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SUR LA

PROCESSION
DANS LA

FÊTE-DIEU
AU VATICAN
COMMENTAIRE
936 B2492
Columbia University
intbeCityof New York
LIBRARY
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GIVEN BY

Nardeachia
DE LA

PROCESSION SOLENNELLE
AU VATICAN
DANS LA

FÊ T E -DIEU
COMMENTAIRE
PAR

J. BARLUZZI

ROME
Imprimerie de la Chambre Apostolique
1862
936
B2492
ai
Shahah

AVANT- PROPOS
,P

Rien de plus saint, de plus auguste, et de plus


E ☺
magnifique que cette pompe célèbre qu’on admire
chaque année au Vatican lorsque le Souverain
Pontife, le jour de la Fête - Dieu, porte le Saint
Sacrement entouré de la vénération publique
Cette espèce de triomphe religieux n'attire
pas
seulement les habitants de Rome et des alen
tours, mais encore un grand nombre d'étrangers
des pays même les plus éloignés. Les monu -
numents illustres de l'antiquité et des beaux
arts sont alors oubliés ; on accourt de toutes
parts pour admirer cette pompe, et touché de son
éclat, chacun s'empresse d'en rechercher tout ce
ce qui la regarde. En entendant souvent faire
des questions sur l'institution de cette fête so -
lennelle , sur la condition des personnages qu'on
y voit, et sur d'autres choses relatives à cette
procession , je conçus l'idée d'en raconter brièn
rement l'origine , l' ordre et la façon. Je
4
n'ignorais pas que le savant François Jérôme
Cancellieri , un des hommes le plus instruits
en tout ce qui concerne la patrie, en avait
déjà parlé dans son livre intitulé Descrizione
delle Cappelle Pontificie e Cardinalizie ( 1) ;
» et je me garderais bien de lui enlever la cou
» ronne qui rend son nom si glorieux ) ; mais
comme ce livre est très -rare, et que cette descri
ption se trouve mêlée à beaucoup d'autres cérémo
nies de la Chapelle papale, bien peu de per
sonnes le connaissent, et plusieurs ignorent l'en
droit précis qui en traite. En outre il est bon
d'observer que quelques rites de cette procession
sont changés aujourd'hui, vû les vicissitudes des
tems , et qu'ils ne s'y trouvent pas en conse
quence décrits dans toute leur vérité.
M’étant donc proposé d'essayer de mon mieux
ce travail j'avoue franchement, que le livre de
Cancellieri m'a été entre autres très-utile, et
me fournissait si fréquemment des matières, que
j'avais à me repentir de mon projet. Car toutes
les fois qu'on décrit des choses qui sont expo
sées à la vue de tout le monde, de sorte que
chacun peut s'en former l'idée lui-même, il est
5

presqu' impossible de ne pas aller sur les mêmes


traces ; ce que je ne rougirai point d'admettre.
J'écris d'abord en latin parceque c'est la lan
gue, dont l'Eglise romaine fit usage dès sa nais
sance, et parceque elle est la plus propre pour
exprimer ses rites. Cependant quelques personnes
m'ayant montré le désir que j'en fisse une tra
duction française pour pourvoir aussi à l'intel
ligence des étrangers, j'entrepris bien volontiers
cette tache en m'efforçant de réunir autant qu'il
était en moi la précision à la simplicité du style.
Toutefois si on trouvait ici des expressions
qui ne paraissent pas assez propres, ou assez
claires, j'aime à croire encore qu'on voudra
bien l'accueillir avec indulgence. » La corde de
» l'instrument ne rend pas toujours le son que
» le doigt, et la pensée lui demandent ; quelque
>
fois elle donne un son grave pour un son
» aigu : la flèche qui part ne frappe pas tou
► jours le but (2).
DE LA

PROCESSION SOLENNELLE
COMMENTAIRE

CHAPITRE I.

DE L'INSTITUTION DE LA FÊTE
ET DE SES PRÉPARATIFS

La flamme des discordes civiles ravagait l’I


talie, les meurs de toute part se corrompaient
de plus en plus, le culte de Dieu sans être
tout- à - fait banni était certainement diminué,
la religion méprisée, la majesté du pontife
romain avilie, l'Eglise déchirée par plusieurs
hérésies, lorsque pour rappeller les peuples à
la piété, et les esprits à la vénération des
choses sacrées, la divinité elle même parut avec
des prodiges manifestes. Plusieurs écrivains
dignes de foi rapportent, que dans l'an de
Christ 1264 il arriva à Bolsena, ancienne ville
de l'Etrurie placée au dessus du lac dont elle
2
tire son nom , un prodige inoui, et digne d'è
tre transmis à la mémoire des siècles les plus
reculés. Dans l'église de sainte Christine un
prêtre qui célébrait la messe doutant de la
vérité d'un mystère si auguste, vit immédia
tement après la consécration, couler de la
sainte hostie tant de sang, que le corporal en
fut souillé (3). Le bruit de cet événement ex
traordinaire se répandit partout en peu de
tems, et excita l'admiration de tout le monde de
sorte que ceux - là même en furent étonnés, qui
professant de fausses doctrines se moquaient
impunément des choses le plus sacrées. Mais
cette nouvelle ne tarda pas un moment à par
venir aux oreilles du pontife romain, qui par
le malheur des tems se trouvait alors à Or
viète. C'était Urbain IV, qui poussé d'un désir
ardent de voir de ses propres yeux cette mer
veille, se rendit tout de suite à Bolsena, et
plein d'un étonnement indicible, et d'un res
pect religieux regarda le corporal marqué
de plusieurs grandes tâches de sang (4) .
Tout cela devait fixer l'attention du pontife
romain : après qu'il eut ordonné une procession
solennelle, il renferma lui même avec une
3
très-grande pompe ce monument insigne de
la foi catholique dans la cathédrale d'Orviète.
Ses successeurs ne furent pas enflammés de
moins de zèle, pour que cet estimable trésor
se conservât avec dignité et vénération . En
effet peu de tems après Nicolas IV ordonna
qu'on batit un temple exprès, dont il posa la
première pierre ; les fondemens ainsi jetés, et
les habitans y contribuant par leurs oblations
l'édifice avança avec un succès si heureux,
que non seulement il fut bientôt achevé, mais
justement compté parmi les plus superbes tem
ples dont l'Italie est très-abondante. Il est
d'architecture gothique ; et soit que vous en
admiriez l'étendue et la majesté, soit que vous
en observiez dans l'intérieur les statues de mar
bre, et les fresques, soit enfin que vous aimiez à
jouir de sa façade, de ses ornemens et de ses
bas -reliefs taillés avec un habileté distinguée,
vous serez contraint de le louer pour son
excellence dans l'art.
Cela arrivait en Italie ; et ne rendait pas
encore l'Eglise catholique tous les ans un
hommage de joie et de reconnaissance dans
un jour fixé à ce divin mystère avec le quel
4

....... caeli quondam Rex omnipotentis homo idem


Ac Deus (3) humanos indutus corporis artus
Bis sex cum sociis epulatus nocte suprema,
Insolitasque dapes, insuetaque pocula mensis
Intulerit, miranda novo de more loquutus :

