Vous êtes sur la page 1sur 26

Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

CRISE POLITIQUE EN AMÉRIQUE LATINE


ET DANS LA CARAÏBE
- étude de cas : Haïti -

Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Travail de recherche réalisé par :


Coleen Carmasol et Cristofe Montabord

Année universitaire : 2021 / 2022


Promotion : 2A majeure Politique et Gouvernement
Institution : Sciences Po Paris campus de Poitiers

1
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Mots - clés : Haïti - sortie de crise - instabilité politique - crises perpétuelles - mouvements sociaux

Résumé : Dans cet article nous nous questionnons sur une possible sortie de crise en Haïti. Nous
découvrons de nombreux facteurs qui entravent une véritable sortie de crise. Par ailleurs, d’autres
crises sous-jacentes témoignent de la difficulté pour le pays à sortir de ces crises. Un cumul de
situations d’insécurité et d'instabilité qui nourrissent un sentiment d’exaspération partagé par
l’ensemble de la population. Une frustration sociale qui se manifeste par la répression, la violence et
la multiplication des mouvements sociaux. La corruption, la dépendance économique, l’importante
implication d’acteurs internationaux et les crises sanitaires et humanitaires, tout ceci méli-mélo de
crise internes complique la sortie de crise. Le déclin des autorités locales, l’abus de pouvoir des élites
haïtiennes et le transfert de pouvoir et compétences des instances locales vers des organes extérieurs
laissent le champ libre à la mise en place d’un pouvoir autocratique. En somme, la diversité et
l'enchaînement des crises qui bousculent le pays complexifie d’autant plus la possible résolution de
l'instabilité qui ne cesse de s’accroître en Haïti. Toutes ces pistes nous permettent donc d'analyser cette
sortie de crises qui touchent le pays d’Haïti. Finalement, nous nous rendons compte que nous ne
pouvons considérer Haïti comme un pays étant réellement sorti d’une crise.

2
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Sommaire

Introduction : 4

I. Une fragilité démocratique : vecteur d’une non-sortie de crise 7


I.I. Intrusion de la politique locale par des acteurs extérieurs 7
I.II. Vers un pouvoir autocratique ? 9

II. Une lueur d’espoir pour une sortie de crise : la place du peuple 11
II.I. L’espoir à l’aide de mouvements de contestations populaires 11
II.II Une diaspora haïtienne au coeur du débat 13

III. Une économie désastreuse rendant la sortie de crise impossible 15


III.I. La corruption : phénomène central de la crise 15
III.II. La lutte contre la vie chère : l’inflation poison du quotidien 17

IV. Une pluralité de crises noyant l'espoir de la sortie de crise 19


IV.I. Une vulnérabilité grandissante face aux catastrophes naturelles et l’inaction de l’État. 19
IV.II. Des crises sanitaires qui s'engrènent à cause d’un effacement de l’État 21

Conclusion : 23

Analyse supplémentaire : 23

Bibliographie : 24

Sitographie : 25

Annexe : 26

3
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Introduction :

Pouvoir résumer ce travail de recherche à l’aide d’une caricature ? En effet, cette


caricature de Gilles Lafitte dit Lasserpe, dessinateur de presse et de bande dessinée français
montre la situation d'Haïti suite à l’ouragan Matthew qui s’abattait sur l’île le 4 Octobre
2016. Celui-ci a dévasté de nombreuses habitations et infrastructures causant l’enclavement
de certaines zones du pays notamment au sud de l’île, à cela nous pouvons ajouter le bilan
humain catastrophique, en effet, ce sont 546 personnes qui sont mortes lors de ce drame
environnemental. Cependant, lors de cet épisode, les Nations Unies déclarent qu'un million
d’habitants se trouve en situation d’urgence humanitaire, et à cette situation déjà alarmante
s’ajoute une autre flambée de l’épidémie du choléra qui n’avait malheureusement pas été
éradiqué depuis 2010. Le choix de cette caricature et du travail de recherche dans sa globalité
est de démontrer que Haïti subit des crises plurielles qui se rétro alimentent et qui ne
favorisent ou ne permettent même pas d’envisager une sortie de crise pour cet État.

Afin de comprendre plus en profondeur la problématique derrière tout cela, il


convient de décortiquer ce que nous entendons par crises perpétuelles et plurielles. Ici nous
parlons à la fois de crises naturelles ; qui selon l’INSEE serait caractérisé par les
conséquences des catastrophes naturelles elle même caractérisée par l'intensité anormale d'un
agent naturel (inondation, coulée de boue, tremblement de terre, avalanche, sécheresse...) à
cela s’ajoute les crises économiques qui au vu de notre sujet peuvent être caractérisé par des

4
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

taux d’inflation trop élevé ou un niveau de corruption au sein de l’appareil étatique trop
important. De plus, nous pouvons aborder la question des crises sanitaires qui touchent très
particulièrement cette île avec un accès à une vie digne très restreint, en citant les épidémies
de choléra ou encore le zika, la dengue et très récemment le coronavirus. Enfin, aborder la
question des crises politiques avec les tendances autoritaires, et le monopole mis en place par
certains présidents en y ajoutant un système d’engrenage avec la crise économique tel que
l’institutionnalisation de la corruption ou tout simplement cette fragilité démocratique dont le
l’île est victime. Une sortie de crise serait donc les solutions apportées pour sortir de ces
crises telles que l'établissement d’un régime stable, une relance du pouvoir d’achat afin de
pallier la crise économique, tout en réprimant les actes avérés de corruption et ce afin de
favoriser un contexte politique et socio-économique stable pour la population.
Cependant, certains facteurs restent immuables et ne garantissent donc pas un risque
zéro d’une non-rechute vers des crises en tout genre ; c’est le cas des variables sanitaires et
naturelles, la position de l’île ne favorise en rien sa sortie de crise. Ces multiplicités de crises
favorisent l’émergence de mobilisations et de mouvements sociaux, au prisme de l’analyse
d’Anthony Oberschall les mouvements haïtiens se caractérisent par une forte fragmentation
avec le système étatique ce qui va favoriser une forte mobilisation de la part de la
population1. Enfin, une définition qui nous a semblé importante d’apporter est celle de l’effet
boule de neige et son impact sur le système analysé. En effet, l’effet boule de neige désigne
un phénomène de cercle vicieux ou vertueux, mais dans notre cas plutôt vicieux, qui
accumulent des évènements négatifs s’aggrandissant progressivement jusqu’à créer des états
de non retour et donc des phénomène parfois très dangereux. Dans notre cas, les événements
multiples sont caractérisés par la pluralité de crises rencontrés par Haïti et cet état de non
retour est le phénomène d’une incapacité stricte à ne pas pouvoir sortir de la crise.
Ce sujet possède une pluralité d’enjeux et ce relevant de plusieurs domaines d’études.
Sur le plan historique, ces crises peuvent être considérées comme une continuité des
occupations due à la colonisation française, car malgré la reconnaissance d’Haïti comme
étant la première république noire indépendante, celle-ci n’a jamais été synonyme de gloire et
stabilité étatique.
Ces dernières années, sur le plan environnemental, Haïti a subi de nombreuses crises
naturelles et est réduite à sa situation de victime environnementale. Des plus récents vers les
plus anciens nous pouvons citer l’ouragan Irma (2017), l’ouragan Matthew (2016), les

1
Ash, Roberta. "social conflict and social movements. By Anthony Oberschall. Englewood Cliffs:
Prentice-Hall, 1973. 371 pp." (1974): 578-579.

