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Gritti Jules. La télévision en regard du cinéma. In: Communications, 7, 1966. pp. 27-39.
doi : 10.3406/comm.1966.1092
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1966_num_7_1_1092
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La présente étude s'en tiendra à trois de ces fonctions pour lesquelles la confron
tationdonne des résultats assez solides et probants :
1) La fonction expressive (Destinateur).
2) La fonction phatique (Contact).
3) La fonction conative (Destinataire).
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d'une grande quantité de films tournés en 16 mm (sans oublier les films repro
duits au petit écran). D'autre part le cinéma connaît à l'heure actuelle une « géné
ration de la télévision » : les habitudes du tournage plan par plan, la grammaire
des raccords sont remis en question. Un vétéran tel que Renoir, dans le Testament
du Docteur Cordeliert a pu tourner les séquences en continuité, faisant œuvre
estimable pour le cinéma et la télévision, créant, en tous cas, un précédent.
Depuis quelques années, le cinéma peut utiliser des caméras légères et des camér
as munies du « Zoom » qui remplace le télé-objectif et supprime l'appareillage
nécessaire au « travelling ». La synchronisation de l'image et du son, moins auto
matique mais plus minutieusement établie au cinéma qu'à la télévision, récla
mait un traitement des plus délicats. Désormais, un automatisme semblable
à celui de la télévision s'avère possible : pilotage simultané de la caméra et du
magnétophone, incorparation de l'enregistreur sonore à la caméra, liaison par
émetteurs minuscules plutôt que par câbles, micro-cravate, etc. Une partie crois
sante de la production cinématographique va connaître des conditions semblables
à celles d'une large partie de la production télévisée.
Nous voyons ainsi s'instaurer un secteur commun de plus en plus vaste, sans
préjuger d'interférences plus poussées encore : télévision pour grand écran,
et cinéma distribué au moyen de l'eidoscope. Les différences vont-elles désormais
se situer entre les secteurs extrêmes : grand écran et caméra à large objectif
d'un côté, télévision-transistor de l'autre? Bref, les différences seraient- elles
d'ordre dimensionnel, tandis que les ressemblances occuperaient tout un
secteur intermédiaire ? Nous nous référerons plus spécialement à cette zone
mitoyenne, car les équivalences ou les traits distinctifs prendront valeur
probante.
Qui s'exprime ? Tout d'abord le réalisateur par sa propre mise en scène. Nous
n'avons pas à résumer ici une histoire du cinéma et quantité d'articles cinéma
tographiques pour illustrer la variété des écritures de réalisateurs. Tout a été
dit et redit, sauf un préalable, une réponse à ces questions primordiales : qu'est-ce
qu'une « écriture », un style ? qu'est-ce que l'originalité d'écriture, de style ? Pour
les œuvres littéraires nous ne pouvons que renvoyer aux études de Roland Barthes
sur la condition orphique de l'écrivain destiné à « détacher une parole seconde
de l'engluement des paroles premières que lui fournissent le monde, son existence,
bref un intelligible qui lui préexiste, car il vient dans un monde plein de langage,
et il n'est aucun réel qui ne soit déjà classé par les hommes x ». Le style personnel
serait donc la manière par laquelle un écrivain donné opère cet agencement,
organise ce langage second, constitue son propre système de connotations. La
condition du cinéaste ressemble à celle de l'écrivain, dans la mesure où lui aussi
traite et agence des images en un registre second et personnel. Elle en diffère,
parce que ne préexiste pas à la mise en scène une sorte de corpus codifié d'images,
corpus équivalent du langage parlé. En un mouvement homogène le cinéaste
fabrique le langage premier, analogique de l'image et déploie son langage second,
sa propre mise en scène. Tout comme l'écrivant il dispose à l'heure actuelle d'un
vaste répertoire rhétorique fait de procédés, de figures de style ; il y puise, tout
en cherchant continuellement de nouvelles combinaisons de paroles (d'images)
et de figures. L'expression personnelle implique enfin, dans l'un et l'autre cas,
la préoccupation de l'autre, lecteur ou spectateur. S'exprimer en un style person*
nel c'est trouver les moyens adéquats, les combinaisons rhétoriques qui
permettront à l'autre de le distinguer, lui, auteur, de la masse de ses semb
lables.
Que la télévision donne à ses propres réalisateurs la possibilité de s'exprimer
personnellement, relève d'une évidence banale. Que les réussites y soient moins
nombreuses et variées qu'au cinéma, tient à une histoire plus courte : seconde
évidence. Citer des hommes, définir des styles, déborde notre champ d'études.
La seule question, combien ténue, est la suivante : y-a-t-il des réalisateurs qui
n'ont pu s'exprimer en un style personnel, qu'à la télévision ? Trop de facteurs
externes interviennent pour que l'on puisse transformer une occurence en norme.
