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CONNAISSANCES ET PRATIQUES DU PERSONNEL DE SANTE VIS-A-VIS DE


L’HEPATITE VIRALE : CAS DES REGIONS SEPTENTRIONALES
CAMEROUNAISES.

KNOWLEDGE AND PRACTICES OF HEALTH PERSONNEL WITH RESPECT OF


VIRAL HEPATITIS: CASE OF NORTHERN REGIONS OF CAMEROON.
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Résumé

But. - Déterminer le niveau de connaissances du personnel soignant des régions septentrionales camerounaises vis-à-vis de l’hépatite virale, et
ressortir les attitudes et pratiques qui en découlent.

Matériel et méthode. - Etude transversale descriptive conduite de septembre 2012 à mars 2013, au sein des hôpitaux de chefs-lieux de régions
septentrionales camerounaises portant sur 210 personnels soignants ; parmi lesquels 166 (79%) avaient accepté de participer à l’étude. De ces
derniers, 50 (30%) provenaient de l’Extrême-nord, 66 (40%) du Nord et 50 (30%) de l’Adamaoua.

Résultats. - Des 166 personnels soignants recrutés, 75(45,2%) étaient des hommes et 91 (54,8%) des femmes, d’âge moyen 34,8 ans, avec des
extrêmes de 20 à 64 ans. Quatre-vingt douze personnels soignants (55,4%) étaient des aides-soignants. 82 (49.4%) personnels soignants avaient
une ancienneté variant de 2 à 10 ans. Vingt cinq personnels soignants (15,1%) seulement, avait un niveau global de connaissances satisfaisant
sur les hépatites virales. Jusqu’à 73% la définissait approximativement. L’hépatite virale D et E étaient mal connues citées seulement dans
27,7% et 20,4% des cas et cent trente deux personnels soignants (80%) n’étaient pas en mesure de nommer distinctement au moins un virus
responsable d’hépatite. Cinquante cinq personnels soignants (34%) maitrisaient mal la transmission materno-fœtale, et 27% la transmission à
travers les tatouages et scarifications. jusqu’à quarante trois personnels soignants (26%) avait des connaissances erronées sur l’existence du
vaccin contre l’hépatite virale B. Soixante cinq personnels soignants (40%) pensaient que le diagnostic reste difficile à poser, et jusqu’à 17%
restait convaincu que les médicaments traditionnels pouvaient soigner l’hépatite virale. Des attitudes globales, très peu ont cité des attitudes
adéquates (18,7%). L’hépatite virale ne pouvait être guérie pour soixante trois personnels soignants (38%) et 65,3% se sentait plus exposé avec
un malade d’hépatite virale qu’avec un autre malade. Ces attitudes étaient significativement associées aux pratiques (p=0,01 S) du personnel
soignant. Lesquelles pratiques étaient globalement mauvaises pour presque tout l’échantillon (95%). Jusqu’à cent six personnels soignants
(63,8%) déclaraient ne pas toujours utiliser les gants lors de soins et 66,3% déclarait n’avoir jamais été vacciné contre une hépatite virale.

Conclusion. - Il apparait que la compétence de santé du personnel soignant vis-à-vis de l’hépatite virale est insuffisante, et ne leur permet pas de
se protéger contre la maladie, ni de protéger et assurer une prise en charge adéquate aux populations.

Abstract

Aim. - Determine the level of knowledge of health care workers in the northern regions of Cameroon on viral hepatitis, and bring out resulting
attitudes and practices.

Materials and methods. – A descriptive cross-sectional study was conducted from September 2012 to March 2013 in hospitals of regional
capitals of northern regions of Cameroon on 210 caregivers, of which 166 (79%) agreed to participate in the study. Of these, 50 (30%), 66
(40%), 50 (30%) came from the Far North, North and Adamawa Regions respectively.

