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Détermination de la prévalence de l’antigène HBs et évaluation de l’état

vaccinal contre l’hépatite B chez le personnel médical et paramédical de


l’Hôpital de District de Dschang à l’Ouest-Cameroun
Gouajeu Rodrigue 1 , Djoko Ernest 2 , Nzoume Nsope Marcel 3, Ngogang Jeanne 1

1- Université des Montagnes, faculté de médecine . Bangangté/ Cameroun


2- Université des Montagnes, faculté de Pharmacie . Bangangté/ Cameroun
3- Hôpital Régional de Bafoussam. Cameroun

Auteur Correspondant : DJOKO Ernest : edjoko16@gmail.com , tel : +237 691144928

RESUME

L’infection causée par le virus de l’hépatite B constitue un problème majeur de santé à


l’échelle mondiale. L’Afrique subsaharienne en est particulièrement touchée. L’objectif de
cette étude était de déterminer la prévalence de l’antigène HBs et d’évaluer l’état vaccinal
contre l’hépatite B chez le personnel médical et paramédical de l’Hôpital de District de
Dschang. Une étude transversale descriptive a été menée à l’Hôpital de District de Dschang
entre Novembre 2018 et Juin 2019. Etait inclus à cette étude, tout personnel médical et
paramédical de l’Hôpital de District de Dschang. Au cours de cette étude, le niveau de
connaissance de l’hépatite B a été évalué, les marqueurs de l’hépatite B (Ag HBs, Ac anti-
HBc, Ac anti-HBs) ont été recherchés, l’anticorps anti-HBs a été dosé, les facteurs de risque
de l’hépatite B et les facteurs de faible immunisation antihépatite B ont été recherchés.
L’enquête concernait 171 personnels de santé âgés en moyenne de 36,48 ± 9,58 ans. Parmi
eux, 94,7% affirmaient connaître l’hépatite B. La prévalence de l’hépatite B était de 7%. Les
professions infirmières et paramédicales étaient les plus concernées par la positivité à l’Ag
HBs. Les facteurs de risque retrouvés chez les porteurs de l’Ag HBs étaient les rapports
sexuels non protégés, les scarifications et les accidents d’exposition au sang (AES). Le
portage de l’Ag HBs pouvait être associé aux rapports sexuels non protégés (P=0,021), aux
AES (P=0,021) et au piercing (P=0,004). Cependant, Il n’y avait pas d’association entre le
portage de l’Ag HBs et l’âge (P=0,779), le sexe (P=0,248) et le statut matrimonial (P=0,779).
Sur la base des déclarations, sans présentation d’un certificat, 57% du personnel affirmaient
avoir déjà été vaccinés contre l’hépatite B ; parmi eux, 89% avaient reçu au moins 3 doses de
vaccin dont 53,3% avaient acquis une immunité contre le VHB. L’âge avancé (> 40 ans) et le
surpoids étaient associés à une faible réponse au vaccin antihépatite B. Par ailleurs, le sexe et
le tabagisme n’étaient pas associés à la faible séroprotection antihépatite B. En définitive,
cette étude a révélé une forte prévalence de l’Ag HBs et une faible séroprotection antihépatite
B dans la population d’étude. D’où la nécessité de la sensibilisation, du dépistage
i
systématique et de la vaccination du personnel de santé, de la formation des vaccinateurs et du
contrôle de la chaîne de vaccination.

Mots-clés : Hépatite B, séroprévalence, vaccination, personnel de santé, Cameroun.

ii
ABSTRACT

Hepatitis B infection is a major global health problem. Sub–saharan Africa is particulary


