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Le nouvel Covid-19 : Un Cygne noir au ciel des professionnels du tourisme :


Cas de la destination balnéaire Agadir

Article · January 2021

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2 authors:

Fatima Zahra Fakir Elhoussaine Erraoui


Universiapolis University Ibn Zohr - Agadir
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Alternatives Managériales Economiques
E-ISSN : 2665-7511
https://revues.imist.ma/?journal=AME

FAKIR & ERRAOUI / Revue AME Vol 3, No 1 (Janvier, 2020) 557-576

Le nouvel Covid-19 : Un Cygne noir au ciel des professionnels du tourisme :


Cas de la destination balnéaire Agadir, Fakir, F.Z.1 et Erraoui, E.2

1. Doctorante, Université IBN ZOHR, Fatimazahra, fakir@edu.uiz.ac.ma


2. Enseignant chercheur, Université IBN ZOHR, e.erraoui@uiz.ac.ma.

Date de soumission : 29/11/2020 Date d’acceptation : 30/01/2021

Résumé :

Déclarée en janvier 2020 comme pandémie par l'Organisation mondiale de la santé, le Covid-19
a non seulement représenté un défi pour la communauté scientifique, mais aussi pour les
gouvernements du monde entier en paralysant la quasi-totalité des secteurs d’activités, en
l’occurrence le secteur touristique qui est l’objectif de ce travail.

Sur cet aspect, cet article vise à mettre en lumière la situation touristique actuelle que vit la
plupart des pays à cause de cette crise sanitaire du Covid-19 et cela à travers la question suivante:
Quel est l’impact de cette crise sanitaire sur les professionnels du tourisme dans le secteur privé ?

Pour répondre à notre problématique, on a opté pour une étude qualitative auprès d’un
ensemble des professionnels dans la destination Agadir, et cela dans l’objectif d’avoir une vision
générale sur l’état des établissements touristiques durant cette période de confinement.

Les résultats de ces entretiens nous ont mis devant deux scénarios : une catégorie qui a été
durement touchée par la pandémie de covid-19 notamment au niveau de la baisse de leur taux
d’occupation, la fermeture totale ou quasi-totale des hôtels, la baisse du chiffre d’affaires,
annulation d’un ensemble des événements, blocage des travaux de rénovation, remboursement
des clients et paiement des charges extra etc. Tandis que l’autre catégorie révèle avoir profité de
cette crise et cela à travers le développement de la qualité de son offre touristique et
l’encouragement d’un tourisme national afin de compenser le manque provoqué par les touristes
étrangers.

Mots- clés : Tourisme, Crise Covid-19, professionnels du tourisme, destination balnéaire.

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The New Covid-19: A black swan in the sky of tourism professionals:
Case of the seaside destination Agadir

Summary:

Declared in January 2020 as a pandemic by the World Health Organization, Covid-19 has not only
represented a challenge for the scientific community, but also for governments around the world
by paralyzing almost all sectors of activity, in this case the tourist sector which is the objective of
this work.

On this aspect, this article aims to shed light on the current tourist situation that most countries
are experiencing because of this Covid-19 health crisis and this through the following question:
What is the impact of this health crisis on tourism professionals in the private sector?

To answer our problem, we opted for a qualitative study with a group of professionals in the
Agadir destination, with the aim of having a somewhat general vision of the future of tourism
during this period of confinement.

The results of these interviews presented us with two scenarios: a category that was severely
affected by the covid-19 pandemic, particularly in terms of lower occupancy rate, the total or
almost total closure of hotels, lower turnover, cancellation of all events, blocking of renovation
work, reimbursement of customers and payment of extra charges, etc. While the other category
reveals to have benefited from this crisis and that through the development of the quality of its
tourist offer and the encouragement of national tourism in order to compensate the lack caused
by foreign tourists.

Key words: Tourism, Covid-19 crisis, tourism professionals, Seaside destination.

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Introduction :

Ce qui se passe dans le monde entier, et nous parlons ici des situations imprévisibles ou des forces
majeures qui se manifestent par des attentats, des guerres, tremblements de terres, pandémies
etc. a pu rendre les pays plus flexibles, en mode défensif et prêts à faire face à n’importe quelle
situation de crise inattendue, et cela bien sûr, grâce à la maturité acquise au cours de plusieurs
années d’expériences et de progrès technologiques.

Ouvrons l’angle sur l’une de ces forces majeures, en l’occurrence les pandémies. Au cours des
cent dernières années, le monde a été témoin de sept pandémies qui ont marqué l’histoire de
l’humanité et qui ont déclenché un grand nombre d'infections et un nombre de décès sans
distinction de sexe, d’âge ou de statut social. Outre cela, ces pandémies avaient également des
effets socioéconomiques importants sur la population mondiale en matière de restrictions à leur
mobilité et de la tendance à économiser de l'argent face à l'incertitude (Opertti et Moreira, 2020).

Néanmoins, malgré la gravité de ces crises sanitaires et leurs conséquences sur les pays, la terre
ne s'est pas arrêtée de tourner pour autant, ni le monde de commercer, d'ailleurs. C’était juste
une période de crise comme n’importe quelle autre et qui a pu disparaitre dans un laps de temps.
Sauf que, ce qui s’est passé dans le monde aujourd’hui, notamment durant cette année 2020, ou
devrons nous dire « l’année maudite 2020 » ne présage rien de bon et ne laisse pas entendre que
cela se terminera du jour au lendemain.

L’histoire aurait commencé en décembre 2019, en Chine, plus précisément la ville de Wuhan,
capitale de la province du Hubei, qui est devenue le théâtre d’une nouvelle épidémie de virus
SRAS-CoV-2, responsable de l'actuelle pandémie de maladie Covid-19. Les premiers cas, identifiés
le 1er décembre 2019, concernaient un groupe de travailleurs d'un marché de fruits de mer de
Wuhan dans lequel les conditions sanitaires et la présence d'animaux sauvages ont été mises en
cause. Un mois plus tard, plus de 550 décès et 28 000 malades sont dénombrés en Chine. Ce qui
a fait recours à un confinement du pays et la mise en quarantaine de la ville de Wuhan (Marcotte
et al.,2020). Toutefois, croyant que cette histoire de ce virus prendra fin avec la mise en
quarantaine de Wuhan, les autres pays du monde ont continué leur vie sans se soucier ou donner
une grande importance au sujet. Sauf que trois mois plus tard, cette indifférence sera remplacée
par une inquiétude et une peur d’un avenir incertain.

