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Critères de finition
J. Rambour, P. Canal, G. Piguet, L. Delsol
Les critères de finition d’un traitement orthodontique correspondent aux différents objectifs esthétiques
occlusaux et fonctionnels que doit se fixer chaque praticien lors de l’établissement de sa planification
thérapeutique. Ces critères, recherchés à la fin du traitement, doivent permettre d’obtenir des résultats
dont la pérennité sera effective à court, moyen et long terme. Les critères esthétiques concernent le patient
dans son ensemble, les modifications inhérentes à un traitement ayant des répercussions sur la face et sur
les arcades dentaires. La qualité de l’occlusion, d’un point de vue statique et dynamique, est primordiale.
Toutefois, aucun traitement ne pourra être stable si le contexte fonctionnel n’est pas pris en compte.
La recherche de ces critères ne doit pas s’inscrire dans une démarche dogmatique mais plutôt dans une
attitude raisonnée et individualisée à chaque patient, et ce quelle que soit la technique utilisée.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
A B C
Figure 1. Différentes analyses de la position des lèvres. 1. Ligne esthétique ; 2. tangente à la connexité des joues.
A. Analyse de Ricketts.
B. Analyse de Steiner.
C. Analyse de Burstone.
Critères esthétiques Pour Philippe, cité par Lejoyeux [9] , la beauté repose sur des élé-
ments concrets : les proportions, l’état de surface et l’expressivité,
L’esthétique est, avec la fonction, le motif essentiel de consulta- et seul le premier élément relève de l’orthodontie.
tion en orthopédie dentofaciale. Le jugement esthétique est, par
définition, quelque chose de strictement personnel et donc de Sens sagittal
purement subjectif [7] . Le visage humain est animé et ses mimiques
constituent un élément important de sa beauté. L’appréciation Allure générale du profil
esthétique doit donc porter sur le visage statique mais également Le profil du visage et de la face doit être évalué dans son
en mouvement et souriant. Le praticien doit étudier quelles sont ensemble (droit, concave, convexe). Chaque élément et son
les faces équilibrées et le champ de compromis acceptable entre importance relative doivent être pris en compte (front, nez, angle
les divers éléments de la face. Il reste néanmoins au service du nasolabial, lèvre supérieure et inférieure, menton, distance cer-
patient, et doit donc tenir compte des aspirations et doléances vicomentonnière). Cette analyse est réalisée cliniquement, mais
esthétiques de ce dernier [8] . également sur des photographies et par des méthodes d’analyses
céphalométriques au début, en cours et en fin de traitement. Elle
permet de mettre en évidence le modelé du profil avec l’équilibre
Équilibre facial et squelettique [9, 10] des saillies et des dépressions, les zones de jonction nasolabiale
et labiomentonnière. Les critères de finitions esthétiques sagit-
Un des nombreux objectifs des traitements orthodontiques est
taux correspondent à une bonne harmonie des rapports labiaux
la réharmonisation des rapports des tissus mous et des éléments
en position de repos et d’occlusion dentaire, sans contraction des
constitutifs de la face dans les trois sens de l’espace.
muscles de la houppe du menton à la fermeture labiale, harmonie
L’orthodontiste doit évaluer le profil initial, prévoir les modifi-
qui est le reflet d’un équilibre sagittal mais également vertical des
cations liées à la croissance et celles induites par le traitement.
bases maxillaire et mandibulaire. Cette appréciation esthétique
Cette évaluation est empreinte de subjectivité, tant au niveau
est confirmée par une étude céphalométrique (angle ANB = 2◦ et
de l’évaluation par l’orthodontiste, que par la perception par le
distance Ao Bo = 2 mm).
patient de sa propre image. Il semble nécessaire de se référer à des
classifications permettant de visualiser ces critères subjectifs de
Angle nasolabial
façon objective sans toutefois perdre de vue le ressenti du patient.
Les critères de finition esthétiques doivent prendre en compte La valeur de cet angle doit être appréciée en fonction du sexe et
le motif de consultation initial et le respect de la personnalité du de l’anatomie de la lèvre et du nez. Elle est en outre le reflet de la
patient. Ils sont individualisés en fonction de l’âge, du sexe, de position de l’incisive supérieure et doit correspondre aux objectifs
l’ethnie, de l’allure générale, etc. En effet, définir un profil idéal initialement fixés par le plan de traitement.
est un exercice rhétorique, sans signification clinique pour celui
qui est amené à corriger une dysmorphose [11] . De Platon à Kant, Position des lèvres
le beau pouvait être associé aux notions de bon et de vrai. Actuel- L’analyse des relations des lèvres fait partie de nombreuses ana-
lement, les concepts de « canons de beauté » souvent dictés par les lyses. Dans la méthode mise au point par Ricketts, les lèvres
médias, du fait de leur diversité, ne peuvent représenter un idéal doivent être idéalement situées entre la ligne « E » dite esthétique
orthodontique. La notion clé est la notion d’individualisation. (joignant la pointe du nez au pogonion cutané) et la ligne « C »
Pour Philippe [12] , la notion de norme est insatisfaisante : la beauté (tangente à la convexité des joues à partir du menton). La lèvre
est individuelle, et perçue comme telle. Les facteurs en sont qua- inférieure, dont la position reflète celle des arcades, doit affleurer
litatifs et quantitatifs, ils se combinent subtilement. La notion de la ligne E (Fig. 1A). Dans l’analyse de Steiner, les lèvres doivent être
beauté du visage est intimement liée à celle de séduction et il exis- tangentes, en arrière, à une ligne reliant le menton et le milieu de
terait une base commune de jugement de la beauté d’un visage la columelle (Fig. 1B). Burstone, quant à lui, désigne une ligne joi-
quels que soient l’âge, le sexe, la nationalité et les occupations gnant le menton au point sous-nasal, dont doivent déborder les
professionnelles, qui aboutirait à une certaine uniformisation des lèvres dans une proportion quantifiée (Fig. 1C).
goûts. La suppression des dysfonctions labiales fait partie des objectifs
Ces critères sont évolutifs dans le temps ; soumis à la croissance de traitement qui influencent le facteur esthétique. Le praticien
pour les traitements orthodontiques des enfants et adolescents, au doit travailler dans le but d’éliminer ou d’atténuer les brièvetés des
vieillissement pour tous les individus mais également au remode- lèvres, les occlusions labiales forcées, les interpositions labiales, les
lage des tissus mous pour les patients ayant subi un traitement contractions labiomentonnières qui donnent un aspect pincé à la
chirurgico-orthodontique. lèvre inférieure ainsi que les tensions périorales marquées.