Hoc est corpus, ait, meus hic de vulnere sanguis


Fundendus, commissa hominum quidiluat omnia .
C'étaient là les veux des catholiques, l'ordre
même des fêtes l'exigeait, afin que nous puis
sions ici étendre de plus en plus la gloire du
Fils de Dieu . Et quoique dans le jeudi saint
l'Eglise célébre la mémoire de ce repas céleste,
avec lequel le Rédempteur se donna lui même
à jamais à ses enfans pour leur servir de nour
riture, et de breuvage, néanmoins comme elle
s'occupe dans ces jours à pleurer ses souf
frances et sa mort, en exerçant plusieurs cé
rémonies, elle ne pouvait rendre au corps de
Christ l'hommage particulier, qui lui convenait.
Précédemment aussi dans la Belgique des
prodiges venaient d'arriver, dont on pouvait
pronostiquer, que ce témoignage de respect
et de gratitude aurait été très-agréable à Dieu .
Des historiens irréprochables (6) racontent,
5 .
que la bienhereuse Julienne da Mont-Corneillon
hospitalière près de Liège, qui aimait passio
nément, le Sacrement auguste, dans l'an 1230
eut une vision , par la quelle elle fut avertie,
que dans un jour déterminé on dût vénérer
singulièrement la très-sainte Eucharistie. Cette
pieuse dame consulta ' bientôt plusieurs théo
logiens, et évêques parmi les quels ce même
Jaques Pantaleo de Troyes, qui était alors
archidiacre de Liège, et ensuite évêque de
Verdun, puis patriarche de Jérusalem , et fut
enfin élu pontife avec le nom d'Urbain IV.
Avec le consentement unanime de tous ces per
sonnages Robert évêque de Liège dans l'an 1246,
donna par un concile la naissance à ce culte
nouveau, et arrêta qu'il deyrait s'observer
dans tout son diocèse. Les fidèles tressail
lirent de joie et pleurèrent de tendresse.
Cette lumière très -brillante, qui devait éclai
rer tout l'univers catholique ne put être ren
fermée dans les bornes d'une seule époque, ni
d'un seul pays. Elle commença d'abord à se
répandre dans la Belgique, par les soins infa
tigables du légat apostolique qui ayant été
auparavant consulté par Julienne manda à
6
tous les évêques, et au clergé sujet à sa lé
gation de célébrer cette solennité . Son suc
cesseur ne se comporta pas d'autre manière,
car il voyait clairement quels avantages elle
apporterait à toute le chrétienté. En effet cet
acte de dévotion ne tarda pas à surpasser les
bornes de ce royaume, quoique Julienne, qui
la première l'avait indiqué et propagé, fût
décédée, car une autre dame pieuse nommée
Eve, à la quelle Julienne avait tout confié
demanda instamment à Henri évêque de Liège,
qui remplaca Robert, qu'il suppliât le pontife
romain de faire introduire cette fete dans toute
l'Eglise. Elle demandait cela avec d'autant plus
de confiance, que le siège de s. Pierre était
occupé alors par Urbain IV, qui avant d'être
élevé au pontificat était au fait de tout ce
qui était arrivé à Julienne, et avait déjà ap
prouvé cette fête dans la Belgique. Ses espé
rances ne furent pas déchues. Urbain accueillit
favorablement ses requêtes, mais pour ne pas
se méprendre il voulut auparavant examiner
avec maturité une affaire de si grand poids.
C'est dans ce tems qu'eût lieu à Bolsena le
miracle, dont nous avons parlé; c'est pourquoi
7