affected. The aim of this study was to determine the prevalence of HBs antigen (HBs Ag) and
to assess the hepatitis B vaccine status among medical and paramedical staff at Dschang
District Hospital. A descriptive cross-sectional study was conducted at Dschang District
Hospital from November 2018 to June 2019. Included in this study were all medical and
paramedical staff of the Dschang District Hospital, regardless of sex or age, vaccinated and
unvaccinated and having signed informed consent. In this study, we assessed the level of
knowledge of hepatitis B, investigated hepatitis B markers (HBs antigen (HBs Ag), HBc
antibody (HBc Ac), HBs antibody (HBs Ac)), performed HBs Ac assay, investigated hepatitis
B risk factors, and low hepatitis B immunization factors, among an average of 171 health
personnel aged 36,48 ± 9,58. Of these, 94.7 % said they knew hepatitis B. The prevalence of
hepatitis B was 7%. Nursing and paramedical professions were the main concerned by the
HBs Ag positivity. The risk factors found in HBs Ag carriers were unprotected sex,
scarification and blood exposure accident. There was an association between HBs antigen
portage and unprotected sex (P=0.021), blood exposure accident (P=0.021) and piercing
(P=0.004). However, there was no association between HBs Ag carrying and age group
(P=0.779), sex (P=0.248) and marital status (P=0.779). On the basis of the statements, without
a certificate, 57% of the staff said they had already been vaccinated against hepatitis B ; of
these, 89% had received at least 3 doses of vaccine, of which 53.3% had acquired immunity
from HBV. Advanced age (> 40 years) and overweight were associated with a low response
to hepatitis B vaccine. In addition, sex and smoking were not associated with low hepatitis B
seroprotection. In conclusion, this study found that the prevalence of HBs Ag is still high in
our context and low hepatitis B seroprotection in the study population. Hence the need for
awareness-raising, systematic screening and vaccination of health personnel, training of
vaccinators and monitoring of the vaccination chain.

Keywords : Hepatitis B, seroprevalence, vaccination, Healthcare workers, Cameroon.

iii
INTRODUCTION
L’hépatite virale une atteinte infectieuse et inflammatoire du foie par des virus dits
hépatotrophes. Parmi ces virus, celui de l’hépatite B est fréquemment rencontré à l’échelle
mondiale et est un problème majeur de santé publique du fait de sa grande contagiosité, du
caractère insidieux de son évolution et de la possibilité d’une évolution vers la cirrhose et le
carcinome hépatocellulaire [1]. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 2
milliards de personnes sont infectées par le VHB et environ 248 millions sont porteurs
chroniques du virus de l’hépatite. Avec une prévalence supérieure à 8%, l’Afrique
subsaharienne et l’Asie du Sud-Est sont des zones de haute endémicité [2]. Une étude menée
par Bigna et al. au Cameroun entre janvier 2000 et septembre 2016 annonçait une prévalence
de l’hépatite B de 11,2% [3].

L’origine professionnelle de cette pathologie est en passe d’être maitrisée dans les pays
développés grâce à l’instauration de la vaccination obligatoire du personnel de santé, avec une
prévalence de portage de l’antigène HBs < 0,5% [4]. De plus, la prévention par le vaccin
permettrait d’éviter au moins 80 à 90% des décès liés à cette infection virale.

Au Cameroun, bien que la vaccination ne soit pas systématique pour le personnel de santé,
certains établissements hospitaliers ont entrepris la vaccination systématique de leur personnel
ce qui pourrait justifier le taux élevé de couverture vaccinale de 66,1% retrouvé par Vanta en
2012 à l’Hôpital Général de Douala (HGD) [5]. En ce qui concerne l’Hôpital de District de
Dschang, ni la vaccination, ni le dépistage du personnel de santé n’est systématique. Dans la
présente étude nous avons voulu déterminer la prévalence de l’Ag HBs et l’état vaccinal
contre l’hépatite B du personnel médical et paramédical de l’Hôpital de District de Dschang.

MATERIEL

Nous avons réalisé une étude transversale et descriptive à l’Hôpital de District de Dschang
(HDD) sur une période de 08 mois allant de Novembre 2018 à Juin 2019. Comme matériel,
cette étude a nécessité entre autres : les fiches individuelles d’enquêtes et de consentement, les
procédures de manipulation au laboratoire, les logiciels de saisie et d’analyse : SPSS version
20.0, le logiciel Microsoft Excel version 2016, un ordinateur, une calculatrice scientifique, du
matériel de prélèvement, des bandelettes de diagnostic rapide de l’Ag HBs et un
spectrophotomètre.

