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Université Cadi Ayyad

Faculté polydisciplinaire de Safi


Département Langue et Littérature françaises

Initiation aux genres


dramatiques
Semestre 1
A1-A2-A3

Pr Lahcen BAMMOU

2020-2021
I. Les éléments de la représentation théâtrale
1. Le lieu théâtral
Les représentations théâtrales, selon les époques et les civilisations, ont été données dans des
espaces très différents : place publique, théâtre en plein air, salles de spectacle aux architectures
variées. Ces différents lieux imposent certaines contraintes : distance entre l’espace de jeu et le
public, dimension de l’espace scénique, présence d’une machinerie plus ou moins élaborée,
possibilité de procéder à des changements de décor, à des effets d’éclairage, de recourir à des
bruitages.
2. Le décor
Certains auteurs indiquent précisément dans les didascalies le décor souhaité ; d’autres laissent
une grande liberté à l’imagination du metteur en scène ou du décorateur. Le décor peut avoir
une fonction réaliste : il imite ou reproduit un lieu réel ou supposé tel, il indique la condition
sociale des personnages, leur mode de vie. Mais les éléments de décor peuvent aussi prendre
une dimension abstraite ou symbolique ; il se limite parfois à quelques éléments visant à
évoquer un lieu plutôt qu’à le représenter.
3. Les costumes
Ils permettent de caractériser les personnages, en rendant sensibles aux yeux du spectateur leur
condition sociale et leur caractère. Ils peuvent également souligner le côté ridicule d’un
personnage (c’est le cas dans la comédie) ou à l’inverse, mettre en relief sa noblesse, sa
puissance.
4. Les objets
Leur présence scénique obéit à plusieurs motivations :
• La concrétisation d’un élément apparaissant explicitement dans le texte théâtral ;
• La représentation symbolique d’une totalité abstraite : par exemple, un trône
représente le pouvoir royal ;
• Une fonction dramatique : l’objet intervient dans le jeu des comédiens ; il joue un
rôle effectif dans l’action. Dans Les Fourberies de Scapin de Molière, le personnage
de Scapin oblige le vieux Géronte à se dissimuler dans un sac pour échapper à des
assassins imaginaires.
5. Le jeu des comédiens
Il comprend :
• Les déplacements sur la scène et les entrées et les sorties ;
• La gestuelle qui peut être plus ou moins soulignée ;
• Les expressions du visage, mimiques, regard ;
• Le débit, le rythme de la parole l’accentuation de certains éléments du texte ;
Ces différents éléments du jeu théâtral peuvent être imposés ou suggéré par les didascalies ou
le dialogue, mais le comédien dispose en ce domaine d’une grande marge de liberté : par
exemple, le pathétique n’appelle pas nécessairement les larmes et les cris.
6. Les éclairages et les éléments sonores
Ils contribuent à la création d’une ambiance : un éclairage privilégiant la pénombre ou le clair-
obscur contribue à la création d’une atmosphère inquiétante ou mélancolique. Il permet aussi
de mettre en relief un élément de la représentation : un accompagnement musical ou un bruitage
renforcent l’effet produit par une réplique ou par un jeu de scène.

