SEMAINE 2

Progression et envie d’interagir

TERRASSEZ VOTRE
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TIMIDITÉ !
SEMAINE 2
Progression et envie d’interagir

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1 - Terrasser sa timidité un programme de l’académie
un programme de l’académie
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Progression et envie d’interagir
Croire au changement pour progresser
Nous allons parler lors de cette séance d’une certaine forme
de confiance en soi, et qui n’est pas celle à laquelle on pense
habituellement  (la confiance en soi dont on entend parler
partout, c’est celle qui permet de dire qu’il y a des gens qui
ont confiance en eux et d’autres qui n’ont pas confiance en
eux, et en cela, je n’y crois pas). Cette semaine, je parle
de la confiance en soi qui amène à questionner ce qu’est
le processus de changement dont vous êtes au cœur.
Quelle est donc sa vision un peu au premier degré, un peu
scolaire de ce processus, vision à laquelle vous souscrivez
probablement ?
En tant que timide, vous vous dites probablement :
« Je suis dans un état A, je dois me rendre à un
état B. Pour me rendre à cet état B, j’ai un certain
nombre de chemins, autrement dit de méthodes,
et en empruntant ces chemins, je vais pouvoir
mesurer, graduer, découper mon chemin global
en petits pas de parcours, et ainsi évaluer, sentir,
mesurer ma progression, et atteindre mon point
B (mon objectif qui est l’aisance sociale). Le tout
de façon rationalisée avec le bon chemin, le bon
rythme et le bon tempo. »
2 - Terrasser sa timidité
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Tout ça, c’est très bien, sauf que c’est faux.
Idée à abandonner : On ne vainc pas sa
timidité comme on remplit une baignoire
où comme on franchit les niveaux à
Super Mario, c’est-à-dire qu’on ne vainc pas
sa timidité avec un processus temporel de
progression rationnelle et cadencée.
La parabole du sandwich
Je vais vous donner un exemple qui, comme d’habitude,
semble à première vue éloigné de ce dont on parle (mais il
s’agit toujours de ce type d’exemple dont on se souvient le
mieux, moi le premier). Je lisais la biographie de quelqu’un
qui avait éminemment réussi dans son domaine (pléonasme,
me direz-vous, on lit rarement la biographie de gens qui ne
décollent pas…), et cette personne, qui avait développé une
activité à partir de zéro, racontait qu’elle avait eu des débuts
difficiles pendant lesquels elle comptait ses sous  : nous
pourrions dire que cette personne était pauvre, si parler
franchement n’était pas un délit.
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Cette personne menait une vie où tout était mesuré, compté,
où chaque dépense était inscrite dans un petit carnet, où
pour acheter quelque chose pour sa société, il fallait prévoir,
anticiper, négocier, mesurer l’impact de la dépense qu’elle
allait faire, se priver, etc. Elle avait donc une vision très
rationnelle de l’argent et de la façon de le dépenser. Et
même pour son alimentation, pour sa nourriture, quand elle
allait faire les courses, tout était compté. Elle avait ainsi pris
l’habitude de tout cela : c’était son habitude, et même son
habitus, pour reprendre un terme introduit lors de la première
séance. C’était donc inconscient.
Quelques années plus tard, cette personne se rendait à
un rendez-vous professionnel. Elle était sur la route, et elle
avait un petit creux, car elle avait roulé longtemps. Du coup,
elle s’est arrêtée, a acheté un sandwich à grignoter, puis
est repartie. Sur la route, elle commençait à manger son
sandwich. Mais tout à coup, cette personne a réalisé une
chose. Elle s’est placée alors sur le bas-côté, s’est arrêtée
de manger, et a commencé à pleurer. Pourquoi ?
C’était des larmes de joie. La raison pour laquelle cette
personne s’est mise à pleurer, c’est parce qu’elle a réalisé
qu’elle venait, pour la première fois de sa vie, de ne pas
regarder le prix de ce qu’elle avait acheté, autrement dit,
elle venait d’atteindre un des objectifs de sa vie (objectif
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financier). Elle ne s’en était pas rendu compte en achetant
le sandwich, mais pour la première fois de sa vie, elle a eu les