4
METHODE

Population cible.
Elle était constituée par le personnel médical (Médecins généralistes et spécialistes, chirurgien
dentistes, pharmaciens) et paramédical : Infirmiers Diplômés d’Etat (IDE), Sages-femmes,
Kinésithérapeutes, Diététiciennes, Animateur Psychosocial des PVVIH, techniciens de
laboratoire, de radiologie, dentistes, de surface, Aides-Soignants (AS), vaccinés et non
vaccinés. Etait exclus le personnel administratif et les agents de sécurité, ainsi que les élèves
et étudiants en stage à l’HDD durant la période d’étude.

Considérations éthiques

La clairance éthique N°2019/074 obtenue auprès du comité institutionnel d’éthique de


l’Université des Montagnes était le préalable à l’étude. L’autorisation du Directeur de l’HDD
avait été obtenue. Le personnel médical et paramédical a été informé de l’intérêt de l’étude,
des objectifs et de la méthodologie utilisée. Un accord pour la réponse aux questions
nécessaires au remplissage de la fiche d’enquête a été obtenu. N’a été inclus dans l’étude, que
le personnel ayant consenti librement à y participer. Les données recueillies ont été
conservées et traitées dans le strict respect du secret médical. Pour garder la confidentialité,
un numéro d’anonymat a été attribué à chaque participant et noté sur sa fiche technique.

Procédure
Après obtention des différentes autorisations administratives et de la clairance éthique, l’étude
se déroulait dans l’ordre chronologique suivant : Rencontre du personnel médical et
paramédical, Présentation de l’étude et de son intérêt à chaque personnel par l’investigateur
principal, distribution de la fiche d’information et de consentement, signature de la fiche de
consentement et remplissage d’une fiche d’enquête par chaque participant, établissement d’un
planning de passage dans chaque service pour prélèvement des échantillons, enregistrement
de chaque participant avec attribution d’un numéro de code anonyme, prélèvement de 5ml de
sang veineux dans des conditions d’asepsie et de sécurité adéquates avec recueil dans le tube
stérile étiqueté, puis mise au repos pendant 30mn avant de centrifuger à 2500 tours/mn
pendant 5mn pour l’obtention du sérum, test immunochromatographique rapide pour la
recherche de l’Ag HBs, de l’Ac anti-HBc et l’Ac anti-HBs, dosage de l’Ac anti-HBs chez les
personnes ayant régulièrement reçu au minimum 3 doses de vaccin.

5
Pour chaque personnel, nous avons enregistré : l’identité, les antécédents, la connaissance de
l’hépatite B, la connaissance du statut sérologique viral B, le statut vaccinal, le statut
sérologique viral B actuel.

Variables et analyse des données


Les variables indépendantes étudiées étaient l’âge, le sexe, la profession, le service, la
nationalité, le statut matrimonial les antécédents (d’ictère, de transfusion sanguine, de rapport
sexuel à risque, de scarification, de tatouage, de piercing, de toxicomanie , d’IST, d’AES), le
statut sérologique viral B actuel, le statut vaccinal actuel, le nombre de doses reçues, le
respect du calendrier vaccinal, la circonstance de vaccination, la raison de non vaccination, la
consommation de tabac, l’IMC, les problèmes médicaux chroniques.
Les variables dépendantes étaient : l’Ag HBs, l’Ac anti-HBc et l’Ac anti-HBs (recherchés par
un test immun chromatographique rapide) et le taux d’Ac anti-HBs.
Les données recueillies, elles étaient saisies et analysées à l’aide du logiciel Statistical
Package for Social Sciences (SPSS) version 20.0.0. Microsoft Office Excel 2016 était utilisé
pour réaliser les figures. Les données ont été présentées sous forme d’effectifs, de
pourcentages, de moyenne +/- écart-type. La comparaison des fréquences a été effectuée en
utilisant la tabulation croisée avec le test du chi carré, P<0,05 a été considérée comme
statistiquement significatif.

Prévalence de l’Ag HBs.