Le 11 mars 2020, cette maladie sera officiellement considérée par l’organisation mondiale de la
santé comme une pandémie mondiale (Zaar et Ávila,2020). Cela dit, la « COVID-19 », nom officiel
attribué à cette maladie, est désormais sur toutes les lèvres (Marcotte et al.,2020).

Partant de ces constats, de nombreux pays dans le monde se sont barricadés pour résister à la
vitesse de propagation de ce nouveau virus en instaurant un ensemble de mesures, notamment
au niveau de la distanciation sociale, la suspension de toutes les activités non essentielles et le
confinement d’une grande partie de la population. Néanmoins, comme le déclare Weder di
Mauro (2020) : «La dure réalité est que nous n'avons pas d'outils du 21e siècle pour lutter contre

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le COVID-19. Il n'y a ni vaccin ni traitement. Tout ce que nous avons, ce sont les méthodes utilisées
pour contrôler les épidémies au début du XXe siècle, celles-ci, comme nous le verrons, ont tendance
à être très perturbatrices sur le plan économique » (Gössling et al.,2020).

Par ailleurs, cette nouvelle Pandémie Covid-19 semble être plus forte que ses antécédentes, car,
juste en quelques mois, elle a pu bouleverser le monde entier et mettre tous les pays en égalité.
Tout est mis à l’arrêt, et de nombreuses questions restent en suspens : Ne pas voyager ? Comment
serait-il le monde sans voyage ? Comment deviendrait-il la vie sans le travail ? Ne serait-il pas par
hasard les prémisses d’une troisième guerre mondiale ? Ce désordre dans le monde ne serait-il
pas le précurseur de la renaissance de nouvelles puissances (la Chine, Russie), au détriment de
l’Europe qui commence à perdre du terrain? Des questions sans réponses devant un avenir quasi
incertain etc. Selon Llinás(2020) « Cette crise sanitaire ne détruit pas des infrastructures et ne se
produit pas sur un espace concret (qu’il faut éviter pour fuir le danger) comme le cas des attentats.
Aujourd’hui ce qui peut changer c’est la société, les puissances, le contrôle des capitaux…L’ennemi
à combattre dans cette crise est flou, on ne sait pas où il se trouve, et en conséquence, on se méfie
de tout le monde, aussi bien à titre individuel pour le coronavirus, qu’au niveau social pour le
contrôle économique ».

A cet égard, cette étude a pour objectif de mettre le point sur l’un des pays qui a été durement
affecté par cette crise, le Maroc. Selon la Confédération nationale du tourisme CNT (2020), le
secteur pourrait subir une baisse allant jusqu’à 39% du nombre de touristes, s’accompagnant de
pertes évaluées à des milliards de DH. Cela dit, comment cette destination pourrait-elle rendre
âme à l’un de ses secteurs les plus touchés par cette pandémie?

Si une chose est claire c’est que la plupart des acteurs professionnels prévoient une récupération
des activités touristiques pour 2022/2023. Sauf que la question qui se pose ici est la suivante : est
ce que les établissements touristiques seront-ils prêts à attendre tous ce temps pour reprendre
leurs activités ? Parce qu’une réponse négative à cette question ouvrira la parenthèse aux effets
suivants (Licenciement, chômage, faillites, grèves, famine, insécurité…) et c’est à l’Etat d’assumer
la responsabilité.

Sur cet aspect, ce travail vise à dévoiler la situation touristique actuelle que vit la plupart des pays
à cause de cette crise sanitaire du Covid-19 et cela à travers la réponse à la question suivante :
Quel est l’impact de cette crise sanitaire sur les professionnels du tourisme dans le secteur privé ?
Afin d’apporter des éléments de réponses à cette problématique, ce papier sera organisé de la
manière suivante : La première partie mettra le point sur le cadre théorique notamment
l’apparition de la pandémie Covid-19 et son impact sur l’industrie touristique. Quant à l a
deuxième partie, elle sera consacrée à une étude qualitative destinée aux professionnels du
tourisme dans la destination Agadir et cela dans l’objectif d’avoir une vision un peu claire sur la
situation actuelle de ces professionnels, en l’occurrence dans le secteur privée, durant cette
période de confinement.

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1. Cadre théorique

1.1. Résilience économique et épidémies mondiales

La Pandémie covid-19 a fait émerger une crise à l’échelle mondiale. En fait, selon libaert (2018) la
notion de crise est liée notamment à une incertitude qui porte sur le présent et l’avenir et à une
perte de repère. Dans le cas de cette crise qu’a connu le monde aujourd’hui, la peur est née,
d’après Badot et Fournel (2020) de la présence d’un élément immatériel, invisible qui se transmet
par le contact et l’air. Ce qui a causé des changements inédits et imprévus dans les modes de vie,
mais aussi dans différents secteurs économiques, en l’occurrence le tourisme, un secteur qui est
habitué aux crises conjoncturelles et qui a fait preuve de résilience pour repartir.

1.1.1. Résilience économique

Lorsqu’on parle de la résilience économique, cela se manifeste par la capacité d’une zone
économique à surmonter rapidement des chocs et perturbations économiques (Wikipédia). En
fait, c’est un concept qui a été développé dans le monde anglo-saxon pour indiquer la capacité
de l’économie à résister au double choc du changement climatique et du pic pétrolier. En outre,
ce concept de résilience permet de qualifier cette capacité de réaction, c’est-à-dire, il décrit la
capacité d’une économie à dépasser et à absorber une situation critique. Autrement dit, Plus la
perte de production associée au choc et à sa résorption est importante, moins l'économie pourra
être considérée comme résiliente.1

Autres que les chocs macroéconomiques qu’a connu le monde durant ces dernières années
notamment les crises financières et les chocs pétroliers, on trouve aussi l’apparition d’un
ensemble des épidémies qui ont bouleversé les sociétés et ont abouti à des crises économiques
considérables.