5
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

ouragans Sandy et Isaac (2012) et pour finir par citer le plus dramatique et plus connu des
incidents survenus en Haïti nous avons choisis le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 et
celui du 20 Janvier 2020, de magnitude 7,3 et 6,1 ont laissé l’île dans un état digne d’une
vraie catastrophe naturelle.
Sur le plan d’actualité, nous pouvons constater qu’Haïti fait actuellement face à une
crise plurielle, suite à la crise politique, économique, naturelle et sanitaire du pays, les gangs
se sont saisis du pays et font régner la terreur et l’instabilité la plus totale.
Au vu de toutes ces informations, nous avons décidé d’aborder la thématique d’Haïti, car
initialement nous avions pour objectif d’aborder le concept de non-sortie de crise plutôt que
celui de sortie de crise car selon nous il s’agît du phénomène le plus courant dans la région. À
cela s’ajoute tout particulièrement notre appétence pour la zone caraïbe, et dès l’annonce de
la thématique pour ce semestre il n’y avait, selon nous, aucun meilleur État susceptible
d’illustrer une crise si intense et être dans la quasi incapacité de son sortir.

Problématique :
Dans quelle mesure peut-on considérer Haïti comme étant un foyer de crises perpétuelles ne
favorisant pas une sortie de crise ?

Pour ce faire, nous aborderons tout d’abord la question politique au prisme d’une
fragilité démocratique vecteur d’une non sortie de crise, puis la place du peuple dans ces
crises multiples représentant une forme d'espoir, ensuite, une économique désastreuse rendant
impossible la sortie de crise pour finir la question humanitaire et les crises naturelles et
sanitaires noyant totalement tout espoir de sortie de crise. Notre travail s’est donc basé sur
une confrontation de données statistiques et empiriques. Ces données nous ont permis
d’enrichir notre analyse et étayer notre réflexion, tout en apportant des éléments de réponses.

6
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

I. Une fragilité démocratique : vecteur d’une non-sortie de crise

À travers cette partie, nous verrons dans quelle mesure nous nous apercevons que la
crise gouvernementale contribue très fortement aux crises politiques qui bousculent le pays.
S’ajoute à cette crise gouvernementale d’autres crises, comme la crise institutionnelle qui
contribue au déséquilibre politique.

I.I. Intrusion de la politique locale par des acteurs extérieurs


Les crises politiques locales sont souvent associées à des dépendances historiques,
économiques et politiques. Dans le cas d’Haïti, nous ne pouvons ignorer cette dépendance
diplomatique et économique aux États-Unis. Ils font partie de l'échiquier politique, ainsi que
d’autres acteurs qui interviennent, eux aussi, dans la fragilisation démocratique d’Haïti.
Depuis le XXe siècle, les États-Unis ont tenté de maintenir leur hégémonie dans le monde et
surtout en Amérique Latine, leur objectif était de contrôler une zone qu’ils ont longtemps
considéré comme très influente et importante, le “Western Hemisphere”2. Une zone qui
concerne principalement l’Amérique Latine mais que nous pourrions élargir à la Caraïbe
également. Même si cette influence a grandement régressé depuis l’invasion en Irak en mars
2003. Leur présence au sein des politiques locales haïtiennes ne peut être invisibilisée. Il est
intéressant de revenir aux liens étroits qui relient les États-Unis et Haïti. Le pouvoir
économique que maintiennent les États-Unis en Haïti est l’une des portes d’entrée de ceux-ci
dans la politique haïtienne. Cette dépendance et ce contrôle orchestré par les États-Unis date
depuis l'occupation états-unienne (1915-1934), et jusqu’à ce jour la politique haïtienne sera
fortement influencée par les états-unis. C’est avec ce même processus que de nombreux
autres acteurs internationaux ont pu s'immiscer dans le jeu politique du pays. Apparaîtront
alors de nombreux rapports de force au sein des politiques haïtiennes, dissipant peu à peu, un
réel avenir démocratique. Nous pouvons illustrer l'importance des états-Unis dans les
politiques par l’exemple des “élections espérées” de l’ancien président. En effet, durant des
mois les États Unis, ont “supplié” l’ancien président Jovenel Moïse d'organiser de nouvelles
élections législatives pour rééquilibrer les pouvoirs en quelque sorte.
Au-delà des États-Unis, nous pouvons aussi nous pencher sur l’impact des Organisations Non
Gouvernementales (ONG). Ils sont un élément très important qui affaiblit davantage l’État
haïtien en termes d'exercice du pouvoir démocratique. L’implantation de nombreuses ONG

2
Alcántara, Manuel. "Kevin Parthenay (2020). Crises en Amérique Latine. Les démocraties déracinées
(2009-2019). 285 pages. Malakoff: Armand Collin. ISBN: 978-2-200-62942-7." (2021).

7
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

en Haïti a contribué à l'exclusion des populations déjà très marginalisées. La multiplication de


celles-ci et leurs rôles grandissant au sein du pays a fait éclore l’expression de "République
des ONG”. Même si leur venue était à but humanitaire et sous couvert de “solidarité”, surtout
après le séisme de 2010. Nous nous apercevons que ces organisations s’affirment en tant
qu'“États” mais détachés de l'État Haïtien, ils sont considérés comme des “États dans l’État”3.
De même que ces ONG tombent bien souvent entre les mains des gangsters ou encore des
élites haïtiennes, qui n’hésitent pas à les instrumentaliser et les mettre au service de
l’oligarchie. Nous observerons alors un transfert de la souveraineté du niveau national au
niveau international, nous passerons d’une souveraineté appartenant à l’État qui sera alors
détenue par les ONG au vu de ladite “déficience des institutions publiques". C’est par ce
processus que nous pourrions donc expliquer l’accentuation de la fragilité démocratique. De
nombreux acteurs extérieurs enquêtent et tentent de montrer leur volonté d’apaiser le pays
tout en essayant d’amoindrir les inégalités en luttant contre la corruption. Ces acteurs
deviennent alors les “policiers” d’Haïti d’un point de vue international. Ces nombreux
intervenants se transforment à leur tour en détenteurs de la souveraineté haïtienne et de
l’autorité du pays. Parmi ces acteurs, nous pouvons mentionner ceux considérés comme les
“amis d’Haïti”. Nous pouvons alors citer le Canada, les États-Unis, bien évidemment et la
France4, même s’il en reste beaucoup d'autres. Ces acteurs et instances internationales, qui
soutenaient la transition démocratique et son implantation, semblent arborer des positions très
ambiguës voire contradictoires. En plus, de la dépendance entretenue par ces acteurs, nous
pourrions nous questionner sur l’intérêt de cette dépendance et de l'implication des acteurs
dans la politique haïtienne. L’objectif premier de ces acteurs, qui était “la démocratisation du
système”, semble être passé au second plan et substitué par une volonté de “préserver” cette
instabilité politique et sociale en Haïti. Le soutien apporté au président Michel Martelly,
ayant usé de mécanismes anti-démocratiques, par de nombreux acteurs internationaux
montrent une volonté “dissimulée” de maintenir ou même d’accentuer le caractère autoritaire
que prend le pays. S'ajoute à cela les légitimations et la reconnaissance des élections dites
“trafiquées” et la non-action des intervenants extérieurs face à la dérive des institutions
démocratiques, seraient alors synonyme d’une “complicité indirecte” de cette communauté
internationale.

3
Thomas, Frédéric. « Haïti : la crise au prisme d’un autre regard », La Revue Nouvelle, vol. 4, no. 4, 2021, pp.
19-23.
4
Légaré-Tremblay, J. (2016, 13 janvier). Une fragile démocratie en péril. Le Devoir.