Pour déterminer la prévalence de l’Ag HBS, nous avons utilisé un test qualitatif à base du
réactif HBV One Step Hepatitis B Virus Combo Test Device qui permettait la mise évidence
de l’antigène HBs (Ag HBs), de l’anticorps anti HBc (Ac anti-HBc) et de l’anticorps anti HBs
(Ac anti-HBs) dans le sérum de chaque participant.

Facteurs associés au portage de l’Ag HBs

La recherche des Facteurs associés au portage de l’Ag HBs s’est fait pour chaque participant,
par l’analyse des données concernant le sexe, le statut matrimonial, les antécédents de
transfusion sanguine, les antécédents de rapport sexuel à risque, les antécédents de
scarification, les antécédents de tatouage, les antécédents de piercing, les antécédents de
toxicomanie IV, les antécédents d’IST, les antécédents d’AES.

6
Statut vaccinal
Pour déterminer le statut vaccinal, nous avons procédé à un dosage quantitatif de l’anticorps
anti-HBs avec le kit de test BIOELISA anti-HBs en suivant les instructions du fabricant.

La recherche des Facteurs associés à la diminution de la réponse immunitaire s’est fait pour
chaque participant chez qui le dosage de l’Ac anti-HBs a été réalisé, par l’analyse des données
concernant :l’âge ; le sexe ; la consommation de tabac ; l’indice de masse corporelle ; les
problèmes médicaux chroniques.

RESULTATS
Caractéristiques sociodémographiques de la population d’étude.

Le personnel médical et paramédical de l’Hôpital de District de Dschang se chiffrait à 187


personnes mais seules 171 personnes ont accepté de participer à l’étude, soit 91,4%. Seize
personnels soignants n’ont pas été inclus dans cette étude. Parmi les participants, 97(56,7%)
affirmaient être vaccinés contre le virus de l’hépatite B tandis que les 74 autres (43,3%)
n’avaient reçu aucun vaccin.

Sexe. La répartition de la population en fonction du sexe était en faveur des femmes


76% (130) contre 24% (41 personnes).

Age : La figure 1 présente la répartition de la population en fonction des tranches


d’âge.

37.4
40 31
Pourcentage

35
30 21.1
25
20 10.5
15
10
5
0
[20-30] (n=64) [31-40] (n=53) [41-50] (n=36) [51-62] (n=18)

Age

Figure 1 : Répartition de la population en fonction des tranches d’âge.

7
Notre population d’étude était en majorité constituée de jeunes (âge ≤ 30 ans). La tranche
d’âge la plus représentée était celle comprise entre 20 et 30 ans suivie de celle de 31 à 40 ans ;
les extrêmes étaient 20 ans et 62 ans. L’âge moyen était de 36,48 ± 9,58 ans.
Profession et statut matrimonial. Le tableau I présente la répartition de notre
population d’étude en fonction de la profession et du statut matrimonial.
Tableau I : Répartition de la population d’étude selon la profession et le statut matrimonial.

Caractéristiques Modalités Effectifs Pourcentages (%)


Nationalité
Camerounaise 171 100
(n = 171)
Statut matrimonial Marié(e) 112 65,5
Célibataire 58 34,0
(n = 171)
Divorcé 1 0,5

Infirmiers (ères) 82 48,0


Technicien(ne)s de labo 23 13,5
Aides-soignantes 20 12,0
Technicien(ne)s de surface 10 5,8
Sages-femmes 8 4,5
Profession Médecins 6 3,5
Techniciennes dentistes 6 3,5
(n = 171)
APS des PVVIH 4 2,3
Kinésithérapeutes 4 2,3
Pharmaciens 3 1,7
Diététiciennes 2 1,2
Chirurgien-dentiste 2 1,2
Technicien en imagerie 1 0,5

Les mariés étaient 2 fois plus nombreux que les célibataires ; les infirmiers représentent près
de la moitié de notre population d’étude

Facteurs de risque de risque

La relation entre les principaux facteurs de risques identifiés dans notre population et la
prévalence de l’Ag HBs est consignée dans le tableau II.

