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RESUME
ii
ABSTRACT
iii
INTRODUCTION
L’hépatite virale une atteinte infectieuse et inflammatoire du foie par des virus dits
hépatotrophes. Parmi ces virus, celui de l’hépatite B est fréquemment rencontré à l’échelle
mondiale et est un problème majeur de santé publique du fait de sa grande contagiosité, du
caractère insidieux de son évolution et de la possibilité d’une évolution vers la cirrhose et le
carcinome hépatocellulaire [1]. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 2
milliards de personnes sont infectées par le VHB et environ 248 millions sont porteurs
chroniques du virus de l’hépatite. Avec une prévalence supérieure à 8%, l’Afrique
subsaharienne et l’Asie du Sud-Est sont des zones de haute endémicité [2]. Une étude menée
par Bigna et al. au Cameroun entre janvier 2000 et septembre 2016 annonçait une prévalence
de l’hépatite B de 11,2% [3].
L’origine professionnelle de cette pathologie est en passe d’être maitrisée dans les pays
développés grâce à l’instauration de la vaccination obligatoire du personnel de santé, avec une
prévalence de portage de l’antigène HBs < 0,5% [4]. De plus, la prévention par le vaccin
permettrait d’éviter au moins 80 à 90% des décès liés à cette infection virale.
Au Cameroun, bien que la vaccination ne soit pas systématique pour le personnel de santé,
certains établissements hospitaliers ont entrepris la vaccination systématique de leur personnel
ce qui pourrait justifier le taux élevé de couverture vaccinale de 66,1% retrouvé par Vanta en
2012 à l’Hôpital Général de Douala (HGD) [5]. En ce qui concerne l’Hôpital de District de
Dschang, ni la vaccination, ni le dépistage du personnel de santé n’est systématique. Dans la
présente étude nous avons voulu déterminer la prévalence de l’Ag HBs et l’état vaccinal
contre l’hépatite B du personnel médical et paramédical de l’Hôpital de District de Dschang.
MATERIEL
Nous avons réalisé une étude transversale et descriptive à l’Hôpital de District de Dschang
(HDD) sur une période de 08 mois allant de Novembre 2018 à Juin 2019. Comme matériel,
cette étude a nécessité entre autres : les fiches individuelles d’enquêtes et de consentement, les
procédures de manipulation au laboratoire, les logiciels de saisie et d’analyse : SPSS version
20.0, le logiciel Microsoft Excel version 2016, un ordinateur, une calculatrice scientifique, du
matériel de prélèvement, des bandelettes de diagnostic rapide de l’Ag HBs et un
spectrophotomètre.
4
METHODE
Population cible.
Elle était constituée par le personnel médical (Médecins généralistes et spécialistes, chirurgien
dentistes, pharmaciens) et paramédical : Infirmiers Diplômés d’Etat (IDE), Sages-femmes,
Kinésithérapeutes, Diététiciennes, Animateur Psychosocial des PVVIH, techniciens de
laboratoire, de radiologie, dentistes, de surface, Aides-Soignants (AS), vaccinés et non
vaccinés. Etait exclus le personnel administratif et les agents de sécurité, ainsi que les élèves
et étudiants en stage à l’HDD durant la période d’étude.
Considérations éthiques
Procédure
Après obtention des différentes autorisations administratives et de la clairance éthique, l’étude
se déroulait dans l’ordre chronologique suivant : Rencontre du personnel médical et
paramédical, Présentation de l’étude et de son intérêt à chaque personnel par l’investigateur
principal, distribution de la fiche d’information et de consentement, signature de la fiche de
consentement et remplissage d’une fiche d’enquête par chaque participant, établissement d’un
planning de passage dans chaque service pour prélèvement des échantillons, enregistrement
de chaque participant avec attribution d’un numéro de code anonyme, prélèvement de 5ml de
sang veineux dans des conditions d’asepsie et de sécurité adéquates avec recueil dans le tube
stérile étiqueté, puis mise au repos pendant 30mn avant de centrifuger à 2500 tours/mn
pendant 5mn pour l’obtention du sérum, test immunochromatographique rapide pour la
recherche de l’Ag HBs, de l’Ac anti-HBc et l’Ac anti-HBs, dosage de l’Ac anti-HBs chez les
personnes ayant régulièrement reçu au minimum 3 doses de vaccin.
5
Pour chaque personnel, nous avons enregistré : l’identité, les antécédents, la connaissance de
l’hépatite B, la connaissance du statut sérologique viral B, le statut vaccinal, le statut
sérologique viral B actuel.
La recherche des Facteurs associés au portage de l’Ag HBs s’est fait pour chaque participant,
par l’analyse des données concernant le sexe, le statut matrimonial, les antécédents de
transfusion sanguine, les antécédents de rapport sexuel à risque, les antécédents de
scarification, les antécédents de tatouage, les antécédents de piercing, les antécédents de
toxicomanie IV, les antécédents d’IST, les antécédents d’AES.
6
Statut vaccinal
Pour déterminer le statut vaccinal, nous avons procédé à un dosage quantitatif de l’anticorps
anti-HBs avec le kit de test BIOELISA anti-HBs en suivant les instructions du fabricant.