1.1.2. Résilience économique et épidémies mondiales

Selon Oudda et al. (2020) une épidémie peut influencer une économie à travers l’augmentation
des coûts à court et à long terme. Cet effet s’explique par le traumatisme des marchés dû aux
blocage des transactions au niveau international, la faiblesse de la consommation des ménages,
la forte exposition du secteur des services et l’amplification financière potentielle (Oudda et al.,
2020). Raison pour laquelle un ensemble d’études empiriques ont été mises en place dans
l’objectif de mieux comprendre cette corrélation entre la crise sanitaire et l’impact sur les coûts
économiques (voir tableau ci-dessous). En effet, Les éléments cités dans le tableau ci-dessous
révèlent que les coûts économiques varient d’une épidémie à une autre selon la gravité et la
manière dont chacune est traitée. Du coup, en analysant ces données, les décideurs peuvent
trouver une piste de réflexion pour cette nouvelle pandémie Covid-19 dont souffre la population
mondiale jusqu’aujourd’hui.

1
http://www.resilience-organisationnelle.com/1/resilience_economique_1329079.html.

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Tableau 1 : Perte économiques causées par les pandémies mondiales
Epidémies Fatalités Etudes et Méthodes Pertes économiques
Croissance du PIB est inférieure de
Barro et al (2020)
6 points, et de 8 points pour la
Régressions par panel de
croissance globale de la
cross-country
consommation.
Grippe Brainerd et Siegler (2003) La mortalité ralentit
Jusqu’à 50
Espagnole Données des Etats considérablement la croissance
millions
1918-19 américains durant la décennie suivante.
Baisse de 18% de l’activité
Correia et al (2020)
manufacturière par an.
Données des Etats
L’endiguement rapide et agressif a
américains
aidé à amortir l’impact.
Lee et Mckibbin (2004) Perte de 0.1% du PIB mondial en
Modèle CGE1 2003.
SRAS, 2003 774
Hai et al (2004) Croissance inférieure du PIB de 1 à
Enquêtes chinoises 2 points en chine
H1N1, grippe Burns et al (2006)
Perte de 0.1% du PIB mondial
aviaire 455 Estimation de la banque
annuel, et de 0.4% pour l’Asie
2003-19 mondiale
Baisse de la croissance du PIB de 2.1
Banque mondiale (2014) points en Guinée, 3.4 au Libéria, 3.3
Ebola,2014-16 11323
Modèle CGE au Sierra Leone durant la première
année de l’épidémie
Source : Boissay et Rungcharoenkitkul, 2020, p.4 ; cité par Oudda et al. (2020, p.7)

1.2. Tourisme et Pandémie de Covid-19

1.2.1. Tourisme et crises sanitaires

Le tourisme est défini comme" l'une des activités économiques les plus importantes de la planète,
il représente 30% des exportations dans le commerce mondial des services, générant 1 emploi
sur 11 et 10% du PIB mondial", ce qui a conduit la plupart des pays d'États à structurer leurs
politiques de manière à ce que le tourisme devienne un catalyseur de l'économie (Beltrán et
al.,2020).

Néanmoins, le tourisme est considéré aussi comme un secteur vulnérable et qui peut être affecté
directement par des phénomènes d’instabilités dus à des situations de terroristes ou des facteurs
tels que les catastrophes naturelles ou des épidémies et pandémies. Cela s’illustre dans la figure
1 qui expose l’ensemble des crises qui ont touché le tourisme mondial dans le passé notamment
entre 2000 et 2015. Les principaux événements perturbateurs comprennent les attentats
terroristes du 11 septembre (2001), l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS)
(2003), la crise économique mondiale en 2008/2009 et l’épidémie de syndrome respiratoire du
Moyen-Orient de 2015 (MERS). Sauf qu’aucun de ces phénomènes n’a conduit à un déclin à plus
long terme du développement mondial du tourisme, et cela grâce à la capacité du tourisme à

1
Computable general equilibrium (CGE) (modèles d’équilibre général calculable).

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résister aux chocs externes. Cependant, cette fois-ci il existe de nombreuses preuves que l'impact
et le rétablissement de la pandémie de COVID-19 seront sans précédent (Gössling et al.,2020).

Figure 1 : Impact des événements des crises majeurs sur le tourisme mondial

Source : Gössling et al. (2020.p.5)

1.2.2. Apparition de la pandémie Covid-19 et sa propagation

Qualifiée d'événement de cygne noir et assimilée à la scène économique de la Seconde Guerre


mondiale (Nicola et al.,2020), La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est une maladie
infectieuse causée par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2). Le
premier cas atteint de ce virus a été détecté en chine, à Wuhan, en novembre 2019. Plusieurs
recherches ont été publiées à ce propos, certaines stipulent que SARSCoV-2 a commencé par les
chauves-souris avant de se déplacer dans les pangolins, puis chez les humains, tandis que d’autres
études stipulent que les serpents pourraient être le chaînon manquant, cette conclusion a été
refusée par un autre groupe scientifique en justifiant que les pangolins sont le lien. Néanmoins,
la plupart des scientifiques affirment que les chauves-souris sont un réservoir pour le SRAS-COV-
2, et montrent aussi que pour atteindre les humains, le virus a besoin d’un hôte intermédiaire
(Medical News Today, 2020).

En fait, ce nouveau COVID-19 peut se transmettre d'une personne à l'autre par de petites
gouttelettes du nez ou de la bouche qui se propagent lorsqu'une personne atteinte de COVID-19
tousse ou expire. Ces gouttelettes atterrissent sur les objets et les surfaces autour de la personne.
D'autres personnes attrapent alors le COVID-19 en touchant ces objets ou surfaces, puis en
touchant leurs yeux, leur nez ou leur bouche.