8
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

I.II. Vers un pouvoir autocratique ?


De fait, ladite “complicité” de cette communauté internationale a permis aux
présidents haïtiens d’asseoir avec plus de facilité leur pouvoir. On assiste dès lors à des
dérives du pouvoir démcortaique, qui peu à peu penche vers un pouvoir autocratique.
L'exercice de ce pouvoir et de la souveraineté nationale se voit remplacer par un pouvoir
oligarchique profitant uniquement aux élites haïtiennes. Cette difficulté à mettre en place une
véritable démocratie semble, d’une part, engendrée par l’emprise des élites haïtiennes et de la
communauté internationale qui soutiennent ceux-ci. Mais est aussi liée à l’héritage historique
des dictatures qui ont marqué Haïti. Cette dérive du pouvoir se voit dans certaines démarches
entreprises par les présidents haïtiens. Prenons le cas de Jovenel Moïse, le défunt président
d’Haïti a vu son mandat prendre fin en février 2021. Cependant, en adoptant sa propre lecture
de la Constitution, il décida de rester un an de plus au pouvoir. Parallèlement, il n’a pas
organisé d’élections ni présidentielles, ni législatives5, procédé très décrié au niveau national
et international. Selon l’ancien président, il aurait repoussé ces élections à une date inconnue,
qui devait être au début de l’année 2022. Ce dysfonctionnement de la démocratie électorale
constitue donc un facteur très important dans cette crise politique. Nous pouvons également
évoquer l’arrestation d’opposants qui vient conforter cette idée d’“autocratie” et augmenter la
défiance grandissante de la population. Car “l’élection est un mécanisme instrumental de
transmission des demandes sociales des citoyens à travers la représentation”6, or, l’absence
d’élection serait alors synonyme d’une invisibilisation de la volonté populaire et d’une
affirmation d’un pouvoir autoritaire. Cette année obtenue par Jovenel Moïse, de manière très
critiquable, lui a laissé le temps d’organiser un référendum constitutionnel, qui initialement
est interdit par la Constitution. Cette réforme peut être vue comme un remaniement
gouvernemental permettant de renforcer le pouvoir exécutif et la “puissance” du président.
En effet, durant cette année, le président Haïtien gouvernait par décret et donc ne pouvait être
soumis à l'opposition gouvernementale. Cette réforme a d’ailleurs permis l’effacement de
toutes formes de contre-pouvoirs au sein du gouvernement haïtien, il tentera également de
réformer le code civil et de créer une nouvelle agence de renseignement nationale. Toutefois,
nous pouvons remonter plus loin en arrière et nous rendre compte que cette politique
autocratique date depuis les années 90 - 2000. En s'intéressant à l’histoire institutionnelle,
nous avons pu remarquer que le déséquilibre institutionnel était déjà affirmé depuis cette
époque. Contrairement à aujourd'hui le déséquilibre était en faveur du Sénat, or après

5
Indicateur d’instabilité électorale selon Ernesto Calvo & Gabriel Negretto
6
Cours Crises Politique en Amérique Latine Kévin Parthenay

9
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

l’occupation états-unienne, le Sénat fût dépossédé d’un grand nombre de pouvoirs au profit
de l’Assemblée Nationale. Ce qui explique les raisons pour lesquelles l’assemblée nationale
prime autant sur le Sénat. Cette primauté se voit également à notre époque, en 2021, même si
depuis 2020, le parlement est considéré comme non-fonctionnel. En effet, deux tiers des
sénateurs ont été révoqués7, laissant un grand vide institutionnel. Ces révocations ont aussi
permis le renforcement du pouvoir exécutif et élimine toute chance d’opposition. Par ailleurs,
du côté du pouvoir exécutif la fonction de premier ministre a été remplacée par la fonction
de vice-président et le pouvoir est renforcé. Événement contrastant avec les années 1998, car
durant ces années le déséquilibre politique était en faveur du parlement. Depuis cette année-là
les parlementaires refusaient d’investir le premier ministre, ce qui démontre cette volonté de
se soustraire à une possible opposition. Même si le dialogue entre Sénat et l’Assemblée
nationale restait stérile et ne menait pas à de grands changements. Ce changement confère
donc davantage d’autonomie et de “liberté” au président. Nous pouvons alors voir comme la
“manipulation” de la Constitution et son interprétation permette ces dérives du pouvoir
démocratique. Malgré l’intervention “diplomatique” de la communauté internationale, cela
n’a pas freiné les manœuvres autoritaires qu’a usé l’ancien président haïtien. Sans oublier
l'absence d’un Conseil Constitutionnel, cet outil indépendant arbitrant et encadrant l’exercice
de la souveraineté nationale étant inexistant, cela laisse davantage de pouvoir à ceux qui le
détiennent. Le conseil constitutionnel permet de statuer sur la durée exacte du mandat et
d’obliger l’organisation d'élections législatives et présidentielle. Par ailleurs, cet organe
politique permet également de contrôler les élections. Or, il n’existe pas au sein du
gouvernement haïtien, ce qui explique donc l’instabilité politique qui règne dans le pays.
Gabriel Negretto nous dit que l'instabilité politique pourrait augmenter la probabilité de
changement constitutionnel. En se calquant sur l’exemple latino-américian, nous pouvons
observer aujourd’hui que les changements constitutionnels sont responsables d’instabilités
politiques. En somme, nous pourrions alors dire que ce changement constitutionnel orchestré
par l'ancien président haïtien Jovenel Moïse est un des éléments résultant d'une crise politique
bien ancrée en Haïti.

7
Sakho, K. (2021, 12 février). Crise politique majeure en Haïti : « La seule victime, c’est le peuple». Libération.

10
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

II. Une lueur d’espoir pour une sortie de crise : la place du peuple

Le peuple représente un espoir indéniable dans la sortie de la crise. Que ce soit à la


fois par des moyens liés aux mouvements de contestation populaire mais aussi par le rôle
prépondérant de sa diaspora et son exploitation des médias et des pays d’accueil.

II.I. L’espoir à l’aide de mouvements de contestations populaires


Malgré un système démocratique relativement fragile, de par un détournement de
l’opinion publique interne et externe et une dynamique politique se rapprochant d’un pouvoir
autocratique affirmant ainsi une sorte d’autoritarisme institutionnel une lueur d'espoir est tout
de même visible à l’horizon au moment où le peuple se saisit de la situation. En effet, le
peuple joue un rôle central dans cet espoir de sortie de crise. Comme le démontre des
mécanismes sociologiques analysés dans les contextes des mouvements sociaux, les
mouvements sociaux sont des éléments nécessaires afin de favoriser la dénonciation d’une
situation ou d’un système inadéquat et parfois abusif. Les mouvements de contestation
haïtiens, sont constitués sur la base du modèle élaboré par Alain Touraine. En effet, nous
retrouvons l’acteur principal ; la population haïtienne révoltée contre leur adversaire qui n’est
autre que la figure politique dominante en place qui dans notre cas est Jovenel Moïse pour un
enjeu (ou plusieurs mêmes) clair les différents abus politiques, situations économiques et
sociales.8 Ces mobilisations répondent également à certaines conditions élaborées par Doug
McAdam, Tarrow Sidney et Tilly Charles, qui démontre le processus des mobilisations face à
l’État moderne centralisé. Nous y retrouvons les caractéristiques d’un mouvement dit national
et proactif, comme c'est le cas en Haïti9.
De plus, l’analyse de ces auteurs aborde les notions d’organisation et de structure.
Afin d’illustrer cette analyse à l’aide de notre cas, nous pouvons prendre l’exemple des
bandes à pied - bann a pye - et la politique des rues en Haïti. En effet, ce mouvement aux
fanfares carnavalesques a pour objectif de favoriser la cohésion social dans le pays tout en
établissant une critique politique de la gouvernance néolibérale, nous pouvons notamment
voir comment elle se forme, avec quelles prérogatives, et comment elle s’inscrit porte parole
d’un ressenti national10. C’est principalement en chanson et en sensibilisant qu’elle va faire
émerger une réflexion sur le fait que la forme de l’État ne doit pas être détruite par les