Results. – Of the one hundred and sixty six healthcare providers who were recruited in this study, 75 (45.2%) were male and 91 (54.8%) were
female; the mean age was 34.8 years, with extremes of 20 to 64 years. Ninety-two (55.4%) of the healthcare providers were nursing aids.
Eighty-two (49.4%) of the healthcare providers had seniorities ranging from 2 to 10 years. Only 25 (15.1%) of the healthcare provider had an
overall satisfactory level of knowledge on viral hepatitis. About 73% of our respondents gave an approximate definition. Viral hepatitis D and E
were relatively unknown cited only in 27.7% and 20.4% of cases. One hundred thirty-two (80%) of the healthcare providers were unable to
name at least one viral cause of hepatitis. Fifty-five (34%) of the healthcare providers had a poor mastery of materno-fetal transmission, and 27%
poorly mastered transmission through tattooing and scarifications. Up to 43 (26%) healthcare providers had incorrect knowledge on the
existence of a vaccine against viral hepatitis B. Sixty-five (40%) healthcare providers thought that the diagnosis of viral hepatitis is difficult to
make, and to 17% remained convinced that traditional medicine could treat viral hepatitis. On a global view of attitudes, very few (18.7%) cited
appropriate attitudes. According to sixty-three (38%) healthcare workers, there is no treatment for viral hepatitis and 65.3% felt they were more
exposed to a patient suffering from viral hepatitis than with a patient suffering from pathology. Attitudes were significantly associated with
practice (p = 0.01 S) caregivers. Practices were generally poor for most of the sample (95%). Up one hundred and six (63.8%) healthcare
providers reported not always wearing gloves during care administration and 66.3% said they had never been vaccinated against viral hepatitis.
Conclusion. - It appears that healthcare providers have insufficient competence towards viral hepatitis and this does not enable them to protect
themselves against the disease, or to protect and provide adequate care to the population.

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1. Introduction  deux personnels soignants (73%) donnaient une définition