Position du menton
Selon Tulasne [13] , la longueur sous-mentonnière, distance du
menton au cou, doit être en harmonie avec la profondeur de la
face (de l’oreille à la base du nez). Il est également important que
le praticien tienne compte et anticipe l’évolution du profil avec
le vieillissement : la croissance et l’âge tendent spontanément à
augmenter la concavité du profil ou à diminuer sa convexité. Ce
phénomène est essentiellement dû à l’évolution du nez, des lèvres
et du menton.
Les travaux de Nanda et al. [14, 15] mettent en évidence la subjec-
tivité de l’appréciation du profil facial. Le profil masculin préféré
est plus droit avec un menton proéminent tandis que le profil
féminin adopté est légèrement convexe. Les options les plus défa-
vorables concernent celles dont le menton est nettement en retrait
et celles dont les faces sont excessivement convexes. Une protru-
sion importante des lèvres est bien acceptée si elle s’accompagne
d’un menton et d’un nez de grande dimension. Le goût esthétique
du public privilégie un profil plus protrusif que celui codifié par
les normes orthodontiques. La communication avec le patient et
A
son évaluation psychologique sont donc primordiales en début
de traitement pour une acceptation des résultats obtenus en fin
de traitement.
Sens vertical
Le praticien doit continuellement avoir à l’esprit l’objectif de
ne pas aggraver le sens vertical. Ce contrôle doit passer par la maî-
trise du plan occlusal, la maîtrise des mouvements d’égression ou
ingression ou de versions des dents postérieures, désirés ou induits
par les thérapeutiques. Les critères de finition correspondent alors,
d’un point de vue esthétique, à l’harmonie de la hauteur des dif-
férents étages de la face, et plus particulièrement à la hauteur
de l’étage inférieur. Certains auteurs dont Ricketts s’appuient sur
l’utilisation des proportions répondant au « nombre d’or », cons-
tante dont la valeur numérique est d’environ 1,618.
Les lèvres doivent être jointives sans effort de crispation des
muscles de la houppe du menton et le sillon labiomentonnier doit
être existant. Le stomion est idéalement situé à 2 mm du rebord
incisif en tenant compte de l’âge du patient, puisque ce rapport
tend à diminuer avec le temps.
B
Cet équilibre est en relation étroite avec le comportement neu- Figure 2. Amélioration du profil sous-nasal et du rapport labial après
romusculaire, la position de la langue au repos et en fonction, et traitement orthodontique chez l’adulte (A, B). La correction de la position
est donc intimement lié aux objectifs fonctionnels du traitement. des lèvres rend la fermeture labiale plus spontanée et confère au profil
une impression de rajeunissement.
Sens transversal
L’interprétation d’un visage satisfaisant d’un point de vue esthé- Équilibre alvéolodentaire [12, 16–18]
tique repose sur l’appréciation de sa symétrie. Cette notion doit
être relativisée étant donné que la symétrie absolue ne peut être La qualité du sourire confronte deux éléments esthétiques dif-
un objectif réalisable. Le visage doit être symétrique par rapport férents : l’un dynamique, les lèvres, l’autre statique, les dents.
au plan sagittal médian rectiligne. Les plans horizontaux joignent Aboucaya, en 1973, définit quatre phases dans la formation
les pupilles, les ailes du nez et les commissures de la bouche. Ils du sourire : l’attitude neutre, le présourire, le sourire dentolabial
sont perpendiculaires au plan sagittal médian et donc parallèles franc installé, le sourire poussé ou prérire. Barat propose, en 1987,
entre eux. Côtés droit et gauche doivent être équivalents dans leur une classification selon les rapports entre le bord libre de la lèvre
développement transversal et vertical. supérieure et la ligne intercommissurale : il distingue le sourire
Le praticien doit tenir compte des aspirations de ses patients supracommissural, le sourire commissural et le sourire infra-
dans l’établissement de son plan de traitement, tout en se référant commissural. Pour Janzen, la longueur et l’épaisseur de la lèvre
à des règles esthétiques pour orienter l’action de ses thérapeu- supérieure ont une importance prédominante dans le sourire : la
tiques. Chaque profil étant unique et intimement lié à la nature qualité du sourire dépend aussi de la forme d’arcade, de la largeur
même du patient, l’essentiel semble de respecter l’image que le buccale, de facteurs neuromusculaires (tonus, innervation bilaté-
patient a de lui-même tout en anticipant avec lui les éventuels rale des commissures et de l’ensemble des muscles de la mimique).
effets de l’âge et des thérapeutiques (Fig. 2A, B).
Sens sagittal
Le premier objectif est l’obtention d’un surplomb horizontal
Cas particuliers des patients traités assurant un guide antérieur adapté aux autres déterminants occlu-
par thérapeutiques chirurgicales saux et correspondant à une position incisive adaptée à l’équilibre
orthodontiques esthétique du rapport labial. Pour de nombreux auteurs comme
Tweed, Ricketts ou Steiner, la position de l’incisive mandibulaire
L’évaluation et les critères de finition esthétiques doivent être est un critère clé de la finition des traitements. Toutefois, la valeur
évoqués à de multiples reprises avec le patient et en collabora- recherchée de l’angle de l’incisive inférieure par rapport au plan
tion avec le chirurgien maxillofacial. L’approche est fonction de mandibulaire varie en fonction de ces mêmes auteurs et il semble
la motivation du patient, fonctionnelle et/ou esthétique. Le remo- plus raisonnable de rechercher une position qualitative de cette
delage tissulaire consécutif à la chirurgie est évalué au cours des dent, bien centrée dans la symphyse mandibulaire avec une angu-
mois suivant l’intervention (Fig. 3). lation adaptée à la typologie verticale du patient.
La position de cette incisive est un des objectifs de traitement L’existence d’un sourire gingival est gérée selon les objectifs et
mais elle nécessite un contrôle tout particulier tout au long du le plan de traitement par thérapeutique orthodontique associée
traitement tant elle est la source de répercussions thérapeutiques ou non à une prise en charge chirurgicale.