8
Touraine, Alain. "Amérique latine. La parole et le sang." (1988).
9
McAdam, Doug, Sidney Tarrow, and Charles Tilly. "Dynamics of contention." Social Movement Studies 2.1
(2003): 99-102.
10
Kivland, Chelsey L, et al. « Le dévoilement performatif du « peuple » : une réflexion sur les bandes à pied et
la politique de la rue en Haïti », A contrario, vol. 32, no. 2, 2021, pp. 31-58.

11
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

citoyens mais bien soutenue afin qu’elle soit améliorée grâce à tous et pour tous. Le fait d’y
incorporer de la musique s’inscrit dans ce que certains théoriciens qualifient de registre
émotionnel de la mobilisation. Nous pouvons citer Christophe Traïni, qui explore diverses
revendications tournées en musique tels qu’en musiques folk irlandaises, basques ou kabyles,
mais également des mouvements plus similaires à notre analyse tels que les mouvements
pour les droits civiques des Noirs rythmé par le gospel, chants pacifistes11.
Le Mardi 12 Février 2019 des milliers de personnes ont manifesté contre la vie chère
à Port au Prince, capitale d'Haïti. Lors de ces manifestations, des voitures ont été incendiées,
des magasins piliers et un jeune homme tué par balle lors d'affrontements avec la police.
Cependant, il s’agissait de la 6e victime depuis le 7 Février, jour où le pays a été totalement
déstabilisé de par les mesures établies par l’ancien président Jovenel Moïse. Une situation qui
empire de par l’emprise des gangs mais surtout l’inaction de l’État face à ces derniers. Ces
mouvements demandent donc une coordination de tous les secteurs de la société afin de se
mobiliser contre l’insécurité qui ne permet pas la cohésion sociale nécessaire au bon
fonctionnement de la société. Ces gangs empirent la situation sécuritaire du pays, de par les
fusillades, assassinats, enlèvements et viols qui sévissent dans la majeure partie de la capitale
mais également dans les routes menant au sud de l’Île mais également au nord vers la
République Dominicaine. Le chef du groupe de gang Famille G9, Jimmy Cherizier, témoigne
que “si vous arrivez à prouver que nous sommes de ces fusillades, assassinats, enlèvements
et viols nous déposerons les armes” cette déclaration advient suite à l’assassinat de l’ancien
président haïtien Jovenel Moïse en juillet 2021. La situation haïtienne se dégradant de jour en
jour, est soumise à une forte nécessité d’aide humanitaire. Selon Bruno Lemarquis,
représentant spécial adjoint en République démocratique du Congo 46% de la population
haïtienne a eu besoin d’aide humanitaire en 202112. Cette dynamique légitimise le sentiment
d’abandon ressenti par la population et renforce le processus de mobilisation mené par les
contestataires. Cela renvoie au concept de dissonance cognitive qui témoigne de la déception
et la frustration relative comme moteurs de la mobilisation analysé par Albert Hirschman13.
Les mouvements deviennent de plus en plus violents car les réponses de la part des
personnalités étatiques et du gouvernement sont insuffisantes.

11
Traïni, Christophe. "La musique en colère." Lectures, Les livres (2008).
12
Article de journal en ligne, le nouvelliste
https://lenouvelliste.com/public/article/233475/en-2022-46-de-la-population-haitienne-aura-besoin-dune-aide-hu
manitaire-selon-bruno-lemarquis
13
Hirschman, Albert O. Bonheur privé, action publique, Fayard, 2014.

12
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

La situation dans son entièreté a été suivie, commentée et amplifiée par la diaspora haïtienne
partout dans le monde, mais principalement aux États Unis. De quoi constater que l’espoir
durant cette crise n’est pas uniquement national mais bel et bien international.
II.II Une diaspora haïtienne au coeur du débat
Afin de pouvoir se hisser au cœur du débat et pouvoir être considérée comme
suffisamment importante, nous pouvons dire que la diaspora haïtienne est considérablement
représentée. En effet, celle-ci est massivement présente à la fois sur le continent américain
mais également en France
Hexagonale et dans les territoires
français d’outre-mer. Les espaces
aujourd’hui privilégiés par la
migration haïtienne restent ceux
liés à l'histoire coloniale ou
néocoloniale du pays. À ce
phénomène de migration s’ajoute
celui de métropolisation. En effet, la diaspora haïtienne se tourne vers des villes clés dans les
pays où elle émigre. Les revendications de cette diaspora sont dans donc à la fois au cœur
d’un débat interne à la communauté haïtienne, mais également à la communauté de ses
métropoles. Ce dispositif va alors favoriser la transnationalisation des mobilisations, c’est
l’analyse apportée par Michel Girard14. En effet, il y a l’établissement d’une dynamique
visant à « La tactique des dissidents fut de plus en plus de s’adresser aux médias de l’ouest
pour toucher leurs propres concitoyens à l’est ». Cela va permettre aux à la diaspora
haïtienne de par sa présence dans les métropoles véhiculées un message fort auprès de ces
États d’accueil pour alerter sur la situation haïtienne. Nous pouvons constater le nombre
conséquent d’articles qui sont réalisés notamment aux États-Unis ou encore dans les
territoires d’Outre mer tels que la Guyane ou encore la Guadeloupe afin de mettre de la
lumière sur la situation politique en Haïti. Cela aura pour conséquence directe l’effet
boomerang. 15
L’effet boomerang dans notre cas se traduit par l’action
menée par la diaspora et les médias des pays d’accueil,
afin que ces pays d’accueil puissent faire pression sur le

14
Dumas, Michel. "Michel Girard (dir.). Les individus dans la politique internationale." Politique étrangère 59.4
(1994): 1139-1140.
15
Estimations consulaires, 2000. Conception : Cedric Audebert, Réalisation : Souley Hassane, 2011.