Les symptômes les plus courants de ce virus se présentent par la fièvre, l’essoufflement, la toux
ou la perte potentielle de goût ou d’odeur et peuvent prendre de 20 à 14 jours (Nashirah et
Rosbi,2020). En outre, le nouveau coronavirus est une nouvelle souche de coronavirus qui n'a pas
été trouvée auparavant chez l'homme, et dans les cas les plus graves, il peut provoquer une

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pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale et même la mort"
(Organisation mondiale de la santé, 2019).

Figure 2 : L'augmentation rapide et la propagation des cas confirmés de COVID-19

Source: European Centre for Disease Prevention and Control statistics (2020)

1.2.3. Impact du Covid-19 sur le tourisme mondial

Le 6 Mars 2020, l’organisation mondiale du tourisme a informé dans un communiqué de presse


que la nouvelle pandémie covid-19 a causé une baisse des arrivées des touristes internationaux
de 1 à 3% (par rapport à 2019) alors que cette dernière prévoit plutôt une croissance de 3 à 4%
dans l’année 2020. Trois semaines plus tard, cette information sera actualisée dans un autre
communiqué de presse où il sera déclaré que cette chute a atteint de 20 à 30% des arrivées
internationales, ce qui est équivalant à une perte de 300 à 450 milliards de dollars américains de
recettes touristiques internationales (exportations), près d'un tiers des 1,5 billion de dollars
américains générés dans le monde (OMT,2020).

Selon toujours l’OMT (2020) la contribution directe de l'industrie du voyage et du tourisme


représente aujourd'hui 3,3% du PIB mondial total et 4,4% dans les pays de l'OCDE (moyenne).
Cependant, à cause de cette crise sanitaire, certains pays (figure3) devraient subir des coups plus
importants que d'autres en raison de leur forte dépendance à l'égard du secteur, ce qui implique
que le choc économique sur le tourisme sera encore grave dans ces pays (OMT,2020). En outre,
le conseil mondial du voyage et du tourisme a déclaré que la pandémie de Covid-19 pourrait
supprimer jusqu’à 50 millions d’emplois dans le monde dans l’industrie du voyage et du tourisme,
et lorsque la pandémie sera terminée, il va falloir au moins dix mois pour que l’industrie se
rétablisse (Forum économique mondial, 2020).

Quant au marché de travail touristique, le Conseil mondial du voyage et du tourisme prévoit que
jusqu'à 75 millions d'emplois sont menacés dans le secteur. Cette estimation est encore plus

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préoccupante lorsque nous réfléchissons au fait que le tourisme est un créateur d'emplois de
premier plan pour ces segments vulnérables de la population, en particulier, les femmes et les
jeunes de 15 à 24 ans qui sont les plus menacés ainsi que les travailleurs de l’économie informelle
(ONU,2020).

Figure 3 : Impact du Covid-19 sur le tourisme mondial (Tohry,2020)

Source : Tohry (2020)

Par ailleurs, la pandémie a causé un changement très significatif dans l’ensemble des activités
liées à l’industrie du tourisme notamment le transport aérien, l’hébergement et les aires
protégées (voir tableau ci-dessous). Nonobstant, la littérature nous révèle qu’il y’a des
destinations qui ont pu profiter de cette crise pour innover dans leurs offres touristiques
notamment en matière d’hébergement, à titre d’exemple le groupe thaïlandais A-One Hôtels, ce
groupe a décidé de proposer des forfaits d’auto-quarantaines dans ses hôtels de Bangkok et de
Pattaya avec des prix compétitifs et des tarifs réduits de 20% (Folinas et Metaxas,2020).

En fait ces pensions sont destinées aux résidents qui souhaitent s’isoler pendant 14 jours. Ils sont
servis des repas dans leurs chambres, quant aux vaisselles, les couverts et les draps utilisés par
ces clients de l’hôtel durant leur auto- isolation, ils seront séparés pour une manipulation
particulière.

Dans le cas où l’un des clients développait des symptômes de coronavirus pendant son séjour à
l'hôtel, il serait immédiatement envoyé dans les différents hôpitaux situés à proximité de l'hôtel.
Cette stratégie a pu attirer des réservations durant la période de crise. Plusieurs hôtels dans le
monde ont commencé a adopté cette politique notamment la chaîne d'hôtels Dorsett, Le Park
Lane Hong Kong, Le Fairmont Singapore etc. (Gössling et al.,2020).

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Tableau 2 : Impact de la pandémie covid-19 sur l’industrie du tourisme

Secteurs
Situation Postcovid-19
d’activités
Des baisses catastrophiques des volumes de trafics pour des raisons de
fermetures et l’introduction d’une quarantaine pour les voyageurs.
Réduction des volumes de trafic passagers dans le monde suite à la
Transport pandémie est passée de -6,9% en janvier à -22,9% en février et -53,1% en
aérien mars, soit une baisse de -28,3% pour le premier trimestre 2020, soit une
réduction de 620 millions de passagers (CIA,2020).
Chute dans les vols internationaux de plus de la moitié (Gössling et
al.,2020).
Les emplois dans le secteur de l’hébergement et des services de
restauration représentent plus de 20% de tous les postes vulnérables,
Hébergements c'est-à-dire des emplois soumis à des congés, à des licenciements ou à
l'impossibilité de travailler en raison de la distanciation sociale (cabinet de
conseil McKinsey and Company ; 2020)
« La chute brutale de la demande touristique coupe le financement des
opérations de protection et de conservation de la nature et de la faune. 7
% du tourisme mondial est lié au tourisme animalier, un segment en
croissance de 3 % par an.
Les aires Effet négatif sur le niveau socioéconomique des autochtones qui résident
protégées dans ou aux alentours de ces espaces protégés en mettant en péril leurs
terrestres ou emplois, donc, une augmentation du braconnage, du pillage et de la
marines consommation de viande de brousse et autres gibiers.
90 % des pays ont fermé des sites du patrimoine mondial, avec des
conséquences socioéconomiques pour les communautés qui dépendent
du tourisme. Tandis que 90 % des musées ont fermé pendant la crise et
13% pourraient ne jamais rouvrir (Nations unies, 2020)
Source : Tableau 2 : Inspiré par les auteurs de la littérature

1.3. Le Maroc à l’ère du tourisme

Secteur clé de l’économie marocaine, le tourisme représente environ 10% de la richesse du


royaume. Ces dernières années, le secteur a pu mettre en place une dizaine de nouvelles liaisons
aériennes qui ont permis aux marocains de voyager dans le monde entier. De plus, le tourisme a
pu contribuer au développement socioéconomique du pays dans la mesure où il emploie
directement 550.000 personnes, contribue à près de 7% du PIB national (12 % en considérant les
acteurs indirects) et mobilise près de 80 milliards de dirhams de recettes voyages en devises par
an.

