Vous êtes sur la page 1sur 22

Extrait de la publication

Extrait de la publication
Extrait de la publication
Extrait de la publication
LA GRACE HUMAINE
DU MÊMEfAUTEUR

Romans

LES Ëtonnements DE GUILLAUME Francœur.


I. L'Irrésistible (N.R.F.).
II. CAMP VOLANT (N.R.F.).
III. LE CONCOURS DE GRIMACES (à paraître).
LA GRACE HUMAINE (N.R.F.).
En préparation
L'EMBARQUEMENT POUR CYTHÈRE.

Essais

VAL DE GRACE, Ed. du Carrefour (épuisé).


ACCENT GRAVE (à paraître).

Voyages
LES VOYAGEURS TRANSFIGURÉS (N.R.F., édit. Une
Œuvre, un Portrait, avec un portrait par Sahat)
SPECTACLES, Fabre, éd. (épuisé).
ANNÉES DE VOYAGE DE GUILLAUME Francœur (à
paraître).

Extrait de la publication
ANDRÉ FRAIGNEAU

LA GRACE
HUMAINE

nrr

GALLIMARD

Paris 43, rue de Beaune


Cinquième édition
L'ÉDITION ORIGINALE de cet ouvrage aété tirée à
vingt-trois exemplaires sur alfa des Papeteries Lafuma-
Navarre, dont quinze exemplaires numérotés de 1 à 15
et huit exemplaires hors commerce numérotés de 16à 23.

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adap-


tation réservés pour tous les pays y compris la Russie.
Copyright by Librairie Gallimard, 1938.

Extrait de la publication
à EMMANUEL BOUDOT-LAMOTTE
à qui, je dois la révélation par son admirable,
poétique et si fidèle traduction en langue française,
de l'œuvre du plus grand romancier vivant
Stephen HUDSON.

avec ma reconnaissante amitié.

A. F.
Extrait de la publication
AVERTISSEMENT

Les histoires qui composent ce livre ont


elles-mêmes une histoire, f ort anecdotique,
mais dontj'espère pouvoir tirer ce qu'il est
convenu d'appeler une « morale » et quel-
ques explications sans trop alourdir un ou-
vrage tout dédié aux cœurs d'en f ants ni trop
importuner ses lecteurs.
Au musée d'Olympie, un été, comme nous
sortions, quelques amis et moi, de la salle où
nous venions d'admirer l'Hermès de Praxi-

tèle, un groupe de visiteurs conduits par une


dame échevelée, de nationalité confuse, et sans
doute spécialiste de questions d'art, entra, que

Extrait de la publication
LA GRACE HUMAINE

nous croisâmes dans la porte. La dame-guide


tendant l'index vers la statue sublime cria à

l'intention de sa clique « Je vais vous mon-


trer pourquoi Il n'est pas bon »
Je prévoyais trop ce que pouvait objecter
cette créature laide et perdue de théories
abstraites, à la grâce pure et sim ple du dieu
nu. Je ne la suivis pas pour écouter ses expli-
cations techniques, ce que f irent pourtant mes
amis. Bientôt d'ailleurs, les éclats de rire, les
insolences et les f arandoles d'une jeunesse dé-
cidée à venger le chef -d' œuvre de tant de bê-
tise prétentieuse, conduisirent la spécialiste,
sa suite, mes camarades et moi-même dans
un grand désordre jusqu'à la sortie du musée
où nous nous retrouvâmes chassés par les gar-
diens. Je continuai à réfléchir « Il est cer-
tain, me dis-je prenant bien entendu le
contre-pied de la technicienne il est certain

Extrait de la publication
LA GRACE HUMAINE

que l'Hermès n'est pas seulement beau, il a


l'air bon pourquoi? Eh! c'est qu'il sourit
avec innocence pour enchanter le petit Dio-
nysos qu'on lui a confié et qu'il tient sur
son bras gauche à la hauteur de son cœur.
Mais, vers quelle promesse perdue au bout du
bras droit, perdu, hélas! de l'Hermès, l'en-
fant Dionysos tend-il ses mains et tout son
visage charmé? Une grappe? Une petite tor-
tue ? ou bien la lyre qu'Hermès inventa pour
la donner ensuite avec négligence à Apollon
l'appliqué? Qu'importe! La statue de l'Her-
mès de Praxitèle est mutilée d'un bras et de

sa promesse incertaine, mais il nous reste la


perfection d'un corps et le sourire d'un visage
où le beau et le bon, comme dans l'unique
adjectifgrec désignant à la-fois ces deux ver-
tus, s'unissent en une seule Grâce qui doit
suf fire à nous combler.
LA GRACE HUMAINE