13
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

gouvernement haïtien afin de favoriser une meilleure gestion du territoire. Cependant, comme
nous avons pu le voir précédemment, ces suggestions étrangères n'ont pas été prises en
compte par Jovenel Moïse lors de sa gestion du pays. Suite au décès de Jovenel Moïse, la
diaspora haïtienne témoigne. À Brooklyn, little Haïti - quartier haitien de la ville - les rues
portent même le nom des révolutionnaires haïtiens. Ils disent tous qu’apprécier ou non,
l’assassinat de Jovenel Moïse représente pour eux un choc. Des propos affirmés et nuancés
montrent la position de cette diaspora face à la situation. En effet, au micro des chaînes de
télévision étasunienne et même françaises s’étant rendus sur les lieux, certains se disent sous
le choc car il s’agît de la mort du président, tout en affirmant également que ce n’est pas
uniquement le président qui est mort c’est un bandit. Cependant, beaucoup malgré leur
distance plus ou moins longue reconnaissent l’importance que cet acte aura sur la politique et
la gestion du pays. De nombreux composants de cette diaspora témoignent de la difficulté
pour eux de se rendre sur le territoire à présent à cause d’une gestion quasi-inexistante du
territoire tout en se revendiquant fier d’être haïtiens.
Dans son ouvrage sur la diaspora haïtienne, Cédric Audebert16, démontre à la fois la
complexité de cette diaspora mais également les raisons de sa migration. La diaspora
haïtienne migre essentiellement à cause de la crise, ou plutôt des crises, ces crises plurielles et
perpétuelles qui ne laissent aucun répit à sa population, ne lui laissant même pas envisager la
sortie de celle-ci. Dans leurs pays d’accueil, les haïtiens rencontrent de nombreuses
difficultés mais disent souvent qu’elles ne sont pas à la hauteur de celles qu’ils avaient chez
eux. À leur arrivée dans leurs pays de destination, ils ont recours aux asiles politiques. Dans
leurs récits pour l'OFPRA, Office français de protection des réfugiés et apatrides, ces crises
multiples refont surface. Elles permettent de légitimer la fuite de toutes ses personnes en
quête d’une meilleure situation17. Cette diaspora dénonce ces crises dont elle pense ne jamais
pouvoir sortir, elle dénonce un gouvernement et une démocratie fragilisée mais également
une économie et une situation sanitaire et environnementale désastreuse. Un tourbillon de
crises qui l'oblige à manifester sur place ou de là où elle se reconstitue.

S’il est vrai que le peuple haïtien et ce dans sa globalité et ses manifestations
représente un espoir dans la sortie de la crise, nous verrons à présent que d’autres variables

16
Audebert, Cédric. La diaspora haïtienne: Territoires migratoires et réseaux. Presses universitaires de Rennes,
2017.
17
Mooney, Margarita, et Sabine Erbès-Seguin. « Structures de médiation et intégration des immigrants haïtiens
à Paris », Revue européenne des migrations internationales, vol. 24, no. 1, 2008, pp. 89-114.

14
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

telles que l’économie notamment ne favorisent pas cette sortie et la rendent presque
impossible.

III. Une économie désastreuse rendant la sortie de crise impossible

L’économie haïtienne est dite désastreuse, elle est marquée par deux vecteurs
fortement présents au sein de la société et de la politique du pays. En effet, cette économie est
frappée par un phénomène de corruption mais également l’inflation, poisons du quotidien
rendant la vie de la population haïtienne relativement chère. À deux, ils rendent la sortie de la
crise haïtienne impossible, nous verrons à présent comment cela se manifeste.

III.I. La corruption : phénomène central de la crise


La quasi directe assimilation d’Haïti à la corruption n’est malheureusement pas
nouvelle. Même si de nombreuses analyses amèneraient à conclure que la corruption serait
une fatalité pour ce pays, d’autres préfèrent l’analyser comme une forme de gouvernance
précaire et dont la révision peut être faite afin d’améliorer la situation étatique, politique,
économique et sociale18. Dans son ouvrage Crises en Amérique Latine. Les démocraties
enracinées19 Kevin Parthenay définit la notion de corruption comme étant un mal endémique
en Amérique Latine. Et bien que nous traitons actuellement le cas d’Haïti, qui convient
d’affirmer cette définition en s’aidant du rapport de Transparency International en 202120, qui
plaçait l'Amérique latine parmi les continents les plus corrompus du monde. Seuls l'Uruguay
et le Chili font figure d'exception alors qu’à l’inverse, Haïti, le Nicaragua et le Vénézuela se
placent à la fin21. Ou encore aborder le fait qu’au Pérou nous parlons de président de la
corruption. Nous pouvons constater que la corruption est devenue systématique et plus
“normalisée” depuis l’ancien président Michel Martelly, prédécesseur de Jovenel Moïse.
Derrière l’espoir personnifié par les mobilisations populaires haïtiennes nous trouvons les
motivations de ces dernières. La colère contre Jovenel Moïse a été très forte et très ressentie
du côté de la population. L'opposition a lancé les protestations le 7 Février 2021, date du
deuxième anniversaire du début du mandat du président. Ces protestations ont marqué en un
mot une lutte contre la corruption, problème qui gangrène le pays. Suite à la publication d’un

18
Payton, C., Despland, B. & Motta, M. (2021). La fabrique de la corruption en Haïti. A contrario, 32, 119-130.
19
Alcántara, Manuel. "Kevin Parthenay (2020). Crises en Amérique Latine. Les démocraties déracinées
(2009-2019). 285 págs. Malakoff: Armand Collin. ISBN: 978-2-200-62942-7." (2021).
20
Site de “Tansparency international” : www.transparency.org/cpi
21
voir annexe 1.

15
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

rapport de la cour des comptes à la fin du mois de janvier 2021, il a été constaté que des
fonds prêtés par le Venezuela entre 2008-2018, fonds de Petrocaribe, auraient été détournés.

Petrocaribe n’est autre qu’une alliance entre certains pays latino américains et le Venezuela.
De par son statut de premier exportateur de brut d'Amérique latine, grâce à cet accord, il
permet à ces alliés d'acheter du pétrole du pays à des tarifs avantageux. Cette alliance a été
créée en juin 2005 et compte actuellement 18 pays. En vertu de cet accord, Haïti a vendu une
partie de son pétrole à un prix plus élevé à des entreprises locales, dont les bénéfices devaient
initialement être utilisés pour financer des projets sociaux et de développement. Cependant,
des dirigeants politiques et des hommes d'affaires haïtiens, notamment sous la présidence de
Michel Martelly et de Jovenel Moïse, ont détourné ces bénéfices. L’aboutissement des projets
sociaux visant au développement initialement pensé sont demeurés inachevés. Cela a
alimenté la colère de la population qui voit les noms de ces fonctionnaires qui y sont taggués
pour avoir détourné ce qui était censé être une aide pour le développement du pays. Ce
phénomène bien qu’institutionnalisé depuis la présidence de Michel Martelly prend de plus
en plus d’ampleur et se développe dans l’arrogance et l’impunité. Bien qu’elle fut longtemps
subie et acceptée, elle est aujourd’hui source de révolte alors qu’il y a un développement des
idées de manifestations et de mobilisations au vue de la prise en considération d’une
économie désastreuse rendant impossible une sortie de crise malgré les nombreux espoirs.
Cependant, la mort tragique de l’ancien président Jovenel Moïse est-elle finalement une
preuve de la fin de l’impunité ?22 En attendant ce qui est sûr c’est que la mainmise par les
gangs sur la quasi-totalité du territoire et l’incapacité d’actions de la part des forces de l’ordre
haitiennes repousse cette échéance favorisant ainsi un climat d’insécurité et de fragilité
institutionnelle extrême. Nous pouvons dire que celui-ci est un phénomène central de la crise
car il est directement lié à la politique du pays étant donné que ce sont les dirigeants les
principaux concernés, puis l’économie étant donné l’impact que cela peut avoir sur
l’économie globale du pays mais également sur le plan social étant donné que cela renforce la
condition sociale déjà suffisamment dégradée. Nous pouvons constater que les fonds
initialement perçus avaient pour objectif de s’implanter sur le plan social notamment de par la
construction ou encore la reconstruction suite aux dégâts environnementaux, des logements
pour la population haïtienne. À cela nous pouvons ajouter la nationalisation des services et
production du ciment ce qui va additionnellement rendre la construction des logements