Cela dit, grâce à sa capacité de résister aux différents chocs mondiaux subis durant les 20
dernières années, la destination Maroc a pu se positionner parmi les destinations les plus

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sécurisées dans le monde. Sauf qu’en 2020, la nouvelle pandémie Covid-19 qu’a connu le globe
va bouleverser le royaume tant au niveau sanitaire qu’économique et va aboutir à une crise
inédite dans les différents secteurs du pays, en l’occurrence le tourisme. Comme conséquences,
le Maroc s’est retrouvé, comme n’importe quel autre pays dans le monde, dans l’incapacité de
répondre efficacement à cette pandémie imprévue.

En effet, selon une étude de la confédération national du Tourisme (2020), le secteur touristique
au Maroc a connu une perte de 48,1milliards de DH de chiffre d’affaire dont 34,1 milliards de DH
de chiffre d’affaires touristiques et de 14 milliards de DH de chiffre d’affaires pour l’hôtellerie. Ce
qui n’était pas vraiment prévu durant l’année 2019 notamment en termes des arrivées (El amine
et Bouyad, 2020).

Figure 4 : Projections de la Confédération nationale du Tourisme pour les arrivées aux postes
frontières en 2020

Source : Confédération nationale du tourisme, cité dans El amine et Bouyad (2020, p. 8)

Sur cet aspect, pour sauver le secteur du tourisme, la plupart des professionnels se sont mis
d’accord qu’il faut miser sur le tourisme interne en premier lieu. Cette idée a été confirmée dans
un article qui révèle que les nationaux sont toujours venus en secours du tourisme marocain
durant les périodes de crises et ont contribué à la survie du secteur (Berriane, 2020). Sauf que
cette négligence de la demande intérieure s’explique par l’existence d’un ensemble de points
faibles du tourisme marocain provoquant cette vulnérabilité du secteur notamment les fortes
disparités territoriales et cela à cause d’une forte concentration et une fréquentation massive des
littoraux et de certains sites de l’intérieur (Agadir et Marrakech concentrent 62,6 % de la
demande) tandis qu’il y’a une négligence sur d’autres régions en difficulté.

Aussi, la non-prise en compte des effets des changements climatiques ; La non-prise en compte
des mutations de la demande touristique postfordiste car il y’a une évolution d’une nouvelle
demande touristique qui porte sur des vacances de découverte et conscience vis-à-vis de
l’écologie.

Et enfin, la non-prise en compte de la demande interne étant donné que le tourisme interne est
toujours considéré comme une alternative à l’absence de demande internationale. Il n’a jamais

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était traité comme une forme de tourisme à développer ou à intégrer dans les stratégies et plans
touristiques au Maroc. C’est toujours des décisions sur papiers qui ne sont toujours pas
concrétisées (Berriane,2020). Sous un autre angle, Kabbaj (2020), dans un article publié dans le
journal Maroc Hebdo, révèle que durant l’apparition et la propagation du coronavirus au Maroc,
suivi par l’ensemble des restrictions notamment le confinement et la suspension des voyages, les
opérateurs touristiques savaient que tous leurs visions et objectifs de l’année 2020 seront
chamboulés, et la décision de déconfinement ne pourra aboutir à aucun résultat si le
gouvernement n’a pas intervenu en mettant en place un ensemble de mesures permettant de
sortir de cette situation difficile. A cet effet, et afin de précéder les répercussions de la crise
sanitaire sur l’économie, le ministère de l’économie des finances et de la réforme de
l’administration a annoncé le 11 Mars la constitution du comité de veille économique.

Ce comité a mis en place des mesures de natures différentes dans l’objectif d’adoucir l’effet de
cette pandémie (El amine et Bouyad,2020) (voir tableau ci-dessous).

Tableau 3 : Mesures prises par le comité de veille économique


Natures Mesures
Mise en place d’un mécanisme de garantie exceptionnel par la CCG. Damane
Oxygène est dédié à toutes entreprises touchées par la crise sanitaire et dont le
chiffre d’affaire est inférieur à 500 millions DH. Ce fond est caractérisé par ce qui
suit :
o C’est un mécanisme temporaire de 3 mois : Le déblocage des crédits est limité
Financières au 30 Juin 2020, dédié au financement des charges courantes non reportées
ou suspendues
o Les entreprises peuvent bénéficier dans la limite de 20% des lignes de
fonctionnement existantes sans dépasser 20 millions DH.
o Taux d’intérêt : plafonné au taux de refinancement de Bank Al Maghreb +200
points de base.
o Les entreprises dont le chiffre d’affaire réalisé en 2019 est inférieur à 20
millions DH, peuvent bénéficier d’un report du dépôt des déclarations fiscales
Fiscales jusqu‘à fin Juin.
o Suspension des contrôles fiscaux et des ATD-Avis à tiers détenteurs jusqu’au
30 Juin
o Le paiement des charges sociales (CNSS) par les entreprises a été suspendu
du 1er Mars jusqu’à fin Juin de l’année 2020.
o Report du paiement des échéances bancaires et du leasing sans pénalités ni
Economiques
majorations de retard jusqu’à la fin du mois juin
o Les entreprises en difficultés suite à la pandémie Covid 19, peuvent demander
un crédit supplémentaire pour couvrir les charges de fonctionnement.
o Une indemnité forfaitaire de 2000 DH est versée au profit des salariés
relevant des employeurs affiliés à la CNSS et rencontrant des difficultés.
Sociales
o Les salariés des employeurs en difficultés peuvent bénéficier des services de
l’assurance maladie obligatoire (AMO) et aux allocations familiales.
o Réduction des importations des pièces de rechange et de véhicules, avec des
Commerciales négociations de report avec les fournisseurs.
et douanières o Non commerciale : Restriction quantitative à l’exportation des masques
chirurgicaux, des antiseptiques, préparation et masques de protection.
Source : Inspiré de la littérature de El amine et Bouyad (2020, p.9-10)