moyens d’oublier les difficultés qu’elle avait dues surmonter
depuis des dizaines d’années, d’oublier les difficultés avec
lesquelles elle avait vécu. Pour la première fois de sa vie, elle
était passée à la caisse sans prêter attention au prix : elle
n’avait pas cherché quel était le moins cher, ou à calculer le
montant de ce qu’elle achetait. Quel est le rapport avec la
progression pour vaincre sa timidité ?
Nouvelle pratique à adopter maintenant : La
leçon du jour, c’est qu’on ne peut se rendre
compte de sa progression qu’après avoir
atteint son objectif, et pas en cherchant à l’atteindre,
et pas non plus au moment exact où on l’atteint.
Certes, certains changements sont peut-être
découpables en petits pas, et chaque jour on se dit : 
« Allez, on en fait un de plus. »
Mais ce n’est pas le cas pour la timidité. Lorsque
vous mettez en branle un certain nombre d’actions
qui poussent dans une direction que vous savez être
la bonne (ce que vous venez de faire il y a quelques
jours en souscrivant à ce programme) :
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1 - Vous entrez dans un tunnel (ou, si vous
préférez l’image, dans un sous-marin, au choix).
2 - Vous ne pouvez pas savoir à quelle distance
exacte se trouve la porte de sortie.
3 - Il est impossible de savoir combien de pas
(ou d’étapes) seront nécessaires pour parcourir
cette distance.
4 - Et le jour où vous arriverez à destination,
vous réaliserez en différé. Ce sera un certain
temps après être arrivé au point B, que vous
vous direz :
« Mais, attends, je viens de parler à ma
voisine de train pendant tout le trajet
Paris-Rotterdam, et nous avons échangé
nos numéros de téléphone ! »
(Ce sera aussi à cet instant précis que vous serez
tenté de devenir ingrat et d’oublier grâce
à qui vous en serez arrivé là...) 1 changez constamment : le point d’où vous êtes parti et celui
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La frustration née de l’impossibilité de
mesurer notre progression
Découper sa progression, faire une roadmap, c’est très bien
sur des slides de consultant, mais vous risquez fort d’être
encore plus frustré, à cause de l’impression de ne pas avoir
sensiblement avancé. Ce n’est que plus tard, après avoir
franchi plusieurs pas dans le savoir, que vous vous rendrez
compte du chemin parcouru. Là encore, la comparaison avec
le fait de faire un régime est pertinente : si vous souhaitez
maigrir, la pire chose que vous puissiez faire est de vérifier
votre poids sur la balance jour après jour. Vous n’y trouveriez
que d’infimes et anecdotiques variations qui finiraient par
vous frustrer encore plus et par vous convaincre que non,
décidément, cela ne sert à rien.
L’idée consistant à dire que le changement, pour être réussi,
doit se mesurer pas après pas à l’aune d’un référentiel
est donc fausse, puisque pour que cette idée soit vraie, il
faudrait que le référentiel soit fixe. Or, le référentiel change
constamment, puisqu’il s’agit de vous-même et que vous
où vous vous trouvez aujourd’hui varient simultanément, et
vous ne verrez jamais le point d’où vous êtes parti s’éloigner
de façon spectaculaire (comme s’éloignerait la voiture de
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derrière dans votre rétroviseur si vous accélériez avec une
voiture puissante) car il est toujours à peu près à la même
distance de nous.
Outre la frustration due à de faibles progressions, il y a
aussi la frustration due au fait que vous ne franchissez pas
forcément de manière définitive un pas au moment où vous
avez cru vous en débarrasser. Par exemple, on peut se faire
violence un jour pour briser la glace avec une inconnue, puis
le lendemain ne plus oser y aller, tout simplement parce que
ce n’est pas encore devenu une normalité pour vous. Même
les plus assidus d’entre vous au programme fluctueront
autour de chaque petit pas vers la progression et il vous
sera difficile de savoir où vous en êtes à un moment donné.
Beaucoup de changements avortent, beaucoup de
révolutions deviennent juste des évolutions, voire
des rien-du-tout-utions, parce que le changement
semble ne pas se produire assez vite, et pas à la
cadence à laquelle on le prévoit  : les résultats ne
sont jamais aussi cadencés, aussi progressifs, aussi
