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Le kidnapping des enfants est devenu une réalité inquiétante en Algérie.

Ces
dernières années, ce crime abject prend des proportions dangereuses. Des chiffres
effarants sont communiqués régulièrement par les différents services de sécurité. Le 15
mai dernier, le ministre de l'Intérieur, avait tiré la sonnette d'alarme. Il faisait état de
375 cas d'enlèvement enregistrés en 2007. 1,2 milliard DA de rançon a été payé par les
familles aux ravisseurs. Un fait plus marquant a même été dévoilé par le ministre : des
individus ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de faire traverser la frontière marocaine à
des enfants kidnappés dans le but de vendre leurs organes à des cliniques d'Oujda.
Les révélations effarantes d'affaires de kidnapping, de viol et d'assassinat sur ce
qui représente l'innocence même (les enfants) sont insupportables : on y parle de
gamins violentés, torturés, étranglés et sacrifiés par des bourreaux sans conscience et
sans âme.
Une vision partagée par la sociologue Nacera Merrah qui voit dans ce phénomène
le fruit d'une décennie de violence, laquelle, conjuguée avec les données économiques,
culturelles et politiques, a occasionné «une perte de repères chez certains citoyens». «Il
y a aussi la dislocation familiale et le fait que la violence soit banalisée dans notre
société. C'est devenu même un jeu», poursuit-elle.
En dehors de ces considérations socioculturelles, Me Ben Braham dénonce
l'inadéquation des textes législatifs avec ce genre de crimes. Cette avocate
recommande de trouver un mot en arabe se rapprochant le mieux possible de la
définition du kidnapping et qui signifie enlèvement contre la volonté d'une personne
avec l'intention de nuire. Pour lutter contre ce crime, selon cette avocate, il faut une
réaction rapide de la part de la police dans les 2 heures qui suivent l'annonce de
disparition de l'enfant pour que les preuves restent fraîches, et il faut des mesures
exemplaires pour dissuader les agresseurs : condamnation à mort des kidnappeurs.
Cette lourde sentence est aussi la solution à ce problème selon le représentant du
ministère des Affaires religieuses.
Mr Farouk Ksentini, président de la Commission nationale de protection des droits
de l'Homme, sans aller jusqu'à la peine de mort, recommande un emprisonnement à
perpétuité sans remise de peine ni possibilité de grâce. Qualifiant le kidnapping d'«acte
terroriste», il souhaite la création d'un tribunal spécial pour juger ce genre d'affaires.

Samir Azzoug, La Tribune


le 01 - 06 - 2008

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