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Par ailleurs, La crise qui a touché le secteur touristique a obligé les acteurs publics et privés de
conjuguer leurs efforts et de mettre en place un contrat programme signé le 6 août par le
Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration ; le Ministère du
Tourisme, de l’Artisanat, du Transport Aérien et de l’Economie Sociale ; le Ministère du Travail et
de l’Insertion Professionnelle qui représentent le secteur public ainsi que la Confédération
Nationale du Tourisme ; le Groupement Professionnel des Banques du Maroc qui représentent le
secteur privé.

Ce programme s’articule autour de deux axes majeurs notamment la préservation de l’emploi et


le maintien de la production.

→ La préservation de l’emploi :
- Report des échéances dues au personnel travaillant dans le secteur touristique o
Exonération de l’IR du personnel partant en retraite anticipée pour les salariés proche de
l’âge de la retraite.

→ Le maintien de la production :
- Le maintien de la production dépend étroitement de la capacité des entreprises à faire face
aux engagements financiers, c’est pourquoi, il serait bénéfique pour les entreprises du
secteur touristique de bénéficier d’un report des échéances dues jusqu’à la fin d’année, de
profiter du report des factures de l’électricité et de l’eau.
- Pour récupérer les pertes enregistrées sur les mois Mars, Avril et Mai : étaler la saison en
revoyant le calendrier des vacances scolaires sera d’un grand aide.

De sa part, Lahcen Haddad, ex ministre du tourisme appuie sur la nécessité de mettre en place un
projet de loi concernant les chèques vacances, en justifiant que la pandémie a causé une chute
dans le pouvoir d’achat des marocains et donc une difficulté de voyager de la même fréquence
qu’auparavant.

Ajoutant à cela le retour aux vacances régionalisées qui vont permettre au secteur d’avoir plus de
consommation de l’hôtellerie par les Marocains, surtout en temps de vacances ; avec bien sûr une
politique de prix attractive et un repositionnement de la destination Maroc en lui attribuant une
nouvelle marque d’une destination verte, sécurisée et riche culturellement (Mzaghrani,2020).
Quant au secrétaire général de l’ONU (2020), il stipule que «Pour assurer des moyens de
subsistance aux millions de personnes qui dépendent du tourisme, il faut construire une expérience
de voyage durable et responsable qui garantisse la sécurité des communautés d’accueil, des
travailleurs et des voyageurs» (Tohry,2020).

Cela a été confirmé par Elbouhali (2020) dans son article (Covid-19:Au Maroc, un «choc» de
tourisme intérieur est indispensable) où elle a parlé de l’importance d’un tourisme responsable
comme un nouveau tourisme post-coronavirus orienté parcs nationaux, espaces verts,
montagnes ainsi que lieux culturels.

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Dans son article, Elbouhali (2020) recours aussi à l’importance de l’introduction du numérique et
du digital dans le plan de sauvetage du tourisme nationale. Cette idée a été embrassée par un
ensemble des acteurs en l’occurrence la Société du développement régional (SDR) du tourisme
Souss-Massa qui a lancé récemment la plateforme “Explore Agadir Souss Massa”, en vue de
promouvoir son arrière-pays naturel à travers 20 circuits touristiques proposés (Maroc
diplomatique avec MAP,2020).

Outre que cette plateforme, Adel Elfakir (2020), directeur général de l'Office National Marocain
du Tourisme (ONMT) a déclaré dans une interview qu’une nouvelle plateforme sera mise en place
« Ntlaqawfbladna» et qui va permettre aux citoyen marocain de personnaliser son voyage tout
en s’inspirant de l’ensemble des expériences offertes par le Maroc. La plateforme propose
également au touriste national tout un catalogue exhaustif de l’offre de chaque ville en matière
d’activités à pratiquer, lieux à visiter, calendrier des activités culturelles, … (Adama sylla, 2020).

2. Partie empirique : Impact de la crise sanitaire Covid-19 sur les professionnels touristiques du
secteur privé dans la destination balnéaire Agadir

2.1. La destination balnéaire Agadir

Avec 300 jours de soleil par an. Agadir est très célèbre par ses plages de sable. Le produit
dominant proposé à Agadir est le séjour balnéaire dans des hôtels avec vue sur mer. La région
détient plus de dix plages dont chacune à ses spécificités. En outre, la destination possède un port
considéré comme le premier port de pêche du Maroc. Au niveau des produits proposés, Agadir
propose une offre diversifiée en termes d’hébergement à savoir : hôtels classés 1*2*3*4*5* ;
Hôtels clubs ; résidences hôtelières ; maisons d’hôtes ainsi que, grâce à la culture des autochtones
dans l’arrière-pays, ces derniers accueillent encore les touristes ou les visiteurs dans leurs
modestes maisons.

De plus, Agadir propose aussi une panoplie de restaurants de différentes spécialités qui
conviennent aux goûts des visiteurs notamment des spécialités marocaines, internationales,
méditerranéennes etc. Quant au niveau des activités proposées, Agadir offre une diversité des
offres touristiques, en l’occurrence, des activités nautiques, golfiques, de nature, d’aventures etc.
Ce qui lui a permet de disposer d’un avantage concurrentiel par rapport aux autres destinations
concurrentes balnéaires et attirer plus des touristes.