attendus qu’on l’avait planifié. Et c’est la raison pour
laquelle je ne crois pas à l’efficacité des méthodes
de type bootcamp (avec d’autres raisons par ailleurs)
qui comprennent des niveaux de difficulté (d’abord
parler à sa boulangère, puis à sa voisine, etc.).
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Habitude à abandonner: Mesurer
son évolution à la boussole, c’est non
seulement une fausse bonne idée, mais
aussi extrêmement démoralisant : il y aura
des bourrasques, des baisses de niveau, des
découragements.
Avoir confiance au processus de changement
De quelle confiance en soi parle-t-on alors ? Tout
simplement de la confiance dans la direction qu’on
a prise. La deuxième leçon du jour est qu’il faut
avoir confiance dans le changement lui-même,
plutôt que d’avoir confiance en soi.
Nouvelle pratique à adopter maintenant : Il
faut avoir confiance dans le fait que si on met
en œuvre ses moyens, et que si on pousse
dans la bonne direction – parce qu’on écoute les
conseils qui nous semblent les plus pertinents – alors,
et je ne veux pas savoir quand ça arrivera, quel jour, que
ce soit dans six mois, ou dans un an, ou dans deux ans,
ou même dans dix (mais là, ce serait vraiment un cas
extrême…), sans vous en rendre compte, un jour, vous
aussi mangerez votre sandwich en pleurant.
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Un jour, vous aussi aurez été l’animateur d’un groupe
pendant une soirée, ou pendant une heure, ou bien alors
vous aurez diverti et intéressé votre voisine de compartiment
pendant plusieurs heures de trajet, et au moment où elle
partira, vous vous rendrez compte de ce que vous venez de
réaliser. Seulement à cet instant vous pourrez dire que vous
serez arrivé. Un peu. Peut-être pas au point Z, peut-être que
ce ne sera qu’une étape, mais en tout cas, il y a un peu de
magie, ou devrais-je dire de foi : ayez la foi, ne tentez pas de
découper en un processus de phases cette évolution et ce
programme, vous créeriez votre propre déception.
Il ne faut pas non plus que le fait de croire au processus
serve d’excuse pour se dire :
« Ok, ça va marcher tout seul, alors je fais le minimum
d’effort, je fais un petit truc, et j’attends. »
Non, il faut choisir une direction, pousser à fond toutes
voiles dehors, avec toutes les rames, et ensuite, il faut avoir
cette fameuse confiance. Je vais même oser dire  : il faut
avoir la foi. On ne parle pas théologie ; d’ailleurs j’en suis
incapable et cela ne m’intéresse pas beaucoup, mais vous
devez remplacer la confiance en soi par la foi. Et si vous ne
comprenez pas le mot foi, remplacez foi par « confiance
dans le changement ».
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Vous ne croyez pas encore en vous, car c’est encore
trop tôt, mais vous devez croire en ce que vous êtes
en train de faire. Je répète, car la nuance est de taille :
Nouvelle pratique à adopter
maintenant : Ce n’est pas grave
si vous ne croyez pas en vous, 2
mais vous devez croire en ce que vous
êtes en train d’accomplir avec ce programme.
Le plus important est de savoir que vous allez dans la bonne
direction. Mais vous ne pouvez pas savoir précisément où
vous en êtes, ni où vous en serez à chaque instant ; vous ne
pouvez pas prétendre être votre propre juge. On ne se juge
que trop mal. C’est d’ailleurs ce qui manque toujours quand
vous décidez de progresser toujours tout seul et d’évoluer
par vous-même : vous manquez du point de vue extérieur
d’une personne qui sait.
Le changement ne sera donc pas une suite prévisible
d’étapes qui vous mèneront dans la bonne direction. Il y aura
des contresens, vous partirez en arrière, vous partirez sur le
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côté, vous tournerez en rond, mais ce n’est pas grave. À la
fin, personne ne jugera votre chemin. Personne ne dira :
« Tiens, il a dévié à droite, et puis hop, là, il a fait demi-
tour, et puis il s’est arrêté. »
Et surtout, surtout, ne guettez pas l’arrivée, sinon vous allez
créer une attente et une pression sur ce fameux moment de
la rencontre, qui vont vous faire craquer et vont vous ôter
toute légèreté, vous rendre anormal, etc.
C’est extrêmement puissant, comme concept, d’avoir la foi
dans la direction dans laquelle vous allez, dans les moyens