Urbain se rappelant tout ce qu'il avait fait pour


cela à Liège, ordonna, par un décret solennel
du 11 août 1264, que la fête de ce mystère
sacré se célébrerait à perpétuité dans tout le
monde chrétien le jeudi après l'octave de la
Pentecôte. Il ne jugea pas seulement cela
très -convenable et en même tems très -agréable
à Dieu, mais il connut aussi qu'il allait être
très-propre à repousser par une autorité pu
blique l'hérésie croissante de Bérenger, qui
osait nier la présence réelle du corps et du
sang de Jésus Christ sous les espèces du pain
et du vin. La piété d'Urbain ne s'arrêta pas
là . Pour rehausser autant qu'il était en lui
l'éclat de cette solennité il voulut que le doc
teur angélique s. Thomas d'Aquin, qui alors
se trouvait à Rome, en composåt les heures
et la messe . Cet homme de Dieu , splendeur
et ornement de l'Eglise, y travailla avec tant
de zèle, qu'il surpassa l'attente de tout le
monde. Tout se trouve dans ce bel office du
jour et de l'octave de la Fete-Dieu : la gra
vité et la simplicité des expressions, la profon
deur et l'exactitude des doctrines théologiques,
la douceur et la piété dans les sentiments. On
8
peut dire que s. Thomas à épuisé la matière
et qu'il a dit tout ce qn'on pouvait dire sur
ce mystère auguste (7 ).
Néanmoins ce culte si , ardemment désiré
s'affaiblit un peu après la mort d'Urbain, et
peut-être aurait-il insensiblement disparu, si Clé
ment V’dans le concile de Vienne en France, qui
fut tenu en 1311 , d'accord avec tous ces pères
ne l'avait pas ranimé par un nouveau décret.
Jean XXII, Martin V, et Eugène IV suivirent
son exemple. Jean ne tarda pas un moment
à faire accomplir ce que son prédécesseur avait
ordonné. Martin ensuite, ' et Eugène par des
indulgences particulières ( 8) excitèrent tous les
chrétiens à célébrer cette fête. Enfin tous les
soins furent mis en cuyre, pour que dans
toutes les Eglises de la Chrétienté on solennisât
ce jour, qui fut justement appelé par le concile
de Trente jour de triomphe sur l'hérésie. Il ne
restait donc plus rien à faire pour que les fi
dèles pussent adorer, porté triomphalement dans
les rues de toutes les villes catholiques, ce don
précieux, auguste, admirable du ciel, par le quel
le Fils de Dieu dans son immense charité répan
dit sur les hommes les richesses de son amour.
9
De l'institution de cette fête on peut con
clure, que le saint Sacrement a été porté publi
quement ; et outre le clergé,on vit dès l'origine
les autorités publiques, les rois, les empereurs,
chantant des hymnes, tenir à grand honneur
de l'accompagner, afin de rendre la pompe plus
éclatante. Avec le temps la splendeur de cet
acte religieux s'augmenta d'une manière éton
nante. C'est alors que s'établit parmi les ha
bitans de tous les endroits la coutûme d'orner
les rues de fleurs et de rameaux, et de cou
vrir avec des tentes et des voiles de dif
férentes couleurs les chemins par lesquels la
sainte Hostie devait passer; tandis qu'eux -mêmes
la suivaient en foule avec des cierges allumés,
et des chants harmonieux. Peut il y avoir pour
un chrétien une pompe religieuse plus ma
gnifique et plus réjouissante ? Or, tandis que
jusque dans les centres les plus reculés du
monde (9) on célèbre ce jour avec tant de
ferveur et de piété, les pontifes romains qui
représentent le Christ sur la terre, et ont le
gouvernail de l'Eglise universelle ont voulu
que Rome en cette circostance surpassât toutes
les autres villes dans l'expression extérieure de
10
sa foi et par la splendeur de ses pompes,
Rome , qui
Facta caput mundi quidquid non possidet armis
Religione tenet.
Je dois faire observer ici, que ce rite n'a
pas été toujours pratiqué à Rome de la même
manière et n'a pas suivi le même itinéraire.
Nicolas V, qui introduisit le premier l'usage
de porter en ce jour le très-saint Sacrement
d'une manière plus solennelle ( 10), le porta
en 1447 du Vatican jusqu'à la porte de
Castello ( 11) accompagné des cardinaux, ar
chevêques, évêques, et de tout le clergé. L'an
née suivante la cérémonie fut faite dans le
Latran, comme auparavant elle se pratiquait
avec moins de pompe, en prenant le chemin
de la cathédrale de Rome, c'est -à -dire de l'é
glise de s. Jean jusqu'à celle de s. Clément.
Cependant le Vatican y offrait l'endroit le plus
commode, et le plus opportun. Car cette basili
que érigée d'abord par l'empereur Constantin le
Grand à l'honneur du Prince des Apôtres dans
le champ Vatican , et consacrée solennellement
par le pape Silvestre, et reconstruite ensuite
d'une manière splendide depuis les fondements
11
jusqu'à son magnifique Dôme semblait préci
sément digne de tant de pompe. Edifice vrai
ment auguste et d'une construction admirable,
qui, de l'opinion des connaisseurs les plus com
pétents, suffirait seul pour attirer en foule dans
cette ville les étrangers du monde entier. Ce
monument célèbre de religion et de munifi
cence papale commencé par Nicolas V, conti
nué par Jules II, et par d'autres pontifes ro
mains, fut achevé par Paul V. Par sa solidité, son
étendue et sa magnificence on peut dire qu'il
a été bâti pour l'immortalité. Et quel autre
temple y a - t- il dans le monde plus riche, et
plus splendide ? Ces colonnes énormes, ces
voûtes dorées, ces autels si riches, ces chapelles
incrustées de marbres précieux, ces statues co
lossales, ces monumens d'un travail parfait,
ces excellens tableaux en mosaïque, ces orne
menis en pierre, et en bronze annoncent assez
que rien ne peut l'égaler. La brièveté, que nous
nous sommes imposée ne nous permet pas de
faire une énumération , et un examen plus dé
taillé de toutes les merveilles qui l'embellissent,
et qui sont si nombreuses, qu'il faut absolument
les voir pour les concevoir et les admirer. Nous
2
12
nous bornerons donc à indiquer celles, que nous
jugeons nécessaires à l'intelligence de notre
récit. Parmi bien des autels deux se distin
guent sur tous les autres, savoir : celui de la
chaire dans la tribune, et l'autre appelé papal
ou de la confession des Apôtres sous le dome
immense. Le vestibule du temple est enrichi
d'un atrium, au quel donnent l'entrée cinq
portes, et une galerie vraiement royale à droite
et à gauche. Sur le devant de l'édifice se trouve
une place très-vaste entourée de deux portiques
semicirculaires de travertin à quatre ordres de
colonnes au milieu de la quelle s'élève un
obélisque de granit rouge. Tout près de cette
place il y en a une autre vers l'orient de for
me carrée, et plus petite, entourée de beaux
bâtimens (12). Qu'y a -t-il donc d'étonnant, si
les Papes aient toujours eu une prédilection
pour ce temple remarquable à tant de titres,
1
et le désignèrent de préférence pour célébrer
avec plus de pompe nos plus belles cérémonies ?
Sur la fin du siècle passé la procession arri
vait jusqu'à la place voisine de l'église de s. Ja
ques ; maintenant elle sort de la chapelle Sixti
ne , et passant au côté droit de la colonnade
13
parvient jusqu'à la place inférieure, et de là
elle rentre du côté opposé dans le temple.
Ce que nous avons dit du lieu nous devons
aussi le répéter de la pompe, qui ne fut
pas toujours la même. Puisque quant à la
manière de porter le saint Sacrement nous
savons (13), qu'après Nicolas V qui alla à
pied, plusieurs Pontifes en firent autant mar
chant aussi la tête nue ou couverte du bon
net papal , appelé camauro , ou de la mître
ou de la tiare. D'autres le portèrent avec la
même révérence en faisant usage de la chaise
gestatoire. Dans l'an 1655, Alexandre VII alla
chaise gestatoire la tête découverte à ge
noux au devant du faldistorium placé sur le
talamo ( 14). Innocent XIII voulut le talamo
seulement avec le faldistorium , et cette coû
tume fut observée par tous les autres papes
après lui, excepté Benoit XIII, qui célébra ce
rite à pied et tête nue.
Le clergé mérite aussi quelque remarque.
Les chapitres prirent peu à peu des vêtemens
plus riches, et ils augmentèrent tellement en
nombre, qu'on peut soutenir avec raison, que
le clergé romain surpasse tous les autres en
14
nombre, splendeur, et dignité. Que dira -t -on
ensuite de ceux qui doivent y assister ? Que
d'ornements graves et magnifiques, qui malgré
les vicissitudes et les changements des temps
restèrent toujours intacts ! On y admettait aussi
auparavant les diverses classes de citoyens, qui
occupaient leurs places selon leur rang, et qui
par leur coutume propre et décente, et par les
cierges allumés ajoutaient à la pompe et à la
splendeur. C'était un droit dont jouissaient tous
ceux qui reçoivent le fruit des fonds qui s'ap
pellent vacabili, et qui prennent le nom de
Milites Lauretani, de s. Pierre, et de Pie IV,
et d'autres titres. Mais comme par abus ils
commencèrent à se faire remplacer par d'au
tres qui n'étaient pas décemment habillés, et
que plusieurs de ces ordres furent aussi abro
gés, on résolut qu'ils ne feraient plus partie de
cette procession. Il en fut de même de ceux
qui n'occupent pas d'emplois distingués. Malgré
tout cela rien ne fut ôté à la cérémonie ; au
contraire par l'augmentation du nombre, par
une plus grande décence des assistants, et par
bien d'autres raisons elle n'en devint que plus
magnifique, plus édifiante. Enfin le noble cor
15
tége du Pape est devenu si somptueux et si
imposant, que celui des siècles écoulés ne
peut être mis en parallèle avec le cortége
actuel, quoiqu'en disent ceux qui louant tout
ce qui appartient au temps passé sont injuste
ment ennemis de toute nouveauté :
non cuncta annosa vetustas
Quae laudamus habet ..
Pour observer un certain ordre dans notre
description, commençons par les vepres qui
précèdent la solennité . Dès le soir, une grande
foule de peuple accourt au Vatican pour voir
les préparatifs. Pour se défendre contre les
rayons du soleil, on étend des tentures entre
les colonnes du péristyle, qui est prolongé
jusqu'à la place inférieure avec des poutres
dressées, et couvertes de buis, et destinées à
soutenir la double tente blanche (15) suspendue
aux murs des habitations voisines. Des draps
rouges ornent non seulement les murs, mais
encore les fenêtres de ces mêmes maisons.
Entre les arcs de la colonnade on voit les
armoiries peintes des cardinaux, qui doivent
en orner une partie à leur frais. Des couron
nes de fleurs, et des guirlandes suspendues
16
çà et là en augmentent la beauté et l'élégan
ce. Les galeries sont couvertes des deux côtés
de belles tapisseries, dont les desseins sont
copiés de celles qui furent tissues dans la Bel
gique en soie et en or sur des cartons des
sinés et coloriés par Raphaël aux dépens de
Leon X, et qui autrefois formaient le plus bel
ornement de ces passages ( 16).
A l'heure des premiers vepres les cardi
naux se rendent au palais apostolique pour le
chant des psaumes auquel assiste le Pape. Dans
la chapelle Sixtine ( 17 ) on expose le tableau
qui représente la Cène du Sauveur. De la salle
des ornemens le S. Père entre dans la cha
pelle, en mître et en chape précédé d'un cortè
ge nombreux, et après avoir fait une courte
prière dans le faldistorium qui est placé devant
l'autel ; il monte ensuite au trône, où il re
çoit le sacré collège à l'obéissance. Puis il
dèpose la mitre, et entonne les vêpres, qui
sont chantés par les chapelains-chantres. Quand
l’acolyte de la chapelle, et en abscence du
Pape le diacre en surplis et en rochet en
cense selon le rite de l'Eglise les deux cardi
naux diacres assistans, et tout le sacré col
17
lège, un maître de cérémonies qui l'accompa
gne annonce à chacun des cardinaux l'heure
que le saint Père a fixée pour commencer la
grande fonction du lendemain. Si le Pape soit
par indisposition, soit par un autre motif ne
peut pas y assister, le cardinal Doyen qui le
remplace entonne les vêpres.
Pendant que les cardinaux sont assemblés
dans la chapelle, le majordome en mantelletta,
suivi de la garde suisse, du garde-robe, et
d'un maître de cérémonies, des aumoniers
communs, des écuyers, des massiers et d'au
tres, visite tout le chemin, par où la proces
sion doit passer dans la matinée du lende
main ( 18), en observant les préparatifs.
Il nous semble avoir jusqu'ici suffisamment
parlé de l'origine, de l'institution, et du progrès
de cette fête, comme aussi de la différente ma
nière dont on fit à Rome cette procession dans
les époques diverses, en y ajoutant tout ce
qui la précède. Il ne nous reste donc qu'à
détailler simplement toutes ces choses qui ap
partiennent à la joie, à la célébrité, et à la
pompe de ce jour, ce à quoi tend principalment
notre commentaire .
18
CHAPITRE II .

DE LA FÊTE, ET DE LA PROCESSION .