8
Tableau II : Prévalence l’Ag HBs en fonction des facteurs de risque.

Facteurs de risques Effectifs Proportions (%) P


9 75,0 0,021
Rapports sexuel (n=12)
6 50,0 1,000
Scarification (n=12)
2 16,7 0,021
AES* (n=12)

Piercing (n=12) 1 8,3 0,004

Transfusion sanguine 0 0,0 /


(n=12)
Tatouage (n=12) 0 0,0 /
* accident d’exposition au sang

Les rapports sexuels non protégés et les scarifications seraient les principaux facteurs de
risque.

Les principaux facteurs de risque de transmission du VHB recensés chez le personnel de


l’HDD sont présentés dans la figure 2.
96.5
100
90
80
Pourcentage

70
60
50 34.5
40
30 19.3
20 8.2 5.8 0.600000000000
0.600000000000
10 001 001
0
n s s g l
sio IS
T ES tion age cin xue
fu A u r se
ns ca ato Pi
e
a rifi T or
t
Tr Sc
a p p
Ra
Facteurs de risque

Figure 2 : Répartition de la population d’étude selon les facteurs de risque de transmission de


l’hépatite virale B.

Les principaux facteurs de risque enregistrés étaient les rapports sexuels, les scarifications et
les AES.

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Connaissance de l’hépatite B.
Le niveau de connaissance de l’hépatite par le personnel de santé de l’HDD est résumé dans
le tableau III.

Tableau III : Connaissance de l’hépatite B.

Caractéristiques Modalités Effectifs Pourcentages (%)

Connaissance de Non 9 5,3


l’hépatite B (n = 171) Oui 162 94,7

Virus 159 93,0


Cause
Bactérie 1 0,6
(n = 171)
Ne connait pas 11 6,4

Mode de Sanguin 147 86,0


transmission Sexuel 145 84,8
Mère-enfant 127 74,3
Ne connait pas 5 3,0

Cirrhose 145 84,8


Cancer du foie 133 77,8

Complications Hémorragie digestive 15 8,8

Pneumopathie 3 1,8

Grippe 2 1,2

Ne connait pas 1 0,6

La majorité de la population d’étude affirmait avoir une connaissance de l’hépatite B ainsi


que l’origine virale de la maladie.

10
Statut sérologique :
Une grande partie du personnel (73%) affirmait son statut serologique B. Les tests qualitatifs
ont permis d’établir que la prévalence de AgHBs est de 7% parmi le personnel de l’HDD
Les variations de la prévalence de l’Ag HBs en fonction du sexe, de l’âge et du statut
matrimonial sont présentées dans le tableau IV.
Tableau IV : Prévalence l’Ag HBs en fonction du sexe, de l’âge et du statut matrimonial.

Caractéristiques Modalités Effectifs Pourcentages (%) P


Sexe (n=12) Féminin 8 66,7
(%) 0,248

Masculin 4 33,3

Statut Marié 7 58,3 0,779


matrimonial
Célibataire 5 41,7
(n=12)

[20-30] 3 25,0

Âge (n=12) [31-40] 4 33,3 0,779

[41-50] 5 41,7

Bien que les différences ne soient pas statistiquement significatives (P > 0,05) les femmes, les
mariés et les sujets âgés de plus de 40 ans seraient les plus vulnérables.

Prévalence des marqueurs de l’hépatite B


Le résultat de la recherche des différents marqueurs de l’hépatite est consigné dans le tableau
VI

Tableau VI : Prévalence de marqueurs de l’hépatite

Caractéristiques Modalités Effectifs Pourcentages (%) P

Négatif 159 93,0


Ag HBs (n = 171) 0,000
Positif 12 7,0

Ac anti-HBc Négatif 134 78,4


0,000
(n = 171) Positif 37 21,6

Ac anti-HBs (n = Négatif 110 64,3 0,000


171)
Positif 61 35,7

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Moins d’un tiers de la population (21,6%) avait déjà eu un contact avec le VHB (Ac anti-HBc
+). Parmi eux, certains ont acquis une immunité passive, marquée par la présence de l’Ac
anti-HBs et l’absence de l’Ag HBs. D’autres par contre étaient dans une situation ne
permettant pas d’identifier entre une hépatite guérie ou chronique.