II. Du texte à la scène


1. La mise en scène comme interprétation du texte

Toute représentation scénique implique un certain nombre de choix traduisant une vision
particulière de la pièce. Depuis la fin du XIXe siècle, la responsabilité de la représentation
scénique incombe généralement au metteur en scène. L’auteur, quand il est en vie, peut assumer
lui-même cette tâche ou y participer plus ou moins activement.
L’interprétation de la pièce proposée par le metteur en scène transparaît dans un certain nombre
de choix :
• Le choix des comédiens : il implique certaines conceptions des personnages, de
leurs caractéristiques physiques et psychologiques et de leurs relations. Un même
personnage de théâtre peut ainsi être incarné par des comédiens d’âge et d’apparence
différents.
• Les indications de jeux : le metteur en scène dirige le travail des comédiens pour
lui donner efficacité et cohérence. Le jeu des comédiens permet, certes, de donner
une apparence de vie au personnage, mais il implique également de privilégier chez
eux certains traits particuliers, de susciter divers types d’émotion chez le spectateur.
Selon le jeu adopté, une même scène pourra ainsi tendre vers le comique ou vers
sérieux.
• Le choix du décor, des costumes, des éclairages, des effets sonores : il permet de
donner au spectacle une tonalité particulière, de créer une illusion de réalité ou, à
l’inverse, de s’en éloigner, voire de la contester.
2. L’illusion de réalité
La représentation théâtrale, dans une tradition classique, vise à donner aux spectateurs l’illusion
de la réalité, à lui faire oublier qu’il assiste à un spectacle. Le théâtre se veut alors imitation du
réel. On parle aussi, en utilisant un terme grec, de mimesis.
La représentation scénique utilise les moyens, dont elle dispose pour créer cet effet : un décor
réaliste, permettant aux spectateurs d’oublier qu’ils sont face à des personnages de théâtre.
Mais le théâtre peut également chercher à rompre cet effet de réalité, ou à son éloigner. Ainsi,
les comédiens peuvent s’adresser directement aux spectateurs, rappelant qu’ils assistent à une
représentation ; ils peuvent adopter un jeu caricatural, voire outré ; le décor souligne son
caractère artificiel.

III. Le texte théâtral


Le texte théâtral implique deux composantes différenciées typographiquement : didascalies et
dialogue.
1. Les didascalies
Les didascalies sont des indications scéniques pour les acteurs et le lecteur, elles diffèrent selon
les époques et les auteurs. Elles indiquent :
• La liste des personnages ;
• Les décors et les costumes ;
• Le comportement des personnages, leur ton de voix et leur entrée et sortie ;
Les paroles des comédiens sont également des éléments scéniques implicites, secondant la mise
en scène. Par exemple : les premières répliques du Misanthrope montrent l’indignation
d’Alceste et son désir d’échapper aux questions posées par philinte. Le spectateur peut ainsi
imaginer un jeu de scène : Alceste cherche à quitter la scène et Philinte tente vainement de la
suivre ou la retenir.
2. Le dialogue
Le dialogue est constitué de répliques ; de paroles prononcées par les personnages. Leur analyse
oblige à s’interroger sur plusieurs éléments :
• Le destinateur, personnage présent sur scène, s’adresse le plus souvent à d’autres
personnages présents eux aussi ; mais il peut également parler à des destinataires
absents (personnage de la pièce, puissance surnaturelle, abstraction…) ou parler à
lui-même. Dans un monologue intérieur (le soliloque), il prononce un long discours ;
dans un aparté, il s’adresse à lui-même une observation que ses interlocuteurs
n’entendent pas.
• La double énonciation au théâtre : l’auteur fait parler ses personnages, incarnés par
les acteurs ; les personnages parlent à d’autres sauf que leurs répliques sont
également orientées vers le public présent dans la salle. Dans En attendant Godot :
le dialogue entre Vladimir et Estragon permet aux spectateurs de savoir la nature du
rapport qu’ils entretiennent et avoir une idée de leur passé.
• La répartition de la parole révèle aux récepteurs l’importance respective des parts
des différents personnages les relations de pouvoir entre eux : la tirade (une longue
réplique ininterrompue) autorise le développement d’un discours, l’exposition d’une
argumentation, la description d’un état d’âme. Par contre, la stichomythie
(succession de répliques brèves) dénote un affrontement, elle précipite le rythme de
la scène.
3. Les fonctions du dialogue
• Il introduit des éléments d’information, qui permettent au spectateur d’appréhender
la situation et les confits entre personnages ;
• Il fait progresser l’action comme l’annonce d’une décision ou le retournement d’une
situation ;
• Il oppose deux points de vue différents, sur le mode de l’affrontement ou de la
délibération ;
• Il décrit l’univers affectif des personnages (expression des sentiments) ;

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