que vous y mettez, et ensuite d’avoir l’intelligence de vous
dire :
« Je ne veux pas savoir où j’en suis. »
Le simple fait de vous demander où vous en êtes va ouvrir la
porte à un questionnement, à une remise en question. Plutôt
que de savoir, préférez croire. Ayez la foi dans le fait que si
vous faites ce qu’il faut (et vous noterez la belle allitération
en f dans ce début de phrase), alors , un jour, vous parlerez
à une jolie femme, et cela sans même savoir que vous serez
en train de le faire, et vous direz après lui avoir parlé :
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« Mon Dieu, qu’est-ce que je viens de faire ? Je viens
d’aborder une (très) jolie femme. Mais je n’attendais
pas ce moment et je ne savais pas où j’en étais. »
Seulement, j’avais la foi et j’avais déployé les moyens pour
aller dans cette direction.
Dans son célèbre discours de juin 2005, lors de la remise
des diplômes à l’université de Stanford, Steve Jobs parlait
de « relier les points » (connecting the dots), c’est-à-dire de
faire le lien entre les différentes étapes de sa vie. Ce n’est
qu’au bout du compte, rétrospectivement, qu’on réalise le
chemin parcouru et les différentes étapes franchies, mais on
ne peut pas anticiper ce chemin.
« You can’t connect the dots looking forward; you can
only connect them looking backwards. So you have to
trust that the dots will somehow connect in your future.
You have to trust in something — your gut, destiny, life,
karma, whatever. This approach has never let me down,
and it has made all the difference in my life. »
Et Steve Jobs savait bien de quoi il parlait… Vous pouvez
lire le texte intégral du discours, ou mieux,  l’écouter  : http://
news-service.stanford.edu/news/2005/june15/jobs-061505.html et http://www.
youtube.com/watch?v=UF8uR6Z6KLc
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Envie d’apprendre, d’expérimenter, d’in-
teragir socialement
Comparons l’envie et la faim. Quand la faim survient, il y
a deux types de réaction possible, et ces deux types de
réaction possible dépendent du caractère de la personne :
est-ce un gourmet, quelqu’un qui aime manger, ou est-ce
quelqu’un qui ne s’intéresse pas à la nourriture et aux choses
de la table  ? Au final, les deux personnes vont déjeuner.
Mais dans l’état d’esprit avec lequel les deux vont déjeuner,
il y a une différence.
Que fait celui qui ne s’intéresse pas aux choses de la table ? Il
ne va déjeuner que pour annihiler la sensation de faim. Ainsi,
dans la même salle de restaurant, il y a certaines personnes
qui sont là parce qu’ils ont ressenti une sensation de faim
une heure avant, et que cette sensation était désagréable,
et qu’ils savent que cette sensation désagréable, que ce
rappel à l’ordre du corps, ne peut s’éteindre que par le fait
d’ingurgiter quelque chose. Donc ils vont ingurgiter n’importe
quoi du moment que cela fait taire leur faim (du pain, une
boite de raviolis...)
C’est d’ailleurs pour ça, et vous l’avez remarqué, que les
gens qui ne s’intéressent pas aux choses de la table mangent
en général toujours la même chose, et prennent toujours le
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même plat ou la chose la plus évidente : c’est parce que la
saveur de ce qu’ils vont ingurgiter ne les intéresse pas. Ils
sont là parce qu’ils veulent calmer une sensation de faim.
Mais s’il y avait un autre moyen de calmer cette sensation,
c’est-à-dire que s’il y avait un interrupteur, ou un bouton,
ou un levier à actionner quelque part, ils l’actionneraient,
puisque tel est leur unique objectif.
Dans la même salle de restaurant, il y a d’autres personnes
qui aiment manger, et pour qui la faim est une sensation
agréable, parce que la faim leur rappelle l’heure du repas. Et
à l’heure du repas, ils se disent – et j’en fais partie :
« Chouette, encore un repas, c’est l’occasion de tester
de nouvelles saveurs. »
C’est pour ça que les gourmets, les gens qui mangent bien
et qui aiment bien manger, vont rarement prendre la même
chose deux fois de suite, voire deux fois dans la même
semaine. Ils vont toujours varier et choisir la chose qu’ils
ne connaissent pas. Au contraire, la personne qui n’aime
pas manger va prendre la même chose que d’habitude, et