Etat vaccinal.
Sur simple déclaration sans présentation d’un certificat, 57% du personnel se sont présentés
comme vacciné contre l’hépatite B.
Les raisons de la non vaccination des autres (43%) sont regroupées dans la figure 3

5% Négligence (n=40)
10%

12% Manque d'information (n=14)


55%
Vaccin onéreux (n=9)
17%
Désintérêt (n=7)

Portage chronique (n=4)

Figure 3 : Répartition de la population non vaccinée en fonction des raisons de non


vaccination.

La principale raison de la non vaccination est la négligence, suivi du manque d’information


sur l’existence d’un vaccin.
Doses vaccinales reçues.
La figure 4 montre que le personnel vacciné ne présentait pas une uniformité quant au nombre
de doses de vaccin reçues.

12
2% 9%
19%
1 dose
2 doses
3 doses
69% 4 doses

Figure 4 : Répartition de la population vaccinée en fonction du nombre de doses de vaccin


reçues.

La plus grande partie (89%) du personnel avaient reçu au moins 3 doses de vaccin.
Le tableau VII montre la proportion de sujets ayant réalisé le bilan pré vaccinal et le bilan post
vaccinal
Tableau VII : Répartition de la population vaccinée en fonction des bilan pré et post-vaccinal.

Caractéristiques Modalités Effectifs Proportions (%) P

Bilan pré-vaccinal* Non 5 5,2

(n = 97) Oui 92 94,8 0,000

Bilan post-vaccinal** Non 95 97,9

(n = 97) Oui 2 2,1 0,000

*recherche de l’Ag HBs. **recherche et/ou dosage de l’Ac anti HBs.

La majorité du personnel avait fait un bilan pré vaccinal et post vaccinal avec une différence
hautement significative (P<0,05).

13
Mais seuls 38% du personnel ont respecté le calendrier vaccinal. Par ailleurs c’est souvent à
titre personnel que les employés se sont faits vacciner (figure5).

100
88,7
90
80
70
Fréquence en %

60
50
40
30
20 9,3
10 1 1
0
A titre personnel Campagne de Après AES (n=1) Médecine de
(n=86) masse (n=9) travail (n=1)
Circonstance de vaccination

Figure 5 : Répartition de la population en fonction des circonstances de vaccination.

Comme le montre la figure 6, seuls 9,3% du personnel ayant reçu au moins 3 doses de vaccin
avaient un taux d’anticorps conférant une immunité définitive.

50 46,5 44,2
45
40
Fréqunce en %

35
30
25
20
15
9,3
10
5
0
[0-10[ (n=40) [10-100[ (n=38) [100-121] (n=8)
Titre d'anticorps en mUI/ml

Figure 6 : Concentration sérique d’Ac anti-HB chez les participants ayant reçu au moins 3
doses de vaccin.

14
Du tableau VIII rassemblant les facteurs susceptibles d’influencer la réponse immunitaire, il
ressort que l’âge avancé (>40 ans) et l’obésité (IMC>25) sont les facteurs essentiels associés à
la baisse de la réponse immunitaire.

Tableau VIII : Facteurs associés à la baisse de la réponse immunitaire au vaccin contre la


VHB.

Titre d’anticorps en mUI/ml

Facteurs Modalités [0-10[ [10-100[ [100-121] P

n (%) n (%) n (%)

[20-30] 15 (42,9) 16 (45,7) 4 (11,4)

[31-40] 15 (46,9) 15 (46,9) 2 (6,2)


Age
[41-50] 9 (64,3) 4 (28,6) 1 (7,1) 0,030
[51-62] 1 (20) 3 (60) 1 (20)

Féminin 32 (45,7) 31 (44,3) 7 (10)


Sexe
Masculin 8 (50) 7 (43,7) 1 (6,3) 0,068

Oui 3 (75) 0,00 1 (25) 0,317


Tabagisme
Non 37 (45,2) 38 (46,3) 7 (8,5)

[18,5-24,9] 7 (29,1) 13 (54,2) 4 (16,7)

