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Fig. 2 : f racture des 6 couronnes antérieures céramo-céramiques (In Ceram®, L’adhésion à ce type de céramiques vitreuses est ob-
VITA) chez un patient bruxiste (absence de port de gouttière)
tenue par deux procédés :
nu n micro-clavetage mécanique : la résine adhésive
des contraintes occlusales, responsables à long terme (de l’adhésif amélo-dentinaire) diffuse dans les mi-
de fractures (Fig. 2). Si les retouches réalisées sont cro-rétentions créées par le mordançage à l’acide
trop importantes (plus d’1 mm2) et intéressent la face fluorhydrique (HF) dans la matrice vitreuse de la
occlusale, la sagesse voudra qu’on reporte l’assem- céramique
blage pour permettre au prothésiste de réaliser un nu ne liaison chimique entre le verre et cette résine
nouveau glaçage de la céramique. En effet, les stries grâce à un agent de couplage avéré : le silane.
laissées par la fraise diamantée sont des zones d’ac- L’adhésion à la céramique cosmétique ne peut se
cumulation privilégiée des contraintes occlusales et faire qu’après ces deux traitements de surface, qu’il
donc d’amorce de fissures. C’est systématiquement à conviendra de réaliser en bouche.
partir de ces anfractuosités que partiront les fractures
de cosmétique. Étapes cliniques [3]
Enfin, si l’élément est déjà assemblé et que des re- Mise en place d’un champ opératoire : il est vi-
touches occlusales s’imposent, un polissage poussé vement recommandé de protéger le patient de tout
de la surface retouchée sera un strict minimum. contact avec l’acide fluorhy-
drique. La digue (Fig. 4) est le 3
Liée à la mise en œuvre au laboratoire de prothèse meilleur moyen de mettre les
Si la préparation périphérique n’est pas suffisante, muqueuses du patient à l’abri,
que l’espace prothétique disponible est trop faible, le mais pas le seul.
prothésiste aura tendance à diminuer l’épaisseur de Nettoyage des surfaces : il faut
son infrastructure pour garder un maximum de vo- éliminer les polluants, protéines
lume afin de gérer l’esthétique grâce à la céramique agglomérées et autres colorants
cosmétique. Il en résultera une infrastructure fine, de surface accumulés depuis la
qui pourra se déformer sous contrainte et affaiblir la fracture. L’utilisation de pierre Fig. 3 : cas clinique initial : fracture de la céramique cosmétique de
21 suite à un choc
liaison céramo-métallique, entraînant la désolidari- ponce sur brossette montée sur
sation de la céramique cosmétique. Il en va de même contre-angle et l’aéroabrasion à 4
si le prothésiste ne respecte pas les recommandations l’aide de poudre d’alumine à 27
du fabricant en terme d’épaisseur de chape ou de die- ou 50 µm (Rondoflex®, KAVO ;
spacer, de temps de refroidissement après la cuisson Air Flow®Prep K1, EMS…) sont
de la céramique cosmétique, de choix des matériaux les plus efficaces (Fig. 5).
(compatibilité céramique – alliage métallique)… Mordançage à l’acide fluorhy-
Enfin, dans le cas d’une fracture de cosmétique dans la drique (HF) : l’attaque acide de
région cervicale, un défaut de précision lors de la mise la céramique par l’acide fluorhy-
en œuvre du joint céramique-dent devra être envisagé. drique à 9,5 % pendant 1 à 3 mi- Fig. 4 : mise en place d’un champ opératoire étanche (digue)
Fracture sans exposition de mais aussi les sels créés par l’at-
taque acide.
l’infrastructure métallique Séchage fort : les adhésifs amé-
Les céramiques cosmétiques (Fig. 3) lo-dentinaires étant hydropho-
Les céramiques cosmétiques utilisées pour nos bes, il faut chasser l’eau des an-
fractuosités. Le signe d’un bon séchage réside dans un composite de teinte « émail » (Fig. 12), selon le
l’obtention d’un aspect blanc crayeux de la cérami- concept de stratification naturelle [6]. Les masses de
que mordancée (Fig. 7). composite sont montées directement sur la couche
Application du Silane : c’est l’agent de couplage qui va d’adhésif, depuis le centre de la dent jusqu’à sa sur-
permettre à la résine de se lier chimiquement au verre. Il face, et photo-polymérisées une à une.
faut l’appliquer au pinceau (Fig. 8) en une seule couche, Finitions et polissage : selon les zones réparées, les
sur la céramique mordancée et le laisser s’évaporer. instruments ne seront pas les mêmes. Les disques
Application d’un adhésif amélo-dentinaire : appli- à polir (Sof-Lex Pop-On®, 3M – Optidisc®, Kerr)
quée de la même manière que pour une restauration permettent de retoucher les profils d’émergence et
coronaire habituelle (Fig. 9), notre résine adhésive va les lignes de transition vestibulaires. Les obus de
se lier aux extrémités hydrophobes des molécules de polissage (Identoflex® Composite Polisher, KERR)
silane, elles-mêmes liées à la céramique. Elle est en- associés à une fine fraise diamantée bague rouge fa-
suite étalée à l’aide du spray d’air et photo-polyméri- cilitent la réalisation du macro et micro-relief. Enfin,
sée (Fig. 10). le polissage et le brillantage seront obtenus grâce aux
NB : L’étape de mordançage à l’acide phosphorique, obus à polir Pogo® (DENSTPLY). Plus le polissage
préconisée pour certains adhésifs [5] pourra être évitée, sera peaufiné, plus la transition avec la céramique
car inutile. De plus, pour les systèmes adhésifs conte- sera réussie (Fig. 13).
nant un flacon de « Primer », l’application de celui-ci
ne sera pas nécessaire. Fracture avec exposition de
Montage du composite selon la technique de stratifi-
cation naturelle : il convient d’utiliser un composite
l’infrastructure
micro-hybride, dont les teintes sont dites « naturel- Nous distinguerons les prothèses céramo-métalli-
les » (Miris 2®, Coltène Whaledent – Enamel ques des prothèses céramo-céramiques.