Dès l'aurore de ce jour de bonheur, toutes


les rues sont pleines de monde. Dès le matin
non seulement les cardinaux, mais les chapitres,
les ordres religieux, les colléges, et les magistrats
se rendent au Vatican pour assister à la proces
sion. Pendant qu'on va préparer tout ce qui est
nécessaire, des compagnies de soldats en unifor
me de gala garnissent la place inférieure, la
colonnade, et les galeries pour maintenir la
foule du peuple qui accourt de toutes parts.
Sur ces entrefaites le sacré collége revêtu des
ornements blancs, selon leur ordre, s'assemble
dans la chapelle Sixtine, où le Pape après la
préparation ordinaire commence la messe bas
se, a laquelle assistent le sacristain du Pape, et
les aumoniers secrets, ainsi que les auditeurs de
la Rote, qui restent à genoux à la dernière
marche de l'autel. Les huit chapelains-chantres
de la chapelle pontificale, qui doivent suivre
le Pape dans la procession chantent à l'offer
toire le mottet Fratres ego enim , et après
19
ľ élévation 0 salutaris Hostia . La messe
étant finie, le Pape, après avoir quitté dans
la sacristie la chasuble , et mis la chape, >

rentre dans la chapelle. Il se met à genoux


pour adorer le très-saint Sacrement qu'il en
cense . Après cela il va au talamo ( 19) sur le
quel un des deux cardinaux diacres assistants
place le soleil qu'il va prendre de l'autel sous
le parasol soutenu par un acolyte de la cha
pelle. Aussitôt tous ceux qui doivent se tenir
auprès du Pape se rangent, mais longtems
avant tous les autres défilent deux à deux sous
les yeux du cardinal premier diacre qui est
assis avec la férule en main à la porte de la
galerie gardée par les suisses, entre le gou
verneur de Rome, et le majordome, l'un et
l'autre en grande chape. Ces corps nombreux
sont appelés par un huissier du tribunal du
cardinal Vicaire selon la note imprimée, qui
se nomme rotolo, sous la direction d'un maître
de cérémonies. Ils ont à la main leur cierge,
et chemin faisant lisent, ou chantent les prières
contenues dans un petit livre, qu'on leur dis
tribue. Chaque corps a ses choristes avec les
quels ils chantent alternativement. Qu'y a - t-il
20
de plus convenable pour louer la gloire de Dieu
immortel que le chant ? Or si l'harmonie a
tant de force sur l'âme quant aux sentiments
profanes, 'qui pourrait nier, que cette même
harmonie dans les cérémonies sacrées ne char
me les âmes, et ne les porte à aimer le choses
célestes ?
Un peloton de soldats ouvre la marche ;
deux files de soldats accompagnent des deux
côtés les corps qui s'avancent. Ils sont réglés
par les huissiers du tribunal du cardinal Vi
caire, et par les huissiers pontificaux en robe
violette, et en masse, ainsi que par les mai
tres de cérémonies, qui sont revêtus d'une
soutane de serge rouge, d'une ceinture, et
d'un surplis, excepté le premier et le second
qui portent une soutane de soie violette avec
la ceinture à glands, et le surplis sur le rochet.
Après la Croix au milieu de deux chan
deliers on voit :
Les 'Elèves de l'hospice apostolique de s. Mi
chel au Tibre revêtus de serge noire avec une
bande .
Ceux de la maison des orphelins aver leur
étendart en capote blanche et surplis.
21
Dans l'ordre suivant, et avec les bannières,
à l'exception des trois premiers Corps reli
gieux, deux des quels haussent une croix noire,
et le troisième le crucifix, marchent d'abord :
LE CLERGÉ RÉGULIER

Savoir: Les Religieux de l'Ordre de la Pé


nitence , appelés petits déchaussés; ils portent
des sandales, une tunique de laine tannée avec
un capuchon, des manches étroites fermées de
boutons en devant; un cordon bleu terminé
par un flocon ; chapelet à la ceinture, pélerine
ronde sur les épaules, qui se prolonge, et se
partage sur la poitrine (20).
Les Hermites déchaussés de s. Augustin ha
billés de drap noir avec des manches larges,
capuchon pyramidal, ceints d'une courroie de
cuir noir, au côté gauche du quel descend le
chapelet; les cheveux coupés en forme de cou
ronne .

Les Capucins avec sandales, et tonsure com


me les hermites ci-dessus, une longue barbe,
tunique de laine tannée, capuchon pyramidal,
une grosse corde autour du corps, et le cha
pelet du côté gauche (21 ).
22
Les Religieux de s. Jérôme du bienheureux
Pierre ; col noir, tunique de serge tannée, cein
ture de cuir, pélerine ronde avec un petit ca
puchon ; manteau plissé autour du cou , bas
noirs, et chapeau à trois cornes .
Les Minimes de s. François de Paule, ha
billés d'une tunique de serge noire à manches
très -grandes, capuchon rond uni au scapulaire
qui descend jusqu'aux genoux, liés par un cor
don de laine, avec bas, et chapeau comme les
précédents.
Les Franciscains conventuels du troisième
ordre ; col à l'instar des ecclésiastiques ; tu
nique de serge noire liée au corps avec un
cordon blanc qui se termine en flocon, au
musse ronde en devant, et aigue aux épaules ;
bas et chapeau comme les autres.
Les Franciscains conventuels habillés comme
les précédents, mais avec un col noir, et ser
rés d'un cordon garni d'un noeud avec le cha
pelet à gauche.
Les Cordeliers avec une grande tonsure; ils
portent des sandales, la tunique de laine grise
brune, le capuchon court pointu, la corde aux
reins, et un chapelet ; ils sont suivis des Cor
23
deliers de l'ancienne observance sous la même
bannière formant quasi une seule famille, ha
billés de même, à l'exception des manches, qui
sont aigües aux coudes de ceux - ci.
Les Hermites de s. Augustin , avec un col
noir ; tunique de serge noire à grandes man
ches ; ceinture de cuir, pélerine avec capuchon
pointu au dos ; et chapeau à trois cornes.
Les Carmes : tunique de serge tannée et
ceinture de cuir ; manches étroites, et scapu
laire de la même couleur, manteau et péle
rine avec capuchon blancs, large tonsure ; bas
et chapeau semblable aux autres.
Les Serviteurs de la très- sainte Vierge ha
billés de noir ; col bordé en blanc, tunique de
serge, et ceinture de cuir avec le chapelet de
de notre Dame des sept douleurs; scapulaire,
manteau, pélerine ronde sur le devant, aigüe
aux épaules, avec un capuchon, bas noirs, et
chapeau à trois cornes.
Enfin les Dominicains revêtus d'une tunique
de serge blanche, scapulaire, et bas blancs, avec
un chapelet attaché à la ceinture; pélerine et
manteau noir avec capuchon doublé en blanc,
avec une tonsure large, et chapeau à trois
cornes .
24
Après ceux- là viennent
LES ORDRES MONASTIQUES
Savoir : Les Olivetains vêtus de blanc avec
un froc de serge à grandes manches, qui de
scendent jusqu'aux jambes, plissé au cou en
avant et en arrière, avec un capuchon plissé
au milieu, et bas blancs (22).
Les Citeaux en couleur noire habillés de la
même manière, col noir, capuchon aigu, et
bas blancs ( 23 ).
Les Camaldules avec leur froc blanc, petit
capuchon aigu, et bas blancs (24).
Les Bénédictins en habit de serge noire de
la forme des autres moines, mais plissé de
pied en cap, capuchon presque rond, col, et
bas noirs, et large tonsure.
Les Chanoines réguliers duLatran et du s. Sau
veur en soutane de serge blanche, rochet de
lin, et surplis achèvent les ordres religieux.
Ils sont suivis du