IMC* [25-29,9] 17 (53,1) 13 (40,6) 2 (6,3) 0,003


[30-34,9] 16 (53,3) 12 (40) 2 (6,7) 0,006

Problème Oui 0 (0) 0 (0) 0 (0)


médical
chronique Non 40 (46,5) 38 (44,2) 8 (9,3)

*indice de masse corporelle en kilogramme par mètre carré (Kg/m2)

DISCUSSION

Notre étude portait sur la détermination de la prévalence de l’antigène HBs et l’évaluation


de l’état vaccinal contre l’hépatite B chez le personnel médical et paramédical de l’hôpital de
district de Dschang (Ouest-Cameroun). Le personnel soignant de l’hôpital de district de
Dschang a porté un intérêt certain à cette étude au vu du fort taux de participation de 91,44%
que nous avons enregistré. Il révèle une prise de conscience par ce personnel en ce qui

15
concerne l’infection à l’hépatite virale B. En 2016 Tatsilong annonçait un taux de 61,34% à
Yaoundé [6].

La prédominance des femmes (76%) trouvée à Dschang, est parallèle aux résultats de
Noah et al. (69%) en 2013 [7] et de Tatsilong et al. en 2016 (71%) [6]. Elle traduit la
prédominance des femmes dans la profession d’infirmier.

La forte proportion de jeunes (37,4%) et la faible moyenne d’âge (36,48 ± 9,58 ans) peuvent
se justifier par les recrutements des jeunes diplômés intervenus un an plus tôt dans le cadre du
Performance Based Financement (PBF).

Le fort taux du personnel infirmier (48%) s’explique par le fait qu’au Cameroun les structures
sanitaires périphériques emploient surtout le personnel paramédical.

Le personnel de l’HDD a une bonne connaissance de l’HVB (94,7%), le virus étant cité
comme l’agent causal de l’hépatite B (93%) ; il en est de même du mode de transmission
sanguin (86%) et des principales complications que sont la cirrhose (84,8%) et le carcinome
hépatocellulaire (77,8%). Lawson au Sénégal [8] et Diallo au Mali [8] ont formulé les constats
similaires dans leurs populations d’études. Cette similitude peut trouver son explication dans
la qualité de la formation reçue par les agents de la santé au cours de leurs formations ainsi
que dans les séances de recyclage régulièrement organisées dans nos formations sanitaires.

La recherche de l’Ag HBs par le test immunochromatographique a permis de trouver une


prévalence de l’hépatite B de 7%. Ce taux inférieur à la prévalence nationale (11,2%) trouvé
par Bigna et al. au cours d’une méta-analyse menée entre janvier 2000 et septembre 2016 [3]
est similaire à ceux trouvés par Dakou et al. (8,6%) en 1989 au Bénin [10]. Un portage
chronique de l’Ag HBs a été noté chez 2,33% des participants. Ce taux est faible par rapport à
celui annoncé en 2015 en Tanzanie par Mueller et al. (7,4%) [11].

Les professions infirmières et paramédicales (Aide-soignant, technicien de laboratoire et


technicien de surface) sont les plus concernées par la positivité de l’Ag HBs. Ce résultat se
rapproche de celui trouvés par Noah et al. en 2013 à l’Hôpital Central de Yaoundé (3,5%) [7].
Cette similitude peut s’expliquer par le fait qu’au Cameroun, dans l’exercice de leur
profession, ces derniers sont en contact étroit avec les patients, ainsi que les produits
biologiques, et par conséquent sont plus à risque de se faire contaminer par un porteur de l’Ag
HBs ou un produit contaminé.

16
Il y avait une association entre le portage de l’Ag HBs et les rapports sexuels non
protégés, les AES et le piercing. Dakou et al. rapportait que 96% du personnel avaient des
antécédents d’injection accidentelle en service [10], et Kateera et al. en 2015 au Rwanda
notait que 4,2% des participants avaient des antécédents de scarification [12]. Cette similitude
des résultats peut s’expliquer par le fait des comportements sexuels à risque observé dans la
population générale, la pratique des scarifications dans les traditions africaines et le risque
élevé d’AES lié à leur profession.