(nivellement de la courbe de Spee, traction élastique intermaxil-
laire, etc.)
Rapports dentocutanés verticaux
Rapports dentocutanés sagittaux
Lors du sourire, les incisives supérieures doivent être visibles
L’inclinaison coronovestibulaire des incisives, des canines et des sur toute leur hauteur, et la ligne festonnée de la gencive margi-
prémolaires supérieures est un élément essentiel du sourire dont la nale doit être apparente. Les dents les plus dégagées font partie
perception esthétique dépend de l’épaisseur de la lèvre supérieure, du groupe incisivocanin supérieur ; le sourire franc découvre
du front, du menton, des pommettes. généralement les premières prémolaires supérieures et de façon
inconstante la seconde prémolaire et la cuspide mésiale de la
Sens vertical première molaire. Le bord libre des incisives inférieures est à
Le recouvrement vertical doit permettre d’assurer un guide peine visible. La ligne des bords incisifs et canins supérieurs
antérieur fonctionnel. Il est défini comme étant égal à 2 mm ou un doit suivre la courbe formée par la lèvre supérieure lors du sou-
tiers de la couronne. Cet objectif est modulé en fonction de la posi- rire. Le découvrement excessif de la gencive attachée supérieure,
tion du stomion, évolutive avec l’âge, qui guide le praticien dans qualifié de sourire gingival, est la plupart du temps associé à un
la valeur de l’ingression acceptable. La ligne des collets est har- recouvrement des incisives maxillaires par la lèvre inférieure.
monieuse sans dénivellation parodontale. L’alignement des bords Avec l’âge, par contre, les incisives mandibulaires deviennent
libres doit respecter le parallélisme entre l’arc incisivocanin maxil- de plus en plus visibles et l’analyse esthétique du praticien
laire et l’arc de Cupidon. L’absence de triangle noir disgracieux est doit se faire de façon dynamique en observant attentivement
indispensable. cette zone [19] .
A B C
D E F
G H
Figure 3. Patiente présentant une classe II squelettique sur un schéma de croissance hypodivergent avec une symphyse marquée. Ce profil est un profil à
risque représentant un facteur de complication d’un point de vue esthétique lors du traitement chirurgical d’avancée mandibulaire.
A à C. Iconographies exobuccales avant traitement.
D à F. Iconographies endobuccales de début de traitement.
G, H. Examens radiologiques : orthopantomogramme (G) et téléradiographie de profil (H).
I J K
L M N
O P
Figure 3. (suite) Patiente présentant une classe II squelettique sur un schéma de croissance hypodivergent avec une symphyse marquée. Ce profil est un
profil à risque représentant un facteur de complication d’un point de vue esthétique lors du traitement chirurgical d’avancée mandibulaire.
I à K. Iconographies exobuccales de la même patiente après traitement chirurgico-orthodontique. L’amélioration esthétique réside en l’équilibre des dimen-
sions de la face dans les trois sens de l’espace.
L à N. Iconographies endobuccales de fin de traitement.
O, P. Examens radiologiques de fin de traitement : orthopantomogramme (O) et téléradiographie de profil (P).
Sens transversal Un décalage des points interincisifs par rapport à ce plan est
toutefois mieux toléré qu’une obliquité dans le sens transversal
On retrouve au niveau alvéolodentaire la notion de symétrie
de l’axe interincisif [20] .
qui doit exister entre les milieux interincisifs maxillaire et man-
dibulaire et le plan sagittal médian. Dans les cas de coronoplastie
par addition ou soustraction, le praticien peut se référer à des Notions d’esthétique dentaire
guides cliniques pour ménager l’espace dévolu à la reconstruc-
Dans l’aspect esthétique, la taille et la forme des dents ont une
tion. L’esthétique dans le sens transversal doit prendre en compte
importance prépondérante qui justifie le travail en équipe pluri-
la taille, la forme et la position des dents. Le recours à une réhabili-
disciplinaire pour la réhabilitation du sourire. Celle-ci ne peut être
tation prothétique dans le cas d’agénésie ou d’anomalie de forme
satisfaisante sans individualisation de la prise en charge en fonc-
doit être intégré dans le plan de traitement et s’inscrit alors dans
tion de l’âge, du sexe, du tempérament, de la possibilité éventuelle
les critères de finition du traitement orthodontique.
de compromis prothétique.
un offset prémolaire et un offset molaire. Ces déformations stabilité. Les contacts cuspide d’appui-crêtes marginales ou embra-
permettent de compenser les différences de diamètre vestibu- sure interdentaire sont assurés quant à eux par deux points.
lolingual des dents de chaque arcade. Ricketts décrit des points
Sens sagittal
relatifs à la position des dents sur l’arcade. Le pont d’émail de
la première molaire maxillaire et la pointe canine opposée sont La classification communément utilisée est celle d’Angle. Les
situés sur la même ligne. La canine est en légère rotation distale. critères de finition dépendent de l’objectif occlusal recherché,
• Les déformations du 2e ordre définissent les critères de finition classe I dentaire ou traitement de compromis thérapeutique.
Au niveau molaire. Toutes les dents mandibulaires occupent
dans le plan vertical. Toutes les crêtes marginales doivent être
une position mésiale d’une demi-cuspide par rapport aux dents
situées au même niveau, d’où l’importance de la précision et de
maxillaires. La cuspide mésiovestibulaire de la première molaire
la qualité de positionnement des attaches lors du collage. Au
maxillaire est en contact avec le sillon mésiovestibulaire de
maxillaire, le retrait du bord libre de l’incisive latérale de 0,5 mm
la première molaire mandibulaire. Ricketts qualifie de « superbe
par rapport à l’incisive centrale doit faciliter le glissement de
occlusion » l’articulation du pan distal de la cuspide vestibulaire
la canine lors des mouvements de latéralité. À la mandibule, de la seconde prémolaire supérieure avec le pan mésial de la cus-
la canine fait saillie de 0,5 mm, par rapport aux incisives, de pide mésiovestibulaire de la première molaire inférieure. Pour
façon sensiblement identique à la cuspide distovestibulaire de Andrews, le pan distal de la cuspide distovestibulaire de la pre-
la seconde molaire. La courbe de Spee est presque plate. Pour mière molaire maxillaire doit s’articuler avec le pan mésial de
Tweed, en fin de traitement, les dents sont inclinées en prépara- la cuspide mésiovestibulaire de la seconde molaire mandibulaire,
tion d’ancrage et donc en désocclusion postérieure ; c’est après d’où la nécessité de l’inclinaison coronomésiale de la première
la dépose de l’appareil que l’occlusion des dents s’améliore, molaire maxillaire (clé n◦ 1 d’Andrews).