La recherche des Facteurs associés à la diminution de la réponse immunitaire s’est fait pour
chaque participant chez qui le dosage de l’Ac anti-HBs a été réalisé, par l’analyse des données
concernant :l’âge ; le sexe ; la consommation de tabac ; l’indice de masse corporelle ; les
problèmes médicaux chroniques.
RESULTATS
Caractéristiques sociodémographiques de la population d’étude.
37.4
40 31
Pourcentage
35
30 21.1
25
20 10.5
15
10
5
0
[20-30] (n=64) [31-40] (n=53) [41-50] (n=36) [51-62] (n=18)
Age
7
Notre population d’étude était en majorité constituée de jeunes (âge ≤ 30 ans). La tranche
d’âge la plus représentée était celle comprise entre 20 et 30 ans suivie de celle de 31 à 40 ans ;
les extrêmes étaient 20 ans et 62 ans. L’âge moyen était de 36,48 ± 9,58 ans.
Profession et statut matrimonial. Le tableau I présente la répartition de notre
population d’étude en fonction de la profession et du statut matrimonial.
Tableau I : Répartition de la population d’étude selon la profession et le statut matrimonial.
Les mariés étaient 2 fois plus nombreux que les célibataires ; les infirmiers représentent près
de la moitié de notre population d’étude
La relation entre les principaux facteurs de risques identifiés dans notre population et la
prévalence de l’Ag HBs est consignée dans le tableau II.
8
Tableau II : Prévalence l’Ag HBs en fonction des facteurs de risque.
Les rapports sexuels non protégés et les scarifications seraient les principaux facteurs de
risque.
70
60
50 34.5
40
30 19.3
20 8.2 5.8 0.600000000000
0.600000000000
10 001 001
0
n s s g l
sio IS
T ES tion age cin xue
fu A u r se
ns ca ato Pi
e
a rifi T or
t
Tr Sc
a p p
Ra
Facteurs de risque
Les principaux facteurs de risque enregistrés étaient les rapports sexuels, les scarifications et
les AES.
9
Connaissance de l’hépatite B.
Le niveau de connaissance de l’hépatite par le personnel de santé de l’HDD est résumé dans
le tableau III.
Pneumopathie 3 1,8
Grippe 2 1,2
10
Statut sérologique :
Une grande partie du personnel (73%) affirmait son statut serologique B. Les tests qualitatifs
ont permis d’établir que la prévalence de AgHBs est de 7% parmi le personnel de l’HDD
Les variations de la prévalence de l’Ag HBs en fonction du sexe, de l’âge et du statut
matrimonial sont présentées dans le tableau IV.
Tableau IV : Prévalence l’Ag HBs en fonction du sexe, de l’âge et du statut matrimonial.
Masculin 4 33,3
[20-30] 3 25,0
[41-50] 5 41,7
Bien que les différences ne soient pas statistiquement significatives (P > 0,05) les femmes, les
mariés et les sujets âgés de plus de 40 ans seraient les plus vulnérables.
11
Moins d’un tiers de la population (21,6%) avait déjà eu un contact avec le VHB (Ac anti-HBc
+). Parmi eux, certains ont acquis une immunité passive, marquée par la présence de l’Ac
anti-HBs et l’absence de l’Ag HBs. D’autres par contre étaient dans une situation ne
permettant pas d’identifier entre une hépatite guérie ou chronique.
Etat vaccinal.
Sur simple déclaration sans présentation d’un certificat, 57% du personnel se sont présentés
comme vacciné contre l’hépatite B.
Les raisons de la non vaccination des autres (43%) sont regroupées dans la figure 3
5% Négligence (n=40)
10%
12
2% 9%
19%
1 dose
2 doses
3 doses
69% 4 doses
La plus grande partie (89%) du personnel avaient reçu au moins 3 doses de vaccin.
Le tableau VII montre la proportion de sujets ayant réalisé le bilan pré vaccinal et le bilan post
vaccinal
Tableau VII : Répartition de la population vaccinée en fonction des bilan pré et post-vaccinal.
La majorité du personnel avait fait un bilan pré vaccinal et post vaccinal avec une différence
hautement significative (P<0,05).
13
Mais seuls 38% du personnel ont respecté le calendrier vaccinal. Par ailleurs c’est souvent à
titre personnel que les employés se sont faits vacciner (figure5).
100
88,7
90
80
70
Fréquence en %
60
50
40
30
20 9,3
10 1 1
0
A titre personnel Campagne de Après AES (n=1) Médecine de
(n=86) masse (n=9) travail (n=1)
Circonstance de vaccination
Comme le montre la figure 6, seuls 9,3% du personnel ayant reçu au moins 3 doses de vaccin
avaient un taux d’anticorps conférant une immunité définitive.
50 46,5 44,2
45
40
Fréqunce en %
35
30
25
20
15
9,3
10
5
0
[0-10[ (n=40) [10-100[ (n=38) [100-121] (n=8)
Titre d'anticorps en mUI/ml
Figure 6 : Concentration sérique d’Ac anti-HB chez les participants ayant reçu au moins 3
doses de vaccin.
