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POLI-D-301

SOCIOLOGIE POLITIQUE INTERNE

CHAPITRE 4 : PACIFIER

Titulaire: Frédéric Louault


flouault@ulb.ac.be
« La guerre est une simple continuation de la
politique par d’autres moyens. »

K. von Clausewitz, De la guerre [1832], D. Naville


(trad.), Paris, Minuit, 1955, p. 67

« Le pouvoir, c’est la guerre, c’est la guerre


continuée par d’autres moyens. Et à ce moment-là,
on retournerait la proposition de Clausewitz et on
dirait que la politique, c’est la guerre continuée par
d’autres moyens. »

M. Foucault, Il faut défendre la société. Cours au


Collège de France, 1975-1976, Paris, Gallimard – Seuil
(Hautes études), 1997, p. 15-16.

Source : Audrey Hérisson, « Clausewitz versus Foucault : regards croisés sur la guerre », Cahiers de philosophie de l’université de Caen, 55|2018, 143-
162.
Assassinats politiques

Jules César (44 av JC) Henri IV (14 mai 1610)

Abraham Lincoln (14 avril 1865) Jo Cox (16 juin 2016)


Assassinats politiques

Assassinat de l’ancien Premier ministre du Tentative d’assassinat contre la Vice-présidente


Japon, Shinzo Abe (08/07/2022) d’Argentine Cristina Kirchner (01/09/2022)
Jovenel Moïse (Président de la République Mexique : 90 candidats assassinés avant les
d’Haïti, assassiné le 07/07/2021) élections de 2021

Province du Kwazulu-Natal (Afrique du Sud) : Fernando Villavicencio, candidat à l’élection


19 dirigeants assassinés depuis sept. 2022 présidentielle d’Equateur, assassiné le 20/08/2023)
Suicides présidentiels

Getulio Vargas (Brésil, 24 août 1954) Salvador Allende (Chili, 11 septembre 1973)

Roh Moo-Hyun (Corée du Sud, 23 mai 2009) Allan Garcia (Pérou, 17 avril 2019)
Violences entre parlementaires (vidéos)
EUPHEMISER LA VIOLENCE?
• La politique comme jeu : une pluralité de métaphores
– La politique comme spectacle (J.M. Apostolidès, Le Roi-Machine. Spectacle et politique au
temps de Louis XIV, 1981)
– La scène politique et la métaphore du théâtre : (G. Balandier, Le pouvoir sur scène, 1992 ; cf.
« théâtrocratie »)
– L’arène politique et la métaphore du cirque (ex. Tiririca au Brésil)
– Le ring et la métaphore de la boxe (ex. débat Tapie/Le Pen en France ; Vitali Klitschko en
Ukraine)

• La politique est-elle un jeu?


– L’influence des théories du choix rationnel
– Le jeu politique dans le cadre démocratique
– Le jeu politique désacralise-t-il l’activité politique?

• Jeu politique et compétition électorale (politics)


– Compétition politique et élections dans les régimes politiques
– « Au commencement était le peuple » : représentation et principe électif comme fondements
de la démocratie
– L’élection : instrument de pacification des conflits politiques et sociaux?
« Le dernier duel à l’épée de la politique française ». Gaston Defferre
et René Ribière s'affrontent dans un duel à l'épée dans le jardin d'une
maison de Neuilly-sur-Seine, le 21 avril 1967. (AFP)
LE « JEU » DEMOCRATIQUE

• La compétition électorale
– Un accord de base sur les règles du jeu (système électoral)
– L’électeur comme arbitre de la compétition (distribue les « trophées »)
– Une compétition qui produit des gagnants et des perdants
– Acceptation du résultat de la compétition comme finalisation
– De la majorité des suffrages au gouvernement pour tous

• L’alternance au pouvoir
– Le changement des dirigeants et des orientations politiques
– L’enjeu de continuité du régime politique et sa mise en scène
– Le risque d’instabilité démocratique lors des processus électoraux

• La « tyrannie de la majorité » comme corollaire (Ronsavallon)


– La majorité vaut pour le tout
– Le moment vaut pour la durée

PENSER LA DEFAITE EN POLITIQUE
• Défaites et culture. Cultures de défaites.
– Les apports de l’histoire militaire
– Les apports de la psychologie
– Les apports de la sociologie du sport

• Que le meilleur perde : éloges de défaites


– Une approche contre-intuitive de la compétition
– Perdre en guerre : Shimon Tzabar en anti-Clauzewitz (1974)
– Perdre en politique : Frédéric Bon en anti-Machiavel (1986)

• La défaite, tabou de la science politique?