phénomène qualifié de recovering. Au niveau incisif. Le surplomb entre les incisives supérieures
• Les déformations du 3e ordre correspondent aux mouvements et les incisives inférieures doit être de 2,5 mm pour Ricketts. Pour
de torque. Ces critères déterminent l’inclinaison vestibulolin- Tweed, l’incisive inférieure devrait être, en fonction du sens verti-
guale des dents. L’arcade maxillaire doit être différenciée de cal, à 87◦ par rapport au plan mandibulaire sur un schéma moyen.
l’arcade mandibulaire où les torques sont antagonistes. Pour L’angle d’ouverture intercoronaire, c’est-à-dire l’espace libre entre
apporter un torque radiculaire adéquat à l’arcade supérieure, la face vestibulaire de l’incisive inférieure et la face linguale de
le maxillaire doit être suffisamment large. Lorsque ce n’est l’incisive supérieure, est une condition nécessaire pour une fonc-
pas le cas, le contact avec la corticale osseuse ne permet pas tion atraumatique selon Slavicek [22] .
l’incorporation d’une valeur appropriée du torque. Cela peut Pour Philippe, le facteur le plus important est l’orientation de la
conduire à des interférences des cuspides palatines lors des face palatine de l’incisive centrale maxillaire. C’est une position
mouvements de latéralité et compromettre l’occlusion fonc- idéale qui permet d’assurer stabilité et esthétique. Concernant
tionnelle et donc la stabilité du résultat. À l’arcade maxillaire, l’incisive inférieure, sa position varie selon les auteurs. Pour
les valeurs de torque recherchées sont de 22◦ pour l’incisive Tweed, elle est en relation avec le sens vertical. Pour Steiner, idéa-
centrale et de 14◦ pour l’incisive latérale dans le sens radicu- lement, i/NB = 4 mm (25◦ ) alors que pour Ricketts, i/A-Pog = 1 mm
lopalatin, la valeur du torque canin varie selon les auteurs et (22◦ ). Pour Slavicek, la perpendiculaire à l’incisive inférieure doit
les techniques de 0 à 7◦ , alors que le torque radiculovestibulaire passer dans la région de l’axe charnière. Pour Langlade, la posi-
est progressif dans les secteurs latéraux. Au niveau du secteur tion des incisives maxillaires et mandibulaires s’individualise en
incisif, l’inclinaison vestibulolinguale influence directement le fonction de la typologie.
degré de surplomb et de recouvrement ainsi que l’alignement Au niveau canin. L’objectif thérapeutique est l’obtention
des couronnes dentaires dans le sens vertical. À l’arcade man- d’une classe I d’Angle. Pour Slavicek, l’inclinaison coronovestibu-
dibulaire, le torque antérieur est individualisé en fonction de la laire des canines garantit une fonction optimale et une protection
technique et du cas alors que le torque radiculovestibulaire est efficace contre les traumatismes parafonctionnels en latéralité.
progressif de la canine à la seconde molaire.
Sens transversal
Pour Slavicek [22] , des principes sont à respecter. Au maxillaire,
les surfaces palatines de guidage des dents antérieures et leurs L’arcade supérieure circonscrit l’arcade inférieure de la valeur
variations morphologiques jouent un rôle prépondérant pour d’une demi-cuspide. Les milieux interincisifs coïncident avec le
garantir une fonction antérieure atraumatique. Le pont d’émail plan sagittal médian. Pour Riedel et Decker, le respect des dis-
de la première molaire joue un rôle de barrière contre la rétrusion, tances intercanines et intermolaires est indispensable pour éviter
en limitant distalement la fosse médiane qui reçoit, en classe I, la les récidives. D’autres auteurs estiment que l’expansion est stable
au niveau prémolaire.
cuspide centrale de la première molaire mandibulaire. À la man-
dibule, le bord incisif inférieur, indépendamment du contexte Sens vertical
squelettique, est situé un peu en avant du plan A-Pog. L’anatomie Les dents antagonistes en contact déterminent la dimension
de la première molaire détermine avec son antagoniste les excur- verticale d’occlusion. Le recouvrement antérieur doit être égal à
sions mandibulaires. 2 mm ou à un tiers de la hauteur coronaire de l’incisive maxillaire.
Il doit être mis en relation avec la pente condylienne, la courbe
de Spee et la hauteur cuspidienne des dents postérieures selon la
Rapports interarcades [29–31] quinte de Hanau. L’angle interincisif est évalué entre 130 et 140◦
Les rapports entre les arcades maxillaire et mandibulaire en selon la typologie faciale.
position d’intercuspidation maximale (PIM) sont définis dans les Les critères occlusaux de fin de traitement varient, pour la plu-
trois sens de l’espace. À la fin du traitement, le patient doit être part, selon les auteurs. Il semble nécessaire que cette occlusion
en parfait équilibre occlusal, caractérisé par des contacts puncti- soit construite en fonction de la dysmorphie initiale et des risques
formes, de même intensité et en nombre maximal pour assurer la de récidive. Une surcorrection dans le sens vertical tel un recou-
répartition des forces occlusales sur l’ensemble de l’appareil man- vrement augmenté dans les cas de béances, ou une hyperclasse I
ducateur et éviter l’apparition de malpositions. En effet, chaque molaire dans le sens sagittal, peut être envisagée pour permettre
malposition peut être à l’origine d’interférences amenant la man- l’obtention d’un résultat plus satisfaisant à moyen et long terme.
dibule à trouver une position de convenance excentrée. Chaque
dent reçoit alors de son antagoniste une force anormalement diri- Occlusion dynamique [23, 30–34]
gée, ce qui peut conduire à la réapparition de malocclusion.
