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Claude Bremond

Avant-propos
In: Communications, 16, 1970. pp. 1-2.

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Bremond Claude. Avant-propos. In: Communications, 16, 1970. pp. 1-2.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1970_num_16_1_2207
«S'occuper de rhétorique ne peut déjà plus passer en France ni
pour un anachronisme, ni pour un défi à" avant- garde. Le terme
même est en train de perdre les connotations peu flatteuses qui,
depuis plus d'un siècle, lui étaient attachées. Nous apprenons
que la rhétorique n'est pas un ornement du discours, mais une
dimension essentielle à tout acte de signification.

La présente livraison de Communications s1 inscrit dans le


courant des spéculations actuelles. Celles-ci se développent, en gros,
selon trois axes :
— L'élaboration d'une matrice, d'une grille, d'un modèle logique
ou linguistique destiné à mettre en place, ou mieux à engendrer
les diverses figures. A cet effort taxinomique se rattachent en part
iculier, dans ce numéro, V analyse de Jean Cohen, les remarques
de Tzvetan Todorov, et, plus indirectement, l'étude du rôle
d'influenceur ou les formules construites par Jean Simeray pour
rendre compte de certains faits de style.
— La description des figures susceptibles de caractériser un
champ sémiotique particulier (ainsi, dans l'article de Lidia Lonzi
sur Anaphore et récit), ou la mise à l'épreuve, sur un de ces champs,
d'une grille déjà constituée : étude de l'argot, des titres de films, des
clefs des songes, des biographies de Paris-Match, par les auteurs
liégeois de la Rhétorique générale ; application au nombre, par
Jacques Durand, d'une matrice déjà expérimentée sur l'image
publicitaire (in Communications 15^.
— Une réflexion sur le rôle de la rhétorique dans l'évolution de la
culture occidentale, sur ses rapports passés avec la grammaire et la
dialectique, ses liens actuels avec la linguistique, la logique et la
sémiologie ; sur les implications idéologiques de son institutiona-
lisation à l'âge classique, de son déclin et de sa condamnation au
XIXe y sur le sens et les limites de sa résurgence partielle aujourd
'hui. De cette interrogation historique et philosophique relèvent,
à des titres et selon des orientations diverses, les contributions de
Pierre Kuentz, Gérard Genette et Roland Barthes.

Le renouveau des études rhétoriques se concentre pour V instant


sur un secteur privilégié de Vancien ars persuandi : la théorie des
figures. Les articles que nous publions ici attestent Vimportance
de V effort en cours pour redéfinir, resituer, reclasser les figures
recensées dans un autre âge sous des noms dont quelques-uns
seulement nous restent familiers. Des quatre ou cinq parties de la
rhétorique traditionnelle, seule l'elocutio bénéficie d'une véritable
reprise. Il est trop tôt pour prévoir si l'inventio, la dispositio,
l'actio, la memoria sont à jamais sorties de notre horizon intellec
tuel ou si, quelque biais aidant, elles ne font qu'attendre leur tour
d'y rentrer.

C. B.

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