de parties,…) ? Combien de
plans compte la séquence ? Les plans sont-ils courts ou longs ? Quel rapport(s) entre durée de
la séquence et nombre
de plans ?
- A quel moment se situe la séquence par rapport à l’ensemble du film ? Est-ce, par
exemple, un début ou une fin de film ?
2/ la lumière :
Contrastée ou non
Réaliste ou non
les couleurs dominantes
3/ le son :
Musique diégétique ou extra-
diégétique
Bruits divers
*L’intérêt de l’œuvre.
Deuxième partie : *Le message du réalisateur.
*le film s’insère dans une continuité
Analyse de l’œuvre. ou une rupture. Pourquoi ?
*Le sens de la mise en scène :
les couleurs (signification)
le cadrage
le son
- Logique de CASETTI
Francesco CASETTI porte un regard original sur la question de la réception du film par
son spectateur. Son analyse de la littérature sémiotique sur la réception repose sur un regard
dichotomique sur elle. Pour lui, la sémiotique est en effet un domaine théorique scindé en
deux parties, et dont une ligne de partage divise tout le terrain de l’analyse en deux zones.
D’un côté, on considère le spectateur comme un décodeur : c’est-à-dire comme quelqu’un qui
déchiffre un ensemble d’images et de sons comme un visiteur qui se contente de recouvrer le
sens de la représentation : comme un transcripteur qui, à la fin du parcours, traduit un
message chiffré. D’un autre côté, on considère le spectateur comme un interlocuteur, c'est-à-
dire comme quelqu’un à qui on peut adresser des propositions et dont on peut attendre un
signe d’intelligence ; il est donc dans une logique de communication, où l’énonciateur est
pris comme locuteur et le spectateur comme interlocuteur. Ce qui complète le processus de
communication par lequel nait la signification.
Le sens que donne CASETTI au « texte » et à « textuel » est peut-être légèrement
différent qu’on lui donne habituellement. Il l’entend plutôt dans le sens d’une construction
dynamique, d’organisation ouverte et complexe, d’objet destiné à être « lu ». On parle
désormais de « texte » filmique alors que l’on parlait avant d’œuvre ou de message.
- Logique d’Odin
Roger Odin, propose son propre un modèle alternatif, oppose dans son archéologie de
la littérature de la réception le modèle Texte-lecteur à ce qu’il appelle approches
contextuelles.2
Mais avant cela, Odin rappelle, ce qui est pour lui, les raisons de la mise en quarantaine
de la question du public dans les théories du cinéma. Il en expose trois. En premier lieu, « la
conviction structuraliste » des années soixante et soixante-dix a étouffé pendant longtemps
l’embryon de toute tentative de penser en dehors d’un dogmatisme structuraliste. On peut
remarquer que, contrairement à Umberto ECO, Roger ODIN, n’aperçoit, dans le bloc
structuraliste, la moindre ouverture vers la question du public. La question du public, en
sémiotique du cinéma, a été mise à l’écart également par précautions méthodologiques (peut-
être de peur d’une « sociologisation » de la question). Odin cite, à cet effet, la feuille de route
du programme d’étude des relations entre films et société par ROPARS, LAGNY et
SORLIN. Ces derniers ont choisi de s’en tenir « au film en lui-même, sans chercher au
dehors sa raison ou son point d’ancrage.» 3 A la fin, Odin estime que la conception de la
communication filmique par les sémioticiens du film, notamment Christian METZ, a été
derrière la mise entre parenthèse des approches de la réception. « Le cinéma livre des textes
préparés à l’avance, constitués une fois pour toute, immuables, achevés avant d’être présentés
»1 et qui n’accordent au spectateur aucune possibilité de modification.*
Ce qu’il considère comme relavant du modèle Texte-lecteur dans le cinéma c’est
l’approche qui prend en charge l’analyse du public par le film. A ce propos, nous pouvons
remarquer, sans peine, que Roger ODIN ne distingue pas les théories herméneutiques des
avancées notoires de quelqu’un comme CASETTI. Il cite d’ailleurs ce dernier pour illustrer
la pensée des premiers : il s’agit d’étudier comment le film « construit son spectateur,
comment il en rend compte, comment il lui assigne une place, comment il lui fait parcourir
un certain trajet.»2 Puis, il va de sa critique quand il remarque que, en dépit d’un certain
paradigme pragmatique affiché, le texte reste « mis au poste de commande » et dirige la
lecture.
Si ODIN critique le modèle texte-lecteur de la sorte, c’est pour mieux le distinguer des
approches contextuelles, qui ont pour objectif d’analyser la production du sens par le public
lui-même.
A ces approches contextuelles, Roder ODIN trouve une origine, dans les écrits de
l’ethnologue américain Sol WORTH. Ce dernier qui considérait « qu’un film n’a pas de sens
en lui-même»3 et que ce sens n’est possible que dans le cadre d’une relation avec un sujet
percevant. Ce constat est d’autant plus intéressant qu’il aide à concevoir une idée du
processus de la signification comme un processus de communication, à double sens de
production de sens, entre deux espaces, celui de l’énonciateur et celui du récepteur et dont le
point commun est le film proposé comme texte.
En effet, WORTH, dans sa proposition pragmatique n’inverse « les pôles » du modèle
textuel en donnant au spectateur les pleins-pouvoir ; il est vrai que le spectateur construit le
sens, mais il le fait « sous la pression de déterminations qui le traversent et le construisent
sans qu’il en ait le plus souvent conscience. Le spectateur partage, avec d’autres, certaines
contraintes. » C’est tout l’intérêt de cette approche : elle prend en considération des
suggestions que l’on peut associer aux travaux des théories sociologiques de la réception
dans le cadre des Culrural Studies tels que les contraintes physiques, sociologiques et
culturelles dans le processus de la réception.
CONCLUSION
En définitive, la sémiotique du cinéma, en tant que méthode d’approche, vient doter les
études cinématographiques d’un outil scientifique de lecture et d’analyse des productions
cinématographiques. Elle vient présenter le cinéma sous le visage d’une science, produit
savamment pensé et doté d’une richesse exploitable par les professionnels du cinéma et les
critiques de cette pratique. En s’appuyant sur une méthode d’analyse structurale qu’est la
linguistique, elle fait du film une structure textuelle codifiée qui peut être construite et
déconstruite par les sémioticiens pour en dégager le sens. Par ailleurs, elle crée une ouverture
dans l’exploration scientifique de toutes les productions audiovisuelles.