La qualité de l’équilibre occlusal statique est fonction du Ash et Ramfjord définissent l’occlusion fonctionnelle comme
nombre et de l’harmonie des points de contacts interden- une occlusion favorable à la fonction qui se réfère à un état
taires. Selon Lejoyeux, chaque dent de l’arcade est en rapport de l’occlusion conduisant à une fonction harmonieuse. Ces
avec deux dents de l’arcade antagoniste, hormis l’incisive cen- auteurs font la différence entre cette occlusion physiologique et
trale mandibulaire et les dents de sagesse supérieures. Les l’occlusion « idéale » qui est un but théorique à atteindre indépen-
contacts cuspides d’appui-fosse, tripodiques, assurent une parfaite damment des possibilités thérapeutiques réelles.
Cinématique mandibulaire les postérieurs. Ainsi, les prémolaires et molaires jouent un rôle
dominant et soulagent les incisives et les canines. Au cours des
La connaissance de la cinématique mandibulaire est indispen-
latéralités, la canine, dont le seuil proprioceptif est très bas, est
sable pour une bonne compréhension de l’occlusion dynamique.
le seul guide côté travaillant permettant une désocclusion totale
L’articulation temporomandibulaire est une articulation char-
et immédiate des secteurs postérieurs. En propulsion, toutes les
nière, comportant une pièce mobile : la mandibule. Cette
dents antérieures servent de guides, aidées ou non de la face ves-
conformation autorise une infinité de mouvements mandibu-
tibulaire de la première prémolaire mandibulaire contre la face
laires, de combinaison de contacts et de glissements des dents
distale de la canine maxillaire.
mandibulaires sur les dents maxillaires.
Concept de l’occlusion myocentrée de l’école fonctionnaliste
Propulsion–rétropulsion
Les auteurs qui défendent ce point de vue attribuent au sys-
Il s’agit du mouvement développé dans le plan sagittal médian
tème neuromusculaire le rôle fondamental de l’établissement de
et défini par Ackermann sous le nom de mouvement incisif. C’est
l’occlusion. En relation centrée, lors des mouvements de latéralité,
le trajet qu’effectue la mandibule quand l’incisive inférieure glisse
le guidage se fait par la canine, la cuspide vestibulaire des prémo-
sur les faces palatines des incisives supérieures depuis la PIM,
laires et la cuspide mésiodistale de la molaire mandibulaire. Aucun
jusqu’au bout à bout incisif. Le point interincisif mandibulaire
contact ne doit exister du côté non travaillant. La propulsion est
décrit alors une trajectoire en losange asymétrique lors des mou-
guidée par le groupe incisivocanin.
vements extrêmes. Le point le plus postérieur correspond alors à
la position physiologique de rétrusion maximale de l’articulation. Principe de l’occlusion balancée
Si l’occlusion d’intercuspidation maximale (OIM) correspond à ce Le guidage au cours des mouvements excentrés du côté tra-
point, tous les mouvements postérieurs sont exclus. D’un point de vaillant se fait avec une intensité décroissante de l’avant vers
vue thérapeutique, il est plus simple de concevoir une occlusion l’arrière alors que simultanément, du côté balançant, des contacts
dans la limite postérieure. diminuant d’arrière en avant étayent ce mouvement. Le mou-
Ouverture–fermeture vement de propulsion pure requiert la participation du guide
antérieur et d’appuis situés le plus postérieurement possible.
Il s’agit d’un mouvement de charnière pure, possible dans cha-
Dans les dernières recommandations de la Haute Autorité de
cune des positions de translation mandibulaire.
santé, en décembre 2003, il est considéré, par consensus, qu’en
Diduction l’absence de pathologie de l’articulation temporomandibulaire,
Ce mouvement centripète asymétrique entraîne le condyle non le mouvement de fermeture doit se faire sans interférence et
travaillant vers la ligne médiane. Lors de ce mouvement, la man- être rectiligne, la distance entre les positions d’intercuspidation
dibule se déplace vers le côté travaillant selon le mouvement de maximale et l’occlusion centrée ne devrait pas être supérieure à
Benett. 2 mm. Les concepts occlusaux classiques, essentiellement décrits
en thérapeutique prothétique, n’ont pas démontré leur validité
Équilibre dynamique et quint de Hanau en orthopédie dentofaciale. Enfin, selon ces experts, il existe
Hanau détermine les cinq facteurs qui entrent en jeu dans une multitude d’occlusions possibles non pathogènes et efficaces.
l’équilibre occlusal en dynamique : la pente condylienne, la pente Chaque praticien doit donc tenir compte des données actuelles
incisive, la hauteur cuspidienne, la profondeur de la courbe de de la science tout en individualisant chaque cas.
Spee, l’inclinaison de la courbe d’occlusion.
C’est l’interdépendance entre ces éléments qui assure l’équilibre
occlusal dynamique. Selon Thielemann, l’équilibre occlusal peut Occlusions individualisées et occlusions
se résumer par cette équation : thérapeutiques
(PC + PI) / (CO + HC + PO) = équilibre occlusal La complexité de certaines situations cliniques ou l’absence de
certaines dents, agénésies, ou dents extraites, ont parfois pour
La pente incisive, qui sert de guide lors du mouvement de conséquence l’orientation du praticien vers des compromis occlu-
propulsion, doit être plus inclinée que la hauteur cuspidienne saux. Les objectifs de ces traitements et leurs critères de finition
molaire afin de ne pas générer d’interférence. La pente condy- doivent nécessairement correspondre à des critères esthétiques
lienne participe aussi à la désocclusion des dents postérieures ; et fonctionnels acceptables. L’obtention de ce type d’occlusion
elle est étroitement liée à la courbe de Spee. Ainsi, d’un point nécessite une équilibration occlusale systématique.
