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Nicolas Heck 05/02/2022

Prépa IEP

Les drames de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar


La Coupe du monde de football, compétition mythique la plus suivie à travers le monde
entier de tous les événements sportifs, se déroulera cette année au Qatar du 21 novembre 2022 au 18
décembre. Cette compétition sera sans doute mémorable, comme toutes les éditions précédentes,
mais aussi l'une des plus critiquées. En effet, de nombreuses reproches ont été faites dès le choix de
l'organisateur de cette Coupe du monde par la FIFA en 2010 suite à un jeu d'influence politique et
économique. Le Qatar n'étant pas un pays où le football est véritablement développé et étant un
pays désertique, il a semblé très complexe pour le Qatar de pouvoir mettre en place toutes les
infrastructures nécessaires à un tel événement. En douze ans, huit stades ultra modernes
confectionnés par des architectes très reconnus sont sortis de terre, ainsi qu'un métro, une ville
entière du nom de Lusail afin d'accueillir les délégations sportives et les supporters et d'autres
infrastructures telles que des routes et des hôtels. Le coût de l'organisation de la compétition
reviendrait au final à plus de 156 milliards de dollars au Qatar, ce qui fait de cette Coupe du monde
l'événement sportif de ces dernières années. La Coupe du monde de football 2022 sera aussi l'une
des plus controversées de l'Histoire à cause des scandales écologiques et humains qu'elle suscite.

La coupe du monde au Qatar : une tragédie écologique ?

Pour la première fois, la Coupe du monde de football ne se déroulera pas en été mais belle et
bien à la fin de l'année civile pour des raisons climatiques. En effet, à cause des trop fortes chaleurs
dans cette région du monde pouvant dépasser les 40° C aux mois de juin et de juillet, la compétition
a été décalée à novembre et décembre pour le confort des joueurs. L'hiver au Qatar reste cependant
relativement chaud (entre 20 et 30 degrés en moyenne), ce qui oblige le pays organisateur à
climatiser les huit différents stades pour pouvoir permettre aux joueurs de jouer dans de bonnes
conditions alors que ces stades sont à ciel ouvert. Cela pose alors deux questions. Pourquoi avoir
choisi ce pays qui ne permet pas le déroulement de la compétition sans installer de systèmes
climatisant alors que ces derniers sont très polluants ? Quel sera l'impact de cette Coupe du monde
sur l'environnement ? Le ministre de l'environnement qatari, Mr Abdulla bin Abdulaziz bin Turki Al
Subaie, a annoncé que le bilan carbone serait neutre à la fin de la compétition. Cette promesse
semble difficile à tenir puisque la construction des infrastructures et les matchs en eux mêmes
seront extrêmement émetteurs de CO2, sans compter que de nombreux déplacements en avion, en
car, et en voiture seront effectués durant la compétition. De plus, les stades seront démontés à la fin
du tournoi afin d'être reconstruit dans d'autres pays, ce qui ajoute encore plus d'émissions de CO2.
Selon plusieurs enquêtes, plus de 2,2 millions de tonnes de gaz à effet de serre seront au final
émises lors de la Coupe du monde au Qatar, un chiffre bien loin de la neutralité annoncé par le
gouvernement même si ce chiffre reste proche du bilan carbone des autres Coupes du monde. Les
stades qui seront utilisés lors de la Coupe du monde ont cependant été présentés lors de la COP26
de Glasgow par le pavillon qatari comme étant des prouesses techniques très respectueuses de
l'environnement car peu consommateurs d'eau et d'électricité ce qui exclu les émissions de CO2 du
calcul, l'unique objectif de cela étant d'essayer de redonner une bonne image à l'édition de la
compétition à venir.

La construction de « stades cimetières » par des migrants

En plus des conséquences écologiques que va avoir la Coupe du monde au Qatar, cette
dernière montre déjà des conséquences humaines très importantes. En effet, la main d’œuvre
utilisée pour la construction des différentes infrastructures est composée à 90 % de migrants venant
principalement de pays asiatiques et africains tels que le Népal, les Philippines, le Kenya ou encore
le Sri Lanka. Ces travailleurs, la plupart clandestins, sont fortement exploités dans des conditions de
travail déplorables : travail intensif sous fortes chaleurs, temps de travail non réglementaire, pas ou
peu de protections sur le chantier, salaire non perçu à la fin du mois,... Depuis le début des travaux
en 2010, plus de six milles cinq cent travailleurs ont perdu la vie au Qatar dans le cadre des
préparatifs de la Coupe du monde selon une enquête de The Gardian datant de février 2021. Les
principales causes de décès sont les chutes, les accidents de travail, les insuffisances cardiaques,
l'extrême fatigue et les fortes chaleurs auxquelles les travailleurs migrants font face tous les jours.
De plus, The Gardian a annoncé que ces chiffres n'étaient qu'une estimation puisqu'ils n'ont pas
réussis à avoir les chiffres des travailleurs morts au Qatar en provenance du Kenya et des
Philippines, qui sont les deux plus gros fournisseurs de main d’œuvre étrangère au Qatar. Selon
Amnesty International, il est très difficile d'avoir les chiffres exacts puisqu'il y a très peu de
transparence des Etats et particulièrement du pays organisateur et aujourd'hui, les pertes humaines
doivent être beaucoup plus conséquentes que ce qui a été annoncé par le média britannique. Quant à
lui, le Qatar a annoncé officiellement sur cette même période seulement trente sept décès, toutes
étant des arrêts cardiaques ou des morts naturelles, sans pour autant que des enquêtes ou des
autopsies des autorités locales aient eu lieu puissent confirmer cela. Ces conditions de travail ont été
beaucoup critiquées dans le monde entier et le Qatar a été obligé de mettre en place des mesures
pour les améliorer, comme la création de nouveaux tribunaux du travail et l'introduction d'un
nouveau salaire minimum pour les travailleurs étrangers. Cependant, ces mesures ne sont pas
toujours mises en œuvre par les employeurs et de nombreux migrants restent impayés ou sous payés
par rapport au salaire annoncé depuis le début des travaux.

Vers un boycott de la compétition ?

Depuis l'annonce du pays organisateur, de nombreux pays ont critiqué le fait que la Coupe
du monde 2022 ait lieu au Qatar, comme l'avait Barack Obama en 2010. De nombreux joueurs ont
aussi montré leur désaccord lors des phases de qualifications comme les footballeurs allemands et
norvégiens qui ont fait inscrire sur leurs maillots « droits de l'homme » en référence à l'exploitation
des travailleurs étrangers pour la construction des stades de la compétition. Le tournoi sera donc très
critiqué et davantage juste avant son commencement. Malheureusement, il y a très peu de chances
qu'il soit boycotté par certains pays ou qu'il soit finalement annulé par la FIFA. Pour le moment,
aucune équipe déjà qualifié a annoncé sa non participation. Cette compétition reste l'événement
majeur de la planète football et si rien n'a été fait lors de la phase de qualification pour
potentiellement changer de pays organisateur, rien ne sera modifié à dix mois avant le début de cette
Coupe du monde très controversée.

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