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La vie politique au Maroc:

Une crise de représentation ou crise


d’intermédiation?

Badiha Nahhass
Institut Universitaire des Études Africaines, Euro-méditerranéennes et Ibéro-américaines.
Université Mohammed V de Rabat
badihanahhass@gmail.com
Évolution de l’État au Maroc

 De l’Empire Chérifien à l’État-nation

 Le protectorat français & espagnol : rupture ou continuité ?

 Le moment-Indépendance : formation de l’État-nation : une


co-production du mouvement national et de la monarchie
Évolution de l’État au Maroc

 L ’ouverture politique des années 90

 Le nouveau règne : réconciliation et « chantiers de développement humain »

 Les mouvements sociaux des années 2000

 Le moment 20 février

 La Constitution de 2011: vers une monarchie parlementaire? Partage du


pouvoir entre le roi et le chef du gouvernement
Indépendance et promotion de l’économie nationale

 Interventionnisme planifié de l’Etat des premiers gouvernements du Maroc


indépendant
 Dès les années 60 : un infléchissement par rapport à cette orientation
développementiste et industrialiste
 La décennie 70 sera marquée par un volontarisme (Plan 1973-77) et la
marocanisation qui imposait des limites aux entreprises à capitaux étrangers
 Le tournant libéral des années 80 aura comme conséquence au Maroc une
politique d’austérité et d’équilibre macro-économique (PAS 1983-1993)
 Les années 90 marquées par une impulsion de la croissance,
mais atténuée par les aléas climatiques (sécheresse)
 Les années 2003-2013 : importantes transformations structurelles
 la croissance atteint un nouveau palier avec une moyenne de 4,6% par an
(2003-2013) contre le 3% comme moyenne entre 1992-2002
 diversification accrue des sources : le renforcement des activités de
service
 des rythmes et des sens d’évolution différenciés: volatilité du secteur
primaire (sècheresse); quasi-stagnation du rythme de croissance du
secteur secondaire, accélération du rythme de progression des activités
tertiaires
 Le secteur secondaire : développement des activités
manufacturières: « nouveaux métiers mondiaux du Maroc » :
délocalisation et sous-traitance dans les secteurs de
l’automobile, l’aéronautique et l’électronique
 La branche minière : les phosphates : principale produit
d’exportation du Maroc (plus de la moitié des réserves
mondiales). Il est le premier exportateur dans le monde et le
troisième producteur
 La persistance des grandes tendances:
 sensibilité plus forte aux fluctuations cycliques des principaux partenaires européens
 sensibilité du PIB aux performances agricoles, et par conséquence aux aléas climatiques
 l’importance du secteur ‘ informel’ dans l’économie

