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Résumé
But : Le but de ce travail était d’évaluer le statut nutritionnel des patients hospitalisés dans un service
de médecine interne en banlieue dakaroise, de comparer les apports caloriques réels journaliers aux
besoins énergétiques théoriques chez les malades hospitalisés et d’identifier les facteurs de risque de
dénutrition.
Méthode : Il s’agissait d’une étude prospective menée du 1er juin au 30 septembre 2011. Dès l’ad-
mission, nous avons recueilli les données socio-démographiques et évalué le statut nutritionnel de
chaque malade selon les critères cliniques et anthropométriques. Durant les trois jours suivant l’admis-
sion, nous avons évalué, grâce au manuel photos de l’étude SU-VI-MAX., les apports caloriques jour-
naliers, puis les avons comparés aux besoins énergétiques respectifs de chaque patient hospitalisé de
notre étude.
Résultats : Notre population d’étude comportait 30 femmes et 20 hommes d’âge moyen 48,4 ± Mots-clés :
18,5 ans avec une prédominance de la tranche d’âge 40-59 ans. Plus de la moitié de nos patients Nutrition,
score MNA,
n’avait pas de revenus. Les mesures de la circonférence brachiale et du pli cutané tricipital ont permis
Dakar
de mettre en évidence une dénutrition par diminution de la masse grasse chez 30% des femmes et
40% des hommes. Selon le score MNA, 50% des patients avaient un risque de dénutrition et 32%
étaient dénutris. Seuls 18 patients ont bénéficié d’un dosage simultané de la CRP et de l’albumine.
Parmi ces 18 patients, 2 seulement avaient une hypoalbuminémie sans rapport avec un syndrome in-
flammatoire. L’apport calorique journalier était inférieur aux besoins énergétiques théoriques dans 88%
des cas, un seul patient avait des apports énergétiques supérieurs à ses besoins.
Conclusion : La malnutrition est donc fréquente chez les patients hospitalisés en médecine interne.
Les apports énergétiques dans notre hôpital sont très souvent insuffisants. Ceci requiert des mesures
rectificatives pour améliorer le pronostic de nos patients.
Abstract
Assessment of nutritional status of hospital patients in internal medicine service of the
Pikine hospital. Preliminary study of 50 cases
Purpose: The purpose of this study was to evaluate the nutritional status of patients hospitalized in a
department of internal medicine in the suburbs of Dakar, to compare actual theoretical daily caloric Keywords:
Nutrition,
energy needs in hospitalized patients and to identify risk factors for malnutrition.
MNA score,
Methods: This was a prospective study conducted from June 1st to September 30th, 2011. Upon ad- Dakar
mission, we collected demographic information and assessed the nutritional status of each patient ac-
cording to the clinical and anthropometric criteria. During the three days of admission, we evaluated,
through the photos of the study manual SU-VI-MAX, daily calories intake, and compared the energy
requirements of each respective hospital patient in our study.
Results: Our study population included 30 women and 20 men with a mean age 48.4 ± 18.5 years
with a predominance of the age group 40-59 years. More than half of our patients had no salary. Mea-
surements of arm circumference and triceps skinfold helped to highlight under nutrition by reducing
fat mass in 30% of women and 40% men. According to the MNA score, 50% of patients had a risk of
malnutrition and 32% were malnourished. Only 18 patients benefited a simultaneous measurement of
CRP and albumin. Of these 18 patients only 2 had hypoalbuminemia unrelated to inflammation.
Conclusion: Malnutrition is common in patients hospitalized in internal medicine. Energy intakes in our
hospital are often insufficient. This requires corrective action to improve the prognosis of our patients.
Introduction Les troubles nutritionnels en milieu hospitalier incluait 50 patients autonomes nouvellement
constituent un problème fréquent et le plus hospitalisés.
souvent non-reconnu. Dès l’admission, nous avons recueilli les don-
Ils concernent en moyenne 30 à 50% des ma- nées socio-démographiques et évalué le statut
lades hospitalisés [1-5]. nutritionnel de chaque malade selon les cri-
De nombreuses études ont montré que la dé- tères cliniques, anthropométriques (poids, taille,
nutrition entraîne une augmentation de la mor- indice de masse corporelle (IMC) et circonfé-
bidité, et cela de façon indépendante de la rence musculaire brachiale (CMB)) et biologiques
pathologie sous-jacente [6-8]. De plus, la dé- (albuminémie, C-réactive protéine (CRP)).
nutrition augmente la durée d’hospitalisation, Durant les trois jours suivant l’admission, nous
le nombre de complications et le coût global avons évalué, grâce au manuel-photos de l’étude
de la prise en charge hospitalière. SU-VI-MAX., les apports caloriques journaliers,
puis les avons comparés aux besoins énergé-
Bien que ces données soient connues, le dé- tiques respectifs de chaque patient hospitalisé
pistage de la dénutrition et l’évaluation du de notre étude.
risque chez les malades hospitalisés ou suivis
en ambulatoire ne sont presque jamais réalisés Résultats
dans nos établissements de santé.