HRI®, Micerium – Empress Direct®, Ivoclar Les fractures de CCM avec exposition du métal
Vivadent). Ainsi, on remplacera la dentine par un Dans ce cas de figure se pose deux nouveaux pro-
composite de teinte « dentine » (Fig. 11) et l’émail par blèmes :
7 8
9 10
11 12
nc
omment coller au métal ? Étapes cliniques [3]
nc
omment masquer celui-ci pour ne pas avoir de Ne seront détaillées ici que les étapes supplémentai-
halo grisé dans notre restauration ? res au protocole déjà décrit dans le chapitre 3.
Nous allons donc répondre à chacune de ces ques- nm ise en place d’un champ opératoire
tions successivement. nn ettoyage des surfaces
Coller au métal nv itrification du métal (CoJet®) : sabler le métal (et
Nous ne savons pas coller au métal, mais nous éventuellement la céramique) pendant 15 à 30 se-
avons vu dans le paragraphe précédent que nous condes à 1 cm de distance et sous une pression de
savions coller au verre. Il nous faut donc réussir 2 à 3 bars, jusqu’à obtention d’un aspect gris foncé
à recouvrir notre surface métallique de verre pour uniforme.
pouvoir y adhérer. Deux procédés existent à ce NB : utiliser une aspiration puissante pour éviter au
jour, mais un seul est applicable directement en patient d’avaler trop de poudre.
bouche : il s’agit du sablage réactif CoJet® (3M-
ESPE) (Fig. 14). Choix n°1 :
Des grains d’alumine de 30 µm recouverts de si- application du Superbond® (SUN MEDICAL)
lice sont projetés sur le métal à l’aide d’une sa- Le Superbond® est préparé selon les recommanda-
bleuse intra-orale. Au contact du métal, par le biais tions du fabricant (4 gouttes de monomère + 1 goutte
d’un transfert d’énergie, la silice se dépose sur le d’activateur + 1 dose de poudre) en choisissant la
métal alors que le grain d’alumine est éjecté. On poudre « Opaque ». Une fois le mélange fait, le liqui-
parle d’un procédé tribo-chimique de vitrification de obtenu est appliqué en fine couche à l’aide d’une
(Fig. 15). sonde 6, directement sur le métal. Il faut attendre 15
Une liaison forte (covalente) est ainsi obtenue à la minutes la prise du Superbond® avant de passer à
surface du métal par : l’étape suivante.
nu n ancrage micromécanique de l’adhésif au sein nm ordançage à l’HF : ne pas hésiter à déborder sur
des micro-rugosités créées le Superbond®
nu ne liaison chimique entre le verre déposé et l’agent n rinçage abondant
de couplage : le silane. n séchage fort
Le CoJet® (3M-ESPE) permet de nettoyer la surface n application du silane
métallique et de la rendre propice au collage. Il faut à na pplication d’un adhésif amélo-dentinaire et photo-
présent masquer son aspect « grisâtre ». polymérisation.
Masquer le métal
Lors du montage de la céramique sur l’infrastructure Choix n° 2 :
métallique, le prothésiste utilise en première couche de application d’un composite opaque
la céramique opaque, très lumineuse, pour diminuer le Appliquer au pinceau ou à la sonde en une seule et très
côté grisé du métal. Deux matériaux résineux permet- fine couche du matériau choisi. Photo-polymériser.
tent de masquer la zone métallique exposée : nm ontage du composite selon la technique de strati-
n l e Superbond® utilisé avec sa poudre opaque (SUN fication naturelle
MEDICAL) n f initions et polissage.
n l es composites fluides opaques, comme Les fractures de CCC avec exposition la chape :
l’Opaquer® (BISICO), le Monopaque® (IVOCLAR Deux grandes familles de céramique sont aujourd’hui
VIVADENT) ou le Permaflo® Dentin opaquer utilisées pour réaliser les infrastructures des couron-
(ULTRADENT). nes céramo-céramiques (CCC) :
Le protocole de réparation est décrit ci dessous. Le n l es vitrocéramiques, comme l’Empress II® ou
praticien doit choisir un seul des deux matériaux. l’Emax® (IVOCLAR VIVADENT)
14 15
Fig. 14 : CoJet system (3MESPE) Fig. 15 : principe du procédé tribochimique (d’après le Pr M.Degrange)
n l es
céramiques poly-cristallines, à base d’Alumine En terme de longévité des réparations sur CCM, si
ou de Zircone. l’origine de la fracture a été bien identifiée et réso-
Le paramètre critique d’une réparation de CCC rési- lue, le traitement de l’infrastructure métallique au
de dans la connaissance ou la reconnaissance du ma- Cojet®, suivi de l’application de Silane offre 89 % de
tériau constituant la chape de l’élément fracturé. Les succès à 3 ans [14].
vitrocéramiques ayant une base vitreuse, leur répara- Enfin, le praticien a aussi la possibilité de gérer cette
tion se fera simplement, selon le même protocole que perte de substance de façon indirecte. Il lui faut faire
décrit au chapitre 3 [2]. Il en est tout autrement pour une empreinte et demander à son prothésiste de faire
les céramiques d’infrastructure poly-cristalline, dont un « chip » ou facette de céramique qu’il collera se-
la matrice ne contient pas de verre et donc totalement condairement sur la dent. Mais le problème de tem-
insensible à l’acide fluorhydrique [2] [1]. porisation reste entier… u