en plus va commencer à trier, à séparer dans son assiette :
par exemple, si elle prend des lasagnes, et que dans les
lasagnes il y a des aubergines, il va séparer les aubergines
des lasagnes.
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Prenons un exemple encore plus concret  : il y a le petit
supermarché le plus proche de chez moi qui ne possède
dans ses rayons que les parfums de jus de fruit les plus
classiques  : orange, pomme, ananas, pamplemousse et
raisin. J’ai aussi un autre supermarché un peu plus loin, qui
a d’autres parfums de jus de fruit. Parfois, je vais à celui qui
est un peu plus loin, et parfois je vais à celui qui est plus
près, parce que je n’ai pas le temps, ou parce qu’il pleut, ou
parce que je n’ai pas envie, etc. Et alors, j’essaie de faire
des mélanges de jus de fruit avec ce que j’ai : je me fais des
smoothies avec une banane écrasée ou plutôt blendée avec
un mixer électrique, avec un peu de jus de ci, un peu de jus
de ça…. Je teste des recettes de smoothies.
Quel est le parallèle avec la séduction  et en tout cas
l’aisance sociale? C’est qu’il y a des gens qui vont aller au
contact de l’autre pour faire taire une faim. Ils vont aller au
contact des femmes pour faire taire une faim physique, une
faim hormonale, une faim quasiment de reproduction, de
concrétisation physique.
9 - Terrasser sa timidité
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Bonne nouvelle : j’ai faim
Mais là où c’est un petit peu... fin, c’est dans le fait
que je ne condamne pas cette faim. Je ne dis pas
de devenir asexué. Les femmes d’ailleurs sont de
magnifiques êtres sexués. On peut aussi tout à fait
avoir une pulsion purement physique. Mais il ne
faut pas que le fait d’aller parler aux femmes
soit simplement un moyen d’atténuer cette
désagréable sensation de manque. Parce que
dans ce cas-là, vous allez faire comme le type qui
mange ses lasagnes  : vous allez bouffer n’importe
quoi, sans manière, sans style, sans discernement,
simplement pour calmer cette faim. Vous n’allez ni
apprendre à séduire, ni à devenir séduisant. Tout au
plus à draguer des célibataires quadragénaires en
demande dans des endroits glauques où elles ne
se lavent même pas les cheveux avant de sortir (et
quand une femme ne juge pas important de se laver
les cheveux, que pensez-vous qu’il soit des parties
les plus intimes de sa féminité...).
Cette faim existe ; elle est normale. On a tous
des moments de vie où on a extrêmement faim
d’inconnues, où on trouve qu’il y a beaucoup
de filles désirables, en particulier à certains
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moments de la saison, de l’année, etc. Ce
n’est pas la faim qui est à juger, à condamner
ou à annihiler, mais il faut que cette faim soit,
comme pour le gourmet, une bonne nouvelle :
une bonne nouvelle parce qu’elle va annoncer
l’opportunité d’aller faire des rencontres,
et ces rencontres doivent être un moyen de
tester, tel un expérimentateur ou un testeur,
de nouvelles aptitudes sociales, de nouvelles
«  techniques  », de nouvelles façons de faire,
de parler, de raconter de nouveaux sujets de
conversation, de nouvelles idées qu’on a eues,
de nouvelles choses qu’on a apprises et qu’on
a envie de partager.
Et c’est sur cela qu’il faut se focaliser. Ce n’est pas
sur sa faim. Ce n’est pas :
« Mon désir me dit d’aller rencontrer l’autre, et
donc, pour faire taire ce désir, je dois y aller et j’y
vais contraint. »
Parce que dans ce cas-là, on y va sans énergie,
sans bonheur, et on y va dans le seul but de calmer
10 - Terrasser sa timidité
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cette faim – et on verra une autre fois que le but
est complètement visible  : il se lit, il se devine, il
transparaît par tous les pores de la peau. Une fille le
voit clairement, et se dit alors :
« Lui, il n’a pas intérêt à venir me voir, parce que de
toute façon, je l’ai déjà remarqué. Et depuis tout à
l’heure, il a les yeux qui sentent la braguette, il fait
le tour de la boîte… »
Ça, c’est le pire.
Non, apprenez à être heureux que cette faim (ce désir)
3 survienne, parce qu’il annonce, qu’il prédispose à un
moment de la rencontre, comme le moment d’un bon
déjeuner, et on va pouvoir tester de nouvelles choses. Il faut
apprendre à aimer goûter de nouvelles saveurs, de la même