22
Thomas, Frédéric. "Les deux racines de la colère haïtienne." (2020).

16
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

compliqués. La population haïtienne est donc prise au piège sur les plans politique,
économique mais aussi matériel et sanitaire23.
III.II. La lutte contre la vie chère : l’inflation poison du quotidien
Dans cette dynamique d’économie désastreuse, nous pouvons retrouver l’autre facteur
qui additionné avec la corruption rend la sortie de crise impossible. En effet, nous pouvons
parler de la vie chère et surtout de sa lutte menée par la population haïtienne. Depuis
l’élection de Jovenel Moïse, l’économie haïtienne reste fragilisée par une inflation supérieure
à 15% nous avons pu assister à plus de 18% en 2019, près de 23% en 2020 et près de 17% en
202124. Tout cela est dû au fait qu'il y ait une forte dévaluation de la monnaie au profit du
dollar américain. Par conséquent, le prix sur les produits de premières nécessités s'enflamme
car ces produits sont pour la grande majorité importés. Lors des mouvements populaires,
nous pouvons écouter les revendications de la population qui dit “nous ne voulons plus de
Jovenel”, ou encore “nous ne pouvons plus payer notre loyer”. Cependant, la revendication
qui nous semble très alarmante concerne l’éducation. En effet, des témoignages montrent que
certains haïtiens disent “nos enfants ne peuvent plus aller à l’école” Et ici il y a un vrai
problème à souligner car cela donne une première impression de l’avenir potentiel du pays au
vu de sa situation actuelle. L’éducation devient de plus en plus un luxe; ce qui ne favorise pas
à donner les bons outils à la population afin de se battre contre les abus institutionnels et la
vie chère. Il y a donc un système de rétroalimentation des crises qui ne favorise en rien une
sortie de crise pour ce territoire.
De plus, lors de sa campagne, l’ancien président
Jovenel Moïse promet une augmentation du
pouvoir d’achat pour les haïtiens afin qu’ils
puissent à la fois améliorer leur quotidien mais
également relancer l’économie du pays.
Cependant, cette promesse de campagne n’ayant
pas abouti, cela nourrit auprès de la population
un sentiment de trahison et d'inaccompli.
Aujourd’hui ce sont plus de 9/12 millions
d'haïtiens qui vivent sous le seuil de pauvreté et pour une immense majorité sous le seuil
d’extrême pauvreté25. À cela s’ajoute le taux de chômage relativement élevé de 15,7% qui ne

23
Payton, Claire Antone, Basile Despland, et Marco Motta. « La fabrique de la corruption en Haïti », A
contrario, vol. 32, no. 2, 2021, pp. 119-130.
24
Statistiques financières internationales et autres fichiers de données du Fonds monétaire international.
25
https://www.youtube.com/watch?v=9W1vCH2ujhY&t=5s

17
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

favorise pas la situation économique individuelle ni celle du pays26. La population haïtienne


vit donc dans des conditions d’extrême précarité. Cette libéralisation de l’économie haïtienne
de par son ouverture au business et son transfert des pouvoirs étatiques à des sociétés
extérieures ne favorisent en rien la crise plurielle rencontrée par le pays. Avec cet exemple
nous pouvons constater les vestiges du système colonial qui n’a pas cessé et qui a toujours été
entretenus ; nous pouvons constater une ouverture d’ancien marchés coloniaux de par la
production et la vente des mêmes produits, généralement avec les même partenaires, de par la
conservation d’un même fonctionnement du système agricole. De plus, l’implantation
d’entreprises coréennes imposées notamment par les États-Unis, tel que le projet
agro-industriel Caracol, ou encore par des entreprises étasuniennes elles-mêmes mais dont les
bénéfices ne restent pas sur le territoire mais vont bel et bien vers les pays étrangers
investisseurs. Toutes ces raisons hissent l’inflation au carrefour de poison du quotidien pour
la population haïtienne qui se révolte en vain étant donné l’institutionnalisation de la
corruption et d’une situation dégradée. Dans cette dynamique de prix élevée nous pouvons
aborder l’exemple de l’accès à l’eau potable et de la vie digne. Ces biens et concept pour
certains acquis et basique devient rapidement un luxe pour d’autres. Un citoyen haitien
lambda n’a pas les moyens de se payer de l’eau potable. Cependant, l’utilisation d’eau non
potable et parfois même contaminée est à l’origine d’une contamination par l’eau à hauteur
de 80% selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
Lorsque nous disons qu’il y a un rétroalimentation de la crise il s’agît de cela dont
nous parlons, du fait que le pays souffre d’une inflation élevée de par un manque
d’investissement lié à la fois à l’insécurité mais également l’infrastructure limitée et un
déficit commercial relativement sévère. Aujourd’hui, il est considéré qu’Haïti est le pays le
plus pauvre de l’hémisphère occidental, cela alimente une réticence sur le plan économique
international et donc montre un investissement zéro sur ce territoire.
Toutes ces raisons permettent donc de considérer l’économie haïtienne comme étant
en situation plus que critique rendant ainsi la sortie de la crise impossible.
Afin d’établir un lien avec la démocratie et sa fragilité mais également avec les mouvements
populaires, nous pouvons constater qu’il y a une fusion entre deux colères : celle contre la «
vie chère » et celle contre la corruption, deux fléaux désormais identifiés comme soutenant
un même système.

26
Banque Mondiale

18
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

S’il est vrai que l’économie haïtienne de par la corruption et l'inflation permet déjà
d'éliminer une éventuelle hypothèse de sortie de crises, la position géographique du territoire
et son rapport avec les crises environnementales mais également sanitaires noient
complètement l’espoir d’une sortie de crise.
IV. Une pluralité de crises noyant l'espoir de la sortie de crise

A travers cette partie nous verrons dans quelles mesures les crises annexes peuvent
remettre en cause et/ou aggraver des crises politiques, gouvernementales ou autres. Par
ailleurs, ces crises seraient également des éléments de réponse permettant de comprendre la
sortie de crise très difficile pour Haïti.

IV.I. Une vulnérabilité grandissante face aux catastrophes naturelles et l’inaction de


l’État.
Tout comme les institutions, Haïti a également un passé assez tumultueux avec les
catastrophes naturelles. En effet, le pays a déjà connu de nombreuses catastrophes et surtout
des cyclones. Du fait sa position géographique, qui accroît sa vulnérabilité face aux
phénomènes cycloniques et sismiques, qui donne cette impression “d'île maudite”. En fait,
“Haïti est extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles, plus de 93% de sa surface et
plus de 96% de sa population sont exposées au risque d'au moins deux aléas, notamment des
ouragans, des inondations, des tremblements de terre, des glissements de terrain et des
sécheresses.”27 Cette superposition d’instabilité politique et de catastrophes mettent en
exergue les inégalités et les défauts qui s’ancrent dans la société haïtienne. Cependant,
l'événement déterminant, plutôt la catastrophe déterminante et dévastatrice du tissu social a
été le tremblement de terre du 12 janvier 2010. La capitale, Port-au-Prince et les villes
environnantes ont été les plus touchées par le séisme. Les dégâts matériels et pertes humaines
étaient considérables. La surmédiatisation internationale et le bilan désastreux dressé de
l’évènement ont interpellé et ont légitimé l’installation de nombreux organismes
humanitaires. Des organismes et organisations qui initialement sont spécialisés dans la mise
en place de réponse rapide aux catastrophes naturelles. Finalement l’implantation des ONG
n’est pas à l’origine de la crise, mais il s’agit plutôt de la réponse ou plutôt l'absence de
réponse concrète du gouvernement afin de reconstruire les villes fortement touchées et

27
Haïti : Renforcement de la résilience face aux catastrophes et au changement climatique | GFDRR. (2017).
programme de Prévention des Risques liés aux Catastrophes Naturelles.