C’est dans ce contexte que nous avons réalisé Données sociodémographiques
cette étude préliminaire avec pour objectifs
d’évaluer le statut nutritionnel des patients Notre population d’étude était composée de
hospitalisés dans un service de médecine in- 30 femmes et 20 hommes d’âge moyen de
terne en banlieue dakaroise ; de comparer les 48,4 ans ± 18,5 ans avec des extrêmes entre
apports caloriques réels journaliers aux be- 15 ans et 97 ans.
soins énergétiques théoriques chez les ma-
lades hospitalisés et d’identifier les facteurs de La tranche d’âge la plus représentée était com-
risque de malnutrition. prise entre 40 et 59 ans, 28% (n = 14) de la
population étudiée avait plus de 60 ans (fig.1).
Patients et méthode Quarante-huit pour cent (n = 24) de nos
patients étaient à la retraite ou sans emploi
Il s’agit d’une étude prospective préliminaire (fig. 2). Plus de la moitié de notre population
menée du 1er juin au 30 septembre 2011 ; elle (54%) n’avait pas de revenu mensuel.
Données cliniques
Données anthropométriques
des besoins journaliers compris entre 1400 et Seul 1 patient avait des apports énergétiques
1999 kcal/jr (tableau II). supérieurs à ses besoins.
La répartition des patients en fonction des ap-
ports caloriques journaliers est représentée Facteurs de risque de dénutrition
par le tableau III.
Les données significativement liées à la dénu-
Le bilan énergétique était négatif chez la plu- trition étaient le bas niveau socio-économique,
part des patients (n = 44). l’âge, et la présence d’une affection chronique
(tableau IV).
Tableau II :
Répartition des patients selon Besoins (kcal) Effectif % Discussion
les besoins
théoriques journaliers < 1200 0 0
Les données épidémiologiques de notre étude
1200 - 1399 6 12
(âge, profession, revenu mensuel) reflètent
1400 - 1999 28 56
celles de la population sénégalaise, caractéri-
2000 - 2499 15 30
sée par le bas niveau socio-économique avec
≥ 2500 1 2 un taux de chômage qui avoisine les 49% de
Total 50 100 la population active, et un taux d’analphabé-
tisme de 58,2% [9, 10].
Tableau III :
Répartition des patients selon Apports (kcal) Effectif %
Le diagnostic d’hospitalisation était dominé par
les apports moyens journaliers
< 1200 12 24 le groupe des maladies infectieuses. La préva-
1200 - 1399 24 48 lence élevée des maladies infectieuses peut
être expliquée par l’endémicité de la tubercu-
1400 - 1999 13 26
lose d’une part et d’autre part par le fait que
2000 - 2499 0 0
l’étude s’est déroulée pendant la période de
≥ 2500 1 2
l’année où la fréquence du paludisme est à son
Total 50 100
paroxysme.
Tableau IV :
Facteurs de risque de Dénutrition Etat nutritionnel normal Significativité
Facteurs de risque de dénutrition
(n) (n) P
dénutrition identifiés
Niveau socio-économique
Revenu < 50.000 FCFA 17 18
0
Revenu ≥ 50.000 FCFA 0 15
Age
< 55 ans 6 23
0,021
≥ 55ans 11 10
Sexe
Féminin 5 15
0,215
Masculin 12 18
Diagnostic
Affection chronique 14 21
0,002
Affection aiguë 3 12
Dans 59% des cas, cette consommation insuf- 53,6% des cas à des problèmes d’organisation
fisante n’était pas liée à la pathologie mais à (au niveau de l’unité de production, des ser-
des causes purement logistiques. Les patients vices de soins ou d’une mauvaise liaison entre
soumis à un régime (sans sel, hypocholestéro- ces deux secteurs) et dans 14,3% des cas à
lémique, diabétique, etc.) avaient une consom- d’autres causes.
mation alimentaire plus faible que les patients
soumis à un régime normal. Conclusion
ZAZZO [18], dans son étude de consommation
alimentaire sur quatre jours consécutifs dans La malnutrition est donc fréquente chez les pa-
quatre hôpitaux de court séjour pour adultes, tients hospitalisés en médecine interne. Les
confirme que l’offre alimentaire ne couvre pas apports énergétiques dans notre hôpital sont
toujours les besoins estimés des patients, no- très souvent insuffisants. Ceci requiert des me-
tamment en matière d’apport protéique. Les sures rectificatives qui passent par l’évaluation
causes de non-consommation ou de consom- systématique de l’état nutritionnel des patients
mation partielle étaient liées dans 32,1% des par des méthodes simples, reproductibles et
cas à la maladie ou aux traitements, dans accessibles.
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