approximative de la maladie et jusqu’à 36 (22%) n’arrivait pas à
La compétence du personnel de santé en matière d’hépatite définir même approximativement une hépatite virale. Les hépatites
virale au Cameroun est un réel défi de santé publique. En effet, le virales D et E étaient mal connues citées seulement par 46 (27,7%)
Cameroun a une prévalence d’environ 10 % pour l’hépatite virale et 34 (20,4%) personnels soignants et cent trente deux d’entre eux
B (HBV) et d’environ 13 % pour l’hépatite virale C (HCV) dans la (80%) n’étaient pas en mesure de nommer distinctement au moins
population générale [1], faisant de lui l’un des pays les plus touchés un virus responsable d’hépatite. Bien que la plus grande partie soit
en Afrique sub-saharienne. Maillon essentiel de la chaîne sanitaire, 147 (88,5%) personnels soignants semblait connaitre la
le personnel soignant se place comme un acteur majeur, tant dans transmission de la maladie par la transfusion sanguine, 55 (34%)
l’éducation sanitaire que sur l’orientation et la prise en charge des d’entre eux maitrisaient mal la transmission materno-fœtale de la
populations. Il est donc important pour un contrôle plus efficient de maladie, 45 (27%) la transmission à travers les tatouages et
cette pandémie, de comprendre la perception de l’hépatite virale scarifications et 26 (15,5%) la transmission par voie sexuelle. Cent
par le personnel de santé, en tant qu’elle organise les attitudes et les dix sept personnels soignants (70%) n’avaient aucune notion
pratiques des populations. Le but de ce travail est de rapporter à exacte de l’existence du vaccin contre l’hépatite virale A et des 49
travers l’analyse d’une série de166 personnels soignants, le niveau (30%) qui déclaraient en connaitre quelque chose jusqu'à 10
de connaissances du personnel soignant des régions septentrionales (18,3%) n’étaient pas en mesure de déterminer à qui est destiné ce
camerounaises vis-à-vis de l’hépatite virale, et déterminer les vaccin. jusqu'à 43 personnels soignants (26%) n’avaient aucune
attitudes et pratiques qui en découlent. notion exacte de l’existence d’un vaccin contre l’hépatite virale B
et 42 (25,3%) pensaient à tort qu’il existe un vaccin contre
2. matériel et méthodes l’hépatite virale C alors qu’il n’en existe pas encore et même,
jusqu’à 93 (56%) personnels soignants ne savaient même pas s’il
Il s’agissait d’une étude transversale descriptive conduite de existe un vaccin contre l’hépatite C ou pas. Soixante cinq
septembre 2012 à mars 2013 soit pendant une période de 7 mois, personnels soignants (40%) pensaient que le diagnostic reste
au sein de six hôpitaux parmi lesquels, trois hôpitaux centraux, difficile à poser, et de la symptomatologie, 14 (10%) personnels
deux hôpitaux de districts et un hôpital privé laïc ; repartis dans les soignants pensaient que l’ictère n’est pas un symptôme de
chefs-lieux de régions septentrionales Camerounaises à savoir l’hépatite virale, tout comme la fièvre, les nausées et les douleurs
l’Extrême-nord, le Nord et l’Adamaoua. Durant cette période, 210 abdominales respectivement pour 41 (25%), 89 (51,22%) et 59
personnels soignants ont été rencontrés. De ceux-ci, Tout personnel (35%) personnels soignants. Jusqu'à 32 (19.3%) personnels
soignant ayant accepté de participer à l’étude a été inclus et ceux ne soignants pensaient que les médicaments traditionnels soignent
jouissant pas de toutes leurs capacités physiques et mentales au l’hépatite virale, mais aussi près de 48 (30%) d’entre eux
moment de l’étude ont été exclus. Ainsi 166 (79%) personnels déclaraient également que les médicaments traditionnels
soignants avaient accepté de participer à l’étude. De ces derniers, contribueront à la prise en charge de l’hépatite virale au Cameroun.
50 (30%) provenaient de l’Extrême-nord, 66 (40%) du Nord et 50 D’autre part jusqu’à 58 (35%) personnels soignants ne savaient pas
(30%) de l’Adamaoua. L’évaluation des connaissances du que les antiviraux pouvait guérir l’hépatite virale.
personnel soignant avait été effectuée de la manière suivante ; les
données recueillis avaient été divisées en 4 items. Pour un Tableau I : évaluation des connaissances du personnel soignant
pourcentage des réponses:
Evaluation Connaissances
Inferieur à 50% = mauvaises connaissances Effectifs N=166 pourcentage
mauvaises 20 12
Entre 50% - 65% = connaissances faibles faibles 37 22.3
moyennes 84 50.6
Entre 65% - 80% = connaissances moyennes