façon qu’il faut apprendre le fait que cette interaction n’est
pas une chose dont on se débarrasse le plus vite possible
pour arriver au lit, du genre :
« Bon, allez, il faut que je dise ça, puis ça, puis ça… »
Tant que vous serez dans  le souhait de vous débarrasser
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des interactions au plus vite pour arriver au lit et calmer votre
désir embarrassant, vous ne serez pas bon. Même si cela
peut peut-être passer de temps en temps avec quelqu’un
qui a aussi faim que vous…
Mais ici, on discute ensemble de choses un peu
intelligentes pour devenir bon, pas simplement pour
vider Popaul. On ne devient bon dans quelque chose
que quand on aime expérimenter. Je répète :
On ne devient bon qu’à condition d’aimer
expérimenter dans le domaine en question.
Vous vous souvenez du type énervant qui vous
battait toujours en maths parce qu’il s’inventait des
exercices même pendant les vacances alors que
vous vous contentiez de faire ceux que donnait le
prof ? Voilà. C’est ça.
Tester, expérimenter
Ce que vous faites, en tant que timide, c’est vous dire :
11 - Terrasser sa timidité
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« Je vais aller parler à ces gens, car quand je l’aurai
fait, je me sentirai mieux. Donc je veux me débarrasser
de cette appréhension, de cette sensation désagréable,
donc je vais aller le faire, je vais le faire un peu contraint,
et quand j’aurai fini, je me sentirai bien, et donc je vise
l’état où je vais me sentir bien et vais y arriver le plus
vite possible. »
Les meilleurs étudiants sont ceux qui se disent :
« Bon, voilà, j’ai fait le problème avec les variables que
vous m’avez données, et puis comme il me restait dix
minutes, j’ai testé avec d’autres. »
J’ai envie d’avoir faim parce que je sais que quand j’ai faim,
je vais devoir passer à l’acte, et l’acte n’est pas une manière
d’étouffer la faim  ; l’acte, c’est jouer avec les variables  :
je teste, je tente, j’essaie de nouvelles choses, je regarde
les réactions. Apprenez à vivre la relation sociale non pas
comme vous iriez à la mine, en vous disant :
« J’aime pas y aller, mais je dois y aller, parce que je dois
nourrir ma famille façon Germinal ou l’Assommoir. »,
Mais au contraire :
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« Je vais parler à l’autre pour expérimenter, pour tester,
pour voir comment il ou elle va réagir. »
Il y a un côté jeu, comme dans les coffrets du petit chimiste
quand on était petit, où on faisait des expériences, où on
mélangeait des trucs pour voir ce qui allait se passer.
Ainsi, la faim est la même pour tous, mais c’est la façon de
réagir à cette faim qui est différente.
Il y en a qui vont se dire :
« On est en train de parler, et soudain, j’ai faim, ça me
dérange, je ne veux plus avoir cette sensation qui me
dérange, donc je prends quelque chose, je l’ingurgite,
pour que cette sensation parte. »
Et on a ceux qui vont se dire :
« – Tiens, t’as pas un peu faim ? On va se faire un truc.
Qu’est-ce qu’on peut se faire, qu’est-ce qu’on a ? – Eh
bien, écoute, j’ai des champignons, des petits pois, du
fromage, un petit peu de ça et un petit peu de ça. Et si
on expérimentait quelque chose ? »
12 - Terrasser sa timidité
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Et vous ne serez bon dans la relation sociale que si vous
aimez ça.
Je sais, c’est difficile de dire à quelqu’un d’aimer quelque
chose qu’il n’aime pas. Si vous n’aimez pas nager, je ne vais
pas dire :
« Aime nager, vas-y, force-toi à aimer nager. »
Par contre, c’est une inversion des valeurs, c’est tout ce
processus-là qu’il faut remettre en cause. Il faut que vous
parveniez à vous dire :
« J’ai appris une nouvelle technique, et j’ai un nouvel
équipement : je veux le tester dans la piscine. »
Nouvelle pratique à adopter maintenant :
À compter d’aujourd’hui, dites-vous que les
prochaines relations sociales ne sont pas
là simplement pour vous débarrasser de votre peur,
non  : lorsqu’elles sont là, vous voulez tester des
choses auxquelles vous avez pensé entre-temps,
mesurer des réactions, vous amuser à vérifier si ça
se déroule comme vous l’aviez pensé dans votre
tête ; expérimentez, créez, changez les variables…