CLERGÉ SÉCULIER
Savoir : des Elèves du Séminaire romain en
soutane, et soprana violette, et en surplis.
25
Des cinquante-quatre. Curés de Rome (25)
en surplis et en étole blanche.
Des Chanoines, et Bénéficiers des Collegiales
dans l'ordre qui suit:
De s. Jérôme des Esclavons (26).
De s. Anastasie (27 ).
Des ss. Celse et Julien (28).
De s. Ange in Pescaria (29).
De s. Eustache (30).
De s. Marie in Via lata (31 ).
De s, Nicolas in Carcere (32).
De s. Marc (33).
De la Rotonde (34).
Et quoique ils marchent sous une même Croix,
chacun fait usage de ses propres habits, c'est
pourquoi quelques-uns portent l'aumussé, d'au
tres les surplis.
Le Camerlingue du Clergé en surplis et en
étole les escorte .
Les chapitres des Basiliques mineures leur
succèdent ;
De Regina caeli (35).
De s. Marie in Cosmedin (36).
De s. Marie in Trastevere (37 ).
De s. Laurent in Damaso (38).
26
Ces deux derniers chapitres vont accouplés,
et ils se donnent alternativement la droite tous
les ans (39).
Les Chapitres des trois patriarcales viennent
après, savoir
De s. Marie majeure (40).
De s. Pierre au Vatican (41 ).
De s. Jean du Latran (42).
Mais le chapitre Vatican parvenu au vestibule
du temple s'y arrête pour attendre le s. sa
crement, et il ne reprend son chemin qu'après
le Pape.
Chaque chapitre des basiliques précédé de
ses chantres a ses Enseignes, et son Vicaire,
qui est un prélat domestique en mantelletta ,
et les Massiers, qui tenant des bâtons rouges,
au sommet doré, précèdent comme directeurs.
Cependant, entre bien des choses les pavil
lons (43) attirent les regards des curieux. Ils
sont formés de bandes de toile à deux cou
leurs, jaune, et rouge alternativement ( d'où
peut-être ils prennent le nom de papiliones (44),
et sont portés auprès de la clochette devant
la Croix des chapitres mêmes, et s'appellent
Sinnichi, ou Zinnichi (45). La basilique du
27
Lalran jouit seule du privilège d'en porter
deux (46). On sonne les clochettes de temps
en temps, et à coups séparés tant que la pro
cession continue, soit pour avertir le peuple
de vénérer la Croix , comme ils paraissent
avoir été introduits dès leur origine, soit pour
faire place au cortège de la procession.
Le Vicegerent de Rome précédé des ministres
du tribunal du cardinal Vicaire termine le
clergé.
Après ces corps respectables on voit suivre
tous ceux qui ont accès à la

CHAPELLE PAPALE

D'abord les Camériers d'honneur, et secrets


d'épée et cape, qui, outre ces ornemens, d'où
ils tirent leur nom, mettent une robe noire
courte, un collier d'or, et le bonnet noir de
velours orné de plume blanche.
Les Procureurs collégiaux en soutane de
soie noire, et chape de serge noire d'où de
scend un capuchon doublé en noir ( 47).
Le Confesseur de la maison du souverain
Pontife, avec le Prédicateur apostolique, dont
3
28
le premier appartient à l'ordre des Frères
serviteurs de la très- sainte Vierge, le second
à celui des Capucins.
Les Procureurs généraux des ordres religieux,
aux quels il est permis d'assister aux chapelles
papales.
Les Ecuyers (48) revêtus d'une soutane vio
lette, garnie de boutonnières , et de boutons
noirs avec la chape de serge rouge.
Les Aumôniers communs, et secrets, en sou
tane de soie violette, et surplis, qui portent
les tiares, et les mîtres précieuses. .
D'autres Aumôniers secrets.
L'auditeur des contredits avec le Commissaire
de la Chambre yêtus comme les avocats con
sistoriaux .
Les Avocats consistoriaux, en soutane de
soie, et chape de serge violette garnie d'un
capuchon doublé d'hermine, et de soie rouge.
Les Camériers d'honneur et secrets en sou
tane de soie violette, aver la ceinture à glands,
chape de serge rouge avec un capuchon doublé
de soie de la même couleur.
Ils sont suivis des Chapelains-Chantres en sou
tane, avec une ceinture pareille, et en surplis.
29
Les. Abréviateurs (49).
Les Votans de la Signature.
Les Cleros de la Chambre.
Les Auditeurs de Rote habillés comme les
autrés Prélats; parmi eux le Maître de s. pa
lais, qui est toujours de l'ordre des Prédica
teurs.
.

Les Aumôniers secrets , qui portent la tiare,


et la mitre, dont se sert le Pontife.
Ensuite le Maitre du s. Hospice.
Un Sous-diacre en dalmatique, qui est tou
jours le dernier des auditeurs de Rote, porte
la Croix entre sept chandeliers soutenus d'au
tant d'acolytes élus parmi les votans de la Si
gnature. Auprès du · sous -diacre.
Deux Officiers de la verge rouge (50) ha
billés en soutane de soie violette avec la
ceinture à glands, et en soprana de serge de
la même couleur.
Les Pénitenciers de la basilique vaticane en
chasuble blanche précédés de deuxjeunes Clercs
en soutane et en surplis qui tiennent eu main
un bouquet defleurs, au milieu duquel s'é
lève une longue baguette, marque du pouvoir
spirituel.
30
Les Abbés mitrés, aux quels se joignent
l'Archimandrite de Messine, et le Commandeur
du s. Esprit, tous deux en habits violets et
avec pluvial et mitre.
Les Evêques, les Archevêques, et les quatre
Patriarches majeurs, de Constantinople, d'Ale
xandrie, d'Antioche, et de Jérusalem en mî
tre et en chape, outre les Evêques Grec, Ar
ménien , et Syrien, et d'autres Patriarches orien
taux qui sont vêtus selon leur rite.
Les Cardinaux diacres en dalmatique,
Les Cardinaux prêtres en chasuble,
Les Cardinaux évêques en chape, chacun mître.
Ils sont tous suivis de leurs Caudataires en
grand habit violet, nommé croccia , surplis, et
voile blanc sur les épaules appellé vimpa. Les
Camériers, les Gentilshommes avec un cierge
allumé de douze livres précèdent du côté ex
térieur chaque Cardinal qui lit le livre des
prières, qu'on leur donne ; les Maîtres de chum
bre avec le bonnet carré en main sont à leur
côté ; ensuite le Doyen en habit de ville qui
doit porter en main le grand chapeau rouge ,
nommé parasol, dont on fait usage dans les
processions seulement.
31
Tout le sacré collège est escorté de la garde
suisse armée de cuirasse, de casque d'acier,
et de hallebarde, ainsi que de la garde pa
latine pontificale en casque plumé; ces troupes
servent aussi de défense au cortège du Pape.
Les Conservateurs du peuple romain en ro
be de drap d’or.
Le Gouverneur de Rome à droite du Prince
assistant au trône, en habit noir de velours
tout garni de dentelles de la même couleur.
Le Pape la tête découverte tient le saint
Sacrement sous un dais magnifique. Il est pré
cédé des deux Cardinaux diacres assistants, au
milieu desquels se met le premier Cardinal
diacre, aussitôt qu'on est arrivé à la porte
des suisses. Les pieds du dais sont soutenus
de la porte de la chapelle jusqu'au second
palier de l'escalier royal par les Référendaires
de la Signature, jusqu'à la porte de la galerie
droite par les Elèves du Collège germanique en
soutane et soprana rouge ; jusqu'à la moitié
de la colonnade droite par les Elèves du Col
lège de Propaganda Fide en habit noir et cein
ture rouge ; jusqu'à la fin de la colonnade
par les Elèves du Collège anglais en vêtemens
32
noirs; jusqu'au côté prochain de la place in
férieure par les Elèves du Collège irlandais en
soutane violette et soprana noire ; de là
jusqu'au côté opposépar huit Prêtres en man
teau de soie noir; pour tout le reste de la place
par les Maîtres des rues en manteau semblable.
Les Députés de la nation Florentine en habit de
cour qui leur succèdent, portent le dais tout le
long de la colonnade, gauche; de 'ce portique
jusqu'à l'entrée du vestibule il est porté par les
Députés de la nation Siennaise (51) en habit
presqu'égal; jusqu'à la moitié de la basilique,
c'est- à -dire jusqu'à la chapelle de s. Sébastien,
par les Elèves de la noble Académie Ecclesias
stique en soutane et en manteau de soie noir ;
enfin jusqu'à l'autel papal par les trois Can
servatcurs, et les Juges du Capitole en robe,
aux quels se joint encore le Sénateur de Rome
en robe de drap d'or (52). Ces personnes sont
rangés sur des chaises préparées dans les en
droits indiqués ci-dessus pour se remplacer
muluellement. Il y a aussi hors de la colon
nade à main droite des bancs pour les pre
miers employés du tribunal du cardinal Vi
caire. Tout auprès du Pontife quatre Ecuyers
33
avec des lanternes d'argent, et deur Camériers
secrets qui portent des grands panaches blancs
en forme d'éventail nommés flabeaux avec
autant de compagnons pour se succéder les
uns aux autres dans l'office. Le S. Sacrement
est précédé de deux Référendaires de Signa
ture avec les encensoirs, de deux Acolytes de
la chapelle avec la navette, et de deux Maîtres
de cérémonies. Douze Ecuyers avec des cierges
vont aux deux côté du dais . L'autre mitre,
dont se sert le Pape, est portée au milieu
de deux Camériers secrets par le Doyen de la
Rote en surplis et rochet.
Maintenant l'Archiatre du Pape parait en
soutane de soie violette avec la ceinture, et
en simarre de serge rouge doublée de soie,
ayant à côté le premier Adjutant de chambre
du Pape en simarre pareille, mais plus courte .
Fuit Chapelains-Chantres, qui chantent les
versets de la sequenza « Lauda Sion »
L'Auditeur de la Chambre,
Le Trésorier général,
Le Majordome; tous les trois en grande chape.
Les Protonotaires apostoliques participans et
d'honneur.
34
Les Généraux d'ordres religieux (53).
Les Référendaires de la Signature en habit
violet portant leur cierge .
Enfin les Massiers pontificaux en soprana
de drap violet ornée d'un double galon de
velours noir, en épée et masse d'argent sur
l'épaule droite.
Ceux qui terminent cette procession magni
fique sont : Les gardes du Corps à cheval ayant
à la tête deux Commandants, et le Porte -ban
nière de la sainte Eglise en gala, les Généraux
des troupes avec l'Etat major, un Escadron de
Gendarmes à cheval, et un autre de Dragons avec
leurs drapeaux. Enfin plusieurs corps d'infan
terie qui, après avoir été échelonnés tout le
long de l'itinéraire de la procession pour empê
cher tout désordre, se réunissent peu à peu pour
suivre la procession jusqu'à la galerie gauche.
Chaque corps de soldats a sa musique militaire,
qui réjouit les spectateurs, et qui est interrompue
de temps en temps par le bruit des tambours.
C'est aux Chapelains-Chantres, ainsi qu'aux
autres musiciens de chanter alternativement,
mais en plain chant l'hymne Pange lingua.
On le commence lorsque la Croix papale sort
35
de la chapelle Sixtine, et aussitôt qu'elle en
tre de la galerie dans la colonnade on entend
les coups fréquents des canons de la forteresse,
mêlés à l'écho des cloches de la basilique. Au
moment que les chapelains-chantres qui suivent
le s. Père entrent dans le temple, deux voix
de soprano entonnent l'hymne ambrosien, qui
doit durer jusqu'à ce que le sacré collège soit
parvenu à l'autel de la confession avec le Pape
qui descend du talamo. Quand le cardinal pre
mier diacre a placé le très- saint Sacrement
sur l'autel, on chante en fauxbourdon (54) al
ternativement les derniers versets de cet hymne.
C'est alors que le Pontife se met à genoux
au marches de l'autel, et tandis, que les cho
ristes chantent Tantum ergo etc. avec l'assis
tance du cardinal premier prêtre il met l'en
cens dans l'encensoir, et offre cet hommage
de vénération à la divinité. Après cela, deux
soprani des plus anciens chantent le verset
Panem de caelo, et le saint Père ayant récité
la prière ordinaire donne au peuple nombreux
rassemblé dans le temple la triple bénédiction
avec le saint Sacrement .
Le Pape étant parti le chapitre du Vatican
36
s'avance, et un des chanoines en chape accom
pagné du diacre, et du sous -diacre apporte le
Sacrement auguste sur l'autel de la tribune,
où l'on chante une messe, et le Sacrement
reste pompeusement exposé au milieu d'une
quantité de cierges jusqu'à la fin des vêpres.
C'est ainsi que se célèbre à Rome la solen
nité auguste de la Fête-Dieu ; la splendeur et
la pompe dont elle y est entourée sont de
venus célèbres dans tout l'univers et en font a
juste titre l'admiration. La même procession a.
lieu un des jours de l'oclave dans presque toutes
les églises de Rome (55), avec moins de solennité,
il est vrai, mais avec tout l'éclat dû à la céré
monie, et le jeudi suivant elle se répète dans le
Vatican avec l'intervention des confréries, du
chapitre de celte patriarcale, du s. collège, du
souverain Pontife, qui en habit privé et à pied
porte le cierge en main. La procession ayant
parcouru la place supérieure, et tenant la gale
rie à droite se rend directement à l'autel papal.
Vos, cuncta terris qui regit, festis Deum
Efferte certatim modis,
Tantoque laeti concinentes auspice
Plausus ad astra tollite (56).
37