– La défaite? nourricière intellectuelle (Siegfried , 1913)
– L’irrévérence historique: la défaite comme résidu
– Des sociétés politiques productrices de perdants
« L’amour de la défaite, ses éclatants privilèges, l’horreur
du pouvoir, tel est le lourd secret du monde politique »

(Bon & Burnier, 1986)


ETUDIER LES DEFAITES ELECTORALES
• Différentes approches de la défaite
– Travailler sur l’avant-défaite : l’approche explicative
– Travailler sur la défaite : l’approche événementielle
– Travailler sur l’après-défaite : l’approche compréhensive
– Travailler autour de la défaite : l’approche processuelle

• Etudier la défaite pour mieux saisir les évolutions politiques


– Niveau macro. La défaite comme indicateur de stabilité démocratique
(réactions des candidats, militants, électeurs)
– Niveau méso. Les enjeux collectifs des défaites : les partis politiques faces aux
défaites électorales
– Niveau micro. Défaites et trajectoires politiques individuelles : engagement,
et carrières politiques
DEFAITES ELECTORALES
ET STABILITE DEMOCRATIQUE
• L’acceptation de la défaite par les candidats
– Anticipation de la défaite et dénonciations préélectorales (Brésil, USA, Argentine)
– La déresponsabilisation: la critique des des électeurs (Lim & Racheter, 1973)
– Le désengagement : diminution d’activité politique (Lim, 1970)
– Le mauvais perdant : la non-reconnaissance du résultat (ex. Mexique 2006-2012)
– La mort politique (symbolique, professionnelle, physique) : ex. Andrzej Lepper en Pologne
(1991-2011) : « 9 défaites, 3 victoires et 1 enterrement » (Pellen 2019)

• L’acceptation de la défaite par les électeurs


– Contestation des résultats et défiance envers l’intégrité du scrutin
– Soulèvements populaires (ex. Iran 2009, Côte d’Ivoire 2010, Haïti 2010, Zimbabwe 2016,
Honduras 2017, RDC 2019, Bénin 2019, Bolivie 2019, Guinée 2020)
– Abandon de la participation politique (vers l’abstentionnisme)
– Abandon de la communauté politique (vers l’expatriation)

• L’acceptation de la défaite par les militants


– Intensification ou diminution de l’engagement politique (militantisme)
– Mobilisations et comportements violents (vers la lutte armée)
Deux trajectoires post-électorales distinctes
Bolivie : d’une réélection contestée à Guinée : d’une réélection contestée à un
une élection correctrice (2019-2020) coup d’Etat (2020-2021)
LES ORGANISATIONS PARTISANES FACE A
LA DEFAITE ELECTORALE
• Qui perd gagne? Les interprétations contradictoires des résultats
– Défaite électorale vs. défaite politique
– Système majoritaire vs. système proportionnel. Le cas des négociations post-
électorales en Belgique (2019-2020) et au Luxembourg (CSV 2013 & 2018)
– Elections de premier ordre vs. élections de second ordre (exemple mid-term elections
aux USA)

• Les effets des défaites sur les organisations partisanes


– Les débats sur le rapport entre défaites électorales et changement dans les
organisations partisanes (Harmel & Janda 1994, Norris & Lovenduski 2004)
– Effets organisationnels (pertes de ressources financières et logistiques liées au
pouvoir). Exemple du PT dans le Rio Grande do Sul, Brésil (2002-2004)
– Effets humains : évolution de l’engagement des membres des partis politiques ;
évolution des rapports de forces internes, notamment entre dirigeants du parti.
– Effets programmatiques : réévaluation du programme politique du parti. Exemple du
Parti Socialiste Hongrois (Agh 1997)
LES INDIVIDUS FACE A LA DEFAITE
ELECTORALE: LES CARRIERES POLITIQUES
• Qui perd? Une sociologie politique des perdants
– Défaites et échecs comme points de bifurcation.
– Rebondir. Maintien dans l’espace politique professionnel.
– Désister. L’exit politique et sa temporalité (ex. Jospin 2002)
– Cf. Lecture obligatoire : Michel Hastings (2019)

• La défaite peut étouffer le renouvellement politique


– Défaite comme barrière d’entrée (sélection politique)
– Défaites comme instrument de régulation du jeu politique.

• La défaite peut aussi stimuler le renouvellement


– Blocage de trajectoires politiques (projections manquées)
– Exclusion de l’espace politique (sorties temporaires et définitives, reclassements)
QUELQUES DISCOURS POST-DEFAITES
• Elections présidentielles en France
– Lionel Jospin en 1995
– Lionel Jospin en 2002
– Ségolène Royal en 2007
– Nicolas Sarkozy en 2012
– Marine Le Pen en 2017 / 2022
• Elections présidentielles aux Etats-Unis
– John McCain en 2008
– Mitt Romney en 2012
– Hillary Clinton en 2016
– Donald Trump en 2020
• Elections du Premier ministre du Québec
– André Boisclair en 2007
– Jean Charest en 2012
– Jean-François Lisée en 2018
– Bonus : Jacques Parizeau (référendum de 1995)
Pour aller plus loin…

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