de vue thérapeutique, une courbe de Spee profonde, une faible
pente condylienne, ou encore des cuspides molaires et pré- Traitements avec extraction de quatre
molaires saillantes impliquent une augmentation de la pente
prémolaires
incisive. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de niveler la courbe
de Spee quand la pente incisive est prononcée, les dents cuspi- L’objectif d’un traitement est l’obtention d’une classe I molaire
dées émoussées ou encore que la pente condylienne est forte. et canine. Cette solution thérapeutique répond à une situation
Ces critères dynamiques sont donc étroitement associés mais il de DDM où l’encombrement, le repositionnement incisif ou le
ne faut pas oublier que la courbe de Spee et la pente incisive nivellement de la courbe de Spee nécessitent un espace supérieur à
viennent souvent compenser des décalages squelettiques. Il existe l’espace disponible. Le choix du site d’extraction a des conséquen-
un lien étroit entre l’architecture dentoalvéolaire et les bases ces différentes en ce qui concerne la qualité du point de contact
osseuses. Ainsi, la suppression des compensations dentoalvéo- de part et d’autre de la dent extraite et la continuité de la hauteur
laires par un traitement purement orthodontique peut amener des collets. La mise en place des dents de sagesse sur l’arcade doit
à des récidives si le schéma squelettique pathologique n’a pas été faire partie des objectifs de traitement afin de ne pas créer une
corrigé. réduction trop importante du matériel dentaire ; le contrôle du
La connaissance du déroulement de ces mouvements est fonda- parallélisme des axes est primordial.
mentale, car il conditionne les rapports entre les dents maxillaires
et mandibulaires. Les déplacements des bords libres et des pentes Extractions de deux prémolaires maxillaires
cuspidiennes par rapport aux dents antagonistes sont synchrones (14/24 ou 15/25)
des mouvements articulaires. Pour Slavicek, la morphologie occlu-
sale fige la fonction de la dent antagoniste. Cette situation peut être envisagée dans certains cas de classe
II dentaire dont l’arcade mandibulaire ne présente pas de signe
d’encombrement, à l’issue d’un diagnostic complet. Elle va abou-
Différents concepts occlusaux
tir à l’obtention d’une classe II thérapeutique.
Concept gnathologique : point centric (école mécaniste) D’un point de vue statique, la stabilité interarcade est amoindrie
Il repose essentiellement sur le principe du guidage canin. par réduction du nombre de points de contacts et la diminu-
En relation centrée, les contacts antérieurs sont plus légers que tion de la qualité de coordination transversale entre les arcades. Il
existe un risque de rotation des premières molaires maxillaires. Extraction d’une incisive mandibulaire
Les verrous de la position centrée sont perdus et les rapports chez l’adulte
cuspides–fosses centrales au niveau des premières molaires sont
remplacés par des cuspides–embrasures ou fosses crêtes margi- Ce type de compromis peut être envisagé dans des cas
nales. Dans le cas d’extraction des 15/25, une DDD peut apparaître d’encombrement incisif qui ne justifient pas d’extraction de
entre la cuspide vestibulaire de la prémolaire maxillaire, souvent prémolaires. Cela reste un compromis occlusal dont les incon-
globuleuse, et la fosse mésiale ou embrasure mésiale de la seconde vénients sont nombreux. Les conséquences sont, en effet, une
prémolaire mandibulaire. perte d’alignement des milieux interincisifs ainsi que la création
D’un point de vue dynamique, la désocclusion recherchée d’une DDD antérieure par excès maxillaire pouvant accentuer
lors de la propulsion est obtenue correctement. En latéralité un surplomb vertical. Le contrôle parodontal est indispensable
travaillante, en revanche, l’échappement de la cuspide mésiopa- pour éviter une situation de perte osseuse contre-indiquant un
latine de la première molaire maxillaire se produit au niveau de déplacement des dents adjacentes dans la zone édentée. Cette
l’embrasure entre la seconde prémolaire et la première molaire dysharmonie peut être en partie solutionnée par la possibilité
mandibulaire. Ce passage peut être facilité par l’ajout de torque de réduction amélaire maxillaire contrôlée et adéquate. Ce type
radiculovestibulaire sur la première molaire maxillaire. Une pro- de traitement nécessite, comme l’ensemble des thérapeutiques
tection canine avec désocclusion immédiate est indispensable et concernant les adultes, une contention fixe à caractère définitif
le contrôle des affrontements cuspidiens lors des excursions man- (Fig. 5).
dibulaires doit être systématisé.
Agénésie des incisives latérales maxillaires traitée
Extractions de deux prémolaires mandibulaires par fermeture d’espace
(34/44 ou 35/45) [35]
Cette option thérapeutique, envisageable dans certaines situa-
Ce choix thérapeutique correspond à des situations cliniques tions cliniques, aboutit à des rapports de classe II canine. Lorsque
bien définies. L’occlusion obtenue dite « occlusion thérapeutique la morphologie canine permet une coronoplastie acceptable au
de classe III molaire » est également un compromis occlusal. niveau esthétique et fonctionnel, la canine doit être meulée au
Les rapports de classe I canine sont conservés, mais, là encore, la niveau palatin en une surface concave permettant de reconsti-
réduction globale du nombre de points de contact et leur disposi- tuer la pente incisive, et la prémolaire est remodelée en canine
tion plus défavorable amoindrissent la stabilité de cet ajustement. par addition de composite et effacement de la cuspide palatine.
Les rapports de classe III molaire se produisent avec une occlu- Le choix d’une fonction de groupe en latéralité peut être égale-
sion où la cuspide palatine de la seconde prémolaire maxillaire se ment envisagé. Le contrôle du torque de la prémolaire, pouvant
trouve dans la fosse centrale de la première molaire mandibulaire, s’avérer nécessaire pour effacer la cuspide palatine, est impératif
alors que la première molaire maxillaire est en affrontement avec afin d’éliminer tout risque de fenestration vestibulaire. Les rap-
la seconde molaire dont les dimensions sont réduites. En latéralité, ports d’occlusion molaire dépendent de l’option thérapeutique
travaillante et non travaillante, la cuspide mésiopalatine de la pre- choisie. Ils sont, sans extraction compensatrice, de classe II. Dans
mière molaire maxillaire entre en conflit avec les cuspides mésiales un but esthétique, la zone de brillance vestibulaire de la canine
de la seconde molaire mandibulaire. Les ajustements occlusaux est effacée.
nécessaires sont nombreux.