 Indicateurs relatifs au DH et aux inégalités sociales :la croissance demeure


insuffisante pour
 résorber le volume important de chômeurs (notamment les jeunes)
 favoriser le développement humain
 réduire la pauvreté et les inégalités
Une crise de représentation, dépolitisation ou
crise d’intermédiation?
 Les mouvements sociaux depuis 2011 (Mvt 20 février), 2016/17 (Al-
Hoceima, Jerrada, Zagora…): le débat sur la crise d’intermédiation a connu
un renouveau dans la presse et parmi les spécialistes auto-proclamés des
protestations.
 Cette crise de l’intermédiation et faiblesse des corps intermédiaires,
syndicats et plus encore partis politiques, et leur incapacité à jouer
pleinement leur rôle dans des situations tendues ont entravé la sortie de crise
 Certains indices de cette crise ont été relevés bien avant par des spécialistes
du Maroc (Jean-Claude Santucci, Mohamed Tozy…):
 Le taux d’abstention aux élections, qui n’a cessé d’augmenter d’une
échéance électorale à l’autre (ce dernier passant de 41,70% en 1997 à 63%
en 2007) a été analysé comme indice de la crise du politique et de la
décrédibilisation des partis politiques, un symptôme de la crise de
représentation, ou du processus de dépolitisation.
Dans ces conditions, on doit se demander comment appréhender l’actuelle
« crise d’intermédiation ». Faut-il l’inscrire dans cette lignée de la crise des
modes de représentation politique et de l’exercice du pouvoir qui touche les
partis politiques à l’échelle globale ? S’agit-il d’une incapacité à remplir
leur rôle d’encadrement, de contrôle politique ou social ? Ou s’agit-il d’une
crise de mobilisation, notamment des jeunes et de leur insertion dans la vie
politique « classique » ? Ou d’une crise de leadership?
Les partis politiques: incompétence ou manque
de crédibilité?
 Il y a une hypothèse, communément admise, que la scène partisane
marocaine est peu dynamique et peu autonome :
 Le moment 20 février: de nouvelles formes de participation/mobilisation
politique « non institutionnalisées » (pas organisées par les partis politiques/
syndicats…)
 Les mouvements sociaux (2016-17…):Les manifestants ont rejeté toute forme
de médiation de la part des partis politiques, des syndicats ou d’une partie des
acteurs de la « société civile »
 « Or, Nous avons constaté que la plupart des acteurs préfèrent raisonner en termes de
gain et de perte, qu’ils s’évertuent à préserver leur capital politique, voire à le
renforcer, et que, de ce fait, ils agissent au détriment de la patrie et contribuent à la
détérioration de la situation. La renonciation des partis politiques et de leurs
représentants à remplir leur rôle, parfois à dessein et de propos délibéré, et, d’autres
fois, par défaut de crédibilité et de patriotisme, a rendu la situation plus précaire
encore. Devant ce vide regrettable et dangereux, les forces publiques, qui se sont
trouvées face à la population, ont assumé leur responsabilité avec courage, patience,
retenue et ont fait preuve d’un grand respect de la loi. Elles ont ainsi préservé la
sécurité et la stabilité. Je parle ici d’Al-Hoceima, même si la description de ce qui s’y
est passé est valide pour toute autre région. » (Discours du roi, le 30 juillet 2017)
 Le cas du mouvement social d’Al-Hoceima: presque aucune initiative des partis
politiques. Seul le ministère de l’Intérieur semblait gérer ce dossier, comme en atteste
les nombreuses visites des ministres de l’Intérieur successifs à Al-Hoceima.
 Bataille politicienne entre le PJD et le PAM – les deux principaux partis rivaux de la
scène partisane depuis 2011 jusqu’à 2021 –ont croisé le fer au sujet du mouvement
social. Ils se sont mutuellement rejeté la responsabilité. Toutefois, aucun des deux
partis n’a réussi à s’imposer comme interlocuteur ou médiateur, malgré les tentatives
répétées de l’ex-secrétaire général du PAM
 Les autres partis politiques se sont très peu prononcés au sujet de Hirak. Quand ils
l’ont fait, c’était pour apporter leur soutien à l’approche sécuritaire du ministre de
l’Intérieur, comme l’illustre la sortie des partis de la majorité le 14 mai 2017


 De façon différente mais tout aussi peu ancrés localement, les partis de
gauche comme le PSU ou la FGD ont affiché leur sympathie envers le
mouvement et soutenu ses revendications. Mais peu représentatifs et
de peu de poids électoralement, ils n’ont pu jouer un quelconque rôle
d’intermédiation.
 Tous les partis politiques manquent d’insertion et ancrage local.
 Le cas du PAM: perte de son rôle d’intermédiaire
La technocratisation: une mise en récit
d’efficience et une fragilisation des lieux de
politique
 Dès 2017, le Roi ne rate pas une occasion pour reprocher aux partis
politiques leur inefficacité à la mise en œuvre des politiques de
développement et leur contribution à la détérioration de la situation
politique et sociale
 Pour pallier ces « dysfonctionnements », il appelle à « reconsidérer »
le modèle du développement et à renforcer l’administration publique et
le gouvernement par des profils technocrates (Le discours du roi
prononcé le 13 octobre 2017 à l’occasion de l’ouverture de l’année
législative)

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