19
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

quasiment détruites par le séisme. Comme le montre l’image ci-dessous, une très grande
partie des infrastructures ont été endommagés et devaient être reconstruits.
Par ailleurs, il faut également souligner que les villes touchées par le séisme subissent
déjà une crise de l’habitat qui a été accentuée par le phénomène sismique. En effet, “la
surpopulation et la superposition complexe de bâti et des bidonvilles” sont des
problématiques courantes à Port-au-Prince, or, aucune politique d'urbanisation ou de
planification urbaine n’est mise en place, n’est proposée. Néanmoins, il est aussi important de
notifier l’intervention de différents acteurs, locaux et internationaux, dans la reconstruction
post-séisme. Haïti devient donc un territoire où des financements, des connaissances et des
ressources circulent sans que cela arrive jusqu'à la population. Cette aide humanitaire s’est
implantée en Haïti à cause de l'incapacité de l'État à répondre aux besoins primaires de la
population surtout dans une période post-catastrophe. L'instabilité politique démontrée plus
haut est un facteur aggravant d’un pays qui tente de se relever des catastrophes naturelles
grâce à l‘aide internationale. Il est également pertinent de s'intéresser aux rôles de l'État dans
la vulnérabilité d’Haïti. La hausse de la pauvreté, l'absence de normes et de contrôle de la
fiabilité des constructions aggrave une situation sociale désastreuse plongeant le pays dans
une situation d'inconfort. Les mesures et plans étatiques obsolètes ne sont pas adaptés aux
réalités locales et ont accentué la vulnérabilité. En réalité, nous faisons face à un
gouvernement absent et qui ne se soucie pas des constructions fragiles qui se multiplient sur
le territoire. Il n’y a pas de mesures de prévention ni d’atténuation des risques visant à
renforcer les infrastructures. En fait, nous pourrions lier cette inaction de l’État aux lourdes
affaires de corruption qui sévissent dans le pays. Tous les financements provenant d’acteurs
internationaux visant à reconstruire et sécuriser les infrastructures ne sont pas réinvestis dans
la reconstruction de bâtiments et bonne et due forme. L’exemple des financements
vénézuéliens qui visaient à aider la reconstruction des infrastructures en Haïti de 2008 à
2018. Finalement, les dernières intempéries et le séisme qui a frappé Haïti en 2018,
provoquant la destruction de quelques centaines de maisons et quelques infrastructures,
prouvent cette paresse à investir dans la reconstruction. En plus, de la fragilité des
infrastructures, les enjeux environnementaux viennent s’ajouter. Selon certains spécialistes,
les problèmes de déforestation, d‘anarchie d’urbanisation et de conditions d'assainissement
jouent également un rôle très important dans l’escalade de la vulnérabilité d’Haïti28. Le
déboisement de 50% des terres contribue à la pauvreté et la dégradation de l'environnement

28
Joseph, J. R. (2021, 6 mai). Comprendre la vulnérabilité d’Haïti aux catastrophes naturelles. AyiboPost.

20
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

haïtien. En effet, la déforestation provoque à la baisse de la fertilité des terres et donc la


diminution des rendements agricoles qui plongent davantage la population dans une situation
de pauvreté de plus en plus extrême. Parallèlement, elle contribue également à l’aggravation
des conséquences de la sécheresse.

IV.II. Des crises sanitaires qui s'engrènent à cause d’un effacement de l’État
Dans le cadre d’Haïti, bons nombres des crises sanitaires sont liées aux crises
humanitaires qui sont elles-même provoquées par des catastrophes naturelles. De fait, il est
important d’étudier ces crises sanitaires comme un ensemble avec les crises humanitaires. La
destruction d'infrastructures et bâtiments assurant la protection de la santé et l’accès aux soins
compliquent davantage l’éradication de maladies infectieuses et très transmissibles. Afin
d’étudier ce pan de crise en Haïti, nous allons baser notre étude sur une possible sortie de
crise en se basant sur celle du choléra. L’épidémie de choléra survenue peu après le séisme de
2010 est venue mettre à mal un pays déjà meurtri par un séisme dévastateur. On estime que
cette épidémie a duré 9 ans. La lutte contre cette épidémie a été l’exemple le plus concret de
la non-implication de l’État à toutes les échelles et l’importance capitale de l’humanitaire.
Les organisations non gouvernementales et humanitaires se sont multipliées en masse et se
sont intégrées dans le domaine de la santé publique, s’appropriant toutes les prérogatives en
termes de santé publique, face au désarroi étatique. Des liens se sont tissés entre les
populations et les organismes afin que certaines populations mises de côté par l’État soient
attendues et aient accès aux soins. En effet, l’effet du néolibéralisme a fortement impacté le
domaine de la santé publique, excluant une grande partie de la population dans l’accès aux
soins. Il existait un système de santé haïtien qui valorisait les plus riches et excluait les plus
pauvres. Toutefois, son efficacité était remise en cause, le niveau d’hygiène était critiqué et la
mise en lumière des complications postopératoires assez fréquentes. La demande d’accès au
soin ne pouvait être comblée par l’offre de l’État basé sur les ressources économiques des
individus et non la nécessité des soins. Ce qui laissait le champ libre à tous les autres
intervenants extérieurs. Même avant le sinistre sismique, les institutions locales avaient une
certaine marge de manœuvre même si celle-ci était en partie contrôlée par des investisseurs
privés et les ONG déjà présentes sur le territoire. Haïti a, depuis très longtemps, été sous
perfusion des investissements, des fonds extérieurs, même dans le domaine de la santé.
L'importance des acteurs humanitaires est donc indéniable. Le secteur privé possédait une
vingtaine des infrastructures présentes sur le territoire. Mais après le séisme, on assiste à un
changement de politique. Certaines ONG se sont emparées de la majeure partie des médecins

21
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

qui travaillent dans le domaine public délaissant toutes les structures sans médecins ni
employés aptes à prodiguer des soins. D'autre part, il y a eu une captation des ressources
humaines nationales29. Le néolibéralisme a donc, peu à peu, rendu obsolète le système qui
montrait une volonté de réduire tant bien que mal les inégalités d'accès aux soins.
Néanmoins, quelques ONG médicales représentaient également une voie permettant un
meilleur accès aux soins, pour les personnes les plus pauvres qui ne pouvaient bénéficier des
soins dans les infrastructures publiques. Ces organisations non gouvernementales médicales
ont su s’emparer des compétences étatiques afin d’améliorer, avec leurs propres fonds,
l’accès au soins. Ces organisations ont dû s'émanciper du gouvernement haïtien, des bailleurs
et autres acteurs extérieurs. Toutefois, l'épuisement des fonds financiers et la pression exercée
par le gouvernement haïtien et les autres acteurs vont pousser petit à petit les dernières
organisations indépendantes vers les bailleurs de fonds. Finalement, la compétitivité qui
oppose les acteurs intervenant dans la sphère de la santé publique complique davantage les
actions de lutte contre une épidémie et pour l’accès aux soins. S’ajoute à cette complexité,
l'absence de cadre publique locale pouvant diriger toutes les dimensions de la santé publique.
De plus, les instances publiques “attribuées” à la santé publique sont également confrontées à
ces ONG qui se sont emparées de compétences détenues par ces mêmes instances. Dans un
cas, plus récent, celui de la COVID-19, ce sont de nouveau les organismes humanitaires qui
prennent en charge la prévention et la prise en charge des “covidés”. Elles se chargent
également de la continuité des soins dans les établissements de santé.