APPENDICE
:

Pour que notre description ne paraisse pas


trop incomplète, nous ne la terminerons pas sans
dire quelques mots des changements, qui out
été nécessairement introduits par le fait d'une
vacance du Siège Pontifical. Comme la pro
cession qui se fait à St. Pierre a donné nais
sance à toutes celles qui ont lieu durant l'octa
ve du St. Sacrement, dans les autres paroisses
de la Ville, c'est un devoir pour nous de la
décrire, telle qu'elle est dans cette circonstance
particulière comme dans ses autres moindres
détails. Les historiens nous apprennent qu'autre
fois, le jour de la Fête-Dieu il y avait deux
processions l'une à St. Jean de Latran et l'au
tre au Vatican. Cette mesure avait pour objet
de concilier les opinions opposées des défen- .
seurs des droits de ces deux basiliques, cha
cun d'eux soutenant que la première proces
38
sion lors de son institution , s'était faite dans
sa basilique respective. Mais Benoit XIV de
très -docte mémoire trouvant que cela était
peu conforme aux rites de l'Eglise, et même
nuisible à la dignité du culte divin, arrêta,
qu'on ferait à Rome dans ce jour une seule pro
cession à la quelle devraient assister tous ceux
qui par office, ou d'autres motifs y étaient
obligés. Outre cela dans cette grande variété
d'opinions ce même Pontife déclara qu'elle de
vrait se célébrer dans le Vatican, et en prescri
vit le cérémonial. Cependant la brieveté du
parcours, l'absence des Cardinaux renfermés
dans le conclave pour l'election d'un nouveau
Pontife , ainsi que celle de tous les dignitaires
qui forment d'ordinaire le cortège du Pape,
la privation surtout de la présence du Pape
lui-même, enlévent à cette belle solennité une
grande partie de sa splendeur et de sa ma
jesté. L'ordre, qu'on a coûlume d'observer
alors, est le suivant.
Dès que la Congrégation des chefs d'ordre
a fixé l'heure, un Patriarche, ou un Archevê
que, élu trois jours avant par cette Congré
gation, chante i a messe à l'autel de la tribu
39
ne. Il doit aussi porter processionellement le
saint Sacrement. Le chemin est plus court,
comme nous avons déjà remarqué, car la pro
cession sortant de la basilique entre dans la
colonnade, et l'ayant parcourue de deux côtés
rentre dans le temple.
Elle commence par les élèves de l'hospice
apostolique de s. Michel, et de la maison des
orphelins, par les ordres religieux, les curés
de Rome, les chapitres des collégiates, et des
basiliques, et par d'autres, comme nous avons
indiqué plus haut ; ceux -là sont suivis
Des Chapelains-Chantres de la chapelle pon
tificale.
Du Préfet du conclave avec le Gouverneur
de Rome, tous les deux en rochet et mantel
letta noire.
De deu.x Acolytes avec les lanternes d'argent,
et de deux autres avec les chandeliers.
D'un Acolyte avec la navette.
De deux Acolytes avec les encensoirs.
Des Officiers de la verge rouge avec le cier
ge allumé en main .
Des Massiers.
40
Le Patriarche ou l'Archevêque porte le saint
Sacrément entre le diacre et sous-diacre sous
le dais; viennent ensuite
Deux autres Acolytes avec les lanternes d'ar
gent.
Le Clerc destiné à porter la mitre.
L'Auditeur de la Chambre avec le Trésorier
général.
Les Patriarches, les Archevêques, et les Evê
ques.
Les Protonotaires apostoliques.
Les Abbés mítrés.
Les Généraux d'ordres religieux.
Les Auditeurs de la Rote avec le Maître du
s. palais.
Le Clercs de la Chambre avec le Président.
Les Votans de la Signature avec l'Auditeur.
Les Abréviateurs.
Les Avocats consistoriaux avec l'Auditeur des
contredits, et le Commissaire de la Chambre.
Enfin les Procureurs généraux des ordres re
ligieux
La procession étant entrée dans la basilique,
le diacre pose la sainte Hostie sur l'autel pa
41
pal, ou de la confession des Apôtres; et dès
qu'on a chanté les prières ordinaires, et ac
compli les rites accoulumés la cérémonie se
termine ( 57).
Felix qui Dominum sedulus hospitem ,
Abstersis animi sordibus, excipit:
Qui contra facere id negligit; ah miser !
Ipse est exitio sibi (58 ).