• Au niveau de la première molaire maxillaire :
◦ approfondissement de la fosse centrale ;
◦ aménagement du pont d’émail ;
Autres critères de finition [36]
observation attentive, en début, en cours et en fin de traitement buccale. Cette rééducation, confiée à des kinésithérapeutes spé-
de la ventilation, de la déglutition, de la mastication et de la pho- cialisés, nécessite un travail quotidien pendant plusieurs mois.
nation permet de réduire les causes de récidive dans la mesure où
les fonctions sont rééduquées. Déséquilibre musculaire d’ordre anatomique
Ainsi, lors de l’examen clinique, l’orthodontiste doit différen-
et postural
cier les perturbations irréductibles (adaptation physiologique à
un système nerveux central défectueux ou à un trouble anato- La prise en charge va concerner le volume lingual, qui peut être
mique) des perturbations présentant des possibilités d’évolution diminué par rééducation en tonifiant les muscles de la langue, la
spontanée ou après rééducation (adaptation physiologique à un position et l’insertion des freins linguaux et labiaux.
trouble de maturation psychologique qui entraîne la persistance La position de la langue au repos doit être correcte à la fin
d’habitudes infantiles). Le rétablissement neuromusculaire est du traitement. La pointe de la langue repose sur la papille rétro-
donc inclus dans les critères de finition. La récidive peut être due à incisive et son inclinaison postéro-inférieure en direction pharyn-
la persistance de pressions musculaires anormales buccales et/ou gée dégage le carrefour aérien supérieur. Toute posture linguale
péribuccales, en fonction ou au repos. Il existe peu de chances atypique au repos est responsable de récidives. Selon Fournier,
de réussir, si nous ne parvenons pas à éliminer les troubles fonc- si une langue en mauvaise position n’engendre pas forcément
tionnels. L’orthodontiste, dont un des objectifs est de rétablir de dysmorphose ni de dysfonction, à l’inverse, l’existence d’une
l’équilibre des bases osseuses, va influencer et modifier l’équilibre malocclusion est toujours associée à une mauvaise position de la
neuromusculaire donc la fonction. Le but de la rééducation fonc- langue. Une langue trop basse est souvent à l’origine de récidive
tionnelle est d’obtenir l’automatisation de la position de la langue, de classe III ou de réouverture d’espaces d’extractions. Une langue
de la déglutition mature, de la ventilation nasale lorsqu’elle était trop haute entraîne des récidives de classe II. Lorsqu’elle prend
A B C
D E F
G H
Figure 5. Patiente adulte présentant une déviation marquée du menton à droite dans un contexte de classe I squelettique.
A à C. Iconographies exobuccales de début de traitement.
D à H. Iconographies endobuccales de début de traitement. L’encombrement des deux arcades est important. L’occlusion de classe III dentaire subdivision
gauche correspond à la déviation du milieu mandibulaire, égale à une dent, les arcades sont en occlusion inversée au niveau du secteur 1 et sur la 24. La
forme d’arcade maxillaire est asymétrique et la déviation mandibulaire, squelettique et fonctionnelle, occasionne une déviation du menton, inesthétique,
dans l’analyse exobuccale. L’environnement parodontal des canines maxillaires est défavorable.
I J
K L M
N O P
Figure 5. (suite) Patiente adulte présentant une déviation marquée du menton à droite dans un contexte de classe I squelettique.
I, J. Examens radiologiques de début de traitement : orthopantomogramme (I) et téléradiographie de profil (J).
K à N. Iconographies exobuccales de fin de traitement. La déviation du menton a été corrigée de façon satisfaisante par le traitement orthodontique.
O à S. Iconographies endobuccales de fin de traitement. Le traitement aboutit à un compromis occlusal satisfaisant d’un point de vue esthétique et fonctionnel.
Extraction d’une incisive associée à une prise en charge multiattache bimaxillaire en technique linguale. Un renforcement parodontal indispensable préalable
par greffe conjonctive enfouie sur la 23 a permis la réhabilitation de l’intégrité parodontale nécessaire pour le traitement.
Q R S
Figure 5. (suite) Patiente adulte présentant
une déviation marquée du menton à droite dans
un contexte de classe I squelettique.
O à S. Iconographies endobuccales de fin de trai-
tement. Le traitement aboutit à un compromis
occlusal satisfaisant d’un point de vue esthétique
et fonctionnel. Extraction d’une incisive associée
à une prise en charge multiattache bimaxillaire
en technique linguale. Un renforcement parodon-
tal indispensable préalable par greffe conjonctive
enfouie sur la 23 a permis la réhabilitation de
l’intégrité parodontale nécessaire pour le traite-
ment.
T, U. Examens radiologiques de fin de traitement :
orthopantomogramme (T) et téléradiographie de
profil (U).
T U
appui sur les incisives maxillaires et que les orbiculaires sont peu seule voie ventilatoire physiologique, la voie orale n’est qu’une
toniques, il y a une tendance à la récidive de classe II.1. À l’inverse, voie complémentaire, ou de substitution en cas de besoin accru
si la langue a plutôt un appui distal avec des orbiculaires très actifs, de ventilation ou d’obstruction nasale.
la récidive se fait dans le sens de la classe II.2. La phonation est un acte volontaire ayant une influence rela-
Le sillon labiomentonnier doit être présent sans contraction tive sur les positions dentaires et la récidive après traitement. Les
trop importante. pressions linguales émises lors de la phonation sont plus légères
La tonicité labiale doit être suffisante pour compenser la pous- que lors de la déglutition. Selon Netter [44] , la plupart des anoma-
sée linguale. Tout déséquilibre entre les deux groupes musculaires lies de phonation ne retentissent sur la morphologie alvéolaire
antagonistes (langue et lèvres) entraîne des récidives. Une rétro- que si l’environnement musculaire est déjà déséquilibré, et sont
alvéolie des incisives maxillaires peut être la conséquence d’une souvent associées à une déglutition atypique.
hypertonicité de la lèvre supérieure. À l’inverse, une hypotonicité En fin de traitement, toutes les dysfonctions doivent avoir été
favorise la proalvéolie. corrigées.
La position des lèvres est également importante dans la stabi-
lité dentoalvéolaire. Une lèvre inférieure bien positionnée peut
s’opposer à la récidive d’une égression de l’incisive supérieure. Conclusion
Il est essentiel de faire le diagnostic d’une asymétrie générale de
la posture ou de la démarche car celle-ci peut se répercuter sur la Si Historiquement de nombreux concepts se sont succédés
sphère orofaciale et entraîner une croissance dysharmonieuse. concernant les critères de finition et leur importance pour éviter
les phénomènes de récidive, il paraît désormais indispensable de
tenir compte de l’ensemble de ces facteurs de façon concomitante.