Cette grâce de l'Instant, il m'apparaît que


les en f ants y sont particulièrement sensibles.
J'ai donc choisi comme témoins de certains
« moments purs » de la vie humaine que j'ai
voulu réunir dans cette suite romanesque, des
enfants, un seul enfant, si l'on veut (et qui
pourrait être Guillaume Francœur), dont
l'âge varie de la treizième à la quinzième an-
née. C'est dans la vie humaine ce que je vou-
drais appeler le Temps de la Transparence'.
Plus tôt, les individus ne me paraissent pas
posséder la mémoire nécessaire; plus tard,
l'adolescence s'abat soudain comme un uni-

f orme moral, aimable ou ridicule suivant


chacun, sombre de couleur, vague de con-
tours, tissé d'inquiétudes, d'aspirations, de va-
nité ou d'humilité excessives. Elle a ravi cha-

cun de nous, parce que comme tout uniforme,


(1) Voir note à la fin du volume.

Extrait de la publication
LA GRACE HUMAINE

elle nous a rassurés. Mais c'en est alors fini


pour le témoignage que je recherche. Un
adolescent ne pense plus qu'à soi-même il
espère, il désespère, déjà! Il n'est plus attentiff
au passage de l'Inespéré.

]' arrête ici ces considérations un peu sèches


et bien involontairement prétentieuses. Un
mot encore sur la f orme de ce livre. Il n'est
pas composé de« nouvelles ». C'est une re-
cherche unique qui m'a conduit à travers des
af fabulations ou des minutes de crise, guère
plus diverses que des chapitres successifsde la
seule histoire d'une vie d'enfant. Aussi, n'ai-
je pas cru devoir étouffer, ou effacer certains
rappels de termes, de couleurs et même de
situations, qui m'ont paru au contraire sus-
ceptibles de ren f orcer une unité profonde
que j'ai ressentie en écrivant et que je dési-
LA GRACE HUMAINE

rerais transmettre au lecteur avec des moyens


considérés jusqu'ici comme plus musicaux que
littéraires, mais pourquoi ne pas reprendre
certains droits à d'autres arts, selon le vœu de
quelques devanciers ?
Enfin, j'ai présenté mes récits de deux fa-
çons, comme deux parties légèrement diffé-
rentes d'un même roman pour séparer non
deux genres d'écriture, mais plutôt deux
« temps » d'inspiration. Ce qui est imprimé
sans titre a été vécu ou pourrait avoir été vécu
par l'auteur. Ce qui suit et porte des titres de
chapitres est né des scrupules d'un écrivain
qui redoute en art les inconvénients du parti-
culier et du trop personnel. Je m'y suis servi
d'un conditionnel assez en faveur auprès de
chacun de nous si j'étais roi? se disait-on au-
trefois. Si j'avais un million? se dit-on aujour-
d'hui. ]' ai osé poursuivre d'autres rêves Si
LA GRACE HUMAINE

j'avais un frère? Si j'avais un f ils? Si j'avais


un père? Le lecteur jugera du résultat. Il me
reste à me targuer d'illustres exemples, et, de
même qu'il fallut le grec Theotocopuli pour
peindre l'Espagne, le français Stendhal pour
être vraiment « Milanese », peut-être sera-t-il
permis à un poète sans père, sans frère et sans
f ils de restituer, aux yeux de ceux qui les pos.
sèdent, la grâce de certains Biens humains,
humbles, lumineux, enviables et tels qu'on
les voit de l'exil.

Mai 1938.

Extrait de la publication
Extrait de la publication
PREMIÈRE PARTIE

«. Toute la mélancolie amère des choses


réelles et toute la paix des choses vraies.»
(Cosima WAGNER
à GOBINEAU, 1880.)

Extrait de la publication
Extrait de la publication
Extrait de la publication
Extrait de la publication

Vous aimerez peut-être aussi