14
Du tableau VIII rassemblant les facteurs susceptibles d’influencer la réponse immunitaire, il
ressort que l’âge avancé (>40 ans) et l’obésité (IMC>25) sont les facteurs essentiels associés à
la baisse de la réponse immunitaire.
DISCUSSION
15
concerne l’infection à l’hépatite virale B. En 2016 Tatsilong annonçait un taux de 61,34% à
Yaoundé [6].
La prédominance des femmes (76%) trouvée à Dschang, est parallèle aux résultats de
Noah et al. (69%) en 2013 [7] et de Tatsilong et al. en 2016 (71%) [6]. Elle traduit la
prédominance des femmes dans la profession d’infirmier.
La forte proportion de jeunes (37,4%) et la faible moyenne d’âge (36,48 ± 9,58 ans) peuvent
se justifier par les recrutements des jeunes diplômés intervenus un an plus tôt dans le cadre du
Performance Based Financement (PBF).
Le fort taux du personnel infirmier (48%) s’explique par le fait qu’au Cameroun les structures
sanitaires périphériques emploient surtout le personnel paramédical.
Le personnel de l’HDD a une bonne connaissance de l’HVB (94,7%), le virus étant cité
comme l’agent causal de l’hépatite B (93%) ; il en est de même du mode de transmission
sanguin (86%) et des principales complications que sont la cirrhose (84,8%) et le carcinome
hépatocellulaire (77,8%). Lawson au Sénégal [8] et Diallo au Mali [8] ont formulé les constats
similaires dans leurs populations d’études. Cette similitude peut trouver son explication dans
la qualité de la formation reçue par les agents de la santé au cours de leurs formations ainsi
que dans les séances de recyclage régulièrement organisées dans nos formations sanitaires.
16
Il y avait une association entre le portage de l’Ag HBs et les rapports sexuels non
protégés, les AES et le piercing. Dakou et al. rapportait que 96% du personnel avaient des
antécédents d’injection accidentelle en service [10], et Kateera et al. en 2015 au Rwanda
notait que 4,2% des participants avaient des antécédents de scarification [12]. Cette similitude
des résultats peut s’expliquer par le fait des comportements sexuels à risque observé dans la
population générale, la pratique des scarifications dans les traditions africaines et le risque
élevé d’AES lié à leur profession.
Bien que les différences ne soient pas statistiquement significatives (P> 0,05), les femmes
(66,7%), les mariés (58,3%) et les sujets âgés de plus de 40 ans (41,7%) seraient les plus
vulnérables. Dakou et al. en 1989 au Bénin [10] et Kateera et al. au Rwanda en 2013 [12]
avaient fait les mêmes observations. Ceci pourrait s’expliquer par la forte représentation des
femmes et des mariés dans ces études.
Seuls 57% du personnel affirmaient avoir déjà été vaccinés contre l’hépatite B. Ce résultat
est faible par rapport à celui de Burnett et al. en 2009 en Afrique du Sud (67,9%) [13] et de
Ogoina et al. en 2011 au Nigéria (64,5%) [11]. Il est par contre supérieur à ceux de Meriki et
al. en 2018 au Sud-Ouest Cameroun (39,4%) [15].
Plus de ¾ de la population se réclament avoir reçu au moins une dose de vaccin ; parmi eux,
89% avaient reçu au moins 3 doses de vaccin et 11% moins de 3 doses. Nos valeurs sont
supérieures à celles de Burnett et Ogoina qui trouvaient respectivement que 19,9% et 36,2%
de leur population vaccinée avaient reçu au moins 3 doses de vaccin [13,14].
Parmi les 53,5% du personnel ayant acquis l’immunité avec 3 doses de vaccin 44,2% avaient
un titre Ac anti-HBs compris entre 10 et 100 mUI/ml; le reste (9,3%) avait un titre Ac anti-
HBs supérieur à 100 mUI/ml. Ces valeurs sont très faibles par rapport à celles de de
Basireddy et al. en 2013 en Inde [16] et Chathuranga et al en 2013 au Sri Lanka [17]. Ce qui
pourrait soulever le problème de la qualité de nos vaccins en termes de source et surtout de
conservation.
17
L’âge > 40 ans est un facteur de réponse médiocre au vaccin contre VHB. Chathuranga avait
fait la même observation en Inde en 2013 [17]. Ceci confirme la diminution de l’activité
proliférative des lymphocytes avec l’âge [15].
Le surpoids (IMC élevé) était associé à une baisse de la séroprotection antihépatite B ; Yang
et al avaient fait le même constat en 2015 en Chine [18]. Cependant, Meriki, Basireddy et
Muvunyi n’avaient pas trouvé d’association entre le surpoids et la baisse de la réponse
immunologique [15,17,19]. Ingardia et al expliquent cette faible réponse à la vaccination
antihépatite B par la distribution principale du vaccin dans les tissus adipeux et non dans les
muscles, ce qui pourrait entraver l’absorption et la dénaturation de l’antigène du vaccin par
action enzymatique [20].
CONCLUSION
REFERENCES
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18
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factors influencing efficacy. Obstet Gynecol. 1999;93:983-6.
20