Tout ce que nous pouvons constater, c'est que, dans la réalisation télévisuelle,
des hommes ont fourni jusqu'à ce jour le témoignage d'une écriture personnelle.
Cela vaut pour les reportages et interviews — citons entre autres : les Croquis
de Knapp et Bringuier — , les dramatiques de Stellio Lorenzi, Mitrani, les Variétés
de l'inévitable Averty. Tous ces réalisateurs, et quelques autres, disposent des
moyens qu'ils ont entre les mains, pour « dire ce qu'ils veulent ». La polyvalence
des réalisateurs, requis de fournir rapidement des œuvres de genre fort différent,
reste chose accidentelle. Qu'elle ait influé sur l'écriture pour une souplesse plus
grande dans le multiple, reste hypothèse des plus hasardeuses.
L'acteur1 se trouve dans une situation analogue. D'une parole première,
faite de mots, de gestes, de mimiques du visage, lui aussi doit détacher une parole
seconde à la fois personnelle et insérée dans l'expressivité globale. Qu'est-ce que
le « jeu » sinon cette parole seconde ? Il est difficile de spécifier le jeu cinémato
graphique vis-à-vis du théâtral. Les passages fréquents de la scène au studio,
la variété des œuvres cinématographiques, les renouvellements de conceptions
théâtrales, créent de telles interférences que toute spéculation s'avère présompt
ueuse.Il n'est plus de tradition théâtrale (il en est de moins en moins à la Coméd
ie française) à laquelle (contre laquelle) l'on puisse se référer pour dégager
une spécificité du jeu cinématographique. Joan Crawford est plus « théâtrale »
en son jeu que... mettons Madeleine Renaud. Le plus clair, — mais ici nous
rejoignons la mise en scène — , est que le cinéma a déployé toutes ses ressources
rhétoriques de lumière, de cadrage et de montagne pour modifier, valoriser le
jeu personnel de l'acteur. Sans compter avec les Bresson et Antonioni, qui con
fèrent à celui-ci la dignité de chose cinématographique.
La question d'un jeu télévisuel d'acteurs qui seraient davantage eux-mêmes
à la télévision qu'en tout autre domaine, s'avère plus fragile encore que la pré
cédente. Il n'est aucun exemple d'acteur de télévision qui ne puisse déployer
ses ressources personnelles au cinéma, sinon au théâtre. Les passages de studio
à studio, à la scène et vice versa sont des plus fréquents. Qu'un Raymond Souplex
soit voué à jouer indéfiniment le personnage populaire de « l'inspecteur Bourrel »,
avec son côté bourru et bon grand-père de famille, relève davantage d'une mythol
ogiepropre à la participation télé-spectatrice, que d'un style spécialement
créé par cet acteur. Les comédiens interrogés déclarent plutôt leur gêne devant
la hâte, la semi-improvisation du spectacle télévisuel ; d'autres, tels que Fernandel
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les gens les plus psychologues qui fussent — ceux du xvne siècle qui ont inventé
le roman — attachaient plus de vertu qu'à la régularité plastique 1. »
Faire comparaître le visage humain, en deçà du spectacle, en un tête-à-tête
avec cet interlocuteur qu'est virtuellement le télé-spectateur est une opération
toute naturelle à la télévision, art de présentation plus que de représentation.
Pour y parvenir le cinéma doit décoller le spectateur de son adhérence à l'ill
usion écranique et au spectacle, créer la distance qui permette d'introduire ce
relai qu'est le tête-à-tête dans un parler direct. L'avenir nous dira si une telle
distanciation sera communément acceptée. A la télévision elle est admise d'emblée.
