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Les équations algébriques : Résolubilité par radicaux

Noureddine Aqad Aloïs Rossignol Younes El Alaoui

25 décembre 2013

Première partie
Introduction
Deuxième partie
2ème, 3ème et 4ème degré : Méthode de
Cardan et Ferrari
Troisième partie
Newton et Lagrange
Quatrième partie
Runi, Abel et Galois

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1 Introduction
Les équations algébriques jouent un rôle prépondérant dans l'his-
toire des Mathématiques. Elles sont un lien entre les diérentes civilisations et époques
historiques. Résoudre des équations est un enjeu majeur pour toutes les civilisations :
les approches et les méthodes innovantes utilisées indiquent quelle vision des mathéma-
tiques chacune d'elle privilégiait et sont le signe des diérents passages de témoin entre
elles. Les équations sont au coeur des Mathématiques babylonniennes et égyptiennes.
Les Mathématiques arabes, synthèse de la rigueur géométrique grecque et de la méthode
calculatoire indienne, donneront naissance à l'algèbre comme système de résolution des
équations de second degré. Le troisième degré et le quatrième degré généralisé par Cardan
et Ferrari dans l'Italie de la Renaissance ouvriront les voies au symbolisme de François
Viète au XVIIème en France. Newton et Lagrange ouvriront quant à eux la voie à Runi,
Abel et Galois pères des Mathématiques modernes.

2 Cardan et Ferrari
On se ramènera, par division et changement de variable, pour chaque type
d'équation, au cas où le coecient dominant est égal à 1 et, à partir du degré 3, au cas
où le coecient du terme de degré directement inférieur est égal à 0.

2.1 le Second degré

Soit l'équation générale de second degré écrite sous la forme :

x2 + 2bx + c = 0 (1)

Soit u = x + b alors u2 = x2 + 2bx + b2 i.e. u2 = b2 − c


La condition de résolubilité
√ dans R s'écrit b2 − c ≥ 0. √
En écrivant u = ± b2 − c pour le cas réel, et pour le cas imaginaire u = ±ı c − b2 , on
obtient toutes les racines de l'équation.

2.2 Troisième et Quatrième degré

Soit l'équation générale de troisième degré écrite sous la forme :

x3 + px + q = 0 (2)

Soit x = u+v , avec u et v paramètres, alors (2) s'écrit : (u+v)3 −3uv(u+v)−u3 −v 3 = 0


i.e. :
 3 3
u v = −p3 /27

p = −3uv
3 3 =⇒ =⇒ (u3 , v 3 ) obtenu comme solution d'une
q = −(u + v ) u3 + v 3 = −q

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équation de second degré à coecients fonctions rationnelles de p et q. Les racines sont
donc obtenues par radicaux après extraction des racines troisièmes de u3 et v 3 .
Soit l'équation générale de quatrième degré écrite sous la forme :

x4 = px2 + qx + r (3)

Soit u = x2 + t avec t paramètre, alors u2 = x4 + 2tx2 + t2 = (p + 2t)x2 + qx + t2 + r et


on choisit t de telle sorte que : ∆ = q 2 − 4(p + 2t)(t2 + r) soit nul i.e. : u2 = (αx + β)2
et t est donc solution d'une équation de degré trois à coecients fonctions rationnelles
de p, q et r. La donnée de t permet de trouver (α, β) et une racine x vérie l'une des
x2 + t = αx + β
équations suivantes :
x2 + t = −αx − β
qui sont de degré 2 et que l'on peut résoudre par radicaux.

3 Newton et Lagrange
Les méthodes de résolution par radicaux des équations de degré inferieur
ou égal à 4 ont pour vertu de montrer qu'une quantité intermédiaire doit être calculée
pour résoudre ces équations. Newton et Lagrange remarqueront une propriété essentielle
de ces quantités : la symétrie par permutation des racines. Dans la suite, on citera les
théorèmes et idées fondamentales qui ont conduit à la preuve de l'impossibilité de trouver
une méthode générale pour la resolution par radicaux des équations de degré supérieur
ou égal à cinq.

Théorème 1. (Lagrange et Newton) Les coecients d'une équation polynomiale


sont des fonctions symétriques de ses racines. Réciproquement, les fonctions symétriques
des racines peuvent s'exprimer en fonction des coecients de l'équation sans avoir à
connaître les racines au préalable.
Lagrange tente d'unier les méthodes de résolution des équations de degré trois et
quatre et remarque ceci : lorsque l'on cherche à résoudre une équation dont les racines
sont r1 , r2 , . . . , rn et que l'on forme une certaine quantité t en fonction de ces racines
t = f (r1 , r2 , . . . , rn ) alors t est très facile à calculer en fonctions des coecients de
l'équation lorsque f est symétrique en les racines ri . Dans ce cas, lorsqu'on permute
les racines ri entre elles, l'expression t = f (r1 , r2 , . . . , rn ) garde une valeur constante.
Parallèlement, lorsque f est très peu symétrique, par exemple lorsque t = r1 − r3 , alors
t peut être très dicile à calculer. Cette fois, lorsqu'on permute les racines ri , t peut
potentiellement prendre de nombreuses valeurs diérentes. Par exemple, pour le degré 3,
t peut prendre les valeurs r1 − r3 , r2 − r3 , r1 − r2 , r2 − r1 , r3 − r1 et r3 − r2 .
Nous avons peu d'espoir d'arriver à calculer directement une quantité t peu symé-
trique (typiquement lorsque t est une racine) et calculer des quantités totalement symé-
triques est certes facile, mais ne fait pas vraiment avancer le problème. L'idée de Lagrange