Déséquilibre musculaire d’ordre fonctionnel [43] La recherche d’une occlusion idéale ne peut être un concept sys-
Les différentes fonctions de la sphère orofaciale jouent un rôle tématisé mais doit correspondre à une réalité clinique adaptée au
morphogénétique sur les arcades dentaires. Certains facteurs sont schéma squelettique, à l’âge, aux facteurs dentaires intrinsèques
à l’origine de dysfonctions ou parafonctions et donc de perturba- et au contexte neuromusculaire de chaque patient. Le respect de
tions de cet équilibre fonctionnel. ces critères de finition doit rester un guide thérapeutique pour le
Comme la déglutition, la ventilation joue un rôle fondamen- praticien en lui permettant de pratiquer une orthodontie la plus
tal sur la stabilité postorthodontique car elle influence la posture objective possible. En effet, la relation indiscutable qui existe entre
linguale et de ce fait, la morphologie des bases osseuses. Dans les critères occlusaux, fonctionnels, plus aisés à quantifier, et les
des conditions normales et dès la naissance, la voie nasale est la critères esthétiques dont l’appréciation est plus délicate doit faire
éviter une approche subjective qui pourrait s’avérer préjudiciable. [18] Janzen EK. A balanced smile - a most important treatment objective.
Enfin, en ce qui concerne le traitement des adultes, si la notion Am J Orthod 1977;72:359–72.
de compromis peut être envisagée d’un point de vue occlusal, [19] Zachrisson BU. Esthetic factors involved in anterior tooth display and
esthétique ou dans des compensations de dysmorphies squelet- the smile: vertical dimension. J Clin Orthod 1998;32:432–45.
tiques raisonnées, elle demeure impossible et pourrait s’avérer [20] Kokich VO, Kiyak HA, Shapiro PA. Comparing the perception of
délétère en ce qui concerne les exigences parodontales. dentists and lay people to altered dental esthetics. J Esthet Dent
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Rambour J, Canal P, Piguet G, Delsol L. Critères de finition. EMC - Médecine buccale 2013;8(5):1-13
[Article 28-660-R-10].
Toute référence à cet article doit porter la mention : Rambour J, Canal P, Piguet G, Delsol L. Critères de finition. EMC - Odontologie/Orthopédie Dentofaciale
2013;8(4):1-13 [Article 23-498-A-30].
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5 iconographies supplémentaires
Iconosup 6
Correction après débaguage d'une dysharmonie dentodentaire liée à la forme des incisives latérales maxillaires.
a à c. Vues endobuccales après débaguage.
d à f. Vues endobuccales après addition de composite sur les incisives latérales maxillaires.
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Iconosup 7
Patient présentant une classe II.2 dentaire sur un schéma squelettique de classe II, associée à des signes de rotation mandibulaire
antérieure.
a à c. Iconographies exobuccales de début de traitement.
d à f. Iconographies endobuccales de début de traitement. La classe II dentaire est symétrique d'environ 4 mm et le recouvrement
vertical est fortement augmenté. La position de la mandibule est verrouillée en position postérieure.
g, h. Examens radiologiques de début de traitement : orthopantomogramme (g) et téléradiographie de profil (h).
i à k. Iconographies exobuccales de fin de traitement.
l à n. Iconographies endobuccales de fin de traitement. Les critères de finition sont respectés dans les trois sens de l'espace.
o, p. Examens radiologiques de fin de traitement : orthopantomogramme (o) et téléradiographie de profil (p).
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Iconosup 8
Patiente présentant une classe II dentaire sur un schéma squelettique de classe II normodivergent. L'option thérapeutique retenue
est un traitement multiattache avec extraction de quatre prémolaires.
a à e. Iconographies de début de traitement.
f, g. Examens radiologiques de début de traitement : orthopantomogramme (f) et téléradiographie de profil (g).
h à j. Iconographies exobuccales de fin de contention.
k à m. Iconographies endobuccales de fin de contention.
n à u. Moulages de fin de contention. L'occlusion palatine satisfait les critères de finition.
v, w. Examens radiologiques de fin de traitement : orthopantomogramme (v) et téléradiographie de profil (w).
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Iconosup 9
Patiente présentant une classe II dentaire sur un schéma squelettique de classe II normodivergent. L'option thérapeutique retenue
est un traitement multiattache avec extraction de quatre prémolaires : résultat 15 ans après la fin de la contention.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 10/12/2013 par CERIST ALGERIE (353213)
a, b. Iconographies exobuccales 15 ans après la fin de la contention.
c à e. Iconographies endobuccales 15 ans après la fin de la contention.
f à i. Moulages représentant l'occlusion stable après 15 ans.
j, k. Examens radiologiques 15 ans après la fin de la contention. orthopantomogramme (j) et téléradiographie de profil (k).
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Iconosup 10
Patiente adulte présente une parodontite sévère. La prise en charge parodontale permet le traitement orthodontique en phase de
thérapeutique parodontale de soutien. La classe II squelettique est conservée ainsi que les rapports latéraux de classe II molaire.
L'objectif de ce traitement est une correction des migrations secondaires à la parodontite afin de pouvoir réaliser une contention à
visée parodontale.
a à c. Iconographies exobuccales de début de traitement.
d à h. Iconographies endobuccales de début de traitement.
i, j. Examens radiologiques de début de traitement : orthopantomogramme (i) et téléradiographie de profil (j).
k à m. Iconographies exobuccales de fin de traitement. L'amélioration du profil réside en la restauration de la fermeture labiale non
forcée, l'esthétique du sourire est conforme aux objectifs de traitement initiaux.
n à r. Iconographies endobuccales de fin de traitement. Le traitement orthodontique consistant en un compromis occlusal a permis
la réalisation d'une attelle coulée collée après avoir corrigé les migrations dentaires. Le support parodontal est sain et a été
renforcé en cours de traitement par une greffe gingivale libre sur l'incisive centrale mandibulaire gauche. Les critères de finition
esthétiques occlusaux et parodontaux sont respectés.
s, t. Examens radiologiques de fin de traitement : orthopantomogramme(s) et téléradiographie de profil (t).
Cliquez ici
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