Bonnes ou 25 15.1
suffisantes
Supérieur à 80%= bonnes connaissances ou connaissances
suffisantes
En ce qui concerne les attitudes du personnel soignant vis-à-vis
La même codification a été utilisée pour les attitudes et les
de l’hépatite virale, seulement 31 (18.7%) personnels soignants de
pratiques du personnel soignant. L’interdépendance entre les
bonnes attitudes. Soixante cinq (40%) personnels soignants
différentes variables que sont les connaissances, les attitudes et les
déclaraient que le diagnostic de l’hépatite virale reste difficile à
pratiques du personnel soignant vis-à-vis de l’hépatite virale a été
évoquer, 63 (38%) que l’on ne peut complètement guérir d’une
évaluée à l’aide du test de chi-carrée. Un P<0.05 avait été retenu
hépatite virale et 49 (30%) personnels soignants pensaient que les
comme significatif.
malades d’hépatite virale doivent être pris en charge à l’écart des
autres malades ceci pour éviter les risques de contamination pour
3. Résultats
39 (85%) personnels soignants de cet échantillon. Par ailleurs
Cent soixante six personnels soignants, 75 hommes (45,2%) et Jusqu'à 55 (33.2%) personnels soignants pensait ne faire courir
91 femmes (54,8%) d’âge moyen 34,8 ans, d’extrêmes de 20 à 64 aucun risque d’hépatite virale à un malade en lors des soins et
ans. Quatre-vingt douze personnels soignants étaient des aides- d’autre part 47 (28,3%) d’entre eux ne pensaient pas au risque de
soignants (55,4%) avec une ancienneté variant majoritairement de se faire contaminer lors de soins administrés à un malade d’hépatite
2 à 10 ans pour 82 personnels soignants (49,4%). Des virale. La plus grande partie soit 109 (65,6%) personnels soignants
connaissances globales de l’hépatite virale au sein du personnel pensait être plus exposé avec une personne malade d’hépatite virale
soignant, 25 (15,1%) avaient réussi à émettre plus de 80% de qu’avec un autre malade.
bonnes réponses au questionnaire et avait ainsi des connaissances
jugées bonnes ou suffisantes. Des 141 restants, la grande majorité
soit 84 (50,6%) présentaient des connaissances moyennes, 37
(22,3%) des connaissances faibles et jusqu’à 20 (12%) de
mauvaises connaissances sur la maladie (tableau I). Cent vingt
Tableau II: évaluation des attitudes du personnel soignant. enregistrés au sein de plusieurs études récentes et similaires
menées dans différentes régions du Cameroun [2,3]. La forte
Evaluation Attitudes endémicité liée aux virus de l’hépatite B et C, pourrait expliquer le
Effectifs N=166 pourcentage fait qu’ils soient bien connus du personnel soignant. Cependant, les
mauvaises 19 11.4 hépatites virales D et E étaient moins bien maitrisées probablement
faibles 74 44.6 aussi parce qu’ils sont dans notre contexte, bien moins rencontrés
moyennes 42 25.3 en pratique courante que les autres types d’hépatite virale. La
Bonnes ou 31 18.7 transmission et la prévention de la maladie restaient tout aussi mal
suffisantes maitrisées, ce qui semblait paradoxal avec la forte endémicité que
présente le pays pour bon nombre de ces virus. Au sein du
personnel soignant, 34% maitrisait mal la transmission materno-
fœtale de la maladie, 27% la transmission à travers les tatouages et
scarifications et 15,5% la transmission par voie sexuelle ce qui
Des pratiques, Un peu plus de la moitié de l’échantillon soit 86 pourrait être à l’origine de ce que jusqu’à 15% du personnel
(51.8%) personnels soignants, présentait de mauvaises pratiques de soignant pensait que l’abstinence ou les rapports sexuels protégés
prévention et de prise en charge de la maladie. Jusqu’à 56 d’entre ne constituaient pas un moyen de prévention à cette maladie ou
eux (33,70%) n’avaient jamais pratiqué d’IEC sur la maladie, de encore que pour 18,6%, éviter les scarifications, tatouages ou actes
ces derniers, 10 personnels soignants évoquaient comme raison de médicaux invasifs n’était pas un moyen de prévention à cette
cet état des choses le manque de temps et les 46 personnels entité. Ces résultats étaient un peu moins importants que ceux
soignants restant d’autres raisons, au sein desquelles 77,80% disait retrouvés dans deux études menées récemment au Cameroun et au
ne trouver l’occasion de le faire et jusqu’à 18% déclarait n’avoir Nigeria [2,4]. Cependant la transmission de la maladie par la
pas de notions suffisantes sur le sujet pour mener à bien une transfusion sanguine était bien connue. Constat a également été