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Faites de ce qui était une mine un terrain
d’expérimentation est la meilleur étape
possible afin qu’il devienne un terrain de
jeu.
Avoir hâte d’entrer sur scène, aimer inte-
ragir « Certains de mes effets vont marcher, certains vont
Cela n’a rien à voir avec la méthode Coué. C’est comme si
vous écriviez quelque chose dans votre chambre tout seul
depuis des mois ou des années  : vous allez finir par être
impatient du jour où on vous lira, parce qu’enfin vous aurez
une réaction.
Quand vous vous améliorez, ou quand vous lisez des
bouquins de développement personnel, ou des livres contre
la timidité, ou des livres de séduction, ou autres, vous êtes
un comédien qui répète dans sa chambre. Il répète son rôle,
et sa maman, ou sa sœur, ou un copain, lui fait la réplique.
Et à un moment, une fois qu’il est plein de ce rôle et de ses
répliques, il finit par avoir non plus besoin, mais envie de les
tester en vrai. Et il va, s’il a bien travaillé, non pas redouter
la première de la pièce ou la répétition générale, mais il va
au contraire l’attendre, puisque ce sera un moyen de tester
13 - Terrasser sa timidité
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si les effets comiques ou dramatiques qu’il a préparés dans
sa chambre fonctionnent. Et il n’a plus d’appréhension du
genre :
« Mon Dieu, j’ai peur d’y aller, pourvu que ça se finisse
vite ! »
Au contraire, il a hâte d’être sur scène, et il se dit :
moins bien marcher, j’ai hâte d’y aller, car j’ai hâte de
savoir lesquels ! »
J’ai préparé des choses, j’ai pensé des choses, je me suis
amélioré (même si on a vu que ce n’était pas quantifiable et
décomposable par étapes, car ce n’est pas :
« Je suis à l’étape 17 sur 43. » 
On ne sait pas où on est, on ne veut pas savoir où on est,
mais on est quelque part sur ce chemin.
Et à un moment, on a envie de savoir quels sont les
sujets qui vont accrocher ou intéresser, quels sont
ceux qui vont moins accrocher ou moins intéresser.
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Il faut avoir envie de le savoir, il faut avoir
envie que l’autre - ou le terrain - vous le 4
confirme.
Toujours privilégier l’humain
Quand vous aurez compris (et intégré) que la base pour être à
l’aise socialement est d’aimer l’interaction sociale, et donc de
faire en sorte que le désir soit une bonne nouvelle, parce qu’il
est l’annonce du moment où on va devoir y aller (ce moment
est le moment où on va tester ce qu’on a préparé en amont),
vous allez devoir revoir vos stratégies de communication,
et notamment l’équilibre entre la communication écrite et la
communication orale.
Pour le timide, la communication écrite est un refuge.
Vous utilisez beaucoup l’écrit (aujourd’hui, les messages
électroniques). Parmi mes clients, il y a une forte disproportion
entre le nombre d’e-mails que je reçois et le nombre de
coups de téléphone qu’on me donne, et cela même parmi
les fidèles ou parmi les gens que je vois régulièrement. Je
dois avoir un appel pour vingt ou trente e-mails… Parmi mes
amis, je reçois davantage d’appels, car mes amis savent et
me joignent par téléphone ; c’est très rare que je reçoive un
14 - Terrasser sa timidité
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e-mail d’un ami.
Habitude à abandonner: Je sais qu’on peut tout
commander sur Internet, que ce soit les billets de train
ou de spectacles, etc., mais si on veut être à l’aise
socialement, il va falloir privilégier l’interaction humaine autant
que possible. À chaque fois que le choix sera permis, il faut
toujours choisir l’option « interaction humaine ».
Quand vous avez le choix entre un serveur vocal et un
opérateur, prenez l’opérateur.
Quand vous avez le choix entre un distributeur pour les billets
de train ou de métro et un guichetier ou une guichetière,
prenez le guichetier ou la guichetière.
Etc., etc.
Et il ne faut pas le faire pour se désensibiliser bêtement, car
quand on se dit juste :
« Plus je vais parler à des gens, mieux ce sera. »
C’est un peu comme un sportif qui ne serait pas très bon,
mais qui se dirait :
« De toute façon, c’est pas grave : dans cinq ou six ans,
un programme de l’académie
 SEMAINE 2
Progression et envie d’interagir www.vaincrelatimidite.com