L'interpellation, la comparution du visage humain, qui sont les signes les
plus immédiatement perceptibles de la fonction phatique de la télévision, nous
invitent à tabler sur cette fonction comme donnée spécifique du langage télé-
visuel. La télévision s'est développée d'abord comme un art du dire, du pré
senter. Elle montre pour ainsi dire du doigt des images et les entoure de son
verbe explicateur. Elle fait voir. Si roman il y a, ce n'est pas seulement le roman
évoqué, transposé, mais le roman raconté, mis expressément à la disposition
de l'usager. Plutôt que de l'art romanesque, la télévision est à rapprocher de
celui de l'éloquence avec tout ce que cela comporte de structuration du discours
en vue d'une vraisemblance manifeste, ostensible, et de risque immédiat dans
« l'exécution » de ce discours. Tandis que le cinéma propulse ses analogies en
une cohérence intérieure, pleine et captative, la télévision relie entre elles les
images et les analogies par un discours des images entre elles. Tout se passe
comme si le télévisionnant, conscient d'une insuffisance des images et de leur
suite, et malgré leur caractère analogique, recourait aux conventions du langage
communément reçu, au langage même de la conversation courante, pour étoffer
la vraisemblance. Dans le meilleur des films, le parlant et le visuel s'impliquent
dialectiquement, comme nécessaires l'un à l'autre. Dans la télévision, même
la meilleure, le parlant et le visuel tendent à faire redondance. Il n'est rien de
plus révélateur que les discussions entre cinéastes et téléastes au sujet de courts
métrages cinématographiques réclamés pour le petit écran. Là où l'homme de
cinéma désire préserver comme un tout l'image et sa romance verbale ou sonore,
l'homme de télévision voudrait se servir des images visuelles et les reprendre
en un commentaire direct. En sens contraire Frédéric Rossif transposant du
cinéma les images de la vie des animaux transforme le commentaire parlé en une
romantisation verbale. Le cinéma peut atteindre au maximum de liberté roma
nesque en s'adossant à un minimum analogique. La télévision peut montrer
n'importe quoi puisqu'elle se réserve le pouvoir de montrer. La liberté du cinéma
repose sur le répertoire illimité des analogies, celle delà télévision repose sur
l'arbitraire illimité des signes parlés. L'art de Jean Christophe Averty ne fait
exception qu'en apparence : le visuel vole en éclats percutants comme du sonore
— ne sont- ils pas le plus souvent redoublés d'éclats sonores! — , l'agression tient
lieu de démonstration. Vient-elle à masquer la démonstration, c'est en faisant
immédiatement appel au consensus du spectateur, très exactement comme le
prestidigitateur ne peut opérer ses tours de passe-passe qu'en montrant les signes
extérieurs qui les masquent. Les truquages d'Eisenstein photographiant en plein
été les glaces du lac Peïpous tendent à créer une sur-vraisemblance narrative,
1. Propos cité par André Brincourt, la Télévision et ses promesses, la Table Ronde,
1960, p. 133.
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ceux de Georges Méliès cherchent à créer le fantastique par les voies de l'ana
logie. Tandis que les truquages d'Averty se donnent comme tels.
Ces réflexions nous introduisent à une compréhension des réussites spécif
iquement télévisuelles. La caméra explore le temps relève d'une diégèse différente
de celle du roman ou du drame historiques. Elle est l'exposé visuel d'un problème
historique. Dans les premières années de la série, les réalisateurs présentaient
les données de ce problème avant l'émission et proposaient les solutions au terme.
Par la suite la crédibilité du processus narratif et le consensus des spectateurs
ont dispensé les auteurs de cet exposé préliminaire. La présentation s'est inté
riorisée au déroulement. Au terme de l'exposé visuel, l'explication, quoique
d'un style différent, prolonge normalement la transposition historique. Une
telle scène ne va pas sans simplifications confinant au mélodrame, mais elle
garde pour l'essentiel ses structures démonstratives, elle respecte ce que le consen
sus social entend par problème historique.
L'affinité très tôt ressentie entre le conte, le feuilleton ou le mélodrame et la
télévision (et source de réussites, telles que le Chevalier de Maison Rouge, les
beaux yeux d? Agatha) provient de ce que l'acte de récitation fait partie intégrante
de ces œuvres, bien plus qu'il n'est dimension surajoutée. Des recherches telles
que les Conteurs d'André Voisin s'avèrent pleines d'intérêt de par cette associa*
tion intime entre récit et récitant. En extrayant l'épisode du marquis de la
Pommeraye de Jacques le Fataliste (Diderot) la télévision n'a pas cherché à riva
liser avec les Dames du Bois de Boulogne (R. Bresson) ; elle a confié à Madeleine
Renaud le soin de raconter le texte : la finesse d'esprit et de sensibilité de l'artiste
ont pu conférer au récit de Diderot sa pleine dimension. Veillée pour les uns,
lecture publique pour les autres, la télévision implique l'art récitatif 1.
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André S. Labarthe formule en termes plus nuancés de semblables réductions.
Ce ne sont pas les sculpteurs du xie siècle qui ont fait l'art roman, ils ont œuvré
de leur mieux dans la pierre. Ce sont les générations successives qui ont reçu et
admiré ces œuvres, qui ont fait a l'art roman ». A plus forte raison, quand il
s'agit des arts du spectacle, il faut faire entrer en ligne de compte la participation
du public. Nettement caractérisée au cinéma, celle-ci s'avère plutôt indécise
et partagée à la télévision : « Le téléspectateur est l'usager de la télévision comme
l'aviateur est l'usager de l'avion. Il consomme l'image, comme il consomme
du pain et du vin. Ce n'est en aucun cas, un spectateur, à peine un regardeur...
la télévision n'est pas un art du vrai comme le cinéma, mais une technique du
réel comme le téléphone *. » L'attitude du téléspectateur est double : s'il recherche
l'isolement, éteint la lumière et se laisse totalement capter par l'écran, il tend
à recréer les conditions d'un cinéma à domicile ; hormis ces temps forts il porte
une attention émoussée, intermittente, au télé-récepteur et consomme des images
presqu'aussi machinalement que les aliments. Cette seconde attitude plus habi
tuelle ne reste donc spécifique qu'en étant diminutive ; en regard de la première,
cinématographiquement a marquée », nous pourrions la désigner comme « non
marquée ».