séance d’IEC sur le sujet. D’autre part 147 (90%) personnels rapporté par certaines études [3, 4, 5]. Au sein du personnel
soignants déclaraient qu’il n’existe aucune séance organisée d’IEC soignant, 26% n’avait aucune notion de l’existence du vaccin
au sein de leurs structures sanitaires. Quarante-quatre (26,5%) contre l’hépatite B, par ailleurs jusqu’à 25,3% pensait à tort qu’il
personnels soignants déclaraient qu’il ne faut pas vacciner les existe un vaccin contre l’hépatite virale C alors qu’il n’en existe
enfants nés de mères séropositives au virus de l’hépatite virale B pas encore et même, jusqu’à 56% d’entre eux n’arrivait pas a ce
dès la naissance et jusqu'à 47 de ceux-ci n’ avaient aucune idée sur prononcer sur son existence. Ces données sont semblables celles
le sujet ; laquelle vaccination d’après 90 (54,3%) personnels menées dans divers pays a travers le monde, Nigeria [4], Pakistan
soignants n’est pas du tout pratiquée au sein des formations [5], ou encore en France en 2006 [6]. De la prise en charge, 17%
sanitaires ayant abritées l’enquête. D’autre part 106 (63,8%) restait convaincu que les médicaments traditionnels soignent
personnels soignants n’utilisaient pas toujours les gants lors de l’hépatite virale et contribueront, dans 30% des cas du personnel
leurs soins et 110 (66,3%) d’entre eux déclaraient n’avoir jamais soignant à la prise en charge des hépatites virales au Cameroun ; ce
été vacciné contre une hépatite virale. qui montre l’impact considérable de l’ethnomédecine même au sein
de nos structures sanitaires conventionnelles.
Tableau III: évaluation des pratiques du personnel soignant.
De ce qui est des attitudes, 18,7% du personnel soignant seulement
Evaluation Pratiques déclarait de bonnes attitudes vis-à-vis de la maladie (tableau II).
Effectifs N=166 pourcentage Jusqu’à 38% de notre échantillon pensait à tort que l’on ne peut pas
complètement guérir d’une hépatite virale, ce qui montre que le
Mauvaises 86 51.8
personnel soignant avait conscience qu’il s’agissait d’une maladie
Faibles 70 42.2
grave bien que cette déclaration soit fausse. Ce qui pourrait justifier
Moyennes 7 4.2
d’une part que 30% de l’échantillon soit 49 personnels soignants
Bonnes ou 3 1.8
pensait que les malades d’hépatite virale doivent être pris en charge
suffisantes
à l’écart des autres malades, dans 85% des cas de cet échantillon
pour éviter les risques de contamination, et d’autre part que 65,6%
de l’échantillon se sentait plus exposé avec un malade d’hépatite
D’autre part il n’existait aucune association statistiquement virale qu’avec un autre malade, ce qui est une perception tout à fait
significative entre le niveau de connaissances du personnel erronée de la maladie et du malade atteint d’hépatite virale. Au sein
soignant vis-à-vis de l’hépatite virale et leurs attitudes face à la du personnel soignant, 40% pensait ne faire courir aucun risque
maladie (p=0,154NS) d’une part et d’autre part entre leur niveau de d’hépatite virale à un malade lors de soins, et 30% ne pensait pas
connaissances et leurs pratiques de prévention et de prise en charge au risque de se faire contaminer ; cette sous-évaluation du risque de
de la maladie (p=0,285NS). Cependant il existait une corrélation contracter la maladie pourrait justifier que jusqu’à 63,8% du
statistiquement significative entre leurs attitudes et leurs pratiques personnel soignant n’utilisait pas toujours des gants lors des soins
de prévention et de prise en charge de l’hépatite virale (p=0,01S). ou encore que seul 23,7% d’entre eux déclarait s’être vacciné
contre l’hépatite virale B. ces résultats étaient inférieurs à ceux
4. Discussion
rapportés par la littérature dans certaines études, [3-8] mais à
contrario, largement supérieur à une étude menée récemment
Notre étude a permis d’évaluer les connaissances du personnel
( l’Est-Cameroun) où 7,5% seulement du personnel soignant de cet
soignant des régions septentrionales camerounaises vis-à-vis de
étude disait être vacciné [2]. Ce défaut considérable de vaccination
l’hépatite virale et de ressortir les attitudes et pratiques qui y sont
ou encore l’usage intermittent des gants lors de soins est sans doute
associées. La connaissance globale de l’hépatite virale était bonne
la conséquence de mauvaises attitudes du personnel soignant vis-à-
dans 15,1% des cas seulement (tableau I). Etait ce à cause de la
vis de la maladie ce d’autant plus qu’il existe une interdépendance
