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La Diplomatie Post COVID-19 

: Le choc des Titans

Le Monde après COVID-19 ne sera jamais comme avant, une conclusion sur laquelle tout le
monde s’accorde aujourd’hui. Cependant, plusieurs questions subsidiaires s’imposent: Á quoi
le monde ressemblera-t-il ? Qui seront les nouveaux pays leaders ? Une Crise sanitaire,
économique, politique et diplomatique, frappe de plein fouet l’ensemble de la planète. Quelles
nations en profiteront et lesquelles imploseront ? Quelle sera la nouvelle configuration du
monde ? Des états ?

L’Onde de choc est considérable, des vagues scélérates, aux conséquences encore
inquantifiables pour l’instant. Certains pays assistent à un sursaut politique où le dégagisme
côtoie l’extrémisme, il faut reconnaître que cette crise sans précédent a mis à nu toutes les
politiques gouvernementales, mêmes les plus rigoureuses et fiables. D’autres pays forts de
leur leadership né , gendarme du monde à l’image des Etats Unis, ont versé dans l’hégémonie
et la diplomatie coercitive, porté par un président aux réflexions outrageusement simplistes et
condescendantes conjuguées à un souverainisme électoraliste et un chauvinisme
circonstanciel.

L’urgence de la situation dicte l’urgence de l’action, la relance économique ; le lobbying en


coulisse, la recherche médicale, crises sociales, les modèles démocratiques cannibalisées par
l’état d’urgence sanitaire.etc. Tous ont fait muter radicalement les relations entre les pays,
jusque là fondées sur des choix stratégiques et des intérêts communs. Le lourd bilan humain a
été le véritable catalyseur de cette nouvelle ère encore flou à ce stade.

Le bouleversement est tel que les rapports de force en ont été brutalement changés, le Soft
Power a laissé place au Hard Power, l’individualisme et l’égoïsme caractérisent dorénavant la
diplomatie mondiale, leviers de pressions, les bons et les mauvais élèves face au COVID-19
illustrés par des Short-lists ici et là aux conséquences économiques désastreuses. La rupture
multidimensionnelle rabat les cartes d’un monde déjà fragilisé par des traumatismes et des
fondations aux sables mouvants.

Des nouvelles alliances se créent, guidées parfois par des convergences idéologiques mais
souvent par des desseins géostratégiques, la cacophonie des frontières semble matérialiser
clairement les dessous des cartes d’une géopolitique mutante. Chaque Pays aspire à créer ou
renforcer son emprise, consolider ses acquis, nationaux ou d’anciennes colonies, pour essayer
d’en tirer un avantage stratégique et inverser les tendances.

Le déséquilibre financier constitue, le principal moteur de hiérarchisation des états, les forts et
le reste du monde. L’ampleur de la catastrophe sanitaire, appelée le «  Grand Confinement »
Great Lockdown, pousse les états forts à réinventer un nouveau modèle voire un ordre
mondial, le centre de gravité change au gré des luttes d’influences et des alliances.

La Chine en est l’exemple parfait, l’usine du monde a dévoilé l’envers du décor : la


dépendance du monde à l’empire du milieu, l’arrêt brutal de l’industrie mondiale,aggravée par
le confinement drastique de grandes provinces manufacturières telles que Hubei. La Chine est
passée en l’espace de quelques semaines, du foyer pandémique au héros salvateur, médecin
du monde. Sa réponse face au coronavirus en a fait un prétendant crédible et logique pour
reprendre à son compte le leadership mondial et marcher sur les plates bandes des Etats Unis
titubants, fragiles et très peu convaincants face à la pandémie.
La Russie n’y échappe pas non plus, elle n’a pas hésité à fermer très tôt ses frontières avec
son allié géographique la Chine et prendre la propagation épidémiologique à bras le corps.
Souffrant de quelques turbulences internes -Révision constitutionnelle, Remaniement
gouvernemental, Conflit OPEP-. Cela ne l’a pas empêché d’asseoir sa notoriété et sa
puissance régionale à travers son aide médicale et soutien à l’international combinés à une
diplomatie de guerre assumée en Syrie et Libye, théâtres de guerres croisées et conflits par
procuration, un terrain de jeu dévastateur pour les peuples.

D’autres Pays aux ambitions démesurées, à la diplomatie prédatrice sous couvert de


bienveillance, se fraient un chemin escarpé, profitant de la débandade sanitaire pour réveiller
des espoirs perdus, de reconquête et de rêves ottomans telle la Turquie, confortée par une
croissance économique exponentielle ces dernières années et une puissance militaire avérée ,
engagée dans plusieurs conflits régionaux aux rétributions forts significatives il faut croire.

Des Outsiders prometteurs tentent aussi de briller dans ce marasme singulier, l’Algérie sous
l’ère du nouveau Président, a pris définitivement une option résolument diplomatique, comme
pour recouvrer sa place régionale et continentale affaiblie par plusieurs années d’absence.

L’état Algérien, n’a pas hésité à réformer sa doctrine relative à l’interventionnisme militaire
hors frontières, devenu possible, sous certaines conditions. Ses efforts d’intermédiations dans
le conflit Libyen, d’aides internationales, d’échanges et coopérations sécuritaires dans le
Sahel, font de l’Algérie, un acteur majeur dans la région.

Quant à l’Union Européenne, elle se cherche encore, jonglant entre sa propre survie et sa
capacité d’affronter collectivement les divers enjeux, sous les tirs croisées amis et ennemis.
Le consensus n’est pas au rendez vous, l’altruisme non plus, l’Infranational a manifestement
éclipsé le Supranational.

Qu’on ne s’y méprenne pas. Cette crise est loin d’avoir révéler ses secrets et conséquences
irréversibles. Une course de quête à l’opportunisme stratégique s’est déclarée, dans un
écosystème favorisé par les tensions, les fractures et les ruptures profondes, contre un modèle
de gestion ; jugé saturé et agonisant. Des transformations profondes et rivalités inévitables
surviendront, elles renforceront des états et affaibliront d’autres, elles redessineront
assurément l’échiquier mondial.

Par Badis KHENISSA

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