oc
1

13

NOTES
min

( 1) Cap. XXXIII. e seg . Roma 1790 per Luigi


Perego- Salvioni.
(2) Horace . Art poetique.
(3) Quelques auteurs racontent cet événement
d'une manière différente ; mais nous avons pré
féré suivre l'opinion trés-authentique de Be
noit XIV ( de festis D. N. J. cap. XIII ) , et d'au
tres auteurs dignes de foi.
(4) Dans les Chambres de Raphaël distinguées
par les fresques, et précisément dans la troisiè
me appellée la Chambre d'Héliodor il se trouve
un tableau qui représente le miracle du corpo
ral arrivé à Bolséna.
(5) Vida. Hymnus in Eucharistiam .
(6 ) Benoit XIV eod. cap.
( 7) On dit que s . Bonaventure avait entrepris
un travail semblable, mais qu'il l'avait abandon
né aussitôt qu'il connut celui de s . Thomas.
(8) Raccolta di orazioni e pie opere per le
quali sono state accordate da sommi Pontefici
le ' sacre indulgenze. Roma 1855. Tipografia
Perego -Salvioni pag . 114, e segg,
4
44
( 9) Dans le Paraguay, province de l'Amérique
méridionale, on célébré cette fête et cette pro
cession avec une pompe très-solennelle. Voyez
Lud. Ant. Muratori. Il cristianesimo felice nelle
missioni de' PP. della Compagnia di Gesù nel
Paraguay cap. XV.
( 10) Diarium urbis Romae dans l'ouvre Cor
pus historicum medii aevi publié par Jean George
Eccad. tom. II. Leipsic an 1723. cap . XVII.
p. 1883. col . 1 .
( 11 ) Une des sept portes fermées de Rome,
qui a pris son nom du fort voisin jadis le mau
solée d'Adrien .
(12) Elle s'appelle communément place Rusti
cucci.
(13) Bonanni. La gerarchia ecclesiastica con
siderata nelle vesti sacre ecc. Roma 1720. cap.
XCVI. p. 393, e seg .
(14) L'usage du talamo eut son origine dans
le pontificat d'Alexandre VII, comme il résulte
d'une de ses médailles ( Molinet Hist. summ .
Pont. p. 188. Bonanni Numism . Pont. rom.
n. XXIX . Venuti Numism . Pont. rom . p. 271. ).
Cette machine est faite en forme de prie-Dieu ,
toute dorée en bas-relief de bois, avec un ta
bouré aux pieds , et un coussin de soie brodé
en or, sur le quel le saint Père appuie les bras .
Au milieu du talamo on attache le soleil d'or
45
émaillé et garni de pierres précieuses, que le
Pape agenouillé, mais soutenu au corps par une
ceinture, semble tenir avec les mains . Cette ma
chine est couverte d'un très- grand drap blanc.
(15) Paul IV introduisit la coutume de couvrir
de tentes le chemin où la procession pontificale
devait passer ( Torrigio Grotte Vaticane part. 2.
C. VII ).
( 16) Quant au nombre de ces tapisseries cé
lèbres les opinions sont bien différentes. Cepen
dant il n'y a pas de doute, que celles-ci après
avoir été volées dans le pillage du Connétable de
Bourbon tombèrent entre les mains du duc de
Montmorency , qui les renvoya å Jules III, ce
qui est confirmé par une inscription brodée dans
le bord de celles marquées par les numéros
VI , et IX .

VRBE . CAPTA . PARTEM AVLAEORVM


A. PRAEDONIBVS . DISTRACTORVM
COMMESTABLIS . ANNA . MONMORANCIVS
GALLIAE . MILIT VM . PRAEFECTUS . RESTAVRANDAM
ATQUE .IVLIO.III. PONT . MAX.RESTITVENDAM.CVRAVIT