Toutes ces critiques récusent donc par forfait une originalité marquée de la
participation télévisuelle. Elles ont au passage soulevé un problème majeur,
celui du langage dans sa fonction conative ; en arguant de la participation, ils
l'ont tranché par la négative. Il est inutile de rechercher ou d'étudier un langage
là où n'intervient qu'une technique de transmission à distance. Nul ne songe à
traiter les jumelles, le périscope, le magnétophone etc.. de formes d'art ou de
nouveaux langages. La transmission en direct d'un match de foot-ball, la repro
duction de documents en 16 mm relèvent- elles purement et simplement de la
technique ?
Stimulée par ces réflexions et ces contestations, notre étude va faire appel
à deux champs de significations qui, tous deux, mettent en jeu la fonction cona
tive : la spatialité et le spectacle. Pour la spatialité, nous ferons appel à un tiers
révélateur, le théâtre.
Dans le spectacle cinématographique nous trouvons une spatialité à la fois
totalisante et morcelée par la suite des images. Chaque plan happe en sa direc
tion le regard du spectateur. La fascination des images sur laquelle on a tant
écrit résulte principalement d'une spatialité qui tend à sa suffisance interne.
Personnages, décors et paysages, lignes, lumières et couleurs entrent en rapports
mutuels d'harmonie ou de discordance, rapports créateurs d'une consistance
telle que le participant est sollicité d'entrer dans le circuit. Regarder le specta
teur en face serait une hérésie au cinéma, déclarait naguère Nino Franck. Ce ne
sont pas les bandes publicitaires qui pourraient lui 'donner tort! Regarder le
spectateur en face reviendrait à tourner le dos à cette totalité qu'est l'espace
cinématographique. L'une des plus fécondes découvertes de la rhétorique de
l'image, la profondeur de champ, confirme cette tendance à la totalité. Mais
— paradoxe du Cinéma — l'image proposée dans l'immédiat, comme pleine
et suffisante, atteint plus ou moins rapidement ses limites en s'insérant dans
une dynamique et un discours. D'où le jeu des cadrages et l'implication des
plans. En définitive l'image cinématographique est constituée dans une plénitude
1. Cité par Sergio Pugliese, dans Télévision, Semaines Sociales Universitaires (28e ses
sion), Université Libre de Bruxelles, 1961, p. 206.
2. Cette figure géométrique n'est pas tellement arbitraire, si l'on pense aux positions
respectives des caméras, formant le plus souvent un triangle tourné vers la scène à
enregistrer.
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Toutes les analyses qui précèdent aboutissent tout d'abord à mettre en relief
l'homogénéité de la rhétorique cinématographique. Déjà Christian Metz avait
analysé l'homogénéité entre le langage analogique des images et le registre rhé
torique des connotations. A ce dernier niveau expressivité personnelle, propos
ition spectaculaire et spatialité totalitaire du grand écran, tissent une rhéto
rique continue. L'emprise du cinéma sur les spectateurs est à ce prix. L'absence
de fonction phatique confirme cette homogénéité car l'interpellation viendrait
la rompre. Dans l'état actuel de l'institution cinématographique, tous les efforts
pour ouvrir le cercle magique se sont révélés impuissants. Le cinéma a peut-être
connu ses Bertolt Brecht : Rossellini, Rouch par exemple ; mais ces hommes
clairvoyants n'ont pu poser que quelques jalons en vue d'un avenir incertain.
L'adhésion à l'écran est trop forte, trop engluante... Il est vrai que l'art du spec
tacle a suscité et suscitera longtemps encore des œuvres dont nous pouvons,
par surcroît, en un regard second, admirer la qualité artistique.
Pareille homogénéité est loin de caractériser le langage télévisuel, l'insuff
isance de l'image permet une spatialité dirigée vers le spectateur ; l'image et la
parole entrent en redondance, favorisent le bavardage mais aussi l'authentique
éloquence ; l'expressivité personnelle paraît s'accommoder quelquefois de ce
moyen de communication ; l'interpellation est devenue habitude, solution de
facilité, mais aussi contact vrai ; tandis que le spectacle confine au jeu, l'info
rmation dénotée redonne quelquefois de nouvelles chances à l'exactitude.
En ce qu'il a de meilleur, le tête-à-tête télévisuel, délivré des prestiges rhéto
riques, atteint peut-être ce but inaccessible à la littérature et au cinéma : une
parole exacte.
Jules Gbittx