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est d'essayer de former une quantité qui soit à la fois assez symétrique, dans l'espoir qu'elle
ne prenne qu'un nombre petit de valeurs et donc qu'elle soit assez facilement calculable,
et à la fois pas trop symétrique, dans l'espoir que les racines pourront être exprimées à
partir de cette quantité. De telles quantités sont appelées des résolvantes de Lagrange.

Théorème 2. (Lagrange) Une fonction de n variables invariante par p permutations


de ces racines prend n!/p valeurs diérentes. Il existe des résolvantes de 5 variables pour
le degré 5 ne prenant que 6 valeurs.
Lagrange prouve que n!/p est entier et que cette fonction s'obtient comme solution
d'une équation de degré n!/p. La théorie des équations s'oriente donc vers la recherche
systématique de telles résolvantes.

4 Runi, Abel et Galois


Théorème 3. (Cauchy) Une fonction de n variables ne peut prendre un plus petit
nombre de valeurs que p (plus grand premier inferieur à n) sans que ce nombre ne soit
égal à 2.
Malfatti en 1771 puis Runi en 1802 étudient soigneusement les permutations asso-
ciées aux résolvantes pour le cinquième degré et Runi montre que 5!/p, avec p nombre
de permutations laissant invariante la résolvante, ne peut jamais être égal à 3 ou 4. Les
cas où 5!/p = 2, 5 ou 6 sont examinés. Il existe des résolvantes de degré 5 pour ce type
d'équations, mais, en général, elles ne sont jamais réductibles aux équations z 5 = 1. On
ne peut donc pas, en général, abaisser le degré comme l'avait fait Ferrari au XVIe siècle
pour le degré 4. Il semblait donc que Runi ait réussi à prouver l'impossibilité de ré-
solution par radicaux des équations de degré 5. Cauchy jugea sa preuve convaincante.
Pourtant, une propriété cruciale était admise sans démonstration :

Théorème 4. (Abel) Les radicaux sont des fonctions rationnelles des racines.
Les mémoires d'Abel donnent une preuve très élégante de cette propriété, qui est la
partie la plus moderne et la plus importante du théorème de Runi-Abel ainsi qu'une des
premières démonstrations d'impossibilité en algèbre. Galois prend un tout autre chemin
pour montrer l'irrésolubilité par radicaux des équations de degré égal à cinq ou plus en
oubliant les considérations de Lagrange sur la nature des coecients de l'équation pour
se focaliser sur l'analyse des structures des groupes obtenus pas à pas par permutation
et extraction des racines (structure implicite jusqu'ici mais mise en lumière par Galois)
et notamment sur la présence d'un sous-groupe du groupe de permutations des racines
qui donnera naissance au groupe de Galois. On dira qu'une équation est résoluble par
radicaux si son groupe de Galois est résoluble. Pour le degré cinq, on étudie le groupe
alterné A5 et on montre qu'il n'est pas résoluble.

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4.1 Un exemple : Équation quintique x5 − 2

Cette équation possède :



 une racine réelle 5 2 = 1, 148 . . . et
 quatre complexes, chacune obtenue par multiplication par les racines cinquièmes
complexes de 1, notée ici w.
Le pentagone compte dix cas de symétrie (groupe diédral D5 ). Il s'avère que ce n'est
pas assez pour représenter les vingt cas de permutations des racines de cette équation.
Et c'est le cas général pour tout n = p (premier) sauf le cas particulier de n = 3. Les
équations de degré p (premier), hors le cas p = 3, n'ont pas de solutions exprimables par
radicaux.

Figure 1  équation quintique x5 − 2 = 0

La quantité de permutation des racines de xp − 2 = 0 est égale


à p(p-1), alors que la quantité de symétries du polygone régulier à p côtés est égale à 2p.
 Pour p = 3 : 2p = p(p − 1) = 6.
 Pour p > 3 : 2p < p(p − 1) ; 10 < 20.

4.2 Bibliographie

 Une Histoire des Mathématiques d'Amy Dahan-Dalmedico et de


Jeanne Peier.

 Mémoires et textes mathématiques de Joseph-Louis Lagrange, de


Niels Abel et Évariste Galois.

 Encyclopédie Britannica et articles internet respectifs de Messieurs


Marrakchi, Galuzzi et Villemin.

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