Dans le commencement de ce sièele ces tapisse


ries nous furent de nouveau enlevées et transpor
tées en France avec les tableaux et les statues
classiques , qui se conservaient dans la ville de
46
Rome, siège des beaux arts. Mais dès que ces
monumens furent rendus , on ordonna de les
garder plus soigneusement dans une salle desti
née expressément à cela . Car sans ètre grand
connaisseur des beaux arts, on comprend faci
lement combien de difficultés on a dù rencontrer
pour représenter au naturel par des tissus les
images du corps humain et surtout les traits du
visage, et les moindres détails de le physionomie .
( 17) Cette chapelle prit son nom de Siste IV
qui la fit ériger. Au chevet de la chapelle au
dessus de l'autel on voit le jugement dernier
peint par Michel-Ange. Cette peinture est re
gardée à juste titre, malgré les critiques, comme
le plus grand ouvrage à fresque de ce maître.
Il ne faut pas confondre cette Chapelle avec la
Chapelle Pauline qui fut construite par ordre
de Paul III . Deux fois par un à savoir : pour
les 40 heures et pour l'exposition du sépulcre ,
le jeudi saint, on y allumc une si grande quan
tité de cierges et on les dispose avec tant d'art
que ce sanctuaire en reçoit comme une augmen
tation de majesté et le spectateur en éprouve
une satisfaction indicible .
( 18) Autrefois l'économe de la fabrique de
S. Pierre avec ses officiers visitait l'aile droite
de la colonnade ; cependant depuis quelques an
nées cette ' coûtume n'est plus en vigueur:
-47
(19) Voyez la note 14.
(20) Nous nous étions d'abord proposés d'in
diquer seulement les personnes pour ne pas fa
tiguer trop nos lecteurs ; mais ayant été con-.
seillés d'en décrire dans le commentaire : latin
les vêtemens, qui les font distinguer, nous avons
jugé à propos de le faire encore dans le français.
(21 ) Ils étaient suivis des Religieux de s. Ma
rie de la Merci ; separés à présent de la pro
vince romaine ils n'y vont plus.
(22) ·Ils étaient auparavant précédés des Moi
nes de s . Jérôme, mais leur Général étant resté
seul à Rome, il se joint aux autres Généraux.
(23) Après ceux-ci venaient les Moines de
Valle ombrosa, qui actuellement à cause de leur
petit nombre n'entrent plus dans la procession ,
(24) Cet ordre monastique se joint aujourd'hui
aux Olivetains.
(25) Les paroisses de Rome, qui étaient au
nombre de 81 , furent réduites à 54 par Léon XII
en vertu d'une bulle du 1. nov . 1824.
( 26 ) Nicolas V donna l'église de S. Jérôme
près du mausolée d'Auguste à cette nation, qui
à ses propres dépens la fit réparer. Sixte V la
fit batir de nouveau, et y établit un chapitre.
(27) Apolonie matrone romaine érigea dans
l'an 300, près l'endroit où se trouvait l'ara ma
xima, l'église de s. Anastasie, pour y placer la
48
dépouille mortelle de cette noble vierge et mai
tyre.
( 28) Près du pont Aelius, vers l'an 1595 on
batit l'église des ss. Celse et Julien ; Clément VIII
ordonna qu'on y transportat les corps de ces
deux martyres de la basilique de s. Paul.
(29) Etienne III reédifia dans l'an 752 l'église
de s. Ange dit en Pescaria près de l'autre batie
et dédiée dans l'an 530 par Boniface II au Prin
ce des anges dans le sommet du cirque Fla
minien .
(30) Quelques-uns prétendent, que l'église de
S. Eustache fut construite par Constantin le
Grand près les thermes de Néron, restaurée
ensuite par Célestin III, et consacrée de nouveau
en 1196 .
(31 ) Baronius raconte, que l'église de s. Marie
in via Lata fut consacrée par s. Sergius I peu
avant l'an 700, quoique ce soit de tradition très
ancienne, qu'elle ait été habitée par les apôtres
s . Pierre et s . Paul.
(32) L'église dédiée à s. Nicolas évêque de
Myre sur la place Montanara est insigne par
son antiquité et par son architecture ; elle a
été plusieurs fois restaurée par les Cardinaux
de son titre, et surtout par le card. Aldobran
dini neveu de Clément VIII .
(33) Il est hors de doute que le Pontife ro
49
main s. Marc I dans l'an 336 batit ce temple,
et le consacra à l'évangéliste s. Marc.
(34) En 607 le Pontife Boniface IV obtint de
l'empereur Phocas le Pantheon communément
appelé la Rotonde ; il le dédia à la Vierge, et
aux martyrs, y faisant transporter vingt-huit
charretées de reliques de martyrs qui furent
renfermées sous le maitre-autel ; ce qui fit don
ner à l'église le nom de s. Marie ad Martyres.
(35) Selon la bulle de Paul V en date dn 19
juillet de l'an 1616 ce chapitre fut établi d'abord
dans l'église nommée del Pianto , ensuite en 1626
dans celle de s. Lucie appellée della Tinta ; enfin
par ordre de Léon XII il fut transféré dans l'égli
se de la s. Vierge de Monte santo près la porte
du peuple.
(36) Ce:te église fut construite dans les pre
miers siècles de notre ère sur les débris du
temple de la Pudicitia patritia , ou selon d'au
tres antiquaires sur les restes du temple de
Céres et Proserpine, en 260 environ elle fut
consacrée par le Pape s. Dénis à la Reine du
monde, d'où elle eut le nom en Cosmedin . Le Pape
Adrien I la réédifia en 772 ; elle s'appelle aussi
ad scholam graecam , et ce nom provient ou
d'une congrégation de grecs, qui l'occupa, ou
de la rue voisine des grecs, ou parceque lå on
enseignait la littérature grecque.
50
(37 ).Selon l'avis des savans le premier tem
ple ouvert au culte public, et consacré à notre
Dame a été celui de s. Maric au de lå du Ti
bre. Il a été construit par ' s. Calixte en 224 ,
et restauré par Jules I ; c'est pour cela qu'on
l'appelle basilique de Calixle, et basilique de
Jules. Elle porte aussi le nom ad fontem olei , .
parceque là où se trouvait la taberna meritoria
jaillit sous le règne d'Auguste une source d'huile
qui se répandit pendant plusieurs jours dans la
ville. Cela est confirmé par une inscription,
qu'on peut lire sous les marches du maitre-autel,
ainsi que par Orose, et d'autres écrivains dignes
de foi ( Donato lib. 3. de urbe Roma cap. XXI.),
quoique les modernes soient d'avis que ce ne
fut pas de l'huile, qui jaillit de la colline voisi
ne , mais plutôt du pétrole.
(38) Le même Baronius rapporte, que l'église
de s. Damase a été batie par le Pape s. Damase
en 384 en l'honneur du martyr s. Laurent, et
enrichie de rentes considérables, afin d'y établir
un chapitre.
(39) C'est ainsi que Beroit XIV , homme plein
de sagesse et d'érudition, termina avec son dé
cret le différend des deux chapitres, qui depuis
long -temps se disputaient la prééminence.
(40 ) Cette basilique fut érigée sur le sommet
du mont Esquilin près des débris du temple de
51
Junon Lucine en 352 environ par le Pape s. Li
bère par suite d'une vision, que lui même et
Jean Patritio eurent la même nuit . Pour confir
mer la foi en cette vision, le cinquième jour du
mois d'août, le sommet de cette collinc parut
couvert d'une neige prodigieuse . C'est pour celle
raison qu'on la nomme basilique Libérienne,
de s. Marie ad nives. Elle a communément le
nom de s, Marie majeure, étant la plus magnifi
que des églises de Rome consacrées à la s. Vierge .
(41 ) Quant à cette basilique v. p . 10.
(42) Constantin le Grand fonda cette basili -
que au commencement du quatrième siècle , et
pour cela ello porte le nom de Constantinienne.
Comme elle tient le premier rang de toutes les
églises du monde catholique, étant la cathédrale
de l'évêque de Rome, elle s'appelle à juste titre
Ecclesiarum urbis et orbis mater et caput : elle
se nomme du Latran , parce qu'elle fut bâtie à
la même place où était la maison de Plautius
Laterano tué par Néron dans une conspiration ;
du Sauveur , parcequ'elle lui fut dédiée par le
Pape s. Silvestre ; Aurea à cause des dons pré
cieux , dont elle fut enrichie ; enfin de s. Jean ,
car elle fut consacrée dans le septième siècle à
s. Jean Baptiste, et å s. Jean apôtre.
(43) Les écrivains ne sont pas d'accord sur
l'usage des pavillons dans les processions ; mais
52
l'opinion la plus probable est celle du cardinal
Garampi désignée dans son ouvrage Illustra
zione di un antico sigillo della Garfagnana
p. 134. ( dans la table des matières ). Il prétend
que cette coûtume a été introduite pour se ga
rantir contre la pluie le long du chemin .
(44) De caeremoniis Aulae Byzantinae lib. 1.
cap. 91. p. 240.
(45) Moretti de Presbyterio pp. 123 , et 164,
(46) La plupart des savans soutiennent que
la basilique du Latran jouit de ce privilège, dės
que Martin V par ses lettres apostoliques de
l'année 1423 eut réuni l'ancienne basilique de
s. Laurent ad Sancta Sanctorum à la basilique
de s. Jean. Grancolas est le seul ( Commentaire
historique sur le bréviaire romain tom. II.
p. 357. ) qui prétend que cet honneur lui con
vient parcequ'elle est la première de toutes les
autres .
(47) Leurs privilèges sont rapportés dans un
bref de Léon XII du 21 juin 1825.
(48) Ils s'appellent ordinairement Bussolanti.
Ils étaieut d'abord partagés en trois classes,
Ecuyers, Cameriers extra , et Camériers extra
non deferentes caputium . Cependant, en vertu
d'une lettre signée par GRÉGOIRE XVI le 30 juil
let 1832 adressée au majordome, ils furent réu
53
nis dans un seul corps de 36, dont 18 surnu
méraires.
(49) De Abbreviatorum de Parco majori sive
assistentium S. R. E. Vicecancellario in littera
rum apostolicarum expeditione antiquo statu ;
illorumque in collegium erectione, munere, di
gnitate, prderogativis, ac privilegiis. Disser
tatio historica Joannis Ciampini romani ma
gistri brevium gratiae, eidemque collegio 'ad
scripti. Romae ex Typographia R. C. A. 1691.
(50) Ainsi nommés du privilège qu'ils avaient
anciennement de porter une verge rouge. Ils
étaient appelés Ostiarii ( d'ostia , porte ) , car ils
gardaient la porte de la salle des ornemens ; ils
n'ont à présent que l'office de garder la Croix
papale .
(51 ) Pie II en 1458 leur accorda ce privilège
dont jouit encore l'archiconfrérie de cette na
tion instituée dans l'église de s. Catherine dans
la rue Giulia en 1519. ( Statuto della ven. Ar
chiconfraternita ).
(52) Cet ordre pour soutenir le dais fut in
troduit sous le pontificat de Léon XII. Grégoi
re XVI en 1839 y joignit le collège irlandais.
(53) Sur la préférence qu'ils doivent aux Ré
férendaires de la Signature v. Dec. S. R. R. co
ram Remboldo Roma 1676 p. 438.
54
(54) Union de consonances embellie de quel
que liaison de notes musicales ; elle est ainsi
nommée, comme André Adami présume í Osser
vazioni per ben regolare il Coro della Cappella
Pontificia p . 5. ) , tandis que le Pape était à Avi
grion. L'on croit, que cette sorte de chant très
ancien a été introduite, lorsque Guido Aretino
composa son système musical.
(55) Ces églises sont indiquées dans le Diario
romano .

(56) Laghi. Ps. XXXI.


(57) Constitutio Bened. XIV.5. kal. april. 1745.
(58) Muret . Poemat. num . XXVI.
REIMPRIMATUR
Fr. Hieronymus Gigli Ord . Praed .
S. P. A. Mag .

REIMPRIMATUR
Fr. A. Ligi-Bussi Ord . Min . Cont .
Archiep . Icon .
Vicesg.
10
936 B2492
Barluzzi ,
De la procession solennelle au
Vatican dans la Fête - Dieu .

COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARIES

0036696552

BRITTLE DO NOT
PHOTOCOPY
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