proportion importante d’aides-soignants au sein de notre
significative avec un p=0.018 significatif entre les attitudes du
échantillon ? Ou alors du caractère particulièrement jeune en
personnel soignant vis-à-vis de la maladie et leurs pratiques de
termes d’ancienneté que présente notre échantillon ? Dans une
prévention et de prise en charge.
étude récente au Cameroun également (Est-Cameroun) [2], les
auteurs présentaient déjà une population d’étude avec des
Des pratiques de prévention et de prise en charge de l’hépatite
caractéristiques similaires aux nôtres. L’immense majorité soit
virale, près de la quasi-totalité du personnel soignant soit 95%
99.4% de notre échantillon avait déjà entendu parler de l’hépatite ;
présentait de mauvaises ou faibles pratiques. Au sein du personnel
mais seul 5% en donnait une définition exacte ce qui traduit
soignant, 33,7% n’avait jamais pratiqué d’IEC sur la maladie, soit
d’entrée de jeu du faible niveau d’information mais aussi du
56 personnels soignants au sein desquels, 18% déclarait ne pas
manque d’intérêt qu’a le personnel soignant vis-à-vis de cette
avoir de connaissances suffisantes pour mener à bien une séance
maladie. Résultat qui d’ailleurs était largement inferieur à ceux
d’IEC sur la maladie. 26,5% déclarait qu’il ne faut pas vacciner les
enfants nés de mères séropositives dès la naissances et 29% ne se Transactions of the royal society of tropical Medicine and
prononçait pas sur le sujet, Ce qui ferait penser qu’il s’agit de la Hygiene.1995; 89:484-6
conséquence du niveau insuffisant de connaissance de l’hépatite [2] Essono Mebouinz JB . Perception des hépatites virales en zone
virale sur les pratiques de prévention et de prise en charge de la forestière : cas de la région de l’Est au Cameroun [thèse de
maladie (p=0,285 NS)  ou encore du niveau insuffisant de médecine] ; Université de Yaoundé I. 2012 : 115 pages
connaissance sur les attitudes du personnel soignant face à la [3] Njofri UA. Knowledge, Attitudes and Practice of health
maladie (p=0,154 NS) bien qu’il n’existe aucune interdépendance personnel on blood-borne viral hepatitis: The Case of Health
significative entre ces différentes variables ; ceci voudrait dire que Districts in the Centre and Northwest Regions of Cameroon [these
les mauvaises pratiques ou les attitudes néfastes que présentent le de médecine]; Université de Yaoundé I. 2012: 122 pages
personnel soignant face à la maladie n’ont pas été influencées par [4] Samuel SO, Aderibigbe SA ,TAT Salami ,Babatunde OA.
leur faible niveau de connaissance de l’hépatite virale. Ces attitudes knowledge, attitudes and practices of health care settings about
et pratiques observées au sein du personnel soignant auraient donc hepatitis B in the south of Nigeria. International Journal of
pu être motivées par d’autres pathologies, ou même et surtout
Medicine and medical sciences. 2009; 1 (10) : 418-424,
auraient été acquis par automatisme dans un contexte l’accent n’est
pas toujours mis sur la formation du personnel infirmier.
[5] Farrukh I, Iftikhar AN. Perceptions du patient au sujet de
5. Conclusion l'hépatite C à Islamabad. Ann, Pak, Inst, Med, Sci. 2012; 8 (2):
113-116
Ces résultats amènent à conclure que les compétences du personnel [6] A Gautier, C Jestin1, M Jauffret-Roustide. Connaissances,
soignant vis-à-vis de l’hépatite virale sont insuffisantes ne lui attitudes et pratiques vis-à-vis de l’hépatite B en population
permettant pas déjà de se protéger lui-même contre l’hépatite générale en France métropolitaine en 2006. Bull Epidemiol Hebd
virale, ni d’encadrer efficacement les populations face à la 19 mai 2009 n°20-21 : 333-9
maladie ; Augmentant ainsi leur vulnérabilité, incapables de se [7] Laraqui Omar, Tripodi D, Laaziza CO, Caubet A, Verger C et
protéger elles-mêmes face à cette entité. al. « Évaluation des connaissances, attitudes et pratiques sur les
hépatites virales B et C en milieu de soins au Maroc ». Santé
Références Publique. 2009 ; 21 : 271-286.
[8] M Spence, GP Dash, Hépatite B : les perceptions, les
[1] Kowo MP GP, Njitoyap EC, Njoya O, Satoshi S, Seghers V et connaissances, et l’acceptation du vaccin chez les infirmières
al. Prévalence of Hepatitis C virus and other blood-borne viruses in autorisées : profession à haut risque dans un hôpital universitaire.
pygmies and neighboring Bantus in southern Cameroon. Hosp Epidemiol Infect Control. 1990; 11 (3) :129-33.

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