Bien que les différences ne soient pas statistiquement significatives (P> 0,05), les femmes
(66,7%), les mariés (58,3%) et les sujets âgés de plus de 40 ans (41,7%) seraient les plus
vulnérables. Dakou et al. en 1989 au Bénin [10] et Kateera et al. au Rwanda en 2013 [12]
avaient fait les mêmes observations. Ceci pourrait s’expliquer par la forte représentation des
femmes et des mariés dans ces études.

Seuls 57% du personnel affirmaient avoir déjà été vaccinés contre l’hépatite B. Ce résultat
est faible par rapport à celui de Burnett et al. en 2009 en Afrique du Sud (67,9%) [13] et de
Ogoina et al. en 2011 au Nigéria (64,5%) [11]. Il est par contre supérieur à ceux de Meriki et
al. en 2018 au Sud-Ouest Cameroun (39,4%) [15].

Plus de ¾ de la population se réclament avoir reçu au moins une dose de vaccin ; parmi eux,
89% avaient reçu au moins 3 doses de vaccin et 11% moins de 3 doses. Nos valeurs sont
supérieures à celles de Burnett et Ogoina qui trouvaient respectivement que 19,9% et 36,2%
de leur population vaccinée avaient reçu au moins 3 doses de vaccin [13,14].

La principale raison de non vaccination était la négligence (55%), suivi du manque


d’information (17%) et du coût élevé du vaccin (12%). Ces résultats sont presque similaires à
celui trouvé dans le Sud-Ouest Cameroun par Meriki en 2018 où la négligence était la
principale raison (58,4%), suivi du coût élevé (24,7%) [15].

Parmi les 53,5% du personnel ayant acquis l’immunité avec 3 doses de vaccin 44,2% avaient
un titre Ac anti-HBs compris entre 10 et 100 mUI/ml; le reste (9,3%) avait un titre Ac anti-
HBs supérieur à 100 mUI/ml. Ces valeurs sont très faibles par rapport à celles de de
Basireddy et al. en 2013 en Inde [16] et Chathuranga et al en 2013 au Sri Lanka [17]. Ce qui
pourrait soulever le problème de la qualité de nos vaccins en termes de source et surtout de
conservation. 

17
L’âge > 40 ans est un facteur de réponse médiocre au vaccin contre VHB. Chathuranga avait
fait la même observation en Inde en 2013 [17]. Ceci confirme la diminution de l’activité
proliférative des lymphocytes avec l’âge [15].

Le surpoids (IMC élevé) était associé à une baisse de la séroprotection antihépatite B ; Yang
et al avaient fait le même constat en 2015 en Chine [18]. Cependant, Meriki, Basireddy et
Muvunyi n’avaient pas trouvé d’association entre le surpoids et la baisse de la réponse
immunologique [15,17,19]. Ingardia et al expliquent cette faible réponse à la vaccination
antihépatite B par la distribution principale du vaccin dans les tissus adipeux et non dans les
muscles, ce qui pourrait entraver l’absorption et la dénaturation de l’antigène du vaccin par
action enzymatique [20].

CONCLUSION

Au terme de cette étude dont l’objectif général était de déterminer la prévalence de


l’antigène HBs (Ag HBs) et évaluer l’état vaccinal contre l’hépatite B du personnel médical et
paramédical de l’Hôpital de District de Dschang (HDD), nous pouvons retenir que :

- La prévalence est inférieure à la prévalence nationale au Cameroun;


- Le niveau de connaissance du personnel sur le virus est bon ; le personnel est
conscient que la transmission se fait surtout par voies sanguine et sexuelle ;
- Les professions infirmières et paramédicales sont les plus exposées à cause de
leurs contacts permanents avec les malades et les produits dérivés du sang ;
- Les principaux facteurs de risque chez ce personnel sont : les rapports sexuels non
protégés, la scarification et les AES ;
- La réponse immunitaire au vaccin antihépatite B y est faible ;
- L’âge avancé et l’obésité y sont associés de manière significative à une faible
réponse au vaccin antihépatite B.
Aussi des mesures devraient être prises pour le dépistage et la vaccination
adéquate du personnel de cet hôpital.

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