Néanmoins, à cause de la Pandémie de Covid-19, la destination Agadir, dont le secteur touristique


contribue d’une grande part au développement de PIB, a connu une chute dans ses flux
touristiques, ce qui a causé une fermeture totale ou quasi-totale de ses établissements
touristiques et le licenciement d’un ensemble des salariés à cause de la crise. D’où l’objectif de
cette étude, qui va nous permettre de faire un zoom sur la situation actuelle de quelques
établissements touristiques dans le secteur privée afin d’avoir une vision plus claire de l’impact
de cette pandémie sur le tourisme.

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2.2. Méthodologie

Afin de mieux répondre à notre problématique qui est en relation avec la crise du Covid-19 et la
situation actuelle des professionnels touristiques dans le secteur privé, on a opté pour une
méthodologie de recherche qualitative à travers des entretiens individuels avec des
professionnels dans le secteur touristique privé situant dans la destination d’Agadir.

L’étude a été réalisée durant les premiers mois du confinement au Maroc notamment en
avril/Mai, du coup, il était quasi impossible de contacter les professionnels du secteur pendant
cette période soit parce qu’ils ont fermé leurs établissements, ou tout simplement ils refusent de
répondre à nos questions pour manque de temps. Raison pour laquelle on a pu collecter juste
une dizaine de réponses. Certes, ce n’est pas un échantillon très représentatif mais notre objectif
était d’avoir un aperçu sur la situation de ces établissements après cette pandémie de Covid-19
et la fermeture des frontières.

Les entretiens effectués étaient face à face, par téléphone et par mails. Le type des questions
posées étaient ouvertes et traitants les points suivants : « la situation actuelle des établissements
en (%) 1 », « les difficultés rencontrées », « les mesures sanitaires instaurées pour combler la
propagation du Covid-19 dans les établissements touristiques » et « les stratégies mises en place
pour relancer l’activité touristique ».

Par ailleurs, on a essayé de diversifier notre échantillon afin de pouvoir vers la fin confronter les
résultats obtenus et délimiter des convergences entre les différents acteurs. Le tableau ci-dessous
présente les différents interviewés avec qui on a effectué les entretiens.

Tableau 4 : Profil des interviewés


Fonction Etablissements touristiques
Directeur commercial Anezi Tower Hotel & Apartments
Chef de projet commercial Sofitel Agadir
Responsable ventes et marketing Hôtel club almoggar garden beach
Contrôleur général Groupe morocco omanais
Directeur général Azul guest House
Secrétaire général de l’artisanat Association professionnelle des commerçants des produits Artisanaux
Directeur général Camping Atlantica park
Directeur général Surf Academy
Directeur général Société Mirage surf
Directeur général Agence de voyage Special Holidays Morocco
Guide agrée Ministère du tourisme agrément N°2115
Directeur général Agence de location de voiture Harfoune –Agadir.
Directeur associé Transports touristiques Okey Tours
Directeur général Club Amoudou cheval
Directeur associé Atlantica boat trip

1
Le fait de choisir en pourcentage était afin de leur faciliter la réponse.

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2.3. Constats

La diversité des profils de nos interviewés nous a permis d’avoir une vision globale sur la situation
actuelle du secteur touristique notamment au niveau d’hébergement, attractivités et loisirs,
transport touristique, guides touristiques, agences de voyage, artisanat, croisières etc. D’après les
réponses, on constate que la crise du covid-19 était vraiment un cygne noir au ciel des
professionnels du tourisme.

La plupart stipulent que cette pandémie leur a causé une crise considérable surtout au niveau du
taux d’occupation, de vente ou de service offert par rapport à l’année précédente ; au niveau de
leur chiffre d’affaire ainsi qu’au niveau des personnes engagés et désengagées durant cette
période de confinement.
Cela s’illustre par les ripostes suivantes (entre autres) :
- « Annulation de tous les évènements prévus pendant cette période ainsi que les réservations
ce qui fait une perte de 80% du au niveau CA. Blocage des travaux de rénovation prévus pour
cette saison. Paiement des charges extras vu qu’on a remboursé les clients (frais en sus pour
les transactions internationales) et aussi l’investissement au niveau des mesures d’hygiènes
sanitaires. Diminution de 75% d’effectif du personnel » Anezi Tower Hotel & Apartments.
- « On a perdu soit 96% du taux d’occupation par rapport à l’année précédente ; diminution
de 96% d’effectif du personnel ainsi une chute de 95% de notre chiffre d’affaire » Azul guest
house.
- « Une fermeture totale de tous les points d’artisanat à cause de cette crise Covid-19… »
Association professionnelle des commerçants des produits Artisanaux.
- « Notre activité est basée sur la présence des touristes, en tant que professionnel du tourisme
indépendant, je me suis pleinement touché par cette crise, du coup, pour me sauver, j’ai
décidé de m’engager dans un autre métier alternatif celui de l’électronique. » Guide
touristique.
- « On était obligé de fermer notre agence de location des voitures à cause de confinement et
la chute de l’activité touristique » Agence de location de voiture.
- « Pour résister à cette crise, nous avons vendu tous les véhicules de transport pour nourrir
nos chevaux et payer notre staff » Amoudou club cheval.
- « C’est une crise hors de notre porté car l’activité dépend des touristes internationaux et cela
aussi dépend des billets d’avion, c.-à-d. l’ouverture des frontières aux touristes et l’espace
aérien. Pour notre cas, on a perdu 90% de notre CA et on était obligé de licencier la plupart
de nos employés. » Surf Academy.

En lisant les réponses, il s’est avéré que la plupart des professionnels étaient confrontés à l’une
des situations suivantes : Soit une fermeture totale, soit cibler le marché local que la plupart le
décrive comme un marché timide. Citons quelques répliques de nos interlocuteurs :
- « Pour sauver un peu la situation on a focalisé sur le marché local en accordant des offres aux
agences locales, sur le net ainsi qu’aux clients directes avec des facilités de paiement. On a
baissé nos tarifs après une étude, à environs 30% pour les agences et 45% pour les clients
directes et online ».