j’aurais l’expérience. »

Le temps qui passe permet d’acquérir de l’expérience, mais

on n’est pas forcément meilleur. Platini ou Maradona étaient
meilleurs à 22 ans qu’un joueur moyen à 32 ou 33 ans, même
un joueur qui aurait toute l’expérience du monde !

Nouvelle pratique à adopter maintenant : On

n’est pas dans le fait de parler au plus de
gens possibles pour gagner de l’expérience,
en priant pour que cette expérience cumulée annihile
votre timidité et vous désensibilise, mais plutôt dans
le fait de rechercher l’interaction humaine, parce que
l’interaction humaine est un terrain d’apprentissage,
un terrain d’expérimentation, un terrain de jeu, et
que dans chaque interaction, que ce soit avec mon
syndic pour un dégât des eaux, ou avec une très jolie
fille dans une soirée, je veux en apprendre quelque
chose.

15 - Terrasser sa timidité un programme de l’académie

LA SEMAINE PROCHAINE
Je vous apprendrai :

- comment apprendre quelque chose d’un embryon de

conversation râtée
- à travailler votre empathie
- à jouer du violon
- la différence entre observer et dévisager
- pourquoi le dialogue intérieur est un piège

et bien d’autres choses.

Alors, à la semaine prochaine.

NUMQUAM CEDUNT
VICTORES, NUMQUAM
IGNAVI VINCUNT.
Ceux qui remporteront la victoire seront ceux
qui n’auront pas abandonné.

vaincrelatimidite.fr
un programme de l’académie