29
GUIMIER Lucie, « L'épidémie de choléra en Haïti : lecture géopolitique d'un enjeu de santé publique »,
Hérodote, 2011/4 (n° 143), p. 184-206.

22
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Conclusion :

Finalement, notre étude sur la possible sortie de crise d’Haïti nous a permis de
comprendre les obstacles, les ralentisseurs de cette “sortie” de crise, qui n’est tout autres que
enchaînements de situations d'instabilité toujours plus violentes. Tout d’abord, l'instabilité
politique qui ne cesse de s'accroître et conduit Haïti vers un gouvernement autocratique avec
une concentration des pouvoirs entre les mains du pouvoir exécutif et plus précisément du
président. Cette transition semble être décriée mais en même soutenue par de nombreux
acteurs internationaux, ce qui complique la politique actuelle. Par ailleurs, les perpétuelles
crises économiques conduisent aux soulèvements de populations, qui souhaitent sortir de
cette impasse montrent une difficulté à dénouer une situation plus que tendue. Les
mouvements populaires prennent de plus en plus de place sur l’espace public, signe que
l’État n’agit pas pour sa population. Malheureusement, la recrudescence de la corruption et
“l'institutionnalisation du mal” par les acteurs internationaux empêchent la mise en place
d’une démocratie au service du peuple haïtien. Enfin, les nombreuses crises
environnementales, humanitaires et sanitaires liées à l'incapacité et l’inaction étatique
contribuent au déclin de la population et l’économie haïtienne. Et par la même occasion, cette
inaction et la politique néolibérale adoptée par le gouvernement haïtien contribue à
l’occupation étrangère dans de nombreux domaines. C’est ainsi que nous pouvons dire que la
sortie de crise pour Haïti semble compliquée et lointaine, si de grands changements ne sont
pas opérés. L’élaboration de véritables politiques publiques, l'aboutissement des accusations
de corruption, et enfin une réorganisation institutionnelle plus équilibrée. L'instauration d’un
réel contre-pouvoir et de la pluralité politique, sont quelques-unes parmi de nombreuses
solutions qui pourraient permettre à Haïti d’exercer une réelle transition démocratique et donc
sortir d’une crise qui meurtrit le pays depuis des années.

Analyse supplémentaire :

Motivés par ce sujet, nous avons décidé de réaliser une étude d’opinion afin de connaître
certains avis sur la question. Pour ce faire, nous avons réalisé un form avec des questions
ouvertes permettant aux répondants d’apporter leur analyse sur la crise haïtienne.30

30
voir annexe 2.

23
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Bibliographie :

Alcántara, Manuel. "Kevin Parthenay (2020). Crises en Amérique Latine. Les démocraties
déracinées (2009-2019). 285 págs. Malakoff: Armand Collin. ISBN: 978-2-200-62942-7."
(2021).
Audebert, Cédric. La diaspora haïtienne: Territoires migratoires et réseaux. Presses
universitaires de Rennes, 2017.
Ash, Roberta. "social conflict and social movements. By Anthony Oberschall. Englewood
Cliffs: Prentice-Hall, 1973. 371 pp." (1974): 578-579.
Dumas, Michel. "Michel Girard (dir.). Les individus dans la politique internationale."
Politique étrangère 59.4 (1994): 1139-1140.
GUIMIER Lucie, « L'épidémie de choléra en Haïti : lecture géopolitique d'un enjeu de santé
publique », Hérodote, 2011/4 (n° 143), p. 184-206. DOI : 10.3917/her.143.0184. URL :
https://www.cairn.info/revue-herodote-2011-4-page-184.htm
Gustinvil, J. (2012). Du « savoir » de l'Autre à la construction de soi : les enjeux du « savoir »
dans la construction de l'État haïtien. Mouvements, 72, 100-107.
https://doi.org/10.3917/mouv.072.0100
Hirschman, Albert O. Bonheur privé, action publique, Fayard, 2014.
Jean-Marie Théodat, « Éditorial », Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 279 | Janvier-Juin,
mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 04 mai 2022. URL :
http://journals.openedition.org/com/9786 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.9786
Kivland, Chelsey L, et al. « Le dévoilement performatif du « peuple » : une réflexion sur les
bandes à pied et la politique de la rue en Haïti », A contrario, vol. 32, no. 2, 2021, pp. 31-58.
Luste Boulbina, S. (2012). Décoloniser les institutions. Mouvements, 72, 131-141.
https://doi.org/10.3917/mouv.072.0131
Marx, P. (2020). La santé communautaire : un levier pour faciliter l’accès à la couverture
maladie universelle ? – Focus sur plusieurs expériences internationales de soins
communautaires. Regards, 58, 191-197. https://doi.org/10.3917/regar.058.0191
McAdam, Doug, Sidney Tarrow, and Charles Tilly. "Dynamics of contention." Social
Movement Studies 2.1 (2003): 99-102.
Mooney, Margarita, et Sabine Erbès-Seguin. « Structures de médiation et intégration des
immigrants haïtiens à Paris », Revue européenne des migrations internationales, vol. 24, no.
1, 2008, pp. 89-114.

24
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Payton, C., Despland, B. & Motta, M. (2021). La fabrique de la corruption en Haïti. A


contrario, 32, 119-130.
Simon, P. & Luste Boulbina, S. (2012). Une initiation décoloniale: Entretien avec Françoise
Vergès. Mouvements, 72, 143-156. https://doi.org/10.3917/mouv.072.0143
Salome, G. (2014). L’habitat post-désastre entre urgence et reconstruction: Un site
transitionnel en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010. Journal des anthropologues,
136-137, 327-351.https://doi.org/10.4000/jda.4659
Thomas, Frédéric. « Haïti : la crise au prisme d’un autre regard », La Revue Nouvelle, vol. 4,
no. 4, 2021, pp. 19-23.
Thomas, Frédéric. "Les deux racines de la colère haïtienne." (2020).
Touraine, Alain. "Amérique latine. La parole et le sang." (1988).
Traïni, Christophe. "La musique en colère." Lectures, Les livres (2008).
VERLIN Jan, « Crise humanitaire ou crise de l’humanitaire ? Émergence et recomposition de
l’espace professionnel de l’aide internationale en Haïti », Critique internationale, 2018/4 (N°
81), p. 107-126. DOI : 10.3917/crii.081.0107.

Sitographie :

https://www.youtube.com/watch?v=_Pi4H78THTs
https://lenouvelliste.com/public/article/233475/en-2022-46-de-la-population-haitienne-aura-b
esoin-dune-aide-humanitaire-selon-bruno-lemarquis
www.transparency.org/cpi
https://www.youtube.com/watch?v=9W1vCH2ujhY&t=5s
https://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/seisme-en-haiti/haiti-un-pays-maudit-face-aux-
catastrophes-naturelles_4739589.html
https://www.ledevoir.com/monde/ameriques/459985/haiti-une-fragile-democratie-en-peril
https://journals.openedition.org/plc/540?lang=en
https://www.cetri.be/La-fragile-democratie-haitienne-a
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-2021-4-page-19.htm

25
Coleen & Cristofe - Haïti au carrefour entre une reconstruction nécessaire et des crises perpétuelles

Annexe :

annexe 1.

https://docs.google.com/spreadsheets/d/1GsV3J5oyAXz8lIKmZbeEAW8W6lSSnPlmPkKyu
ExyMjE/edit?usp=sharing
annexe 2.

26

Vous aimerez peut-être aussi