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- « Pas de visibilité et pas de mesure »
- « Pour nous la période de confinement était un drame. Toutes nos activités étaient en
suspension totale. L'excursion en buggy et Quads a sauvé la situation avec le marché local ».
- « Non aucune crise n’est prise face à cette catastrophe ».
- « Nous n’avons instauré aucune mesure, en tant que force majeur, la seule qui devrait être
prise est l’ouverture des frontières et cela « is out of our hand ».
- « Nous nous sommes focaliser sur le marché local surtout pendant cette saison estivale, à
part ça aucune démarche n’était prise si le confinement persiste encore ».
- « On a décidé de cibler les familles marocaines, valoriser notre produit, renforcer les mesures
face à cette crise sanitaire ».
- « Nous avons adressé plusieurs lettres à tous les responsables y compris même le cabinet
royal, le ministère du tourisme pour trouver une solution à notre crise fatale (subvention et
la suspension de la TVA).
- « Ce que je peux dire, c’est que durant la saison estivale, il y’avait une forte demande sur nos
chalets, notamment de la part des marocains, qui ont décidé de se confiner hors de leurs
maisons tout en profitant des vacances (piscine, soleil, activités ...). Pour la stratégie prix, on
a augmenté le prix, parce qu’on a beaucoup investi dans l’hygiène, nous avons été trop stricte
dans ce point. Quant à la publicité, On n’a pas été vraiment besoin de la faire nos clients
étaient tellement satisfaits qu’ils ont commencé à parler de nos produits à leurs proches et
amis ».

Quant au niveau des mesures sanitaires prises pour contenir la propagation du Covid-19, la
majorité des professionnels stipulent qu’ils ont adapter les mesures standards notamment le port
obligatoire des masques, nettoyage quotidien, désinfection totale, mise en place des mesures de
distanciation social (avec marquage au sol) ; mise en place des supports de communications de
sensibilisation ; prise de température systémique, un programme de formation continue sur
l’hygiène et la sécurité pour que tous le personnel soit prêts pour se protéger et protéger les
clients etc.

Par ailleurs, ce qui est bel et bien clair, c’est que les professionnels du tourisme et d’hôtellerie
sont tous d’accord que le secteur du tourisme marocain était toujours en crise et que la pandémie
de Coronavirus a juste révélé les failles. D’après les constats et les dires de nos interlocuteurs, il
n’y a pas vraiment des mesures prises par les établissements à part qu’ils ont opté pour élargir la
taille du tourisme interne, et cela, juste durant la saison estivale où ils ont pu générer quelques
recettes mais rien n’est sauvé. Quant au niveau personnel, notamment les professionnels du
tourisme indépendants comme le cas des guides touristiques, ces derniers n’avaient aucune
solution que se débrouiller seuls. Autrement dit, ils étaient obligés de trouver un emploi alternatif
hors du secteur touristique ou rester en chômage.

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Conclusion et perspectives :

Sur ces propos, et en guise de bénédiction déguisée, on peut dire qu’en dépit de nombreuses
réunions et décisions prises, rien n’est concret, l’Etat continue toujours à donner des promesses
sans en avoir les moyens, et la situation ne fait que s’aggraver.

A cet égard, si nous devons retirer une conclusion qui sera indiscutable, c’est la suivante : « Il
s’agit d’une question de vie ou de mort, le Covid semble être la pour durer, il faut donc apprendre
à cohabiter. Pour en finir avec le dilemme, il faut voir si face ou duo : Lutter contre le covid -
Prioriser l’économie national, l’emploi et le social ? Certes, c’est une équation difficile mais il faut
trancher et choisir. Si l’on choisit la lutte contre le Covid, il faut assumer les faillites, le chômage
et l’appauvrissement, si l’on choisit l’économie et le social, il faut assumer plus de malades et de
décès, sachant que ce virus est très contagieux et très peu létal, et mettre en place plus de
capacité de soins » (Alal imani, expert en tourisme, 2020).

Par ailleurs, ce qui est clair c’est que les impacts sanitaires et économiques de la pandémie Covid-
19 ont bouleversé l’industrie du tourisme, mais ce qu’il ne faut ne pas aussi négliger c’est que le
secteur touristique n’a jamais été une priorité pour le gouvernement marocain, et voilà
qu’aujourd’hui, les professionnels paient les conséquences. Mais ce n’est jamais trop tard, au
moment où les acteurs touristiques publics et privés décident d’assumer la responsabilité, tous
sera mis en place.

Pour mieux sauver la situation, il est préférable que le secteur touristique marocain s’inspirent
des démarches adoptées par les autres destinations notamment l’Espagne, l’Italie et la France qui
ont choisi de sauver leur économie nationale et leur tourisme tout en calculant très bien les
dégâts en particulier les malades de Covid et même les décès, et cela à travers la mise en place
d’une structure de santé efficiente qui leur a permis de prendre en charge les cas affectés.

Sous un autre angle, cette crise sanitaire nécessite une attention plus particulière de la part des
gestionnaires de la destination Maroc. En fait, ces derniers doivent penser à sortir de leurs zones
de conforts dépendant d’une offre de masse et des touristes étrangers, et essayer plutôt d’opter
pour des marchés plus personnalisés et viser de nouveaux clients. En fait, dans une telle situation
où les frontières des pays sont toujours fermées et le trafic est toujours paralysé, les
professionnels du tourisme marocains devraient changer leurs stratégies et essayer de séduire
les locaux pour atténuer les pertes liées à la pandémie.

Pour ce faire, on ne peut pas juste obliger les citoyens à consommer un produit qui ne les attire
pas, de ce fait, il est primordial qu’il y’ait une étroite collaboration entre professionnels et
résidents, de cette manière, les gestionnaires peuvent collecter un ensemble d’idée sous forme
de projet destinés à la communauté locale. En outre, les professionnels doivent travailler sur des
offres adaptées, en proposant de nouveaux itinéraires thématiques, un hébergement qui répond
aux protocoles de santé et de sécurité mise par l’ONMT, tout cela avec un prix motivant pour
encourager les citoyens à consommer marocain.

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